Je suis prêt
Je sens à nouveau la respiration de la brume intime
M. remue comme la nuit ancestrale
et ses mouvements pareils à ceux des messes noires éveillent le volcan obscur
Le souffre d'éternité me monte aux prunelles
Je reprends le massacre interrompu il y a longtemps
de ces gestes là pareils à des pleurs carnivores
Je suis prêt
l'ambition l'ambition de toute ma vie passée
bat en moi comme le galop des orages
et je réapprends le cri de commandement face au miroir
Perdu un matin où le désespoir en moi s'assagissait
Je dormais bien
et les filles ne pleuraient presque plus jamais
les filles de ce temps là précieuses comme des mégots fumés deux fois
mais le soleil aride m'était entré dans l'âme
et je demeurai vivant et absent comme arraché d'une prise d'opium. Ni tout à fait intoxiqué, ni tout à fait éveillé
Nous attendions l'instant du manque Pour retrouver la vieille figure tragique le masque des rites horribles
Cette lèvre déchirée toujours par un cri
(un cortège d'oiseaux de proie)
Je retrouve mon âme et ses cent-dix mutilations, comme j'aime les blessures, comme j'aime les corps coupants
je rêve d'une femme nue et tranchante
statue de verre brisé pour lui faire choses d'amants
ce fut mon péché longtemps d'allumer dans les yeux et les cheveux de gamines inertes de grands brasiers pour m'y jeter
ah le délicieux bûcher allumé dans sa propre ombre
le feu qui partout vous poursuit comme un miroir d'abîme.
Le vertige dans toutes les courses
c'est toujours mordre et crier
Je me souviens de mon goût jadis pour la gloire et l'envie que j'avais de la faire toute petite contre ma poitrine pour la déchirer en tous petits morceaux et sur chacun de ces petits morceaux écrire "MERDE".
Je vois :
Un lac
S'y décomposent des plantes d'eaux à mille feuilles
elles tourbillonnent dans l'espace aquatique.