Grenoble, la nuit
Les villes froides
Ont des museaux
De Pierre.
Et de grands
Yeux de phantasme.
Les trottoirs sont bavards
Et assoiffés.Je partage mes rires
Déployés en liqueur.
Ici.
La lune est un œil
Qui tache la solitude.
Ou
La corrompt.
Je suis couché dans le bruit
Yeux verts
Yeux gris
Couleur de nuit
Grenoble est si froide
Qu'elle casse comme du sucre
La bouche de Loriane
Etait
La couverture
D'un souvenir.
Je ne me souvenais plus.
Du front humide
De mes baisers.
Peut être suis je la pluie
Qui marche
Sur le pavé
D'un visage.
Je me souviens Loriane
Aux yeux clairs
Aux pleurs
De sommeil
Le langage ne s'est pas eveillé.
La poésie a de la fièvre
Les rimes ont les joues
Rouges du houx
Et des baisers.
Je ne me suis souvenu
Que du froid
Froid
Comme quelqu'un se tenant là
Aux mains d'hiver
Qui glissent
Sur le dos découvert.
Les frissons ont sali
La caverne du secret.
Mes poches étaient vides
Le coeur débordait
D'impatiences.
La solitude n'a de langage
Que les mains
Qu'elle secouent
De leur couleur
De cellier.
A elle j'ai tendu des miroirs
de toutes les couleurs
Aux formes mortelles
Mais ce n'était pas le miroir
Qui la gênait
Seulement le reflet
Grenoble la nuit
Tousse des rêves
Qui déplient deux ailes
Semblables aux toits de chaume
Qui crépitent dans les livres.
Grenoble la nuit a des voitures
Que l'alcool
Abîme
Comme une terreur
aux pieds
De jeunesse.