7 août 2019
4h
Où ivresses d'antan s'épousaillent
Souviens-t-en les temps d'avant
la main glissant, éventail,
le doigt pour dire encore
assurément le garçon
saisit du geste le sens
unique
aujourd'hui ton champagne et ton nikka sont passés de mode
on préfère les jus de tomates ou de concombre
ivresse de ton nombre sur la balance
non mon ombre sur verre
L'été pour toi avait un goût de terrasse
tu buvais sans en démordre
croquant le fruit accidentellement glissé
dans le cocktail
long Island
fortement
alcoolisé
combien de verres descendus dans telle ou telle capitale
d'Europe de l'Est où
malgré leurs prémonitions de givre
l'été ressemble à l'été
Soleil haï des lendemains d'alcool
ces nuits qui n'en finissaient pas
l'horloge, tu regardes, c'est 4 h du matin
à chaque fois
et tu t'étonnes de cette précision diabolique
qui achève le jour ou plutôt le débute
tu dis à haute voix "il est encore 4h"
et c'est ta vie et ton espoir
tu dis aux fantômes qui t'habitent
"4h, c'est encore 4h"
qui se meurent à cette heure
4h du matin rue Pierre Sémard
combien souvent tu l'as remarqué
en t'étonnant
4h fatidiquement 4h
l'été tu guettes
tu entends déjà
les roucoulements
tous
les cris
du merle et du martin-pécheur
souvenirs de tes insomnies
les oiseaux aquatiques
aux becs percés
4h bientôt
tu finis par redouter
cette heure
qui annonce déjà
le catastrophique à venir
le dévalement
des heures
qui pour toute la vie
seront d'autres heures
4h du matin ne survient plus.
4h du matin ne survient plus.
et tu ne bois plus
ton ventre ton amour
ne te permettent plus
de boire
comme tu as bu tous les étés
l'alcool grelottant
qui fait des taches
à ton tremblement
comme tu as bu tous les étés
tu ne bois plus
plus jamais tu ne
dis
à n'importe quelle ombre
"4h, il est 4h"
ton caleçon perdu
toujours
l'attente
fatidique heure matinale
Tu ne connais plus que l'éprouvant scintillement de 4h de l'après-midi. Cet espèce de parjure.
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