Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
boudi's blog
boudi's blog
Archives
Newsletter
1 abonnés
3 février 2011

Aux nuits impossibles.

Il y avait longtemps que ce cœur noueux, aux artères noircies de fureurs, n’avait pas frémi d’un souvenir humain. Qu’un visage tout centré dans le réel, sans les trucages de l’alcool, sans les audaces incertaines d’un corps tendu de vilenie, n’avait pas ému ma fatigue, n’avait pas débordé ma torpeur. Si longtemps qu’il me souvient mal mes conjugaisons, le temps y a creusé des morsures clapotantes comme la pluie au pavé des visages.
 
Si longtemps que mes lèvres ne fredonnaient plus que des habitudes, jusqu’à, jusqu’à ce que toute l’infernale machinerie, émue, se dissimule et tapisse ses rires dans les rimes qui se marient à la nuit qui les fait naître. Yeux bleus, j'aime les rivières qui chantent dans vos iris. J'aime d'avoir le corps promis à une destination de l'écho de félicité. De vous chasser vous, souillures, vous étrangères, inconnues, demie-femmes, fioles et folles. J'ai un amour qui ne le sait pas, qui ne le devine pas, et qu'il est bon le sang qui chauffe avec entrain dans l'artère, et son concert qui remue. J'ai un amour de loin, que je frôle avec la voix. Toi.
 
Je suis de ces maisons indolentes, qui flottent sous les arches que sont les tropiques, qui ceinturent à trois moments du monde les routes d’aubes. Qui découpent l’eau en part scélérates pour former océan et mers.
 
J’ai passé du temps à dériver d’esquifs en esquifs répondant selon des reins féminins, les bateaux d’aventuriers remuent toujours de l’œil bleu et souverain d’une belle. Deux mains dans l’écume ont creusé l’Amérique, Collomb et son corps de matière et son odeur de musc ; Santa Maria pleine d’échardes à l’haleine ivre de rhum. L’aventure prolonge le corps des hommes et débute à l’ombre des femmes. Je dérive dans le rein fragile, sur la côte taillée en presqu’île de mes amantes. L’amour est chose unique et réunit tous les délires, toutes les ambitions, ce frémissement que c’est qu’être en une passion, en une violence. C'est aimer qui barre le souvenir du reste, et éboule sur la mémoire le miracle du présent.
 
Qui me nourrit, qui m’inspire, qui réveille la faim en moi, qui donne à la soif l’envie de puiser dans les mirages l’eau soudaine et vive, n’est ce pas la rupture entre les fictions ; la fusion dans mes nerfs des  yeux pâles et de ma colère chaste? N’est-ce pas de savoir défaire avec les doigts qu’il y a dans la voix les ronces de mes cheveux où les images dansent comme des pendus ? Qui lève en moi la douceur insoumise et chasse l'indifférente d'un baiser brisé ? Je ne peux plus toucher d'humaine matière, un temps, le temps que tout mon être convergeant d'une audace n'aura pas apaisé son cri d'aimer. Le parler sentencieux au prieuré. C'est que je t'aime toi, dans tes voiles pudiques.
 
J’ai aimé les yeux clairs de croire toujours que ceux-là m’attendent de l’autre côté de mes nuits insoutenables, où dans mon corps le crépuscule se purge et le jour se tarit. Je les ai souvent rêvés les yeux bleus et gris tendus dans la nuée, avec toute la promesse du sursis et le sommeil ne venait pas. Je ne remuais pas, et j’attendais qu’il roule dans ses doigts indifférents toutes mes usures, que sa bouche panse mes nerfs vifs, aigus comme des psaumes. Je ne peux devenir que depuis la lumière qui gronde, tumultueuse, dans le roulis capricieux du jour qui taille dans la nuit les meurtrières de l’aube. N’est-ce pas ces chemins emplis de mystères, dans le creux d’une forêt, que moi ? Où les mythes mordent la terre et la foule. N’est-ce pas moi, que le silence la nuit, d’entendre le clairon des villes un à un tituber dans l’ombre jusqu'au néant? J’ai vu le visage humain du jour se lever du tombeau du soir, vu ses guenilles et ses épines. J’ai vu le visage du jour qui ne me ressemble pas disperser les restes de la nuit dans des vêtements chinois de deuil. J'attendais que le silence en finisse de moi, qu'il achève de railler mes fragiles scansions, que son rythme de soldat taise, taise, taise le sommeil ennemi. Celui-là qui me fuit, qui se trouve un complice pour le masquer. J'ai toqué à des portes, cherché dans les sexes des filles un peu de la part du sommeil qui me revenait. J'ai trouvé l'ennui dans les bras des amantes déguisées en feu. Je crois l'avoir cédé, le sommeil, confondu avec de l'âme. Je l'ai cédé une nuit de mars, il est longtemps, j'ai oublié. Oublié sa forme, oublié sa voix, oublié ses hymnes. Je ne sais pas. Je retourne le nulle part.
 
Que ce corps fragmenté en dix corps et sept prénoms que sont les amantes se trouvent une retraite. Qui sont des remèdes à la nuit ronde, amère, que j’avale comme un cachet d'aspirine. N’en faut-il pas des anesthésies pour bander le délice d’être ? N’en faut il pas des entraves au cri, en attendant d’aimer il fallait déjà brûler. Ne m'en voulez pas. Les yeux noircis comme des craies.

Publicité
Commentaires
boudi's blog
  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 49 344
Publicité