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16 septembre 2010

Marie

Certaines choses s’achèvent sans qu’on le voit ni ne le sente. Il suffit d’un geste, parfois, pour chasser l’alizée, et vider le ciel de ses attributs de victoire. J’ai le cœur excisé, il se porte déjà ailleurs. La mode de mon corps a changé, Marie est un nouveau prénom qui y fleurit et Lucie continue de porter sa voix de mort. Elle me complète : j’en suis l’odeur, de la mort.
Dans tous les pays, les empires, les Républiques, dans tous les corps et les cerveaux de femmes, c’est la même chose paresseuse, qui m’ennuie.
Je suis déjà plus loin que ça mais personne ne peut l’observer, il faudrait plisser l’émotion jusqu’à la rendre chinoise et demain j’irai pour toujours de l’autre côté des vies, j’aurais des ivresses en chapelet, religieuses ivresses où des saintes se dénuderont, où la bouche de Marie me fera oublier les cœurs frivoles. Je parlais d’Hongrie et s’assembler dans ma tête les images de la Berbérie, j’entends des voix –le ressac de la mer- qu’est l’accent amazigh. Des proverbes qui sont des pas armés, et me bercent de leurs mélodies, je sens des feux oniriques qui crépitent et se nourrissent d’un bois de rêve, enfoncent des passions et disent « voilà la vraie forme d’une flamme, elle a le cœur d’une étoile, la chaleur d’une abysse, et la trahison d’une femme ». Là bas ce seront des montagnes kabyles et des déserts qui nous rendront fous, en pénétrant pieds nus sur le sable chaud, on laissera la raison, et on dansera pour avoir soif dans une union de damnés. Chaque respiration prendra des vapeurs de l’enfer qui se recracheront en souvenirs, avec Marie, on évoquera les souvenirs et les amours déçus, ceux là qui avaient dans le ventre des chênes pourris et des dieux païens. On pleurera de larmes de sable, on fera s’écrouler du verre de nos yeux détrempés par les oasis imaginaires. Nous n’aurons qu’à boire des souvenirs, dirons-nous, et nos rires craqueront dans le ciel pour faire naître le premier orage du Sahara et nous aurons soif ensemble, alors, blottis dans les plaies mystérieuses, ces grottes creusées par le temps, à travers nos os et ces bouches qui en nous poussent des plaintes. Les caravanes passeront comme des fantasmes, dans des habits de poils et de lait de chèvre, elles passeront, indifférentes, comme le serpent qui passe sur la roche et attend que le soleil excite son sang.
C’est trop tard, je ne sais plus jouer mais les dés et les dominos ont laissé sur les mains leurs chiffres et leurs amusements. Je suis devenu ce jeu, énorme, qui tue, rachète, saborde. Mais je ne jouerai pas, alors j’abandonne les âmes stériles, je les laisse à leurs amours souillés, aux jeux initiaux, primaires, et je retourne aux prénoms éclatants de volupté, drapés dans du lin.
Marie a le cœur vierge des blessures intelligibles, c'est-à-dire qu’on les saisit du coin de l’œil, et qu’elles s’empilent en soi, les blessures.
Prénom de sainte, corps de putain.
Marie, demain, j’ai des ongles pour toi qui te feront des ravages sur la peau, je sens toutes tes eaux et toutes tes lassitudes qui se cherchent une maison close.
Je n’ai plus que des promesses de vérité que les autres, les amours, souillent de leurs légéretés. J’aime sans gravité, bien sûr, j’aime sans une pensée, c’est déjà trop penser ses amours, j’aime sans sérieux, avec la bouche amusée de ce baiser virginal qui l’interdit. Mais j’aime pour de vrai, avec tous les élans fracassés du souvenir, tous les départs, et tout l’absolu qui me déborde des hanches.
JE PORTE UN ENFANT DANS MA GORGE ET VOUS VOUDRIEZ M’AVORTEZ ? ET CE CRIME VOUS HANTERA JUSQUE DANS VOS JOURS CLAIRS DE JOIES IL PENETRERA SANS CONSIDERATION POUR LES INTERDICTIONS MATERIELLES ET SENSUELLES PARALYSERA VOTRE DESIR FIGERA VOTRE FATIGUE
Lucie est morte, elle ne le sait pas, et demain je la verrai sur une stèle de marbre qui me dira « je ne le savais pas, mais je dormais dans ce cercueil anonyme, je dormais au milieu du bois maigre. J’avais la mort inconfortable, alors je me suis levé et je t’ai trouvée, c’est ton odeur qui m’a attirée, elle me rappelait quelque chose. Chez moi. Aujourd'hui que je veux me rendre dans ce foyer aux lumières anéanties, j'aimerais que tu m'y joignes, qu'on aille se mettre sous les yeux ma même noirceur languissante dont tu te pares quand tu veux dire je t'aime ».
cette invitation m'ecartèle.
Il y a Marie, il y a Margot, il y a les fantômes ignobles, il y a le coeur pur et les rosiers merveilleusement justes qui m'ont poussé sur le torse, il y a l'appel médian du soir, il y a, les promesses que j'ai faites, et la voix de Marie qui n'en peut plus de soupirer d'attente, de l'autre côté de la rue, au creux d'un abîme de foutre. Elle attend, que je vienne, que je sois débarassé des amours faciles qui sont des matières composites, constituées des purges d'avant.
Il y a des désespoirs qui saillent de moi et ces tombereaux de larmes qui s'échappent de mes mains.
 
Je ne peux pas supporter un amour qui se disperse, qui soit fabriqué dans des forges de vent, où le soufflet remplace le fer.
Plus jamais je ne serai sale.

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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