Aux petites choses
Avant de s'anéantir
Les étoiles
Brûlent
Désespérées
Comme un amour
Qui s'en va
Mais qui s'embrase
Dans les bras
D'un amour
Qui ne s'en va pas
Et cet amour
(Qui demeure)
Pareil à un ciel
Aux étoiles déchirées
Gomettes qu'une bouche d'enfant,
Rose et vivante, avait posée
Que des mains aux formes d'adieu
Grattent et
Décollent.
Cet amour
Pareil au ciel de
Florence
Fronce sa peau
Noircie
De fleurs
Et d'épines
Et pleure
Les amours
mortes.
Comme le ciel
(étiolé)
Pleure
Les étoiles éteintes
395/
Et sur ton ombre j'ai replié les bras
En cherchant les contours de ton corps
En imaginant tes lèvres.
Demain, je les oublierai, je baiserai en vain
Le souffle qui les fait naître ; l'alizé des soupirs
Du fantôme de toi.
Ma Maudite.
Sur ton souvenir j'ai tracé des pays
A la craie rouge, aux parfums de nulle part
J'ai cherché dans l'identité la différence de ton odeur
J'ai remué des pavés, fouillé le fond des révolutions
Pour avoir sur les paumes un peu de ton prénom
Qui s'échappe d'un conte, d'une histoire, d'un poème
OU
Les cristaux des voyantes
Semblables à tes yeux
Troublent le passé.
(Pour avoir un peu de ta saveur morte dans le ciel
Pareille à l'étoile bleue qui s'est éteinte, et s'éteignant
Gèle les galaxies, les coeurs des amoureux épris
Tremblent.)
Je t'ai écrit dans ce que tu liras bientôt,
Quand la poste fera son office, à trainer
Eboueur des poètes,les déchets de mes nuits,
Que tu as peur la nuit ; que j'ai froid la nuit
Qu'on ne sait plus bien quand nos corps se désunirent
Qui frissonne de peur ; qui frissonne de froid
Mes mains ont bleui, ce sont des taches de vin
Posé sur ton corps de nacre
Que le blanc des draps décolore.
Tes cheveux sont des algues de tourments
Qui nouent entre eux les rondins
des radeaux
Et noient les fuyards aux adieux prononcés.
Tes lèvres sont des anémones qui s'enroulent
Sur un squelette de fer, et se déplient
Comme un drapeau qui claque
Pour étouffer mon murmure.
D'adieu.
Tu es un piège de pâleur,
Un piège assiégé d'hiver.
Sur le ventre, et sur lequel je coule
En blanc, en clair, tu m'as appris
A pleurer en couleurs.
Seulement je ne pleure pas.
Tu es un caillou froid qui borde le rhin
Et tes reins sont le courant
qui jettent en leur sein les mains des amants.
Je ne sais plus de quel côté est la nuit
De quel côté est le jour
Alors je marche sur le bord de l'horizon
un jour aube, un jour noir
Je suis debout sur un trait de lumière
qui brunissant
M'enterre.
Et je m'en vais.
Je te laisse mon ombre
Que tu attacheras à un autre.
Avec tes boucles de ciel
Avec tes algues d'ombre
Tu en prendras un autre
Qui jettera l'ancre
Sans pouvoir la lever
Au fond de la vase
Noire comme le fond
de
L'Univers
Où se voile ton coeur.
(Un autre
Qui sera un souvenir
A t'attacher au cou
A faire une perle d'oubli
Un diadème
Pour danser.)
Dans la nuit tu trouveras des corps
Mais tu n'y trouveras plus
L'amour.
Qui, pareil à la mort,
Enfante dans le ventre du poète
Les vers.