Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
boudi's blog
boudi's blog
Archives
Newsletter
1 abonnés
27 juillet 2020

Chez les fachos.

Ce texte aura son jumeau samedi prochain.

Je suis invité à l’anniversaire d’un ami d’extrême droite très extrême. Je me rendrai à cette sauterie de bavards qui toujours racontent qu’ils ne peuvent plus rien dire. 
Je ne sais pas encore ni le visage ni le foulard que je porterai ; si je mets du mascara et du crayon dois-je allonger le regard ou le clore pour manifester, dès avant, mon opposition de principe à tout ce qui pourra être dit ? 
 
A rien, bien entendu, je ne souscrirai, pour autant je ne chercherai aucune dispute (Je me demande si C. se trouvait là par hasard - je doute qu’elle n’accepta jamais pareille invitation - exprimerait-elle son refus devant l’abjection ? Claquerait-elle la porte ? C’est une attitude très mâle, sûrement de rester, d’endurer, parce que je suis du côté de la force, pas des poules mouillées)
 
Aussi, dès lors que je suis là, on me verra dans ma plus exquise sociabilité ; fuyant la dispute, inclinant sagement la tête, protestant mollement. 
Face à une foule unie aucun argument ne perce, il suffit de se retourner vers son camarade de droite, vers sa camarade d’extrême droite pour avoir raison. 
 
Mais que ferai-je ? Je ne puis jamais m’empêcher de complaire et pour ceci me glisse, avec aisance, dans les schèmes et les représentations des gens ; je comprends toujours pourquoi c’est à dire à quelles conditions telle lecture du monde se propose. J’aimerais ne pas apporter à leurs délires mortifères une simple pointe de nuance mais n’y opposer qu’un silence poli qui, dirait tout à la fois, mon mépris et que moi je ne peux plus rien dire.
 
Je les imagine déjà dans la brasserie s’imaginer à Poitiers…
Ah, et le plus haut destin pour eux c'est Barberousse au milieu de la croisade, noyé.
; voilà leur rêve et leur grand sort ; noyés dans un étang ; indignes de la moindre profondeur - mais pour ces nains les étangs ont la profondeur des abîmes et la vase le goût des fleurs. 
 
Le plus tragique de leur affaire c’est que ce sont tous des ratés selon leur propre signalétique. Certains connaissent des gloires mais jamais celles qu’ils se voudraient. 
F. est professeur à l’université où il enseigne la géopolitique, Y. a fondé le magazine l’incorrect, A est écrivain et en vit presque, E. est journaliste.
Tous voudraient se tenir à hauteur de Maurras pour l’intelligence et de Barrès pour le style. On les trouve environ au deuxième bouton de BHL.
 
P., cependant, pour qui j’ai beaucoup d’affection se tient en lisière, dans les parages, il ne fait aucun doute qu’il appartient à leur genre, mais avec je ne sais quoi qu’il travestit et truque ; il provoque et prend à contre-courant. C’est lui qui me dit de R., écrivain et journaliste de merde, il faut le dire, que certains escrocs littéraires réussissent (Beigbeder) et que d’autres (R.) échouent. 
 
P., est obèse et il en parle, P. ne baise pas et il en parle. P. se chasse de l’humanité en se révélant ainsi, très humain. P. se moque de lui et se prend à la fois au sérieux. Il a quelque chose de tragique, celui des suicidés en suspens qui, furent sauvés un jour, et ne périront plus jamais de la sorte.
 
J'aime aussi beaucoup H. qui s'appelle en réalité G. qui porte en lui une lumière qu'il ne sait pas et que je n'évoque jamais avec lui. Le triste, je crois, c'est que ces gens lui font porter une sorte d'abat-jour. Il a du talent. P. aussi. Ce sont les seuls.

 

Publicité
15 juillet 2020

La misère est si belle

Des choses insignifiantes souvent me bouleversent ; soulignent ces choses la relation contrariée du monde à moi. 
J’ai pris le train, ce matin, depuis Paris jusque Lyon puis de Lyon à Chambéry-challes-les-eaux et de chambéry-challes-les-eaux à Modane.
Mon billet Paris-Lyon coûtait 22 euros en OuiGo. Les passagers des OuiGo me brisent le coeur. Je les observe dès avant le quai. La procédure d’accès au train diffère du trajet normal. Défile devant moi la vie de ces gens-là et quelque chose en moi toujours, synonyme du sentiment d’angoisse, enfle. 
C’était en OuiGo, dans les Ouigo je regarde les gens, la vie des gens qui prennent ces trains et j’ai de la peine. 
Pourtant, moi aussi, à égalité avec eux, passager ; sur moi pourtant je ne jette aucun regard inquiet. Ce n’est pas, usant du détour, m'apitoyer sur moi-même.
Pourtant, mon trajet mérite bien plus de sollicitude que nombre d’entre eux. Le Paris-Modane en TGV, aller retour coûte entre 150 et 300 euros. Prenant, des détours sinueux, calculant par moi-même - le site de la SNCF ne me propose pas l’itinéraire que je me suis composé - le chemin pas cher en utilisant le train - je ne me suis pas résolu au bus. 
Là, j’écris depuis la brasserie Marius à Lyon. Je dois attendre 5 heures mon second train. Le coin de Part-Dieu déborde de laideur ; la rue s’empiffre de travaux et de promesses - des boutiques avenir - l’espoir des villes, voilà, la nouvelle boutique beyond meat - les villes ont aussi une bonne conscience. 
Là, en face de moi, quelque chose comme deux tables nous sépare, une fille parle très fort au téléphone. Avant, elle discutait avec un homme en bras de chemise très assuré (et on ne devrait jamais être assuré en bras de chemise, en soi devrait tourner l’embarras le plus blême et nos avant-bras dénudés quémandaient des pardons) ; il avait une tête de patron - c’était le patron. Elle disait oui, demain 16h, pas de problèmes, après elle a ri et lui aussi. C’est fou, le rire…Alors au téléphone elle dit oui ça s’est bien passé, attends je te dis.
Avec OuiGo, pourtant, si l’on s’abstrait des couleurs criardes et laides - pourquoi faut-il ajouter de la laideur aux choses destinées aux pauvres, comme s’il fallait leur rappeler par leur condition, infamer par le rose délavé, le vert fatigué. Au-delà de ce vernis le trajet demeure plus ou moins le même, se déroule sur les mêmes lignes à grandes vitesses. Certes, les départs et les arrivées se donnent depuis des gares périphériques ; il faut ajouter le prix du billet qui vous mène de la périphérie au centre-ville, où les trains normaux arrivent. On dit normal puis on dit low-cost comme s’il s’agissait d’une version dégradée et honteuse du service proposé normalement. 
C’est un truc, j’ai remarqué toujours, fut-ce pour être croquemitaine, panneau publicitaire ou quoi, on dit « j’ai un entretien » avec plaisir intense et excessif. On se prépare à son rôle de monstre, dans le placard ou sous le lit pour les plus audacieux.
Un entretien, un essai…

Ca va commencer, les débuts sont toujours prometteurs, c’est après que la réalité, copeaux à copeaux, se dévoile et déchire. La déception survient. Plus ou moins rapidement. Relation amoureuse d’une autre sorte. 
bébé, ouais, j’ai une journée d’essai demain à 16h (…) le patron est super sympa. C’est marrant, ça. Marrant parce qu’en fait elle en sait rien. Quand on dit ça, on conjure, on supplie, on espère que oui ça sera sympa ?
On mélange suppliques, espoirs, conjurations ; chimie instable des mixtures. 
Tous nous sommes ces composés hétérogènes ; si vite nos opinions changent et avec elle le monde entier. 
Il est rare que la vie des gens, que l’attitude des gens, que les autres ne me fassent pas pitié. Je crois que j’ai connu trop intensément la promesse de la misère pour demeurer indifférent au moindre de ses signes.
Je regarde les gens, comme ils sont accablés, abîmés, craintifs. Je me souviens Vivian, il vieillit, il porte sur lui des signes d’une autre sorte, de triomphe mais toujours ceux là de ces vieux-beaux. Il porte aussi en lui ses tentatives ratées, ce qui n’a pas marché, tous les j’aurais du et il n’est pas le plus à plaindre, même parmi les moins, il a une belle voiture, une belle moto, une belle maison, son amoureuse et lui s’aiment et jouissent. Pourtant, parce qu’il portait en lui ce je ne sais quoi immense. Dans One Piece, existe un haki spécial et rare le haki des conquérants. Le haki c’est une sorte de superpouvoir qu’on apprend, il en existe de différents types ; résister à des attaques adverses, voir dans le futur et ce genre de choses. Mais le haki des conquérants provient de la biologie, c’est un don qui ne s’apprend pas. Vivian porte en lui, peut-être, cet haki là, épuisé. 
Luffy a avalé un fruit du démon. Les fruits du démon dans l'Univers de One Piece confèrent à leurs utilisateurs des pouvoirs surnaturels excédant de loin les capacités d‘un être humain normal. Seulement, toute transaction avec le démon - fut-il seulement comestible - exige une contrepartie. Les utilisateurs, c'est ainsi qu'on les appelle, des fruits du démon ne peuvent nager en mer ou en océan. Dans ces eaux ils se noient, perdant toute leur force et tout l'usage de leur pouvoir. Leurs adversaires se servent, par ailleurs, de ce phénomène-là et forgent des entraves en sel marin qui, une fois portées par les utilisateurs, produisent sur eux l'effet de l'eau de mer. 

 

2 juillet 2020

Se rater.

Son prénom, il ne sert à rien de le rapporter. C’était aux 30 ans de Magalie, sur la péniche des bords de Seine, à Suresnes. Le mec est blond, porte une casquette de mec, genre, qui aime l’électro. Va pas tout à fait en rave mais aurait pu. Il n’avait aucune chance et beaucoup d’espérance.
Il portait à mes yeux l’échec, une forme d’échec, de la vie occidentale, cette mollesse qui guette chacun ; de la graisse se forme. Le coeur a l’odeur du MacDonald. 


Probablement, c’est sûr même, il eût des grandes gloires au lycée. Il en conserve un genre d’assurance - défaite de plus en plus. Il connût, oui forcément, mais il y a longtemps déjà, le goût des victoires adolescentes. Les premières qui comptent. Il racontait à 14 piges, que ça y est il l’avait fait. Il l’avait fait ça voulait dire j’ai éjaculé dans une capote avec une fille c’était ouf. Oui voilà. Peut être pas la capote ou si. J’ai remarqué les gamins comme ça qui baisent tôt toujours ils utilisent des capotes. Ils en gardent l’usage longtemps. Sauf après, quelques uns qui pratiquent le stealthing ça veut dire le viol par surprise ça veut dire enlever la capote discrètement genre quand le mec est derrière la fille, quand elle peut pas voir. 


Lui, On le voit, il n’y arrivera plus jamais. Il a cru un moment qu’il lui suffirait d’être lui, de demeurer lui, pour que tout à son passage s’ouvre. Il manquait de talent ; il manquait de travail. Celleux de cette matière, pour qui tout semble s’ouvrir du simple sortilège de leur rire, travaillent des acharné·es c’est. Forgent leur chance et dissimulent ce travail et cette sueur sous une nonchalance truquée. J’en connais. Ielles passent leur temps à entretenir ce talent, inné peut-être, oui mais sans le travail acharné. Auraient fini là comme ce type un peu minable. Cette sécheresse, lui, qu’on porte tous en soi. 


Toute ta vie se tenait là, dans la cale de se bateau-là. Avec ton amie Claire tu te résumais. Comme tu paraissais inquiet, spectral. Homme à disparaître. Tu es de ceux là. Tu grattais, dans la cale, avide, ton pochon de cocaïne, tu disais à Claire, tu le disais dévasté, il en reste presque pas. Tu grattais quoi pour de vrai. Que ça ne finisse pas, je crois. C’était ta façon de fuir. Gratter. Il y a ce conte, ce gamin avec un cerveau en or. On lui racle la tête, il trouve une femme, vénale c’est entendu, elle demande des bijoux des parures il n’a plus de tête bientôt, demande des boucles d’oreilles et tombe, il tend sa main, mélange de sang et d’or (métaphore déjà des diamants ensanglantés du congo)


Il raclait, vraiment, comme un affamé peut-être, sa terre stérile. 
Le bateau parfois tanguait malgré son amarre, nous rappelant nos destins mal-amphibiques. Quand la vague frappait trop fort, tu devais craindre un peu plus que ne s’envole la poudre. 
Il a fait de son mieux, je crois. Là il raclait. Il y a cru. On lui disait. Tu vas le faire. On disait, mec ça va le faire.
Sauf que ça l’a pas fait, tu t’es pas donné assez de peine, le hasard tu n’as pas su le dresser. Informe, un jour il t’a laissé tomber.

Après, avoir tasséé sa petite trace, raclé comme un tox les rebords du plastique, après, avoir tassé sur la tablette en bois, ce qui te restait de cocaïne. Après, après il a scellé le petit pochon, le pochon vide, il a dit c’est vide. Peut-être il gardait pour pas donner à sa pote, Claire, il gardait une miette. Il avait des yeux, mon dieu, je me souviens quand il a dit y en a presque plus. Il avait des yeux…Des yeux qui disaient, il va falloir voir la vie comme elle est et merde. Il va falloir…et tout le devoir de ce mot l’accablait. L’accable encore, aujourd’hui, ce jeudi. 
J’ai vu la flamme du briquet s’approcher du plastique et le faire fondre juste assez pour qu’il se referme sur lui-même. Ainsi, clos, ce paquet qui abrita la came. Ainsi clos, il peut le sentir dans sa poche lorsque ne savait quoi faire de ses mains il les y plonge. Il sent la forme, ronde, un peu râpeuse et se dit, y en a encore, peut être. 
Un de mes amis, ça me fait penser à lui, au plus pâle de son existence, lui aussi quand il puait faut le dire la défaite, il faisait un truc un  peu comme ça. Il ouvrait et refermait le frigidaire. Il avait pas un clou pour se payer la bouffe. Alors il ouvrait et fermait comme s’il rendait un homme au frigidaire et qu’ainsi, à force d’être célébré par ce geste suppliant, il ferait bien apparaître un morceau de n’importe quoi. Le silence à 4° lui répondait. Invariablement. Dans le pochon, sûrement, reste-t-il de ce silence glacé. 


Claire dit je suis au chômage je dis ah c'est bien de rien faire elle dit je vais faire une formation je dis c'est bien de se motiver tout est bien maintenant de toutes façons pour moi elle dit oui de plomberie je dis ah oui c'est bien ça gagne plein dargent elle dit non le salaire c'est pas fou je dis oui mais à ton compte ohlalala elle dit oui c'est vrai après on rigole


Ce mec, le blond là, me fait peur aussi. Dans tous les ratés je vois un moi possible. J’imagine la forme potentielle de mon déclin. Il me métaphore, me précède et me garde. Dieu peut-être il existe me met ce genre de types sur le chemin pour dire, fais gaffe, mec, je t’avertis encore une fois, mais faut pas déconner, bientôt tu vas te débrouiller, le loto franchement compte pas dessus, je te le déconseille fortement. Alors, après avoir ce mec, pour m’éviter d’un jour me trouver dans le miroir avec une casquette laide, un pochon vide. Pour m’épargner ces sortes de crashs, je me suis remis à lire, travailler, penser. Pour cet homme je n’ai pas de pitié, pas de mépris, je le vois pour ce qu’il est, dépourvu de forces, faisant ce qu’il peut. Il m’a convaincu, de ça, de cette vie en lui tarie - non mort en germe - en me disant qu’il voulait faire un film j’ai demandé tu as déjà réalisé il a dit non il a dit j’ai besoin de 5 millions je me suis dit d’où tu tires ce chiffre je lui ai dit vraiment t’as rien fait si il a dit il a dit je me filme quand je fais du VTT avec ma gopro j’ai dit d’accord écris à tout le monde hésite pas franchement fais ça. 


Enfant, je ne mangeais rien, je repoussais l’assiette de n’importe quoi et vidais, déjà, les verres, de limonade c’était en ce temps là, gazouz on dit en arabe du maghreb - bonheur de ces langues qui savent encore l’onomatopée - je repoussais et dans la rue y avait un nain et ma mère moi je me rappelle pas elle a dit non c’était dans le bus en fait ma mère elle a dit tu vois si tu manges pas tu vas devenir comme lui tu vas pas grandir et moi c’est elle qui m’a dit j’ai éclaté de rire d’un rire impossible à arrêter et je le pointais du doigt incrédule peut être ou alors tout à fait convaincu m’imaginant ce destin, toute la vie, voir le monde à cette hauteur, après tout pourquoi aurais je du le craindre, c’était djéà comme ça que je voyais cette mise en garde voilà elle m’a pas fait peur dieu c’est une autre affaire faut le dire. 

 

boudi's blog
  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 49 351
Publicité