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18 février 2011

Narcisse défiguré, mon amour.

Je me dis qu'il est bien pauvre le monde intérieur de ces gens là pour se rêver des partances, dans des paysages de piquets, délimités en dehors d'eux même, s'arracher comme des souches mortes de la terre qui les héberge, et les retiens, je me dis qu'ils sont bien pauvres leurs mondes intérieurs pour parler d'ambitions, de carrières, d'orgueils et d'argent. Se calibrer un futur à hauteur d'escalier.
J'ai quinze ans pour toute la vie puisque les gens vieillissent d'être mesquins, cette mesquinerie qui se visse à toutes les innocences pour les défaire, les pourrir, les infiltrer et croupir leurs larmes, c'est une infection de radium, le bacille se niche, il incube avec lenteur dans la révolte, il suspend le temps des cris, des pestes et des rages. On se réveille, en ville, avec 2,01 enfants, et un divorce qui se fait pourtant déjà jour. J'ai quinze ans jusqu'à ma mort, d'échapper à toute les veuleries ordinaires, je suis un cri, haïssez moi. Je voudrais que la bourgeoise qui me lit ne sache pas s'en détourner, nouée là du dégoût visqueux qui émane d'elle, que ses yeux fondent sur le papier. Je veux piéger le lecteur dans la laideur de son hypocrisie, je lui tends le reflet de ses lâchetés, vois ton monde pâle, vois ta soumission et ton écrasement, je t'appelle assassin légal, et assassiné officiel, tu es martyr. Je ne veux laisser aucune chance à qui me dévore.
Tu ne voudrais pas toi d'une autre vie, un peu dangereuse, qui sente l'aubépine, une autre vie pleine de toi-même, de l'enfer et des saisons mourantes, de toute la fragilité d'une existence, comment vouloir se conformer, se confirmer, se valider à travers un cadre d'esclave, comment s'exiger mû par l'instinct bas et réinventé d'une flûte de puissance. Comment, fait on pour se dire "en couple" de façon définitive, jusqu'à annoncer avec regret "je ne suis pas libre". Ta cellule je te la brûle, vois le monde menaçant, vois ses coupoles d'odeur, vois ses fleurs de marbre qui rugissent du sourcil, vois les pistils qui enfantent, et le sexe végétal ouvert comme une blessure, vois, vois ce monde autre que celui de l'habitude usée, des répétitions et vos vies de loques et de guenilles.
J'ai vu vos geôles, visité vos prisons, et je n'en veux pas, à la liberté je ferai un rapport horrifié quant à l'état d'une société carcérale, mécanique, soumise, répétant l'ordre, qui fait quotidiennement ses flexions sages, ses exercices de soumission. Peuple imberbe, je baise ton front nu et grelottant, je baise ta froide nuque de mes vertèbres qui craquent, je baise tes joues froides où je voudrais coucher la terreur, dans son bel habit de deuil, et moi mon ombre dans sa peau de morte, dans son visage drogué t'incendie.
Je me dis comme vous devez être creux, d'avoir besoin de ces attributs, de vous projeter hors du monde, tandis que dans moi j'ai des paysages, des régions toutes entières, vierges de mains, et de salissures où s'entendent encore hennir les cheveaux sauvages aux dents cabrés et dures, je suis toutes ces contrées invisitées, tous ces endroits qui vous manquent au coeur, dans vos géographies vendues, dans vos intérieurs censures. Regardez moi, si je brûle, si je crie, si mon visage s'entend de la défaite n'est ce pas qu'il grouille de vies, de morts, de destinées, et de drames, je suis le coeur de la tragédie qui palpite des deux ventricules, qui renvoie la lumière dorée, et l'ombre de la veine violette, je suis le fantôme de vos retenues, je suis l'ombre de vos mines compassées, celui qui vient le jour durant insulter la mesure qui vous bat les tempes. Vous êtes des métaux mous, quasi-liquides, obsédés de vilenie. Je n'ai d'obsessions que du beau, et mes gestes -sauf dans le commun, des présences imposées, à l'Université, au travail, là où je peux échapper à l'autre, qui est autre qui ne peut non plus m'échapper, où deux impératifs nous mènent à la même auge souillure- s'étudient pour déclamer ces diapositives qui dans la tête de passer si vite brûlent la rétine comme des sabres chauffés à blanc. Je voudrais t'inviter dans moi, que tu vois ce que c'est que vivre sans pudeur, sans politesse, ce que c'est simplement que vivre tout entier, de chaque parcelle de soi tendue vers cette seule exigence que vivre, d'absorber la lumière et les yeux bleus pour ce dessein unique, de vivre et de grandir.
Je les vois toujours, multiples, à dire "nous" et ne font qu'aditionner des singuliers "je" de ces nous sans matière, contours d'artificiels comme des frontières d'Etats neufs, je veux un nous qui mélange, qui fond et confond, de ces nous alliage dont on ne sait les indépendances subtilisées d'Union.
Je les ai dans moi ces pays là aux ramages de couleurs, ces fleuves, ces vallons de songe, ces craquements de banquise, ces chants de sirène, les bêtes mythologiques, le froissement des diables polis quand ils filtrent dans mon foie cancéreux, je les ai dans moi ces senteurs de yeux bleus.
Je suis l'aimant qui les guide et les retient, je suis la flute enchantée qui chasse les folies à dents aigues des villes souricières. Je suis celui qui vient rabattre les couleurs en un prisme de soir, qu'il attache autour de lui en drap sénateur. Je suis le cri, et la beauté jaillit de moi, elle est mon ombre que le soleil m'arrache pour montrer à ses piquets de flamme ce que c'est qu'être feu. Tandis que vous tous, et toi hélas, cherchez le beau dehors, pour le mettre dans vous, vous le cherchez avec des yeux morts, avec des gestes fatigués, et le beau vous ignore, vous passe tout autour, c'est une allergie, l'eau en approchant vos corps se détourne et me nourrit. J'ai bu tous les fleuves du réel, bu tous les fleuves de la pensée, bu ceux de l'enfer et les sources de vin du paradis, j'ai vu toutes ces danses mystiques qui ajoutent à la lèpre la garance des frocs trempés de sang.
Vos inexistantes figures se confondent avec le silence et l'absence, vous ne savez pas la terreur et l'effroi vous ignorez les mains blêmes qui vous suivent pleines de menaces répétant avec vous les grands crimes qui vous jouissent dessus, je suis enceint de tout ça, le monde part de moi, ce que vous vivez est depuis ma lèvre la couleur c'est ce que je vomis,la nuit ce que je pleure, le jour ce que je crie, tout ces noyers sont mes lèvres d'affront douloureux. Et ton front douloureux s'en va, dehors de moi, et je ne te rattrape plus...

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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