Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
boudi's blog
boudi's blog
Archives
Newsletter
1 abonnés
6 mai 2008

Dangereux et transparent.

C'est facile de devenir celui dont tout le monde parle. On dit dans la rue que je suis l'ombre de F. Qu'il était la lumière. Et quand je tiens le manuscrit dans ma main, tout me revient.
L'échelle de l'abandon. Le sous-sol interdit. La racine sous la pierre. Le ventre sous langue.
Tout me revient. J'ai huit ans et je connais déja. Les origines de la peur. Le calme de mon corps. Je suis déja dans le corps humide. Le fond sec. Le corps suant, rivière musical. Je suis déja l'enfant qui coule. Transparent. Blanche priére. A huit ans, pas encore percé d'ordres, la seule force dans la faiblesse. Je suis déja, une cachette infinie. Je suis une fille à la fente close. Verrouillée. Une tentation dans le miroir. Maman disait que j'étais dangereux quand je vomissais Rimbaud devant la glace en pleurant, comme pour atteindre mon corps. Tu es dangereux. Dangereux et transparent. L'enfant sans peine. Dans la richesse de l'harmonie. Un coquillage minuscule qui respire sous le sable. Sans boulversements. Un muscle indien
Et puis, il y'a eu la confidence. Celle qui s'aggripe au cou. La premiére. Je te garde sous les ongles. Mon début de nuit. Ton visage doux. Où tout se passe. Un lieu où il faut tout construire. Un visage colérique et calme. Un alcool. Un visage qui vient loger dans le corps. Tu dira demain, avec le recul "tout se passait dans la mâchoire". C'est que je ne sais pas écrire, c'est que je n'ai rien à raconter. C'est qu'il me faut une scène, qui gronde en moi. huit ans, le pouls acéré. Le sommeil paisible. Le coeur obèse. L'haleine tiède. Nuque. Course. Pieds. Route. Bruit. Tu ne t'effondreras jamais. Et je défile, devant toi, sur la place de l'enfance. Carnaval, je suis plein d'étages. L'enfant armé qui ne sait pas se servir des fusils. L'innocence effrayée par elle-même. Tu aimes, confidence. Mes bras aux blessures, et quand je saute dans l'eau qui n'existe pas j'éclabousse quand même. Je ne laisse rien sur le passage. Je ne frappe sur rien. Parfois les vitres, le plexiglas, parfois mon ventre. Je fonds en moi. Je vais: je vais te, maintenant que j'ai vingt ans, maintenant que je sais l'impact de la peau, maintenant que mon parfum colle aux arbres, maintenant que ma violence est dans le secret. Maintenant, que j'ai les yeux profonds et inutiles,un corps grand comme le monument, la tristesse dans la créche, l'enfance en miettes dans les creux. Tu as des tresses trop courtes. Je tire. Dans ma chambre J'entends encore maman dire non. Aujourd'hui maman dit la même chose quand elle me lit. Je fais le rapport. Confidence. Tout me revient. On va te reconnaître, ma confidence. Tu étais inquiéte. Tout me revient. J'aime ton rire. Maman dit non, et nous sommes juste à côté. Tout me revient, quand je tiens le manuscrit dans mes bras. Et c'est trop brusque. Je dois placer mes idées. Je cherche le corps de l'écriture dans toutes les rues. Aucun ne correspond à ce vertige. Je dis ton prénom. Tout me revient. Mes huit ans. La maîtresse qui croise les jambes et ma tête qui tourne. Hier soir, j'étais dans tes bras, et je me laissais caresser. Et là, il faut que je fixe mes idées. Brouillon. J'ai l'écriture brouillon. Comme un raz de marée. Rien ne se fixe. Je dois fixer mes idées.  Tout me revient. Ton heure et ces murs qui tombaient lentement, lentement. Pardon si tu lis ça. On va te reconnaître. J'avais déchiré mes collants en laine de huit ans, et ouvert la porte. Je suis arrivé, j'ai ouvert la porte et je suis entré, tu es venue dans cette chambre. Tu as déposé ton odeur. Tu me fais peur quand tu as un regard de poupée de plainte.. Hier soir, j'étais dans tes bras, je crois. Monsieur, sortez, je ne veux plus écrire, laissez-moi tranquille. J'arrive avec un corps comme une adresse. Aujourd'hui, je suis presque propriétaire. J'entends une voix à l'intérieur me dire "je n'ai pas mes propres pensées, parce que je n'ai pas mon propre corps". C'est à ce moment là, que je loge en moi. Que je m'installe dans cette peau. A huit ans. J'entends encore les autres dire « il est dérangé, il me fait peur, avec ses yeux, ses yeux, ses yeux ». Dérangé. Non, occupé. Oui. Pas dérangé. Rien ne me dérange. Tout m'occupe. Je suis occupé. On m'occupe. C'est si simple d'être celui dont tout le monde parle. Je refuse. Je suis arrivé brûlant comme un soleil timide. huit ans. Tu disparais sous les draps. Réapparais en ombres. Je veux. Je suis si gros. Tu es si mince. Tu es l'eau du bain trop froide. Je suis entré. J'ai jeté tes poupées sur ton lit. Et je suis monté dans ton lit. Je suis monté. Monsieur, je veux allez jusqu'au bout de l'écriture, ce qu'on imagine pas encore. J'entends encore Maman expliquer « non ». Je te griffe. Ce n'était pas dans la violence. Non, c'était autre chose. Une panique. Et je t'ai dit, là je t'ai dit ça, la confidence. Là, oui, je t'ai dit, sur toi, sur l'étouffée : « je veux t'arracher la peau ». Je t'ai dit ça, et je ne voulais plus que tu sortes des draps, je me suis allongé sur ton ombre. Pardonne-moi. C'était avec toute la violence de l'enfance trop mouillée. C'est si facile, d'être comme tout le monde veut. Monsieur, laissez-moi allez au bout de l'écriture. L'enfance glissante. Sans matiére. L'enfant pendant sous les mains. Je veux t'arracher la peau. Tout me revient. Et c'est ça ma confidence. Tout me revient quand je tiens le manuscrit dans les mains. Il me faut une scéne. Ne pas publier, ne pas dire, je publie depuis toi. Je dis ça. Toi et moi l'écriture secréte. Il y'a des débuts partout, sur nos corps. Pardon d'ouvrir la scéne. Ca aussi c'est ma confidence : la naissance de l'écriture. Marion des vents, ne pars jamais, depuis j'ai 20 ans. Je serai là, encore, dans la répétition, des choses qu'on lit déjà. Des terres qui nourrissent comme ce que je tiens dans les mains. La louve sans pattes.

J'entends aujourd'hui ma mère qui me lit et qui dit « non ». Mais ça elle ne sait pas, tout ce qui me revient.

Publicité
boudi's blog
  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 49 344
Publicité