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27 avril 2020

Je ferme les yeux ; j'ouvre les yeux.

Consigne 2 : Je ferme/j'ouvre

je ferme les yeux j’ouvre les yeux
je recommence je finis
le réveil sonne il m’ennuie
je regarde par la fenêtre le bus électrique passe
je ferme les yeux
mon coeur bat avec la régularité d’un jour sans effort
j’ouvre les yeux
la porte du micro-ondes est ouverte
ça m’agace
je ferme les yeux j’ouvre les yeux
je ne sais plus ce que j’ai fait hier
mon cou me fait mal
je ferme les yeux
mes articulations me font mal
l’enceinte bluetooth déconne
j’ouvre les yeux
je ferme l’écran du MacBook air
J’allume l’écran HD BenQ
je ferme les yeux j’ouvre les yeux
la lumière se rainure se creuse
il y a du givre dans le congélateur
j’appuie sur le bouton une tasse
de la percolateuse
je ferme les yeux
le café ne coule pas
la pompe produit un bruit sourd
j’ouvre les yeux
je ne trouve pas de tournevis cruciforme
je ferme les yeux j’ouvre les yeux
je soupire les grains de café ne sont pas moulus
tout se casse la figure dehors le volet grince
j’ai mal au poignet droit
je ferme les volets
j’improvise une tendinite
c’est le diagnostic malade
je balaie l’écran de l’iPhone
20% de batterie restante
je ferme les yeux
je suis aveugle
j’ouvre les yeux
je suis soleil.

 

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20 avril 2020

R.

Jeu littéraire : imaginer ce qu'un ami fait plutôt qu’écrire avec notre groupe d’écriture. Le je du poème c’est lui.

 

 

J’ai ouvert la fenêtre pour laisser entrer le printemps. Il se pose sur le rebord, oiseau blessé, et tombe, roucoulant dans l’appartement. Il heurte le cadre en bois. Il entre dans la chambre comme cette photographie de moi, imprimée par Julie. Après l’avoir montée sur un bout de bois ; elle avait glissé cet énergumène de papier glacé et de cèdre par la fenêtre.


C’était un drôle de corps, mon corps ce jour là. Je donnais un cours de philosophie à mes élèves par l’intermédiaire de Zoom et de ma webcam. Corps doublé, transmis par la fibre optique. Mon corps de peau et de muscle assis sur la chaise. Triplé. 

Ce corps là, surprenant, inattendu, imprévu, glissé derrière moi ; bougeait malgré moi.


J’entends Julie, en bas et le parquet qui grince, la porte du micro-ondes qui claque.
Ce sont les bruits de la vie. Celle qui me reste, encore, à vivre ici. Chaque bruit s’écoule comme le grain du sablier ; comme ce fleuve, ici, tumultueux seulement en imagination. Je ne suis pas triste. Je ne suis pas pressé. Il y a quelque chose de doux à l’inéluctable.

 

Dans le dossier « brouillon » de mon ordinateur je regarde les différents plans enregistrés à l’aide de mon téléphone portable. J’ouvre Final Cut pour tenter de les aménager en une histoire.

J’y ajoute du texte et des commentaires audio. Cette couture m’amuse, m’excite et m’inquiète. Produire du sens a toujours ceci d’angoissant qu’on ferme le monde dès l’instant où on le constitue. 


Faire récit. Je ne sais pas l’étendue de cette expression ni sa densité. Pourtant j’en pressens l’intérêt. Nous faisons récit. Ecrivant, filmant et vivant. Ceci, même c’est faire récit. Eux, qui m’attendent pour écrire font récit.

 

Le printemps entre. La brise souffle à l’intérieur de la boule à neige. La poésie l’agite comme ferait la main radieuse d’un enfant. C’est encore Pâques pour moi ;  la rondeur de verre ; l’oeuf translucide.

 

Messenger, clignote. Sur le téléphone une petite pastille rouge s’affiche à côté de l’icône de l’app. Un visage apparaît à droite. Jonathan m’a écrit

Il m’arrive de ne pas vouloir répondre. De ne pas savoir répondre. De devoir répondre pourtant. Ce n’est pas une torture. Le pal choisi ne peut être un supplice. Il est une modalité d’existence, une forme de vérifiction. 

 

J’aimerais qu’il soit plus simple de détricoter les impératifs. De couper ce qui me dépasse et me disconvient. Je modère une séquence de mon film. Par défaut, je souris, le logiciel intitule mon film l’objet indéterminé que je constitue et duquel je n’ai pas encore choisi la catégorie.

 

Lorsque je réduis une séquence ou que j’en délaisse une ; je ne me sens obligé par rien ni personne. 

Dans la marge, les lignes, la page blanche je me sais une liberté qui ne réclame aucune philosophie. Aucune système moral.

 

Parfois, c’est comme si entre le monde et moi une fine couche de latex transparent se tendait et que je devais remuer et lutter, sans en laisser rien paraître, contre elle. Cette espèce de pellicule entrave et intercède. Par elle j’établis un certain régime de rapport social. Contraint et possible.


Je me tais.

Je crois que j’aimerais jouer du piano, faire traîner la main maladroite sur les graves et les autres extrêmes ; y voir comme le frottement du printemps.

Les notes tombent, il ne grêle pas.


Sur le discord jeanlebaptiste me cite, un 12 apparaît à côté  du salon général. Comme autant de citations de mon pseudonyme. Je ne sais pas si plus jeune j’appelais l’ami qui tardait trop à descendre de chez lui. Si, ce cri là, sonnait comme ces 12 notifications là.

 

Dehors, le printemps inspire B. qui finit courageusement une canette de bière. Je ne sais, le voyant boire avec cette vivacité, s’il se donne du courage la buvant ou si la canette de 50 cl bue en 3 gorgées constitue le dernier terme du courage vrai.

 

Sa voix résonne et complique la brise. Je ne saurais pas boire aussi vite. Je n’essaie pas. 

 

Les vitres ne tremblent pas. Je m’installe au piano pour jouer plus fort qu’il ne crie. Concerto d’un quatuor fendu en deux ; sa voix grelotte. J’accompagne le hurlement, je m’accorde au hurlement, le hurlement me dirige. De là naît le rythme, la musique. Quelque chose de primitif ou de tout à fait contemporain, d’exactement d’ici et de maintenant, se joue, est en jeu. Voilà le présent. Hic et nunc. 

 

Le ventilateur de mon ordinateur portable souffle très fort en assemblant les séquences de mon film que je n’ose pas encore nommer autrement. Il y a quelque chose de grandiloquent à ce titre : mon film et quelque chose plus grave, c’est certain, serait de le titrer moi-même.

Que se passerait-il si j’effaçais ce titre générique, mon film, pour le réécrire à l’identique ; réécrire mais de ma main et de mon choix, mon film.


Je lis ce titre mon film qui sonne avec beaucoup de douceur et d’affectuosité. Aussi, j’y entends une part d’incrédulité. Mon film. Ce quelque chose que j’ai fait.

 

B. continue de vociférer et c’est désormais le souffle puissant et monotone du ventilateur qui accompagne son chant artaudien.

 

B. a une peau, une amoureuse et une canette vide. Il a une gorge que je crois puissante mais je ne sais pas ce que signifie cette expression de « gorge puissante » pour moi, dans ce contexte, c’est à dire qu’il hurle. Peut-être hurlerai-je à même intensité si je me le permettais. Je ne saurai jamais. Ai-je la gorge puissante ?

 

Je double-clique sur le bureau et j’arrive devant tous ces textes achevés ou pas. Ils sont comme un parterre de feuilles mortes. Confiné, le printemps ressemble à l’automne.

 

Je rejoins l’appel skype où chacun m’impersonate. 

13 avril 2020

Cantique de la Lumière

Atelier d'écriture Laura Vasquez : épuisement d'une idée, d'une chose. Ici,l'oeil. 

 

12 avril 2020

Atelier d'écriture - verbes d'action

Atelier Laura Vasquez : consigne que tout bouge / verbes d'action.
l
 a
  p
   l
    u
     i
      e
tombe
les fenêtres se rabattent
le jour déglutit
tu marches vers le point de rendez-vous, dans la poche 
le portable vibre incessamment et
bouge la toile du tote-bag
ton regard parcourt la place. Tu détailles tu
frottes ensemble tes deux mains pour te donner 
du courage.
Tu marches, tu es en avance ; un rat passe à toute allure. 
Le soleil se couche, lentement. Le mouvement de la montre indique 19H15.
L’air froid circule dans tes cheveux. Tu poses la main sur ta frange qui
résiste
tu sens ta vulve mouiller
Tu glisseras la main sous le t-shirt ou
déboutonneras la chemise
Le métro roulait trop long-
tement à ton goût 
les draps froissés et
sur la place l’eau de la fontaine coule 
régulière ou p-e stasique 
se réunissent silencieux
les v i e u x
ne trouvant nu-
lle part ailleurs
la quiétude
due
tes doigts pressent la surface lisse du téléphone 
portable, les mots défilent, tu reviens sur quelques-uns,
 le correcteur orthographique les déforme
tu imagines dans l’air le mouvement rebondissant
des ondes projetées et
relayées par les antennes 4G
atteignant
les passants dispersés
tu dégraferas avec difficulté
les attaches du soutien-gorge
qui tombera pas du tout
comme devant les sables
mouvants
des images du Gaumont
à cette pensée
à l’intérieur de toi tu sens le frottement des 
organes
c’est une façon de sentir la vie
balbutier en soi
le coeur propulsant le sang
ta bite se durcir
du double impact
des pensées du désir
tout
comme si les organes
possédaient une bouche
remuant ensemble
un concerto de langues
vous marchez l’un vers l’autre
de plus en plus vite
comme si vous risquiez
d’être vous absorbés
vous précipités
par une force souterraine
majeure engourdissante
et
que rien                                                               ne comble
sauf le mâchonnement
remuant
des dents
écrasant
le coeur
friable
effrité
le soleil se lève.
                     la porte claque.
Remets tes chaussettes.
toi aussi.
nuit engloutie.

 

7 avril 2020

Je me souviens - tentative d’épuisement d’un lieu synaptique.

je me souviens du cours d’EPS, en 4ème2. Le choix d’Alexis porté sur moi ; son équipe constituée de filles malhabiles - et ne se sentant guère légitimes pour choisir. Le prof, connu pour sa violence physique, l’air toujours sale comme si l’activité intense du sport avait laissé à son visage une couche indélébile de transpiration.


Le prof refuse mon intégration supposant, parce que j’étais petit et que je portais des lunettes, que j’affaiblirais encore plus cette équipe déjà nulle. Alexis qui dit « mais il est fort » très en vain. Il avait un nom arabe que j’oublie et une voix très grave et très lasse. Nous jouions sur le terrain de bitume de toutes les cours de récréation et ses cages de hand ball où personne n’a jamais joué au hand. A passy, le collège où je mutais après, nous avions aussi des terrains en herbe. De foot et de rugby. Comment les entretenaient-ils ?

Finalement l’équipe avec Grégory et Arnaud. Grégory, philippin par qui j’appris l’existence de ce pays. Il courrait d’une façon curieuse ou donnait cette impression à cause du mouvement désordonné de ses cheveux très lisses et fins comme souvent possèdent les asiatiques. L’évocation dans l’actualité des Philipines m’évoque toujours Gregory. Duarte ou Paquito toujours font signe vers lui.

Alexis était très beau ; sa beauté ne me parvenait que dérivée ; répercutée par le plaisir qu’avaient les filles à le regarder. Un jour, Gregory ou Clyde, je ne sais plus, s’étonnait du nombre de ses amours. Arnaud dit « because he has blue eyes ». Il a dit « blue eyes » pour le reste de la formule je ne suis pas sûr.
Les parties commencèrent ; j’ai marqué souvent. Cyril, nous regardait sur le côté son match fini et célébrait avec moi mes buts ; Cyril était super fort au foot ; rapide, technique, précis. Son impulsivité le menait régulièrement à des actes de violence. Julien M. en fit l’expérience malheureuse. Cyril était le plus petit de la classe et le plus frêle. De Julien, je ne me souviens que de peu ; il portait des lunettes et les oreilles très décollées ; tant que pour s’épargner à l’avenir et pour toute la vie les moqueries des cruautés d’enfant - et celles plus cruelles et muettes des adultes à venir - recourut à la chirurgie esthétique. Laissant apercevoir, entre l’oreille et le crâne une matière lisse et brillante comme du chewing-gum qui fut l’objet de moqueries. J’ignore le sort de Julien et de cette sorte de silicone. Faut-il renouveler l’opération à intervalles réguliers, la mixture s’use-elle et fait-elle reprendre, progressivement, son ampleur à la honte et à l’humiliation ? Je pense à mes dents, appareil d’orthodentie portée trois ans, avec douleur mensuelle à chaque serrement des bagues. Aujourd’hui mes dents se trouvent désordre, parfois on me dit, c’est charmant ; de ce c’est charmant qui s’oppose au beau. En serait une forme, non pas contrariée mais rivale et complexe. On ne souhaite pas toujours dénouer l’écheveau ; à raison.


Passements de jambe, puis grand pont ou crochet intérieur. Frappe du droit, je n’ai pas de pied gauche ; ni de façon générale de corps gauche. Je n’existe que dans l’anté-sinistre. La partie gauche de mon corps ; je la sens comme endolorie toujours ; sorte de fantôme ou d’ombre incorporés. Si du pied droit je puis faire un nombre incalculable de jongles dès lors que mon pied gauche est sollicité la balle roule, morte et déçue. Il en va de même pour tout, sauf, je crois pour l’amour ; je sais faire l’amour de la main gauche aussi bien que de la droite ; ou la maladresse de celle-là rend le plaisir original ; intense mais autrement. Cervantès, après avoir perdu sur je ne sais quel raffiot dans je ne sais plus quelle guerre (l’invincible armada?) sa main gauche écrivait : c’est pour la gloire de la droite. Plus tragiquement ambitieux. Mon cas.


L’équipe d’Alexis, je crois que j’ai marqué 5 buts contre elle, battu de justesse Mohammed, écorché mes genoux en taclant brutalement sur la terre rapeuse. Je m’en foutais. En 5ème, parmi le collège de bourgeois où j’étais et où je prétendais être plus riche qu’eux, j’avais dit à mes camarades, malgré l’aspect hésitant de ma dentition, que je n’avais pas besoin d’appareil ; que mes dents se replaceraient d’elles-mêmes ; tant j’étais certain que mes parents, jamais, n’auraient les moyens d’un orthodentiste. Il s’en était trouvé une, dans le 20ème c’était je crois, Dr colla, à 9000 francs au lieu des 16 000 à Suresnes. Sans cette excuse la supercherie aurait été visible.


La balle piquée au dessus d’un gardien sorti trop prestement ; encore un but.

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5 avril 2020

La dé-foule.

atelier écriture L. Vasquez : thème la foule. 





Déconfiture d'une rue Image_10




fou  e   ab  ent l s d sparus foule creus e
q e  est e  t-  l 
 
vîle déserte :

c’est tu te lèves le matin, tu penches la tête pour retrouver klaxonnades ; mâtines de Paris 9. 
fenêtre vide
tu ne sais 
si le double vitrage
sert encore un but sinon l’effet de

môrt


Pétarade un engin à moteur, il sera le seul avant longtemps à vrombir 
camion à glaces : absent
ne fut jamais là 
tintamarrant cloches et
rires des enfants
tu l’espères tout se confond

la foule reflue 


foule deve-
nue


Déconfiture d'une rue Sntea_10 


De l’autre côté de la rue, l’immeuble exposé plein sud, tu dis, ils ont de la chance, l’immeuble avec des balcons, tu dis, la chance, de l’autre côté de la rue, le bruit des voisins qui font l’amour, ils ont de la chance, de l’autre côté de la rue, les voisins partis avec leurs cris, leurs gémissements.
Pas de chance. 


les volets

de l’appart
sont clos
il n’y a pas de

volets

 

Déconfiture d'une rue Entrea10


Grappe humaine de ci de là grappes vertes et pâles pépins jetés sur la route en travers légumineuse de brume et de pierre il en poussera de plus doux. 

Les vacances scolaires débutent, on dit. On dit, L’A13 complètement bouchée une foule de bagnoles, #restezchezvousputain. On dit. Une foule d’images dit re-dit répète. IL y a eu des bouchons sur l’A13 direction la Normandie et la Bretagne. 
Il y a des bouchons. 

C’était un hoax, un pour de faux, une info contagieuse, déformée, fausse et vraisemblable. 

Un kilomètre d’embouteillage d’après sytadin ; c’est l’effet d’optique des maladies à mort et des contrôles de police. Un kilomètre c’est 385 fois moins qu’une journée normale. Une journée comme il ne s’en fait plus. Les routes, les fours, les hôtels de passe ne résonnent d’aucun pas. Vide, l’A13.


En chine, des files immenses se constituent devant les crématoriums. A Wuhan il y a un embouteillage de cendres. L’approche de la fête des morts presse les parents
 ; 
les urnes funéraires doivent être restituées afin de procéder aux rites d’usage. 


Cent mille 

attendent à 
Wuhan.

 

vivants ou pas.



50,6 k inscrits sur le groupe Facebook bibliothèque solidaire. L’initiative visait, au départ, à sauver du désarroi les chercheurs et étudiants privés de ressources bibliographiques nécessaires à leurs travaux.
Désormais 50,6k fois, groupe organisé de flibustiers pillant avidement et sans culpabilité les oeuvres éditées par de petits éditeurs (ou non) qui dépériront de la maladie à mort : l’épuisement du fonds de roulement. L’éditeur « le monstrograph » vend pour deux euros les versions numériques de ses oeuvres. Un fragment des 50,6 demande un de leurs livres. Le monstrograph pour préserver du désarroi et de l’ennui les lecteurs a mis en accès libre son catalogue. Les 50,6k s’en foutent.
50,6k foule non absente
qui devrait être aurait du être absente.
les administrateurs m’ont banni après que j’ai évoqué la dite flibuste scandalisés que le scandale vint contre les solidaires.


Déconfiture d'une rue Foule_10
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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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