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boudi's blog
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26 mars 2011

La nuit baisse son pantalon, on y voit rien, il fait trop noir.

 

Tu sais la nuit a la même caractéristique que la vie, on s'y ennuie si on y contrôle tout. Dans la nuit,contrôler, ça veut dire mettre de la lumière dans tous les recoins, doubler l'ombre des chênes d'un lampadaire naïf. Moi je préfère, quand je reviens de mes promenades, imaginer que ce chat au pelage strié de rêves, c'est toi qui court, jusqu'à t'essouffler. La poitrine haute, gonflée du jour à venir les pieds pas tout à fait bien droits, la marche de plus en plus rapide, et tes cheveux nageants que tu essaies d'attacher dans ta course, pour ne pas qu'ils te brûlent la nuit.
Tu étais jolie, cette nuit, tu sais, une petite fille jolie, qui rugit dans la récréation humide de la Seine. Mais ensuite, je t'ai vue trébucher. Je pense que je suis le seul, à t'avoir vu, peut-être t'es tu prise les pieds dans un des corps invisibles de la nuit, sous le décor translucide de nos scènes d'insomnies. Je t'ai laissée te relever, reprendre ta course, tes genoux neufs, ta peau pas tout à fait maquillée. Ton soir. Tu sais, ce week-end je m'absente de l'écriture, j'ai des activités à dissimuler, j'ai des gens à recevoir, des habitudes à peigner avec des rosaces de crème. Je n'écrirai pas, samedi, je n'écrirai pas dimanche, ni lundi, ni mardi. Je mettrai du silence, dans la littérature. « L'art est un cri ; l'époque aphone ».
Je tombe deux fois, trois fois, je joue à la marelle avec la chute, je ne sais plus faire un pas autrement que dans la chute, qu'en dévalant, je tiens tête aux hauteurs, je brusque le béton avec mes genoux. Je ris. Je ris toujours quand le sang frissonne sur ma peau. Je remonte mon visage, et j'ai l'impression de rehausser un buisson, je déguste chaque feuille que la nuit permet de tenir, en haut de son grillage de bois, je goûte ces feuilles, elles ont le goût du sureau, le goût de la folie douce. Quelle est la raison de la course des gens ? Je crois que c'est l'odeur de ces buissons, le parfum du fruit vert qui trébuche de la branche du mancenillier. Je tourne, autour, d'une idée, d'un corps en éther, que j'absorbe jusqu'à l'idiotie. Tu sais, je vais faire quelque chose que je n'ai plus l'habitude de pratiquer, quelque chose qui va me sembler une douloureuse apnée après la noyade. Je vais dormir,pour voir le corps que tu prendras dans mes rêves,pour savoir l'espace que tu y occuperas, si je peux t'aimer avec tes dents bien formées, et ton regard qui efface l'objet que tu suspends. Je vais dormir, je t'avoue, je n'y vais pas gaiement. J'ai l'impression de me rendre à une guerre, où je vais perdre des copains, parce que je sais que je vais rêver d'inconnus, que j'aimerais ces inconnus, mais que le réveil sonnera le deuil, le crépuscule de ces existences démentes et solennelles. Toi tu dureras, après, tu conserveras le matériel de pierre de ta vie. Tu peux vieillir, je crois que tu as plus que ma part de bonheur, tu as aussi ma capacité à vieillir, à flétrir, à pouvoir passer. Je suis sûr d'être invincible, j'ai refusé le temps, et il est parti vendre ses particules ailleurs. C'est un marchand de fleurs ambulant, c'est un marchand qui entre dans le restaurant, et je dine avec la vie. Toujours avec, sur, jamais, dans la vie. La vie et moi, sommes des confidents, mais nous ne nous confondons pas. Je la porte, je lui montre des directions, je tire sa manche d'adultes. Tu sais. Je ne vais pas écrire, et c'est à dire que tu ne pourras pas rire, et pas avoir peur, dans ta journée de samedi, tu ne pourras pas te dire « oh, il n'écrit pas sur moi » ou « ouf il n'écrit plus ». Je voudrais apporter à ton ombre qui trébuche sur la céramique peinte un ballon multicolore. Il ne faut jamais accepter les cadeaux plein d'air, on ignore toujours les cris qui les gonflent. Je ne comprends pas, certaines choses. Je ne comprends pas ces gens qui s'aiment avec des gants. J'aime par en dessous, j'aime en dessous de la peau, j'aime avec les roucoulements poussifs de la terre, j'aime depuis le nerf, depuis le frisson, j'aime avec ce qui est dangereux. Chaque fois que je suis amoureux, ce que je mets au péril de la fusion, de l'acclimatation, ce que je risque, c'est toute ma vie. Bon courage camarade, je vais essayer de savoir ce que tu dis dans mes rêves. Est ce que nous y aurons des voix ?

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Commentaires
L
T'es le meilleur. Tu atteins l'ecriture ultime. J'suis trop ravie de te connaitre. Tu es vraiment Dieu.
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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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