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4 mars 2011

Enfance.

"Ce sont les gens qui dérangent qui avançent".Et moi, je soupire.Quand j'avais dix ans, plus rien ne me dérangeait.J'étais même plutôt du genre à tout accepter.Anne me bousulait.Mes parents gesticulaient. Ma soeur me mordait.Mon frére s'amusait.Les professeurs criaient.Les éléves jouaient.Et moi, rien ne me dérangeait.J'étais facile.Et léger.A dix ans, j'avais le gôut de la pomme fraîche que l'on vient de faire passer sous l'eau pour pouvoir croquer dedans.A dix ans, je ne savais pas ce qu'était la colére.Je faisais attention à ne brusquer personne.Le chien de l'époque qui haletait aprés m'avoir couru aprés dans le jardin de Diane.Son odeur de cheveux mouillés.Rien ne me dérangeait.A dix ans, j'ai écrit : "Quand j'oublie que demain je me léverai une nouvelle fois, je panique : j'ai peur de provoquer ma propre mort".Dans un petit cahier à spirale.A dix ans, je voulais apprendre ce qu'était la colére.Ce qu'était ce renard qui éternue dans le bassin.A dix ans, je ne dérangeais personne.On disait de moi, que j'étais calme, et plus mâture que la plupart des autres enfants de mon âge.Mais l'on a toujours construit autour de moi, une sorte d'image lisse et douce.L'on m'a toujours inventé un personnage aux allures de jeune garçon sage, au début.L'on a toujours construit autour de moi, une éspèce de "mythe" qui me faisait passer pour quelqu'un d'autre, en mieux ou pire.J'ai toujours attiré la lumière ou l'ombre.J'ai toujours attiré les compliments inutiles et mesquins.J'ai la peau lisse.Et la taille fine.On ne se doute pas un seul instant, "du reste".Quand je regarde les photos, j'étais plutôt mignon. Peut-être que c'est pour ça, l'inconnu.J'avais les cheveux un peu bouclés, la peau plus mâte, et le sourire malicieux.Et quand je me mets à relire toutes ces pages de ce cahier, je me trouve d'une beauté différente, plus malsaine, la peau transparente, et le sourire qui coule sur le menton.Quand je relis, cette petite écriture, je me dis que finalement, c'était moi qui me dérangeait.Je ne dérangeais personne.J'étais mon propre dérangement. Ce que personne ne connait, celui qui se cache, et cache le moment, et l'acte.J'aimais provoquer en moi, ce que les autres ne savaient pas faire.J'aimais me déranger."Quand il commence à y avoir de la poussiére dans ma chambre mon journal, je refuse de balayer : c'est un peu de moi".

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4 mars 2011

Une idée, juste une idée.

 

Avec ta chemise bleue et les fines céramiques blondes qui chutent dans ta nuque, délaissée. Tout ça est trop petit, tout ça ne va pas, tu comprends. Je me mets à guetter, le foulard à ton cou, ta paupière qui tremble avant de s'endormir. Le dernier souffle qui réchauffe la langue avant que tu ne retires ta bouche. La dernière goutte avant que tu passes ta main sur ta faim. Je guette quand tu tousses, la dernière raclée qui t'étoufferait. La dernière mèche qui tombe et t'embête quand tu attaches tes cheveux dans une tresse parfaite. Le pavé moins droit sur lequel tu butes. Je guette, l'oiseau qui pourrait griffer ton crâne dans les rues et te faire saigner. La trace de maquillage imparfaite sur tes yeux. Le trou dans les collants au niveau des genoux. La dent qui s'apprête à tomber, balançant entre les gencives ensanglantées. La veine qui bout au poignet, et dont on devine la forme, celle qui s'apprête à éclater. Je guette, les doigts moites qui s'approcheront de sa braguette. La photo qui se déchire avec le temps sur tes murs. Le cheveu qui reste dans ta baignoire. Le vernis écaillé. La griffe recouverte d'un pansement dans le bas du dos. Je guette, le pansement sale, et le sang femelle. L'arme qui resterait au fond du sac à main. Je guette la berceuse qui déraille dans tes cauchemars. La tâche que tu essuierais. Ta peau lunaire qui fondrait comme la bougie qui sue. Les bulles de champagne qui s'apprête à piquer tes yeux quand tu ouvres la bouteille. La marche sur laquelle tu vas déraper dans les escaliers. La porte qui va se refermer sur ton nez. La sonnerie qui va raccrocher. La lumière qui grillera ton ventre dans ta chambre. Je guette la clé qui n'arrivera plus à ouvrir ta cage. La babine qui se retroussera. La prison d'un emploi. La pluie qui mouillera ton front. Le manège qui te fera vomir. Je guette le tissu de ta robe qui s'apprête à craquer. La page du journal intime qui te fera honte. Le petit lit en or blanc qui se fendrait en deux. Les traces dans le fond des draps. Je guette la lettre que tu pourras déchirer. La cheminée qui s'apprête à cracher son feu sur ton visage. L'auréole sur tes yeux bleus, tachés, liquides. Le jus que tu avaleras de travers. Tes oreilles percées qui saigneraient de tes bijoux trop lourd. Ton cou qui se casserait dans la colère. Je guette, tu vois, je guette. Je guette sans cesse. Sans cesse. Cesse. Sans. Vraiment. Je guette, ce qui me permettrait de t'aimer.

 

4 mars 2011

J'ai monté la nausée jusqu'à la dignité du sentiment.

 

"Tu n'as pas le droit." C'est une première phrase. "Tu n'as pas le droit." L'hôtel est bondé de monde, les femmes marchent sur les bouts de robes qui traînent comme une queue inachevée des autres femmes, les hommes cognent leurs gencives sèches sur la coupe de champagne de leur voisin, ils échangent, elles dramatisent. C'est un préau réservé pour les gens riches. Les lumières ouvrent l'élégance sur leurs visages graves. Comme des cuisses qui ouvrent le point sensible. Madame est belle, un haut noir s'accroche à sa nudité, ses cheveux souples frottent son dos, un maquillage violet alourdit ses paupières, violet comme un ciel d'hiver qui n'en peut plus, et sanctionne les yeux d'été. Son corps long et douloureux recouvre ses pensées timides. Tu n'as pas le droit. Fermez les rideaux. Oui, comme ça. Un homme arrive vers une bouche, il tend une allumette en feu, une cigarette se décompose, un sourire tombe en cendres dans un décolleté déjà conquis. La facilité me fait signe de la fenêtre. Je lui souris. Oui, il ne pleut plus depuis des années. Hier j'attendais dans les couloirs, j'ai dit, tout dit. "Tu n'as pas le droit." On m'a répondu "tu n'as pas le droit". Alors, conseiller de donner, des mots, comme ça, qui ne veulent rien dire pour les autres. Déplaire, parce que tu es l'absent, l'arrogant, celui qui va vite, alors déplaire, être insupportable pour fixer le miroir en se déshabillant. "Je te déplais. Tu n'as pas le droit." On en est à la deuxième phrase. Te déplaire. La première page d'un roman qui commence par "Le premier mot, c'est quoi déjà ?". On en est là. Dans les couloirs, il est arrivé, il a soulevé la foule, il a dit "urgence". Et puis après, dans le bureau, un autre a dit "tout commence là". Urgence, je ne le veux pas pour troisième mot. Sous le préau, ils miment mes muscles. Quand je danse, on danse. Quand je tape des mains, on tape des mains. C'est comme si j'étais sans âge et que je me précipitais. Précipice. Urgence j'accouche de moi-même et c'est une solidarité vulgaire. C'est horrible, c'est horrible, c'est horrible, viens, viens, pour s'endormir je vais te raconter une histoire, mille fois. Mille fois je te la raconterai cette histoire, mes lèvres vont devenir blanches, il n'y aura plus de sang, elles vont devenir limpides, claires, et molles, elles couleront comme de la gelée, elles vont pourrir dans la narration. Et la nuit, la nuit, ça sera à cause de. L'autre mot, la nuit, qui fait gercer mes lèvres, mon quatrième mot. J'accouche de moi-même, et à travers la fenêtre, la lune tombe sans bruit, ma place se fend. La place que j'avais, dans les cimetières à treize ans entre les tombes à jouer à cache-cache avec ma tristesse, la place que j'avais, sous le lampadaire de Paris, dans l'intimité des gestes. La place que j'avais sur les genoux de mon père le 23 Juin, non non je ne peux pas quitter les bras. La place que je devrais avoir dans ta bouche. Je voudrais voir comme tout revient, comme tout est un cartilage froissé. Je voudrais voir, mes muscles concentrés qui vont broyer ta langue où je suis déjà passé. Je voudrais, augmenter le son des bruits gluants. J'ai l'âge que me donne l'écriture, je l'ai déjà prouvé. Je te parle d'une robe qui danse seule. Tu n'as pas le droit de partir. J'ai le bout des doigts abîmés par les couloirs qui se referment sur moi. Qui se referment sur Londres. Alors il fallait que je frappe à la porte, que je passe le premier, qu'il y ait urgence, il n'y avait que mon corps, qui n'était pas un corps. Qui était ce quelque chose fragile et qui se soumettait à la pierre. Ce quelque chose à demi ouvert, sans armes, et qui s'étalait sur le mur. Je peux entrer. S'il te plaît. Je dépasse le monde, je ne respecte pas la foule polie, je bloque le passage, je bloque ta porte, j'arrache la patience de l'abbé. Moi, avant. Moi, ils ne savent pas. "Tu n'as pas le droit. Retourne là où tu étais. Tu dois attendre ton tour, tu me déplais, il n'y a pas d'urgence, même si tu dois attendre jusqu'à la nuit." Voilà, c'est là que la première phrase s'écrit. Tu es belle. Marion est morte. Sali son petit haut blanc, de rouge vilain. Sali. Sali. Et le préau gronde de crise. Mn, je l'ai vu. Laissez moi vous raconter, avant tout le monde. Laissez-moi vous raconter, la soirée aux couleurs d'or, ils ont tout caché dans les bouquets. Dieu, les pavés dans ta gorge, ils ont tout caché, Tu es belle, tes yeux bleus je ne peux plus, c'est un visage privé d'oxygène. Laissez-moi vous dire, avant que les murs ne veuillent écraser le secret. Tu n'as pas le droit. Avant que l'on ne vous dise "cette vie là, c'est pas du vrai". La vraie vie s'endort avant minuit, sauf quand elle boit. Qu'on me dise "il faut grandir, tu es un enfant". Je suis vivant. C'est un état rare. Je suis le dernier, des vivants.

 

3 mars 2011

"Et si je t'aime prends garde à toi".

 

Je prépare afin que je puisse dire "tu vois, je peux t'accueillir". Tu vois, tu peux venir, je suis prêt. Le dos rond qui se fend sous les caresses à toute volée. Moi je ne suis pas comme eux, moi je ne suis pas comme vous. Mes nuits sont pleines d'impatiences, de figures étranges à la peau de vase. Je ne supporte pas d'attendre, et j'attrape tes lèvres avec ma main pour te les envoyer à la figure. Moi je ne suis pas comme vous. Papa dit "si petit, si petit, si petit". J'ai de la violence partout sur mes murs. Trop fragile cette fois. Quand je traverse la rue avec ce pantalon trop serré, qui fissure mes cuisses comme on taille dans de la glace flamboyante. Il y a cette lecture, devant la classe, mes 13 ans, et puis il y a cette phrase du professeur "Ce jeune homme est fou". Tout dire, simplement. Faîtes simple. Posez des mots, comme on pose des fleurs sur une tombe, et allez-vous en, ne vous retournez pas, continuez à marcher, en tirant sur votre jupe et en vérifiant votre chignon décousue, dans les coins, les recoins, rattrapez les mèches qui font négligé, essuyez votre maquillage qui date et coule au coin de vos yeux. cent ans. cent ans que vous portez ce fard à joue. cent ans que vos talons se prennent dans les pavés. cent ans que votre poche est pleine de graviers. Alllez faire vos ricochets à la rivière du Mont, respirer les airs frais qui s'enroulent dans votre chevelure. Allez émietter votre odeur sur d'autres terres. Faîtes simple Madame, vivez dans un sourire intact. Un mariage. Tout commence là. Tout commence dans les rapports qui n'en sont pas. J'ai appris l'amour avec ses doigts. Une corde, cachée derrière les toilettes, après l'amour. Pendez-vous petite fille, j'ai attrapé ta bouche. Cacher les couteaux sous l'oreiller, s'endormir avec l'odeur de la lame en argent qui respire sous le tissu. Avoir un sommeil animé, et découvrir dans le bidet, que ce que vous perdez, c'est du sang, c'est l'enfance. Un animal de charme. "Ce jeune homme est fou". Défier du regard les hommes que vous croisez avec maman le samedi après-midi, et planter une main assassine dans l'entre-jambe en secouant ta jupe trop courte, pour les inviter à regarder les lames de couteaux. Le spectacle féminin. Crier, crier, crier, quand votre mère vous demande d'arrêter, ploiement, sans trop de bruit, pour éviter le scandale, et se débattre avec sa haine, en se jetant aux pieds des hommes pour y déposer une salive fraîche sur des souliers cirés. Achever un travail, toujours, un travail sur soi. « Redresse-toi, qu'est ce qui t'arrive, t'as pas honte ». Défaire les boutons d'un corsage en récréation. Désobéir à la propreté. Etre la colère. Mon enfance m'a appris à devenir la colère. Ta féminité m'a appris à la cacher. Etre la colère et ne pas le révéler. Ne pas réagir, quand le professeur dit "Ce jeune homme est fou". Quand un adulte arrive dans la cour, pour vous rhabiller. C'était mon réveil heureux. Mettre des plumes dans son sac pour ne pas casser. Trop fragile cette fois. Quand dans les tiroirs, on coupait aux ciseaux les vêtements, quand on mettait le feu aux voitures dans le quinzième. Et attendre patiemment, dans le coin, prêt de l'armoire, à quatre pattes, les gestes de colère de maman quand elle arrivera, les cernes sous les yeux qui gonfleront, et essayer d'empoigner son bras pour lui demander de se calmer. Calme-toi maman, il fallait que je le fasse, calme-toi, il fallait que je vois ta colère. Il fallait descendre sous la table pour se traîner comme un chien Il fallait avoir dans le ventre, un prénom d'écolier, sur une liste de victime. Avoir un tempo calme et suave sur des musiques extraverties. Moi je ne suis pas comme vous. Je n'ai rien su, j'ai tout vu. La niche qui prenait feu, et les premières jupes qu'on ne redressait pas. Caresser l'écorce avec les pieds et frapper, frapper dans l'arbre quand maman arrivait en courant pour me demander de ne pas me salir. Frapper avant, avant que ça ne se sache. Pour les autres. Le secret de la colère. Tout commence là, dans cet enseignement. Quand les petites filles du voisin frémissent d'ennui l'été dans le jardin, et qu'elles m'invitent pour se divertir. La solitude héroïque. L'apprentissage. Les faire rire sous des nuques carnassières. Faîtes simple, Mademoiselle, faîtes simple. Tenir dans sa paume un bout de verre peureux, Toi, quand tu marcheras dans le cimetière décoré de ton appartement dis-toi que ce qui te servira de miroir sera déjà le marbre final. La grande brune marquée de traces de freins sur le front. Faîtes simple. Regardez-vous et trouvez-vous jolie. Céline dit "si pur, si pur, si pur" en parlant de moi. Le lacqui reste collé à ton ombre, pour garder en mémoire, cette histoire là. Margot dit "de l'amour, de l'amour, de l'amour". Monte sur les toilettes de la petite école, accroche la corde et y pendre mon désir. Ouvrir le ventre d'un renard avec l'orteil et le plonger dans les boyaux comme dans du sable blanc. Cette lecture à 13 ans, qui me ramène à mes origines. Colériques. Et au lieu de ça, au lieu de déposer ses fleurs comme des mots sur la tombe, et de partir, serein et calme comme la victime accomplie, au lieu de ça. Déposer les fleurs, monter sur la tombe, les piétiner avec des talons convoités et propre, tirer sur cette jupe, toujours trop courte, essuyer un rouge à lèvres sang honteux avec la paume de la main, se retourner plusieurs fois en repartant, serrant les poings pour ne pas se mouiller les yeux, renifler une pluie d'or fine et si lourde qu'elle abattra la première rose sortie des eaux, jeter les ricochets sur les passants parce qu'il est quand même là l'effroi, parce que je l'ai dans les veines cet amour, révéler l'histoire, le rythme grand ouvert, cent ans que je suis prêt pour toi. Cent ans que je ne suis pas comme elles. Ma bouche trébuche sur les pièges de tes yeux bleus et louches. Tu vois, je peux t'accueillir, quand je tire sur la jupe trop courte, ce n'est que le souvenir d'une main qui n'a pas su l'enlever. J

Trop fragile encore. Trop silencieuse

réalité.

Je ne sais pas comme vous faites

vos petites vies, vos petits gestes

c'est trop étroit pour moi

la normalité sentencieuse

je suis la colère et l'émoi.

3 mars 2011

il y a mille maladies dans une rime.

 

J'ai entendu les nuances d'un talon qui se déboitait. Je vide mes muscles dans un visage fantôme, qui traine derrière les murs, comme une ombre peureuse. Normalement, tout va bien. Normalement, je prends ta main, je t'emporte, je t'embrasse, et la mémoire repousse. Normalement, il y a des indices cent, un peu partout sur nos peaux. Ce sont des preuves, pour les détectives, quand, je disparais, la nuit, derrière tes soupirs, quand je t'agace, tous les jours, que je te vois. Il faudrait séparer la maladie et la Valise amoureuse. Comme je m'écorche avec le voyageur. Viens. Normalement, je passe tout ce qu'il y a d'obstacles sur moi. Les cheveux, le menton, et la poitrine. Les obstacles osseux. Ne pars pas, je t'aime. J'obéis aux pensées, qui recommencent toujours, après les lèvres délicates, après la mer qui se déchaine, après la mer qui cisaille nos corps en deux. Tout s'enchaîne. Je te vois, tu la vois encore. Tu la verras. Toujours. Il y a la mer, l'océan, il manque la sécheresse. Tu la vois « belle ». Je suis derrière la fumée. On m'appelle le tyran amoureux. « Tu es une larme » Le processus murmuré, couché, indomptable. Je demande à la peur de s'asseoir. De croiser les jambes, de renverser la tête en arrière, et je crache dans une gorge sans fond. Tout s'enchaîne. Je place la peur sur la chaise en bois, le désir sur la table en brume, et je lui demande de s'allonger, d'écarter les jambes, et je plante la flèche dans un sexe sans fond. La peur sur la chaise, le désir sur la table, je demande a la colère de rester par terre, je lui demande de s'accroupir, de plonger la tête dans ses mains, de ne pas me montrer ses yeux, je tire ses cheveux sans fins, et m'épuise sous son ombre nocturne. Tout s'enchaîne. La tendresse, elle, je le mets sur les paumes, au rebord des fenêtres, je la caresse dans le dos, et je la pousse discrètement du genou la colère, vers un vide sans fond. D'accord, la pièce est immense, le reste des peaux des sentiments, sur le parquet. D'accord, normalement, après minuit, il fait trais chaud. Va mettre ta robe d'avocate. C'est l'heure. Tu dois plaider, le sort du ciel, tu dois plaider, la vie des amoureux. Mais qu'est-ce que vous croyez. Que c'est ici, que tout va s'étaler, que tout va dégouliner. Je trempe ma fièvre dans un incendie mouillé. Et toutes ces images, ne sont que des images. Je peux bien prendre votre main, la faire danser dans le feu, et vous dire, que. Cramée, là. Dégage la. Je sais respirer, Je ne souffre pas, la douleur est dans le cuivre de ta ceinture. Ca ne reste pas les marques, je te le dis*, ça ne reste pas les marques, de ta ceinture, sur le dos. Tu pourrais me les montrer, je ne les verrais pas. C'est comme le vent qui serre mon ventre, qu'aplatit ma poitrine, qui plaque ma bouche, c'est comme. Une force. Je voudrais une force. Ca s'achète dans les paumes de mains. Allez, frappe le visage, n'ai pas peur de mon enfance, des restes de fragilité. Je suis un petit garçon, j'ai treize ans, et j'ai déjà connu une femme, une vraie, avec la poitrine lourde et les mains dangereuses, elle disait à mes parents « il est brillant » et depuis je ne veux plus être brillant, je veux être sombre, je veux être la nuit, je veux imiter les instincts des méchants. J'avais treize ans, c'est loin, un sexe de treize ans dans la bouche d'une dame. Qui dit, fait comme ça, ne te recroqueville pas. J'ai mis mon innocence entre deux lèvres. Je ne savais pas. J'étais sage, je n'avais pas encore des images dans les narines. J'avais treize ans, elle m'a dit « ce n'est pas un viol ». N'ai pas peur de brusquer. Offre-moi une force, comme un masque puissant. Offre-moi des marques sur le visage, que tout le monde verrait, que tout le monde craindrait. Je sécrète une lutte dont je ne comprends pas le fonctionnement. Je t'aime. Je demande au voyageur de s'en aller, va-t'en voyageur, dégage, reprends tes valises déformées, tu ne connais pas l'endroit où je veux aller. Tes bras, seule destination. Je fais craquer une pression, sous le soleil, quand j'imagine ta main. Ta main qui. « Tais-toi. » Tu peux bien sauter sous les trains, voyageur, tout en moi est privé. Ma vie est privée. Privée de vie quand je nous tue. Je n'irai pas chercher, le sang, pour lui prouver que je l'aime. Je n'ai pas d'amour évalué. Je n'ai pas d'amour qui leur ressemble. Je n'ai pas d'amour écrit. Je n'écris pas. Je n'écris plus. Mon histoire empeste dans les rues. Je laisse derrière moi, des gouttes, des miettes, des ruines, de mon histoire. J'ai tendance à être fou, à dériver complétement, obsédé, sur un point fixe, jamais tranquille, j'agresse les autres voyageurs, légers, et sûr d'eux. Mon voyageur, commence par trouver que le sol est déséquilibré, et finit par ramper, rapide, sur les rails imbibés de pleurs. Le point fixe. Ses yeux. Le bleu de toutes les couleurs. Le point fixe. C'est. Le point, à fumer. Fumer le bleu. Ca y'est, j'y suis presque. Fumer le pansement de tes yeux. S'enfoncer dans la rue qui abuse d'elle. Tu as une rue pleines de réactions, d'agressions, de peuples, dans les yeux. Et je m'enfonce. Je m'enfonce parce que je te connais et que je ne te vois pas. Je marche, je pleure. Oui, je tombe loin de toi. D'accord, je n'irai plus chercher les aveugles dans leurs sauts en l'air. Je n'irai plus critiquer un public immobile, leur dire, que. Pauvres langues, essoufflées. Ma grossièreté s'échauffe dans le ventre. Elle égorge des mots, que je n'arrive pas à entendre. Je pourrais dire, bande de. Quand le paradis n'est pas très loin. Je ne crois pas en Dieu, et je vais faire pleurer ma mère. Tu sais quand j'y pense, je pense à. Souffle, poitrine, treize ans, langue. Tu sais ce qu'elle fait la langue ? Elle tourne. Elle cherche. Elle caresse. Elle rachète la Vie qu'on a oublié, dans l'indifférence. Je ne suis pas une fille. J'ai la tête qui tourne. Je n'attends pas une parole correcte pour partir. Je suis décousu. Mes fils ne sont pas résistants, je suis traîné par la terre, dans le fond d'un bois qui n'existe pas. Regarde je suis allongé, je suis calme, tu apercevrais à peine les battements de mon coeur sur ma poitrine, j'ai la main droite posée sur le rebord du lit, et l'autre main, moite, sur mon ventre, comme une main morte, j'ai ouvert les fenêtres, je n'ai ni chaud ni froid, je ne suis ni triste ni gai, mes cheveux ne me tombent pas sur le front, je les ai mis en arrière, j'ai les jambes à demi écartées, dans une position que je n'ai pas calculée, j'ai les yeux ouverts, je ne regarde pas le plafond, mais je regarde dans sa direction, ça n'est pas le plafond que je vois, pourtant. Je ne vois rien. Je suis calme. et puis, au bout d'un moment, tu t'approches de moi, et moi je reste immobile. Tu me demandes pourquoi je pleure. Je n'avais même pas remarqué que je pleurais, je ne l'avais même pas senti. Je te dis des choses à l'intérieur, sans te les dire, silence. A l'intérieur, ma salive s'échauffe. Je te raconte tout. Le voyageur que j'étais en train d'imaginer, les sentiments qu'on peut placer, tu sais, les sentiments qu'on contrôle, je les plaçais, dans une pièce qui aurait été comme, la pièce intime, la pièce dans la tête, à l'intérieur j'use mes paroles à te raconter, j'imaginais ta bouche sur moi, le soleil qui tape trop fort, à travers les murs, dans cette chambre, les muscles qui ne répondent plus, j'imaginais un talon qui me fracasserait la mâchoire, m'empêcherait de parler, de raconter, des rails, des traces de lumières dans mes souvenirs, j'imaginais, fantôme, une ombre, une ombre, qui ne ressemble à aucune autre, et j'imaginais la maladie, d'un homme qui porte une valise, j'imaginais un coeur tremblant, gonflé de sang, dans la valise, la maladie, avec l'idée fixe, de la peinture bleu qui me piquerait l'oeil, j'imaginais, crever la goutte de couleur pour y déverser la mer sur moi, la mer pour cacher que là. Là je pleure. J'imaginais, le mot "Normalement", qui tanguait dans mes bosses. Normalement, je n'ai aucune raison de pleurer là. J'imagine que tu l'aimes et qu'il n'était pas là, c'est tellement bête, tellement, j'aimerais que tu ries de moi – et sûrement le fais tu quand tu viens lire ic, que tu me dises que je suis un petit sot, que j'imagine n'importe quoi, que je devrais dormir, ou danser, que la folie, ma chérie, la folie. Dis-moi que ça n'existe pas. Dis-le. Dis-moi que la folie de ne pas être entendu ça n'aveugle personne, que d'aimer ça ne fait de mal à personne, que chaque matin, tout est normal. Dis-le, normal. Tout est normal. Que l'histoire est normale. Qu'il n'y a pas de cliniques où l'on soigne les obsessions. Que c'est ridicule d'imaginer tout ça parce que. Parce que tu l'aimes et qu'il est là. Pourquoi je l'imagine. Normalement il est là. Dis-moi que normalement, toi tu restes. Que tu es derrière la porte, que tu entends ce que j'imagine à l'intérieur, que tu vas entrer, là, en souriant, et que tu vas me dire que tout est normal. « Normal Najib ou Jonathan, ou personne ne sait, arrête d'imaginer que je ne suis pas là, puisque je suis là. Touche-moi, je suis là. Arrête de pleurer, arrête d'imaginer que tu crèves mon oeil, puisque je te regarde. » dis-moi que tu vas rentrer, que normalement, puisque je t'aime, tu es là.
« Pourquoi tu pleures ?. » Parce que je ne suis pas dans ma vie quand tu n'es pas là.

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3 mars 2011

Toute ma vie je te la tends.

 

Je n'ose pas. J'hésite. Là, ça touche. Je pourrais le dire. Je pourrais le dire. Dire que là, c'est l'obsession. Je suis dans le point de mire. J'ai la flèche qui éjacule son poison dans les veines. Là, maintenant, à ce point précis, le corps danse sur la terre inconnue de l'écriture. Celle qui obsédée, tourne. Tourne. Le sujet du monde. Je me répète. Le sujet du monde. Là, à ce moment précis. Je pourrais le dire. Je te le dis. C'est comme la nuit dernière, quand tu as craqué tes mots, dans le noir. C'est comme cette sensation, qui supprime la lumière, le corps se craque, sans bruits, le corps cède. Le visage en plastique, je deviens nouveau. Et toute ma vie, j'essaierai de poser les mots, sur cet amour, qui prend les yeux pour les laisser baignant de ciels ouverts. Toute ma vie. M, je te le dis. Tu ne comprends pas. C'est comme te mordre l'ombre blanche de ta lèvre inférieure. Jusqu'à la faire saigner. C'est ce mouvement que tu as eu pour me faire reculer. C'est ce silence de la honte. C'est ce sang qui coule, sucré et amoureux. C'est ta gifle à toute volée ensuite. C'est moi, qui te retient violemment par le bras, c'est la vulgarité de ma grimace. Çà ressemble à ça. Là maintenant. C'est cette brûlure sur la chair fine des lèvres qui gonflent sous les dents qui mordent, et serrent, serrent. Toute ma vie, à décrire ce moment là. Je te le dis M, c'est comme cette enfance qui met la main sur moi, c'est comme cette violence, et cette douche que tu prends ensuite pour te laver, c'est cette lutte contre le désir, et cet évanouissement du nœud qui bave. C'est l'émotion allumée. Toute ma vie, vraiment. Toute ma vie.

3 mars 2011

sublime : syncrétisme de l'ignoble et du beau.

 

 Ce qu'il faudrait dans les manuels, c'est l'explication du désespoir et de la douleur. La douleur ne peut rien sur moi, je veux dire rien de façon définitive, elle ne peut pas altérer ce qui est déjà brisé, elle ne peut pas brûler celui qui n'a jamais guéri de la fièvre. La douleur ne peut pas m'atteindre, jamais. Il faudrait, des lions qui ont mal dans leur savane prête à fondre comme les vieillards qui posent leurs bouches ridées sur les deux seins de la mort. Moi, je connais une dame qui habite au dessus de nos têtes, et qui n'a peur de rien. A midi, il y a un processus de libération enclenchée. A l'heure où le soleil trempe sa queue dans nos verres d'eau. Ce qu'il faut boire, ce ne sont pas les paroles. Quand le miroir sort de la fragilité, regarde-toi, qu'est-ce que tu bois, il dit qu'il t'aime, il c'est moi timide, l'émotion rouge, gonflée de sang, qui t'arrache les dents, à midi. A minuit, tu m'arraches les cheveux. Les gencives se défilent. Il y a des reflets, obsédés par la douleur qui ne m'atteint pas. Derrière la vitre. Je t'aime. Tu sens l'herbe te pousser entre tes omoplates, les fleurs qui plantent leurs racines dans ton dos. Quand il dit je t'aime, c'est moi, des mots comme ça, des mots qu'il te faut boire, tu te souviens que dans les manuels d'histoire, il était écrit, que la douleur était désespérée. Inventée le 4 juillet 1765. La douleur est vieillie, la douleur va mourir. Et ça, tu t'en souviens, quand je dis je t'aime. La douleur traîne dans un lit d'hôpital où les infirmières passent, pressées. Nous on s'en fout. Tu te penches pour le paysage, pour que le tronc de l'arbre grandisse sur ta bosse. Sur la poitrine que la main attrape. Les amoureux ont des horizons plein le dos. Les vérités c'est moi La liberté c'est de refuser de boire les paroles des autres.A midi, la queue se fend, le soleil se noie.
Dans les bouches, on a éteint les lumières, l'obscurité, cherche à te perdre. Elle ne t'aura pas. N'avale pas les raisonnements séculaires. Des raisonnements littéraires, raisonnables, scientifiques, pré-pubères. Des raisonnements qui pourrissent sur une étagère en verre, des syllogismes de juriste. Si A est Riche, que B l'est moins, alors A est innocent. Il y a plein d'adolescence dans la révolte, parce qu'il y a plein de cette pureté désespérée qu'on y trouve. A onze je refusais déjà d'obéir, je ne faisais pas mes devoirs, je jouais du violon, et je l'avais appelé « Vlad » parce qu'il me suçait tout le sang. Je jouais du violon, et les voisins n'en pouvaient plus ils disaient « toutes les nuits quelqu'un meurt dans un cri chez vous » et je faisais gémir le violon, je lui arrachais les derniers sanglots, tant que le coude allait encore. J'ai lu, je suis passé, à douze ans dans la taïga, j'ai visité les pays de légende, à treize contre les seins du crime, contre les seins de cette douce violeuse, de Marguerite ma douleur, je découvrais l'enfer. Cherche à pâlir. N'ai pas peur de pâlir, à te confondre avec la fondue de la lune. Ne ressemble pas aux autres, ils ont des visages d'incestes. Il n'y a aucune parole qui mérite d'être bue, mais celles-là, Celles qui disent, je t'aime je te les renverse dans la bouche : un coup de pied dans leurs étagères qui puent le professeur. Ne protège pas le verre comme ça, laisse-moi le casser. Casser les espérances misérables, confortables des autres, des quelconques, ceux-là qui ont des projets, ce sont des astronomes du vide, leurs météores sont des billes de poussières. La peau, on peut la couper, l'argent, on peut le voler. Rien ne tient en place. Ne sois jamais tranquille. Nous sommes le torrent Dans leurs étagères, des limaces pleines de sang qui se recroquevillent dans les coins. C'est la réussite qui s'obstine. Anéantir, rater. La victoire leur pend au nez. La Victoire, ça n'existe pas. Il faut pouvoir casser le mur, faire saigner la plaie, mettre les doigts dans la prise, rompre les fils de la peur au ciseaux, il faudrait pouvoir se prendre, et redescendre avec toute l'eau du monde dans notre ciel. Avoir toute l'eau du monde à déverser sur la terre. Le vrai lecteur c'est celui qui ouvre la fenêtre, se penche, et saute en éclatant de rire. Le vrai auteur c'est celui qui va le ramasser ensuite. Ca n'est pas une réparation, c'est une destruction, des choses plates, des univers fades, des cours d'ennui. Affronte tes peurs avec tes crocs, avec tes doigts, ne les bloque pas avec tes amygdales blessées, tes poumons peureux. Prends. Avale toutes les peurs du monde. Le ventre est un sac d'émotions, perce-le. La vie dans notre amour, l'ennui dans mes études, le feu dans ta bouche. Tu me dis « Rampe dans les classes où les autres restent sagement assis ». Je brûle leur poèmes prétentieux et lourds comme la pierre boutonneuse. Toi, tords-leur le bras, quand ils veulent regarder l'heure. Nous, si calmes que toutes les guerres du monde se taisent. J'aime t'imaginer ne pas faire attention de l'endroit tu marches quand les autres mettent du temps à traverser le pont. Mais tu es trop sage. Ton bonheur est sage. Bien élevé. Il n'a pas de voix. Si je trouvais le philtre, je le renverserai comme un oisif, si je pouvais être heureux je le dépenserai d'un coup, j'en payerai à tous les malheureux jusqu'à l'épuiser, et quand il sera bien maigre, je le ferai boire dans mes yeux noirs, dans mon visage laid tout le malheur, ça lui fera des muscles de crime. Renverse la jeunesse dans les quartiers froids. Je détourne la tête quand les autres surveillent leurs vies. Je vomis dans leurs mains, quand l'odeur de savon règne sous leurs ongles, dis-leur de se taire avec leurs conseils grossiers, tu me dis « descends de ton siège, descends de ton estime, descends de tout. Retire ta veste et jette là au vent, dis au monde qu'on pas le temps, qu'il faut vivre ». La dame qui habite au dessus de nos têtes, à midi, renverse ses pleurs sur nos épaules qui s'attachent...

2 mars 2011

Secessionnaire.

Je voudrais t’inventer une langue méchante, pleine d’aspirations cruelles. Je voudrais te la mettre dans la bouche comme une lèvre que tu mâches, et qui te gémirait dedans, avec tous ses souvenirs d’antique métal, une chose unique, un diamant pris du fond de l’âge, une goutte d’un vin captieux, prisonnier de l’ambre agréable. Le rubis des précaires. Parce que je t’aime, je voudrais écarter la réalité comme un vieux souvenir, comme l’impiété que le prêche du pèlerin fend, comme la blessure que le baiser amoureux diminue. Il y a des bouches que l’on sait faites pour l’amour, où l’on voudrait ôter tous les bruits, tous les sons, où la parole est un artifice, une exagération de l’amour, ces lèvres comme les tiennes fines comme des caprices que l’on voudrait isoler des dialogues, retrancher à la conversation. Ta voix je veux la mettre en prison dans mon corps d’enclos. Tes lèvres d’aube, où le crépuscule cent fois est venu tenter sa chance avec ses désespoirs, mais trop de joie, trop d’amour, trop d’une rage stupéfaite d’avoir vu ta rétine se décoller de larmes, s’est noyé à la vision de tes berges. La crampe amoureuse. Cent fois, le glouglou de tes eaux dignes, cent fois les digues lacérées de tes paupières coulaient dans la glaise souple les habiletés de la nuit, ses lisières, ses sapins, ses tombeaux. Tu as tout enterré. Tes lèvres tu les fais luire d’un autre baume que le malheur, d’un baume qui m’étonne toujours quand je le vois faufiler comme la peau d’argent des vipères de légendes, ce fluide de lianes, de violences, ce baume qui s’enflamme comme l’alcool des naufrageurs dans le sein gris du récif. Tu as des lèvres dans un visage construit autour du silence cruel, dans les yeux roués d’intelligence. Tu me bouleverses. Je parle beaucoup, mais je ne dis rien, je n’aime pas délivrer ces choses de moi qui sont plus de l’orgie du métal souple des fleurs carnassières que de la parole molle, légère, citadine même de tous les civils. Mon dedans est militaire. Je fais semblant. Semblant, pour la normalité, pour l’usage. Semblant pour simplement me permettre moins de vivre que de durer. Ce n’est pas se confondre, se mélanger, je suis d’un caprice insensible à l’alliage, répudiant toute fusion, je demeure absent à la plupart des réalités extérieures, je suis toujours d’une étrangeté malade que je rends –souvent- supportable. Je déborde comme un fleuve boudeur, je ne suis pas le Styx encore pour mordre neuf fois les visages. Je tempère les chaleurs de moi, et si je converse c’est comme une usine qui recrache sa fumée pour refroidir ses rouages blessés d’effort. Mais je n’échange pas. Je ne suis pas parmi eux. Je propose une idée de moi. Mon ombre. Je parle pour suer, pour redonner à ma peau la couleur pâle des tolérés, pour qu’on admette ma forme irréelle, prise dans le déambulement des cauchemars, des crises de nerfs qui me paralysent. Il arrive, que mes paniques me dominent, et quand les gens me font face, je dois mimer des habitudes. Ma parole hésite, bégaie, je résiste à la douleur. « Ne rien laisser voir de mes nerfs de ciseaux ». S’il fallait un langage pour moi, ce serait un mot animal, un cri remuant les odeurs du ciel comme des pinceaux virtuoses dans les déclinaisons du noir, dans les tintes des clochers. S’il me fallait une voix de logique, s’il me fallait être l’écho de mes demeures souterraines, de ce que je crois dans moi qui trébuche comme une procession mortuaire, ma voix aurait la teinte étrange des chapelles ardentes. Je voudrais te faire, un langage qui se comprendrait dans le plan cosmique, où périssent, sans souffles les astres, où leurs museaux de feu crépitent et éclatent comme des fleurs de pépinière. Je voudrais inventer des mots que tu ne comprendrais pas, et que je dirais à genoux, qui feraient des soumissions dans le plus noble des corps, dans la plus rigide des lois, des mots comme du latin dans une bouche impitoyable, des conjugaisons pleines de nerfs et de muscles qui tiennent en équilibre les eaux en crue des lèvres savantes. Quand je sépare mes deux mains, quand j’écarte les orteils, un pays violent s’étonne de naître, il n’a pas d’Histoire et se sent le ventre chargé de plein de glaires et de combats. Il n’a pas de frontières, pas de géographie, et devine dans le périmètre de ses excitations un appétit cruel, une force de satin. Il n’a pas de membres, pas de visage, pas d’organe, et douloureusement en lui, douloureusement ouvert comme une serre devine un instinct, une force qui écrase les vitraux figurant les scènes des baptêmes. Ce vent qui fredonne des rimes, qui claque les portes des Eglises, ce vent poète malade qui t’entre dans la bouche quand tu sépares tes deux lèvres pour les bavardages, ce vent, c’est l’ultime matière de moi. Je me sens un élément. Je me sens un élément qui s’entrepose dans un corps. Je suis le sédiment de la chair.
2 mars 2011

Tache moi si tu peux

Mes yeux cherchent quelque chose à regarder. Mets-toi de travers. Penche-moi. Les yeux cherchent encore quelque part où poser le paysage de leurs fougères. La folie, la folie, elle est dans moi, la colère je ne fais pas exprès, les mots durs, je ne les entends pas, mon langage est indépendant. Je suis captif, à l’intérieur il y a des bruits de pas, des évadés, il y a des gens plein d’histoires cruelles, ils ont des blessures plein les bras. Je suis pris dans une démence qui me réveille la nuit, dans la lumière jaune des phares qui capturent la nuit. Donne-moi de quoi respirer sans trembler. Ma bouche regarde une tendresse qu'elle ne comprend pas, mets-toi devant moi, protège-moi du soleil écoute mon cauchemar au ralenti donne-moi une hache pour faucher le temps faucher l'argent faucher l’orgueil donne moi une raison, pas une raison pour faire, pas une raison comme ils veulent tous pour l’égoïste, une raison, une raison pour raisonner, pour ne plus voir ces hurlements, ces hurlements avachis sur moi, sortir du ventre de la bête, des raisons pour ne plus me forcer, le jour. Le jour je suis contrit, je dis « comment devenir comme vous, comment vous faites vous avec vos yeux plein de joie comme de la salive sèche, comment vous faites vous, avec vos âmes de plâtre immobile pour continuer à sourire, avec vos visages en argile, avec vos peintures de plomb. Comment vous faites » je veux aussi imiter la joie, j’ai des cernes si profondes, si profondes, que Marion y croit une lisière. Je vois des choses, si vous saviez, que je ne peux pas dire, quand je me tais, je vois des choses qui n’existent pas. Sur le rétroprojecteur, il y a une bête sournoise qui me regarde et que je dois ignorer, je vois les tables qui bougent, je sens des frissons, c’est le sol qui chante, je vois les images graves, tremblantes. Tous les jours mes yeux boivent des fictions qui incubent dans mes nerfs comme des songes malades, pas des comme on fait quand on s’endort, des hallucinations comme des rêves malheureux, qui tapent dans les orbites, les font rouler jusque dans mon organisme. Je suis empoisonné. MES SENS SONT EMPOISONNES. Je lis Dostoïeveski pendant les cours pour ne pas voir les bêtes aux dents jaunes qui me parlent, sur l’épaule du professeur. Je lis et l’on s’étonne « Tu peux lire malgré tout le bruit d’une salle de cancres ? » Oui, je peux, parce qu’autrement je vois des choses, des choses étranges comme la nuit dans moi, des choses qui balancent leurs yeux liquides partout, qui viennent annoncer leurs haleines de limites dans mon cou. Je ne peux pas écouter, je ne peux pas regarder, la réalité est un pays ennemi où j’émigre clandestinement. Je résiste, je résiste. Jonathan ces disparus que je continue de fréquenter ces trous blanc dans ma tête Dis les formes étranges Ce qui se passe derrière et le goût du drame derrière moi Ces visages sans bouches J'ai pleuré ça ne guérit pas endormi dans des crises d'épilepsie Perturbé je t'en supplie ce coeur que je penche vers le vide Retiens je t'en prie une main qui caresse un abandon Et ces bâtons que j'entends frapper les murs Explique moi ces ecchymoses ces blessures rouges l'ambiance esclave Jette-moi sous les trains fais moi comprendre j'ai scié mes reins aux tiens et la littérature fouette le maitre de l'univers j'ai plongé ma tête dans les mots me suis évanoui dans ces gaz inquiétants J'ai craché entre des lèvres dont ne sortait aucun bruit, excité le sens du vent vers un éclair un éclair de fureur, un éclair tourmenté dans une flaque Mélange l'esquisse de l'odeur des faibles Jonathan. La difficulté de la gorge mon ange ma force pâle On ne quitte rien on ne fait que tourner le dos et l'énorme naissance entre mes nuits me montre son visage c'est un enfant plein de sang il lui manque une bouche il lui manque une bouche et JE RECULE en plaquant mes mains sur ma bouche je ne sens plus mes lèvres je ne sens plus de chair mon visage est un grand trou blanc qui aspire mes mains ECOUTE ecoute-moi mon visage est un grand trou blanc quand je me recule et la panique la panique personne ne la voit j'entends les paroles de bonheur qu'il est beau cet enfant comme il TE RESSEMBLE PUTAIN Regarde sa bouche comme il est beau comme il te ressemble et la panique la panique solitaire personne ne remarque je n'ai pas de visage que l'enfant n'a pas de bouche que je n’ai pas de prénoms. ALORS je plonge ma main dans mon sexe blessé ouvert VICTIME et je sens une bouche et je sens de la chair et je sens les formes d'un visage et je n'ose PAS je n'ose pas regarder je sens un visage qui me rentre à l'intérieur un visage énorme et j'ai mal et la panique la panique si tu savais la panique "Qu'il est beau cet enfant qu'il est beau regarde comme il est beau" et mes cuisses me brûlent jusqu'au sang Je m'évanouis Montre-moi les significations mon ange montre-moi glissements de terrain Ecris les démangeaisons Tâche-moi si tu peux.
1 mars 2011

J'ai mis des têtes dans un corps d'osier

Je suis outrageant, je n'aime pas les endroits ténus, les couloirs attenant des salles étroites et suffocantes comme des étuves, les mille portes qui claquent sur encore des minceurs, des bavardages silencieux. Je suis rationnel et je m'oppose à ce monde étroit comme un labyrinthe, à ces murs soutenant des plafonds carcéraux, de plans impossibles où le ciel ne se mêle que de déchirements, d'orages et de pleurs.
Je veux des cris, des rages, je veux des forces qui me jaillissent comme la main de Lazare hors de la terre qui le gardait. L'on m'a dit « l'habitude est venue, elle portait une robe granit, et des yeux gémeaux, elle est venue pour toi, elle a dit, tu es un fugitif, tu la fuis, elle a dit tu refuses avec tes yeux insolents, avec ton étonnant visage qu'on croit fait pour le malheur et qui pourtant abaisse toujours sa bouche sur des yeux bleus, bouleversés de ciel. ». Cent fois je me disais « renonce » et je ne renonçais pas, quelque chose dans moi se raidissait comme une loi, quelque chose dans moi refusait, insoumis comme une origine, comme une nature, un caractère antique tout abrité de mes gènes. J'ai voulu me confondre, dire « je serai beau, je serai idiot, soumis, je baiserai une terre fétide, j'embrasserai des usages, je dirai, il faut travailler, s'incliner, baisser la tête dans les conventions, se mettre le coeur dans le tombeau du couple ». Mais je n'ai pas pu, quelque chose dans moi volait haut comme un oiseau dangereux, quelque chose comme des serres déchirantes qui poussaient vers les astres, où les comètes crachent leurs crêtes en flammes, où l'étole brûle.

Il y a partout, des fleurs maussades aux couleurs étonnées, qui disparaissent, qui se laissent absorber par les tintements des rivières, dans l'intermittence du courant on y sent des odeurs lointaines, qui parviennent en vagues sussurées, qui se secouent, et grelottent aux vibrations des saisons d'hiver; S'entendent leurs reflets s'ébattre dans la lisière des rires, s'entend le coeur irrégulier d'une fleur merveilleuse, où les filaments gris des matins, où les châtiments violets d'un crépuscule abîmé viennent sucer leurs miels bourdonnants. Il y a partout au bord des villes, ces fragilités aux parfums mécaniques, qui ahanent plus qu'elles n'exhalent les invisibles saveurs de tes paupières de vierge. Roulent à leurs os des vins frelatés, des ivresses maigres comme du désespoir. Les senteurs amusées, volent comme les jupes froissées des feux-follets. Toute la nature s'éveille, les loups borgnes, dangereux menacent la sueur aux poils Ce sont, ce sont, les foules amassées. Et les fleurs continuent immobiles, courbées de rosée, qui plieront plus encore sous le zénith midi. Il est, des cris qui habitent dedans les pétales, et les tiges fendues, vulgaires, des fleurs malades toussent des pollens, comme le poumon taché de gaz nocifs. Il y a partout des fleurs maussades qui fument des odeurs invisibles, des cigarettes couleur morne du bonheur, et leurs mines de pavillons ordonnés, les cernes violettes des lavandes, les oeillets du matin qui le tachent, qui le dispersent; Il y a des jours, qu'on ne devine que dessous le ciel des factices faïences. Ces fleurs se nourrissent de l'oubli des fleuves enterrés, Léthé y mâche leurs racines de ses deux boucles de fillette mauvaise.
Des fleurs encore, pleines du bruit de la nuit, encombrées des amours qui s'y glissent, qu'on y souhaite et qui y dérape. Des fleurs sur lesquelles on joue des musiques mortes, et qui grince comme des violons brisés, dont les cordes gémissent en plaintes d'orphelin. Il y a ces fleurs, ces fleurs bouleversées de matin, qu'on croirait même qu'elles y brûlent, et dans la ville, dans les couloirs étroits où les gens se frôlent, sans se toucher, s'effleurent sans se fêler, les brûlures du néon vous font passer la tête sous de blancs incendies, sous ces jours de synthèse et les pendus balancent leurs corps de pailles au bout des cordes du nylon. Il y a des condamnations à mort qu'on rédige sur du papier à musique, des petites bulles policières saisissent les cous de poussière. Sous ces colères raides, et les torsions des fatigues. J'ai su ma bouche faire avancer des mots de menace, des pouces tendus, injurieux, des félicités dans la langue bachée, j'ai tout entretenu au dedans, j'ai fait vivre le monde des rebellions à l'heure où les tyrannies étendent partout leurs dehors de regards affamés. J'ai refusé toute la scélératesse du monde, l'on me regardera mourir, je ne me défendrai pas tandis que les armes victorieuses baiseront mon front comme le baiser de l'amante celui de l'amoureux éploré, j'aurais au cou la même marque fatale que le baiser vainqueur de la courtisane sur les draps vicieux du prince naïf. Je serai superbe de mon chagrin, beau de ma mort de juste, et mes yeux, éteints même, sombres encore, jetteront plus loin leurs lumières blessées que tes yeux bleus et vivants

 

 

Que l'on me loue le tombeau pâle des yeux ligneux. Que l'on me prête ce corps lugubre où ensevelir toujours l'âme, les lumières des phares qui capturent les pluies dans leurs orbes , les regards poudreux où les rivières sèchent comme des eaux salées, brisées d'écume. J'ai vu un visage où les bords de rives semblaient des reins allemands, des tourbillons en lieu de paroles, furieux, j'ai vu un visage où les eaux meurent, où le sable des berges mélange les regards au bleu incertain des horizons. J'ai vu des yeux chercher la lumière pour qu'elle leur crève les yeux de ne savoir endurer l'éclat vrai du désespoir.

Qu’on me loue enfin ce gisant, blanchi à la chaux avec les lignes du ciment en relief comme des lignes de main—très loin sous terre.

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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