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29 janvier 2013

Un jour, il y a longtemps, cette chanson dans la Seine.

Un jour tout de même. Il me faudra vous atteindre et vous connaître. Je ne veux pas dire avec mes muscles postiches et ma chair périssable, mais avec plus précieux, plus intime, plus profond. La chair véritable et secrète. Le murmure du pouls et les dents claquant de froid. Il me faudra parvenir à votre voix -pas celle de votre gorge, celle la, non, je la découvrirai bien assez tôt si mes rêves m'en disent- celle de votre course à travers la Nuit, forcement la nuit. Toutes les choses décisives -et j'espère votre vie à ce nombre- prennent force et rouage à l'abri des bonnes gens, quand leur cœur terne, mort est scellé dans la prison des ronflements. A cette heure tardive je sens dans mon âme monter un bruit d'eau, de noyade, un air triste et doux comme ce souvenir d'un thé à la menthe d'il y a trop longtemps. Dans la tienne je devine, de plus loin peut-être, ce même pas d'algues, de marées et de coquillages brisés.

J'aime beaucoup et ta fougue et votre calme (j'approche la fougue avec beaucoup plus d'insolence que le calme. Les eaux immobiles et glacées sont plus captieuses que les houles sauvages. Je crains moins le lion que ses songes ; dompteur et pietre dormeur). Et le même ciel -ta vie-abrite l'orage et la lumière ; la grêle et l'été.

J'ai connu et aimé un jour, une femme de votre semblance. C'est un peu le pourquoi de tout ce chant qui cherche la rime à l'hémistiche ; la bouche à l'air qui y entre.

Dans certains de vos élans, par vos grands yeux noirs, étirés comme des baisers, je retrouve un peu de son haleine. Quelques syllabes de son prénom embuent encore la vitre de ma vie. Je n'avais pas vingt ans et ce grand monstre constellé, ce ciel méchant à dévorer de mes dents de loup, jusqu'au tremblement, jusqu'à perdre le sentiment de la raison.

Je me fais sourire en écrivant toutes mes bêtises, parce que me reviennent en mémoire les quelques reproches de ses mains si le plaisir ne la clouait pas tout à fait aux draps. Si mon ravage se montrait moins pur que l'alcool.

Moi et mes façons. Mes gestes frileux et violents  "De vrais gestes de poète !". Le corps tendu vers le ciel. Le ciel nourriture du muscle déversé : le coeur. J'ai délaissé mon corps et ma bouche. Jusqu'à la plus solennelle maigreur je me serai gorgé de baisers, d'amour et de ciel.
Le ciel toujours le ciel et pour aimer je consumerai même le dieu du ciel.
Oui le ciel disait-elle, moqueuse et vos yeux me sont souvenir de son rire, ah belle Madeleine, Angelique -je les imagine humides, vos yeux. Les larmes enchantent toutes les femmes. Les femmes tragiques. Les seules qui comptent.

Le ciel encore le ciel, je n'étais pas fait pour la vie régulière des moissons. Pour le cycle des marées.
Et je ne connais du blé que la blondeur des filles. À moi baisers d'equinoxes, soifs de solstices et caresses. d'infini. Aucune de ces faims sordides et monotones...combien de repas oublié pour une miette -un éclat je veux dire l'Univers est immense brillant- d'infini.

Ah le parfum des roses fanées monte en moi, j'ai dans la tête le vertige de tant de fleurs épouvantables, des espèces d'imagination aux parfums de carnaval.

En pensées -c'est à dire secrètement- je glisse un peu de ces végétaux d'ombre à vos cheveux, espérant voir ce lierre fossile s'épanouir et s'étendre jusqu'au cœur ou jusqu'à l'enfer. Ce qui au fond est la même ardeur douloureuse.

Parfois je regarde ton visage Angelique, et je me souviens : j'ai souffert par où tu as souffert. Et je regarde les stigmates de mes mains, ces brûlures adolescentes qu'on nomme encore du nom d'amour, et je te les devine quelque part sur toi, ou dans toi. Et je sais les cages où tu hurles, les nuits interminables de délire, profondes, ravinées, si terribles ces tranchées que nous doutâmes même d'avoir jamais connu le jour. J'ai perdu la raison, dans une de ces nuits introuvable, et depuis je vis avec cette mutilation mentale. Un jour je l'exposerai, je me mettrai sous verre "Poète après l'amour" et devant moi, les jeunes parents, montreront d'un doigt tremblant mon prénom et se demanderont muettement, cherchant dans leur mémoire -c'est à dire tout ce qu'il leur reste de corps- semblables brûlures.

C'est très bête ce que je dis. Mais voilà. J'ai lavé souvent ma mémoire de l'alcool des baptêmes et de retour dans ces dédales d'éther, rien n'a bougé. Voilà tes peines et les cendres à ta lèvre meurtrit où le feu refleurit déjà.

Oui c'est très bête. Parce que je me suis souvenu jolie Angelique, la poésie ce trois fois rien, ce baiser mutilé toujours abandonné dans les memes abîmes. Oui c'est très bête mais tout ceci n'a pas d'importance, comme un air longtemps oublié -un air de défaite et de cris- revenu sur nos lèvres nous rend pourtant content.

Il fait doux dehors et j'approche ton image mentale, je me blottis dans cette chair froide et douce de ton fantome. une chanson triste et lente se forme dans les mots et je ne sais si c'est de toi fantôme ou de moi ombre.

J'espère Angelique qu'il y aura dans ta vie intime encore de ces feux de forêt qui saccagent tout comme des ivrognes. Ces feux rares et précieux comme les reflets à ton miroir. Ah ces feux qui te pourchassent jusque dans tes songes et te rongent sans te laisser ni dormir vraiment, ni mourir enfin.

Parce que j'ai vingt ans encore je tourne sur mes talons avec insolence et je te dis ces petits mots de minuscule audace, déjà dit un jour à un autre fantôme.

Je t'embrasse sur les yeux
Mon amour.

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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