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15 mars 2011

Les scrupules de l'amoureux.

"Toujours si je te vois je tremble
Comme à son premier rendez-vous
Un jeune homme qui me ressemble"

Louis Aragon - L'amour qui n'est pas un mot.

 

J'ai eu peur D. Peur que tu ne reviennes plus. Ta présence, ici. Dans les vagues de mes crises. Sur les tambours de mes peurs qui font une marche où reposent les aveugles. Je suis la chrysalide de la parole. Tu n'as jamais vu naître les insectes aux ailes ridées. J'ai eu peur. Peur que tu ne lises plus. Comment dire. Je ne supporte pas ta lecture. Tu es le bruit de la guerre dans la bouche sourde. Le silence. Comment. Je n'aime pas la paix, mon corps s'est habitué aux batailles. Mes nerfs ont prolongé la vie plus bas, plus bas dans la rivière. D. Je sais. Je sais tout. J'ai toujours su, comment ça pense un corps, comment ça se déplace une colère, dedans, tout en profondeur dirièse. Je ne le dis pas. Que tu es ici. Que je décompose ton parfum dans mes oreilles. Tes yeux m'émeuvent, ta méchanceté m'amuse. Tu es. Le corps fier. Qui rend le baiser faible douleur comme la morsure. Tes mains brûlent. Je n'aime pas que l'on me touche. J'ai l'impression que l'on me traverse. Ne me touche, plus s'il te plaît, c'est comme si tu atteignais le foie. L'organe, le filtre des images. Le foie. Où elles coulent, en gouttes les pensées. Multicolores images, et le pigment de Matisse, qui résiste encore au pinceau, qui résistera toujours. Les hommes dansent, les petites filles ont des cerceaux beiges. Je les regarde. Je te garde. Mes nerfs vont bien. Je suis malade, ça ne se soigne pas. C'est cent-quarante-six, et les mathématiques faciles. Cent-quarante-six jusqu'à l'infini. Le quotient intellectuel, ce qui ne se réduit pas. J'ai tout pris, pour ne plus voir. La sottise. Avec son menton d'animal sauvage, pour ne plus sentir la crinière des chats me gratter l'oeil. Je me suis drogué. Je couche. Avec des filles. Le mardi à minuit. Demain je dirai "je vais à Saint-Michel, je vais faire un tour dans la littérature". Le corps littéraire de Pauline le coquelicot. Le corps de pages, d'histoires, de ravages, de Pauline, la bouche pleine de désirs. La bouche qui fuit sur mon corps. Pauline me revient. Toujours. "Demain à Saint-Michel" je le dirai, "pour la littérature qui ne s'en souvient pas". Et j'irai abîmer mon corps froid sur son corps froid. J'irai. Je dirai la littérature, encore. La littérature, qui oublie. Qui triche. D. tu es le lieu de ma famine, tu dois le savoir, tes yeux bleus chatoient comme les mûres ensanglantées. Mais je n'attends rien. Je n'espère rien. Ce n'est pas triste. J'ai cessé d'attendre, je suis en avance aux rendez-vous depuis la naissance. Mon désir est une suggestion. Mon corps s'est absenté, il a pris la vacance que les 146 bêtes interdisent à la pensée. J'ai noyé les idées sous les vêpres d'alcool. J'ai bu des litres de larmes d'amoureuse. Rien n'a changé. Les pensées obstinées, sévères. Ca ne se noie pas la folie. Ca flotte, c'est en bois. Je me penche avec des mots vers toi, des mots sacrilèges. Ton existence me rend heureux, tu es une figure d'Eglise, tu es sacrée dans moi. La mosaïque cassée. Je te prie. Fixe mes habits froissés, ce sont mes cauchemars qui entrent dans ma chambre à toute vitesse qui renversent tout, et me trouvent, déçus, éveillé. Je ne pense pas à toi. Jamais. Je te sens. Je connais ton haleine suffoquée, je connais les recoins oubliés de toi. Tes reins en brouillons. Si je devais reposer quelque part, ce serait dans tes souvenirs chassés. Il y a un berceau qui grince, une chaleur en osier. Couvre moi de tes silences. J'aime quand tu es cruelle. Je sens tes yeux qui deviennent des lames, le jour s'y dépose, le jour que j'attends, tout l'hiver. Je fais comme si, c'était grave. Comme si dans moi, la catastrophe, les cascades et les noyés. Tu le sais. Depuis le temps que tu lis ici. Je suis changé du reste des gens. Je me disais, dans les cahiers à spirale de mes douze ans "c'est comme si dieu n'avait plus assez de matière pour me faire comme les autres, il a mal recouvert mes nerfs, il n'y a pas assez de peau, de muscles pour me protéger". Quelque chose a échoué dans moi. Quelque chose comme tous les marins aux yeux de varechs phanies. Un jour je t'appellerai, mais pas tout de suite. Je t'appellerai, il sera tard. Tu dormiras. Tu auras la voix collante de sommeil. Je parlerai, sans laisser aux mots le temps de courir. Je parlerai, avec les phrases en farandole je boucherai les fuites dans les canots des désespérés. Plus tard. Seulement. Tout de suite, je te dévore encore avec mes mains de flèche, avec mon indifférence amusée. Pourquoi, suis-je indifférent ? Pourquoi, senti-je l'indifférence qui se jette en moi avec la même rage que l'amour. Qui imite, la fougue des passions, l'indifférente puissance. Tout en moi. Je suis gêné, quand ton regard se dévisse, que l'oeil ne suit pas la trajectoire exacte des paupières éduquées. Il y a l'échec de la norme dans ton regard. Je le recueille avec les eaux vives des tourbes. Tu sais. Quand je te regarde tes yeux. J'ai l'impression d'un soleil fatigué qui dévie de son orbite, le bleu de ta nuque échappe à l'ordre. Ton oeil se révolte contre les logiques. Comme si tes yeux de n'être pas alignés pouvaient se croiser dans l'infini, que ton regard trébucherait sur l'horizon. Le point de mire. La ponctuation des fuites. La lumière des phares. Ce n'est pas de l'amour. Ce n'est pas grossier. Je ne sais pas comment nommer ce tourment. Ce qui me plaît, ce qui m'entraîne, tes cheveux agglutinés de lumière, la masse compacte des astres brûlés, joue encore le Boléro dans mes tempes, D.. Si tu savais. Ma poitrine crépite un songe que je n'ai pas pu faire. J'ai retenu les rêves au bout de la fatigue. Quand je me suis piqué, la première fois, à la drogue dure du temps. Quand je me suis enlevé des minutes de dans la veine, le sang était rouge, translucide. J'ai fui de la mortelle seconde. Je ne peux plus mourir, j'ai visité tous les enfers, fouillé toutes les audaces. Le monde est un plâtre maquillé. L'os fracturé. J'aime, ma distance, j'aime ma tristesse. Je suis profond comme un regret. J'imagine des bouquets de soucis jaunes qui se découpent sous les ciseaux des enfants. Pense au mouvement de ta couverture jusqu'à ta bouche, pense, dans mes draps, c'est la mer qui me remue, la mer qui enfle turbulente, avec ses hélices de Paquebot, avec ses chants de nègres enfuis. Je pense, aux délices d'une femme à la première larme. Dans ma peau je sens des évadés, des histoires. Je suis grouillant de mille existences. J'ai appris tous les mensonges des hommes, et je les distribue aux passants. L'aumône de l'immoral. Je t'aime comme la berge lointaine du péri de la mer. Je t'aime comme la surface du noyé. Je t'aime comme le sommeil de l'insomniaque. Je t'aime dans l'impossible présence. Je hais ta réalité. Petite fille. J'ai bu la coupe de vos habitudes et j'ai vomi le poison. Mon corps la refuse. Tu vois. Il préfère la flamme à la cendre.

Mon amour est chatouilleux. Ce n'est pas une déclaration d'amour. C'est le hurlement du silence. Sa toux animale. Pardonne-lui s'il te plaît, je suis une bataille perdue.

 

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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