20 mars 2023

Margot Zussy

La vie de Margot Zussy ne fut pas la vie menée de la plus facile des manières. Je ne trahirai pas, pour l’instant, à l’inverse de son comportement, ce qu’elle fut. Si je précise « pour l’instant » c’est que, suivant, la nature de ses déclarations (mensongères ou seulement exagérées), je ne vois pas au nom de quoi je devrais, moi, me comporter de la façon exemplaire. D’autant que, contrairement à toutes, je ne mens pas. Parlant du mensonge, je vise tout le monde, tous ceux et toutes celles qui ont donné à cette histoire une disproportion sans rapport avec la réalité des faits. Je me suis tenu à disposition de tous et toutes pour lisser, autant que possible, ce chaos, éconduit, je dois, pour survivre, puisque j’en péris presque, me tenir à disposition de moi-même, ma colère, que je souhaite aussi juste que possible.

La vie de Margot Zussy ne fut pas facile, comme je le dis. Comme beaucoup le savent, Margot Zussy se déclare aujourd’hui une « victime » de mes manoeuvres. Alors, remontons ensemble le temps, commettons notre récit puisque je demeure encore un être humain quoi que Marine Simon déclare. 


Margot Zussy est tombée follement amoureuse de L. qui était - et demeure - mon ami. L. ne permit pas à cet amour de se matérialiser dans le monde réel. Margot Zussy, pour des motifs que l’on peut imaginer, sortit avec moi après une première rencontre à Grenoble, en compagnie de M. et de vodka. Nous nous revîmes, de façon espacée, en nous déclarant des mots d’amour. Margot Zussy était toujours follement amoureuse de L. ce dont je ne la blâmais pas, j’étais, comme l’on est en ces circonstances le tiers qui veut exciter la jalousie de l’amant blasé. Ceci je le savais quoi que Margot Zussy s’en défendit toujours, je conçois qu’assumer pareil comportement met en péril son propre sens moral. La preuve est facile à rapporter. Margot Zussy et moi ne vivions pas dans la même ville, pour nous voir, parce que nous demeurions chez nos parents respectifs, il nous fallait un tiers lieu. Tours, où un ami pouvait nous héberger et où nous rendîmes souvent. Comme avec Chloé Léonardon, nous ne nous vîmes JAMAIS sans un tiers (M., le père de M. etc). Conditions idéales, n’est-ce pas, pour toutes les tortures.

 

J’attendais Margot Zussy à la gare de Lyon puis nous rendions gare d’Austerlitz direction Tours. Margot Zussy, parce qu’elle parvenait tout de même à exciter un peu la jalousie de L., le guettait dans la gare, chaque fois. Ce qui nous signifie plusieurs choses : Margot Zussy l’aimait encore quoi que Margot Zussy le nia, Margot Zussy le prévenait de sa venue dans l’espoir qu’il la déroba ici me laissant seul, abandonné, humilié. L’humiliation, nous verrons, est la ligne souterraine de cette relation et l’humilié n’est pas l’humiliée. 

 

Je conçois mal, alors, quel bourreau pouvais-je être, d’accepter sans critique ni dispute cette situation, quel bourreau encore celui à distance qui ne dispose entre ses mains de rien et qu’il est facile de quitter en convoquant n’importe quelles contraintes matérielles. 

 

Venons-en au point nodal concernant Margot Zussy. Margot Zussy, notre rupture, eût lieu, à la suite d’une tentative ratée de me manipuler. Nous devions nous retrouver, comme à notre habitude, à Paris avant de nous rendre à Tours. Je payais les billets de train et Margot me demanda, exceptionnellement, de le prendre un jour avant la date convenue pour se rendre à une soirée, en région parisienne où elle passerait la nuit. Comprenant très bien, sachant déjà son attitude avec L., de quoi il en retournait, je refusai. Elle le prit assez mal. Se rendit tout de même à la fête et mit en oeuvre ce qu’elle souhaitait : fréquenter Rime (Rémi, membre du forum eeh), qui l’invitait justement à cette soirée, ils vécurent ensemble plusieurs années. Je ne crois pas au coup de foudre brutal mais bien à la manoeuvre et l’organisation antérieure, personne ne peut être assez dupe moi moins encore que les autres. Je serai donc le salaud ? Prétendant m’aimer, elle nouait, derrière mon dos une relation autre que celle, déjà, antérieure et plus violente qu’avec L. Sacré bourreau terrifiant, celui qu’on hésite pas à tromper sans rien craindre de lui. Quelle terreur je dois inspirer !

 

Pour quitter son chez elle, Margot Zussy mentit à sa mère lui disant qu’elle me retrouvait moi, puisque je connaissais sa mère, or, sa mère tenta de l’appeler au cours de cette soirée traîtresse et, de ne pouvoir la joindre, me contacta moi. Je lui décrivis la situation. Notre relation cessa mais tout ne s’éteignit pas. 


D’une rage toute légitime je créai un blog tout dédié à cette déception « journal d‘une déception » où je décrivais notre relation en termes rudes, mais, demeurant mots et langages, choses abstraites. Concevez, tout de même, que l’humiliation de me faire payer un billet de train pour aller coucher avec un garçon avec lequel, par ailleurs, je ne m’entendais guère, traduit une autre sorte de cruauté. Elle ne pourra nier ces événements. 

Sur ce blog je commis quelques lignes dont aujourd’hui, je suppose, que Margot Zussy souhaite se venger. Je décrivais, sans croire que ce l’abîmerait à ce point, son sexe comme du « léché flasque ». Margot Zussy garda une honte presque insubmersible quant à son sexe. Lorsque je sus le dommage causé, des années plus tard, je crois en 2015 (date approximative, je sais que je vivais dans ma colloc - 2013-2016 - du pré), je l’appelai pour m’excuser. Margot Zussy crut, à mon appel d’abord, que j’étais L. avant de se rendre compte de sa méprise. L’important étant ceci : lorsque je comprends avoir blessé, je demande pardon. Je reconnais mes torts. Qui ne le fait pas, cependant, par parallélisme de formes, subira la foudre. 

 

Voilà l’histoire, la seule que je connais et qui mérite d’être entendue. Aucune de ces lignes ne peut être contestée. J’ignore, évidemment, le récit de Margot Zussy puisqu’elle n’en entretint personne, ni moi, ni L. avec lequel Margot Zussy continua d’entretenir des rapports.

Drôle de bourreau, le bourreau humilié.

 

Mais Marine Simon continuera de me déshumaniser.

Pour l’instant : je vis. Alors je me bagarre. Pour durer. 

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19 mars 2023

Chloé Léonardon

Voilà donc Chloé Léonardon, témoignant contre moi, qui 

1) m'a agressé par la répétition du face sitting dont j'ai pourtant demandé qu'elle cesse, que j'en parle à un ami sur fb 

2) elle tente de profiter des gens de façon régulière ce dont, sans que je le crus à l'époque, Julien Bretaudeau m'informa qu'elle lui faisait miroiter une relation pour obtenir des vacances gratuites dans son chalet à Gap. Elle fit, tandis que notre relation mourait (à cause de ses tromperies et agressions) la même chose à propos d'un voyage à Amsterdam que je souhaitais nous offrir. 

3) Prétend avoir oublié une soirée dont elle parle pourtant abondamment au point de regretter s'y être rendue, non parce qu'elle y passe un mauvais moment mais tout au contraire parce que, tant elle s'y plut, elle trouva sa vie bien vide. 

4) m'a trompé et a entretenu maintes relations ambigues avec des "amis" dont Rémi Ethuin qui revendiquait, sans qu'elle ne s'en défendit de façon convaincante, avoir eu avec elle du sexe digital. 

Je me réserve le droit de poster d'autres passages de nos conversations qui rabattrait maints caquets. Je préfère livrer au compte goutte pour reprendre le pouvoir narratif. 

Marine Simon s'est évertuée à nous soutenir qu'il y avait "d'autres victimes" il me semble, donc, moi compter parmi celles-ci.  Mais Marine Simon n'est pas, en la matière à un mensonge près, il faudra y consacrer un billet exclusif. J'ai tenté, par bien des manières, y compris en me mettant en danger, de nouer avec elle un dialogue. Devant sa fin de non-recevoir il me faut moi aussi agir. Question, pour l'instant, de survie parce que le "gaslighting" dont se prévalent toujours avec désespoir les femmes, je le subis aujourd'hui. Parce que Marine Simon je revis, depuis, toutes les nuits ou presque ces scènes. Je peux dire, la première fois chez Y., dans la petite chambre d'étudiant jaune qu'il nous avait prêté, où je ne savais pas encore de quoi il s'agissait ; puis la dernière, celle pour quoi je craque dans ce message de février sur fb, chez mes parents, où elle ne me demanda même pas. Je cauchemarde de ça. Mais "pourquoi les femmes n'ont aucune empathie concernant les VSS" comme subtweetait quelqu'un - avec un petit ajustement.

Capture d’écran 2023-03-20 à 10

conversation fb suite à l'ultime face sitting entraîbnant rupture

face sitting

face sitting 2

face sitting + tromperie

fête oubli

fête oubli2

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18 mars 2023

Requiem pour un massacre.

.

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A vue.

D’abord il s’agissait

modulo modulant

la crise

cette pointe dans la tête

comme une corne érigée

jaillissant inspirée

du trident marin 

d’abord il s’agissait

sauf suspension un moment

de faire au mieux puis

aujourd’hui

après tout

ce sera faire au pire

après les efforts

de soutier 

souquant ferme 

dans l’océan des plaintes

maintenant la rame s’abattra 

désordre sèmera épée de bois

la rame s’abattra indistincte

tournoyante joli moulin aux pales 

d’assassins

empruntés à celui pal des bourreaux 

la rame de métal d’acier renforcé

baigné

trempé comme Siegfried 

nageant adulte dans le sang du dragon

terrassé

au pire après au mieux

le langage aquatique

de la fosse marine

là un peu encore

une fraction de vie

la lueur dans cette nuit sans fonds

où je m’enfonce à pas lents

la lueur le geste barbare moi

de la rame souquez dur souquez dur

la bataille dans la vase qui j’abats

au pire

m’extraire

diamant

du sable mouvant

la mine étrange gluante

au pire 

du pire

le mieux

 

en la guerre d’Ukraine, Xavier revenant, rapporte que les fusils à force de faire feu contre l’envahisseur russe, rougissent et se déforment, feu, feu, feu, jusqu’à la fusion de l’acier trempé, mes doigts aujourd’hui pareil, les phalanges rouges, rouges, à force de faire feu, recourbés aussi, griffes d’assassin, rougissent, rougissent,

feu

feu 

feu

 

 

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17 mars 2023

Fukuyama

Comme une mécanique infernale

ce moi en moi-même

répétant revenant revenant répétant 

devenu moi devenu

Une phrase

la phrase de

Thomas Bernhard la phrase amplifiée sans cesse

retournant à son point de départ enrichie cependant

par la centrifugation

un pas de côté

une phrase la phrase de Thomas B.

enrichie à l’uranium 

verte brillante

la phrase

puissante

semblable non semblable

à moi la phrase de T. Bernhard

une danseuse 

en moi celui-ci uranium

par retour

rétrograde

chargé un uranium d’ordures

un uranium malheureux celui peut-être

des bombes sales

celles échouant au mauvais port

du cancer contagieux

mon uranium vert moi livide 

la figure pâle et verdâtre

du mort

transparent un peu

usé

le compteur geiger tremble devant

la phrase

de gêne d’embarras 

de peur

dans l’aller-retors des douleurs

l’écho, ce rebond

si la phrase de Thomas Bernhard augmente

la vibration le sens

au fur et à mesure du glissement

dans la répétition

la mienne

de phrase

si phrase veut dire vie

puissance désir

de départ en retour

s’amenuise il

n’en restera plus rien 

cette phrase de Jonathan B.

que la haie du bête clos

hé-

rissée

la bombe sale salement 

abîme celui vacillant là

moi ma phrase c’est à dire

la tenant toute proche

la phrase

comme sa vie salie

au contact de l’abdomen

la bombe sale au-dessus

de l'estomac

le diaphragme bat comme

le coeur

voilà l’endroit où se mesure

le pouls de la douleur

l’hoquet étrange

une respiration incontrôlée

la noyade aussi dans l’étang petit

un trou de boue disait rimbaud

putride pour sur la vase

la boue

du bois de boulogne

ou quelque coin d’herbe

et de pluie tu t’y rends

comme péri minuscule

nain devenu noyé dans la marre

tout devient crise et tout de go 

tu plonges dans l’eau rafraichie

les centaines de milliers de litres

où refroidit le petit soleil électrique

de Fessenheim

petit volcan endormi 

pour toujours

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16 mars 2023

bang

Je disais taire n’est pas tarir et moi jamais je ne peux m’imaginer partir si je dois partir 

sans un

bang

puisque dans ma foi nocturne

hulule le grand oiseau des bois 

celui-là yeux perçants serres pareilles

si je dois partir comme je glisse là maintenant

ce dérapage incontrôlé dans la pente

raidie 

je ne le peux sans éclat

parce que taire ne tarit pas 

petite boule de feu 

enfant sauvage

muet

désapprends maintenant

ton éducation si tu brandis

la brindille enflammée

que la foudre frappe si souvent

désapprends pour devenir 

le grognement 

la crasse

la nudité

que ton corps tout ton corps

recourbé

incurvé 

voûté

ton corps on dirait le corps d’un vaincu

d’un soumis

celui perdant là la partie la guerre

ton corps ton corps courbé un corps

ignorant voilà 

bipède débutant sauvage très pratiquant

non sans un bang de la torche incendiée 

le crépitement répété si moi je brûle moi

du feu intime précipice celui de ma nuit des temp-

êtes

phénix généreux j’étends l’incendie 

l’incendie sans limite

qui monte

volcan inverse

du gouffre où je m’enfonce

monte et si je tombe alors

s’élève du fond des fonds

toutes les morts

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la tête roule

La tête par là

la tête en haut ça commence ça a commencé là

en descendant lentement épaisse

la douleur qui coule

magma

ou

sève à rebours

celle d’arbres factices

enchaînés aux terres vaines

des mondes d’artifices

la tête par là

en haut

que ça débute

jusqu’au ventre

comme une grande ligne

d’épines

toute droite 

avant

la mâchoire tendue toujours

pour à force

comme mâcher une douleur

qui ne se digère pas

ni ne se déchiquette

bâton de réglisse

on dirait

que rien n’épuise

le temps peut-être

la bouche inutile

sa salive

toute eau claire quoi

purifie rien

langue pourlèche

la plaie

langue salée

des landes glacées

le langage avant

le langage ce banni maintenant

le tabou cette sorte d’ultime interdit

tu sens la parole une condamnée à mort

toi pareil ô grand billot

ici attache la tête

où le pal passe tout à l’heure

cette longue lame

sa corde assortie

tu feras tout à l’heure

un joli pendu ta mine toute verte

tu ressembles je crois

ainsi paré

de chanvre et de fer

à la vase atlantique

le moment où l’écume

tape sur les berges

les algues dansantes

la tête douloureuse 

encore toujours

le bourdonnement 

celui 

tout en même temps

une rumeur un silence

tu sais ne sais pas

toujours la même mort guette

tu ne savais pas

la mort porte

l’habit des rumeurs

tu ignorais

sa parure

le petit bijou à sa main

qui tinte 

le mensonge

qui détruit, clos

et tue

le mensonge

assis sur ton visage

immobile

tout soumis maintenant

tu te noies dans une mare 

mon pauvre ridicule

vas-y. 

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15 mars 2023

SOS amitié

Chose très étrange que, tentant de se renseigner sur le suicide, les premiers résultats, toujours, dirigent vers des numéros d’écoute spécialisés. J’ai, une fois, tenté d’appeler l’un de ceux-là, pour parler à quelqu’un, je crois, pour m’assurer, aussi, de ma volonté. Pester, peut-être ou qu’en sais-je. Me faire intéressant, aussi, histrion jusque dans la mort et laisser l’interlocuteur désemparé ou las devant le sinistre spectacle. 

 

Je me demande, toutefois, pourquoi et comment, ces résultats arrivent en tête, qu’importe les mots clés tapés en français « tailler ses veines » « pendaison » « suicide » « urgence danger » arrive en tête des résultats celui de : « SOS amitié » « Aide Disponible » et un numéro de téléphone pour les joindre. En principe le privilège d’arriver en tête, de façon aussi systématique, d’une recherche réclame un paiement.

S’agit-il de la part des moteurs de recherche d’une libéralité accordée aux organismes de prévention devant « l’enjeu de santé publique » qu’est le suicide ? Je l’ignore tout à fait. 

 

Fait inhabituel, et contraire à ce qui se présente pour les commerces, le numéro de téléphone apparaît en gigantesque, comme un hameçon, comme de l’inévitable, comme du « essaie ». Quelque chose de pressant à voir apparaître ce numéro et peut-être même est-ce pour ceci que, la dernière fois, je l’appelai. 


Le nom de l’association « SOS amitié » raconte, elle aussi, quelque chose. Le suicide, sa cause, l’une de ses causes, ne résiderait pas dans un élément objectif de la vie des individus, ne saurait être choisi comme solution rationnelle et, ce nom, donc, renvoie à l’idée que tout suicide trouve, en partie au moins, sa (dé)raison, dans la solitude. Il ne s’agit pas, bien évidemment, de parler avec un « écoutant »  pour obtenir sa psychanalyse mais pour retrouver pied dans le monde réel, vivant, sortir de soi, du noir, de la douleur où, enfermé trop longtemps, seul le péri existe. Si, depuis enfant, je voulais mourir, ce n'était pas de solitude que je crevais ou non pas celle-ci qui voudrait l'entourage un désert et ma vie une soif. Je voulais mourir - le veux toujours - à cause de l'absurdité d'être, et plus encore, de durer. Vieillir, dès l'enfance, me terrorisait et, aujourd'hui que ma barbe blanchit plus encore. Je voulais mourir, non parce qu'étendant la main je ne trouvais nul corps et que parlant je n'entendais nul écho, je voulais mourir parce que je ne parvenais pas à être conquis par la vie. J'ai rêvé des années durant de ne jamais me réveiller, m'endormant, pourtant, sans aucune douleur, martyr de rien du tout sauf, croix tarabiscotée de l'absurde où, le pénitent même, est cloué tout tordu. Cubisme du suicide. Si solitude celle-ci ne peut-être consolée, elle est un hors du monde, une étrangeté, un en-dehors que rien ni personne ne peut, n'a jamais pu, combler tout entier. Si pour tous une part du soi demeure toujours de l'inintelligible, du non, du pas, de l'inexprimable, je sens que, en moi, cette part déborde de beaucoup. Ce à quoi je n'ai pas su. Pas pu me connecter, cette rencontre impossible avec le monde, la société. Solitude. Non pas, solitude.  

Souvenirs de cette famille, du Nord de la France je crois, qui, suicide collectif, laissa une note « on a trop déconné ». Je m’interroge quant à l’exactitude de mon souvenir et formule, pour moi-même, des hypothèses. S’agit-il, comme parfois, d’un meurtre familial et du suicide de l’auteur ? Par une recherche google (encore!) je tombe sur un article du Figaro qui relate les faits. La lettre, manuscrite, « soumise à un examen graphologique » précise l’article : « On a trop déconné. Pardon ». J’ignore, encore, si la retranscription ici est exacte, je me demande, si l’auteur de la lettre a bien respecté la syntaxe en utilisant les majuscules. Les faits, conformément à mon souvenir, se déroulèrent dans le Pas-de-Calais, l’idée d’un meurtre dissimulé s’efface devant le récit du journaliste. Cette famille de quatre membres s’est pendue de façon simultanée. 

 

« En découvrant les corps, jeudi dernier, les policiers ont en effet constaté que le ragoût préparé par la mère de famille était prêt à être réchauffé. »

 

« Ils vivaient toujours à quatre», «on ne leur connaissait aucun ami» racontent toutefois des proches. »

 

Ainsi la solitude. La solitude à 4 ? 

 

En me rendant sur le site web associé au numéro de SOS amitié, je tombe sur une page où figurent plusieurs logos et, notamment, celui de « l’union nationale prévention suicide » dont j’ignorais l’existence. Une grande machine administrative, publique et, j’imagine, aussi associative, tente de prévenir le suicide en France et continue, contrairement à mes croyances intimes, à le refuser comme solution mûrement pensée. Chose étrange, par ailleurs, rapportée aux débats actuels quant à l’euthanasie. Ce paradoxe quant au droit à disposer de soi-même, jusqu’à sa vie biologique et le besoin que la gestion de cette mort se passe de façon institutionnelle et médicale. On ne peut mourir sauf si l’Etat, comme en cas de guerre finalement, nous le permet. Etrange, tirant le fil, de se rendre compte que le suicide, toujours, lorsqu’il échoue, entre dans le cadre de troubles psychiatriques et entraîne, en ce cas, un suivi voire un internement et donc, cette fois, non comme l’euthanasie qui traite administrativement de la mort, une gestion médicale de la vie.

 

Je tombe, en même temps que je divague ici, sur un fil tweeter que des hommes « appellent les hotlines de prévention du suicide pour se branler ». Ah. 

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09 mars 2023

Ponts.

Moralement épuisé. Depuis mes douze ans le suicide, comme issue de secours ou appel hors de soi me prend. En 5ème, en cours d’arts plastiques je crois ou peut-être de SVT, je demandai à Cyril, mon meilleur ami à l’époque, s’il pensait parfois au suicide. Il me répondit que non, qu’il était heureux, avec sa Nintendo 64 et son amoureuse Dorothée. Alors je n’ai plus rien dit. Souvent, quand des chagrins trop pressants me prenaient, j’enfonçais ma tête sous l’eau dans la baignoire sabot de l’appartement de la rue Jean-Baptiste Lully. On ne se noie pas comme ça. Pour se noyer, je l’ai compris bien plus tard, il faut être vaincu par l’eau, être dominée par elle. J’ai essayé, parfois, avec de bêtes couteaux, de me tailler les veines sans succès, n’y laissant même pas des écorchures. Suicides, jadis, sans conviction, opérés surtout comme un délestage des douleurs et le scintillement, au loin, de l’issue de secours. 

 

En 2017 au plus fort de ma pire crise je ne m’endormais pas un jour sans l’idée obstinée du suicide. A ce moment là, admis à l’hôpital de jour du IXè arrondissement, il me fallait toutes les forces de l’équipe médicale pour tenir. Mais toujours, jusqu’à aujourd’hui du moins, connaitre le suicide était pour moi une façon de ne pas exécuter le mien, de savoir que, à tout moment, si je le désirais vraiment, toute la violence, dedans, pourrait se taire, définitivement. 

 

Le 1er mars en organisant mon suicide, véritable celui-ci, en déchaînant tout ce que je contenais en moi de chaînes frustrées, retenues, d’acier rouillé, je compris la terreur de la mort, pour la première fois de ma vie. Pour la première fois de la vie, je sentis avec effroi ce que ce pouvait ne plus être, de passer de quelque chose au néant. L’absence de « l’après ». Toujours ce passage m’avait indifféré puisque, n’étant plus rien, je ne pouvais souffrir moi-même ma disparition et pourtant…pourtant à ce moment-là, sur le quai de cette gare, elle me saisit la terreur de n’être plus et, étrange pour moi, reliquat de mes années de dévotion envers Dieu, j’ai pensé à l’après-monde, à la possibilité de l’enfer. Pas l’enfer religieux, lieu de pénitence et de punition, lieu, presque pire, où l’âme évaporée erre sans pouvoir se fixer nulle part, j’ai eu peur du tourment pour l’éternité. 

 

J’ai rêvé mille fois depuis ce jour là de ce train qui fonçait vers moi et dont j’étais sûr qu’il me percuterait et que j’en finirai que toute cette douleur, cette pression dans le crâne, ces mots crucifix, que tout ça d’un coup sec cesserait. J’ai eu peur. Peur du suicide, peur du passage de la vie à trépas, peur, je pensais le métal froid ou tiède, je pensais la maladresse de moi tombant à moitié sur les voies l’hémorragie mortelle des heures durant. Peur. Peur. Pourtant. Pourtant, quelque chose en moi d’un ressort s’est brisé ce jour là, d’un ressort, ce ressort là dont je parlais plus tôt, du suicide comme une idée et non un acte, le suicide comme possibilité abstraite et non réalité douloureuse, ce ressort là, je l’ai senti a cédé, j’ai entendu son étirement jusqu’à la brisure. Je pense au suicide de façon froide et arithmétique comme d’avoir cassé la première limite, le premier obstacle qui, en même temps, est le dernier. Que la prochaine fois, parce que je ne vois pas comment il ne pourrait ne pas y avoir de prochaines fois, j’approcherai plus près. Loin des voies ferrées cette fois-ci, bien loin, je pense au monde aquatique, à cette mort privilégiée des poètes. Cela ou Woolf. Les poumons malgré le pouvoir de la métaphore ne se changent pas branchies. 

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