bang
Je disais taire n’est pas tarir et moi jamais je ne peux m’imaginer partir si je dois partir
sans un
bang
puisque dans ma foi nocturne
hulule le grand oiseau des bois
celui-là yeux perçants serres pareilles
si je dois partir comme je glisse là maintenant
ce dérapage incontrôlé dans la pente
raidie
je ne le peux sans éclat
parce que taire ne tarit pas
petite boule de feu
enfant sauvage
muet
désapprends maintenant
ton éducation si tu brandis
la brindille enflammée
que la foudre frappe si souvent
désapprends pour devenir
le grognement
la crasse
la nudité
que ton corps tout ton corps
recourbé
incurvé
voûté
ton corps on dirait le corps d’un vaincu
d’un soumis
celui perdant là la partie la guerre
ton corps ton corps courbé un corps
ignorant voilà
bipède débutant sauvage très pratiquant
non sans un bang de la torche incendiée
le crépitement répété si moi je brûle moi
du feu intime précipice celui de ma nuit des temp-
êtes
phénix généreux j’étends l’incendie
l’incendie sans limite
qui monte
volcan inverse
du gouffre où je m’enfonce
monte et si je tombe alors
s’élève du fond des fonds
toutes les morts
la tête roule
La tête par là
la tête en haut ça commence ça a commencé là
en descendant lentement épaisse
la douleur qui coule
magma
ou
sève à rebours
celle d’arbres factices
enchaînés aux terres vaines
des mondes d’artifices
la tête par là
en haut
que ça débute
jusqu’au ventre
comme une grande ligne
d’épines
toute droite
avant
la mâchoire tendue toujours
pour à force
comme mâcher une douleur
qui ne se digère pas
ni ne se déchiquette
bâton de réglisse
on dirait
que rien n’épuise
le temps peut-être
la bouche inutile
sa salive
toute eau claire quoi
purifie rien
langue pourlèche
la plaie
langue salée
des landes glacées
le langage avant
le langage ce banni maintenant
le tabou cette sorte d’ultime interdit
tu sens la parole une condamnée à mort
toi pareil ô grand billot
ici attache la tête
où le pal passe tout à l’heure
cette longue lame
sa corde assortie
tu feras tout à l’heure
un joli pendu ta mine toute verte
tu ressembles je crois
ainsi paré
de chanvre et de fer
à la vase atlantique
le moment où l’écume
tape sur les berges
les algues dansantes
la tête douloureuse
encore toujours
le bourdonnement
celui
tout en même temps
une rumeur un silence
tu sais ne sais pas
toujours la même mort guette
tu ne savais pas
la mort porte
l’habit des rumeurs
tu ignorais
sa parure
le petit bijou à sa main
qui tinte
le mensonge
qui détruit, clos
et tue
le mensonge
assis sur ton visage
immobile
tout soumis maintenant
tu te noies dans une mare
mon pauvre ridicule
vas-y.