Opium - Jeu d'écriture
IZALGI 500 mg/25 mg gélule
poudre d’opium, comme si, timidement, par le détour des ordonnances et des pharmacies ou, plutôt, plus justement ici, des officines oui, pour revenir au langage meurtrier des années 1900, la substance Morphétique pouvait resurgir.
Modeste cet opium, diminué, remboursé, institutionnel si l’on peut dire et, à ce titre, comme toutes les choses administrativement reconnues, amputé. Opium modéré, infans, remodelé, accompagné, gardé ou, plutôt, certainement, oui, surveillé par cette sorte d’aîné sec, sévère, le Paracétamol qui laisse l’esprit en paix, négocie, toujours perdant, piètre diplomate, avec la douleur : aigüe, modérée, intense. Vieillard ou soûlard, tapant le foie, de sa canne molle, hurlant d’une voix aigre.
Et si je déchire par le milieu ce comprimé d’Izalgi quel passé survivant, quel chant quelle, mélodie ?
Les tragiques accents de cette
mystérieuse
plus vaporeuse que la poudre d’opium
la mystérieuse au visage poudre de riz
pour rendre l’atroce douleur muette
la mystérieuse peau blanche blanche blanche blanche
blanche du sommeil irrécusable
la mystérieuse spectre étrange
autour de quoi ni mains
ni poèmes
ne savent plus se nouer
ni rêver
sinon trouvant fantôme
Ni Personne, ni Desnos, ne surent sauver
celles et ceux tombés entre les griffes
de cet amant mortel, faux amoureux
assassin véritable
Rien, ni Nancy Cunard ébouriffée, rien, une poudre blanche, mate, pas le Charleston, pas la loi-même. 500mg de paracétamol, 25 mg d’Opium. Rien.