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9 juillet 2022

Louise Neuve dite Sainte-Louise

Hier soir, alors que je retrouvais de chers amis je rencontrais, de l’un d’eux la plus chère : Louise. Parce que parfois ou souvent la timidité engourdit le geste, donne à la voix le timbre maladroit d’on ne sait quel reproche, il se peut que les débuts paraissent un mauvais labeur, la terre, avec le temps, devient tendre et fertile.
Alors, moi, j’attendais que le temps s’éclaire pour parler avec Louise puisque Louise est l’amie la plus chère d’un ami très précieux. 

 

Nous buvions des gin tonics sur les marches du Ground Control ou de la bière bio. Mehdi, avait volé des brots vides pour en récupérer la consigne et s’ivresser clandestinement.

 

Louise, pour l’appétit à consoler, dévorait un hamburger plus que sexy et parce que généreuse, Louise offrait au groupe une grande assiette de frites ces alliées indispensables à tout éthylisme respectable. 


Mehdi, revenant du périple du troc du plastique vide contre de la bière fraiche, voulait lui aussi sa part de frites, Louise enjoint - sur le mode impératif - que les frites parviennent à Mehdi, moi, sur le ton léger des festivités répond « oh tu es autoritaire » ce à quoi Louise rétorque, le sourire narquois, méchant « ça heurte ton éthos bourgeois ? » m’anéantissant de par cette remarque la plus injuste, la plus injustifiée que l’on peut, la plus contraire à ce que fut est sera ma vie, à cette corde raide où je marche depuis longtemps, sans, oui, je peux le dire avec présomption et arrogance, sans me plaindre, sans un cri, sans gémir de la crainte effroyable parfois de ce que le précipice m’annule. J’ai choisi cette vie au bord du vide qu’on ne me prête pas, brusquement, soudain, la tranquillité des corniches ou des penthouses. 

 

Louise écrasait cette vie, la mienne, maintenant, ce passé, la chambre partagée avec mon frère, ses ronflements, mon insomnie, les non-départs en vacances, la culpabilité des parents de ne pas offrir la dernière console de jeux, la frustration devant le jean diesel que porte Thomas en 3ème8 et que je ne pourrai jamais avoir, les visages bronzés pendant les vacances de février quand le mien demeurait effroyablement pâle, le mensonge forcé, la honte tout au fond du gosier. Louise, qui ne connaît rien, dit « ça heurte ton éthos bourgeois » avec le sourire arrogant, certain, bourgeois au dernier degré, en vérité, la morgue bourgeoise ressemble à ce visage, oui, j’en suis sûr, un visage qui annule l’autre, qui néantise d’indifférence mais aussi de « justice », c’est le sourire, presque, qui dirait, en un autre lieu, sur une autre face, dans un arrondissement le même ou changé « méritocratie » pour expliquer que l’injustice suit un ordre admissible « oh ça heurte ton éthos bourgeois » toute ma vie à quoi on met le feu dans le rire sardonique tout empreint de justesse parce que Louise juge du bon côté de la règle, parce que le régiment législatif qu’elle possède lui octroie des droits et qu’importe alors qu’une vie s’écrase, puisque c’est juste ou, du moins, ça a l’air juste. Ethos bourgeois ça veut dire toute une vie de bourgeoisie, d’apprentissage précis de l’ordre régissant le monde, de l’école maternelle de l’être au titre suprême doctor honoris causa. Ethos bourgeois, ça veut dire l’escrime, les rallyes, la bibliothèque ENS, polytechnique etc moi, chère Louise, ma bibliothèque d’enfant se remplissait au hasard, parce que le voisin du 5ème étage, chauffeur routier, avait abimé sa cargaison de livres et nous les avait offert. J’ai lu, par chance, l’histoire de Rome, sa fondation, Rémus et ses hauteurs protégées par les aigles, ces incarnations timides d’un Zeus hésitant à toute conversion latine, Osiris, Isis, le dieu découpé en morceaux, l’amour divin une suture païenne. 

 

Je portais hier des chaussures Yves Saint-Laurent rive gauche, couleur Camel, achetées une bouchée de pain sur Vinted et je voulais, comme dit Aïzen, écraser la figure de Louise avec mes chaussures-éthos-bourgeois, laisser l’empreinte de l’éthos bourgeois qu’on dit funeste sur la bouche qui injurie. Je ne me souviens plus, qui disait ceci, que le fascisme est une botte qui écrase une bouche. La bourgeoisie, alors, il faut le croire, quand son éthos se déploie en Yves Saint-Laurent, réplique le fascisme. Macron porte des chaussures Yves Saint-Laurent. Je crois. 

 

Aizen, raconte, que si parfois les gens recevaient une gifle face à l’insulte morveuse, la bouche se ferait plus sage, comme les parents sévères, ajustant la punition au crime, versaient sur la bouche de l’enfant employant un langage proscrit, des flocons de piment de Cayenne. 

 

Alors, voilà, parce que Louise est l’amie la plus chère de Mehdi que j’aime, je voulais, parce qu’on m’a appris que les gens de gauche pratiquaient une sorte d’amitié, de parler non-violent, clarifier, dire « voilà Louise, tu m’as blessé ». J’ai dit à Louise « tu m’as blessé », tu as blessé, pour de vrai, ma vie. Alors, Louise, je n’attendais rien, au fond, que Louise, l’amie chère de Mehdi, m’écoute, pas davantage. Louise a écouté, oui, sûrement, mais demeurant la même, de marbre si le marbre tue, « Oh, fais pas ton Caliméro ». Blessé, encore, incrédule, répétant, « tu m’as blessé » « eh bien quoi tu veux des excuses » « je voulais juste te dire que tu m’as blessé ». Louise soupire, le vent fétide se lève. 

 

 

 

On peut dire « oh le transfuge de classe, toi tu as basculé de l’autre côté, tu as d’autres façons, d’autres manières, tu te vois régi maintenant par un autre ordre auquel tu crois que tu mènes à la prolifération la preuve tu viens de la donner mon pauvre ou plutôt mon pas si pauvre alors comment tu peux convoquer la misère ancienne ce dépôt presque plus encroûté au fond de toi tu exagères franchement tu fais hontes même de protester contre ma juste accusation une remise à ta place à ta nouvelle place admets le ce déplacement ton ethos bourgeois écoute mon arrêt ma déclaration qui ne vaut pas punition je constate moi c’est tout ton ethos bourgeois »

 

Mais je ne suis pas basculé dans l’ailleurs mondain, le frottement des diamants remplaçant dans la nuit avantageusement le soleil idiotement naturel, bien commun, appartenant à tous, donc à trop, le précieux ne sachant qu’être privé tandis que sur le soleil nous ne comprenons pas encore comment le réduire en titres, le morceler, lancer la sublime OPA.

Et si je suis le transfuge, après tout, le tributaire de l’ethos bourgeois alors pas plus pas moins que Louise, or moi, sans le jugement, sans la valeur qui crée partout entre toustes la hiérarchie, le moins, donc le plus. La pureté morale de celle en vérité, Louise là, la très impure, les mains sales je l’ignore, parce que c’est bien pire, les mains intangibles, purs, je crois ces mains sales jamais, ces mains que le sang versé purifie. Il faudra demander.

Louise enchaîne, dit, parle de militantisme, moi, ahaha, moi, eh bien j’écoute, poliment parce que je ne veux pas de dispute et quoi peut l’être face au marbre dur coupant. J’écoute, quand elle me parle du tunnel de Fréjus et des luttes écologiques contre la traversée du tunnel des Alpes, le TAJ ou quelque chose comme ça, alors, il ne faut pas que la vrille de Vinci perce la pierre montagne tant la pierre précieuse importe aux êtres humains mais la bouche de Louise peut transpercer sans vergogne, sourde, comme si le tunnelier progressant dans le massacre rendait la douleur inaudible, ma personne. 


Je ne sais pas, pourquoi, toujours cette sorte de gens, du côté de la vertu se montre aisément les plus cruels, réformer le monde sans commencer par soi-même, ah j’ignore ce que ça vaut que la reproduction, la même, des anciennes hiérarchies, on remplace un mot par le suivant, on progresse dans le dictionnaire et c’est la même langue il faut croire. Oh, oui, j’objecte déjà moi-même à l’abject, oui, bien sûr, changer les structures sociales ne changera pas l’âme humaine et l’ordure dans un monde économiquement juste vaudra mieux que l’ordure d’un monde pas juste, il vaut mieux une ordure communiste qu’un saint capitaliste ahaha. 

Les échelles, oui, voilà, les échelles, la quantité, le micro-social ou le macro-social.  mais il y a aussi que les êtres humains, les petites minutes de leurs vies, se déploient dans le bêtement petit quotidien, si je souffre de maladie, de peur, hier, ma blessure n’a pas été ouverte par Bernard Arnault ni l’hyper-fascisme macroniste, elle a été ouverte par la bouche-tunnelière de Louise, par l’indifférence de Louise, par la méchanceté de Louise et, j’ose peut-être, la perversion. Il y a toujours un·e flic dans lea pervers·e. Le vieux monde ahaha qui sera aussi le nouveau monde. 

 

Et si demain m'était demain, demain demandé qui de Louise ou Gérald Darmanin je souhaitais voir trucidé je répondrais Darmanin après une hésitation d'une demie-seconde et cette demie-seconde assassine tue en quelque sorte Louise tout autant que moi ce bégaiement entame mon sens moral. 

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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