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29 avril 2009

La nuit.

C’est de l’ombre croupissante. De l’angélus gluant sur les cloches et les haies de communiants. De la nuit qui vient pourrir joyeuse sur d’abimées litanies. Il faut bien ça pour réaliser. Pas des films maladroits, des projections instantanées sur la bâche large de sous le crâne. Non. Réaliser la nature véritable de la nuit. Percer son essence. Pas de joie. Pas de l’infusion aux lampions et de l’assoupie musique. Pas. La nuit c’est un hurlement et pas un qui s’arrache de baffes énormes bégayant des décibels et des pas de deux. La nuit. Véritable. Tentaculaire écartèle le silence en imperfections régulières. Noie tous ses bruits parasites. Du noir puissant et shakespearien, du poétique. Du Richard III GLOUCESTER gloussant de glacial. La nuit, elle crache ses volutes, arrache des soupirs affaiblis. La nuit qui dure tout le jour. Qu’on aperçoit dans l’orbite solaire juste derrière les paupières. Elle invite. Elle a la jambe délicate, faite à la cire d’ombre. La nuit. C’est derrière le regard, un peu plus loin que la vie, une blonde qu'on aperçoit dans un gobelet. A l’intérieur de tous qu’elle s’installe, patiente. Patiente. Qu’elle dilue sa brume liquide, cet éther. C’est devant la vie. La nuit. Ca crie en petits souffles jouisseur, ça truque les artères avec du mauvais vin. Ca attend de fermer sa gueule, ses crocs, son appétit sur du téméraire oubliant, de l’aventure égarée. La nuit elle attrappe le curieux, celui qui a oublié sa laisse de bruits et de lumières, ses néons et sa fumée. Elle s’en fout la nuit. Elle a le temps de l’univers et des yeux clos. -Les yeux se closent toujours- S’abriter dans les trahisons et nourrir le regret. Elle enfante tous les jours. Elle accouche de formidable et de l’hideux, et souvent d’un seul corps, du siamois parfait, du monstre effarant. C’est déjà formidable. La nuit, sainte-putain en chaleur. C’est Marie obsédante qui hante Christ, qui pleure Christ, qui suce Christ à minuit, sur le pivot des horloges. La nuit matricielle, c’est l’origine de l’Univers grouillant, un cloaque à immondices, et qu’on y aille dansant, chantant à travers la nuit, avec nos baluchons et nos ordures, nos menottes et nos cravates. Y faire murir nos sévices et pourrir nos vertus. Oh la nuit, elle sait raconter des histoires, des écossaises à damiers, des fantomatiques captivantes, oh, elle a un cœur abandonné dans toutes les légendes, elle a un siège au conseil des Carpates, et une voix dans le génie. Elle dicte, l’écrivain écrit. Ce sténographe escroc. Elle sait dissimuler. Mettre des habits de lumière, des obsédants, des sémillants radieux et colorés, des somptueux trompeurs et même des exotiques voyageurs, des qui pointent la nuit partout dans le monde. Une boussole vers le N, de Nuit. Elle sait tout faire la nuit polymorphe. La nuit symphonique, jouer dans tous les trous de la terre, glisser ses doigts d'air, faire sortir de chaque cratère un grondement de Vésuve, se glisser dans chaque ombre délébile. l'Aquila en miettes. C'est elle. Être. L’aurore qui faiblit et le crépuscule décapité. Mes phrases courtes et tes rêves gercés. La lune mordue et le sein de l’infini. Oh. J’ai un fragment de nuit, un captif sous mon crâne, un qui s’étend tumeur métastasée. Métastasée C’est pour dire cliniquement affamé. Comme la poésie. Ce sont des jamais rassasiées. Des orales stylistiques qui se jouent du verbe. Ce mâle châtré, le verbe. Et. Elle se répand largement la nuit dans le corps, elle fertilise. La nuit, ça vous ouvre délicatement le corps. C’est son hymen, sa virginité à prendre, le corps. Le corps tout entier. Avec ses secrets recoins, ses villosités, ses cauchemars et même, un peu d'espoir. La nuit ca le fait percer sans bruit tout ça. D'un coup, d'un pieu. Elle en a tiré des choses de son siège Roumain. Du silence et du vampirisé. En silence qu’elle découpe de la même manière irrégulière, selon le même boucher procédé, la vertu. La nuit qui abandonne chaque matin ses sortilèges à la lisière du réveil. Derrière le bois enchanté. Les lycanthropes ont oublié. La nuit s’est suspendue. C’est un drôle d’envol. Un oiseau qui bave d’infini. On a beau veiller, la tenir tout son temps. Elle s’en va toujours sur le trait encore maigre du jour fasciné. Elle part. Elle est un peu comme moi.  La fuite c'est un peu l'immortalité du pauvre.

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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