16 mars 2023

bang

Je disais taire n’est pas tarir et moi jamais je ne peux m’imaginer partir si je dois partir 

sans un

bang

puisque dans ma foi nocturne

hulule le grand oiseau des bois 

celui-là yeux perçants serres pareilles

si je dois partir comme je glisse là maintenant

ce dérapage incontrôlé dans la pente

raidie 

je ne le peux sans éclat

parce que taire ne tarit pas 

petite boule de feu 

enfant sauvage

muet

désapprends maintenant

ton éducation si tu brandis

la brindille enflammée

que la foudre frappe si souvent

désapprends pour devenir 

le grognement 

la crasse

la nudité

que ton corps tout ton corps

recourbé

incurvé 

voûté

ton corps on dirait le corps d’un vaincu

d’un soumis

celui perdant là la partie la guerre

ton corps ton corps courbé un corps

ignorant voilà 

bipède débutant sauvage très pratiquant

non sans un bang de la torche incendiée 

le crépitement répété si moi je brûle moi

du feu intime précipice celui de ma nuit des temp-

êtes

phénix généreux j’étends l’incendie 

l’incendie sans limite

qui monte

volcan inverse

du gouffre où je m’enfonce

monte et si je tombe alors

s’élève du fond des fonds

toutes les morts

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la tête roule

La tête par là

la tête en haut ça commence ça a commencé là

en descendant lentement épaisse

la douleur qui coule

magma

ou

sève à rebours

celle d’arbres factices

enchaînés aux terres vaines

des mondes d’artifices

la tête par là

en haut

que ça débute

jusqu’au ventre

comme une grande ligne

d’épines

toute droite 

avant

la mâchoire tendue toujours

pour à force

comme mâcher une douleur

qui ne se digère pas

ni ne se déchiquette

bâton de réglisse

on dirait

que rien n’épuise

le temps peut-être

la bouche inutile

sa salive

toute eau claire quoi

purifie rien

langue pourlèche

la plaie

langue salée

des landes glacées

le langage avant

le langage ce banni maintenant

le tabou cette sorte d’ultime interdit

tu sens la parole une condamnée à mort

toi pareil ô grand billot

ici attache la tête

où le pal passe tout à l’heure

cette longue lame

sa corde assortie

tu feras tout à l’heure

un joli pendu ta mine toute verte

tu ressembles je crois

ainsi paré

de chanvre et de fer

à la vase atlantique

le moment où l’écume

tape sur les berges

les algues dansantes

la tête douloureuse 

encore toujours

le bourdonnement 

celui 

tout en même temps

une rumeur un silence

tu sais ne sais pas

toujours la même mort guette

tu ne savais pas

la mort porte

l’habit des rumeurs

tu ignorais

sa parure

le petit bijou à sa main

qui tinte 

le mensonge

qui détruit, clos

et tue

le mensonge

assis sur ton visage

immobile

tout soumis maintenant

tu te noies dans une mare 

mon pauvre ridicule

vas-y. 

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