Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
boudi's blog
boudi's blog
Archives
Newsletter
1 abonnés
25 mars 2011

tu es belle comme la nuit à venir

 

"Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, - heureux comme avec une femme."

Arthur Rimbaud - Sensation

 

J'écris le crime que nul n'a commis. Vivre. Mon écriture n'est pas une écriture qui espère, pas plus qu'une écriture qui réclame. C'est une écriture qui n'attend pas, une écriture qui marche. Mon écriture est vivante, elle a des gestes, des veines, des muscles, un foie,un cœur qui centralise les particules de peste, et les dérive dans les pulsations. Mon écriture, n'est pas une écriture mendiante.

Aujourd'hui je suis ce môme de 5 siècles. L'éternité c'est ma colère, l'Histoire mon caprice, l'amour mon fantasme. Ne t'étonne pas si j'aime le scandale. Parce que je ne fais que l'aimer, je ne le provoque pas, je n'en ai pas la force. Il faut être bien fort pour scandaliser. Quoi que mon visage scandalise les reflets. Quand je suis à la table, avec Julia, quand elle sort d'une séance de photographies, quand elle monte sur le podium que je dis « c'est ma petite amie »les garçons-mannequins, s'étonnent. Quel goût étrange. Je leur dis, c'est le goût du scandale. Pensez, je suis les rimes infâmes, dans les draps, mes doigts remontent des mottes d'enfer, et ma caresse dépose en sédiment la salive du diable.
Je suis un garçon et pourtant je suis enceint du scandale. J'ai regardé par l'entrouverture, la fente des filles, pour espérer savoir le repli des enfants. Tu sais. D., aussi distant que soient ton image et ton corps réel, pratique, celui qui s'exprime dehors, et celui que j'imprime dans moi, aussi irréconciliables qu'est ton ombre que j'éprouve dans mes songes, dans mes textes, et ton existence incertaine, flexibl, j'adore tes yeux, je les adore, parce qu'ils ressemblent aux dents forgées illégalement dans le gypse, aux incisives désaxées d'une bouche orpheline, à des pierres qu'on a voulu distinctes. Ton regard est trouble et je me dis que le tailleur de précieux qui te les enfonçait dans les artères, se disait, «toute cette beauté, je dois la différencier, je dois en faire deux frasques deux vers, deux rimes ». Tu me fais penser aux strophes incertaines, où l'alexandrin précède un hexamètre. Tu as le regard inégal. J'adore tes yeux, si je ne craignais pas d'effrayer tes airs de chatte suave, je les regarderai toujours, avec les miens fatigués d'encre. Sans intention dedans.
J'arrête souvent de respirer, quand je me cache dans mes mains, j'ai l'impression que l'air autour devient de l'eau, que si j'ouvre la bouche pour capter l'oxygène, j'inonderai mes poumons du liquide salé des marais. Je ne veux pas être surpris en flagrant délit, de vivre. Ce crime que nul ne commet.
Je suis plutôt grand, et quand je te regarde, je sens que ma taille écrase, qu'elle est lourde de pierres. Mes talons font cinq siècles. Je connais tout. Je connais tout de ce monde. Plus rien ne m'étonne ; pourtant tout m'effraie, à commencer par toi. La seule façon de survivre à l'année, aux marécages, à la lie, c'était de t'aimer. J'ai eu besoin de courage. Et si je vis, si je continue de commettre le crime de mon existence, là où les gens s'épuisent, rares, je te le dois en partie. Je voulais vraiment mourir, plusieurs fois, une mort négligée, comme ma coupe de cheveux, une mort de celui qui se laisse faire par une voiture, par un couteau, par une violence. Puis j'ai écrit. Depuis que tu as commencé à lire. D'abord je n'étais pas sûr, je savais seulement, depuis le cabinet, entre deux ennuis, puis j'ai su tous les autres moments. J'ai gardé le haut à mal littérature. Un haut de coquelicot. J'ai peur que mes écrits aient une poitrine féminine,alors je fais garder le haut pudique à mes gargouillis.
Je connais tout, mieux que personne, mais ça, jamais on le saura.Parfois, on le devine.
Je suis doué ?
Douée ? Qu'est ce que ça veut dire ? Pourquoi ?
Non, moi, je m'appelle, le désespéré heureux.
Pourquoi ? je n'en sais rien.
Marguerite était nue en bas. Ma littérature gardait le haut.
Peut-être parce que je me faufile, et que je passe inaperçu. On dit des choses de moi, que je suis cruel, idiot, prétentieux. J'ai la littérature prétentieuse. Que je suis stupide, étrange et méchant. Tu le dis aussi, peut-être, et je ne t'en veux pas. Les insultes, je les colle sur moi, ce sont des timbres. Voilà, je suis affranchi. Les autres ? Esclaves.
J'aimerais relever les cheveux sur ta nuque, j'ai l'impression que ton visage est un drame, ou un théâtre, j'aime écrire que je secoue le varech doré de ta chevelure, c'est un rideau d'un ton mat, jaune, qui brûle les yeux, qu'aucun frottement ne peut alerter. Même pas mes cris. J'aime que tu sois inaccessible, que je puisse dire « D. , c'est qui ne s'atteint pas, c'est juste derrière ton ongle le plus long, sous la courbature de ton muscle tendu, c'est la fièvre dans mes coups sur le parquet, c'est les mots sur la feuille timide, c'est la famine de mes paumes, c'est le visage qui abrite mon rêve dans la douceur de son rythme de coquillage enfiévré. D.;c'est le lointain, l'espoir qu'il y a a sa lèvre, sous le maquillage mâle dessous ses yeux, dans ses cils qui donnent à ses yeux la forme d'un oeillet. D., c'est loin, celle que je ne touche pas avec les mots, que je ne veux pas troubler, que je caresse avec des secrets, que je dépose en pensées,dans velours beige de l'aurore. D. C'est la neige qui brûle mes nerfs, et dans laquelle je trace les signes de mon indigénat, c'est l'indignation la plus célèbre du monde, quand mon corps prend l'évidence des caprices, c'est le goût simple et compliqué des fruits de l'automne.

J'aimerais te dire, de ne pas bouger, que la vie, va te frotter la peau, te laver les sens, et te montrer mes souvenirs vieillis. Souvent, la nuit, je voudrais m'assigner un serment, mais je ne sais pas prier, je répète seulement ton prénom. On m'a dit, quand tu dis ce prénom, on dirait que tu portes un pagne de romain, que tu pries des statuettes immobiles. C'est plus que ça, j'adore l'ombre, tu ressembles à la nuit déifiée. Je sens la peau d'après l'amour, j'ai un peu honte.
Parfois, je pense ne plus connaître ce qu'est le froid, le chaud.
Tout résonne tiède.
Depuis quelques siècles les hommes deviennent tièdes.
Pour moi, pour eux. Peu importe. Ce ne sont que des mots. Pour toi.
Je vagabonde.
Je vagabonde.
Je suis un enfant, un peu oubliée, mais ce n'est pas grave, je ne sais pas ce que c'est que d'être vivant, depuis que j'ai treize ans. J'allais dans une école de surdoués, mais ma peau a porté un crime. Un crime d'amour.
J'ai 5 siècles et le souvenir de Marguerite devant moi qui veut se baigner dans la baignoire prend son temps. J'ai cinq siècles, j'ai tellement de temps à lui offrir.
Je voudrais apprendre à prier, je voudrais faire des messes inquiétantes. Je sais, à mon âge je devrais retrouver mes amoureuses, ou penser à des choses sérieuses et distrayantes, à des amours graves avec des gestes de saintes et des morales de putain. Mais je ne peux pas. Quand, je dis « je suis fragile » c'est le seul jour où je ne rigole pas. J'ai l'impression, que si l'on me frôle, on me fêle. Je n'ai pas la barrière du corps pour protéger mon âme. Lorsque l'on me touche -et je te supplie de ne plus le faire- l'on brutalise mes nerfs, mes émotions, l'on secoue, et c'est en désordre après, il faut tout retrouver, les souvenirs, tout retrouver les larmes, et les sourires. Je ne supporte pas l'ordinaire. Pendant un an et demi, j'ai tenté. J'ai fait des stages, eu des amours équilibrés, je suis sorti tout le temps. Et je suis fatigué, je pensais aux livres, je pensais à l'amour et je pensais surtout à l'écriture. Aujourd'hui, si je recommençais à me chasser de moi, même, des pensées j'ajouterai, « je pensais à D. ». J'aime la vie, si fort, que je ne peux l'échanger contre aucune imitation, je suis ce buveur de café à l'hôtel de la gare en 1942, qui refusait de boire l'ersatz, et finissait la journée, tremblant de fatigue « les imitations je les laisse aux poètes ». Tu devrais voir ce que j'ai écrit dans mes carnets, je t'ai fabriquée avec une tresse de princesse troyenne. A la fin, tu brûles de gloire. Tu as des reflets miraculeux, qui te sortent des yeux. A quoi je joue avec mes mains ? A écrire. Personne ne voit ce que j'écris, parce que j'ai voilé mon identité sur la couverture, sur la pochette,depuis cinq siècles j'écris le même mot, un mot amoureux, un décor.
Pourquoi devrait-on faire de moi un petit garçon normal ? Je suis un caprice, une colère, je suis un scandale calme, une passion indifférente, je suis la mer légère, qui parfois secoue les cales qui l'assombrissent. Depuis cinq siècles je suis la marée haute, pourquoi devrait on me faire partir de l'autre côté des réalités, des perceptions. Vos vies ordinaires ne m'intéressent pas. J'ai essayé, pendant un an et demi, je m'y suis abîmé presque jusqu'à vous ressembler. J'aime tâter la vie avec les yeux, je me suis souvent pris le regard dans les portes. Maman dit de faire attention. K'ai besoin de quelqu'un pour veiller sur moi, parce que je ne sais pas le faire. Je vais insulter les gens dangereux, je vais menacer les bandits, traverser où il ne faut pas, m'arrêter au milieu d'une phrase importante parce que ma tête sera secouée d'une idée folle, d'une idée de littérature. Partir d'une chambre d'hôtel, dans la nuit, parce que c'est moite un corps inconnu. J'ai besoin de quelqu'un qui veille sur moi, et ton ombre m'enveloppe et calme mes rages de nerfs. Je t'aime, je t'aime, je ne sais pas prier, et ce ne sont que des mots. Ah. D. comme j'aime le soleil de cette après-midi. Presque autant que la nuit à venir.

Publicité
Commentaires
boudi's blog
  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 49 344
Publicité