Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
boudi's blog
boudi's blog
Archives
Newsletter
1 abonnés
16 septembre 2019

Désert

Tant de désert

une seule

gourde

Publicité
13 septembre 2019

Fou, fou, fou

Je préfère dire fou il y a dans fou une grâce demeurée 

 

Je préfère dire fou et disant fou sortant le fou du monde pathologique et clinique 

De l’entretien individuel et personnalisé aboutissant à l'ordonnance

au parcours de soins coordonné

à la médecine ambulatoire

dire fou et sortant le fou

Du parfum brutal de l’hôpital des blouses blanches et de la chimie néfaste, produite en grandes et inutiles quantités par l’avidité (vraie maladie psychiatrique nécessitant traitement de choc crucifixions enfermements ou pire châtiment : psychanalyse) de grands groupes privés (toujours scandaleux)

Dire fou nommer fou, le fou,  pour rendre grâce au fou, celui qui par tous les autres sera, quoi qu’il en décide, quoi qu'il en sache, dénommé, connoté et par là, du simple fait de cette interpellation insulté, mutilé, diminué
Handicapé non de sa condition objective ; non même de son ressenti, handicap non de ses mains, non handicap, le fou, de la vision de ses yeux ; handicapé, alourdi du mot-croix ; du jugement-faix. La déflagration que c'est "malade".

 

L’arracher a l’humiliant jargon des enfermeurs légaux ; l’arracher autant aux communautés imbéciles et satisfaites ; à cette mode nouvelle de dire, pour neutraliser la folie : neuro atypique(jamais neutre, la langue, rien, nulle part, neutre, transparent invisible, nulle part, sauf le sperme translucide des trop masturbés et des stériles) ; « neuro-atypie » comme si cette singularité conceptuelle, ce pas de côté ce renoncement total à la voyance (la possibilité soi-même de devenir soi-même Simon le Mage -simon le fou - volant très haut au niveau des coucous, des ailes brûlées et des aigles étonnés) comme si ce mot rétrécissant comme si ce mot diminuait, ce que le fou le mot fou désespérément dans un effort insensé de pure raison démente agrandissait. 

Rapatrier, en réalité, le fou dans l'usage ordinaire de l'existence. Le sortir de son enfer pour l'envoyer à l'autre enfer. Celui de tous les autres.

Clore cette paupière qui ne savait se clore ; rendre à l’iris son mécanisme biologique, son programme typique. Celui. Qui. Veut. Que. Lumière. Rétrecisse. Iris.Que. Obscurité. Agrandisse. Iris. 

Le fou, le fou avec son regard mental, le fou et son regard mental - yeux du dedans, disent poètes de jadis - se refuse à ces obéïssances et ces bassesses et que toujours, surtout dans la pleine lumière d’août, fait l’iris se dilate au-delà des possibles. Sa raison, sa raison de fou, la seule raison véritable, le fou sa raison toujours sous le feu dansant des foudroiements ; raison dansante l’enfer, qui n’est qu’un excès de lumière, et la vie.


Et lorsque je dis fou, je dis moi.

Disant moi je dis nous.

7 septembre 2019

Je ne suis que présent.

(...)

    Et pourtant, regardant en arrière, je m'aperçois que cet été, comme toutes les choses de mon passé, m'apparait fictif. Comment croire en ce passé tandis même qu'ont disparu les émotions, joies, douleurs, qui en faisaient la certitude. Seules demeurent de vagues images que, pour les distinguer des fabrications humaines (oeuvre d'art etc), nous nommons souvenirs.
   Cet été, comme maintes choses de ma vie (toutes en réalité), ne m'appartient pas. Chose distante, rattachée à moi par un pur effort de raison. Cet été non ressenti profondément, non la vérité de la sueur et du vertige. Cet été qui n'est plus sensation, simple événement identifiable à moi-même selon une connaissance scientifique ; application d'une règle logique voulant que ce qui arrivait à Jonathan le 23 juillet soit, en quelque façon, consubstantiellement lié à Jonathan écrivant ceci (et ce Jonathan, écrivant ici, ressentant, hésitant, déjà, lui aussi, pour plus tard, un autre disparu qu'il faudra, par effort et logique, rattacher à cet inconnu, ce Jonathan, bientôt, survenant).
   Sûrement, comme certaines grâces n'apparaissent qu'en pleine lumière, je n'existe qu'au présent. Ainsi cet été, comme les autres virtualités, retrouve mon étagère bien logé entre Duras et Faulkner. 
(ce texte disposait de son propre passé non relaté ici et lui aussi, sans sensation, plante sèche ou malade)
1 septembre 2019

Petit essai sur la mémoire et la poésie.

C'est amusant. Il m'arrive régulièrement - mais peu fréquemment - (une fois par an) de retourner lire et constater mes premiers écrits en portant sur eux un regard superficiel (comparé au tien), tantôt étonné, tantôt amusé. Sans jamais, cependant, avoir pensé à produire autour d'eux une sorte de divagation consciente. Sans les ramener, à des jugements tantôt moraux, tantôt esthétiques ; jugements qui réactualisant les poèmes les constituent en un nouvel objet. D'une certaine façon (absolument même) ils seraient réécrits d'être présentés là, maintenant et réécrits profondément d'être abondés par un commentaire de soi, maintenant.

Très intéressante, donc, cette démarche de les ramener au présent et d'apparenter (selon moi) ces poèmes réels à des fictions et les rattachent, involontairement (mon point de vue) à des poèmes fantômes. Prolongeant (élevant?) cette expérience parce que troublant un peu plus le rapport entre la diégèse et le réel (et je sais qu'on ne devrait pas dire diégèse ici, et je voudrais étendre le sens de ce mot, et le forum, à sa façon est un univers diégétique).

Fantômes parce qu'il s'agit de traces presque évaporées, ne demeurant que dans une matérialité creuse  d'avoir perdu l'intention qui les avait engendrés. Sans intention, donc, celle-ci ne pouvant pas être retrouvée (même pas approchée), juste reconstruite aléatoirement, avec tout ce passé qui s'est mis, entre-temps, entre ces écrits et son exégète et dont a du mal à croire (l'auteur y compris) que les deux "je" qui parlent puissent se confondre et dans le même temps aucun étonnement à voir que c'était "moi" qui disait "je.

Ce trop loin dans le passé (dix ans, seulement, pourtant) nous interroge, en même temps, sur la place de la mémoire dans nos biographies respectives, sur l'angle que l'on choisit lorsqu'on se présente (c'est à dire qu'on se reconstitue, qu'on se "refabrique", qu'on se "remonte") aux autres, au miroir, au journal, à soi-même. 


C'est un questionnement qui m'importe et je remarque que l'on se présente toujours aux autres dans une approximation cohérente qui nous fait - sans mentir pourtant - éluder certains aspects trop paradoxaux de nous-même, certains que nous ne parvenons pas à intégrer à cet ensemble (disparate, toujours, soi-même). 
Entendons nous bien : rien de définitif à ces reconstitutions, au contraire, parce qu'elles se refont, différemment (quoi que plus ou moins semblabement) à chaque moment, dans chaque contexte, à chaque interaction. Maintes raisons à ces manières là : certaines choses demeurent dans l'obscurité, inexplicables à soi-même, comment pourrions-nous (même au médecin du cerveau) les exprimer à d'autres sans faillir ?

On doit donc faire un choix et s'y tenir (plus ou moins) dans chaque contexte, dans chaque époque, avec chacun. Un choix qui de billets en billets changera. Constituera, si nous remontions le fil quand il sera plus peuplé, des "je" paradoxaux, contradictoires mais tout en même temps unis et cohérents. On s'étonnera d'avoir été "ceci", ce "je" là et on s'étonnera ensuite - et encore davantage - de s'en étonner.

Par exemple ici il est assez courageux de tenter de se rappeler de ce regard d'antan, de dire ce qu'il dissimulait à lui(soi?)-même (entreprise toujours injuste, on a tout à la fois une grande sévérité pour cet adolescent que nous fumes et toujours une très grande tendresse). Pourtant nous nous rappelons toujours de travers. Rendant imparfaitement compte de toute la finesse des processus alors à l'oeuvre. Cette simplification de son ancien regard est aussi une façon de se(le) liquider.  N'est-ce pas, justement, fixer le passé (dans ce contexte poétique, dans ce contexte social de la communauté d'écriture) et donc, par cette inscription, s'en débarrasser. Les choses fixes sont plus rassurantes pour l'être humain (mais devrait, pour prendre une position très mystique, inquiéter le poète)

Souvent, aussi, le poème devient un prétexte à dire quelque chose de plus général sur la poésie. D'inscrire aussi la poésie comme champ d'interactions sociales (les gentils bolosses, l'entre-soi) mais c'est un aspect qui m'intéresse moins parce que je le trouve assez peu opportun rapporté au reste.

Je conçois bien que c'est une façon d'étendre, le plus possible, le discours qui peut être tenu sur la poésie et donc, y compris, la poésie ici, conçue comme commune à tous, comme champ social avec ses règles tacites et ses injonctions. Comme toutes les règles celles-ci viennent avec des défauts que le temps rend de plus en plus rédhibitoires, parce qu'on ne finit par voir en elles que ce qu'elles empêchent et non pas, le reste, ce qu'elles permettent et ce dont elles nous préservent.


Et je me rappelle, replongeant, dans mon propre passé du pouvoir magique des mots. Certains, très précieux (pourtant cailloux et briques comme les autres), leur effet de déflagration, leur immensité. La jubilation et l'appréhension avant d'écrire "exutoire" qui était le mot le plus parfaitement chargé de sens, chargé de poésie, enceint de tout ce que je souhaitais dire et qui se disait malgré moi, dans le mot.
Certains mots étaient le monde, se confondaient exactement avec lui ou, parfois, le dépassait et l'enveloppait. Comme certaines images, plus tard, deviendront à leur tour le monde et son excès. La recherche obstinée, en ce temps-là (pour moi) du mot juste. Juste, non parce qu'il était le plus précis pour rendre compte d'une sensation, non parce qu'il était le plus adéquat à la réalité. "Juste" comme dev(r)ait l'être Dieu. Tout tournait autour de ce mot là, tout aboutissait à lui. Ce mot là était nombreux. Exutoire, insatiable, ineffable. Les mots de la poésie, de la vapeur, mais pas seulement, les mots durs et rares. 
Et quelque part, retrouvant (me souvenant par une sorte de rêverie qui devient suspension du maintenant) des frémissements de ce temps-là, il y a comme un regret de cette naïveté obstinée, de sa croyance toute suprême et enfantine en la force du mot. Comme plus jeune la toute puissante savante des parents, comme, encore plus jeune, la célébration amoureuse d'Allah, comme, plus tard, l'amour. Cette idée, dissoute (dissolue) d'absolu. Nous sommes environnés de ces fantômes, de ces ruines, de ces traces et que nous convoquons, avec mélancolie, espoir, envie dans notre maintenant.
Publicité
boudi's blog
  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 49 373
Publicité