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27 octobre 2020

Architexture

La société des architectes lançait un appel à texte. J'y ai répondu, avec une proposition hors-sujet que j'ai eu beaucoup plus de mal que je n'aurais cru à extirper de moi. Il fallait parler d'architecture et je ne sais parler que des choses mouvantes - hélas jamais je ne fus témoin du tremblement de terre qui arracha au sol toute la ville de Lisbonne - et à la poésie ses plus mauvais vers. 


Architexture - Delirous
Son goût des sommets l’accompagnait depuis tout enfant. Lors de ses premières vacances en Kabylie, à 2 ans, son oncle le mit sur ses épaules et le mena sur le mont Djurdjura. L’oncle, alors, s’exclama - sûrement : regarde, regarde Djilali. Cette vision se ficha dans son coeur ; pas dans sa mémoire. Il ne se souvient pas du paysage d’alors, ni de l’âpre escalade, pourtant il sent, il sent en lui le vacarme des cimes et l’irréductible attraction des sommets. Toute sa vie il les recherchera. Avec le temps le goût du très-haut mua ; pour se convertir, d’abord, en l’amour de Dieu, passion qui s’épuisa bien vite. Puis, il s’éprit de sa ville et de ses immeubles triomphant mais…rapidement, le voilà déçu, Paris est une ville couchée. La Tour Montparnasse ? solitaire et peureuse ; les tours de la Défense ? reléguées hors de Paris, honteuses - et nécessaires, comme Kabushiko, quartiers des plaisirs de Tokyo. De la Tour Eiffel, il ne veut pas entendre parler.
Paris - Red Light District
///
New-York est irrationnelle. Utopie mêlée au cauchemar. Je cherche le sommeil de ce cauchemar.
Mathew vit à Atlanta. Mathew vient faire du tourisme à Paris et, pourquoi pas, y trouver un amant pour égayer la nuit et le jour[1]. Après notre première nuit d’amour, émouvante et banale, je l’emmène en ballade dans Paris. Nous errons dans le quartier Latin et il s’émerveille de ce qu’il voit, il s’émerveille de ces vieilles pierres intactes, de cet amoncellement d’Histoire qui n’en finit pas. L’Eglise Saint-Julien-le Pauvre fondée au Xe siècle…Il a du mal à réaliser. Xème siècle…Cristophe Collomb était loin de débuter son expédition massacreuse…Tout est ancien ; tout est neuf. Il éclate de rire, rire clair rire surpris. Pour faire à nouveau retentir ce rire, je le guide dans la ville, ville aimée et décevante.
Paris est si belle…je lui dis. Il dit tu en parles si bien. Le regard que l’on s’échange est tendre et sans promesses. Paris si belle. Paris, je vais lui dire quelque chose encore…et une fissure d’où rien ne pousse, s’ouvre en moi. Je reprends la parole. La cathédrale Notre-Dame éblouit, dentelle de pierre, que Dieu frôle chaque jour et parfois enflamme. L’île de la cité, majestueuse et dangereuse, le palais de justice qui entre ses murs ensevelissait tant de vies, le chant de l’Opéra Garnier quand le vent souffle le mardi à 20h… Rien ne s’élève pourtant, sinon la tour peureuse sinon les tours honteuses. Rien ne s’élève…
Je lui dissimule ma mélancolie. Mélancolie à l’objet absurde, mélancolie du très haut, des neiges éternelles de l’enfance…Je veux le conduire ailleurs mais il tient à voir les Champs-Elysées ; je n’ai pas le coeur de débattre. Il commande un Uber, il préfère regarder la ville défiler par la fenêtre. Il a raison. Le métro nous prive de la vision. Sur la plus belle avenue du monde je ne me montre pas d’une grande aide… je le laisse à ses envies. Il a entendu parler de la boutique Abercrombie et Fitch des Champs-Elysées et tient à s’y rendre. C’est magnifique, il dit. Tous y est beau.[2] Il a raison. Il voudrait voir la Tour-Eiffel
Je ne hais rien tant que la Tour-Eiffel, si les tours honteuses ou peureuses, me frustrent, la Tour-Eiffel provoque en moi des remous de haine, elle m’agresse. Inutilement prétentieuse elle se dresse là et jette sur tout une ombre imbécile. Elle s’impose comme seul mont et tout, autour, doit s’incliner plein de vénération. Je crois que c’est pour ceci que je hais la Tour Eiffel. Tout autour d’elle, solennellement, s’agenouille, craintif.
Parle-moi de New-York, je lui demande.

Il n’a jamais été à New-York. Il me fait penser à New-York.
Je le regarde. Je n’ai jamais été à New-York.
En bas des Champs Elysées, station Franklin Roosevelt, nous prenons la ligne 1 et descendons station Esplanade de la Défense…
Je veux lui montrer ce qui ici me rappelle les Etats-Unis, ces tours qui me blessent au cœur - ce qu’on m’a consenti de sommets pour combler l’irréparable nostalgie des montagnes enfantines.
Je me dis, il va rire, il va dire the fuck en voyant la maigre quantité de nos tours. Il va dire même que dans n’importe quelle ploucity américaine y en a dix fois plus. Le contraire se produit. Il s’émerveille une seconde fois, s’émerveille de voir cohabiter ces dizaines de tours et, à quelques kilomètres de là à peine la beauté antique - pour lui ça a l’air de venir de si loin en arrière - de Paris. Il dit je n’imaginais pas…ça. Son émerveillement élève, un instant, Paris à mes yeux.
blessure d’amour
 Il me dit qu’il aimait Paris avant même de connaître Paris. Que cette fois c’est sûr. Il est tombé amoureux.
***

Il part en Uber. Quand il monte je me rends compte que Mathew ne ressemble pas tellement à New-York.
En fait.
S’élever – New-York is the anti-Paris and the counter London[3]
Lorsque, j’ai entendu parler pour la première fois de New-York, à 10 ans
blessure d’amour
Quelque chose en moi a                                                       s’est serré
retenti
blessure d’amour
Une consolation et aussitôt une douleur
blessure d’amour
A l’école primaire, quand nous finissions notre travail avant les autres, l’institutrice nous autorisait à quitter notre place pour nous asseoir dans le coin lecture, au fond de la classe. Nous avions à notre disposition une petite bibliothèque consacrée à l’histoire, la géographie, la biologie... Un jour de Novembre, 10 ans, je me souviens bien…je choisissais un livre au hasard – était-ce le hasard - et là…New-York. C’était New-York qui se tenait devant moi, qui s’élevait, qui s’élevait du fond des pages ; giclait de l’Atlantique, jaillissait du fleuve Hudson. Je n’en croyais pas mes yeux ça existe. Je débarquais du port, je ruais hors du débarcadère pour atteindre ce monde palpitant, neuf. Et dans ce New-York de songes, dans ce miracle que je découvrais en mots et en photos s’élevait l’Empire State Building. Tout était immense dans ce nom. Empire. State. Building. Tout.
blessure d’amour.
deux fois
blessure d’amour
Dix ans…Alors l’obsession. L’obsession impossible à consoler. L’obsession naissante pour cette ville et ce building. Cherché, lui, l’Empire State Building en vain partout. N’apparaissant même pas par transparence, imagination et illusion, dans les rues de ma ville. La Tour Montparnasse pas une seconde je ne l’ai confondue avec l’Empire State Building.

Sans argent, impossible de traverser l’Atlantique. Lorsque j’ai demandé à mon père de m’y emmener il m’a regardé comme si je demandais la lune. Au moins. Mars. Peut-être.
Il n’a rien dit, il a refusé sans un mot. J’ai compris que la distance qui me séparait de New-York ne se comptait pas seulement en kilomètres mais qu’une autre unité, plus infranchissable, faisait obstacle.

Nos désirs, nos désirs frustrés ; rites de passage de l’enfance à l’adulte. 
J’apprenais la valeur de l’argent dans toute son immense douleur. Je dus employer mon imagination consolatrice - par bonheur à cet âge-là nous en possédons un trésor inépuisable.

Je me suis fabriqué mon New-York, j’ai élevé mon Empire State Building. Patiemment. Retrouvant l’usage de mes légos délaissés depuis tant de temps…La forme, dans ma chambre, un instant m’apparaissait. Là. C’était là.

Je vivais New-York par…correspondance. J’achetais des cartes postales de New-York que je me faisais parvenir, je me donnais des nouvelles de la ville, en quelque sorte. Dans les magazines je cherchais des photos de New-York. Je m’intéressais à l’architecture si mystérieuse de cette ville qui ne ressemblait à aucune autre. Ses avenues parallèles et donc perpendiculaires, son métro…La moindre différence me plaisait et me stupéfiait. New-York 7,8 fois plus vaste que Paris. New-York, 7,8 fois plus haute que Paris. Je gardais, au cours de mon étude scrupuleuse de New-York, les gratte-ciels pour la fin, comme on garde la meilleure partie du dessert de côté pour la finir quand tout est fini. Et de ce dessert, même, je gardais, précieusement, pour la fin de la fin, le plus éblouissant fragment : l’Empire State Building.

New-York, pour moi commençait là où Paris finissait. A 37 mètres. [4]
Comme j’étais bizarre, au lieu de photos de Pin-Up je coupais, dans les magazines, les photos de New-York. Une ville me hantait. Comme j’étais bizarre de m’intéresser aux 381 mètres de l’Empire State Building (444,2 avec l’antenne), à ses 102 étages (86 sans la flèche), à son marbre, à son hall immense, à sa rivalité avec les autres tours de la même époque…j’avais soif et faim de cette ville.
Au moment de ma puberté, je ne tombais amoureux que de garçons ressemblant à New-York. En cours d’anglais, celui qui parlait avec l’accent que j’imaginais celui de l’Empire State Building. - si un gratte-ciel avait une voix - alors l’amour, l’amour grandissait en moi. Adolescent, j’ignorais que ceci c’était l’amour, que j’aimais New-York, que j’aimais les garçons et que longtemps je prendrai les uns pour l’autre.
j’ai deux amours…
j’ai deux blessures
Aucune fille ne m’a jamais évoqué New-York. Avant de comprendre - d’assumer - mon homosexualité je croyais que ma répugnance pour les femmes venait de ce qu’elles ressemblaient toutes à des villes de province…
blessure.
A 17 ans mon premier amour ou, plutôt, ma première relation, je la vivais avec un garçon de 24 ans, Jérome. Il venait de Bruxelles et me racontait qu’il avait vécu à New-York, qu’il connaissait la ville comme sa poche que ses amis…si je savais…il ne peut pas trop en parler…tellement connus…qu’il m’emmènerait un jour. Je le croyais, je l’écoutais…Plutôt, je me laissais duper, on ne demande pas au conteur de dire vrai ; …moi, avide de New-York, voulant tout croire, tout fragment de New-York me consolait[5]. Je ne pouvais pas faire la fine bouche. Il n’y avait pas grand-chose pour se rassasier à Paris et l’imagination, la mienne, venait à manquer. A 17 ans d’autres démangeaisons remplacent l’imagination enfantine.
Jérome me mentait et je faisais mine de le croire. Il avait grimpé toutes les marches de l’Empire State Building, il disait. Je lui demandais la centaine ? Il me disait les 102. Il ajoutait : en quinze minutes.
Son mensonge - il était menteur - n’avait rien de perfide, il mentait pour se donner un genre bien sûr, pour se mettre en valeur évidemment ; il mentait aussi - surtout ? pour me faire plaisir.
Pour ne pas trahir son mensonge, il étudiait sérieusement la ville. Lorsque nous nous voyions, il revenait chargé d’une nouvelle histoire, d’un peu plus de New-York. Comme si, à la façon des colons qui fondèrent la ville jadis, il ne cessait de repousser son mur d’enceinte. Il étendait la ville, de l’île de Manhattan jusqu’aux 121 440 hectares que compte la ville aujourd’hui.
Ferme les yeux, l’Empire State Building mesure 442 mètres. Tu y entres par une grande porte, rien de notable cette porte. Passe vite. Pense un instant. Tu te trouves sous 60 000 tonnes d’acier quand tu entres. Tu te trouves sous 200 000 tonnes de pierre. On dit de l’Empire State Building qu’il est un sarcophage et que nous sommes pharaons[6]. Tu marches, tu parviens dans un hall haut comme un immeuble parisien. Un petit immeuble parisien, comme…comme la Mairie du 18ème arrondissement. Tu te présentes à l’accueil et…Tu es autorisé à monter. Regarde le sol avant de monter, imagine les pas et la vie qui frappèrent impatients ou inquiets ce sol. Imagine, les hommes terrassant le sable, la pierre. Ce sol réfléchit ta vie, miroir de marbre. Puis, tu montes, enfin. Je suis monté tant de fois, si tu savais. L’ascenseur est rapide, un éclair de feraille. Enfin, je dis l’ascenseur mais il y en a 73. Tous fonctionnels…Son style on l’appelle Art Déco, je veux dire le style de l’Empire State Building, c’est l’Art Déco. Comme l’école à Paris. Enfin, je t’en parlerais une prochaine fois, c’est très important pour comprendre…beaucoup de choses. Aujourd’hui, ce n’est pas important. Aujourd’hui, rêve, monte en pensées jusqu’au 102ème étage.[7]
J’ouvre les yeux. Il me regarde avec une tendresse infinie. Il me regarde et je trouve alors qu’il ne ressemble pas - plus - à New-York, qu’il vient d’épuiser tout ce qu’il avait de New-York en lui. Comme je me sentais ridicule de penser en ces termes-là…chercher New-York dans les gens…aimer les gens parce que ceci ou cela faisait New-York. New-York que je n’avais jamais vue que sur les photographies. Comme je me sentais ridicule…d’être ce que j’étais, d’aimer ce que j’aimais…Je n’y peux rien si j’aime ce que j’aime. Alors être soi jusqu’au bout, vivre sa passion absurde de toute sa force.
Les six mois que durèrent notre histoire je connus New-York en pointillés, New-York imprécise et impossible. Mais New-York est impossible et contradictoire dans son essence même. Le menteur dit vrai, malgré lui.
New-York :
New-York est un songe une utopie mêlée à un cauchemar. New-York vient de la vase et l’île de la cité devient jumelle de l’île de Manhattan. Les indiens éclatent de rire, ils viennent de vendre à un hollandais l’île de Manhattan pour 24 dollars. Une île qui ne leur appartenait même pas. Ils éclatent de rire en partageant le butin et lui, le hollandais, éclate de rire aussi d’avoir fait une si bonne affaire. Il pense déjà à tout ce qui s’élèvera ici mais il n’imagine pas jusqu’où les choses monteront[8]. New-York est maudite comme les grandes villes sont maudites. L’île de Manhattan, pour les indiens, s’appelle le marais aux loups et une bête féroce y rôde. Le hollandais a acheté la malédiction avec la terre qui n’appartenait à personne. L’Amérique a l’habitude des villes fantômes. Les ruées vers l’or érigeaient de petites villes aussitôt abandonnées par la rumeur d’une autre prospérité ; mais aucune ville n’est hantée comme New-York et la bête attend.
Sur la place de la Bastille, j’apercevais l’Empire State Building[9]. Je maudis la France de n’avoir su écouter le ravage du Corbusier lui qui voulait faire germer ici la vie et le ciel.[10]
Paris - Dans mes rêves.
J’ouvre l’application eDreams, on – je ne sais plus qui - me l’a conseillée[11], pour mon trajet Paris CDG vers New-York - JFK. Le smartphone calcule la durée du trajet, compare les dizaines de milliers - c’est l’appli qui dit - de combinaisons possibles pour obtenir le meilleur prix. Sur la carte virtuelle, un avion se déplace, ses pointillées et son parcours suivent celui qui sera le mien. L’avion suivra-t-il exactement cette courbe ? Ce trajet fictif respecte-t-il bien son couloir aérien ? Je me projette dans ces pixels mouvants, je m’imagine, comme je me suis toujours imaginé les choses, pixel à l’intérieur du pixel. Voyageant. J’aimerais ne prendre qu’un billet aller, arriver avec tout mon fatras et me dire, voilà, je suis à la maison. Les restrictions au voyage empêchent ce rêve - le seul rêve américain valable - mon visa m’oblige à prendre un billet retour. Alors sur la carte virtuelle du smartphone, je vois l’avion revenir à Paris et aucune force ne peut interrompre ce mouvement. La blessure s’ouvre 9h durant ; se suture, pointillés de 5821 km sur la carte.
J’atterris.
L’aéroport n’a rien de New-Yorkais, sinon, une sorte de travestissement. Il essaie de faire New-York, de faire comme si, ici, nous étions déjà à New-York. Ce n’est pas le cas. Les vendeurs ou les vendeuses n’ont rien de New-Yorkais. Camelots venus du monde entier, de passage. New-York ne peut sédimenter en eux, ni rien se déposer ni germer. Ils vendent une caricature, un modèle réduit – dans tous les sens du terme - comme au Trocadéro la tour Eiffel miniature – qui vaut la vraie.
Les aéroports se ressemblent tous. Verre, béton, acier, duty free, chefs d’escale, tintamarre des valises. Lieux transparents et tragiques où rien, je veux dire rien, pour de vrai ne se passe. Architecture destinée à la consommation et à la vitesse – remplacé, bientôt, par plus grand, plus efficace.
Je souhaite m’éloigner le plus vite possible de Queens, NY 11430, États-Unis pour atteindre…je ne sais pas encore.
Sur le parvis, devant le centre commercial - aéroport, où remuent les taxis locaux - encore du folklore - je suis happé par un type New-York il me prend par le bras.
blessure d’amour
Il me dit, je t’emmène pour 20$ à ton hôtel ou ton airbnb. Il désigne sa camionnette où attendent déjà d’autres touristes - à l’air franchement perplexe. Les taxis clandestins, à cause de ce qu’ils ont tous dans le regard un coupe-gorge, m’ont toujours inquiété. Pourtant, je me laisse entraîner. Je le suis parce que la première fois New-York avec lui, en lui l’odeur New-York cherchée depuis toujours, là, enfin là. Grand, aérien, vêtements absurdes, un air de va te faire foutre sur les lèvres. Il doit embrasser si bien. Mordre la lèvre, faire fuir la langue que j’essaie d’attraper. Poser ses mains. J’ai envie de lui. Je ne lui dis rien. Il sourit. Si différent de ce que je connais, si différent du rire de Mathew ou de Jérome. Je lui dis tu ressembles à l’Empire State Building, comme je lui dis ça en français, il ne comprend que Empire State Building. Il s’agace. Bon, tu montes ou pas ?
Je lui demande
  • T’as déjà été à l’Empire State Building ?
  • Il répond, T’as déjà été à la Tour Eiffel.
  • Emmène-moi là-bas
  • A la Tour Eiffel ? Il dit ça avec un accent français.
  •  T’es con.
Au moment de démarrer, il sort sa main par la fenêtre tape le toit de sa voiture comme Bienvenue à New-York les ploucs ! C’est sa façon de dire bonjour-va-te-faire-foutre. J’ai un peu de mal à suivre le paysage défiler par la fenêtre. Ma place ne me le permet pas. Tant pis.
Le camion a un problème. Rose, il s’appelle Rose, me sort de ma torpeur. Rose, nous fait descendre juste avant le Manhattan Bridge. Rose me dit, en m’aidant à descendre ma valise, puis d’ici tu peux voir l’Empire State Building. Clin d’œil. Tape dans le dos. Je sors mon portefeuille pour lui donner les 20$, il me le prend des mains. Se sert. 25$, il prend. A New-York, le pourboire n’est pas compris, il éclate de rire.
Puis le camion démarre en trombe. Le salaud. Tellement New-York.
Dans ma poche.
Tellement New-York.
Me suis-je enfin perdu en toi, uni au basalte comme un métal inconnu. Les vers de Rilke me viennent. Rilke qui protestaient contre les trop grandes villes et leur insanité. Me voilà dans la plus grande des villes, dans la plus haute des villes et c’est à sa pierre à son acier que je me confonds. Avec ma valise à roulettes, la vision de l’Empire State Building au loin. Enfin. New-York.
blessure d’amour.
Je me confonds à ta roche

[1] Grindr – Amours éclairs
[2]                 Il le dit en français et le disant ainsi, ce qui devrait être une faute devient d’une justesse exquise, qu’aucune correction grammaticale n’aurait su rendre.
[3] Rem Koolhas – Delirous New-York
[4]                 Section I. — Du plafond.
Article 17. — Définition et limitation.
Le plafond d'un îlot est constitué par un ensemble de points situés à une
même hauteur au-dessus de la surface de nivellement. La dite hauteur varie suivant
les secteurs délimités au présent règlement, sauf prescriptions particulières, elle
est de 31 mètres dans le secteur central et de 37 mètres dans le secteur périphérique, conformément au plan de délimitation des plafonds annexé au présent
règlement.
[5]                 Il faut à cet instant que je l’avoue, j’ai le vertige. Je l’ai découvert en cours d’EPS en 4ème. J’étais excité, la session d’escalade commençait, enfin, l’expérience des hauteurs. A la deuxième prise, ou la troisième. Le vertige, le vertige probablement du trop d’amour, la panique des sentiments trop violents…la chute.
[6]                 Personne ne dit ça.
[7]                 A ces détails, souvent, il se trahissait : j’avais fabriqué des modèles réduits de l’Empire State Building et je savais qu’il ne comptait que 86 étages, le reste, c’est la flèche.
[8]                 1
One World Trade Center 541,3 m
2 Central Park Tower                                                                                                                       472 m
3 111 West 57th Street                                                                                                                   435 m
4 One Vanderbilt                                                                                                                             427 m
5 432 Park Avenue                                                                                                          425,7 m
6 30 Hudson Yards                                                                                                                           386,6 m
7 Empire State Building blessure d,amour
[9]                 Le Plan Voisin, de ma tête à moi.
[10]                 On réclamait déjà des grattes-ciels et cette requête n’a jamais été entendue. D’autres que moi rêvaient au début du XXème siècle aussi aux montagnes des villes :
« Les nécessités qui s’imposent à vous, nous les avons subies, aussi. Elles sont graves, je le reconnais, mais elles sont comme l’effet d’un grand fleuve : vous pouvez diriger les eaux, vous ne les arrêterez pas, et c’est pourtant ce que vous espérez faire !
Comment voulez-vous empêcher ces financiers, ces propriétaires, de faire passer une loi autorisant à l’avenir cette forme de construction, permettant des édifices de quinze, vingt, trente et quarante étages ?
Nous étions les pionniers dans ce champ ... C’était nouveau, et il fallait expérimenter ... Oui, j’admets, nous avons fait beaucoup de « bêtises » à faire grincer les dents .... Nos architectes, au lieu de s’avouer franchement que ces édifices n’étaient que de colossales charpentes d’acier, ont essayé de faire croire qu’elles étaient en maçonnerie, supercherie extravagante, mensonge artistique, pitoyable, preuve que nous manquions de fertilité, d’idées et d’invention ».
F. W. Fitzpatrick, Chef de la société internationale des Commissaires Municipaux de la Construction.
[11]                 Ce n’est pas la moins chère, ne l’utilisez pas.

 

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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