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28 août 2019

Les voisins.

Les voisins.
Mes voisins s'agacent de me voir régulièrement nu. Et perpétuent cet agacement en un froncement de sourcils qui les ride ; ce, tandis même que je fais l'effort de dissimuler ce qui, dans la nudité, choque. Choque, du moins, hors des chambres à coucher aux lumières mortes qui sont le domicile de trois quart des amants - toujours, lumières, trop vives ; lumières pour la vie banale, les devoirs sur le bureau, la lecture du journal ; nulle part lumières pour l'amour ; douces lumières lumières exténuées ; où l'odeur de cire comme vestige d'aimer ? -
Ceux-là ignorent, donc, l'effort que me coûte d'enfiler ce putain caleçon avant de me rendre dans ma cuisine. Celle-ci fait face à leur cuisine et c'est donc par la fenêtre de leur cuisine qu'ils aperçoivent mon corps tout splendide d'être nu.
Geste répété moi quittant ma chambre à coucher - lumières closes lumières d'amour - mettant mon caleçon, m'affairant dans la cuisine à je ne sais quelle tâche nécessaire à ma survie, quittant la cuisine, retrouvant, nu, la lumière d'amour. Recommençant. 
Désormais je ne suis plus jamais nu, sauf négligence, si je leur fais face. Pourtant c'est le même agacement perpétué sur les mêmes fronts aux mêmes rides. Comme si le traumatisme de ma nudité - et quel traumatisme ?  ainsi je suis né ainsi je pourrirai - dominait la vision objective de MOI et se substituait à mon apparrence véritable. 
Verrai-je, un jour, ma voisine couper, l'air rageur, j'ignore quoi symbolisant mon sexe honni (et pourtant, désormais et à jamais, invisible) ? Faisant passer par cette délicate attention un message très clair que, bien entendu, je déchiffrerai avec peine et, à cette injonction sur le ton de la menace, je ne me soumettrai pas. Eunuque déjà serait de céder ainsi à ce chantage symbolique.
Et il nous arrive, à tous, de nous voir faire reproches de ce qui pourtant est notre effort le plus suprême
Jamais eux ne voient le chemin que nous parcourons pour atteindre ces gestes qu'ils négligent comme du dernier banal ou de la moindre des politesses.
Ce chemin coûteux et coupant pour nous autres les plus distraits, les plus maladroits
mais aussi nos frères et soeurs
Différant de nos maladresses et nos distractions
notre famille, pourtant, ceux en colère
qui retiennent violence et colère mais colère et violence toutefois
jaillissant et combien retenues ces deux-là
Chez nos frères et chez nos soeurs ayant contenu des minutes qui pour tous les autres
seraient des siècles nos frères et soeurs pareils à nos êtres distraits, maladroits, à nos gestes gauches et parfois douloureux - main ouverte quand débris du verre que la main gourde laissa à un destin de paillettes -
frères et soeurs abattant le cri retenu parce que la colère les emporte
tous les tiers s'en fâchent comme s'il s'agissait du plus pur exercice de leur bon plaisir
non pas (ce que nous devinons) cette pulsion qui les tord.
N'est ce pas manque cruel de charité ? Nous faire ainsi porter le blâme de nos maladresses de nous charger du faix de nos colères nous
tout à l'effort de les retenir et si les chevaux s'affolent est-ce la faute du cocher ?
Il faudrait qu'en sus de mon caleçon, et constamment, je portasse de quoi couvrir le reste de mon moi-même ?
Ne voient-ils pas ce que déjà je sacrifie ? L'intensité, même, de cette écorchure que je porte et qui me tue.

 

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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