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30 mai 2010

Walkyries.

J'aimerais déposer mes mains sur tes hanches qui y feraient comme une hanse ou un vase d'où s'éleverait ton corps en fleur magnifique, en rosier bleu et blanchissant dans le jour. J'aimerais y poser les doigts qui feraient dix griffes, dix marques aux tailles différentes, dix traces de peau et de muscles où s'abandonneraient, brisés, mes abîmes sur ton abîme.

Quand la nuit tombe au hasard sur ma peau, qu'elle masque mon visage, qu'elle y fait une capuche aux allures de cataclysme, quand les garçons me parlent et que les filles -comme la nuit- se coulent sur ma peau et y durcissent, je pense à toi. Quand A. me prend la main, et la fait pleuvoir sur ses cuisses, et remonter en vapeur de paumes, qu'elle érige entre le monde et nous des murs et des serrures, je prends peur. Soudain. Quand sa peau brunit sous la lumière d'un lampion mon corps y disparaît, j'ai la main qui la touche sur ses vêtements, et la main qui sue son crime, sa haine, et sa honte, j'ai la main qui tremble de peur plus qu'une fille qui jouit.

Hier, quand tu m'écrivais ton drame, quand tu m'écrivais l'immonde que la nuit avait gémi près de toi, j'allais coucher avec une fille, et sûrement la faire plus jouir que toi, et sûrement y être maladroit, avoir le corps du marbre des statues, des tombes ou de palais, enfin le marbre dur, viril, agressif, qui brille, réfléchit où sémillent des lumières pâles et tremblantes où s'y découpent les extases à venir. Je n'ai pas pu, parfois c'est comme d'avoir une morale en plus de toi, une morale qui serait un autre être de moi, une entrave, une maladie qui enraye le geste, qui le stoppe avant qu'il soit définitif. J'ai eu peur, ou j'ai eu honte, et je suis parti, alors qu'elle me tendait de quoi protéger nos vices, de quoi ne pas trop les répandre, de quoi en faire un peu de l'immobile d'où grimpe l'odeur que j'associe au drame. Je ne pouvais pas la baiser alors que j'avais le sexe encore plein de ton odeur, je ne pouvais pas la baiser alors que j'avais sous les ongles des restes de peaux mortes, des carcasses de cheveux qui s'y dégradaient en paix.

Tu m'as rendu impuissant, et de cette impuissance j'ai un rond de latex comme souvenir et le mépris de ces yeux. J'aimerais savoir te faire l'amour comme je baise les autres, comme Lucie me rappelle l'éternité que sont mes instants de rage, quand elle m'écrit « baise-moi le temps d'un film » et que je la baise le temps qu'Hamlet meure, ou que le vent se couche sur Londres. Je n'ai jamais su avec toi, je ne saurai jamais, mais tu m'as rendu impuissant, alors j'aurai des excuses pour les extases moyennes, pour ne pas me sentir et jouir, et venir. Quand j'éjaculais en toi, hier, je ne jouissais pas, il y avait moins de cri, de parfums, de vie, que de soulagement dans ce liquide, c'était comme de saigner, de fuir en toi, sans contrôle, mon corps n'était pas mon corps, et je n'ai rien senti de sexuel, j'ai senti ta peau contre ma peau, j'ai senti ta chaleur et un peu de ta déception, mais c'était bien, et c'est tant pis pour l'orgasme pour le tien, pour le mien, ce sera dans une autre dimension, où mon corps est mon corps.

Quand j'écrivais la nuit et que tu visitais les caves de ton inconscient -mer de la conscience, qui recouvre la grève- je finissais par « réconcilie mon corps et mon être » et je croyais que te faire l'amour y suffirait pour les rassembler, pour défaire l'immortelle blessure d'où je me perds. Ce sera un peu plus compliqué.

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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