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boudi's blog
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21 mars 2011

Du regret j'ai tiré un pétale de Dipsacus, aujourd'hui j'aime, et c'est sans espoir. Ma croix a le prénom des dieux latins.

 

Ma petite Marion, ma douce Marion, mon souvenir de camphre, est ce que je te mélange avec la rigueur du droit. est ce que je m'imprègne de ta misère toute pleine de lâcheté ordinaire. Tu tintes dans demain avec un cri sombre de ta nouvelle parure brune. J'ai entendu ton murmure chuchoter dans les ombrages de mes mains, entre les stries de mes doigts où le monde cesse de battre. J'ai des ancêtres dont je sens encore le sang remuer, que mon existence naïve avive. Né en mai, je porte le printemps dans mes petits sanglots. Dans la tristesse en gris qui immobilise mes lèvres en l'ivresse saccadée. Quand je tourne une page d'un album photo de ma Kabylie native je sens une veine de ma mémoire qui claque comme un pas sur le pavé des révoltes. Oh, ma petite Marion, comme je m'en veux. Je n'ai pas su te détourner, je t'ai arrêtée, j'ai retenu la marée de ta vie et je croyais la changer, la réinventer, je me rêvais des pressions de Lune, des cratères astraux. Je ne suis pas même un barrage, l'écluse que la vie baisse dans le sanglot des rouilles oranges et qui remonte pour laisser bas les niveaux de tes pleurs. Je donne l'illusion de faire grossir les cours, ah le tumulte d'algues de mes manivelles hirsutes, dans les madrépores illusions, dans les circoncisions des vagues acronymes. Je te dis pardon Marion, pardon de t'avoir laissée à ton vide, d'avoir délaissé la vie de toi et de m'être pendu à tes silences, d'avoir balbutié des salives en or, à broder sur le corps du reste des filles-animales, l'adultère caustique. Les rescrits fusillent les lexicales brutalités, et ma petite Marion, je sais la pulsion qui soulève ton coeur, et la lenteur du sang qui bouche le port de tes cris. Ma petite Marion, tu es le silence qui craque sur la chaise en osier, le mouvement du mancenillier , égorgeant les rouges-gorges et qui rosit tes oreilles de deux perles irisées. Il y a le quartz d'une date imprimée sur tes reins, et quand j'embrasse les photographies de nous, les sangles de mes muscles ralentissent le mouvement de leurs brutales vigueurs. Ma petite Marion, je suis passé dans ta vie comme une intention qui ne change rien, comme un discours politique qui promet tout et altère ce qui va, et j'ai ouvert dans ton ventre la plaie des voyages, j'ai mis contre ton palais ma langue impatiente qui offrait le goût de la liberté. J'ai repris l'aliment dont le parfum t'empoisonne encore. Et je suis parti, parti dans les bras différents, des filles-hymnes aux corps de ricochets contre l'eau tendre et boueuse de mes yeux. Oh, Marion, j'ai trahi, comme à Margot, le loin là-bas, écorché les silos de l'habitude, sous les sillons profonds comme des tombes creusées par les manches des fellah. Ma petite Marion, je t'ai laissée dans la nuit noire sans te donner les torches du jour, sans t'offrir la carte du dehors. J'ai délassée le nœud de tes cheveux longs, dans des salles atroces, les portes bougeaient plus vite que tes petites jambes, et la liberté s'éloignait dans mon pas. Moi je partais, j'allais en dehors, j'allais retrouver le jour et le feu des fleurs, j'allais absorber les tiges des filles, et boire aux bouches des vierges l'eau neuve de leurs hymens fontaines, et tu débattais dans le noir ta vertu, tu te débattais et tes yeux bleus s'usaient, ma petite Marion, dans les chambres sans lumières où ton corps crispait les muscles jusqu'à la tétanie. Ma petite Marion, je t'ai oubliée dans la nuit de ma vie, et tu es devenue la nuit, ses sucs de couture te confondaient dans mon tard, et tu es devenue les heures finales de mes calendriers, tu es devenue la note ultime de mes tristesses, la dernière goutte de liqueur qui tachait mon pantalon de coutil. Ma petite Marion, je ne t'ai pas arrachée au gris de ton ordinaire, j'ai teinté ton ciel de ma salive sombre, j'ai couvert tes nuages des mèches aveugles qui me tombaient devant les yeux. Pauvre de toi, tu vivais dans un monde de brume, où tout se devinait sous les suaires amarrées aux voix, et je t'ai abandonnée dans le silence terrible, violent, brutal des crépuscules sévères. Tu peux tout tenter, tu es prisonnière et ton cri ne rencontre que d'autres cris, tu vis en absence, et je ne te trouve plus dans le noir où les mains des juges me poussent à retrouver l'innocence, les yeux de ma petite Anne n'éclairent plus assez loin la miette de notre regret, l'amour chétif qui nous reste encore sous la peau se dissout, se dissout, et déjà plus rien à nos oreilles que la douleur muette des deuils.

Je t'ai aimée, tu dois m'en pardonner.
Je t'ai aimée, et tu n'as pas pu y survivre.

Aujourd’hui je suis un amoureux sans espoir, d'une toute fragile qui a les yeux forts et le port grave, les ambitions sérieuses, je l'aime de tout mon être retranché de la voix, je l'aime de toute la force de mes silences. D., une toute belle, toute unanime dans moi, dont j'entends déjà le vivat s'en aller sous les allées d'autres ormes, d'autres gloires. Au dernier jour de notre communauté, avant qu'elle se range loin de l'horizon que mes regards accaparent, je lui glisserai sous le porche du front, un baiser parfumé de souvenir. Je lui dirai, c'est de ma lâcheté que je te ceins le front, le laurier du couard te baptise de sa triste audace, n'essuie pas s'il te plait mes lèvres sèches comme l'aubépine, dans dix ans, quand tu ne te souviendras plus comment l'on aime, quand tu auras oublié jusqu'à la profondeur d'un cerne, tu pourras sentir de ce germe que je glissais entre les rides à naître, de ce frisson cavalier, que quelqu'un loin ici, loin depuis le temps, loin depuis sa figure adolescente, sa laideur si particulière, que quelqu'un t'aimait différemment. Petite D., je t'aime de mes impossibles mes manières, de mon aveu incréé. Je ne peux pas m'heurter à la digue forte de ton refus, alors j'écris mon roman et mes poèmes imbéciles, et je t'en dédierai la gloire que je refuserai. J'ai dit adieu à toutes les solitudes, je ne conserve de caresses que l'éloignement douloureux de Loriane. Je me consacre à ton idée. C'est jusqu'où mon courage peut me porter, jusqu'où mes encres peuvent écrire. A la lisière de toi, juste derrière tes sens, sous l'imperceptible. Je t'aime comme un espion. De ce souffle ne retiens que ceci je t'aime comme on ne peut plus aimer. Quelqu'un qui t'aimait au péril de lui-même. Avec des gestes démodés et puéril. La lâcheté qui muselait le verbe, ce n'est rien, c'est la littérature, l'incapacité à vivre. C'est un geste pieux, tu ne m'en voudras pas, quand mes mains assembleront un dernier cri à l'odeur de figue sous la palmeraie de ton futur. J'ai été piégé par l'idée d'un destin, je ne m'en suis jamais remis.

 

Je t'aime petite lueur.

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21 mars 2011

La camphre

Aragon disait « comme je ne sais pas parler, j'écris ». J'ajouterai, bientôt, comme je dois écrire, je ne parle plus vraiment.

L'été est bien lent à venir me mettre en vacances. Comme la vie heureuse dans les boucles blondes de Wendy, l'isolée de mes délinquances.
Mes muscles se fondent. Mon corps se révulse. C'est un oeil crevé.Mes mains versent l'eau, dans la terre, dans la peau, dans le sable mouillé, dans la gorge, dans le lait, dans la vie. Entre dans la vie. Ma voix biologique. Mes phrases courtes. Mon corps végétal. La nature protège. Mes nerfs coupants. La nature cache sans se soucier. Je ne sais plus rien. Je peux tout savoir. Depuis que Margot est parti. Je respire à contre-sens. Ma poitrine est un danger. Trop neuve et trop fragile. Ma pâleur s'absente. Ma peau devient rousse. Sable roux. Je sens la forêt. Le soleil tourne autour de moi. Kidnapper. Kidnapper le moindre mouvement des astres. Pour l'incruster sur le corps. Je suis une empreinte. Une preuve. Mon corps est une preuve. Marie m'a dit qu'un groupe de fille parlait souvent de moi. Que l'une d'entre elle me lisait chaque jour ici, et qu'elle tournait la tête chaque fois qu'elle passait devant mes cheveux.
Je suis hors-d'atteinte. J'ai la sensation d'être « mort ».
Incapturable. Silencieux. Impénétrable. Fermé. Enigme. Sentencieux. Mes courbes sont négligées. Ecorce. Mains aveugles. J'ai le visage amoureux. Jeunesse d'un genre ancien. Je suis un disparu, il faudrait demander la nouvelle adresse, je voudrais retrouver ma peau.
Il n'y a pas longtemps, il y avait
"la marche des soûls" dans toutes les rues de mon corps. Plus de cent corps de femmes qui se bousculent contre les lois des hommes, contre les volontés des hommes, contre la marche brusque des hommes. J'aurais voulu y être. Je peux passer inaperçu. Des délégations venues de 159 souvenirs. Une vague de corps hurlant. Un océan. Toutes les femmes élégantes m'absorbent. Une création. Les garçons aiment les femmes, moi je les connais. J'apprends les hommes, doucement. Quand les femmes se soutiennent, elles sont plus fortes que toutes les créatures célestes. C'est beau un corps tragique, ça demande du silence, que je n'offre qu'en scandales.

Je me souviens tout à coup de ton corps blanc, de ta bouche de morte collante, et noyée. Odeurs d'eau de javel. Le corps de l'autre côté de l'avion, qui me regarde. Tes mouvements lents sous l'eau des nuages. Tes cils lourd et humide. Ton nez de panthère. Tes jambes fines comme des queues de pie. Des cheveux qui ondulent comme des pétales de roses crevées. Les doigts pâles comme la pierre qui étouffe. Des pieds de désert contaminé qui gesticulent. L'air froid du dehors. Le chaud brûlant de l'eau. Tu es tout ça quand j'écris. Le contraste avec la couleur de la peau, plus blanche que toutes les peaux gelées et insensible des morts et tes yeux de clairière, dégagés. La peau de neige qui fond dans le bleu des marées. Des lèvres biseautées qui tremblent. D. Ton odeur de sauvage, ton odeur d'orange amère. La langue étranglée dans la bouche de S. Tes sourcils dessinés de miel. Mon air stupide, comestible. Ce corps à l'autre bout de la vie.

le "Bonjour, tu veux faire un tour avec moi ?" que je ne dis pas. Mon corps comble la solitude.


J'ai accès aux plaisir simples. J'ai fini le salon du livre plein de tache rousses. Je me lave de la gloire, ça colle, c'est visqueux. Et j'efface quelques pages du roman. La pastille rigide entre les lèvres. Je te reverrai peut-être, dans très longtemps, après que j'aurais échoué mon talent, et que tu auras conquis tes usures. Tu me montreras ta robe, je la dégraferai avec les yeux. Alors il faudra que je retienne. Tout. Je pourrais être en exil. Je lutte contre la sévérité du monde, on peut me voir, mais les mains ne peuvent pas m'accrocher. Ne me touchez plus, je reste sur vos doigts, comme la colle visqueuse du désespoir.

21 mars 2011

Mon silence a plus de dents qu'une nuit de guerre.

 

 

Chère D., ma peau


Il faut écrire. Toujours écrire.

Je n'ai jamais été amoureux comme ça. Ton rire est un pays qui m'est étranger. Tes dents y forment des barbelés fouineurs. Je m'y déchirerai bien un jour. En idée. Tes yeux m'ont ravi une part intime comme je te ravissais un recoin sinueux de secret. 'ai délaissé les joies, elles nourriront d'autres appétits que les miens. Je voudrais poser sur les lèvres un baiser comme une fleur de froid qui éclaterait sur la bouche, au milieu du rire. Je ne peux pas montrer de photos.

Mais elle a un visage très heureux, très tragique, un visage que je n'ai pas même sans sommeil, même vidé de joie. Je pourrais lui dire que sur ses pommettes Caligula faisait pleurer le peuple, et la tragédie inventait sa première tombe. Je l'aime d'un amour désintéressé, d'un amour qui ne souhaite pas tendre à des réalisations ordinaires, un amour où je refuse même l'exercice pratique du corps. Elle sait que j'écris, alors je ne lui écrirais pas de belles lettres anonymes, dans des caractères brûlés de mon stylo froissé. Je dois écrire, toujours. Sur elle, petit silence qui lit ici avec ses doigts jolis comme des siècles décrochés du temps. Je dois écrire.
Sur le mouvement. Sur l'immobile. Une obsession. Le vent froid du corps qui s'éclate contre l'air brûlant des rues d'été. Tout est sujet.
Sans fin. Sans fin.
Interminable. L'écriture. Les vitraux de cette cathédrale qui s'infiltrent dans le miroir des yeux. Vivre pour écrire. Le temps. La liberté. Cette chose gaie. On peut s'y égarer. On s'y égare.

Il y a tant de choses à dire sur les clients de mon corps. Une histoire, une vie à venir, une vie absente, des ongles manucurés, du rouge à lèvres abîmés, des manières bourgeoises, des fantasmes cachés, des cochonneries évitées, des enfants qui attendent, des corps suspendus, s'attardant devant une peinture, suant leurs talons, des "Bonjour" qui n'en finissent plus, des sexes qui meurent, des mains qui ont tout vu, des rêves qui éclaboussent les murs.

Le corps se froisse. Dans mes mots, mes regards, que je dépose dans les endroits comme des traces. Étrange. Geste inconnu. Je veux être haï de toi, d'une femme, d'un homme, d'un enfant. Je veux connaître toutes les sortes d'amour. Je sais être poli et patient. Je sais être ce qu'on veut de moi. J'ai plié mon corps à toutes les exigences.

Je pourrais entrer dans ce bar aux effluves de velours rouge. Me fondre dans les gouttes de thé resté au coin des bouches. Plonger mon corps dans l'odeur de café. Je pourrais rentrer, et m'asseoir à une table. Puis attendre. Attendre comme sait le faire le corps. Heureux. Attendre. Me diluer dans les bouches vulgairement bavardes. Je pourrais ensuite m'installer à une table et demander "Qu'est ce que je pourrais attendre ?".

Avant, je n'aimais pas mon visage, mon corps, c'est depuis qu'on m'a dit :"j'existe quand je caresse". Avant, je ne savais pas m'imposer, c'est depuis qu'on m'a dit :" j'existe quand je crie". Avant, je ne savais pas les corps des femmes, c'est depuis qu'on m'a dit :"j'existe quand je cherche". Maintenant, j'accepte tout ce qui me permettrait d'exister. Mon corps ne refuse plus. Il apprend. Marguerite, mon assassine. La vie s'écoule de ton souvenir. Gouttes à gouttes. Douloureuses. Epineuses, gouttes.

Quand j'entends le bruit de mes pas dans une ville, ce sont les garçons en vélo qui dérapent en moi.

Comment peut-on se plaindre d'un coeur qui bat trop vite quand on pense qu'un jour il ne battra plus ?

Margot dans la neige qui n'est plus que souvenir. Margot qui n'existe plus. En moi. Margot, que je retrouve dans mes lettres. Margot, pourquoi ? Pour rire. Toujours pour rire. Parce que le temps passe, les saisons nous abîment, parce que ma jeunesse est fleuriz, de bras et de jambes. Elegante. Elegante. Mouvement de l'impression des soirées qui restent là, à vous murmurer, que la vie est un rire hurlant qui grouille immense dans les drames des dames. Margot qui m'empêche de l'aimer. "Il n'y aura plus d'hiver".

Un peintre, Jadnov, peintre d'art brut, a dit : " Croyez-moi / vivez-moi / Je vous rénoverai ".

Je sais grimper. Je sais jouer. Je saurais écrire. Je peux tout entendre. Je peux me perdre. On me perd. Je rentre de mon corps. Je rentre de ce feu. Je me réfugie dans mes silences.De ce mouvement étrange. On me regarde. Je le sais. J'ai la peau étrangère, sans prénoms. Je ne sais plus. Je ne réponds pas. "Comment tu t'appelles ?". Je pourrais m'appeler semi. Moitié. Peut-être. Je pourrais m'appeler profond. Immense. Gouffre. Douleur comme ta jolie initiale. Eté. Automne. Hiver. Tout ce qui passe, éphémère. Toutes ces peaux. Sauf le printemps. Le printemps est éternel. Le printemps est partout. Dans tes bretelles qui tombent sur les épaules. Dans la moisson des corps. Le froid des pierres. La morsure des rues. Je ne m'appelle pas printemps. Je ne pourrais pas. Il faut crier, bouger, sauter, frapper et tendre. Tendre parfaitement son corps vers l'autre, vers la liberté, vers la vie, vers les cris hurlant de l'air, et la virginité de la nature. Je suis puissant, fragile. Immense. Immense. Immense. Je recouvre. Tout. Le décor. Cette obsession de la grandeur, de la profondeur. Je m'appelle Vertige. Mais je ne réponds pas quand on dit Jonathan. J'attends celle qui dira Bonjour Najib.

 

20 mars 2011

Les stigmates du progrès

20 mars 2011

Le scandale est une imitation de mon narcissime

Je t'aime. C'est compliqué à admettre, compliqué à relire. Les mots congestionnés. Je t'aime. Tes yeux bleus consolent ta conversation. Je t'aime. Je t'avoue, c'est un déchirement. Pour ton idée j'ai abandonné toutes les fillettes de mes nuits, je les ai rendues à la grande liberté pleine du vent aux mains gantées de crépuscule. Je me suis cédé, moi, au froid, aux orages, aux cauchemars. Je t'aime, et c'est très beau, très puissant, très profond, ça a des dents animales et des maladies qu'on ne savait plus, qui viennent tirer leurs microbes gigantesques du trou des âges. Je t'aime toi, mignonne, et ton souffle quand il passe et dessine des allures de varechs me gerce les lèvres, tu es le vent des mers décharnées. Le soupir de ces soleils outragés. Tu es la part qui manque à l'écriture. Je rêvais d'écrire cette nuit sur ta peau, avec de petites barrettes invisibles les rimes inaudibles de mes peurs.

Je ne sais parler que par morceaux. Par bribes de phrases. Quelques mots. Puis un point. Trop d'images. Tue la phrase. J'attends des adresses. Je pourrais écrire à Diane et lui dire que l'amour n'est pas facile, que c'est une fuite, une perte, qu'il faut apprendre, écouter, que c'est agréablement atroce. Je crois qu'il y a une impuissance à écrire. Mon corps est moite. L'herbe me pousse sur la langue. Fraîche et humide. Un jour, je saurais parler des loups. Je suis vulgaire et intelligent, j'ai abandonné, toutefois les propriétés de mon être pour entrer dans les salles de classe, j'ai abandonné pour avoir la taille exacte d'une soumission. Si l'entrée des emplois du temps, les tourniquets des métros sont si serrés c'est pour faire diminuer son talent. Certaines filles ne savent pas dire non. Moi, je m'en fiche, de leurs vies, je les connais par cœur. Par les aventures que je commets sur leurs seins. Il y a toujours cette liberté qu'il faut atteindre. Je coupe. Je fends. Les paroles et les envies. Baudelaire, Rimbaud, Dick et Walther. Drogués. Il faut que j'apprenne le sens des mots. Je pense à la guerre de trente ans. J'éclate de rire. C'est toujours comme ça, quand ma réflexion me fait faillite. L'or est d'ombre. Elle m'intrigue. Elle est si calme, si gentille. Il doit bien y avoir une forêt en feu à l'intérieur. Je me suis promis de le vérifier.

Les vallées de Louisiane. Le vertige. Je repense à Marie
:"tu sautes ?" Pourquoi je sauterais ? "Pour rire". Il peut ne pas y avoir de vérité dans les mots. Je peux être comédien. Mais mon poignet me trahit. Inlassable. J'ai presque fini mon manuscrit. Mon héroïne écrit une lettre. Puis la fin. Mon héroïne est dingue, fabulatrice, gauchiste, et perd l'équilibre. Moi, je la vois partout. Je me défoule sur son personnage. Ses traits inventés. C'est étrange. Écrire. C'est revivre. Autre chose. Et finir d'écrire. C'est triste. C'est s'arrêter de vivre quelque part, avec ses personnages.

Je m'effondre de fatigue.
Je voudrais, quand je te regarde, mignonne, que tu me sentes descendre dans tes yeux.

Le Chemin écailleux des cygnes de la nuit. Lent et immense. Aux ailes rougies bouffées par les lèvres coupante des géants qui grimpent les éclipses orthodoxe et sanguinolentes. Un jus de cerise qui parfume entrouverte la pudeur. L'anéantissement de la clarté de l'eau conjugue le verbe tuer à la personne la plus appropriée. Qui grimpe grimpe. Toi. Les branches contre mes pieds pour oublier l'odeur de la peinture qui sue au soleil en été. Soleil tiède. Le lait qui s'égoutte sur les rochers, en haut en haut de ma poitrine. Les cheveux rangés sur le côté, dans l'armoire du politique, donne des ordres à tes désirs de nymphette égorgée par ses ongles trop courts, mal peints. Où sont les hommes ? Ma jeunesse écossaise arrose le balcon de ma peau. Où sont les hommes qui vivaient et aimaient dans un bordel érotique de velours poussiéreux ? Cygnes voluptueux des songes d'une vie synthétique. D'une mort comique. Inventée par les oiseaux étrangers de la rue des Lilas, là où la nuit ne tombe pas.

Un jour, je quitterais le monde. J'abandonnerais tout, ce jour là, je me rencontrerais.


Lettre à une professeur, 2005 :

Cher professeur,
j'ai l'âge blessé, et je me confonds avec les corps voisins. Vous étiez théâtrale cette année, je ne m'y suis pas ennuyé. Vos remarques étaient strictes. Vous avez trouvé mes copies originales, et de fait vous m'avez demandé "d'arrêter de faire mumuse avec les mots". Vous n'aimez pas que l'on danse sur des terrains que vous pensez connaître par coeur. Dommage que vous ayiez remplacé Monsieur G. Sa braguette éternellement ouverte me fascinait, il avait cette ouverture d'esprit que vous n'avez pas. Je ne supportais pas que vous acceptiez de rendre au Réalisme,l'esthétique réaliste, ses avatars et ses dérivés, une oeuvre de pénétration, Zola, vous me demandiez de le relire. Votre excitation intellectuelle. Vous vous êtes sentie meurtrie, lorsque je vous ai avouée que moi aussi, je voulais être professeur de Littérature. Vous êtes magnifique. J'ai confiance en votre beauté plastique et éphémère. J'aurais aimé vous prouver que le statut d'élevé et de professeur peut ne pas exister en cours de Littérature, mais votre conscience obsédante, nous a, à nous élèves, permis de renier toute lecture de plus de 200 pages, refuser toute inscription de nom d'auteur dans notre mémoire, de vous rendre des écrits d'inventions blasés, simples, et sans relief, des copies que vous appelleriez "correctes". Lautréamont n'était pas correct. Il n'était pas au programme. "Vous vous prenez pour Isidore Ducasse avec vos métaphores alléchantes et votre style insolent Jonathan ?". Je m'appelle Najib, souvenez-vous en. Jonathan c'est une parure. C'est une breloque. Jonathan c'est une gloire, et si j'écrivais dans des revues, je signerais de votre nom, je vous le jure. Quelque soit l'usage que j'en fais, les mots, je ne les contrôle pas. Je pourrais soigner vos frustrations Madame. Vous êtes carrée. Tranquille. Vous vous offusquez aux moindre dérangements. Une vertèbre de trop. Le Gréco.Les cheveux tirés. Au fond de la classe, loin de vous, le silence est meilleur. Monsieur G. avait des mots compliqués pour m'impressionner. Impressionnisme. Artaud. Syntaxe. Dans cent jours Madame, je pleurerai votre limite bourgeoise et votre sécheresse qui ruinait les espérances que la littérature pouvait humidifier, au travers les études le mercredi, de ces corps voisins et du mien. Cent jours. Votre ménopause littéraire.
Bien à vous veille peau,
Bien aise que vous alliez vous faire foutre,

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19 mars 2011

Où veux tu que je regarde.

Tu sais ma Camille je pense de plus en plus sérieusement à mourir. Je m'imagine écrire sur le deuil de mon corps "Ma jeunesse c'est toute ma vie, les voilà qui prennent fin ensemble". Je meurs sans haine, sans douleur, sans tristesse, je meurs de ne pas vouloir imiter les vies des passants et je devrais dire, pour les qualifier des "gisants". Ils sont immobiles. Parfois, sur un visage tragique, je fais glisser un de mes sourires niais. Parce que j'y vois quelque chose que le visage ignore, une ombre qui se tient là, inquiète, et qui s'en ira bientôt faire ses tragédies ailleurs. La douleur est le clandestin de ce siècle d'infortune. J'ai les nerfs qui dépassent, de partout, lorsque l'on me touche je me sens assassiné, meurtri, abîmé, lorsque l'on me frôle pour la caresse ou la frappe amusée de l'impatience, toute ma chimie se bouscule pour déchirer la chair. J'ai mal, mais ce n'est pas pour cesser d'avoir mal que je meurs. C'est par ennui. Je ne le ferai pas tout de suite. J'ai de menus plaisirs encore à dévorer, j'ai Amsterdam dans la bouche de Wendy le souvenir à faire durer, j'ai un amour à oublier. Je vais préparer autour de moi lentement la foule bavarde, je vais dire "je n'en peux plus de la classe, il faut que j'aille dans un pays étranger, dans un pays froid avec des doigts d'os, où l'odalisque jaillit de l'habitude". Je ne dirais pas "je meurs, je meurs comme un printemps qui s'en va".Je dirai "je m'en vais trouver mon destin". Etroit destin. Tu sais, ma Camille, je suis toujours le même, j'ai ma naïveté d'enfant, et mes rires qui habitent mon visage. Je ne veux pas que l'on voit les dessins de la tristesse sur mes traits religieux. Je veux que l'on ne voit qu'en tant que cynique imbécile. Le reste est trop lourd à porter, le "je" n'a pas la réputation qu'il faut. Trop lour de cuir, trop honnête il faut du synthétique, de la personnalité en nylon qui sort de la même fabrique. Je suis las des images répliquées, las des voix semblables qui n'ouvrent que sur des murs obstinés. Las des ambitions gargouillantes comme des borborygmes. Je polis mon silence, je voudrais faire de mes retraites intérieures des oeuvres. J'écrivais "je cherche le droit de mourir, pas un droit qui serait une prescription légale, mais un permis de trépasser". Ma minuscule gloire m'y autorise, je pourrais faire des miracles en littérature, trouver de nouvelles sources et forer avec mes délires les pierres que l'on croyait invincibles. Mais je ne veux pas. Je sais, je peux creuser l'air et le temps, et je préfère soulever la terre d'une tombe. Ce n'est pas triste, je meurs d'ennui. La bêtise ordinaire. J'ai appris avec regret, aujourd'hui, que je pourrais vivre de mes livres. Avec regret, parce que je n'entendais la littérature que comme le plus ultime des sacrifices, celui qui jette dans la misère des prisons, dans le cloaque infâmant des mendicités. Ce ne sera pas mon cas. C'est comme toujours, j'ai quelque chose de plaisant d'être un individu aussi répugnant. Tu te souviens "je suis très délinquant, très morveux, pas au niveau d'un Genet mais je me débrouille dans l'immoralité". Je m'y débrouille juste assez pour que l'on cherche à prendre un peu de ma voix. J'ai mes plagiaires, mes fans (une page sur facebook pour le pseudonyme qui atteint les mille membres) je suis le petit scandale permis, la petite chose qu'on aime, je dérange autant qu'un rappeur. C'est à dire pas du tout. Je peux gagner de l'argent, et je ne veux pas. Je veux écrire au détriment de moi-même. Tout identiquement, j'accepte avec douleur que l'on m'aime parce que j'écris mais je me refuse à écrire en propre à un individu, à lui adresser sous mon nom des mots amoureux, pour la faire ployer, traité en vulgaire plante fade. J'aime, trop désespérément mes amantes et la littérature pour sacrifier l'une à l'autre.

Ma différence, je la reprends, voilà tout. Je vais dans le sommeil sans cauchemar. Ma Camille. On ne me lira plus. Ni lui, depuis son Arabie ensanglantée, ni elle depuis son BlueBerry, ni toi depuis tes yeux violents. Pas tout de suite, promis. Je ne veux pas que l'on soit triste de mon absence, je veux tout leur reprendre de moi avant, jusqu'à la douleur que j'exhale.

Je suis désolé de ne savoir aimer que comme un torero.
Je t'embrasse sur les yeux
Ton petit feu toi.

19 mars 2011

A boire, la vie m'étouffe

 

 

"Dans un cocktail couleur tango
je buvais les yeux de ma belle :
l’un est vert l’autre mirabelle,
je buvais les yeux de Margot.

Margot mon rêve, au pas d’un tango,
a piétiné l’image frêle,
ses yeux aux couleurs rebelles
troublés par mon chalumeau."

Robert Desnos – Dans un cocktail couleur tango

 

Je suis la sourde séduction. La séduction est un risque qui renverse le verre. Que croyez-vous. Ma peau recouvre tandis que les vieillards jouent à la marelle devant la petite école. J'ai peur de ta foule, animale et solitaire. Quand dans la rue, des pas se rapprochent, mon dos se tend vers le ciel. Emportez-moi. Je ne serai jamais à vous. Mes reins se brûlent dans un intérieur aménagé. On m'approche. On ne peut pas entrer en moi. Mon silence est une protection contre la séduction. Je découvre l'autre, celle qui me ressemble et me tue sous ses peaux d'iguane. Celle que je croise sans regarder. Ceux qui s'aiment, veulent se protéger, s'appartiennent. Beauté nouvelle. La séduction est une histoire qu'on ne raconte pas aux enfants le soir. Pire que le loup qui mange Pierre. Pire que les roseaux qui encerclent la Belle au Bois Dormant. Mon corps se plie dans un vase de boue. Tout en moi est buée, moite, tiède. Enlevez-vos mains, elles vont fondre, je suis une vitre d'eau de pluie. Le livre digère un nouveau plan. Tu me trouves affreux ? Tu as envie de m'embrasser, vieillard primaire caché sous les bureaux de la maternelle, qui suce les pieds des bambins endormis. C'est absurde, je séduis l'autre qui va mourir. Ma danse est langoureuse. Pire. Pire que tout. A cette fin de journée d'hiver, je renverse le soleil dans ta tasse, et les rayons qui coulent dans ta gorge, inondent de lumière ta luette humide. Tu vas me trouver mon homicide. Je vais me taire quand les herbes vont se fendre sous la machine, et j'irai me jeter sous la tondeuse pendant que tu finis ton verre illuminé d'or. Je vais te demander si tu me trouves dans les rues hongroises, comme ça, le visage arraché, et la mâchoire de l'autre côté du visage, quand mes yeux auront coulé, crevé, et que mon nez aura disparu. Tu sécheras mon sang avec le torchon des beautés gâtés, oui tu es belle. Alors tu dois m'aimer, je ne suis pas né pour rien. Ne te gêne pas devant mes roses lisses, plissées. J'ai les doigts prétentieux, ils prétendent écrire. Je ne sais pas déboutonner vos chemises. J'ai l'esprit qui tombe de toutes les chaises comme une jambe plus lourde que l'autre, de toutes les tables comme un plateau en argent qui trébuche, de toutes les cuisses comme une culotte usée, de tous les crânes comme une peur incontrôlable, de tous les balcons comme les suicidés, mon esprit tombe des rochers comme un coquillage résigné, tombe d'un nid comme un oeuf mort-né, tombe de vos bibliothèques comme le livre interdit bien caché, tombe du ciel comme une orange au fond de l'eau, j'ai l'esprit qui tombe comme le mot qui ne vient plus, abandonnant ma pulsion frustrée. Je les déteste, je les déteste tous. Je n'ai pas d'actions. Je ne veux pas leur ressembler, je suis leur absence, les foetus avortés. Je suis le muscle en silence. Je suis la différence qui vient frapper vos visages. Je suis l'ennemi. J'ai tout vu de vos habitudes. J'ai hésité. Mes hésitations ont duré cinq ans dans les amphis. Cette année. J'ai rencontré quelqu'un. Son existence m'a convaincu. Il faut partir. Emilie cognait ma tête contre le mur, et elle disait "défends-toi, défends-toi", elle voulait la force. Qu'est-ce que tu as. Tu as froid ? Tes doigts sont bleus, ils te piquent, tu ne les sens plus. Petite fille chérie, couvre-toi. Le jour. Le jour nous trompe. Demain je parlerai. Je parlerai aux gens de ce qui ne se voit pas. J'écouterai la nouvelle. Ecoutez la nouvelle. Si vous n'êtes pas des hommes, vous y ressemblez. Je suis un jeu, un jeu plus fort que moi. Qu'est-ce que vous voulez manger. Vous avez de l'appétit ? Le ciel croise la terre et vos yeux se fendent dans un fracas plus lourd que toutes vos peines. Pourquoi je n'irai pas là bas après tout, ça a changé. La gare en hiver, ça doit changer. Forcement. Ca ne doit pas être la même chose que la gare que j'ai connu en été, à ces rails suante qui n'attendait que ta peau. Serre le noeud, le chien tire sur sa laisse tellement fort que sa rage dépasse de sa graisse. Je serai souple, pourquoi mon corps ne pourrait pas rentrer dans cette gare, refaire le voyage. Je fermerai les yeux, je sentirai le visage des voyageurs craquer sous mes pieds. J'en suis sur, j'en suis sur, je ne parlerais plus de désir. Ca sera plus profond que ça. J'ai séduis, ta ville, tes bâtiments, tes jardins, et ton portail blanc qui ne se ferme plus. J'ai séduit. J'ai séduit mon voisin dans le train avec mon silence. J'ai apporté ma bénédiction avec un sexe clos de petite fille, j'ai séduit tes pages, tes gôuts, tes peintures. J'ai séduit les vitrines de la rue Latine, j'ai séduit ton histoire, tes 18 ans, tes dimanche, et ton prochain avion. J'ai fabriqué une bombe avec ton calme et ma peur, je me suis appliqué dans mon acte. J'y ai mis l'enfance que je n'ai jamais raconté : la cruauté. Une bombe avec ma pupille frottée entourée de tes veines d'ardoises. Ca n'explosera pas, c'est sur, ça n'explosera pas. Parce que j'ai oublié mon visage, ça n'enveloppe rien. C'est une bombe provisoire. C'est ma résistance. On se rejoindra au café, j'aurai une petite fille chérie dans mes bras, ce sera moi, ça n'est pas très grave, c'est le monde qui attend tout à coup que je pose la petite fille à terre pour m'installer à ta table, à vos tables, mais je ne pourrais pas la quitter, sur son sein gauche, un tatouage en or, j'aurai du feu sur ma poitrine. D. j'ai allumé le gaz, ça chauffe et sous ton tee-shirt, ta poitrine grille. Ca sent la chair familière. Nous sommes de la même faillite. Nous perdons le même sang entre les yeux. Un docteur dira "l'enfant a des troubles obsessionnels", et puis il claquera son sac, tendra la main pour dire aurevoir, et de là haut, par la fenêtre de ma chambre, je balancerai mon sang et mes cris comme des astres sans formes. D. dira "on m'avait prévenu" quand elle me verra partir avec une hache pour couper les roses. Prévenir de la maladie. Tu le vois pas, toi, tu le vois pas, mon coeur qui tombe quand je claque les portes, et qui reste à terre. Tu le vois pas. Et tu dis "pourquoi fermer et ouvrir les portes toute la journée ?". Je peux te resservir, tu as encore faim. Monsieur s'il vous plaît nous allons prendre la commande. J'ai séduit, ton repas, ta bouche qui ingurgitait. Ton pied que je caressais sous la table et le coin des nappes que je chiffonnais d'impatience entre mes doigts. Et j'entends D qui dira "tu es fatiguant toujours pareil, les mêmes histoires, les mêmes mots, les mêmes histoires d'amour". Je te jette mes 10 ans à la figure, avec cette petite fille dans les bras. On se regroupe autour de notre table, on nous regarde, les visages sont en plastique. Tu baisses un peu les yeux, je parle, je dis "regarde là j'ai 10 ans". Je te présente mes 10 ans. Je dis "j'ai 10 ans, je suis impeccable". Et puis je continue "qu'est-ce qui va pas, tu deviens pâle, mais parle-moi. Tu as peur des gens qui nous regarde, ça t'intimide, c'est ça. Les gens qui sont en train de me prendre pour un fou quand j'écris à la place de l'Uruguay là en ce moment, ça te fait peur. Qu'est-ce que tu as. Il faut pas. Regardez-les, se sont des masques, des histoire qui s'accumulent, des mots d'amour qui se répètent. Moi j'ai pas peur, ils fonctionnent tous de la même manière. Approche une bougie, ils vont fondre, c'est du plastique, une matière habituelle, ça fait pas de mal ces machines-là". Je suis l'heure incorrecte. Je dévalise vos pharmacies. Une fois que je suis là haut, sur les montagnes, je me mets à avoir peur. J'ai 10 ans, je prends la main que D. ne tend pas et je demande si c'est grave. Est-ce que c'est grave. Est-ce que je changerais le paysage si je sautais. Est-ce que ce serait grave. Est-ce que l'on entendrait le bruit de mes muscles si je tombais sur ces pierres froides. Est-ce que ma robe serait déchirée. Et ma tresse. Ma tresse serait défaite ? Je reste sur place mais je suis pressé. Maintenant j'ai 20 ans, j'ai des incendies à calmer. Je fais des traces. En haut des montagnes, je me demande plus si c'est grave, je sais que ça l'est pas. Je sais que les histoires d'amours se ressemblent. Je sais qu'en prenant les trains, je vais séduire les quais, et les virages. D. tu peux accélerer ton impatience s'il te plaît, faire crisser les pneus. Je sais que parfois, je ne suis pas content de me croiser dans un miroir, que j'aimerais être plusieurs à la fois, je trouve ça si triste de n'avoir qu'un corps, qu'un visage, qu'une voix, et que c'est pour ça, que je vais tout désirer. Qu'il y aura toujours cette obsession de possession dans ce désir. Les autres se reposent, il y a la mer, la plage, le bruit, l'été, viens avec moi. Je te quitte, je quitte tout, je quitte mon corps et ce paysage, je refuse ce qu'on me donne, je quitte, je deviens le guetteur. Il y a les autres, moi et ce que je quitte. Je mets les pieds dans le dessert. Les autres se reposent et moi je panique, je cherche le sens. Pourquoi je ne quitte pas. Ce serait si simple de quitter Paris, les gens, HSBC. J'entends les gens dire "t'es sans mesure". Quitter. C'est fini, tout va commencer. On se lève, ils se demandent pourquoi je suis comme ça, ils disent "drôle d'état". Je dois quitter. Je dois quitter ma nuit qui arrive et le bruit du mouvement des autres. Laisse-moi, je monte, je ferai tomber la gardienne dans les escaliers, il y aura du sang sur sa nuque et son os aura une drôle de forme, ce sera grave. Ca sera ma raison grave. Ma raison pour tout quitter. Comme il me faudrait une raison grave pour écrire ce que j'écris là. Ce sera toi. Et on ne l'aura encore jamais vu. Jamais vu. Petite D.

 

19 mars 2011

Tsunami.

 

Aux japonais j'aimerais dire "regarde, c'est ça ta modernité, c'est pour cette fragilité que tu te lèves tous les matins." Laissez tranquille mes adolescentes ambitions moquer les agonies.

J'aimerais que les futurs cancéreux qui y bossent

Quand on leur aura diagnostiqué la mort. Se lèvent

Comme des condamnés à mort qu'on relacherait en pleine ville.

Des gens condamnés pour un crime qu'ils vont commettre.
Dire.

"J'ai sauvé dix millions de vie et mieux, plus précieux, j'ai sauvé vos habitudes"

je vous arrache dix vies.

Laissez moi tirer dans la foule. Je vous donne le crime à vous qui m'offriez le châtiment.

Voilà, j'applique vos lois, je protège jusque dans le vice vos moeurs.

Comme l'effroi qui stoppe le baiser de l'amant d'entrevoir sur la lèvre famine de l'amante le souvenir d'un amour.

"Si nous tenons tant à être artistes c'est qu'à l'image des esclaves d'avant, nous cherchons désespérement à posséder un nom".

Les riches ne peuvent pas comprendre. Et à deux pas d'un prénom tout entier à moi, j'ai fui dans la cachette d'un pseudonyme. Je suis une fille. Violez moi.

18 mars 2011

Tes dents trébuchent dans ma bouche.

"Je l'écoute. Ce n'est qu'une voix humaine 
Qui traverse les fracas de la vie et des batailles, 
L'écroulement du tonnerre et le murmure des bavardages."

Robert Desnos - La voix in Contrée

 

 

Je te déteste, je me défaits de toi, de mes souvenirs, de ton odeur de linge propre, de tes cheveux gras, je me défaits de ta main qui ne prend jamais la mienne, je me défaits du nom de ta ville qui me fait trembler, de ce trouble-là, de tes yeux immobiles, de ton sourire rentré, je me défaits de moi avec toi, pour rien. Je me défais de toutes les filles de mes agonies. Ce soir je ne bois pas, et demain non plus, je ne ferai rimer de peur aucun ventre. Adieu Anne, Adieu Marion, adieu Camille. Ne viens pas s'il te plaît demain, ne viens pas voir ma honte, ne viens pas voir mon visage gribouillé d'encre noire. Fais comme si tu ne m'avais pas connu, ma Camille. J'abandonne toutes les filles pour espérer abandonner le désespoir. Je ne veux plus être écrivain, mais c'est trop tard. Je suis piégé dans un habit noir, on dirait que je suis un croque-mort. Mes mots assassinent.

 

En Afrique du Sud, les gens n'ont pas d'argent,

alors ils ne peuvent pas entrer dans les hopitaux et ils meurent à la porte.

Dehors, les petits Africains qui passent sur les trottoirs,

continuent de chanter et danser en faisant allez des petites gourmettes d'argent à leur pieds.

Il y aune époque amoureuse qui attend que tu marches à côté de moi

Pourquoi tu ferais ça ?

Penchée aux persiennes lourdes de matinées.

Ce serait si facile, si nous savions tout dire. Si l'on savait les mots sur nos ressentis. Moi qui voudrais t'écrire, pour te faire vivre, si seulement je savais. Mais dès que l'instant passe, l'attente est longue. Les mots doivent traverser les bois épais, en frôlant les roses ignorées, en se dressant aux sommets des arbres pointus, et caresser les herbes éteintes. Les gens autrefois, avaient de la force. Je le sais. Je le sais parce que je l'ai vu. J'ai vu les femmes qui savaient aimer.

Elles, reines. Les reines perdent leurs regards, dégrafent leurs longues robes inutiles, et se jettent dans les fleuves sales. Je les ai vus marcher vers moi. Elles prêtent leurs couronnes, et renversent leur cheveux dans une eau verte d'algues. Leurs corps pâles se dessinent avec le mouvement de l'eau, tout à coup, elles n'ont peur de rien. Elles deviennent, végétal vénéré. Parodie de tendresse. Tiède comme la colombe qui vient d'être abbatiale. Molle comme la chair concernée. Les cieux tombent sur les épaules, les Dieux leurs glissent le long de la poitrine, l'amour enfin amadoué le sexe, le minuscule palais s'accroche sous l'oxygène, se noie dans la clairière salée. Nous, nous prenons des mains dans nos mains sans en retenir la forme, le moment effile nos cachemires, le moment mouille nos laines solitaires, le mouvement s'enroule autour de nos talons informes, pour faire virevolter nos corps dans toutes les capitales illuminées. Nos corps passent dans les rues, nos corps passent dans les corps. Nos corps défont les lits des autres, des lits qui seront toujours refaits proprement le lendemain, des lits que nous retrouverons toujours vides, et sans traces ni plis. Les lits de mes pensées où tu n'es qu'une idée. Nos corps passent sur les plages, entre les vents. Le moment fera glisser nos corps entre les nuits et les jours, pataugeant entre un coucher de soleil et un aurore. Le moment entérinera nos corps contre des vitres et sur des tables. Nous habillons nos peaux de différentes haleines, sans en garder le nectar. Nous nous penserons chanceux, entre des bras dont ne nous retiendrons pas la puissance. Nous saisissons des rêves, qui, à peine soupirés, s'envole avec nos cheveux. Moi, je les ai vues les reines. Elles se sont immobilisés dans leurs nageoires, et nettoyaient leurs masques avec leurs doigts si vivants qu'ils dansent sur leurs gestes. Elles ont recouvert le jour de leur humilité collante. Elles ont chargé les bateaux de leurs tristesses, ils s'en sont allés vers nos larges humaines, et les ports sont devenus sombres.

Tu sais, comme une lampe électrique qui grésille avant de s'éteindre.

Elles descendent de leurs trônes précipitamment, se prenant les pieds dans leurs tapis rouge, elles ne chantent plus devant leurs miroirs. Si seulement l'on savait, les mots qu'il faut écrire, si ont pouvait les connaitre avant de les comprendre, les arrêter entre deux arbres qui cachent la lumière sur ta peau d'épouvante, ces matins-là. Mais pourquoi tu ferais ça ? Quand tu te penches. Pourquoi tu ferais ça, dis-moi ? Pourquoi tu sauterais de ta fenêtre en tenant les extrémités de ta robe blanche par le bout des doigts, pour que dans ta chute, je puisse y apercevoir moi aussi, un petit bout de ces reines. Que j'ai vues, mourir d'amour. Ces reines, je les ai vues cigarette à la bouche, au fond du café, qui de leur petits doigts de pêcheuses caressaient le bois des tables comme je les imaginais caressant du bout des doigts, ces rivières sales. Nous, ne savons pas dire. Pourtant ce serait si facile, dans ce que je t'écris là, de dire "il suffirait qu'on s'aime". Les reines, ont saupoudré mon visage de leurs fumées, et l'une d'entre elles a dit "Tout ça, c'est parce que j'aimais".

Entre nous il y aura toujours une reine d'autrefois qui sera là, au fond d'un café, pour nous rappeler que seul l'amour nous rend entier. Pour toute la nuit qu'il abrite.

Un midi, que tu auras des secondes à toi, rejoins-moi place de l'Uruguay, où je viens lire et écrire. Où les passants se disent « c'est indécent d'être aussi vivant ».

18 mars 2011

J'essaie d'abandonner les filles et j'ai l'impression d'abandonner la vie.

 Est-ce que tu viendras lire à 04h51? Comme une vessie qui arrache du sommeil ? Je suis l'orage d'hier soir. Cette pluie fine, humide et tiède. La pluie après la sécheresse. La pluie pour combler. Si tu savais, tu me dirais « tu prends les choses trop à cœur, ce n'est pas normal, avoir du cœur c'est passé de mode ». Marion demande "tu dors mal ?". La nuit est angoissante. Parce qu'on connaît sa fin. L'été prochain, je te proposerai mes lèvres, en pleine nuit. Comme ça. En sous-vêtements. Je suis ton ombre. Je suis toujours. Je ressemble à un garçon. J'ai des traits un peu vulgaires, des cheveux mi-longs qui tombent sur les épaules. Je sens les femmes que je triche. J'ai le visage du Christ, c'est vrai, du Christ au moment de son agonie. Le cri exact de sa douleur. Voilà ce que je ressemble. Toi, tu sens le garçon de 8 ans. Plastique. Elle disait toujours "je m'ennuie". Et puis, D. regardait le derrière des livres comme un corps défendu. J'ai toujours suivi tes gestes, parce que tu émets des grandes tragédies dedans, qui mettent du temps à se montrer, et je ne veux rater leurs éclaboussures. Tu vois, je te parle comme si tu étais là, comme si tu étais mon amour, que tu mijotais au fond de la tasse de café qui me tient vif sur la nuit. Je te parle comme si je pouvais me tourner pour te saisir, mais que je me frustrais de toi en écrivant tes yeux. Je passe de toi, au vague de ton initiale. Je passe de ce tutoiement léger, qui ne me va pas. Tu vois, je t'entends. Tu as des pas de danseuse. Je ne peux pas te regarder trop longtemps. Je n'ai pas de paupières pour filtrer la lumière de tes songes. D. était toujours sur la défensive. "il suffirait d'un signe, un matin". Tu ressembles au premier soir qui m'émouvait, tu balances tes tous petits doigts dans la vie, comme le ciel mélangeait les nuages. Je te regarde de biais, et j'attends, j'ai l'impression que tu mélanges un pot de couleur quand tu trempes tes doigts dans les lettres de ton clavier.  On est descendus dans la cuisine. Marion a ouvert une bière, a bu une gorgée, et m'a tendu la bouteille. J'ai trempé les lèvres, et j'ai dit "j'aime pas". Alors elle a tout fini. Elle m'a dit "la nuit commence à peine". Et je suis parti quand elle a approché son haleine. Parce que je dois être fidèle à des idées, et tu es une idée. Si tu me redemandais, je dirais « j'ai beaucoup de mal à dormir en ce moment, parce que j'ai perdu mes couvertures et ma veilleuse qui ronronnait de bleu ». Je suis sorti, libre. J'ai complété la nuit Merveilleuse. Marion aurait pu être un témoin. De ma vie. De mon écriture. Elle pourrait parler, aussi bien de ma vie, que moi. Je pourrais mourir. Elle pourrait me remplacer. Me devancer. Continuer mes gestes et finir mes mots. Elle pourrait reprendre ce pseudonyme que j'ai emprunté à la vie, de ne pas assumer que mon nom figure, imprimé, dans les librairies. A la fnac des champs-elysées, je me tiens à côté de mon livre comme si j'étais en dehors de mon identité. Et j'écoute le vendeur le conseiller. Je souris très fort. Il dit « c'est une poétesse, c'est son premier ouvrage, c'est merveilleux ». Je ne suis pas vraiment un garçon. Il dit « elle ». Parce que je signe avec des initiales de prostituée. Parfois, je me mens. Me tais. Je tais ce que je pourrais offrir. J'ai peur de vendre. Je ne le dévoile pas. Je m'adresse aux petites idées, pour taire le grand bonheur. Je me suis assis, à la fenêtre de la rue Bassano. Il y a un square entre les champs et l'avenue Kléber, tout petit, ou je viens accroupir mon silence et écrire. Ecrire et lire. Pendant une heure trente. Je vide un gobelet de café. Les gens qui me regardent écrire murmurent avec les yeux « quel drôle d'encrier ». Le sommeil creuse la ville. Un jour j'ai dit "parfois, au bord de ma fenêtre, avec une cigarette, je veille sur le sommeil des habitants". Je crois que je ne comprends pas. J'aperçois la maison en pierre, d'en haut. C'est étrange la solitude. Quand je tends un peu le cou, j'entends des bruits qui reviennent des souvenirs. Le premier cri d'horreur quand Lucie me disait « j'ai trouvé ton recueil », quand Marguerite m'envoyait un mot « Bravo pour ta nouvelle ». Quand tout le monde trouve mes livres que je cache. Je les range sous mes vêtements. J'écris. Et puis. Je te respire, D., ça me donne de la couleur au visage. J'ai respiré. Maintenant, je t'étouffe. Maintenant, quand je te croise, mon pouls s'accélère. Ma peau devient osseuse. Tes cheveux de fille. Ta langue gelée. Ton menton qui frappe le sol. Tu es concentrée sur ta façon de vieillir. Je crois qu'il m'arrivait de murmurer ton prénom, dans l'intime blessure de Loriane. Je surveille les leçons de mon corps. L'œuvre du temps. Magma. Chasse. Ma vie pourrait être forte. Mes épaules plus fières. Ma mâchoire plus féroce. Couvre ma maigreur s'il te plaît, mes nerfs n'ont pas de soutien-gorge. Quand tu passes à côté de moi, tu me sépares en deux mouvements. Je veille sur ton sommeil, où d'ici, ta maison ressemble à un regret. Pauline avait dit : "je n'aime pas savoir, que ceux dont je parle, me lisent". Moi non plus. Je voudrais qu'on me lise sans le remarquer. Que ce soit une pause. Un secret. Je voudrais que l'on me laisse tranquille. Que l'on me protège. Qu'on emprunte le couloir sans faire attention à l'issue de secours. Qu'on m'aspire sans m'avaler. Je voudrais être une huitre je crois. Quand je lis Tolstoï. J'ai la gorge séche. J'ai fait toutes les guerres. C'est terrifiant d'aimer à ce point une idée. Tu transperces mes amours. Loriane est belle, je crois, je ne sais plus. Tu sues dans mes lignes. C'est une révélation. Regarde mes mains, il y a des stigmates.
17 mars 2011

Les progrès

Je t'aime en idée ; j'ai peur de t'aimer en personne. Ton idée ne rencontre jamais ton corps.  Je maîtrise l'entrée des orties dans le corps. La chute des sirupeuses fillettes. . Je pourrais les rattraper avant qu'elles ne tombent. Leurs corps de petites filles, crémeuses. Le corps de petites filles, avec la cruauté. Moins de délicatesse. Aujourd'hui. Marion a posé ses mains sur moi. Aujourd'hui je lui ai dit « je suis amoureux, c'est une idée, mais c'est une idée importante, et tu sais, je ne peux tromper les idées, je suis trop fidèle ». Et je suis parti. J'ai dit adieu à Hervelyne, au téléphone. Je ais quitter Loriane. J'ai supprimé les numéros de téléphone. Lucie me dit « je ferai tout ce que tu veux mon amour » et je lui réclame un adieu. Je ne veux que ton silence oppressant, que la certitude brisée de ton soupir. Je suis fatigué. De toutes les autres avec leurs figures d'empires. Inspire moi. Je ne te croiserai jamais avec mon corps. C'est tant mieux. J'ai peur quand j'ai le corps amoureux. Je ne sais vivre qu'entièrement. J'ai dit adieu à toutes les filles. Et c'est comme si j'avais nettoyé la crotte de mes semelles. Je marche mieux, dans la solitude, l'air n'est plus compliqué par des ombres bêtes. S'il te plaît, prête moi un peu ton regard. Un oeil distrait ce n'est pas assez pour étendre tous mes cauchemars. L'expérience de la vie. Je voudrais te rencontrer plus tard, juste avant de partir très loin dans la vie. Puis dire. "Voilà, je t'ai aimée". La fin de l'amour. Ce qui s'enterre, petit à petit, ce qui continue à courir, crier, trébucher derrière. Je pleure des nuits par les dent. Les mères cinglent le chiffre"Lâchez le". Les petites filles. Qu'il faut lâcher. Oublier. Qu'il ne faut pas retenir. Les petites filles sont inondées. Humidifiées. Mes après-midi ne s'ouvrent plus. Merci de me lire. Merci de continuer. Merci de me brusquer. La peau des rêveuses qui nage dans le fond de la gare du Nord, est calleuse. Comme un cerf d'Asie, tué par une mâchoire de poisson. Evitez mon regard. Parce que je ne saurais pas le placer. Il va trébucher. Sur votre morale, sur votre bouche, sur le vide de votre corps. Il va mentir. Non, evitez. Je vous en prie. Je vais pleurer des oreilles. Un serpent de corail. Evitez mon regard. Papillon à queue fourchu. Il va s'éprendre de la chauve-souris coincée entre vos jambes. Je ne pond pas mes rires. Je les éclabousse. Leur jus coule contre ma poitrine. Evitez. Je pourrais tuer. Hier, j'écrivais. C'est une préparation. Dormez. Sur mon orchidée géante. Je suis la profonde plongée qui se perd dans les rails de la gare. J'accélère la soif. Poignarde. Poignarde. La délicate violence. Mon écriture est une délicate violence. Les cafés se ferment dans le ventre, et continuent leurs ventes, dans mes départs. J'ai dit adieu à toutes les filles. Toutes les filles accumulées depuis 2006. J'ai l'impression d'avoir dépensé toutes mes économies. Je vous en prie, compensez-moi. J'ai la couleur du corps. "Je ne vous aime plus". Les petites filles dansent, en dessous du train, qui a une vitesse folle, écrasent leur poitrine de verre. Mon corps s'est déplacé chez vous. Appuyez. Appuyez. Là. Paris se tait. S'étouffe. Paris beauté. Je suis un duel. Les oeufs m'éclaboussent la peau. Leurs jaunes me rentrent dans les yeux. Je pleure des bouts de coquilles. L'oeuf et la petite fille, sont complémentaires : je casse les deux pour mieux vivre.
17 mars 2011

Tous les jours j'arrête d'écrire ; tous les jours je reprends, quand je me souviens que l'écriture nous éloigne.

 


"monstre de mer aux décorations de fer d’autruche
scies de paquebot chatouillent les os de porcelaine
scènes d’ensemble de toutes les sensations en fête
en éventail de verre pour les douceurs exprimables"

Triste An
Tza-Rat.

 

Si je n'écrivais plus qui t'apporterait la dose de tragédie ! Il se joue plus de drames en moi que sur une scène grecque. Il y a plus de morts parfaits dans un de mes cris qu'au cinquième acte valeureux. Mes muscles sont cassés des outrages commis sous la nuit. Je porte à l'intérieur de mes gestes des désirs assouvis par les filles qui me dessinent comme des fleuves. Je suis idiot à ma façon, cacheté par l'angine du soir. Je suis beau si l'on s'arrête à mon ombre, quand on évite la journée de mes yeux. J'ai le visage compliqué d'ombre. Je ne mets pas de préservatifs, j'aurais l'impression de mettre de la morale et de la loi à mon obscurité. Je range dans tes matins les cauchemars que ta nuit évite. Quand je fais la grève de la vie, je trouve que je vous ressemble. J'ai peur de ce qui ne fonctionne pas chez moi, ce qu'il y a d'étranger, ce que je reconnais comme incompatible. J'ai peur de ce qu'il y a sous ma peau. Ce que je n'ose pas montrer. L'écriture vient de là. De cette peur sans nom, légère et profonde.

L'amour me ressemble, parce qu'il n'ose pas. Je suis en train d'arrêter. L'écriture. Je la laisse à Marion. Je ne lui réponds plus, elle n'existe pas. J'ai assez des monstres de ma tête pour ne pas pencher l'obsession sur les fantômes. Marion est un fantôme. Toi je t'aime. J'ai donné une nouvelle forme au mot, j'ai creusé avec des silex dans le dictionnaire. L'étymologie, je la décide avec mes caprices.

L'amour me ressemble

Et de cette façon nous rassemble tous.

Plus tard j'aurais des mains fines et fortes, des mains de victimes, des mains d'assassins, des mains inondées, des mains pour écrire. Je suis un pays inventé pour les esclaves.

Je perds l'haleine dans les baisers. C'est une course dans l'amour. Une course sur une pente.

J'ai les cheveux mouillés par le soleil, et le coeur embaumé par tes yeux. Je pourrais vous dire aussi, que j'ai la peau comme un jour intime.

La douceur est un orage. La liberté n'appartient pas à l'homme. Le génie est dans le reste. Les princes sont pervers et c'est bien mieux comme ça, si toutes les petites filles le savaient, elles seraient charmantes. La terre glisse, les corps chutent, et je ne pourrais pas te rattraper. Je vous vois ; je ne vous regarde pas. L'idée est un homme qui court plus vite que les autres. La violence du corps est si douce que je l'écris. Je suis si arrogant qu'on le croirait vraiment. Je suis fragile. Je me suis brisé. Sur des rochers miraculés. Je me suis brisé. Je ne veux pas que l'on entende. Le bruit du viol, dans mon rire. Je devrais faire ce que je fais. On dit des choses, et un roi marche sur les pieds, pendant que les dents saignent le pigeon égorgé

 

J'aime les gares. Les pas pressé d'où grouille la vie dans toutes sa vitesse. Il prend la caméra, il filme, je me recule. Il me sourit et dit "non, c'est vous que je filmais". J'aime cet homme, dans la gare de Lyon, qui essaie de fixer le mouvement, rapide et invisible. Je me demande ce qu'on trouve au fond, toujours au fond, d'une poche, ou d'un corps, le détail qui dit, qui donne, qui prend. Plus que le tissu ou la peau. Le détail qu'on oublie ou qu'on cache.

Là, maintenant, je suis lucide. Là, tout de suite. Alors vite, je dis : Ravale. C'est la première chose qui me vient. Ravale. Mes mots ne savent pas atterrir. S'ils t'atteignaient, je serais en morceaux.

Ce qui était émouvant, c'était de voir l'ombre de ma grand-mère derrière les grandes vitres du Manoir. Un ombre qui surveillait, les bras croisés. Qui nous regardait, monter dans la bouche des filles. Je me retournais. Ce qui était émouvant, c'était cette ombre. Comme un petit quelque chose de mon enfance que je laissais derrière moi, pour rouler vers une autre sorte d'amour.

Et là, elle dit : "un visage d'ange, un petit monstre à l'intérieur, un monstre gentil, incompatible, surprenant". Et moi, je pleure. Je frappe les vagues avec les pieds, elles ne réagissent pas, silencieuses, dures, elles ne réagissent pas aux corps, moi je peux frapper toujours plus fort, elles ne réagissent pas aux coups.

Je suis le risque. Qu'on finit par oublier de pendre.

16 mars 2011

It's Cloudy

 

Ecrit en cours, jamais relu, en automatique, en dispersant mes pensées tout alentour. Sur le visage tragique, voisin, dans l'obsession bleue de mes angoisses, sur le crâne chauve ployant de reflets neufs, sur le ciel en crépit de la salle pleine de professeurs, longeant les étagères d'études sérieuses. Les yeux sur le commutateur, les lampes blanches, les nuages.

 

et tes cheveux collent dans mes yeux quand je te fixe trop longtemps. Ton parfum remue dans ma bouche avec les saccades d'un homme dans les bras d'une femme. Tu as la colle des bielles, les noeuds serrés autour de tes poignets de blanche. Tu as cloué l'horizon à une idée fixe et pleine. Tu as le trousseau des absentes. Le mouvement d'horloge de tes pieds qui perdent le rythme, et l'harmonie. Je ne sais plus les serrures que mon corps ouvre, ni les endroits où la position de ma muqueuse devient la force des Arts. Je suis une oeuvre en suspension, je pends à des ballerines mes hampes mouvementées. J'agace le visage tragique. Je frappe à des portes modernes. Avec les coudes, je râcle les cauchemars. J'ai ouvert les bras, et la nuit est venue jusque dans le propfond lac silencieux. Les choses se sont mêlées de moi, elles ont parlé autour de mon sommeil comme d'une bête morte qu'on touche sans faire xprès, contre lequel on trébuche.
Je veux etre la chute de tes paumes, la larme qui glisse sur ton menton, le sang de ton enfance qui bat encore dans tes tempes; Il y a des gens vieux pendus dans les arbres, et des barons s'y perchent dans des langues gigantesques. La littérature est trop pleine d'idées denses, étouffantes, suffoquées , qui entravent, qui délimitent. L'odeur. Qui. Vient. Se. Figer. Sur. Le stylo jaune, l'encre verte bue à la première stance, les déclarations écrasées, es fruits secs, les peaux argentées, les petites filles aux stores cassées, les manches gisants, les portes rouges qui s'ouvrent par le milieu et la poignée sur laquelle dérapaient tes peurs. Des coquillages engouffrés du bruit de la mer, tu avais la bouche salée comme l'Océan, et tes lèvres font des vagues consciensieuses.

La dictée des émotions accrochées par la barrette noire de tes premi-res fois, tu déchres sur ma peau des chignons de Chinon.

 

Cent fois des cris sont venus se livrer, cent fois je les accueillis, ils spont à l'étroit, et parfois, quand ils n'en peuvent plus de se marier avec les douleurs de ne voir de plaisirs qu'en liège, ils s'évadent par les plaies des filleules. et quand je me déplace, je porte en moi tous les cris que vous avez refusé, toutes les colères que vous ne comprenez pas. Ta peau est enfoncée de mains, tes cernees ont giclé en la liqueurmauve du vinJ'ai la nausée des yeux sombres; Monsieur D. je vous embrasse, vous êtes 15h15 au rendez vous d'un Marignan d'adolescents.Ton gilet noir pend sur ton col blanc, on dirait l'anarchie soumise, la reddition de l'espoir. Au porte-manteau il y a un poète que personne ne peut voir, à la pomme ronde, enflée de sacifces, encore un cri tiède que j'avale, et je m'habitue au poison délicat qui file entre les rides des appétits. Ton visage est une tragédie, tous les drames que tu n'as pas vécu tu le suppportes dan s tes yeux, ton rire a la tristesse des malheurs inconnus, des songes épurés, aux ondoiements de danseurs.Quand tu vas être heureuse, que tu t'apprêtes à l'être, que tu tu t'y destines au bonhuer, une ombre te passe sur les cheveux, te tombe sur les épaules, tu as une cape, et un voile de gaze dans tes joues, je ne sais pas pourquoi, dans tes yeux percés de gris, tes iris gorgés du chant des mouettes, je te trouve belle, quand je t'imagine en larmes. Autrement, tu es noyée par le paysage, et j'entends tes poumons en miel s'agiter comme des ruches. La vie absente.

Je t'embrasse. D'avoir essoré ma nuit sur ton innocence.

Depuis dimanche, j'ai dormi trois heures, mangé une demi-crêpe, je fais des essayages de mes nouveaux vêtements d'écrivain, ils sont lourds, sentent mauvais de vin frelaté. Font fuir les habitudes, c'est un habit hyperallergenique. Je n'arrive plus à retenir les excès qui hennissent en moi, leurs reflets s'en vont en morceaux. J'ai le corps décrêpi à force de baiser des imbéciles. Mes excès. Qui débordent de moi et giflent ta bouche voisine. Et je me moque des silences graves. Je sus indifférent. Bien trop. Je suis né avec la peur des cauchemars, avec les images longues à attendre dans ma chambre la respiration monochrome du sommeil. Je pense à la nuit qui viendra me chercher à l'endroit de l'habituel rendez vous, à mes mains déformées de poésie qu'elle prendra sur ses sains, et mon corps capturé dans le filet étroit des ombres maillées. J'étouffe dans l'épuisette mes ouies rouges déchirés à l'hameçon du frisson. Je ne sais plus retenir ce que je brimais. La douleur a des vertus de femme méchante. Douce les tendresses apoliniennes. lames rieuses qui brsent ma bouche et mes doigts. J'ai du sang dans les arbres touffus de mes vitres. Tout un alignement de baies sucrées qui divisent la lumière en rectangle transparents. J'ai des manies d'irrévérent quand je parle. Je suis une insulte qui se déploie, j'ai des parfums de pamphlet bien sûr qui meurent dans le jour. On ne voit plus rien que mon silence.

 

15 mars 2011

La première puissance

 

Ton visage est bleu, rouge, vert. Je voudrais être le départ. Le visage que tu ne touches pas. Le visage que tu crains. Celui qui n'est pas encore tout à fait exact. Pas encore tout à fait dessiné. Sans ombres encore. Sans "oui", sans naissance amoureuse. Sans eau qui coule entre les yeux. Être le premier que tu fuis. Entre nous il y a quelque  vide. Ce quelque chose c'est l'abîme qui siffle. L'irréconciliable distance. Je crois que c'est ce que j'aime. Nous sommes distants d'un vide insurmontable. Une obsession dans le sommeil. Le bruit du verre qui explose. Le bruit du baiser qui claque entre les deux murs de ta chambre. Être le grand pays de l'unique fois. Etre les gestes de bandits sur le corps. Un jour je porterai un masque. Et une robe déjà fendue Une robe fendue au couteau. Une robe sans doigts qui la froisse. Une robe déjà fendue, pour être la première pierre qui ruisselle au fond de l'abîme, tout de suite. Sans visages. Tu diras "monstre" comme j'imagine le soleil en pente libre sur ton menton, comme je tends les doigts pour récupérer les miettes de ta lumière. Le soleil qui coule sur tes lèvres. Tu diras. Tu verras. Tu arrives à l'heure du corps. Tu arrives à l'heure des oiseaux. A l'heure de l'erreur. Et quand tu partiras, je t'aiderai à me fuir. Amour. Amour fendu sans visage. Vite, va t-en. Fuis-moi. Je dirai "Fuis-moi". Ca te fera rire. Pleurer de rire. Je ne remettrai pas ma robe. Va t-en. Quitte tes draps de pudeur. Quitte tes nuits sur ton toit. Va t-en. Descends. Il y a le grand escalier que tu connais par coeur. Tu me portais sur ton dos, robe fendue, tu posais tes mains. Descends. Et surtout, sors à droite, l'air est plus léger. Il va falloir savoir respirer après la salle de classe. Gonfler la poitrine. Respirer sans se brûler la gorge. Tu pourras courir. N'aie pas peur. Fuis. Cours dans la normalité, sous les gouttes de l'eau usée. La pluie tu la connais. Je balancerai tes pleurs par la fenêtre, ils iront jusqu'à toi, fatigués et délicieux, pour te rattraper, dans cette course. Cours avec les bruits. Avec mes bruits. De tissus qui se fendent. D'os qui se cognent. Cours dans la mer. Cours dans la fente de ma robe. J'ai pris tellements de femmes que j'ai jusqu'à leurs formes. Je t'aiderai à ne pas patauger. Tu disais "tu entends ? tu entends ? Tu es un enfant". Souris-moi et fuis, s'il te plaît loin. Va-t-en derrière le brouillard. Fuis mais souris. Ton visage est de toutes les couleurs. Tu aurais dit, peu importe, je t'aurais offert ma couleur de somnolence. Cueille les jeunes corps parfumés qui seront troublés par mon cerne. Par ton sourire, par mon sourire, parce qu'il restera de mon désespoir sur le tien, mon sourire dans le tien. Il restera la trace de ma pensée entre tes dents. Cueille les. Tu devras fendre leurs corps trop lourds. Tu reviens vers moi, et tu dis, mais je n'entends pas. Mais je ne suis pas celui qui fait les choses, je suis dans l'incapacité, je voudrais être, mais je ne peux que devenir. Tu auras le visage soudainement large. Large comme ton coeur. Je tire sur l'élastique. Je t'éclabousse de vide. Un miroir entre deux autres qui empêchent les reflets de s'apercevoir. Cours et si tu ne sais pas pourquoi, je lâcherai un oiseau qui se confondra avec le vent en liberté, pour que dans ta course, il puisse se perdre dans tes cheveux, et te voler celui que j'ai failli être. Le premier oiseau, la première course, la première fuite, le premier visage qui file à l'allure du vertige vers le port anglais.

15 mars 2011

Les scrupules de l'amoureux.

"Toujours si je te vois je tremble
Comme à son premier rendez-vous
Un jeune homme qui me ressemble"

Louis Aragon - L'amour qui n'est pas un mot.

 

J'ai eu peur D. Peur que tu ne reviennes plus. Ta présence, ici. Dans les vagues de mes crises. Sur les tambours de mes peurs qui font une marche où reposent les aveugles. Je suis la chrysalide de la parole. Tu n'as jamais vu naître les insectes aux ailes ridées. J'ai eu peur. Peur que tu ne lises plus. Comment dire. Je ne supporte pas ta lecture. Tu es le bruit de la guerre dans la bouche sourde. Le silence. Comment. Je n'aime pas la paix, mon corps s'est habitué aux batailles. Mes nerfs ont prolongé la vie plus bas, plus bas dans la rivière. D. Je sais. Je sais tout. J'ai toujours su, comment ça pense un corps, comment ça se déplace une colère, dedans, tout en profondeur dirièse. Je ne le dis pas. Que tu es ici. Que je décompose ton parfum dans mes oreilles. Tes yeux m'émeuvent, ta méchanceté m'amuse. Tu es. Le corps fier. Qui rend le baiser faible douleur comme la morsure. Tes mains brûlent. Je n'aime pas que l'on me touche. J'ai l'impression que l'on me traverse. Ne me touche, plus s'il te plaît, c'est comme si tu atteignais le foie. L'organe, le filtre des images. Le foie. Où elles coulent, en gouttes les pensées. Multicolores images, et le pigment de Matisse, qui résiste encore au pinceau, qui résistera toujours. Les hommes dansent, les petites filles ont des cerceaux beiges. Je les regarde. Je te garde. Mes nerfs vont bien. Je suis malade, ça ne se soigne pas. C'est cent-quarante-six, et les mathématiques faciles. Cent-quarante-six jusqu'à l'infini. Le quotient intellectuel, ce qui ne se réduit pas. J'ai tout pris, pour ne plus voir. La sottise. Avec son menton d'animal sauvage, pour ne plus sentir la crinière des chats me gratter l'oeil. Je me suis drogué. Je couche. Avec des filles. Le mardi à minuit. Demain je dirai "je vais à Saint-Michel, je vais faire un tour dans la littérature". Le corps littéraire de Pauline le coquelicot. Le corps de pages, d'histoires, de ravages, de Pauline, la bouche pleine de désirs. La bouche qui fuit sur mon corps. Pauline me revient. Toujours. "Demain à Saint-Michel" je le dirai, "pour la littérature qui ne s'en souvient pas". Et j'irai abîmer mon corps froid sur son corps froid. J'irai. Je dirai la littérature, encore. La littérature, qui oublie. Qui triche. D. tu es le lieu de ma famine, tu dois le savoir, tes yeux bleus chatoient comme les mûres ensanglantées. Mais je n'attends rien. Je n'espère rien. Ce n'est pas triste. J'ai cessé d'attendre, je suis en avance aux rendez-vous depuis la naissance. Mon désir est une suggestion. Mon corps s'est absenté, il a pris la vacance que les 146 bêtes interdisent à la pensée. J'ai noyé les idées sous les vêpres d'alcool. J'ai bu des litres de larmes d'amoureuse. Rien n'a changé. Les pensées obstinées, sévères. Ca ne se noie pas la folie. Ca flotte, c'est en bois. Je me penche avec des mots vers toi, des mots sacrilèges. Ton existence me rend heureux, tu es une figure d'Eglise, tu es sacrée dans moi. La mosaïque cassée. Je te prie. Fixe mes habits froissés, ce sont mes cauchemars qui entrent dans ma chambre à toute vitesse qui renversent tout, et me trouvent, déçus, éveillé. Je ne pense pas à toi. Jamais. Je te sens. Je connais ton haleine suffoquée, je connais les recoins oubliés de toi. Tes reins en brouillons. Si je devais reposer quelque part, ce serait dans tes souvenirs chassés. Il y a un berceau qui grince, une chaleur en osier. Couvre moi de tes silences. J'aime quand tu es cruelle. Je sens tes yeux qui deviennent des lames, le jour s'y dépose, le jour que j'attends, tout l'hiver. Je fais comme si, c'était grave. Comme si dans moi, la catastrophe, les cascades et les noyés. Tu le sais. Depuis le temps que tu lis ici. Je suis changé du reste des gens. Je me disais, dans les cahiers à spirale de mes douze ans "c'est comme si dieu n'avait plus assez de matière pour me faire comme les autres, il a mal recouvert mes nerfs, il n'y a pas assez de peau, de muscles pour me protéger". Quelque chose a échoué dans moi. Quelque chose comme tous les marins aux yeux de varechs phanies. Un jour je t'appellerai, mais pas tout de suite. Je t'appellerai, il sera tard. Tu dormiras. Tu auras la voix collante de sommeil. Je parlerai, sans laisser aux mots le temps de courir. Je parlerai, avec les phrases en farandole je boucherai les fuites dans les canots des désespérés. Plus tard. Seulement. Tout de suite, je te dévore encore avec mes mains de flèche, avec mon indifférence amusée. Pourquoi, suis-je indifférent ? Pourquoi, senti-je l'indifférence qui se jette en moi avec la même rage que l'amour. Qui imite, la fougue des passions, l'indifférente puissance. Tout en moi. Je suis gêné, quand ton regard se dévisse, que l'oeil ne suit pas la trajectoire exacte des paupières éduquées. Il y a l'échec de la norme dans ton regard. Je le recueille avec les eaux vives des tourbes. Tu sais. Quand je te regarde tes yeux. J'ai l'impression d'un soleil fatigué qui dévie de son orbite, le bleu de ta nuque échappe à l'ordre. Ton oeil se révolte contre les logiques. Comme si tes yeux de n'être pas alignés pouvaient se croiser dans l'infini, que ton regard trébucherait sur l'horizon. Le point de mire. La ponctuation des fuites. La lumière des phares. Ce n'est pas de l'amour. Ce n'est pas grossier. Je ne sais pas comment nommer ce tourment. Ce qui me plaît, ce qui m'entraîne, tes cheveux agglutinés de lumière, la masse compacte des astres brûlés, joue encore le Boléro dans mes tempes, D.. Si tu savais. Ma poitrine crépite un songe que je n'ai pas pu faire. J'ai retenu les rêves au bout de la fatigue. Quand je me suis piqué, la première fois, à la drogue dure du temps. Quand je me suis enlevé des minutes de dans la veine, le sang était rouge, translucide. J'ai fui de la mortelle seconde. Je ne peux plus mourir, j'ai visité tous les enfers, fouillé toutes les audaces. Le monde est un plâtre maquillé. L'os fracturé. J'aime, ma distance, j'aime ma tristesse. Je suis profond comme un regret. J'imagine des bouquets de soucis jaunes qui se découpent sous les ciseaux des enfants. Pense au mouvement de ta couverture jusqu'à ta bouche, pense, dans mes draps, c'est la mer qui me remue, la mer qui enfle turbulente, avec ses hélices de Paquebot, avec ses chants de nègres enfuis. Je pense, aux délices d'une femme à la première larme. Dans ma peau je sens des évadés, des histoires. Je suis grouillant de mille existences. J'ai appris tous les mensonges des hommes, et je les distribue aux passants. L'aumône de l'immoral. Je t'aime comme la berge lointaine du péri de la mer. Je t'aime comme la surface du noyé. Je t'aime comme le sommeil de l'insomniaque. Je t'aime dans l'impossible présence. Je hais ta réalité. Petite fille. J'ai bu la coupe de vos habitudes et j'ai vomi le poison. Mon corps la refuse. Tu vois. Il préfère la flamme à la cendre.

Mon amour est chatouilleux. Ce n'est pas une déclaration d'amour. C'est le hurlement du silence. Sa toux animale. Pardonne-lui s'il te plaît, je suis une bataille perdue.

 

14 mars 2011

La paupière chaude.

Il y a des gens qui ne savent pas. Qui ne peuvent pas. Déceler dans le langage l'autre degré, l'autre chaleur. L'ironie c'est le faux-fond du langage. C'est le secret, la cachette pleine d'esprit. C'est là que se terre, le sens. Secret. Avec son chignon de crêpes. Avec son visage qui continue dans le noir. Il y a des gens qui n'entendent pas les genoux indécents du songe. Le quartz de ses yeux d'horloge. Qui se tient, qui soutient, le temps passé. Je tiens toujours deux langages, il en est un qui se menace, la face cachée. Derrière la représentation brune de la lune, avec ses yeux de perdreau, avec son cou tout noir qui prolonge la nuit jusqu'au delà de la panique. L'esthétique des phrases que l'on force, qui marchent dans la neige, les pas plein de sang; Qui laissent leurs veines comme des tirages dans le fond de la boue. Il y a des puits secs, où dans la terre humide, des visages d'argile meurent sur les routes. S'éteignent avec les lampadaires grésillants. Il y a deux langages dans une grammaire, il y a une hésitation qui poursuit, dans la nuit, une certitude. L'assurance de la folie, c'est de continuer sans fin, d'avoir un corps qui ne s'arrête pas, partout, qui peut se blesser contre tous les objets, toutes les planètes, qui s'écorche dans les cils de barbelés froncés de neuf. Celle qui se digère, avec l'absence, celle qui y plonge avec des noeuds de marécage, celle qui y dort avec des scues. J'entre dans des salles secrètes, où le langage n'a pas encore tiré le vin. Il tirera pour mettre le feu au mental, il se tient dans la salle sombre, dans le double-sens, il va jaillir, le sens, il va jaillir plein de placenta, il va jaillir comme un foetus de la mère avortée; IL va jaillir. Violet; Dangereux. Dans un habit de tankiste noir. Ca ne s'arrêtera pas. Ca ne s'arrêtera pas la nuit, de faire vibrer les rails du délire, où s'envoie la prunelle. Il y a mon reflet qui se tient dans la vitre, dans un monde plein de lumières et vidé de sons. IL n'y a pas de musique là-bas. Ca ne filtre pas. J'ai des paupières brûlées par l'insomnie.

J'entends. J'entends. Revenir. Des souvenirs. C'est la mer, Saint-Michel. C'est son pas fou. C'est le cheval malade, cabré, l'étalon sauvage qui sabote mes yeux. S'y tiennent deux impurs qui se débattent, j'ai des yeux de tourbière. Qu'on y ramène de l'enfer des flammes. Des montagnes hautes comme des bustes, que l'on coule dans des bronzes des idées changeantes, que le cuivre du visage se déforme sous la main audacieuse des passions. J'enfonce les doigts, avec mes dents je creuse dans l'absence un visage. Montre moi une photographie ratée. Une photographie de la nuit. Montre moi. On y voit mon absence, toute mon absence. De mon corps qui ne s'arrête pas; de mon corps qui plonge jusqu'à la mer, qui afflue, de mon corps qui se prolonge partout. Je suis toute la nature douloureuse, tous les espoirs réunis, qui cèdent en cascades, qui rugissent des fumées, le centre du moyeu, le cri souterrain de l'eau qui cherche la faille terrestre pour faire une source d'eau nouvelle. Pour surprendre dans son reflet le jour, pour surprendre dans son ombre de flache les oiseaux, les faunes, les flores. Pour. Créer avec des idées, pour les réunir, sur des corps, sur des objets. J'ai rendu vivant des pensées en recouvrant d'un manteau noir d'idées les pierres inanimées, les poussières de peaux mortes, j'ai dressé des souvenirs comme des animaux sauvages, j'ai fait des mots, des serviteurs dociles; Dans moi se sont réunis des complots prêts à écraser les villes réelles; Je veux remplacer l'âpreté du vrai, la rigidité d'une loi par un monde de pensées, d'idéaux, je veux féconder les images viriles qui se produisent dans ma tête, les multiplier, les faire mettre leurs filaments d'ombrelles, leurs tiges d'angoisses plonger jusque dans l'inverse des moiteurs. J'ai chaud dans la violence des violencelles, où les doigts jouent sur les nerfs à l'archet du plaisir, pour faire jaillir la bordée suffoquée et douce de couleurs. Ces fleurs peintes de parfums, prêtes à déborder, qui roulent et éclatent comme la beauté au milieu d'un visage, comme l'amour qui jaillit des vagues du sommeil qui vous étouffait pourtant. La nuit il y a des menaces qui prennent position dans la misère, que s'érodent en attendant des genêts aux pistils de soufre, des morts ouvrières compostées comme un ticket de tramway. La page blanche dessine le bouillonnement des lustres, la lumière coule dans les fenêtres qui ne peuvent pas la retenir en entier, la lumière déborde des surfaces réfléchissantes, la lumière qui tombe en grosses gouttes humides dans les cheveux de D. dans la bouche, sur les reins que personne n'arrache au silence. Mon corps et moi écrit Crevel. Son corps et lui, c'est le long drame, c'est la tragédie sur les pavés humains. Ton ombre de store, rayé par la lumière, tu es blessée par le jour qui t'entraîne de son pas plein de métros. Plein de gravité. Il y a. Une chanson qui prend puissance sous le pas. Je disais. Sous ma course le bitume pleure, l'écho des pas qui s'approchent, qui me suivent, qui m'enlacent, c'est la terre gémissante sous mes pieds. Mes plantes. Sous ma course. Inarêtable. Je suis inarêtable. Ce qui me pousse ne s'arrête jamais. Ce qui m'écrase, un prénom. D, ne s'appelle même pas D., D. est une cachette, le double fond. Ajoute un barreau à la prison du prénom. Pour former le nom. B. C'est de B. que je Cause.. Il y a. Des idées. Partout. Autour de moi. Des idées; Je ne connais personne. Je connais des endroits. Je les réduis de la matière jusqu'à la pensée; Je les diminue. Je les écorche, plus loin que la chair, plus loin que les organes, plus invisible que la lymphe, plus profond que l'humeur, l'instinct, je me plonge mes mots jusque dans l'âme irréductible, tapie, secrète; L'âme tendue comme une fuite émondée. L'âme méfiante. Qui est cette fleur, l'âme, qui roule et qui perce la terre gonflée en libérant son odeur dangereuse sur son chemin, sur sa route, sur sa voilure de pétales, sur ses tiges nerveuses prêtes à entrer en crise. Qui entrent en crise. Regarde le visage des natures regarde les statues marquées dans les arbres, regarde encore les tables lustrées où sont passées maussades les désirs des hommes, des pauvres, des fauves.
Il y a un pigment en dehors de la peinture. Il y a un pigment qui saute de la lumière. Qui résiste à la pression du pinceau, qui résiste encore à l'enchantement de l'Art. Un pigment bleu qui ne se laisse pas faire par mes doigts d'écrivain. Un pigment comme un visage, qui se tient en dehors du miroir. Un pigment. Juste un pigment en conflit. Un pigment courbé. Un pigment aux hanches femelles. Un pigment au corps moulé par les robes parfumées. Ce pigment de couture. L'aiguille des huiles.

14 mars 2011

D'être amoureux, j'ai tous les soupirs de l'habitué.

 

La vie est arrivée en retard. S'est déposée en moi comme une surprise. La vie m'envahit. C'est une amante distraite qui attend sous ma douleur violette l'amoureux. Elle se dépose en moi. Elle regarde l'heure à l'horloge de mes cils. Le lieu, c'était au dernier chagrin avant la mort. La vie déposée en moi ne m'appartient pas. Elle est une expérience. Elle s'est glissée là. Pour voir combien de douleurs pouvait endurer. Jusqu'à treize ans je supportais tous les tremblements. J'ai eu tous les regrets en un prénom.

 

Quand j'ai dit à Marina :"Qu'attends-tu de la vie ? Peut-être un baiser". Elle a répondu "exactement". Et puis j'ai pensé à ce rendez-vous avec cette fille. Cette saison renversée. Elle m'avait dit "attends-moi". Rue du Soucis. Devant le couloir. Près de la gare. Je suis la bordure. L'enfant tétanisé. Un rendez-vous. Avec la vie. Avec cette fille. D.. D. et sa peau séchée. D. que je ne connais pas. Je suis protégé par ma fièvre. On complimente un talent. Un monstre. Un monstre d'écriture. Je rêve de S. Dans mon rêve, je lui frappe le ventre avec ma langue. Elle a des moustaches qui lui poussent autour des yeux. Son menton fait craquer mon nombril. Dans mon rêve, je ne maîtrise plus, je perds mon abri, je perds mon corps. Dans mon rêve, elle portait 3 culottes. 3 étages. Dans mon rêve, S est divinement laide, parsemée de dieux comme des puces sanglantes et collantes qui lui aspirent l'humidité de sa langue. Un bout de viande. Dans mon rêve, je dis à S "tu me décomposes". Aujourd'hui S m'a dit "Au revoir, je ne veux plus te parler". Moi, j'apprendrai à vivre sans elle, sans la trace de son corps, toujours trop violente. Donner rendez-vous à la vie. Je rachete mon invasion. Il pleut des accents britanniques. Je vais devoir attendre D.. Dans mon attente, abuser des corps qui passeront devant moi. Les manger du regard. Mes yeux peuvent tout engloutir. Mon foie le plus propre. Je suis en plein délit. J'attendais D.. J'attends la vie. Je suis comme la rumeur de l'amour, on me désire sans me voir. Je vous en prie. Un otage. Faîtes de moi, un otage. Mes cheveux ont tellement de fois cogné mes lèvres bleues, gelées, cinglées, bandantes. "Ne te baigne pas Jonathan, c'est trop dangereux les yeux bleus". Le danger de la mer, qui prend le corps. Le danger d'attendre D. qui prend l'envie. Le danger d'attendre la vie qui prend le reste. Vous, Monsieur, emportez-tout. Dîtes à D. que l'oiseau est mort hier soir, au bord de mon lit, qu'il sentait l'essence et l'égout, que j'y ai trempé mes lèvres et mes envies. Dîtes-lui. Que j'ai enfanté l'oiseau. Que je ne suis plus vierge. Que j'ai enfanté un cadavre. Que l'enfant lui ressemblera. Quelque chose qui n'existe pas. Dîtes-lui. Je m'en vais attendre la vie. Je charrie un amour. Mes yeux transpirent l'eau de Cologne ou de Francfort. La danse des corps en lambeaux dévale la forme de ma silhouette comme un galet lancé à grande vitesse sur une falaise abîmée. Dîtes à D. que j'aimerais ne pas l'attendre. Que je suis un incendie. Je ronge. Je fais fondre. Il fait chaud rue du Silence. Un vent tiède qui rend mal à l'aise. Qui glace et chauffe. Je sais. Je sais écrire. D. arrive. Je la vois. Je vois sa mince sensation qui se précipite vers moi. J'ai eu envie de courir dans le sens inverse. Monsieur, dîtes-lui de ne pas m'approcher. Ravel aime danser avec moi "on dirait une femme sa musique". D. arrive. Comme un risque. Les battements de mon cœur ont écrasé le sang sur mon visage. Pincer. Pincer. Le blanc des yeux. Lui extraire la vie. D. s'approche. D. ne peut pas et quand elle repartira je ne dirai pas "tu étais si jolie". Alors, je vais détester D.. Mon été est une maladie. D. va souffrir d'insomnie. Je suis léger. Seule la rue est lourde. Les pas réguliers de D. retentissaient sur les murs, faisaient échos aux centaines de corps de la ville. Tout se heurte à D.. Mon rendez-vous est une puissance. Deux jeunes gens. Mon corps m'invite. J'ai envie de gifler. Gifler. Ecrire. C'est un peu la même chose. D. est électrique. Elle est là. Mais elle passe à côté de moi sans me regarder. Le pas pressé. Je ne la connaissais pas. D., un paysage perdu. Un corps qui me brutalisait de l'autre côté de la ville. Un corps choisi au hasard, qui ne s'appelait même surement pas D.. Quand je pense au rendez-vous de la vie, je me dis aussi qu'il n'existera peut-être lui non plus jamais. Et je dirais : Monsieur, allez-vous en, je m'en vais mourir.

 

Maman me dit "tu iras ?". j'ai dit que j'irai. J'oublie Marion. Je n'ai pas de nouvelles et je n'en donne pour l'agacer. Au téléphone, la dernière fois, elle me disait "Je fais des projets avec Mathieu, c'est la première fois qu'on ne me fait pas souffrir". Je n'ai rien de garçon en moi. Tout est au sexe différent. Au sexe de l'enfant. J'irai à Annecy. Marie m'y attend. Marie déplace sa salive sur mon bassin en riant, avec élégance. Charles est adorable, quand il dit "Pardon Jonathan", au bord du Lac des souvenirs à 17hOO. Quand le soleil tue. Pardon j'ai 10 ans. Je prendrai le train. Je tiendrai la main de mon frère et lui dirait "tu vois, c'est pas si impressionnant que ça". Et je chercherai un secret. Tu pars ? Oui, je pars. Je chercherai un secret que je trouverais sur le quai quand Marie s'exclamera "Viens !". A St-Malo. Plages. Digues. Villas. Béziers. Anaïs dit "on prendra plein de photos!". Marie répète "Viens!Viens!". J'aime suivre l'enthousiasme des corps qui veulent vivre. Je partirai, avec Marie.

Elle regarde les vagues. Les digues sont rompues. Les plages abandonnées. La nuit m'embrasse. Berce le bruit du sable. Les bateaux ont faim. Les parkings, la nuit, sont remplis de requins aux regards jaunes. L regarde les vagues. Alexandre se noie. Derrière moi, le pays éclate de rire.

J'ai souvent peur de perdre mon grand-père. Alors je lui répète souvent "c'est doux la vie", comme pour ne pas qu'il l'oublie. Un jour, il n'a pas répondu, alors j'ai dit "embrasse moi grand-père".

Et puis, je dis "j'écris jusque tard la nuit", alors là, je me sens comme un assassin. Doux assassin, qui discrètement s'avoue coupable.

C'est Jane qui chante "fuir le bonheur de vivre, de peur qu'il ne se sauve". C'est mourir pour mon père. Ecrire à Amélie "je serai écrivain, ou je ne serai qu'a moitié". Quand j'étais petit, je disais "je veux être une légende". Je voulais être une légende avant d'être écrivain. Je crois que l'écriture est un pont, une carte, un chemin secret.

Cent-soixante six points.

 

13 mars 2011

Appels anonymes.

Il y a dans l'écriture une impuissance à etre parmi les hommes. L'impuissance transformée en refus. L'impuissance des rois.

Quand tu appelles, sans ne rien dire, que le téléphone sonne deux fois et qu'aucun numéro. Je n'ai pas le temps de répondre. J'ai raté des sortilèges. Mais je connais ton odeur.

Parfois, quand je ne suis pas au rendez-vous, c'est que j'y suis depuis trop longtemps déjà

Tu te souviens, Héloïse, de cette jupe fendue, ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai, tu disais "j'ai tout abandonné". Ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai. On me cache. On ose pas me parler. On ose pas. Tu te souviens comme tu dansais. En contre-jour. On me cache. Comme je cachais les formes de ton visage dans mes mains. On ose pas me parler. Ce n'est pas vrai. C'est l'écriture qui fait ça. Je le répète : c'est l'écriture qui fait ça. Je suis l'écriture cernée. Tu te souviens comme nous étions jeunes. Elle dit qu'elle a le vertige de la terre. Ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai. Je suis l'écriture. La tienne. J'ai le baiser qui se renverse. Il ne t'atteint jamais. J'écris pour toi, D. J'écris et je te dis que je ne supporte pas les pleurs de Baudelaire, qui éclaboussent de gras, de solitude, de vide. Alors je passe ma langue sur les lèvres, pour nettoyer ce qu'il restait de ce sanglot. Je te parle d'une attirance. Comme celle de Loriane. Loriane est dans ma course, dans ma vitesse. Les muscles, le sang qui monte aux cuisses. Dans cet essoufflement là. Là. Je suis dans la vitesse, et je te reconnais. Tu es dans la même allure que moi. Dans le même rendez-vous, de l'écriture. Je te reconnais, à toute volée. C'est notre course éperdue sur les racines pour apprendre à disparaitre et arriver à écrire. Ce souffle que je reconnais, c'est le souffle de l'écriture qui obsède. Je soupçonne Marion d'être moi même. Héloïse tu demandes si j'aime. Je dis que je veux ta main dans mon dos, sous les habits. Et ça, ça ressemble à l'écriture. Là. Maintenant. La répétition d'un geste interdit. Ce n'est pas vrai. Tu devrais t'énerver. Tu devrais. Je veux que tu t'énerves. Je veux que là, maintenant, tu t'énerves. Sinon, tu seras comme Baudelaire, tu ne comprends rien. Tu te souviens, comme j'ai besoin qu'on m'épate. Après mon corps, il y a l'écriture. Après l'écriture, le cadavre du corps.

Au Rendez-vous, je regarde et je dis : quand j'entends son prénom, je pense à une obsession

13 mars 2011

Quand je me tais, mon silence veille sur vos cauchemars

"Ne me regarde pas ainsi, toi, ma pensée!
Toi que j'aime à jamais, ma soeur d'élection,
Quand même tu serais une embûche dressée
Et le commencement de ma perdition!"

Charles Baudelaire - Femmes Damnées

 

Sais-tu, que tu viennes toujours en éclat de quartz usé sur mes lèvres. Sais-tu, à 3h00 quand je sais que tu lis ce que je n'ai pas encore écrit. J'ai peur. Nouer le tard à mes cheveux de cassis m'angoisse. Il y a dans ce geste le pressoir des vendanges. Les mots, je les bois lentement. Comme un vaccin. J'entends tes pas. J'entends tes pas de satin, glissants, sur l'arc de la nuit, avec l'appétit des fauves dressés. Quand les bars ferment sur mes bras, j'écris au comptoir, je parle à la serveuse, qui me dit "je peux lire ?" Je lui réponds "je ne voudrais pas vous faire peur, vous n'en dormiriez pas, je ne peux inviter personne dans mes cauchemars sauf des consentants, sauf des indifférences et des romances, ce qui revient à la même chose, au même silence. Vous ne voudriez pas savoir, mes mots, sont des mots qui s'en vont. Ce sont des mots comme des oiseaux aux bec de matin, leurs chants éclairent avant la lumière les pas des rêveurs. Vous ne voudriez pas savoir, le bruit que fait mon silence quand il quitte une chambre d'hôtel où Wendy dort, où Wendy pleurera bientôt". J'entends des pas, au milieu de ton sommeil, et je crois qu'il se trouble pareil au mien des images sauvages. Je finis d'écrire, dans ce bar ce qui sera ma névrose, le vestige de mes frissons. J'ai ri ce soir. Promis. J'ai ri. J'ai embrassé virilement une brune qui passait par là, et qui me rendait le baiser en me glissant dans la poche son numéro. Et comme tu me lis depuis ton téléphone, je finis de recopier ces lignes depuis le mien. A ceci près que tu lis pour rire comme d'une chanson idiote ; que j'écris pour être parmi la réalité autre chose qu'une odeur. Ma chair commence partout où s'inscrivent mes "je". Les hasards m'amusent. Mes nuits, je les finis sous le crachin de Paris, à l'ombre d'un merisier audacieux de nudité. Les romans tristent ont la peau humaine.

Tout me revient. Les souvenirs, la première fois, mon sourire dans la neige de son corps. Tout redevient, tout reprend. Le regard de Marguerite, et les treize ans en plis froissés. Les mains qui repassent par là. Les mains toutes chaudes de désir. A pas de loups tu glisses. Et si on avait des grands cœurs, des sauvages sur un toit de Paris. N'oublie pas ton chagrin, pense à mes étoiles. L'optimisme de l'évidence. C'est une visite guidée, dans cet amour. La famille qui repose sur les yeux. Ton chemisier plié au col, on t'a aimée trop fort, quand je n'étais pas là. Je ne sais plus aimer. D'un amour je n'ai pas guéri. Vieille plaie malade, ma poitrine siffle comme l'eau chaude du thé. Dans les prénoms usés de ma poitrine, sur mon coeur dur d'écorce, l'un demeure tout vif et douloureux. Il se débute par la majuscule commune de Mal. Par sa syllabe même. Ma---- Tiens moi la main, le corps, les jambes, marche, ouvre et brûle, et toi, offre-moi une petite robe de fête. Demain je suis une fille, j'embrasse les paumes d'un homme. Comment c'est d'être artiste ? Douloureux. Je ne te supporte pas. La présence des mots m'étouffe. Aujourd'hui, je serai très heureux de parler de toi. Tu disais "comme tu t'emportes, tu t'emportes c'est n'importe quoi", je répondais "oui mais la colère c'est moi". Comme la chanson. Comme mes yeux qui se taisent, accaparés par les souvenirs. Comme. Les rues fermées en paupières de silence. Comme l'impatience. L'impatience d'une évidence. L'absence. Tout ce que je sais de toi m'effraie, tout ce que je sens de toi me tue. Ton parfum, ton souvenir et mon oubli. J'oublie les gens, j'oublie les amours, je les mélange à d'autres amours, et l'on me dit "beau personnage, cette Marie". Je prends peur. Je ne me souviens plus, le visage originel. Je ne me souviens plus. Sélimée, j'ai oublié. Le premier prénom. La première larme de la cascade. Je ne me souviens plus. Les yeux vrais.

Il y aura toujours des malheureux. Qui ne savent pas voyager. Qui se déplacent. Il y en aura toujours des coeurs déçus. Il y aura toujours un coin fragile dans une maison. Où il ne faudra pas revenir. Chacun quelque part a ses treize ans gonflés d'horreur. Bubon. Il y aura toujours la première poitrine à embrasser et des lumières qu'on allume trop tard. Des fuites qu'on ne fait pas. Des mots qu'on retient. J'ai été à la meilleure école du crime ; celle des victimes. Des peaux trop blanches qui dégoutent les vagues, des jours qui ne se fondent pas, et les bouches qui annulent des mots. Toujours, la tristesse des mouvements. Il y aura toujours la durée de l'instant qui s'écoule et nous échappe. Les sommeils qui remuent la nuit. Il y aura toujours là bas, mais jamais ici. Ici, on creuse les grimacs et les yeux brûlés. Tu te souviens, de ton enfance à genoux dans le contre-jour, jamais ici tu ne trouveras de garçons comme moi qui pleurent sur la lune en tapant du pied les écarts des oiseaux sur leurs routes. Jamais ici, avec moi, tu ne verras de soir qui glousse, ou de mer sans fins, jamais ici, tu ne fermeras de portes, jamais ici, tu ne te reconnaitras. Il y aura toujours des écrivains pour te rappeler qu'il y aura toujours des malheureux là bas. Votre bonheur est insupportable, petite.

Je supprime les études nocturnes, quand le coeur bat de ses couleurs. Je m'annule dans les rideaux de la vie qui ne s'ouvre que sur le soupir d'une scène trop connue. Les corps rouges sur ton sexe Pauline, ils ont vu le champ d'orgie et de voix libératrices. Je me place devant toi pour t'épargner, ce ballet d'images fatigantes, coeur qui palpite sur le bord d'un éventail sans années, que j'agite pour souffler l'air de tes reflets, parce que mes yeux suent de notre mort. De la sentir remuer en moi, m'a habitué à son souffle tendu de précipices. La mort, je peux vous raconter le cauchemar qu'elle fait. Celui de me prendre. Celui de découper la chimère de mon corps, la mort dit « comment m'habituer à un corps que le sommeil, mon petit frère, ne visite pas ». La mort a dit « Jonathan est un château hanté, une absence, une douleur, c'est un dongeon plein de monstres inconnus ». La mort s'est endormi dans les draps du petit frère. J'attends son éveil, je monte la couverture, je baise son front de mes lèvres trempées de larmes ou d'alcool.

J'embrasse mon enfance à genoux, qu'aujourd'hui je peux toucher du bout de la langue. Position fanée. A part ça, je ne vous répondrais pas. Je suis l'incendie semblable de mon image. Je traîne sur mon pont, des animaux domestiques, qui ressemblent à...toi, petite vierge. L'amour est poli, il s'excuse d'être en retard. Il construit le bruit dans mes mains. Je joue la danse vertébrée qui perd l'haleine sur les cordes lunaires. Je joue et on me regarde avec des doigts de plume. J'aime que l'on se moque de moi. Quand on me dit le refus "je ne comprends pas, tu es un autre". J'entends, l'incompréhension. Je suis malade. Malade. Mais tu ne comprends pas toi, qu je suis dans l'incompatible. Dans l'écriture. En plein dedans. Je suis dans ce qui se dénoue, ce qui engourdie. Ce désir là. Dans cette peau là. Trop tiède. Je te jure, j'essaie. D'arrêter. L'écriture. De stopper sa vague fragile. De mettre des remparts. Des sacs de sable d'amours trépassés. J'essaie. La digue de l'amer. J'essaie. Je veux arrêter. Je redeviendrai l'enfant innocent,je redeviendrai celui que tout le monde dit, je serai la chose commune. Mes nerfs se tairont, mes yeux ne verront plus les folles images que la réalité me montre comme un vendeur à la sauvette. Les horloges de bois, les montres d'osier, et les statues de muslces. J'irai sortir la nuit, sans vous étudier, j'irai sortir dans vos bras sans recueillir vos parfums dans des tubes à essai. J'irai. Dans mes études, j'irai dans les livres sans violence. J'aurai le corps de la réussite. Un corps de femme. J'arrêterai d'écrire, et je vivrai comme vous. Diplômez moi de l'usage. Gâtez moi de l'ennui. Guérissez moi de la nausée. De vos âmes finies. Ne plus sentir. Ne plus savoir. Des pensées en ordre. Oui. Des pensées prêtes à l'emploi, qui se déballent. Donnez moi une épouse, un bureau, donnez moi ce qui me manque, je vous donne l'écriture et la toute puissance des ses images, je vous donne ses lacs de fièvres, et ses joncs de fillettes, je vous donne ses muscles liquides, ses lumières froides, je vous donne son ombre croisée et son ventre de prières, je vous donne toute ma richesse, je vous donne les chromes infidèles de la nuit et les peaux mortes des tambours pour la mendicité de vos nuits berceuses. Prenez moi dans vos mains de grenier, couvrez moi de vos grisailles. J'ai froid ici ! froid d'être, de sentir, de voir des images fraiches et nouvelles. Dans l'écriture, c'est plein de végétations, de forêts élégantes. On regarde les cris sur les draps. On me regarde et je remets la forme de mon visage en place. On me regarde et je fredonne un air qui gesticule vers le soleil indifférent. Celui qui me tourne le dos chaque nuit, celui qui place la lune comme un oeuf dans l'encrier de mon ciel. Je révolte le matin comme un cendrier des neiges. Je révolte les morts par habitude. Je balance mon alphabet au premier qui bat ma mesure. Je noie le feu de mes lèvres qui remuent qu'aujourd'hui c'est solitaire. Je prends le monde par les jambes, je le ruine en public, je suis la muette création, le vestige de vos hontes, et les doigts caressent cette échelle qui valse, du toit de la pudeur Littéraire. J'ai le parfum d'un cigare éteint.

 

Avec mes yeux ronds comme le monde, noirs comme la nuit, D., je te prépare des souvenirs.

 

Par paresse je me suis mis en retard de ma propre vie. Attendu à des quais en lierre, des trains déjà partis. Je me suis mis les pieds au vent, et les cheveux à la goutte de ciel. J'ai dans les yeux, cette attente étourdie. Je me suis mis en retard à la place saint-paul.

12 mars 2011

Avril.

 

L'étrange sensation de survoler, que rien ne peut atteindre, et que malgré tout, je le plus grand obstacle, la plus cruelle volupté, l'ennemi intime à mon éternité.

 

La terre s'effondre dans le désir qui sépare l'homme de l'enfant, le vertige, Marguerite, le lacet fendu sur le corps, qui permet aux langues de s'y cacher. La blessure entre les deux yeux. Comme un oeil neuf. Tu as mal, et je la chante, cette souffrance, cette putain. J'annonce le ciel qui se renverse. Je prends enfin forme, je n'ai plus d'armes. Nez mouillé. Gosse de vent. Essuie les gouttes de perles. Comme des bâtiments sans étages. Je suis assommé par l'amour. Je me penche sur vous, qui flétrissez comme un couteau dans une chair morte. Amours pluvieux. Je rampe. Je rampe sur le dos. Et je voudrais répéter. On crie dans les rues que l'on perd la virginité.

J'écris parce que mon corps ne me suffit pas. Avec les mots, j'ai l'impression de posséder ma propre peau. 

Petite fille, tu coules. Apprends à nager, reviens, au large, petite traînée, pâle saison, comme il est loin la papier que je caressais, ces lettres que tu écrivais, les heures sont tombées sur le sol, dans cette pièce fade, petite fille, tu coules sur le côté de mes sales rivières, comme il est lourd, l'amour qui attend.

Tu entends ? Comme il est lourd le jour qui ne vient pas.

Ma petite frayeur, gifle l'homme qui tombera amoureux, de tes robes d'hiver. Sonne minuit. Petite fille, apprend le Juillet de ton Août, la voix de Camille hurle et tu proposes l'Ouest à l'homme.

Petite fille chérie, comme il est lourd de s'aimer ici.

Peau mouillée, fenêtre fermée, le vent par tes yeux, le désordre te quitte, tu aimes.

Les sirènes ont des noeuds. Et tu bailles ton miroir. Comme il est joli, ton visage. Tout le monde a cessé de t'attendre. Demain sonne déjà dans la ville. Ta bouche est une distance. La cour te dégoute et tu y danses nue, avec les concertos de Bretchen qui tue leurs pâles visage salés. Il serait temps de m'user. Tu as les épaules dans la boue. Elle est si différente. Personne ne rejoins les amis dans la baignoire. Elle a la peau involontaire. Ta langue s'enfuit derrière un buisson. Gifle-les. Le thé beige qui s'échappe, a mordu tes lèvres pour atterrir dans ma gorge. Qu'allons nous devenir ?

Mademoiselle, j'ai perdu votre piste. J'ai jeté les D.

Aucun mot qui ne me fasse plus peur : Viens. Et pourtant, tu ne le dis pas, et j'en pleure

L'élégante femme s'abaisse. Fouille. Fouille. Je deviens instrument. C'est une peau dans le fond d'un atelier. Elle dit "j'allume", et puis les émotions imposent imposent leur funèbre mousse sur le temps. Elle souffle, et je lui dis "Non". On est en parage. Je suis l'instant qui noie. Je suis le corps pendu aux profils. Et je dégoûte d'écrire. Je n'ai aucun égal. Imposez Madame, bousculez. Les crachats sont suspendus, ouvrez votre bouche. Je ne peux pas non, je ne peux pas, écrire comme ça, comme si de rien n'était. Désobéir aux corps. Je suis ma désobéissance. Non, je ne devrais pas. On dit "pourtant". Je me met en boule, et je sais attraper, la prière des sexes. Je ne suis plus rien. Derrière moi, votre sang n'a plus de goût. Les femmes savent, le bois de la forêt, toujours prêt à brûler, toujours en attente, comme le corps qui donne la première leçon. Je suis l'élève. Mais Madame, les hommes ne sont pas prêts. Je suis encore un enfant, qui ne comprend pas comment se prononce le désir du corps, comprenez, ma passion est aphone, sa voix carillonne de jeunesse. On pourrait tout déposer. J'écris salope. Le lait de la terre, et le foutre dans ta bouche, font de moi, un corps qui te surveille, un corps qui écrit. J'ai avalé tes petites porcelaines. Ta peur est celle de tout le monde, la peur connue. La peur du corps qui échoue. Apprends moi une peur qui s'écoute. L'escrime d'une grâce. Je danse partout, allongé. Les passants s'arrêtent : "c'est pour aller où ?". Je suis trempé, il fait nuit dans le fond du corps, ce soir, je suis danseur à Prague. Et ma douleur est une confidence.

J'ai peur de la fille qui me regarde, parce que je voudrais entrer dans sa vie. Je suis attiré par ce qui ne dépend pas de moi, je suis amoureux de l'absence. Mes amours imaginaires ont toujours la forme impossible. La mathématique pâlit en les voyant prendre fiction dans ma réalité.

Ne plus écrire. Je suis en traîn d'arrêter.

Mon écriture est la maitresse de mes amours. L'on n'aime jamais que moi

Elle quitte les draps, n'ouvre pas les yeux, se cogne aux portes, me cherche et hurle " le mot de passe ". Elle retrouve mon corps jeté en bas de l'escalier

Il pleure, il me rend le manuscrit, c'est l'époux de l'éditrice. Il dit " je ne veux pas en parler, tais-toi, je veux faire comme si je n'avais pas lu. Non vraiment. Comment tu fais ? Qu'est ce qui t'arrive ? Tu peux pas. Non vraiment tu peux pas. Ecrire des choses comme ça. Toi qui est si réservé, tu en dis pas un mot, et là, mais enfin ! Où les trouves-tu ? Je comprends pas. C'est pas bien d'écrire des choses comme ça. Ou alors, il faut pas les faire lire. C'est traitre d'écrire comme ça. Range, n'en parlons plus".

Comme il est loin, le temps qui arrive Maman

Je sens l'odeur des doigts qui descendent jouer.

Seule l'écriture se souvient, plus que le corps encore, qu'un jour il a aimé, et qu'il a désiré mourir

Toutes ces hanches, toutes ces cuisses, ces voix, ces rires, ces nuques, autant de terres battues que de branches à tirer.

Quand je pense à elle, je ne me reconnais plus

Je voudrais attendre la nuit, hors d'un corps connu. Hors de Loriane qui monopolise ma bouche, ma voix. Vendredi soir, encore, à boire à ses lèvres de petites musiques.


Je me souviens de la façon de S de me prendre dans ses bras, comme une protection, contre les autres corps.

E n'est pas là, elle est au milieu de filles que je ne connais pas, alors quand elle dit " ça ne va pas ", j'imagine qu'elles se battent avec les mains, et que je ne les retiens pas.

J'entends des cirques la nuit, et le problème est qu'il n'y a aucun cirque près d'ici

le jeu de l'écriture c'est de se défaire jusqu'à se savoir vraiment. C'est ça, vivre, se défaire jusqu'au noyau premier.

Elle va me mettre au coin, la dame qui parle aux animaux si je lui dis que je suis une chienne. Mais Maman, aujourd'hui, les rues sont pleines. Je veux t'entendre parler de jolies choses. Pendant, que je mords la queue. Les morts me manquent, même si de leur vivant, je ne les ai jamais connus. Offre moi un cadeau mon amour : donne moi mes 20 ans.

Le sexe du vide

J'ai envie de lui dire "Frappe-moi. Ca fait trois mois que je fais tout pour que tu me frappes. Je bois, je drogue, j'insulte, je t'insulte, et tu me souris. je joue à la très petite chose, je m'énerve. Tout pour que tu me frappes. Et tu caresses mes cheveux et j'ai envie de pleurer. " J'aime D.

Un malade s'étouffe avec un collier de perle. La femme. Nue. Sous son long manteau. Elle n'a plus de cheveux. Le désert est dans la rue St Jacques, au bord des cris de Loriane.

 

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