L'angoisse
On sort de l'angoisse
Comme d'une pièce étroite
Fermée du double-tour
De l'imagination et de l'oubli
On sort de l'angoisse comme d'une cage
et
le gêolier, distrait par l'été peut-être
Ebloui par la foudre, oui,
N'en a pas tiré la chaîne
On sort, un matin, sous le ciel neuf
Et des bottes de sept lieues à chaque
Battement de coeur
Font entrer le bonheur
Dans la vie
On sort de l'angoisse
Comme d'une caserne
Une permission offerte
par on ne sait quel lieutenant
Invisible
Mais on ne s'échappe qu'un temps
de l'uniforme
On sort de l'angoisse
Comme l'agonisant,
Parfois s'arrache à la douleur de son mourir
Et adore ces quelques secondes comme un Dieu
Il
Hurle les mots, les mots du miracle
et des pages déchirées
Jette toute sa force un instant revenue
vers le ciel
Enfin miséricordieux
Et ne se doute pas alors écarter par chaque geste
Les bras
Comme pour mieux retrouver
La croix
On ne sort qu'une seconde de l'angoisse
Comme le rêve n'échappe à la vie
Que le temps du sommeil