Margot Zussy
La vie de Margot Zussy ne fut pas la vie menée de la plus facile des manières. Je ne trahirai pas, pour l’instant, à l’inverse de son comportement, ce qu’elle fut. Si je précise « pour l’instant » c’est que, suivant, la nature de ses déclarations (mensongères ou seulement exagérées), je ne vois pas au nom de quoi je devrais, moi, me comporter de la façon exemplaire. D’autant que, contrairement à toutes, je ne mens pas. Parlant du mensonge, je vise tout le monde, tous ceux et toutes celles qui ont donné à cette histoire une disproportion sans rapport avec la réalité des faits. Je me suis tenu à disposition de tous et toutes pour lisser, autant que possible, ce chaos, éconduit, je dois, pour survivre, puisque j’en péris presque, me tenir à disposition de moi-même, ma colère, que je souhaite aussi juste que possible.
La vie de Margot Zussy ne fut pas facile, comme je le dis. Comme beaucoup le savent, Margot Zussy se déclare aujourd’hui une « victime » de mes manoeuvres. Alors, remontons ensemble le temps, commettons notre récit puisque je demeure encore un être humain quoi que Marine Simon déclare.
Margot Zussy est tombée follement amoureuse de L. qui était - et demeure - mon ami. L. ne permit pas à cet amour de se matérialiser dans le monde réel. Margot Zussy, pour des motifs que l’on peut imaginer, sortit avec moi après une première rencontre à Grenoble, en compagnie de M. et de vodka. Nous nous revîmes, de façon espacée, en nous déclarant des mots d’amour. Margot Zussy était toujours follement amoureuse de L. ce dont je ne la blâmais pas, j’étais, comme l’on est en ces circonstances le tiers qui veut exciter la jalousie de l’amant blasé. Ceci je le savais quoi que Margot Zussy s’en défendit toujours, je conçois qu’assumer pareil comportement met en péril son propre sens moral. La preuve est facile à rapporter. Margot Zussy et moi ne vivions pas dans la même ville, pour nous voir, parce que nous demeurions chez nos parents respectifs, il nous fallait un tiers lieu. Tours, où un ami pouvait nous héberger et où nous rendîmes souvent. Comme avec Chloé Léonardon, nous ne nous vîmes JAMAIS sans un tiers (M., le père de M. etc). Conditions idéales, n’est-ce pas, pour toutes les tortures.
J’attendais Margot Zussy à la gare de Lyon puis nous rendions gare d’Austerlitz direction Tours. Margot Zussy, parce qu’elle parvenait tout de même à exciter un peu la jalousie de L., le guettait dans la gare, chaque fois. Ce qui nous signifie plusieurs choses : Margot Zussy l’aimait encore quoi que Margot Zussy le nia, Margot Zussy le prévenait de sa venue dans l’espoir qu’il la déroba ici me laissant seul, abandonné, humilié. L’humiliation, nous verrons, est la ligne souterraine de cette relation et l’humilié n’est pas l’humiliée.
Je conçois mal, alors, quel bourreau pouvais-je être, d’accepter sans critique ni dispute cette situation, quel bourreau encore celui à distance qui ne dispose entre ses mains de rien et qu’il est facile de quitter en convoquant n’importe quelles contraintes matérielles.
Venons-en au point nodal concernant Margot Zussy. Margot Zussy, notre rupture, eût lieu, à la suite d’une tentative ratée de me manipuler. Nous devions nous retrouver, comme à notre habitude, à Paris avant de nous rendre à Tours. Je payais les billets de train et Margot me demanda, exceptionnellement, de le prendre un jour avant la date convenue pour se rendre à une soirée, en région parisienne où elle passerait la nuit. Comprenant très bien, sachant déjà son attitude avec L., de quoi il en retournait, je refusai. Elle le prit assez mal. Se rendit tout de même à la fête et mit en oeuvre ce qu’elle souhaitait : fréquenter Rime (Rémi, membre du forum eeh), qui l’invitait justement à cette soirée, ils vécurent ensemble plusieurs années. Je ne crois pas au coup de foudre brutal mais bien à la manoeuvre et l’organisation antérieure, personne ne peut être assez dupe moi moins encore que les autres. Je serai donc le salaud ? Prétendant m’aimer, elle nouait, derrière mon dos une relation autre que celle, déjà, antérieure et plus violente qu’avec L. Sacré bourreau terrifiant, celui qu’on hésite pas à tromper sans rien craindre de lui. Quelle terreur je dois inspirer !
Pour quitter son chez elle, Margot Zussy mentit à sa mère lui disant qu’elle me retrouvait moi, puisque je connaissais sa mère, or, sa mère tenta de l’appeler au cours de cette soirée traîtresse et, de ne pouvoir la joindre, me contacta moi. Je lui décrivis la situation. Notre relation cessa mais tout ne s’éteignit pas.
D’une rage toute légitime je créai un blog tout dédié à cette déception « journal d‘une déception » où je décrivais notre relation en termes rudes, mais, demeurant mots et langages, choses abstraites. Concevez, tout de même, que l’humiliation de me faire payer un billet de train pour aller coucher avec un garçon avec lequel, par ailleurs, je ne m’entendais guère, traduit une autre sorte de cruauté. Elle ne pourra nier ces événements.
Sur ce blog je commis quelques lignes dont aujourd’hui, je suppose, que Margot Zussy souhaite se venger. Je décrivais, sans croire que ce l’abîmerait à ce point, son sexe comme du « léché flasque ». Margot Zussy garda une honte presque insubmersible quant à son sexe. Lorsque je sus le dommage causé, des années plus tard, je crois en 2015 (date approximative, je sais que je vivais dans ma colloc - 2013-2016 - du pré), je l’appelai pour m’excuser. Margot Zussy crut, à mon appel d’abord, que j’étais L. avant de se rendre compte de sa méprise. L’important étant ceci : lorsque je comprends avoir blessé, je demande pardon. Je reconnais mes torts. Qui ne le fait pas, cependant, par parallélisme de formes, subira la foudre.
Voilà l’histoire, la seule que je connais et qui mérite d’être entendue. Aucune de ces lignes ne peut être contestée. J’ignore, évidemment, le récit de Margot Zussy puisqu’elle n’en entretint personne, ni moi, ni L. avec lequel Margot Zussy continua d’entretenir des rapports.
Drôle de bourreau, le bourreau humilié.
Mais Marine Simon continuera de me déshumaniser.
Pour l’instant : je vis. Alors je me bagarre. Pour durer.
Chloé Léonardon
Voilà donc Chloé Léonardon, témoignant contre moi, qui
1) m'a agressé par la répétition du face sitting dont j'ai pourtant demandé qu'elle cesse, que j'en parle à un ami sur fb
2) elle tente de profiter des gens de façon régulière ce dont, sans que je le crus à l'époque, Julien Bretaudeau m'informa qu'elle lui faisait miroiter une relation pour obtenir des vacances gratuites dans son chalet à Gap. Elle fit, tandis que notre relation mourait (à cause de ses tromperies et agressions) la même chose à propos d'un voyage à Amsterdam que je souhaitais nous offrir.
3) Prétend avoir oublié une soirée dont elle parle pourtant abondamment au point de regretter s'y être rendue, non parce qu'elle y passe un mauvais moment mais tout au contraire parce que, tant elle s'y plut, elle trouva sa vie bien vide.
4) m'a trompé et a entretenu maintes relations ambigues avec des "amis" dont Rémi Ethuin qui revendiquait, sans qu'elle ne s'en défendit de façon convaincante, avoir eu avec elle du sexe digital.
Je me réserve le droit de poster d'autres passages de nos conversations qui rabattrait maints caquets. Je préfère livrer au compte goutte pour reprendre le pouvoir narratif.
Marine Simon s'est évertuée à nous soutenir qu'il y avait "d'autres victimes" il me semble, donc, moi compter parmi celles-ci. Mais Marine Simon n'est pas, en la matière à un mensonge près, il faudra y consacrer un billet exclusif. J'ai tenté, par bien des manières, y compris en me mettant en danger, de nouer avec elle un dialogue. Devant sa fin de non-recevoir il me faut moi aussi agir. Question, pour l'instant, de survie parce que le "gaslighting" dont se prévalent toujours avec désespoir les femmes, je le subis aujourd'hui. Parce que Marine Simon je revis, depuis, toutes les nuits ou presque ces scènes. Je peux dire, la première fois chez Y., dans la petite chambre d'étudiant jaune qu'il nous avait prêté, où je ne savais pas encore de quoi il s'agissait ; puis la dernière, celle pour quoi je craque dans ce message de février sur fb, chez mes parents, où elle ne me demanda même pas. Je cauchemarde de ça. Mais "pourquoi les femmes n'ont aucune empathie concernant les VSS" comme subtweetait quelqu'un - avec un petit ajustement.
conversation fb suite à l'ultime face sitting entraîbnant rupture
A vue.
D’abord il s’agissait
modulo modulant
la crise
cette pointe dans la tête
comme une corne érigée
jaillissant inspirée
du trident marin
d’abord il s’agissait
sauf suspension un moment
de faire au mieux puis
aujourd’hui
après tout
ce sera faire au pire
après les efforts
de soutier
souquant ferme
dans l’océan des plaintes
maintenant la rame s’abattra
désordre sèmera épée de bois
la rame s’abattra indistincte
tournoyante joli moulin aux pales
d’assassins
empruntés à celui pal des bourreaux
la rame de métal d’acier renforcé
baigné
trempé comme Siegfried
nageant adulte dans le sang du dragon
terrassé
au pire après au mieux
le langage aquatique
de la fosse marine
là un peu encore
une fraction de vie
la lueur dans cette nuit sans fonds
où je m’enfonce à pas lents
la lueur le geste barbare moi
de la rame souquez dur souquez dur
la bataille dans la vase qui j’abats
au pire
m’extraire
diamant
du sable mouvant
la mine étrange gluante
au pire
du pire
le mieux
en la guerre d’Ukraine, Xavier revenant, rapporte que les fusils à force de faire feu contre l’envahisseur russe, rougissent et se déforment, feu, feu, feu, jusqu’à la fusion de l’acier trempé, mes doigts aujourd’hui pareil, les phalanges rouges, rouges, à force de faire feu, recourbés aussi, griffes d’assassin, rougissent, rougissent,
feu
feu
feu
Fukuyama
Comme une mécanique infernale
ce moi en moi-même
répétant revenant revenant répétant
devenu moi devenu
Une phrase
la phrase de
Thomas Bernhard la phrase amplifiée sans cesse
retournant à son point de départ enrichie cependant
par la centrifugation
un pas de côté
une phrase la phrase de Thomas B.
enrichie à l’uranium
verte brillante
la phrase
puissante
semblable non semblable
à moi la phrase de T. Bernhard
une danseuse
en moi celui-ci uranium
par retour
rétrograde
chargé un uranium d’ordures
un uranium malheureux celui peut-être
des bombes sales
celles échouant au mauvais port
du cancer contagieux
mon uranium vert moi livide
la figure pâle et verdâtre
du mort
transparent un peu
usé
le compteur geiger tremble devant
la phrase
de gêne d’embarras
de peur
dans l’aller-retors des douleurs
l’écho, ce rebond
si la phrase de Thomas Bernhard augmente
la vibration le sens
au fur et à mesure du glissement
dans la répétition
la mienne
de phrase
si phrase veut dire vie
puissance désir
de départ en retour
s’amenuise il
n’en restera plus rien
cette phrase de Jonathan B.
que la haie du bête clos
hé-
rissée
la bombe sale salement
abîme celui vacillant là
moi ma phrase c’est à dire
la tenant toute proche
la phrase
comme sa vie salie
au contact de l’abdomen
la bombe sale au-dessus
de l'estomac
le diaphragme bat comme
le coeur
voilà l’endroit où se mesure
le pouls de la douleur
l’hoquet étrange
une respiration incontrôlée
la noyade aussi dans l’étang petit
un trou de boue disait rimbaud
putride pour sur la vase
la boue
du bois de boulogne
ou quelque coin d’herbe
et de pluie tu t’y rends
comme péri minuscule
nain devenu noyé dans la marre
tout devient crise et tout de go
tu plonges dans l’eau rafraichie
les centaines de milliers de litres
où refroidit le petit soleil électrique
de Fessenheim
petit volcan endormi
pour toujours
bang
Je disais taire n’est pas tarir et moi jamais je ne peux m’imaginer partir si je dois partir
sans un
bang
puisque dans ma foi nocturne
hulule le grand oiseau des bois
celui-là yeux perçants serres pareilles
si je dois partir comme je glisse là maintenant
ce dérapage incontrôlé dans la pente
raidie
je ne le peux sans éclat
parce que taire ne tarit pas
petite boule de feu
enfant sauvage
muet
désapprends maintenant
ton éducation si tu brandis
la brindille enflammée
que la foudre frappe si souvent
désapprends pour devenir
le grognement
la crasse
la nudité
que ton corps tout ton corps
recourbé
incurvé
voûté
ton corps on dirait le corps d’un vaincu
d’un soumis
celui perdant là la partie la guerre
ton corps ton corps courbé un corps
ignorant voilà
bipède débutant sauvage très pratiquant
non sans un bang de la torche incendiée
le crépitement répété si moi je brûle moi
du feu intime précipice celui de ma nuit des temp-
êtes
phénix généreux j’étends l’incendie
l’incendie sans limite
qui monte
volcan inverse
du gouffre où je m’enfonce
monte et si je tombe alors
s’élève du fond des fonds
toutes les morts
la tête roule
La tête par là
la tête en haut ça commence ça a commencé là
en descendant lentement épaisse
la douleur qui coule
magma
ou
sève à rebours
celle d’arbres factices
enchaînés aux terres vaines
des mondes d’artifices
la tête par là
en haut
que ça débute
jusqu’au ventre
comme une grande ligne
d’épines
toute droite
avant
la mâchoire tendue toujours
pour à force
comme mâcher une douleur
qui ne se digère pas
ni ne se déchiquette
bâton de réglisse
on dirait
que rien n’épuise
le temps peut-être
la bouche inutile
sa salive
toute eau claire quoi
purifie rien
langue pourlèche
la plaie
langue salée
des landes glacées
le langage avant
le langage ce banni maintenant
le tabou cette sorte d’ultime interdit
tu sens la parole une condamnée à mort
toi pareil ô grand billot
ici attache la tête
où le pal passe tout à l’heure
cette longue lame
sa corde assortie
tu feras tout à l’heure
un joli pendu ta mine toute verte
tu ressembles je crois
ainsi paré
de chanvre et de fer
à la vase atlantique
le moment où l’écume
tape sur les berges
les algues dansantes
la tête douloureuse
encore toujours
le bourdonnement
celui
tout en même temps
une rumeur un silence
tu sais ne sais pas
toujours la même mort guette
tu ne savais pas
la mort porte
l’habit des rumeurs
tu ignorais
sa parure
le petit bijou à sa main
qui tinte
le mensonge
qui détruit, clos
et tue
le mensonge
assis sur ton visage
immobile
tout soumis maintenant
tu te noies dans une mare
mon pauvre ridicule
vas-y.
SOS amitié
Chose très étrange que, tentant de se renseigner sur le suicide, les premiers résultats, toujours, dirigent vers des numéros d’écoute spécialisés. J’ai, une fois, tenté d’appeler l’un de ceux-là, pour parler à quelqu’un, je crois, pour m’assurer, aussi, de ma volonté. Pester, peut-être ou qu’en sais-je. Me faire intéressant, aussi, histrion jusque dans la mort et laisser l’interlocuteur désemparé ou las devant le sinistre spectacle.
Je me demande, toutefois, pourquoi et comment, ces résultats arrivent en tête, qu’importe les mots clés tapés en français « tailler ses veines » « pendaison » « suicide » « urgence danger » arrive en tête des résultats celui de : « SOS amitié » « Aide Disponible » et un numéro de téléphone pour les joindre. En principe le privilège d’arriver en tête, de façon aussi systématique, d’une recherche réclame un paiement.
S’agit-il de la part des moteurs de recherche d’une libéralité accordée aux organismes de prévention devant « l’enjeu de santé publique » qu’est le suicide ? Je l’ignore tout à fait.
Fait inhabituel, et contraire à ce qui se présente pour les commerces, le numéro de téléphone apparaît en gigantesque, comme un hameçon, comme de l’inévitable, comme du « essaie ». Quelque chose de pressant à voir apparaître ce numéro et peut-être même est-ce pour ceci que, la dernière fois, je l’appelai.
Le nom de l’association « SOS amitié » raconte, elle aussi, quelque chose. Le suicide, sa cause, l’une de ses causes, ne résiderait pas dans un élément objectif de la vie des individus, ne saurait être choisi comme solution rationnelle et, ce nom, donc, renvoie à l’idée que tout suicide trouve, en partie au moins, sa (dé)raison, dans la solitude. Il ne s’agit pas, bien évidemment, de parler avec un « écoutant » pour obtenir sa psychanalyse mais pour retrouver pied dans le monde réel, vivant, sortir de soi, du noir, de la douleur où, enfermé trop longtemps, seul le péri existe. Si, depuis enfant, je voulais mourir, ce n'était pas de solitude que je crevais ou non pas celle-ci qui voudrait l'entourage un désert et ma vie une soif. Je voulais mourir - le veux toujours - à cause de l'absurdité d'être, et plus encore, de durer. Vieillir, dès l'enfance, me terrorisait et, aujourd'hui que ma barbe blanchit plus encore. Je voulais mourir, non parce qu'étendant la main je ne trouvais nul corps et que parlant je n'entendais nul écho, je voulais mourir parce que je ne parvenais pas à être conquis par la vie. J'ai rêvé des années durant de ne jamais me réveiller, m'endormant, pourtant, sans aucune douleur, martyr de rien du tout sauf, croix tarabiscotée de l'absurde où, le pénitent même, est cloué tout tordu. Cubisme du suicide. Si solitude celle-ci ne peut-être consolée, elle est un hors du monde, une étrangeté, un en-dehors que rien ni personne ne peut, n'a jamais pu, combler tout entier. Si pour tous une part du soi demeure toujours de l'inintelligible, du non, du pas, de l'inexprimable, je sens que, en moi, cette part déborde de beaucoup. Ce à quoi je n'ai pas su. Pas pu me connecter, cette rencontre impossible avec le monde, la société. Solitude. Non pas, solitude.
Souvenirs de cette famille, du Nord de la France je crois, qui, suicide collectif, laissa une note « on a trop déconné ». Je m’interroge quant à l’exactitude de mon souvenir et formule, pour moi-même, des hypothèses. S’agit-il, comme parfois, d’un meurtre familial et du suicide de l’auteur ? Par une recherche google (encore!) je tombe sur un article du Figaro qui relate les faits. La lettre, manuscrite, « soumise à un examen graphologique » précise l’article : « On a trop déconné. Pardon ». J’ignore, encore, si la retranscription ici est exacte, je me demande, si l’auteur de la lettre a bien respecté la syntaxe en utilisant les majuscules. Les faits, conformément à mon souvenir, se déroulèrent dans le Pas-de-Calais, l’idée d’un meurtre dissimulé s’efface devant le récit du journaliste. Cette famille de quatre membres s’est pendue de façon simultanée.
« En découvrant les corps, jeudi dernier, les policiers ont en effet constaté que le ragoût préparé par la mère de famille était prêt à être réchauffé. »
« Ils vivaient toujours à quatre», «on ne leur connaissait aucun ami» racontent toutefois des proches. »
Ainsi la solitude. La solitude à 4 ?
En me rendant sur le site web associé au numéro de SOS amitié, je tombe sur une page où figurent plusieurs logos et, notamment, celui de « l’union nationale prévention suicide » dont j’ignorais l’existence. Une grande machine administrative, publique et, j’imagine, aussi associative, tente de prévenir le suicide en France et continue, contrairement à mes croyances intimes, à le refuser comme solution mûrement pensée. Chose étrange, par ailleurs, rapportée aux débats actuels quant à l’euthanasie. Ce paradoxe quant au droit à disposer de soi-même, jusqu’à sa vie biologique et le besoin que la gestion de cette mort se passe de façon institutionnelle et médicale. On ne peut mourir sauf si l’Etat, comme en cas de guerre finalement, nous le permet. Etrange, tirant le fil, de se rendre compte que le suicide, toujours, lorsqu’il échoue, entre dans le cadre de troubles psychiatriques et entraîne, en ce cas, un suivi voire un internement et donc, cette fois, non comme l’euthanasie qui traite administrativement de la mort, une gestion médicale de la vie.
Je tombe, en même temps que je divague ici, sur un fil tweeter que des hommes « appellent les hotlines de prévention du suicide pour se branler ». Ah.
Ponts.
Moralement épuisé. Depuis mes douze ans le suicide, comme issue de secours ou appel hors de soi me prend. En 5ème, en cours d’arts plastiques je crois ou peut-être de SVT, je demandai à Cyril, mon meilleur ami à l’époque, s’il pensait parfois au suicide. Il me répondit que non, qu’il était heureux, avec sa Nintendo 64 et son amoureuse Dorothée. Alors je n’ai plus rien dit. Souvent, quand des chagrins trop pressants me prenaient, j’enfonçais ma tête sous l’eau dans la baignoire sabot de l’appartement de la rue Jean-Baptiste Lully. On ne se noie pas comme ça. Pour se noyer, je l’ai compris bien plus tard, il faut être vaincu par l’eau, être dominée par elle. J’ai essayé, parfois, avec de bêtes couteaux, de me tailler les veines sans succès, n’y laissant même pas des écorchures. Suicides, jadis, sans conviction, opérés surtout comme un délestage des douleurs et le scintillement, au loin, de l’issue de secours.
En 2017 au plus fort de ma pire crise je ne m’endormais pas un jour sans l’idée obstinée du suicide. A ce moment là, admis à l’hôpital de jour du IXè arrondissement, il me fallait toutes les forces de l’équipe médicale pour tenir. Mais toujours, jusqu’à aujourd’hui du moins, connaitre le suicide était pour moi une façon de ne pas exécuter le mien, de savoir que, à tout moment, si je le désirais vraiment, toute la violence, dedans, pourrait se taire, définitivement.
Le 1er mars en organisant mon suicide, véritable celui-ci, en déchaînant tout ce que je contenais en moi de chaînes frustrées, retenues, d’acier rouillé, je compris la terreur de la mort, pour la première fois de ma vie. Pour la première fois de la vie, je sentis avec effroi ce que ce pouvait ne plus être, de passer de quelque chose au néant. L’absence de « l’après ». Toujours ce passage m’avait indifféré puisque, n’étant plus rien, je ne pouvais souffrir moi-même ma disparition et pourtant…pourtant à ce moment-là, sur le quai de cette gare, elle me saisit la terreur de n’être plus et, étrange pour moi, reliquat de mes années de dévotion envers Dieu, j’ai pensé à l’après-monde, à la possibilité de l’enfer. Pas l’enfer religieux, lieu de pénitence et de punition, lieu, presque pire, où l’âme évaporée erre sans pouvoir se fixer nulle part, j’ai eu peur du tourment pour l’éternité.
J’ai rêvé mille fois depuis ce jour là de ce train qui fonçait vers moi et dont j’étais sûr qu’il me percuterait et que j’en finirai que toute cette douleur, cette pression dans le crâne, ces mots crucifix, que tout ça d’un coup sec cesserait. J’ai eu peur. Peur du suicide, peur du passage de la vie à trépas, peur, je pensais le métal froid ou tiède, je pensais la maladresse de moi tombant à moitié sur les voies l’hémorragie mortelle des heures durant. Peur. Peur. Pourtant. Pourtant, quelque chose en moi d’un ressort s’est brisé ce jour là, d’un ressort, ce ressort là dont je parlais plus tôt, du suicide comme une idée et non un acte, le suicide comme possibilité abstraite et non réalité douloureuse, ce ressort là, je l’ai senti a cédé, j’ai entendu son étirement jusqu’à la brisure. Je pense au suicide de façon froide et arithmétique comme d’avoir cassé la première limite, le premier obstacle qui, en même temps, est le dernier. Que la prochaine fois, parce que je ne vois pas comment il ne pourrait ne pas y avoir de prochaines fois, j’approcherai plus près. Loin des voies ferrées cette fois-ci, bien loin, je pense au monde aquatique, à cette mort privilégiée des poètes. Cela ou Woolf. Les poumons malgré le pouvoir de la métaphore ne se changent pas branchies.