Le bus palladium va fermer, je m’y rendais moins souvent, c’est vrai qu’il fût un temps, pourtant le bus palladium va fermer, m’écrase malgré moi. Pigalle a changé, je peux dire ça, moi aussi, comme d’autres bien plus vieux Pigalle a changé. Je me suis senti Pigalle dérobé, vrai devant ces inconnus sortant, non plus du trop ivre, venu de trop près, de trop tôt, des horaires de bureaux. Le bus palladium va fermer je ne m’y amusais plus autant, le temps de l’innocence, des premières chutes inconscientes, des réveils difficiles a passé, je me suis éloigné, moi, ainsi qu’une belle Métive des alcools en quantité inouï et des réveils de 18h du matin. Le bus palladium va fermer, dix ans, onze ans en vérité, de ma vie, de belles années dramatiques autant, le bus palladium va fermer, port de mes nuits, Le bus palladium va fermer, je me croyais le plus fort quand le pas mal assuré j’entrais par l’entrée des habitués et le bus palladium va fermer. Titubé, je titubais, nez rougi le bus palladium va fermer par le froid sec, dix ans, ce sont dix ans de ma vie, des naufrages souvent, qui là-bas échoua par trop, les laissés pour compte, celles et ceux oubliés le bus palladium va fermer je pense à ces disparus le bus palladium va fermer le suicide de H., le cancer mortel d’Eric. Ma nuit le bus palladium va fermer ma première, mon interminable découverte de la nuit du tard du sombre les verres volés, la poudre envolée sur la table de l’étage par D. menaçant. Le bus palladium va fermer. La disparition engloutie de Y. dans la folie dure, méchante.
Je l’aimais moins, le bus palladium va fermer Pigalle a passé, colonisée Pigalle de ces des garçons aux chemises bleu couleur de cimetière et d’after work, les barbes identiques, les cheveux peignés, ces hommes du pareil au même, les filles, le même modèle rétréci d’une boutique Claudie Pierlot.
Nous trouverons d’autres marges, le bus palladium va fermer des plus extrêmes, forcément, d’autres où ne pas vieillir, où brûler convenablement, jusqu’à quel point et à quel prix ? Plus loin, repousser le bus palladium va fermer la nuit
le bus palladium va fermer
et je repense avec effroi à cette soirée sans profondeur qui, je ne le savais pas alors, annonçait ces dix ans non-amers. Cette soirée dont je croyais avoir tout dit le bus palladium va fermer que je n’ai pas encore dite en entier. Cette soirée mon dieu d’achevés et d’inaveux cette soirée le bus palladium va fermer nous trouverons.
Nous taillerons à la serpe dans la nuit profonde, nous nous épargnerons ces lieux non-dits jusqu’à la malédiction, cette traitresse, le NoPi, érigée là comme une injure, une raillerie, un voilà ce que vous êtes devenus or, non, nous ne deviendrons pas canapé de cuir éclopé, toute grande propreté du NoPi, nous d’autres marges, d’autres non-vieillir, les sources claires et profanes des immortalités jouventes, du corps revenu de l’encan où nous ne trouvâmes pas notre compte, nous laisserons ardoise et découperons sous les murs de béton de l’angoissante ror.shar les absides incrédules. Le NoPi venu là, boîte de Pigalle, se moquant, disant voilà, tu as trente ans, ICI maintenant que le bus palladium va fermer tu vas t’épuiser, rire et te faire croire. D’autres marges, plus loin, plus loin, là, juste là.
Le bus palladium va fermer non, je ne suis pas triste sans épouvante je reprends le cours de la vie de la fête, dix ans de force en vérité, de courage retrouvé, on ne se doute pas le bus palladium va fermer la force venue de la chose à mourir, le don miraculeux, dix ans le bus palladium va fermer mon dieu dix ans ma première nuit comment la tristesse alors ? le bus palladium va fermer la joie d’autres marges d’autres non-vieillir. Merci
Oh, cette soirée, délabrée, aux êtres victimes de leur force trépassée, celle du VIIème arrondissement, toute sertie seulement de l’horreur défaite des voix mornes aux éclats ternes l’horreur l’horreur le bus palladium va fermer voilà le vrai meurtre, le crime à quoi je survécus, le meurtre ne tuant que ce qui devait mourir le bus palladium va fermer plus jamais je ne verrai ces gens leurs figures de jadis, elles et eux je les vois butent et rebutent rebutant contre le muret. le bus palladium va fermer, cette soirée du VIIème m’a réveillé de partout, l’élan vital de la fête, déjà, de, bien plus loin que la fête, aussi, elle m’a rendu écrivain, à nouveau, cette soirée de désolation, de la terre en ruine, du monde en friche, des fins de l’incendie où continuent, elles et eux, corps calcinés, à miettes à miettes se faire cendres, moi ranimé par la cendre, la terre fertile couverte de ces morts. Me voilà devenu oui le bus palladium va fermer écrivain à nouveau pour ne pas déchoir dans ce puits infâme.
Ecrire pour ne pas chuter pour ne pas moi dire tout en chutant j’en suis à ma quatrième montée comme cette fille le bus palladium va fermer qu’on disait sublime et que nous voyions hideuse, Médusa échouée, prise au piège de sa nuit devenu néant. La nuit gluante, je ne savais pas, la nuit qui ne te quitte pas, la nuit devenue visqueuse mouvante, qui les prit tous presque sauf G. qui j’ignore pourquoi garde à cause de ses yeux encore clairs et ses vingt-quatre ans, la vie que je sens en moi remonter, remonter, une cascade à l’envers de le bus palladium va fermer sentiments contraires;
Moi, si je suis des abîmes et du tragique, je leur veux la couleur de mon sang éclatant, je veux de ces blessures portées depuis toujours, en riant, en pleurant, au désespoir, avec honneur élevés jusqu’à très haut. J’ai vu à cette soirée du VIIème le bus palladium va fermer qu’il a déjà fermé, depuis longtemps, pour eux, emmurés, ma nuit ne sera jamais leur cimetière. Ecrire et d’autres marges, ensemble, cette vie, ma vie, la fête, mes extrémités, écrire, écrire. Je suis redevenu écrivain terrifié de voir leurs le bus palladium va fermer ces vies achevées, là, une guillotine tombée, ce lieu de faux-semblant, la fin du monde j’en suis à ma quatrième montée voilà ce qui l’annonce. Je ne finirai pas.L
06 avril 2022
C'est au bus palladium que ça se passe
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