Tes doigts dans les songes
Il me souvient
Tes doigts dans les songes
La peau douce
Etrangement parfumée
Tu sentais
Le rêve
Le pin brûlé
Ou bien
Toi-même, l’amour
(l’odeur de l’herbe blessée par
l’été affamé)
Tu sentais
Cette odeur perdue
Qui n’est pas l’odeur
Des lundis
Ni le son
Métallique
Du dimanche
Ou les ongles
Cassés
vernis
Il me souvient
Tes cheveux renversés,
immobiles
Dans le songe
Etait-ce alentour de toi (partout
autour)
L’eau d’une noyade (?)
La mer d’Avril
La sueur transparente
Des amants (beaucoup)
Ma main captive
Des algues
Mes doigts au réveil
Remuant
Douloureux
Sur ta peau bru-
nie (saveur réglisse
La nuit)
Ta peau
Bru-
lée
(tendrement)
Par les baisers
Le soleil chaud humide
Dans la bouche
Le miroitement
Des dents
Les cent-douze blessures
De l’amour
Mais nulle part le couteau
De l’amour
Le sexe honteux
La peau tue
Le café froid
Les apparences
De la mort
Cousin
Au cinquantième
degré
Tu dors encore, longtemps après moi
Tu bouges dans le lit en murmurant «pitié»
Toute la nuit l’horreur oubliée te remonte
Comme de la vase
De l’eau croupie
Le marécage de ton âme /
Refermées tes paupières sont bleues
Et belles
Comme la nuit trempée
Humide
De rosée
Tu as l’une des treize couleurs
Du sommeil
Quand tu dors
Mais que je ne dors plus
L’urine de la nuit empèse ton murmure
Elle vient sur tes lèvres dans un mouvement
De chatte
Et tu es tout son territoire
Gouttière
Chaton
Fauteuil
Tu es
Le peu importe
de mes poèmes