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boudi's blog
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27 juin 2011

J'ai des manières de loup poli.

 

Si le cœur se soulève, c'est que la nuit baisse dedans.

 

Si le cœur veut voir dehors, s'il veut explorer les fossés d'un autre corps, alors, laissons le faire, laissons le voir, ce qui se passe à l'extérieur de ces digues de matière. Laissons le regarder les fragilités des saisons qui à peine font tomber le temps, déjà se renient.
J'ai vu, des hommes avoir froid, et couvrir leurs mains d'un drap de folie, sur les motifs imprimés, l'histoire mâchait des mots anémiques. Le langage, c'est pour le cœur, une autre façon de battre. D'avoir les tourments, qui dans une minute frissonnent comme les ailes d'un angelot.
Ah. Le cœur a des devoirs, il faut aimer obligatoirement les beaux yeux d'une reine, il faut commander avec le sang, aux genoux de rompre sur le passage d'une tyrannique saveur.
Ah. J'ai des crampes aux gestes qui restent suspendus dans la saccade jouissance, d'une veine qu'on sectionne dans la tranchée des batailles oubliées. Je promène promptement les drames de la civilisation, dans la soie dangereuse d'un enfant sacré. Enfant sacré parce que mort. Avec son front tout ponctué de blanc, tout imbibé encore des mains maternelles qui se détachant le laissèrent suffoquer. Il a dit « j'ai respiré l'air du dehors, sans le filtre d'amour, d'une aimante, j'ai respiré les images de la vie, et l'orphelin ne savait pas les supporter. Mes paupières sont des bourgeons, que le jour ignore. Je suis aveugle ;».


Nous avons disparu, me dit ma jeunesse. Nous sommes partis, faire ailleurs, avec nos particules, nos ressentiments, et nos désirs, un autre monde, loin du visible et de l'invisible, nous avons sacrifiés aux impotents du sensible la vue pour sertir nos cous, nos fronts, et nos poitrines de ce cristal atroce, rouge, et brûlant qui balbutie dans la gorge, encore. C'est avec la bouche que nous vivons, c'est avec la bouche que nous agissons, c'est par là que s'exfiltre de nos prisons intimes les coups, les corps, et les envies. Si j'ai un futur il est depuis le parler muet que je fais dans la friction intense d'un corps amoureux.

Je ne sais pas, d'une description faire jaillir du plaisir. Si je raconte, le jeune homme qui dépliait dans l'arrête noire de la ville, la soie recouvrant les biscuits secs qu'il volait, qui entend son geste trempé d'inquiétude comme s'il était un matin se débarrassant, goutte par goutte de la rosée frileuse ? Qui sait, que dans son cœur des milliers de petites bulles craquent la membrane fragile qui les forme, et que le toucher du biscuit, fait à sa faim une tentation nouvelle et peureuse, qu'il a le souvenir de la voix de morale d'une mère quand il enfonce dans sa bouche l'hostie du forfait, qui peut comprendre en regardant la scène pourquoi ses lèvres sont toutes bleues des larmes du souvenir ? Qui peut comprendre, dans les quelques lignes froides d'un légiste ce qu'il y a de tragédie pour armer le bras qui dans l'étal marchand, vient prendre la nécessité, qui saisit les membres à nul autre pareilles qui se crispent de désir, de famine, et de dépit sur le vin qui fera un trépas aux fatigues ? Pourquoi décrire, ces événements sourds qui, dans chaque sensibilité, fêlent autrement les actes ? Pourquoi, vouloir, mettre à des hommes sensibles des prénoms insensés, pour faire qu'on se souvienne d'eux quand dans nos habitudes nous croiserons un voleur à la bouche si belle que nos gestes ne pourront retentir d'aux secours.
Ecrire, c'est savoir passer sur la grisaille d'un ordinaire, les mots des sensations, c'est à une photographie de presse, appuyer assez fort pour faire jaillir le sang, pour faire frémir la peau, et tout apprendre des yeux baissés, incolores sur une vie que déjà des anonymes condamnent aux prisons étroites de leurs lois, de leurs mépris.
J'ai des haines particulières pour ceux-là qui refusent de se souvenir, qui se détournent des images qui rappellent, qui sont pleines des alarmes puissantes, des boutons, et des blessures dont l'on sait qu'elles ont fait des orphelins et des injustices. J'ai une haine particulière pour ce métier d'assassin civilisé qui parce qu'il accélère le pas, fait sous son soulier des morts déshonorés. J'ai du mépris pour la vie, encore, que l'on force à durer avec cet acharnement médical quand la volonté a cassé ses souliers, que le mort même prie en fantôme sur ce corps et qu'il ne sert à rien, sinon aux obsessions, de se muer en tombe mouvante. Laissons aux morts le mouvement impavide, la fin des ricochets obligatoires sur le pavé des vivants. J'abandonne le monde, à ceux qui n'ont rien senti, ferai-je inscrire sur ma pierre tombale, et ce sera ma seule œuvre littéraire valable.

N'est ce pas assez d'avoir un souffle, un poumon, des organes, d'y avoir introduit l'amour, le vertige, l'odeur des femmes, le pleur d'un orphelin, la détresse du deuil ? Non, ce ne peut être assez, si cet amour ne chante pas, si ce cœur ne brûle pas, toutes ces choses des sens, tous ces émois, doivent se couvrir d'une nappe d'étoiles. La littérature ne décrit pas elle, elle couvre, elle voile, elle masque. Le corps exhale une odeur qu'il dissimule.

 

Pourquoi la littérature s'accroupit au-dessus des banales sensations, quand il faudrait s'acharner à trouver dans les replis d'une peur, la couleur du mot ? Invitons Novembre à la table du drame, je peux servir de bas aux monstres, aux personnages, couvrir d'insultes les limites. Inviter Novembre et le chapelet des fantômes qui avec chaînes et boulets illuminent le silence de leurs cris d'insulaires, de refoulés de l'autre bord du noir. Novembre ne part jamais, Novembre attend les pas des enfants-loups, pour leur glisser à l'oreille les secrets des avants. Il en est certains aux yeux plein d'images, et qui ne voient plus le monde autrement que de la couleur grenat d'une aube.

Si un livre n'éveille pas le tonnerre dissimulé dans soi, si la littérature ne fait pas s'indigner le jour, se secouer les ouragans, fleurir les lucioles que nous portons dans nos vestiges intimes, dans nos crépuscules internes, dans nos bouillonnements de sève. Alors, alors, ce n'est rien qu'un objet d'étude à disséquer, un cadavre pour légistes universitaires. Ne s'étudie que ce qui est mortel et la littérature est morbide, elle ramène dans la lumière les hontes de chacun, elles nous assombrissent les tempes, elles nous noircissent le sang. L'encre inonde la cave, couvre la berge de raison, l'encre avec ses lierres, ses fumées, ses parfums, avec ses sauvages, ses sagaies, ses drapeaux noirs, ses silhouettes maigres.

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Commentaires
S
C'est là, quelque part après le Si. Et on le perd. On le retrouve plus loin, ce n'était pas juste une chimère. Ton cartographe se laisse, encore, piéger par le verbe. C'est dommage. <br /> J'ai envie que tu creuses encore, vers le brut, qui est là, oui, je le reconnais bien. Que tu grattes, que tu pèles, griffes et ongles. Fait-moi plaisir, poète de vain temps, mets-toi nu pour une vieille obsédée.
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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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