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boudi's blog

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6 mars 2011

L'écriture impatiente.

 

J'ai vu des amours finir mal. J'ai entendu des oiseaux chanter sans comprendre leurs timbres de prophètes, j'ai avalé des flocons délicats, j'ai vu des gens s'absenter, je les ai sentis me manquer. Est ce que ça dure toujours l'absence ? La douleur m'est égale.Je passerai les saisons. Maude a dit que j'étais vierge.Elle n'a peut-être pas tort.Je pourrais repousser, me défendre, pétrir.Je pourrais cogner avec mes genoux.Subir les yeux et les statues, subir ma structure, ou encore séparer mes mains.Mais mon innocence me fait peur.

La fête des idiots..Dans la rue, il y'avait un homme qui dessinait au fusain des portraits, pour quelques euros.Les filles buvaient comme des hommes.Je m'éloignais des corps vulgaire.S me dit "je ne te déçois pas hein ? Je ne me le pardonnerai jamais".Puis S vomit.C'est l'alcool qui monte à la tête.Moi, en rentrant, je dis toujours "je n'ai pas bu".Je ne bois pas, je ne fume pas.Je joue le rôle de l'adulte.Parfois, on me le reproche "tu es un garçon déséquilibré".Je manque de m'évanouir à chaque fois.Equilibre.La beauté des corps puis le dégoût."Vous êtes un garçon malade".Le dégoût. Puis l'éclat de rire.Alors, je suis passé à côté de cet homme qui dessinait.Il a léché du regard mes yeux d'adulte.Il a caressé du regard, l'ondulation de mes cheveux à cause de l'humidité de l'air.Son haleine chaude.Il était seul.C'est un chien sauvage, une biche blessée.J'aurais pu m'asseoir en face, sur le tabouret.Le regarder me dessiner.Immobile.J'aurais pu.Pour la grâvité avec laquelle il m'a regardé en passant comme pour me dire « je sais tes pensées, je sais tes yeux ». J'improvise.Je baisse le regard.Je ne veux pas."Monsieur, je peux ?".Non, je n'ai pas d'argent, et puis vous savez, je n'aime pas assez la forme de mon visage pour ça.Vous savez, je suis porté par les sens, et mes lignes sont infinies, irréfléchies.Menacées.Vous pourriez m'offrir une de vos pages blanches et vierges, je pourrais vous prouver qu'il y résidera mon visage : la transparence.

 

 M. dit que je suis un peu spécial. : "c'est à cause de l'écriture et de tes yeux noirs". Chaque fois que quelqu'un d'autre apprend que j'écris, je me maudis. Je le dis, je l'annonce, mais je ne veux pas qu'on le découvre. Je veux que ça paraisse un mensonge. Ne voyez pas mes folies, elles sont sincères.

Les lettres de Marine sont longues.Marine.Marine chez les Hednin.Marine et ses examens.Je connais tout.Ou presque.Marine écrit : "Je ne veux pas grandir, mais ça, tu le sais déja, je l'ai remarqué au Manoir, quand tu es sorti de table pour prendre Marion dans tes bras".Marine ne veut plus aimer les garçons qui ne l'aiment pas.Marine veut voler.Profiter de ses 20 ans.Marine veut couper ses cheveux avec des couteaux de cuisine."Apprends moi à devenir une femme". La déshonorer de ma tristesse. La nuit. Dans son appartement. La nuit. Sur le trottoir. Où j'ai écrit, tellement de lignes, que j'ai eu peur des passants, et des figures qui s'y assemblaient.

J'ai souvent le vertige.Comme ça.Pour rien.Parce que j'ai peur de tomber de moi même.

Quand je me mets à lire, j'entre en apprentissage. C'est autre chose que celui que je fais. Officiel. Trois jours par semaine. J'apprends le frisson.

J'ai déjà oublié le lycée.Les rires.Les mains, ces ventouses.Mon pére est partout.Partout, il m'a appris à aimer.Pas à apprécier. A dévorer.Cette envie.Je suis mon pére.Sous la forme d'une fragilité cruelle.Je protége.Mon père.Je souris.Je saute au cou.Je ne veux pas écrire pour me prouver.Je ne veux pas écrire pour être lu.Je ne veux pas d'une écriture mensonge.Je ne veux pas me vendre aux yeux.Je veux être ma propre écriture.Je veux l'essentiel.Je peux tout partager.Tout offrir.On peut me tuer.En aimant.Je veux offrir les mots.Sans laisser de trace.Sans laisser d'empreintes.Simplement les jeter.Aux visages.J'ai toujours rêvé de baigner mon corps de mots.Et d'éclabousser les passants.J'ai toujours rêvé d'être dans le mouvement du vent.J'aime beaucoup ma barbe, mes cheveux longs. J'ai l'impression d'être en retard. De n'avoir pas compris quelque chose comme un meurtre. Un rasoir. Vous savez. Un rasoir sur la différence..La ville la nuit.Les jardins.Les amours qui oublient.

Le sourire, de l'ancien amour qui vous dit :"je ne sais plus où j'en suis", est comme le coeur qui vous arrive dans les tempes : l'envie soudaine de l'aimer à nouveau pour lui redonner sa place.

Tzara a dit :"Nous ne voulons pas écrire, nous nous laissons écrire".

En errant près de Convention, hier après-midi, il y avait un garçon qui me suivait, le pas pressé. Il m'arrête dans les couloirs du métro..Me demande où se trouve la Rue de l'abbé.Je réponds que je ne sais pas, qu'il a inventé ce nom.Il dit que oui, c'était un prétexte. Je lui réponds que c'est dommage, que ça aurait pu être plus original.Il me demande si je'ai déjà tué, je réponds « presque ».Il me demande si j'ai deux minutes pour le suivre.J'aurais pu répondre que j'avais toute la vie pour suivre, ramper, siffler.Lui dire que mon enfance est une grande liberté.Lui avouer que mes 8 ans se cachent.Lui dire que je suis censuré.Lui apprendre que là bas, les poètes transmettent la chute, qu'ils m'apprennent à fuir, qu'ils ont des plumes dans le ventre, qui leur permettent de voler.Mais non, je me suis contenté de dire "Non, je n'ai pas le temps".J'aurais aimé qu'il me réponde que personne ne possédait le temps, que ça ne nous empêchait pas d'aimer, de donner, de s'offrir.Mais non, il s'est contenté d'un bavardage,timide..J'aurais aimé lui dire "ça doit être étrange de draguer, de te contenir, de paraître, qu'est ce que ça fait ? Tu te sens intimidé ? Pressé ? Pourquoi tu ne voudrais pas seulement m'accompagner en silence le temps de finir ce couloir ? Tu sais.Juste pour dire d'être là.D'être entré dans ma vie.Sans infraction.Le silence est une politesse.Une marque d'éducation.Pourquoi tu ne m'aurais pas porté mes idées ? Ca m'aurait enchanté, des tonnes d'idées.Pourquoi ne pas me donner de consignes.Pourquoi ne pas disparaître après m'avoir rendu le coquillage ? Qu'est ce que ça fait de draguer ? Est-ce que j'étais positif ? Est-ce que c'est mon parfum ? Mon allure maladroite ? Parce que je cours, je provoque ? Est-ce parce que je suis l'apprenti ? L'animal des mers chaudes ? Est-ce parce que je parle une langue de sel ? Mais non, je me suis contenté d'un "ah..." et d'un sourire timide.Il m'a demandé si j'aimais les garçons. J'ai répondu j'aime D. Je ne sais pas pourquoi.

Et je suis parti rejoindre Marine.

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6 mars 2011

Le bruit de mon corps, dans le froid des nuits.

 

J'ai les cheveux mouillés de soleil, et le coeur embaumé par ma vie. Je pourrais vous dire aussi, qu'en quittant Maude j'avais la peau comme un jour intime et que la route de sa bouche à ma poitrine est bossue comme mes pieds usés. Trois kilomètres sept cent. De la rue Blomet à Issy.

 

Je mettais une écharpe autour de son bassin, et je serais très fort, je disais qu'il ne fallait pas attraper froid, surtout pas, non. Ne pas attraper froid. Ne pas attraper les sales maladies. Je faisais un noeud, qui étouffait sa peau. Je plaquais mon corps contre elle ensuite. N'attrape pas froid. Et je mettais un préservatif sur nos gestes. Protège-toi. Je lui disais "Protège-toi". Et je l'embrassais. Surtout, se protéger. Ne pas attraper froid.

 

Si vous aviez vu, Monsieur.

 Les femmes qui lâchent leurs ombres dans l'égout en chantant que les visages sont dans la nuit, vous leur auriez demandé si elle avait un premier étage d'où je regarde la vie. Donnez moi des yeux bleus.

Si vous aviez vu Monsieur. Vu.

Le crime est heureux, quand j'écris. Je suis léger, léger, sans prénom, avec toutes les voix du monde.

Elle perd son haleine dans mon cou. Je suis avec la danse des angoisses. Contre elle J'ai les muscles qui tapent comme une hache. J'ai la peau fondu dans la salive. Mon sexe est une chanteuse rauque sans cigares. J'ai demandé qu'ils se taisent. Tous. Qu'ils me laissent faire quelques pas, vers le coeur sexuel qui piétine dans mon piano pudique. Je n'ai pas de dentelles, et je leur ai écrit une lettre, sur un papier peint tâché de sang, que je n'étais pas un mâme. Regardez-moi, je ne suis pas un garçon. Je suis une idée.

 

Je monte sur sa poitrine, comme sur une montagne en clou. Qui a mon visage ? Est-ce que quelqu'un à vu mon visage ? Et s'il est au bout des draps, frappe avec les pieds, frappe et pousse-le, que son bruit lorsqu'il tombera sur le parquet, nous fasse rire.

Qui a vu mon visage ?

Quand je m'en vais, je chatouille ton silence. Elle ne disait rien, quand je m'en allais. Elle disait ensuite "c'est comme un plateau libre tu sais, un plateau libre, une scène de théâtre sans comédien, un endroit creux pour l'inspiration, sans corps, sans brique, j'ai les yeux qui piquent".

Laissez-moi faire trois pas et être le premier enfant à dire que je ne suis pas un homme Je ne pourrais pas vous le prouvez. Il aurait fallu voir le vertige qui mord la pupille, qui gifle les dents. Comme les mots. là. Ceux-là, et d'autres là bas qui courent vers vous. Comme les mots et leurs démangeaison. Je suis démangé. Oui, je suis démangé. Je sors de la chambre, je la quitte, haletant, enceint de mes énigmes, je fais trois pas, je claque la porte comme je referme ma bouche,qui a laissé entrer un cortège public vers un champ brûlé.

 

"Jonathan est élégant, plein de tensions, de fragilités".

Une chouette morte au fond du jardin.

Je dis "J'ai l'impression d'être sous ma peau".

 Elle a dit : "Aujourd'hui dans le métro, aux vides-greniers. Le mots sont sales. Ils ont la texture du sang de ton adolescence, cette odeur intime de page voilée, la moiteur del'argent, et la douleur obsédée. Tu es torturé, dans toi j'entends tous les mécanismes moyennageux de la question."

  

j'ai continué : "Je n'arrive pas à comprendre la déviance, ceux qui disent homosexuels. le corps, c'est l'ambivalence, de partout. la liberté. Ne pas clore. ne rien clore. Les cuisses timides, le lait sur la peau froide. J'ai souvent peur de mes amoureuses, parce que j'ai connu une fille, sans cette douceur que l'on attribue aux filles, je l'ai connue avec la violence, la fulgurance de l'amour avant toute chose. Je me suis cogné et il fallait que l'un de nous meurt. Je suis toujours là. "

 

Mets ton manteau, défaista capuche, et si les yeux sont chauds, va brûler ta peluche.

Allez Jonathan

Allez Jonathan. Si tu traverses sans regarder, j'irais jeter ma tasse de thé. Je mettrais tes cendres, dans le Nil des draps. Allez Jonathan, tu verras. Tu diras au revoir au lit défait, et j'irai cracher sur les violons dans la rue, qui te faisaient tousser et qui sanglotent.

Tu me dis : fais moi des rimes et tu trépignes.

 

Je te dis "je veux de belles paroles", tu deviens folle.

Tu diras au revoir au lit défait.

Je te dis "une chanson qui fait de l'effet", ça te fait tousser.

Jonathan, Najib, faut pas faire attention,c'est un méchant petit garçon.

Tu m'as proposé que j'effile tes collants, j'ai dit "attends, attends".

J'ai pas de mélodies pour le moment.

Je te dis "allez on va composer", et je me mets à t'aimer.

Allez Maude, ton père est un musicien.

Attends attends, je retiens.

Tu dis "j'essaie j'essaie vraiment j'y arrive pas"

Je te dis "tremble pas comme ça, c'est que toi et moi".

 

Tu peux laisser mes lèvres dansaient sous la pluie,

aujourd'hui je t'ai dit "pas de folies, pas de folies",

t'as pas compris t'as ouvert le parapluie.

 

Tu pourras me montrer la blessure,

Je te dirais que j'ai le temps j'ai le temps,

avant avant, de t'aimer ta bouche au goût de carambar d'antan.

 

6 mars 2011

Quand je quitte les draps de la nuit, je m'abandonne moi-même.

Yan me dit "encore un mannequin ? C'est lassant, à force".

J'ai honoré Marine de mon désespoir.

J'écris sur un carnet. Sur de la chair. Je me souvenais mal, la douleur d'un poignet piégé dans la forme de l'écrire. Je suis assis, au quelque chose rue Blomet. Je distingue mal les chiffres avec mes yeux soûls. Quand un passant, avec son haleine fatiguée d'alcool, me demande ce que je fais ici je réponds avec mes lèvres violettes, où les dents de Marine font des marques : « J'attends les mots ». Je rentrerai à pied. Je traverserai tout le quinzième. J'irai chez Maude, je sonnerai, je dirai qu'il et l'heure de s'oublier.

Il y a des corps qui ne prennent pas dans l'écriture. J'aimerais tellement parler de D. Je crois qu'il y a des passions qui prennent du temps à s'éteindre.

La nuit me complète, j'avais envie d'un ventre dur où me cogner le visage, j'ai envie du corps de Clément dans la mer d'Hardelot, dans la mer du Nord, j'ai envie de son corps, qui s'en va loin, et que je ne vois plus, j'ai envie de cette peur là, de cette noyade là, j'ai envie d'un visage de gardien. La nuit me complète. J'ai envie, de l'odeur du bonheur de D, quand elle courrait après son futur, qu'elle attrape déjà, dans ces rues nocturnes de Paris. J'ai envie de cette course là. Pour trébucher. J'ai envie de cet oubli là. De cette douceur secrète. J'ai envie des souvenirs. Je voudrais effacer, cet image du front de Violaine qui se cogne sur le trottoir, d'oublier cette chute du corps, d'oublier cet évanouissement en pleine nuit, d'oublier mon immobilité, et ce bruit, ce bruit d'os et de béton, de soleil indifférent. Je suis inaccessible à la réalité, et ça me tue, ça me tue, la vie n'entre pas dans moi. Des mots me viennent, comme la nuit me complète. Le corps est interdit, je le dis "le corps est privé, il est le sujet du cri, le sujet de l'étourdissement, il danse dans l'offense". J'ai envie de la nudité de Marine comme un crime. Pauline donne rendez-vous, elle sait que je ne viens jamais, trop de peur. Je suis l'enfant qui compte ses doigts dans un miroir cassé. Je suis la peau de glycine. Et j'essaie, vraiment, j'essaie de ne pas parler de D, quand Christine vient me voir. Quand elle dit "tu me salis, je veux mourir aussi pure que je suis née, tu me salis, si je t'aime ça ne regarde que moi, si je t'aime je ne veux pas te donner des prises sur moi pour que tu me fasses du mal ". J'essaie de dire que c'est extérieur. J'essaie de dire que je me protège. Je voudrais comprendre le sommeil, quand j'entends ses bruits dans la nuit, quand, obsédé, forcé, caressé, choqué, j'entends ses bruits, de clown mort, dans le cirque de mes obsessions. Quand dérapé, je me prends dans ses pieds. Le sommeil, que je ne comprends pas, que personne ne m'explique. Le sommeil a des veines calcifiées. Mais quand je croise le silence, il fait semblant. De ne pas me voir. De ne pas m'aimer. Le sommeil dit que je suis un enfant compliquée. Et quand il me voit là, poitrine nue, quand il me voit, rire et évoluer dans mon corps, il dit que j'ai un corps fatigué. Il dit que je devrais. Tuer. Il dit. Timide Pudique. Et inquiet. Mais Compliqué. Égoïste. Qui ne sait pas, qui ne comprend pas. La nuit dit des mots. Fraises des bois Mélodies des forêts Etendue de mots. Effondrée. Effondrée. J'imagine que le sommeil dise qu'il a du mal, que ça ne rentre pas. Chaque fois, ma main qui écrit, ça n'est pas romantique. C'est un bateau en papier. C'est un bateau sans ports. Sans marins. C'est un bateau qu'on regarde. Mon écriture vient de la violence des yeux, qui gonflent. La nuit me complète. J'écris dans un coeur amoureux. Et je ne sais plus. Penser à elle, ou lui. Je ne sais plus. J'ai toujours besoin d'un objet corporel, pour me tenir chaud. Toujours besoin d'aimer. Et je pose, mon pied, ma bouche, ma tête, sur vous. Laissez-vous faire. Je vais vous décorer de mots. La fatigue dit qu'il y a une chute dans l'écriture, comme une main qui ne reconnait plus. Là. De toute mes forces. Quand j'ai jeté mon verre d'eau à la figure de Sophie, et que j'ai crié "Ce n'est pas moi, qui ai écrit ça". Personne ne peut savoir. Là. Ce n'est pas moi. Le bateau ne coule pas, dans le bain minuscule du parfum du désir. Dans le bain, je pourrais toujours, mouiller le papier, il ne coulera pas. Quand j'avais 8 ans, un bateau en papier, et depuis, l'eau est trouble. Depuis, j'écris. je dis "Bourgeoise". J'entends Grieg, pour attendre le matin.

Au bord du trottoir, la patience des pêcheurs, sous l'arc de la nuit pour piéger les muses blêmes dans leurs robes d'anathèmes. Quand je passe sur les quais de Grenelle, j'ai toujours une hésitation,la voix de la vase de la Seine, qui me dit « viens voir, là, viens voir mes yeux bleus, souterrains, perdus, viens voir la rumeur de mon désir ». Je retiens mon corps. J'ai écrit un jour, le destinataire m'échappe : « J'aime me perdre. Être ici m'est insupportable, c'est irrémédiable, sans solution. Toujours être quelque part, comme un nécessaire espace approprié, pas dominé, approprié, partout maquillé, recouvert d'un papier peint gris pour s'essouffler de ce cri pâle « Enfin, le paysage ressemble à mon futur : froid et gris ». J'écrivais, je crois, «Être quelque part, c'est être en prison dans une certitude, c'est savoir l'odeur ignoble de l'habitude, sans les plumes colorées des aras, sans les parfums ras des mousses d'hier ».

Je distrais Marine avec des mensonges : « ton visage je le trace dans les draps, avec toutes ces monstrueuses félicités, avec Cyrielle et sa voix d'accent circonflexe, et ses mains de couteau. Je disais, moi je suis né déchiré. Personne ne peut savoir. Je me souviens si loin dans ma vie. Je me souviens si loin, que j'ai tout fait pour oublier. J'ai voulu blessé la mémoire. J'ai voulu l'abimer. Je ne sais pas. On me disait. Vous êtes intelligent. Il faut voir ce que l'on peut faire, comment ça se monnaye. Je me souviens. On m'a dit un chiffre : 146. 146 c'est mon intelligence. Je vous la vends. Ça vaut des cris, de la nuit, ça vaut des mots, de l'écriture, ça vaut un adjectif « malade » »


Quand je croise Anthony, il me dit "Je suis heureux quand je me souviens que tu ne crois en rien, quand Lucie arrive essoufflée dans ma chambre avec un de tes livres qu'elle me tend et sur lequel je mets du temps à reconnaître l'anagramme de ton nom, et que je lis ce que tu écris, que je lis ces choses horribles, belles et horribles, je suis heureux quand me souviens que tu ne crois en rien. Si tu croyais un peu, si tu étais fabriqué avec un peu d'espoir je devrais te dénoncer. Parce qu'autrement, si tu croyais en quelque chose, tu poserais de vrais bombes, qui feraient de vrais morts. Si tu croyais tu ne te contenterais pas de placarder des insultes sur les portes en bois des filles que tu as aimées, que tu as oubliées. Si tu avais des idéaux, si tu avais un peu d'espoir, j'aurais peur, peur de sentir ta haine devenir visible. ».

 

Parfois on s'étonne :

  • Pourquoi se tuent-ils ?

  • Parce que ça ne partait pas !

  • La douleur ?

  • Mais non. La vie. La nuit dans moi, dans eux. C'est bien trop long. En vingt ans j'ai fait tous les véritables voyages, j'ai fouillé des mers insoupçonnables, j'ai creusé des vertiges avec les ongles, j'ai posé ma langue sur des corps irréels, sur des corps qui s'arrachent du fantasme, sur des corps qu'on tire des marbres d'idées. En vingt ans, j'ai écrit tellement de pages vingt mille pages sans aucune plainte, vingt mille pages pour me tenir droit, je mérite de mourir, je mérite, j'ai fait assez de pages pour m'offrir un couffin ! J'ai vu l'écume vive recouvrir l'écume morte, et l'écume vive remplacer l'écume morte, prendre sa place dans la tombe du sable, dans les quartz luminaires, coupés en quart d'éclats, de platine, de plages. J'ai vu la crête des vagues s'essouffler, rompre, feindre, imiter le départ, le bruit des cavaliers attiques, j'ai entendu des orateurs sacrifier Hélène, Hélène et son vieux corps usé par trente ans à pleurer, trente ans depuis la première larme. C'était trop long, d'attendre, trop long, ce rendez-vous à la place de l'horloge, trop long ces gens qui ne comprennent pas ce que ça veut dire vivre, et s'il faut arriver au bout de la démonstration, il faut mourir. Il faut montrer avec des raisonnements plein de métal, de logique, avec des exemples aussi ce que c'était que vivre. Attendez, j'arrive au bout de l'argument, je finis de le dérouler. C'est un intestin plein de digestion. Je meurs, je meurs, je suis impassible comme une écluse, la vie ne me franchit pas. Je la garde pour tous les autres la vie, j'ai accumulé, accumulé, je suis l'entrepôt, le sédiment, le coffre. Je suis le fond de l'Univers. Où la douleur a pris son visage. Elle m'a offert ce cri, elle m'a offert cette gueule ignoble, remplie du charme inquiétant qui a fait succomber, les mots, qui a anéanti trop d'amoureuses.

Je suis dans l'interdit, dans l'issue. Je suis dans le secours de mon amour. Je porte mon amour, comme une femme porte son enfant. Ne me fais pas confiance. J'ai les épaules fragiles. L'enfant est lourd. Je suis dans l'interdit, de te dire, que je ne suis pas. Que je ne suis que le support. Des délices que tu m'offres. Je suis dans l'apparition. Ma peau est impatiente. Elle n'existe pas. Je suis l'issue. Le secours. D'un amour, le notre, et tu ne me connais pas. Je suis ton audace. Je crois que c'est ma plus belle définition de l'indécence. Je suis le corps qui dit non. Le corps de la plus insoumise des souffrances.

5 mars 2011

Le désordre.

Chère lectrice,

 

 

Julie m'a dit "ton esprit excite".Et l'absence total de mon corps dans cette phrase me terrorise. J'ai rencontré Julie un samedi matin, en sortant des couloirs de Tara. Elle est étrange. Vôutée.Visage malsain. Fixe. Elle sent le bûtane. Elle tourne toujours le dos.Aux autres corps.Aux façades.Aux rues.Elle tourne le dos aux excès. Aux creux.Aux sexes qui s'écrasent.Sa gorge est un trajet.Un circuit intime.Chaque dent est une flèche. Elle pourrait nous mener vers.Ou vers.C'est un chantier de chair tiède. Des auréoles d'ongle dans les cheveux.Que vienne donc la nature cailleuse, tenter une esquisse de cette créature ! Le charme d'une pucelle au décolleté plastique.La mort n'existe pas pour elle.Le rythme lent de l'eau minérale qui ruisselle dans son bassin.Un sanctuaire de pétales de lotus coincés dans son entre-jambe.Quand je l'ai vue, je me suis écarté.Comme l'on s'écarte de la beauté grasse des peintures huileuses et débordante de parfums.Julie est seule.Toujours seule.Elle s'isole pour mieux rire, sans qu'on ne la dérange.Elle tire son corps de pirate abandonné dans les moindres recoins de ses murs.Elle gesticule.Elle gesticule.Elle gesticule.Elle tente d'entendre le claquement de son hilarité profonde contre les parois de sa prison intérieure.Qu'elle s'aperçoive enfin que le bruit de son corps ne se mélange pas avec les sons de la vie.Et qu'alors, un miroir se fâne, entre les deux yeux de Julie, qu'elle y aperçoive l'oeil de son ombre, l'ombre de son corps.Et qu'elle vive ainsi, persuadée de n'avoir qu'un oeil.Julie traversait le hall de gare Montparnasse, comme un corps échoué sur les rives de coton mouillé, sur les plages de sa solitude."Ton esprit excite".

 

J'aperçois D. en dehors de ma vie.J'aperçois D auprés des inconnus.Ses manières, ses sourires, ses gestes chaud et incertains.D. est une femme dans le corps d'une chute accidentée.

 

Quand le soleil me frôle.Ma peau sent le laboratoire de survie, les masques à oxygéne, l'aluminium du ciel.Ma peau se transforme.Crémeuse.Je dégouline en elle.

Dryade m'a demandé : D'où te vient l'inspiration ?

Ca vient des roulements du vent.J'ai appris à écouter.

Je crois que je le dois à mon père.J'ai appris à polir les angles, arrondir les formes.

Ca vient du miroir, de l'étranger.Des corps charnus. Du froid.De la poussiére des chemisiers.

Ca vient des chevaux fous et de la vitesse de l'amour.

Ca vient de la déviance et de Marguerite qui disait "tu as trop d'imagination".

Ca vient du renardeau écrasé, et du sel promis à la mer.

J'écris pour venir. J'écris pour survivre.

Je suis vertical, central et je démarre de la Seine.

J'écris pour gouter la grippe, la fièvre.

C'est un cyclone.

Je suis en perpétuel fuite, depuis la naissance, je ne sais pas après quoi je cours.

4 mars 2011

Appelle moi.

 

Ca durera une minute tes coups dans ma tête. La minute du majeur qui se lève, malgré lui pour toi et. On retrouvera mon âge dans l'eau, dans le feu, dans l'élément qui nous échappe. Nous pousse le ventre en fleurs mauves. Nous essoufflés, et je ne veux pas, dire ce que les autres ont déjà dit.« Vous ne pouvez ouvrir votre oeil que dans la nuit, quand l'angoisse descend à pieds », les escaliers de leur bêtise, là vous pouvez ouvrir les yeux. Pour voir les bêtes, étendues par terre, celles qui tentent en vain de s'envoler à quatre pattes, tête élancée vers le ciel, les lunettes se casseront, le verre par terre étendra mon sang superficiel. On a dit "intellectuel". On a dit. On dit toujours. L'on ne fait toujours que dire. L'on dit . Nos âges sont des muscles dont on ne comprend pas le fonctionnement. Et mes mots, sont des bruits étouffés par d'autres mots. Ne sont que des mots de mots d'autres mots. Il y a une rumeur qui grince, une rumeur qui dit « tu es passé à côté de ta vie » et s'affichent des silhouettes. Le portrait d'Elodie plein de larmes, et ses seins beaux comme des yeux bleus. Il y a Marianne, que j'échoue toujours à retrouver. Qui me dit « vendredi, à l'hôtel, à Cergy » et j'annule à la dernière minute. Je ne lui ai pas dit « il y a trop de Marguerite dans Marianne, pas assez de liberté, je ne peux pas ». Je veux le corps, la peau, la tienne qui ruisselle de monts. J'aimerais savoir dire, comme eux. Comme lui, là, avec son oeil de guerre. J'aimerais savoir dire. L'esthétisme de la panique. La bousculade. L'échauffement. La sueur qu'on perd dans les couloirs, le sang qu'on récupère dans leurs porcelaines. Comme lui. Savoir dire que je suis. Nos confidences nagent au dessus de leurs têtes. J'aimerais savoir dire, parce qu'en disant, on dépasse les murmures. Et je suis trop fragile pour la main qui se courbe sous vos horloges. Comme eux, ceux qui parlent trop, ceux qui disent l'exhibition, la vulgarité, la banalité, la perversité. Ceux qui parlent trop. J'aimerais ta présence. Parler aussi. J'aimerais parler. J'aime le trop de nos veines. Et la fibre de tes nerfs. De quoi parle t-on. J'aimerais avoir l'idée de la violence. J'aimerais ne pas être si éloigné de toi. "On parle de toi. Là bas. Derrière les portes, derrière les volets, derrière les langues. Dans la bouche, on parle de toi. On dit que. On dit qu'on te. On dit des mots. On parle de toi, bon sang. On fait des mouvements derrière toi." Derrière leurs ombres, leurs corps existent, et leurs corps parlent de toi. Ils disent. Mais écoute-les. Arrête toi. Tu perds tes jambes, à trop courir. Tu éclabousses de terre. On dit, tu ne sais plus ton âge, ton âge moite, ton âge dans la nature, tu le perds, comme Il perd son chapeau, comme son crâne saigne. On dit que tu supprimes ce qui te dérange. Et un homme, dit devant d'autres hommes "Vous avez la couleur du coupable". J'aimerais dire, l'épuisement. « Vos gueules ». Le jour, il te faudra fermer les yeux. Pour voir les bêtes qui sont en eux, accroupies sur leurs peurs, les coudes qui s'enfoncent dans le ventre, la tête dans les mains, qui s'émiettent comme du sable mou. La seule hâche qui atteindra les murs ce sera ma langue cognée à tes lèvres. Comment faut-il faire. Comment ? Je vais sortir. Je vais bientôt sortir. J'attends. J'attends toujours que les rues vident les passants, que l'artère des cités se tarissent. J'attends. Il y a Tara. Qui patiente. Il y a Tara. Qui fait sonner mon téléphone, et j'aimerais tant que ce soit toi. Que je surprenne ta voix ivre, hésitante. Qui ne dise rien. Mais qui m'appelle, que ça me fasse comprendre, que tu penses à moi. Je cherche tout ce qui peut nuire à ma solitude. Je cherche le microbe qui la fera s'étouffer. En attendant, que tu appelles, je dois voir Tara. Je dois me consoler dans ses bras. Alexis disait « Quand je vois les filles de Jonathan, je ne comprends pas ». Il ne comprend pas. Les traits, la figure, il ne comprend pas mon odeur, il ne comprend pas mon visage, il ne comprend pas ce que l'insomnie colore de l'âme. Que ce qui m'embarasse c'est le vide, qu'Elodie, que Loriane, que toutes les belles aiment l'étranger dans moi. Je suis l'exotisme de la douleur. Mais appelle moi. Je t'en supplie. Appelle moi, en secret. Quand Tara me peindra les yeux. Appelle moi. Quand de l'autre côté du périphérique, ta bouche sera mouillée des billes d'alcool où tu les trompes, où les autres trempent. S'il et plaît, viens faire dire à la solitude, qu'elle est n'a pas à me tordre comme un père soûl. S'il te plaît. Embrasse moi, avec des pensées. Je crois, que je te dérange. Je crois même que je te fais un peu peur. Parce que, tu n'avais jamais senti ce parfum avant, ce parfum qui dure. Qu'on ne tire d'aucun flacon. Qui vient directement de l'essence, de la mer, et qui prend feu dans la caresse. Tara m'attend. Je dois y aller. Appelle moi. Rends moi la liberté, le goût du jour qui lève comme trop de levain dans le four du soleil. Sors moi des corps trempés, des ventres numides, du jus qui grince avant qu'il soit trop tard.

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4 mars 2011

insupportable

 

 [ Je ne comprends pas le matériel des choses. Mes sens sont limités à l'instinct ]

Tu sais. D. ce que j'aime c'est me piéger moi-même. Je suis la situation qu'on ne dénoue pas, je suis le cheveu aigu et douloureux qui meurt comme le sable maure. Je suis. Absent. Je dis « je ne travaillerai pas » l'on me répond toujours la même chose « je veux gagner de l'argent pour voyager ». Ce ne sont pas des gens qui voyagent, qui me disent ça. Ce sont des gens qui se déplacent, ils arrachent leurs corps d'un espace pour le renvoyer dans un autre, voyager c'est abandonner, c'est laisser une part de soi, c'est faire de la place dans ses impressions pour accueillir un autre paysage. Tu sais. Ils disent tous ça. Je ne comprends pas. Je ne comprends pas. Je suis rationnel, tu sais pourquoi, parce que je sens les gens, ils sont deux choses des intelligences et des bassesses. Ils se touchent par ces deux bouts. Je ne peux pas être bas, vil, je ne peux pas, je ne peux pas me diminuer, me rétrécir, il fait si froid déjà à hauteur de mes défaites, que je ne peux pas courber plus, je ne peux pas, alors je converse par la raison, je suis un rouage muet qui entraîne d'autres rouages je touche. Comme ils disent « insupportable logique ». Je lis. A convention, je me mets par terre, et je lis, avec cet écriteau sous ma raison « pour la drogue, les putes et la littérature ». Le samedi, à quinze heures, je m'assieds pour réciter des poèmes au jour. Je veux faire peur. Je ne comprends pas pourquoi tu me lis. Je ne sais pas. Tu ne dis rien. Tu rigoles, j'espère que tu rigoles. J'aimerais que cette absence d'espoir, que ce silence qu'est le mien, que cet abus des gestes, cette précipitation dans mes angoisses, fasse rire. Parce que je rigole, quand je jette mes cuisses brûlantes sur les filles, sur le miroir, sur les amoureuses. Parce que je ris, moi, de mon désespoir heureux. Je pense à Dimitille. Elle s'est retrouvée en face de moi. Assise comme un regret. "C'est ton regard, ta colère, tu es mythologique, impénétrable" je voulais dire, et je me taisais. Je disparais. Tout mon corps est un coude plissé, l'angle des avenues, j'appelle ce geste le carrefour brisé. Je suis le mouvement singulier, amoureux. Moi, je me résume à cette conversation avec C, autour d'un débris. Je me résume à 4 heures de bavardage. Je me résume, triomphant, à un corps en décalage, insomniaque. Tu me prolonges. Ton bonheur, ton rire me prolonge. Mes gestes sont inquiets. Charlotte, murmure "un jour, ça t'arrivera aussi, la grande passion". Je cherche un visage très précis. Comme ces nuits qui pleurent. C'est l'une des dernières fois que je meurs en écrivant. Je n'ai presque plus de raison. Elle s'épuise. Comme le bonheur, l'argent, les bourses. La neige s'enterre sous la mer. Je m'en vais la puiser. J'ai le corps qui y glisse. Prenez-moi Docteur sur votre divan, comme avec une femme secouée. J'ai les jambes écartées entre les yeux. Mon cerveau est une cachette. Mon corps, une excuse à l'extravagance. Je suis l'élégance vulgaire, l'indélicat. J'ai des sabots de laine sur la langue, je m'irrite, m'assèche. Parcourez mon paysage, buvez en ma gorge, D. J'aime "D.". Vous nommez avec ce qui n'existe pas. Vous m'appartenez monstres. Mon homme, Monsieur. De mains en mains, je agrippe, m'attache. Moi, on ne me possède jamais. Je ne fais que passer. Il faut du talent. De dos en dos, je détache. Je ris en vous consolant. Prenez-moi Madame, comme avec votre fille, dans un berceau de coton. Dépoussiérez-moi la bouche, étranglez moi de terre, apprenez-moi la vie, ses contours, ses désirs. Prenez-moi Mélusine, comme vous donniez le sein. Apportez moi vers le corps dur, tremblant, vers vous, le fruit secret et usé. Je suis le village clos de vos désirs les plus blessé. Je comprends les femmes. Les femmes me craignent. Je suis asexué. Au grand Galop, D. devant moi, frotte les recoins de mon imagination. Il faut me nourrir. Les interrogations écrivent "et toi?". Si j'avais un petit traitre Un petit enfant. Garçon. Victor. Je l'appellerai Victor. Si j'avais assez de bonheur dans le sexe pour donner la vie. Comme j'aimerais me transformer en Victor parfois. Victor, l'effroyable poignée de verre qui briserait les visages des femmes enchantées. Enchanté, je m'appelle Victor. Je vais vous aimer pour mieux vous tuer. Je ne vous aimerais pas, parce que vous me plairez trop. Vous viendrez, pressée, vers moi. Je suis Victor, l'insensible. Je suis la guerre, la haine, la paix, l'amour. Je suis le personnage et le roman. Je suis la syntaxe et le style. Le clair obscur. Je suis la honte, l'arbre malade. Je suis l'auteur et le lecteur. L'esprit sain. Et je vous offre un thé Vermeille saveur miel sur la terrasse de votre bouche. Enchanté, je suis Victor. Vous et moi. Je suis vous. Alors, mon petit garçon, je l'appellerais Victor. Et si c'était une petite fille : Jade. Jade, la solitude des pierres précieuses. Jade, la distance. L'élégance de son pouvoir muet. La délicatesse d'un petite corps comme une griffe. Tu vois, D., je suis un peu, ces deux futurs enfants. Je m'appelle Jade et Victor. Je suis eux et moi. Je pourrais être vous. Entre temps, Amélie m'écrit "Je pense à toi, alors voilà, je pense à l'inaccessible, c'est humain". Alors je découpe, le milieu de mon corps, ma pudeur, la nappe, les cheveux de souvenirs de D. "Qu'est ce que tu fais ?". J'essaie d'être accessible, je m'ouvre. Comme une université qui cherche des frais d'inscription Comme la banque affamée. Je m'ouvre. Comme un bordel. Horaires précises pour jouer le jeu. Je regarde la marche pressée des promeneurs par la vitre, je les envie et ils me dégoutent. "Toi, tu as le temps" dit l'horloge. Personne ne sait. Que le temps jouit de moi. Je suis le corps le plus malléable du monde. De la salle. Le plus transparent. Je pourrais ne plus reconnaître mon adresse. Le matin, je suis déçu d'être en vie. D. est un amour excusable. Je voudrais partir, mais pour qui, pour quoi. Ici, on me désire, mais je ne veux pas, je ne peux pas. J'essaie d'expliquer à R.

"Des femmes passent, me griffent, on m'envoie des lettres, j'aime, je déchire, et je passe, repasse, dans leur imagination. Un artiste de l'amour. Mais je n'arrive pas, ensuite, les laisser me pénétrer. M'offrir leur corps. Je les nourris, dans les rêves. Devant le corps nu des femmes, je dois me forcer. Je bois. Pour dire la nausée, c'est l'alcool. Je ne supporte pas l'alcool, et je ne supporte pas le corps des filles. Je les voudrais près de moi, je les voudrais qui me parlent, qui me murmurent, je les voudrais qui me serrent. Qui m'embrassent. Mais je ne peux pas. Leur nudité m'effraie. Je vois des mains qui sont déjà venues, je vois des cris, des cris que je ne peux pas entendre. Quand Emilie jouissait, j'avais peur, j'avais peur. Je croyais voir les yeux de Marguerite.

Je voudrais l'Océan, qui balaie les doutes, les souvenirs. Je voudrais ne plus me souvenir de sa poitrine lourde.

Ellle m'écrivait « tu voles les coeurs »

Prenez-moi la main et engloutissez, comme des seins frais, des jus d'amour.

Je connais, le gôut de la passion.Le parfum de la passion.

Mais je fais mal pour aimer."

Si je te parlais tu te demanderais, si je suis une enfant ou un adulte.J'ai l'indifférence indisciplinée de l'enfance. La terre nouvelle des Amériques grandiose et languissante comme ces Indiens qui vomissent sur leurs feux. Je suis le feu sans brûlures. Parce que je manque de profondeur. Et toute la vie, je serais obligatoire. Une obligation aux mots, aux gestes, aux regards. Je suis irrégulier; irrégulé. L'impersonnelle fragilité de mon esprit curieux aux danses du corps dans les rues de la ville. Je tombe facilement. Amoureux. De peur. De fatigue. De dégôut. D'hystérie. De toi, putain. Mais je tombe surtout, facilement : sur moi. Et alors, je me gifle en écrivant.

[ Je sauve mon propre incendie en dévorant les livres ]

Je voudrais partir toujours. Voyager, mais quand je demande, on me parle de déplacements, on me parle de logique, on me parle d'habitudes, on transpose. Je voudrais remplir ma mémoire pleines de cases blanches, je voudrais recouvrir de sels la douleur qui s'obstine, qui s'accroche, qui plante ses ongles verts. Me construire des souvenirs. Je pense à E. Je la verrais peut-être là bas. Si je meurs. Je ne sais pas si je lui parlerais. Mais je la regarderais. Elle a écrit, avant de mourir, "j'ai enfin trouvé celle que j'attendais depuis longtemps". J'ai peur d'écrire la même chose, alors je ne le ferais pas. Oui, peut-être. Elle. Celle qui. Ou non. Peut-être pas. Je verrais E. Et j'aime déjà son sourire. Si elle ag ardé le même. Je commence à l'apprendre. Je veux lui rendre.

[ Crier à Wendy "je t'écrirai", c'est comme lui dire "je vais t'aimer, et oublier de préciser "à ma manière". ]

J'ai dis à H, avant de quitter la table "quand tu liras mon recueil, tu vas enfin pouvoir me rencontrer entièrement". Elle me regarde, me sourit. je quitte la table. Je croise les jambes. Je dégouline. c'est l'effet. Je n'aime pas les Aux revoirs, les fins. Alors, je me retourne. Les yeux dans le dos, je lui lance du regard "J'ai un pistolet dans la plume". Alors, il vaudrait peut-être mieux, que je ne lui écrive pas.

[ Dali vit et meurt en moi, et ça me fait presque mal ]

Pauline me dit qu'elle s'épuise à écrire. Je crois que l'écriture est un épuisement maladif. Une obsession adorable. Lore écrit aussi. Je suis entourée de personne qui écrivent. Lore me manque déjà. Ses mots, qui ne comprenaient pas, la vie et ses déceptions. Ma petite Lore. Mon petit bout d'inconnu. Et Marina, Et E, vos lettres dessinées. Je me reconnais en elles : cette même envie de fuir. C'est pour elles, pour eux, que je ne peux pas réussir, je n'ai pas le droit. De devenir public. Je dois rester privé. Priver mon nom des gens, garder, réserver. Je ne veux pas. Je ne veux pas être en dehors. Avec les autres. Je suis contre eux.

J'écris à Chloé

"La source des architectures compliquées se retrouve dans le pont altéré des souvenirs"

4 mars 2011

Diantre.

Je suis l’initiale du monde. Il n'y a pas de masques, pas de planches, pas de rôles, pas de textes. Le ventre ouvert, silencieux. Je suis prêt à t’accueillir. J’ai peur. Peur de ce que tu peux faire en moi. Peur des habitudes. Peur de tes mains sages, de tes ongles à moitié peints. Peur de tes yeux plein de logique bleue. Quand tu me regardes, le soir, j’écris dans mon carnet noir « Les mathématiques ont posé leurs chiffres sur moi, c’était comme si je ne pouvais plus échapper à la folie ». Je suis l’initiale du monde. Personne ne me lit. Lâché comme une révolution sur les avenues éteintes. L’initiale silencieuse. Je suis le temps d'arrêt. Il est minuit, les draps s'étalent, le pendu prépare sa corde. Je suis l’initiale du monde. Mon miroir est indifférent. Mon visage s’est fendu. Le poing qui va entrer dans le reflet. Je passe en vous comme la première goutte d'eau. Vos corps moites. Je suis la nudité des sauvages. Dans vos bras qui empoignent la lumière. Vitesse vitesse. Je suis le temps perdu dans le fond de l'égôut. Je dessine vos visages fiers au rouge à lèvres sur les émaux des toilettes de la fac. Je m'en vais éteindre toutes les guirlandes de Noël. Je suis l’initiale du monde. Je renverse mon ombre brûlante sur la cuisse gauche de Sarah. Je suspends la rue à vos lèvres de chiennes. Quand je lui dis "Salope", je suis le diamant papillon. L’initiale du monde. J'arrive vers vous, l'hiver coulant sur mes doigts, avec ma détresse de trop « pourquoi les cheveux longs » « pour vous dire que je ne suis pas comme vous », je me prends les pieds dans vos tapis sales, et je continue rampant, à danser pour la princesse de rien. Vous caressez l'eau sans la faire bouger, ma bouche se tait. L’initiale du monde, je sors de l'eau le visage transparent, je traduis la nature. Vos seins donnent la nourriture à la douleur. Tirant les couilles de Rimbaud, ma langue se fend en deux. Ombre lumière blanc noir miel sel seul tous ciel terre grand petit froid chaud frais sec. Je suis l’initiale du monde. L'Eve aux pieds nus. L'Eve déchirant la peau d'Adam, sans y gouter. Mon grenier est jeune. Sur mes grandes jambes, je tends les mots pour atteindre le soleil. Vous attendez que je m'éveille. Je suis la crainte endormie. Toi, ne m'approche pas. Je suis le gouffre à souvenirs. J'accueille, vos rêves, vos désirs, vos peurs, vos plaintes. Je suis le vertige des émotions. Tapi dans un coin de vos pièces, je conserve votre petit intérieur. Le front nu, vous pouvez caresser, une peau propre. Y voir les yeux de vos yeux, les bouches de vos bouches. Je tire le rideau de vos théâtres. C'est moi qui dégrafe vos sous-vêtements Mademoiselle, dans tes sommeils trop tranquilles. Je m'occupe de tes illusions. Je suis l’initiale du monde. C'est moi qui ouvre ta fenêtre fillette pour rafraichir la nuit d'amour. Vos sueurs vulgaires. C'est moi qui cache l’amant sous le lit. Vos meurtres grossiers. Je n'oublie pas les accents. C'est moi qui écris vos lettres. C'est moi qui fais trembler vos caresses. C'est moi qui fais glisser vos yeux sur mes mots. Je n'empêche rien, tant que rien n'entre en moi. Bloquez vos pupilles sur ce Drame là : l’initiale. Bloquez ici. Ne continue pas. Arrête-toi. Travaille. Tu n’as rien à faire ici. Je ne peux plus faire comme si. Comme si je ne savais pas. Comme si je ne sentais pas. Tu comprends ? Tu as un parfum normal, tu as un parfum sténographié, harmonieux, tu as un parfum d’asymptote. Ton odeur est éduquée. Tu as le parfum droit, raide, on dirait une nuque morte. Ta fumée incolore. Ta fumée. La forêt prend feu, c'est moi le traitre nu qu'on achève innocent. La source qu’on assèche en y jetant l’insulte. Dans une grimace qui se moque. Tirez-moi les jambes, arrachez moi les cheveux, crevez mes yeux, mordez mes cuisses, embrassez ma bouche, frappez sur mes épaules, « décharge dans mon entre-jambe, connard » me dit Marion. Wendy m’écrit, ce matin, « qu’est ce que je fais de tes mots que tu destines à d’autres, j’ai des pages de poèmes où je vois un autre prénom, qu’est ce que j’en fais à part me trancher violemment les veines ». Je veux lui répondre « bonne idée » je veux lui répondre « Salope » comme je disais pour Sarah. « Meurs pour voir, je veux que quelqu’un m’attende, quand j’irai. Quand j’aurai froid. Meurs, dessine moi une carte, envoie-là moi dans mes pensées ». Je suis celui qui débarrasse, le gouffre où la nuit dérape, déposez ici, sans publicités s'il vous plaît, déchargez dans la fente adorable des putains, où les guêpes viennent sucer le miel des fleurs solitaires, renversez votre liquide indomptable, et tiède, lâchez vos muscles, que je les sente couler dans le gouffre rieur, secouez vos hormones, déboutonnez vos pulsions, éjaculez vos rêves enfouis, je suis celui qui accueille, sans tête déjà, mis à mort, brûlé, le nombril grimaçant sous vos coulis de femelles cruelles. Une foule qui se retient, une foule qui se suspend, elle est comme à ne plus respirer. Elle attend. Elle attend, quelque chose doit venir. Quelque chose. Qu’on attend, qui ne viendra jamais. Quelque chose qu’on attend. Godot est passé. A toutes celles qui me briseront, offrez moi l’acompte de vos caprices, sentez monter la tension, quand je tends ma honte en vous, je suis l’initiale du monde, ouverte, et Décédée de vos rires. Eteignez vos colères, versez en moi, tout le soleil de la terre, tout les bois fragile de la nuit, c'est de moi dont vous avez envie. Je suis un abri gratuit. La nuit s’est fait sa place dans ma figure. Etreignez moi, sucez le ventre plat de l'ennui, déchargez dans l'entre-jambe des filles sournoises, l'élastique brillant et mouillé, que je tirerai pour voir s'élancer la nudité de l'impossible. Ejaculez vos coups de poings, et ces centaines de femmes qui vous ont coupé le sexe vanité. Consolez-vous, dans un corps qui manque à son propre corps, venez profiter, venez faire mal, et détruire, un visage tombé à terre, dans la boue de vos hontes. Venez chanter la pureté de vos empreintes. Et vengez cette impuissance qui règne dans le brouillard de vos nuits. VOUS Y DORMEZ ET JE NE VOUS ENVIE PAS COMMENT PEUT ON CROIRE QUE JE VEUX DORMIR DANS CETTE NUIT PLEINE D’ANGOISSES DANS CETTE ATTENTE. Défigurez votre fureur dans ma gorge. Je suis l’initiale du monde, la douceur déguisée, qui traverse vos chemins, sans écraser vos pieds, et que vous retrouvez violé, sourire meurtri aux lèvres, pas encore tout à fait mort, la poitrine comme une montagne hurlante qui faisant des va et vient, cherche l'air, dans les poumons humides et cajolés des étoiles. Etalé dans vos visions, je serai l’initiale du monde, muet cauchemar, que vous ne pourrez pas oublier. Sale blessure faite par les minutes en pagaille. Je suis fait pour vivre ; vous êtes faits pour durer. Nous ne sommes pas du même métal. Nous n’offrons pas aux éléments la même résistance. Je ne m’oxyde pas, je ne ploie pas, je ne me déforme pas. Je suis le plus stable de l’Univers. Je suis le pilier de l’Univers, l’initiale sur laquelle repose tout l’alphabet, tout le langage est depuis moi. Je suis l’origine de vos mots d'amours, de vos mots d'espoir. J'ai gardé les péchés. Je vous les offre pour un baiser malsain. Je vous les offre. Ce sont mes maladies. J'ai le sang impur.
4 mars 2011

Enfance.

"Ce sont les gens qui dérangent qui avançent".Et moi, je soupire.Quand j'avais dix ans, plus rien ne me dérangeait.J'étais même plutôt du genre à tout accepter.Anne me bousulait.Mes parents gesticulaient. Ma soeur me mordait.Mon frére s'amusait.Les professeurs criaient.Les éléves jouaient.Et moi, rien ne me dérangeait.J'étais facile.Et léger.A dix ans, j'avais le gôut de la pomme fraîche que l'on vient de faire passer sous l'eau pour pouvoir croquer dedans.A dix ans, je ne savais pas ce qu'était la colére.Je faisais attention à ne brusquer personne.Le chien de l'époque qui haletait aprés m'avoir couru aprés dans le jardin de Diane.Son odeur de cheveux mouillés.Rien ne me dérangeait.A dix ans, j'ai écrit : "Quand j'oublie que demain je me léverai une nouvelle fois, je panique : j'ai peur de provoquer ma propre mort".Dans un petit cahier à spirale.A dix ans, je voulais apprendre ce qu'était la colére.Ce qu'était ce renard qui éternue dans le bassin.A dix ans, je ne dérangeais personne.On disait de moi, que j'étais calme, et plus mâture que la plupart des autres enfants de mon âge.Mais l'on a toujours construit autour de moi, une sorte d'image lisse et douce.L'on m'a toujours inventé un personnage aux allures de jeune garçon sage, au début.L'on a toujours construit autour de moi, une éspèce de "mythe" qui me faisait passer pour quelqu'un d'autre, en mieux ou pire.J'ai toujours attiré la lumière ou l'ombre.J'ai toujours attiré les compliments inutiles et mesquins.J'ai la peau lisse.Et la taille fine.On ne se doute pas un seul instant, "du reste".Quand je regarde les photos, j'étais plutôt mignon. Peut-être que c'est pour ça, l'inconnu.J'avais les cheveux un peu bouclés, la peau plus mâte, et le sourire malicieux.Et quand je me mets à relire toutes ces pages de ce cahier, je me trouve d'une beauté différente, plus malsaine, la peau transparente, et le sourire qui coule sur le menton.Quand je relis, cette petite écriture, je me dis que finalement, c'était moi qui me dérangeait.Je ne dérangeais personne.J'étais mon propre dérangement. Ce que personne ne connait, celui qui se cache, et cache le moment, et l'acte.J'aimais provoquer en moi, ce que les autres ne savaient pas faire.J'aimais me déranger."Quand il commence à y avoir de la poussiére dans ma chambre mon journal, je refuse de balayer : c'est un peu de moi".

4 mars 2011

Une idée, juste une idée.

 

Avec ta chemise bleue et les fines céramiques blondes qui chutent dans ta nuque, délaissée. Tout ça est trop petit, tout ça ne va pas, tu comprends. Je me mets à guetter, le foulard à ton cou, ta paupière qui tremble avant de s'endormir. Le dernier souffle qui réchauffe la langue avant que tu ne retires ta bouche. La dernière goutte avant que tu passes ta main sur ta faim. Je guette quand tu tousses, la dernière raclée qui t'étoufferait. La dernière mèche qui tombe et t'embête quand tu attaches tes cheveux dans une tresse parfaite. Le pavé moins droit sur lequel tu butes. Je guette, l'oiseau qui pourrait griffer ton crâne dans les rues et te faire saigner. La trace de maquillage imparfaite sur tes yeux. Le trou dans les collants au niveau des genoux. La dent qui s'apprête à tomber, balançant entre les gencives ensanglantées. La veine qui bout au poignet, et dont on devine la forme, celle qui s'apprête à éclater. Je guette, les doigts moites qui s'approcheront de sa braguette. La photo qui se déchire avec le temps sur tes murs. Le cheveu qui reste dans ta baignoire. Le vernis écaillé. La griffe recouverte d'un pansement dans le bas du dos. Je guette, le pansement sale, et le sang femelle. L'arme qui resterait au fond du sac à main. Je guette la berceuse qui déraille dans tes cauchemars. La tâche que tu essuierais. Ta peau lunaire qui fondrait comme la bougie qui sue. Les bulles de champagne qui s'apprête à piquer tes yeux quand tu ouvres la bouteille. La marche sur laquelle tu vas déraper dans les escaliers. La porte qui va se refermer sur ton nez. La sonnerie qui va raccrocher. La lumière qui grillera ton ventre dans ta chambre. Je guette la clé qui n'arrivera plus à ouvrir ta cage. La babine qui se retroussera. La prison d'un emploi. La pluie qui mouillera ton front. Le manège qui te fera vomir. Je guette le tissu de ta robe qui s'apprête à craquer. La page du journal intime qui te fera honte. Le petit lit en or blanc qui se fendrait en deux. Les traces dans le fond des draps. Je guette la lettre que tu pourras déchirer. La cheminée qui s'apprête à cracher son feu sur ton visage. L'auréole sur tes yeux bleus, tachés, liquides. Le jus que tu avaleras de travers. Tes oreilles percées qui saigneraient de tes bijoux trop lourd. Ton cou qui se casserait dans la colère. Je guette, tu vois, je guette. Je guette sans cesse. Sans cesse. Cesse. Sans. Vraiment. Je guette, ce qui me permettrait de t'aimer.

 

4 mars 2011

J'ai monté la nausée jusqu'à la dignité du sentiment.

 

"Tu n'as pas le droit." C'est une première phrase. "Tu n'as pas le droit." L'hôtel est bondé de monde, les femmes marchent sur les bouts de robes qui traînent comme une queue inachevée des autres femmes, les hommes cognent leurs gencives sèches sur la coupe de champagne de leur voisin, ils échangent, elles dramatisent. C'est un préau réservé pour les gens riches. Les lumières ouvrent l'élégance sur leurs visages graves. Comme des cuisses qui ouvrent le point sensible. Madame est belle, un haut noir s'accroche à sa nudité, ses cheveux souples frottent son dos, un maquillage violet alourdit ses paupières, violet comme un ciel d'hiver qui n'en peut plus, et sanctionne les yeux d'été. Son corps long et douloureux recouvre ses pensées timides. Tu n'as pas le droit. Fermez les rideaux. Oui, comme ça. Un homme arrive vers une bouche, il tend une allumette en feu, une cigarette se décompose, un sourire tombe en cendres dans un décolleté déjà conquis. La facilité me fait signe de la fenêtre. Je lui souris. Oui, il ne pleut plus depuis des années. Hier j'attendais dans les couloirs, j'ai dit, tout dit. "Tu n'as pas le droit." On m'a répondu "tu n'as pas le droit". Alors, conseiller de donner, des mots, comme ça, qui ne veulent rien dire pour les autres. Déplaire, parce que tu es l'absent, l'arrogant, celui qui va vite, alors déplaire, être insupportable pour fixer le miroir en se déshabillant. "Je te déplais. Tu n'as pas le droit." On en est à la deuxième phrase. Te déplaire. La première page d'un roman qui commence par "Le premier mot, c'est quoi déjà ?". On en est là. Dans les couloirs, il est arrivé, il a soulevé la foule, il a dit "urgence". Et puis après, dans le bureau, un autre a dit "tout commence là". Urgence, je ne le veux pas pour troisième mot. Sous le préau, ils miment mes muscles. Quand je danse, on danse. Quand je tape des mains, on tape des mains. C'est comme si j'étais sans âge et que je me précipitais. Précipice. Urgence j'accouche de moi-même et c'est une solidarité vulgaire. C'est horrible, c'est horrible, c'est horrible, viens, viens, pour s'endormir je vais te raconter une histoire, mille fois. Mille fois je te la raconterai cette histoire, mes lèvres vont devenir blanches, il n'y aura plus de sang, elles vont devenir limpides, claires, et molles, elles couleront comme de la gelée, elles vont pourrir dans la narration. Et la nuit, la nuit, ça sera à cause de. L'autre mot, la nuit, qui fait gercer mes lèvres, mon quatrième mot. J'accouche de moi-même, et à travers la fenêtre, la lune tombe sans bruit, ma place se fend. La place que j'avais, dans les cimetières à treize ans entre les tombes à jouer à cache-cache avec ma tristesse, la place que j'avais, sous le lampadaire de Paris, dans l'intimité des gestes. La place que j'avais sur les genoux de mon père le 23 Juin, non non je ne peux pas quitter les bras. La place que je devrais avoir dans ta bouche. Je voudrais voir comme tout revient, comme tout est un cartilage froissé. Je voudrais voir, mes muscles concentrés qui vont broyer ta langue où je suis déjà passé. Je voudrais, augmenter le son des bruits gluants. J'ai l'âge que me donne l'écriture, je l'ai déjà prouvé. Je te parle d'une robe qui danse seule. Tu n'as pas le droit de partir. J'ai le bout des doigts abîmés par les couloirs qui se referment sur moi. Qui se referment sur Londres. Alors il fallait que je frappe à la porte, que je passe le premier, qu'il y ait urgence, il n'y avait que mon corps, qui n'était pas un corps. Qui était ce quelque chose fragile et qui se soumettait à la pierre. Ce quelque chose à demi ouvert, sans armes, et qui s'étalait sur le mur. Je peux entrer. S'il te plaît. Je dépasse le monde, je ne respecte pas la foule polie, je bloque le passage, je bloque ta porte, j'arrache la patience de l'abbé. Moi, avant. Moi, ils ne savent pas. "Tu n'as pas le droit. Retourne là où tu étais. Tu dois attendre ton tour, tu me déplais, il n'y a pas d'urgence, même si tu dois attendre jusqu'à la nuit." Voilà, c'est là que la première phrase s'écrit. Tu es belle. Marion est morte. Sali son petit haut blanc, de rouge vilain. Sali. Sali. Et le préau gronde de crise. Mn, je l'ai vu. Laissez moi vous raconter, avant tout le monde. Laissez-moi vous raconter, la soirée aux couleurs d'or, ils ont tout caché dans les bouquets. Dieu, les pavés dans ta gorge, ils ont tout caché, Tu es belle, tes yeux bleus je ne peux plus, c'est un visage privé d'oxygène. Laissez-moi vous dire, avant que les murs ne veuillent écraser le secret. Tu n'as pas le droit. Avant que l'on ne vous dise "cette vie là, c'est pas du vrai". La vraie vie s'endort avant minuit, sauf quand elle boit. Qu'on me dise "il faut grandir, tu es un enfant". Je suis vivant. C'est un état rare. Je suis le dernier, des vivants.

 

3 mars 2011

"Et si je t'aime prends garde à toi".

 

Je prépare afin que je puisse dire "tu vois, je peux t'accueillir". Tu vois, tu peux venir, je suis prêt. Le dos rond qui se fend sous les caresses à toute volée. Moi je ne suis pas comme eux, moi je ne suis pas comme vous. Mes nuits sont pleines d'impatiences, de figures étranges à la peau de vase. Je ne supporte pas d'attendre, et j'attrape tes lèvres avec ma main pour te les envoyer à la figure. Moi je ne suis pas comme vous. Papa dit "si petit, si petit, si petit". J'ai de la violence partout sur mes murs. Trop fragile cette fois. Quand je traverse la rue avec ce pantalon trop serré, qui fissure mes cuisses comme on taille dans de la glace flamboyante. Il y a cette lecture, devant la classe, mes 13 ans, et puis il y a cette phrase du professeur "Ce jeune homme est fou". Tout dire, simplement. Faîtes simple. Posez des mots, comme on pose des fleurs sur une tombe, et allez-vous en, ne vous retournez pas, continuez à marcher, en tirant sur votre jupe et en vérifiant votre chignon décousue, dans les coins, les recoins, rattrapez les mèches qui font négligé, essuyez votre maquillage qui date et coule au coin de vos yeux. cent ans. cent ans que vous portez ce fard à joue. cent ans que vos talons se prennent dans les pavés. cent ans que votre poche est pleine de graviers. Alllez faire vos ricochets à la rivière du Mont, respirer les airs frais qui s'enroulent dans votre chevelure. Allez émietter votre odeur sur d'autres terres. Faîtes simple Madame, vivez dans un sourire intact. Un mariage. Tout commence là. Tout commence dans les rapports qui n'en sont pas. J'ai appris l'amour avec ses doigts. Une corde, cachée derrière les toilettes, après l'amour. Pendez-vous petite fille, j'ai attrapé ta bouche. Cacher les couteaux sous l'oreiller, s'endormir avec l'odeur de la lame en argent qui respire sous le tissu. Avoir un sommeil animé, et découvrir dans le bidet, que ce que vous perdez, c'est du sang, c'est l'enfance. Un animal de charme. "Ce jeune homme est fou". Défier du regard les hommes que vous croisez avec maman le samedi après-midi, et planter une main assassine dans l'entre-jambe en secouant ta jupe trop courte, pour les inviter à regarder les lames de couteaux. Le spectacle féminin. Crier, crier, crier, quand votre mère vous demande d'arrêter, ploiement, sans trop de bruit, pour éviter le scandale, et se débattre avec sa haine, en se jetant aux pieds des hommes pour y déposer une salive fraîche sur des souliers cirés. Achever un travail, toujours, un travail sur soi. « Redresse-toi, qu'est ce qui t'arrive, t'as pas honte ». Défaire les boutons d'un corsage en récréation. Désobéir à la propreté. Etre la colère. Mon enfance m'a appris à devenir la colère. Ta féminité m'a appris à la cacher. Etre la colère et ne pas le révéler. Ne pas réagir, quand le professeur dit "Ce jeune homme est fou". Quand un adulte arrive dans la cour, pour vous rhabiller. C'était mon réveil heureux. Mettre des plumes dans son sac pour ne pas casser. Trop fragile cette fois. Quand dans les tiroirs, on coupait aux ciseaux les vêtements, quand on mettait le feu aux voitures dans le quinzième. Et attendre patiemment, dans le coin, prêt de l'armoire, à quatre pattes, les gestes de colère de maman quand elle arrivera, les cernes sous les yeux qui gonfleront, et essayer d'empoigner son bras pour lui demander de se calmer. Calme-toi maman, il fallait que je le fasse, calme-toi, il fallait que je vois ta colère. Il fallait descendre sous la table pour se traîner comme un chien Il fallait avoir dans le ventre, un prénom d'écolier, sur une liste de victime. Avoir un tempo calme et suave sur des musiques extraverties. Moi je ne suis pas comme vous. Je n'ai rien su, j'ai tout vu. La niche qui prenait feu, et les premières jupes qu'on ne redressait pas. Caresser l'écorce avec les pieds et frapper, frapper dans l'arbre quand maman arrivait en courant pour me demander de ne pas me salir. Frapper avant, avant que ça ne se sache. Pour les autres. Le secret de la colère. Tout commence là, dans cet enseignement. Quand les petites filles du voisin frémissent d'ennui l'été dans le jardin, et qu'elles m'invitent pour se divertir. La solitude héroïque. L'apprentissage. Les faire rire sous des nuques carnassières. Faîtes simple, Mademoiselle, faîtes simple. Tenir dans sa paume un bout de verre peureux, Toi, quand tu marcheras dans le cimetière décoré de ton appartement dis-toi que ce qui te servira de miroir sera déjà le marbre final. La grande brune marquée de traces de freins sur le front. Faîtes simple. Regardez-vous et trouvez-vous jolie. Céline dit "si pur, si pur, si pur" en parlant de moi. Le lacqui reste collé à ton ombre, pour garder en mémoire, cette histoire là. Margot dit "de l'amour, de l'amour, de l'amour". Monte sur les toilettes de la petite école, accroche la corde et y pendre mon désir. Ouvrir le ventre d'un renard avec l'orteil et le plonger dans les boyaux comme dans du sable blanc. Cette lecture à 13 ans, qui me ramène à mes origines. Colériques. Et au lieu de ça, au lieu de déposer ses fleurs comme des mots sur la tombe, et de partir, serein et calme comme la victime accomplie, au lieu de ça. Déposer les fleurs, monter sur la tombe, les piétiner avec des talons convoités et propre, tirer sur cette jupe, toujours trop courte, essuyer un rouge à lèvres sang honteux avec la paume de la main, se retourner plusieurs fois en repartant, serrant les poings pour ne pas se mouiller les yeux, renifler une pluie d'or fine et si lourde qu'elle abattra la première rose sortie des eaux, jeter les ricochets sur les passants parce qu'il est quand même là l'effroi, parce que je l'ai dans les veines cet amour, révéler l'histoire, le rythme grand ouvert, cent ans que je suis prêt pour toi. Cent ans que je ne suis pas comme elles. Ma bouche trébuche sur les pièges de tes yeux bleus et louches. Tu vois, je peux t'accueillir, quand je tire sur la jupe trop courte, ce n'est que le souvenir d'une main qui n'a pas su l'enlever. J

Trop fragile encore. Trop silencieuse

réalité.

Je ne sais pas comme vous faites

vos petites vies, vos petits gestes

c'est trop étroit pour moi

la normalité sentencieuse

je suis la colère et l'émoi.

3 mars 2011

il y a mille maladies dans une rime.

 

J'ai entendu les nuances d'un talon qui se déboitait. Je vide mes muscles dans un visage fantôme, qui traine derrière les murs, comme une ombre peureuse. Normalement, tout va bien. Normalement, je prends ta main, je t'emporte, je t'embrasse, et la mémoire repousse. Normalement, il y a des indices cent, un peu partout sur nos peaux. Ce sont des preuves, pour les détectives, quand, je disparais, la nuit, derrière tes soupirs, quand je t'agace, tous les jours, que je te vois. Il faudrait séparer la maladie et la Valise amoureuse. Comme je m'écorche avec le voyageur. Viens. Normalement, je passe tout ce qu'il y a d'obstacles sur moi. Les cheveux, le menton, et la poitrine. Les obstacles osseux. Ne pars pas, je t'aime. J'obéis aux pensées, qui recommencent toujours, après les lèvres délicates, après la mer qui se déchaine, après la mer qui cisaille nos corps en deux. Tout s'enchaîne. Je te vois, tu la vois encore. Tu la verras. Toujours. Il y a la mer, l'océan, il manque la sécheresse. Tu la vois « belle ». Je suis derrière la fumée. On m'appelle le tyran amoureux. « Tu es une larme » Le processus murmuré, couché, indomptable. Je demande à la peur de s'asseoir. De croiser les jambes, de renverser la tête en arrière, et je crache dans une gorge sans fond. Tout s'enchaîne. Je place la peur sur la chaise en bois, le désir sur la table en brume, et je lui demande de s'allonger, d'écarter les jambes, et je plante la flèche dans un sexe sans fond. La peur sur la chaise, le désir sur la table, je demande a la colère de rester par terre, je lui demande de s'accroupir, de plonger la tête dans ses mains, de ne pas me montrer ses yeux, je tire ses cheveux sans fins, et m'épuise sous son ombre nocturne. Tout s'enchaîne. La tendresse, elle, je le mets sur les paumes, au rebord des fenêtres, je la caresse dans le dos, et je la pousse discrètement du genou la colère, vers un vide sans fond. D'accord, la pièce est immense, le reste des peaux des sentiments, sur le parquet. D'accord, normalement, après minuit, il fait trais chaud. Va mettre ta robe d'avocate. C'est l'heure. Tu dois plaider, le sort du ciel, tu dois plaider, la vie des amoureux. Mais qu'est-ce que vous croyez. Que c'est ici, que tout va s'étaler, que tout va dégouliner. Je trempe ma fièvre dans un incendie mouillé. Et toutes ces images, ne sont que des images. Je peux bien prendre votre main, la faire danser dans le feu, et vous dire, que. Cramée, là. Dégage la. Je sais respirer, Je ne souffre pas, la douleur est dans le cuivre de ta ceinture. Ca ne reste pas les marques, je te le dis*, ça ne reste pas les marques, de ta ceinture, sur le dos. Tu pourrais me les montrer, je ne les verrais pas. C'est comme le vent qui serre mon ventre, qu'aplatit ma poitrine, qui plaque ma bouche, c'est comme. Une force. Je voudrais une force. Ca s'achète dans les paumes de mains. Allez, frappe le visage, n'ai pas peur de mon enfance, des restes de fragilité. Je suis un petit garçon, j'ai treize ans, et j'ai déjà connu une femme, une vraie, avec la poitrine lourde et les mains dangereuses, elle disait à mes parents « il est brillant » et depuis je ne veux plus être brillant, je veux être sombre, je veux être la nuit, je veux imiter les instincts des méchants. J'avais treize ans, c'est loin, un sexe de treize ans dans la bouche d'une dame. Qui dit, fait comme ça, ne te recroqueville pas. J'ai mis mon innocence entre deux lèvres. Je ne savais pas. J'étais sage, je n'avais pas encore des images dans les narines. J'avais treize ans, elle m'a dit « ce n'est pas un viol ». N'ai pas peur de brusquer. Offre-moi une force, comme un masque puissant. Offre-moi des marques sur le visage, que tout le monde verrait, que tout le monde craindrait. Je sécrète une lutte dont je ne comprends pas le fonctionnement. Je t'aime. Je demande au voyageur de s'en aller, va-t'en voyageur, dégage, reprends tes valises déformées, tu ne connais pas l'endroit où je veux aller. Tes bras, seule destination. Je fais craquer une pression, sous le soleil, quand j'imagine ta main. Ta main qui. « Tais-toi. » Tu peux bien sauter sous les trains, voyageur, tout en moi est privé. Ma vie est privée. Privée de vie quand je nous tue. Je n'irai pas chercher, le sang, pour lui prouver que je l'aime. Je n'ai pas d'amour évalué. Je n'ai pas d'amour qui leur ressemble. Je n'ai pas d'amour écrit. Je n'écris pas. Je n'écris plus. Mon histoire empeste dans les rues. Je laisse derrière moi, des gouttes, des miettes, des ruines, de mon histoire. J'ai tendance à être fou, à dériver complétement, obsédé, sur un point fixe, jamais tranquille, j'agresse les autres voyageurs, légers, et sûr d'eux. Mon voyageur, commence par trouver que le sol est déséquilibré, et finit par ramper, rapide, sur les rails imbibés de pleurs. Le point fixe. Ses yeux. Le bleu de toutes les couleurs. Le point fixe. C'est. Le point, à fumer. Fumer le bleu. Ca y'est, j'y suis presque. Fumer le pansement de tes yeux. S'enfoncer dans la rue qui abuse d'elle. Tu as une rue pleines de réactions, d'agressions, de peuples, dans les yeux. Et je m'enfonce. Je m'enfonce parce que je te connais et que je ne te vois pas. Je marche, je pleure. Oui, je tombe loin de toi. D'accord, je n'irai plus chercher les aveugles dans leurs sauts en l'air. Je n'irai plus critiquer un public immobile, leur dire, que. Pauvres langues, essoufflées. Ma grossièreté s'échauffe dans le ventre. Elle égorge des mots, que je n'arrive pas à entendre. Je pourrais dire, bande de. Quand le paradis n'est pas très loin. Je ne crois pas en Dieu, et je vais faire pleurer ma mère. Tu sais quand j'y pense, je pense à. Souffle, poitrine, treize ans, langue. Tu sais ce qu'elle fait la langue ? Elle tourne. Elle cherche. Elle caresse. Elle rachète la Vie qu'on a oublié, dans l'indifférence. Je ne suis pas une fille. J'ai la tête qui tourne. Je n'attends pas une parole correcte pour partir. Je suis décousu. Mes fils ne sont pas résistants, je suis traîné par la terre, dans le fond d'un bois qui n'existe pas. Regarde je suis allongé, je suis calme, tu apercevrais à peine les battements de mon coeur sur ma poitrine, j'ai la main droite posée sur le rebord du lit, et l'autre main, moite, sur mon ventre, comme une main morte, j'ai ouvert les fenêtres, je n'ai ni chaud ni froid, je ne suis ni triste ni gai, mes cheveux ne me tombent pas sur le front, je les ai mis en arrière, j'ai les jambes à demi écartées, dans une position que je n'ai pas calculée, j'ai les yeux ouverts, je ne regarde pas le plafond, mais je regarde dans sa direction, ça n'est pas le plafond que je vois, pourtant. Je ne vois rien. Je suis calme. et puis, au bout d'un moment, tu t'approches de moi, et moi je reste immobile. Tu me demandes pourquoi je pleure. Je n'avais même pas remarqué que je pleurais, je ne l'avais même pas senti. Je te dis des choses à l'intérieur, sans te les dire, silence. A l'intérieur, ma salive s'échauffe. Je te raconte tout. Le voyageur que j'étais en train d'imaginer, les sentiments qu'on peut placer, tu sais, les sentiments qu'on contrôle, je les plaçais, dans une pièce qui aurait été comme, la pièce intime, la pièce dans la tête, à l'intérieur j'use mes paroles à te raconter, j'imaginais ta bouche sur moi, le soleil qui tape trop fort, à travers les murs, dans cette chambre, les muscles qui ne répondent plus, j'imaginais un talon qui me fracasserait la mâchoire, m'empêcherait de parler, de raconter, des rails, des traces de lumières dans mes souvenirs, j'imaginais, fantôme, une ombre, une ombre, qui ne ressemble à aucune autre, et j'imaginais la maladie, d'un homme qui porte une valise, j'imaginais un coeur tremblant, gonflé de sang, dans la valise, la maladie, avec l'idée fixe, de la peinture bleu qui me piquerait l'oeil, j'imaginais, crever la goutte de couleur pour y déverser la mer sur moi, la mer pour cacher que là. Là je pleure. J'imaginais, le mot "Normalement", qui tanguait dans mes bosses. Normalement, je n'ai aucune raison de pleurer là. J'imagine que tu l'aimes et qu'il n'était pas là, c'est tellement bête, tellement, j'aimerais que tu ries de moi – et sûrement le fais tu quand tu viens lire ic, que tu me dises que je suis un petit sot, que j'imagine n'importe quoi, que je devrais dormir, ou danser, que la folie, ma chérie, la folie. Dis-moi que ça n'existe pas. Dis-le. Dis-moi que la folie de ne pas être entendu ça n'aveugle personne, que d'aimer ça ne fait de mal à personne, que chaque matin, tout est normal. Dis-le, normal. Tout est normal. Que l'histoire est normale. Qu'il n'y a pas de cliniques où l'on soigne les obsessions. Que c'est ridicule d'imaginer tout ça parce que. Parce que tu l'aimes et qu'il est là. Pourquoi je l'imagine. Normalement il est là. Dis-moi que normalement, toi tu restes. Que tu es derrière la porte, que tu entends ce que j'imagine à l'intérieur, que tu vas entrer, là, en souriant, et que tu vas me dire que tout est normal. « Normal Najib ou Jonathan, ou personne ne sait, arrête d'imaginer que je ne suis pas là, puisque je suis là. Touche-moi, je suis là. Arrête de pleurer, arrête d'imaginer que tu crèves mon oeil, puisque je te regarde. » dis-moi que tu vas rentrer, que normalement, puisque je t'aime, tu es là.
« Pourquoi tu pleures ?. » Parce que je ne suis pas dans ma vie quand tu n'es pas là.

3 mars 2011

Toute ma vie je te la tends.

 

Je n'ose pas. J'hésite. Là, ça touche. Je pourrais le dire. Je pourrais le dire. Dire que là, c'est l'obsession. Je suis dans le point de mire. J'ai la flèche qui éjacule son poison dans les veines. Là, maintenant, à ce point précis, le corps danse sur la terre inconnue de l'écriture. Celle qui obsédée, tourne. Tourne. Le sujet du monde. Je me répète. Le sujet du monde. Là, à ce moment précis. Je pourrais le dire. Je te le dis. C'est comme la nuit dernière, quand tu as craqué tes mots, dans le noir. C'est comme cette sensation, qui supprime la lumière, le corps se craque, sans bruits, le corps cède. Le visage en plastique, je deviens nouveau. Et toute ma vie, j'essaierai de poser les mots, sur cet amour, qui prend les yeux pour les laisser baignant de ciels ouverts. Toute ma vie. M, je te le dis. Tu ne comprends pas. C'est comme te mordre l'ombre blanche de ta lèvre inférieure. Jusqu'à la faire saigner. C'est ce mouvement que tu as eu pour me faire reculer. C'est ce silence de la honte. C'est ce sang qui coule, sucré et amoureux. C'est ta gifle à toute volée ensuite. C'est moi, qui te retient violemment par le bras, c'est la vulgarité de ma grimace. Çà ressemble à ça. Là maintenant. C'est cette brûlure sur la chair fine des lèvres qui gonflent sous les dents qui mordent, et serrent, serrent. Toute ma vie, à décrire ce moment là. Je te le dis M, c'est comme cette enfance qui met la main sur moi, c'est comme cette violence, et cette douche que tu prends ensuite pour te laver, c'est cette lutte contre le désir, et cet évanouissement du nœud qui bave. C'est l'émotion allumée. Toute ma vie, vraiment. Toute ma vie.

3 mars 2011

sublime : syncrétisme de l'ignoble et du beau.

 

 Ce qu'il faudrait dans les manuels, c'est l'explication du désespoir et de la douleur. La douleur ne peut rien sur moi, je veux dire rien de façon définitive, elle ne peut pas altérer ce qui est déjà brisé, elle ne peut pas brûler celui qui n'a jamais guéri de la fièvre. La douleur ne peut pas m'atteindre, jamais. Il faudrait, des lions qui ont mal dans leur savane prête à fondre comme les vieillards qui posent leurs bouches ridées sur les deux seins de la mort. Moi, je connais une dame qui habite au dessus de nos têtes, et qui n'a peur de rien. A midi, il y a un processus de libération enclenchée. A l'heure où le soleil trempe sa queue dans nos verres d'eau. Ce qu'il faut boire, ce ne sont pas les paroles. Quand le miroir sort de la fragilité, regarde-toi, qu'est-ce que tu bois, il dit qu'il t'aime, il c'est moi timide, l'émotion rouge, gonflée de sang, qui t'arrache les dents, à midi. A minuit, tu m'arraches les cheveux. Les gencives se défilent. Il y a des reflets, obsédés par la douleur qui ne m'atteint pas. Derrière la vitre. Je t'aime. Tu sens l'herbe te pousser entre tes omoplates, les fleurs qui plantent leurs racines dans ton dos. Quand il dit je t'aime, c'est moi, des mots comme ça, des mots qu'il te faut boire, tu te souviens que dans les manuels d'histoire, il était écrit, que la douleur était désespérée. Inventée le 4 juillet 1765. La douleur est vieillie, la douleur va mourir. Et ça, tu t'en souviens, quand je dis je t'aime. La douleur traîne dans un lit d'hôpital où les infirmières passent, pressées. Nous on s'en fout. Tu te penches pour le paysage, pour que le tronc de l'arbre grandisse sur ta bosse. Sur la poitrine que la main attrape. Les amoureux ont des horizons plein le dos. Les vérités c'est moi La liberté c'est de refuser de boire les paroles des autres.A midi, la queue se fend, le soleil se noie.
Dans les bouches, on a éteint les lumières, l'obscurité, cherche à te perdre. Elle ne t'aura pas. N'avale pas les raisonnements séculaires. Des raisonnements littéraires, raisonnables, scientifiques, pré-pubères. Des raisonnements qui pourrissent sur une étagère en verre, des syllogismes de juriste. Si A est Riche, que B l'est moins, alors A est innocent. Il y a plein d'adolescence dans la révolte, parce qu'il y a plein de cette pureté désespérée qu'on y trouve. A onze je refusais déjà d'obéir, je ne faisais pas mes devoirs, je jouais du violon, et je l'avais appelé « Vlad » parce qu'il me suçait tout le sang. Je jouais du violon, et les voisins n'en pouvaient plus ils disaient « toutes les nuits quelqu'un meurt dans un cri chez vous » et je faisais gémir le violon, je lui arrachais les derniers sanglots, tant que le coude allait encore. J'ai lu, je suis passé, à douze ans dans la taïga, j'ai visité les pays de légende, à treize contre les seins du crime, contre les seins de cette douce violeuse, de Marguerite ma douleur, je découvrais l'enfer. Cherche à pâlir. N'ai pas peur de pâlir, à te confondre avec la fondue de la lune. Ne ressemble pas aux autres, ils ont des visages d'incestes. Il n'y a aucune parole qui mérite d'être bue, mais celles-là, Celles qui disent, je t'aime je te les renverse dans la bouche : un coup de pied dans leurs étagères qui puent le professeur. Ne protège pas le verre comme ça, laisse-moi le casser. Casser les espérances misérables, confortables des autres, des quelconques, ceux-là qui ont des projets, ce sont des astronomes du vide, leurs météores sont des billes de poussières. La peau, on peut la couper, l'argent, on peut le voler. Rien ne tient en place. Ne sois jamais tranquille. Nous sommes le torrent Dans leurs étagères, des limaces pleines de sang qui se recroquevillent dans les coins. C'est la réussite qui s'obstine. Anéantir, rater. La victoire leur pend au nez. La Victoire, ça n'existe pas. Il faut pouvoir casser le mur, faire saigner la plaie, mettre les doigts dans la prise, rompre les fils de la peur au ciseaux, il faudrait pouvoir se prendre, et redescendre avec toute l'eau du monde dans notre ciel. Avoir toute l'eau du monde à déverser sur la terre. Le vrai lecteur c'est celui qui ouvre la fenêtre, se penche, et saute en éclatant de rire. Le vrai auteur c'est celui qui va le ramasser ensuite. Ca n'est pas une réparation, c'est une destruction, des choses plates, des univers fades, des cours d'ennui. Affronte tes peurs avec tes crocs, avec tes doigts, ne les bloque pas avec tes amygdales blessées, tes poumons peureux. Prends. Avale toutes les peurs du monde. Le ventre est un sac d'émotions, perce-le. La vie dans notre amour, l'ennui dans mes études, le feu dans ta bouche. Tu me dis « Rampe dans les classes où les autres restent sagement assis ». Je brûle leur poèmes prétentieux et lourds comme la pierre boutonneuse. Toi, tords-leur le bras, quand ils veulent regarder l'heure. Nous, si calmes que toutes les guerres du monde se taisent. J'aime t'imaginer ne pas faire attention de l'endroit tu marches quand les autres mettent du temps à traverser le pont. Mais tu es trop sage. Ton bonheur est sage. Bien élevé. Il n'a pas de voix. Si je trouvais le philtre, je le renverserai comme un oisif, si je pouvais être heureux je le dépenserai d'un coup, j'en payerai à tous les malheureux jusqu'à l'épuiser, et quand il sera bien maigre, je le ferai boire dans mes yeux noirs, dans mon visage laid tout le malheur, ça lui fera des muscles de crime. Renverse la jeunesse dans les quartiers froids. Je détourne la tête quand les autres surveillent leurs vies. Je vomis dans leurs mains, quand l'odeur de savon règne sous leurs ongles, dis-leur de se taire avec leurs conseils grossiers, tu me dis « descends de ton siège, descends de ton estime, descends de tout. Retire ta veste et jette là au vent, dis au monde qu'on pas le temps, qu'il faut vivre ». La dame qui habite au dessus de nos têtes, à midi, renverse ses pleurs sur nos épaules qui s'attachent...

2 mars 2011

Secessionnaire.

Je voudrais t’inventer une langue méchante, pleine d’aspirations cruelles. Je voudrais te la mettre dans la bouche comme une lèvre que tu mâches, et qui te gémirait dedans, avec tous ses souvenirs d’antique métal, une chose unique, un diamant pris du fond de l’âge, une goutte d’un vin captieux, prisonnier de l’ambre agréable. Le rubis des précaires. Parce que je t’aime, je voudrais écarter la réalité comme un vieux souvenir, comme l’impiété que le prêche du pèlerin fend, comme la blessure que le baiser amoureux diminue. Il y a des bouches que l’on sait faites pour l’amour, où l’on voudrait ôter tous les bruits, tous les sons, où la parole est un artifice, une exagération de l’amour, ces lèvres comme les tiennes fines comme des caprices que l’on voudrait isoler des dialogues, retrancher à la conversation. Ta voix je veux la mettre en prison dans mon corps d’enclos. Tes lèvres d’aube, où le crépuscule cent fois est venu tenter sa chance avec ses désespoirs, mais trop de joie, trop d’amour, trop d’une rage stupéfaite d’avoir vu ta rétine se décoller de larmes, s’est noyé à la vision de tes berges. La crampe amoureuse. Cent fois, le glouglou de tes eaux dignes, cent fois les digues lacérées de tes paupières coulaient dans la glaise souple les habiletés de la nuit, ses lisières, ses sapins, ses tombeaux. Tu as tout enterré. Tes lèvres tu les fais luire d’un autre baume que le malheur, d’un baume qui m’étonne toujours quand je le vois faufiler comme la peau d’argent des vipères de légendes, ce fluide de lianes, de violences, ce baume qui s’enflamme comme l’alcool des naufrageurs dans le sein gris du récif. Tu as des lèvres dans un visage construit autour du silence cruel, dans les yeux roués d’intelligence. Tu me bouleverses. Je parle beaucoup, mais je ne dis rien, je n’aime pas délivrer ces choses de moi qui sont plus de l’orgie du métal souple des fleurs carnassières que de la parole molle, légère, citadine même de tous les civils. Mon dedans est militaire. Je fais semblant. Semblant, pour la normalité, pour l’usage. Semblant pour simplement me permettre moins de vivre que de durer. Ce n’est pas se confondre, se mélanger, je suis d’un caprice insensible à l’alliage, répudiant toute fusion, je demeure absent à la plupart des réalités extérieures, je suis toujours d’une étrangeté malade que je rends –souvent- supportable. Je déborde comme un fleuve boudeur, je ne suis pas le Styx encore pour mordre neuf fois les visages. Je tempère les chaleurs de moi, et si je converse c’est comme une usine qui recrache sa fumée pour refroidir ses rouages blessés d’effort. Mais je n’échange pas. Je ne suis pas parmi eux. Je propose une idée de moi. Mon ombre. Je parle pour suer, pour redonner à ma peau la couleur pâle des tolérés, pour qu’on admette ma forme irréelle, prise dans le déambulement des cauchemars, des crises de nerfs qui me paralysent. Il arrive, que mes paniques me dominent, et quand les gens me font face, je dois mimer des habitudes. Ma parole hésite, bégaie, je résiste à la douleur. « Ne rien laisser voir de mes nerfs de ciseaux ». S’il fallait un langage pour moi, ce serait un mot animal, un cri remuant les odeurs du ciel comme des pinceaux virtuoses dans les déclinaisons du noir, dans les tintes des clochers. S’il me fallait une voix de logique, s’il me fallait être l’écho de mes demeures souterraines, de ce que je crois dans moi qui trébuche comme une procession mortuaire, ma voix aurait la teinte étrange des chapelles ardentes. Je voudrais te faire, un langage qui se comprendrait dans le plan cosmique, où périssent, sans souffles les astres, où leurs museaux de feu crépitent et éclatent comme des fleurs de pépinière. Je voudrais inventer des mots que tu ne comprendrais pas, et que je dirais à genoux, qui feraient des soumissions dans le plus noble des corps, dans la plus rigide des lois, des mots comme du latin dans une bouche impitoyable, des conjugaisons pleines de nerfs et de muscles qui tiennent en équilibre les eaux en crue des lèvres savantes. Quand je sépare mes deux mains, quand j’écarte les orteils, un pays violent s’étonne de naître, il n’a pas d’Histoire et se sent le ventre chargé de plein de glaires et de combats. Il n’a pas de frontières, pas de géographie, et devine dans le périmètre de ses excitations un appétit cruel, une force de satin. Il n’a pas de membres, pas de visage, pas d’organe, et douloureusement en lui, douloureusement ouvert comme une serre devine un instinct, une force qui écrase les vitraux figurant les scènes des baptêmes. Ce vent qui fredonne des rimes, qui claque les portes des Eglises, ce vent poète malade qui t’entre dans la bouche quand tu sépares tes deux lèvres pour les bavardages, ce vent, c’est l’ultime matière de moi. Je me sens un élément. Je me sens un élément qui s’entrepose dans un corps. Je suis le sédiment de la chair.
2 mars 2011

Tache moi si tu peux

Mes yeux cherchent quelque chose à regarder. Mets-toi de travers. Penche-moi. Les yeux cherchent encore quelque part où poser le paysage de leurs fougères. La folie, la folie, elle est dans moi, la colère je ne fais pas exprès, les mots durs, je ne les entends pas, mon langage est indépendant. Je suis captif, à l’intérieur il y a des bruits de pas, des évadés, il y a des gens plein d’histoires cruelles, ils ont des blessures plein les bras. Je suis pris dans une démence qui me réveille la nuit, dans la lumière jaune des phares qui capturent la nuit. Donne-moi de quoi respirer sans trembler. Ma bouche regarde une tendresse qu'elle ne comprend pas, mets-toi devant moi, protège-moi du soleil écoute mon cauchemar au ralenti donne-moi une hache pour faucher le temps faucher l'argent faucher l’orgueil donne moi une raison, pas une raison pour faire, pas une raison comme ils veulent tous pour l’égoïste, une raison, une raison pour raisonner, pour ne plus voir ces hurlements, ces hurlements avachis sur moi, sortir du ventre de la bête, des raisons pour ne plus me forcer, le jour. Le jour je suis contrit, je dis « comment devenir comme vous, comment vous faites vous avec vos yeux plein de joie comme de la salive sèche, comment vous faites vous, avec vos âmes de plâtre immobile pour continuer à sourire, avec vos visages en argile, avec vos peintures de plomb. Comment vous faites » je veux aussi imiter la joie, j’ai des cernes si profondes, si profondes, que Marion y croit une lisière. Je vois des choses, si vous saviez, que je ne peux pas dire, quand je me tais, je vois des choses qui n’existent pas. Sur le rétroprojecteur, il y a une bête sournoise qui me regarde et que je dois ignorer, je vois les tables qui bougent, je sens des frissons, c’est le sol qui chante, je vois les images graves, tremblantes. Tous les jours mes yeux boivent des fictions qui incubent dans mes nerfs comme des songes malades, pas des comme on fait quand on s’endort, des hallucinations comme des rêves malheureux, qui tapent dans les orbites, les font rouler jusque dans mon organisme. Je suis empoisonné. MES SENS SONT EMPOISONNES. Je lis Dostoïeveski pendant les cours pour ne pas voir les bêtes aux dents jaunes qui me parlent, sur l’épaule du professeur. Je lis et l’on s’étonne « Tu peux lire malgré tout le bruit d’une salle de cancres ? » Oui, je peux, parce qu’autrement je vois des choses, des choses étranges comme la nuit dans moi, des choses qui balancent leurs yeux liquides partout, qui viennent annoncer leurs haleines de limites dans mon cou. Je ne peux pas écouter, je ne peux pas regarder, la réalité est un pays ennemi où j’émigre clandestinement. Je résiste, je résiste. Jonathan ces disparus que je continue de fréquenter ces trous blanc dans ma tête Dis les formes étranges Ce qui se passe derrière et le goût du drame derrière moi Ces visages sans bouches J'ai pleuré ça ne guérit pas endormi dans des crises d'épilepsie Perturbé je t'en supplie ce coeur que je penche vers le vide Retiens je t'en prie une main qui caresse un abandon Et ces bâtons que j'entends frapper les murs Explique moi ces ecchymoses ces blessures rouges l'ambiance esclave Jette-moi sous les trains fais moi comprendre j'ai scié mes reins aux tiens et la littérature fouette le maitre de l'univers j'ai plongé ma tête dans les mots me suis évanoui dans ces gaz inquiétants J'ai craché entre des lèvres dont ne sortait aucun bruit, excité le sens du vent vers un éclair un éclair de fureur, un éclair tourmenté dans une flaque Mélange l'esquisse de l'odeur des faibles Jonathan. La difficulté de la gorge mon ange ma force pâle On ne quitte rien on ne fait que tourner le dos et l'énorme naissance entre mes nuits me montre son visage c'est un enfant plein de sang il lui manque une bouche il lui manque une bouche et JE RECULE en plaquant mes mains sur ma bouche je ne sens plus mes lèvres je ne sens plus de chair mon visage est un grand trou blanc qui aspire mes mains ECOUTE ecoute-moi mon visage est un grand trou blanc quand je me recule et la panique la panique personne ne la voit j'entends les paroles de bonheur qu'il est beau cet enfant comme il TE RESSEMBLE PUTAIN Regarde sa bouche comme il est beau comme il te ressemble et la panique la panique solitaire personne ne remarque je n'ai pas de visage que l'enfant n'a pas de bouche que je n’ai pas de prénoms. ALORS je plonge ma main dans mon sexe blessé ouvert VICTIME et je sens une bouche et je sens de la chair et je sens les formes d'un visage et je n'ose PAS je n'ose pas regarder je sens un visage qui me rentre à l'intérieur un visage énorme et j'ai mal et la panique la panique si tu savais la panique "Qu'il est beau cet enfant qu'il est beau regarde comme il est beau" et mes cuisses me brûlent jusqu'au sang Je m'évanouis Montre-moi les significations mon ange montre-moi glissements de terrain Ecris les démangeaisons Tâche-moi si tu peux.
1 mars 2011

J'ai mis des têtes dans un corps d'osier

Je suis outrageant, je n'aime pas les endroits ténus, les couloirs attenant des salles étroites et suffocantes comme des étuves, les mille portes qui claquent sur encore des minceurs, des bavardages silencieux. Je suis rationnel et je m'oppose à ce monde étroit comme un labyrinthe, à ces murs soutenant des plafonds carcéraux, de plans impossibles où le ciel ne se mêle que de déchirements, d'orages et de pleurs.
Je veux des cris, des rages, je veux des forces qui me jaillissent comme la main de Lazare hors de la terre qui le gardait. L'on m'a dit « l'habitude est venue, elle portait une robe granit, et des yeux gémeaux, elle est venue pour toi, elle a dit, tu es un fugitif, tu la fuis, elle a dit tu refuses avec tes yeux insolents, avec ton étonnant visage qu'on croit fait pour le malheur et qui pourtant abaisse toujours sa bouche sur des yeux bleus, bouleversés de ciel. ». Cent fois je me disais « renonce » et je ne renonçais pas, quelque chose dans moi se raidissait comme une loi, quelque chose dans moi refusait, insoumis comme une origine, comme une nature, un caractère antique tout abrité de mes gènes. J'ai voulu me confondre, dire « je serai beau, je serai idiot, soumis, je baiserai une terre fétide, j'embrasserai des usages, je dirai, il faut travailler, s'incliner, baisser la tête dans les conventions, se mettre le coeur dans le tombeau du couple ». Mais je n'ai pas pu, quelque chose dans moi volait haut comme un oiseau dangereux, quelque chose comme des serres déchirantes qui poussaient vers les astres, où les comètes crachent leurs crêtes en flammes, où l'étole brûle.

Il y a partout, des fleurs maussades aux couleurs étonnées, qui disparaissent, qui se laissent absorber par les tintements des rivières, dans l'intermittence du courant on y sent des odeurs lointaines, qui parviennent en vagues sussurées, qui se secouent, et grelottent aux vibrations des saisons d'hiver; S'entendent leurs reflets s'ébattre dans la lisière des rires, s'entend le coeur irrégulier d'une fleur merveilleuse, où les filaments gris des matins, où les châtiments violets d'un crépuscule abîmé viennent sucer leurs miels bourdonnants. Il y a partout au bord des villes, ces fragilités aux parfums mécaniques, qui ahanent plus qu'elles n'exhalent les invisibles saveurs de tes paupières de vierge. Roulent à leurs os des vins frelatés, des ivresses maigres comme du désespoir. Les senteurs amusées, volent comme les jupes froissées des feux-follets. Toute la nature s'éveille, les loups borgnes, dangereux menacent la sueur aux poils Ce sont, ce sont, les foules amassées. Et les fleurs continuent immobiles, courbées de rosée, qui plieront plus encore sous le zénith midi. Il est, des cris qui habitent dedans les pétales, et les tiges fendues, vulgaires, des fleurs malades toussent des pollens, comme le poumon taché de gaz nocifs. Il y a partout des fleurs maussades qui fument des odeurs invisibles, des cigarettes couleur morne du bonheur, et leurs mines de pavillons ordonnés, les cernes violettes des lavandes, les oeillets du matin qui le tachent, qui le dispersent; Il y a des jours, qu'on ne devine que dessous le ciel des factices faïences. Ces fleurs se nourrissent de l'oubli des fleuves enterrés, Léthé y mâche leurs racines de ses deux boucles de fillette mauvaise.
Des fleurs encore, pleines du bruit de la nuit, encombrées des amours qui s'y glissent, qu'on y souhaite et qui y dérape. Des fleurs sur lesquelles on joue des musiques mortes, et qui grince comme des violons brisés, dont les cordes gémissent en plaintes d'orphelin. Il y a ces fleurs, ces fleurs bouleversées de matin, qu'on croirait même qu'elles y brûlent, et dans la ville, dans les couloirs étroits où les gens se frôlent, sans se toucher, s'effleurent sans se fêler, les brûlures du néon vous font passer la tête sous de blancs incendies, sous ces jours de synthèse et les pendus balancent leurs corps de pailles au bout des cordes du nylon. Il y a des condamnations à mort qu'on rédige sur du papier à musique, des petites bulles policières saisissent les cous de poussière. Sous ces colères raides, et les torsions des fatigues. J'ai su ma bouche faire avancer des mots de menace, des pouces tendus, injurieux, des félicités dans la langue bachée, j'ai tout entretenu au dedans, j'ai fait vivre le monde des rebellions à l'heure où les tyrannies étendent partout leurs dehors de regards affamés. J'ai refusé toute la scélératesse du monde, l'on me regardera mourir, je ne me défendrai pas tandis que les armes victorieuses baiseront mon front comme le baiser de l'amante celui de l'amoureux éploré, j'aurais au cou la même marque fatale que le baiser vainqueur de la courtisane sur les draps vicieux du prince naïf. Je serai superbe de mon chagrin, beau de ma mort de juste, et mes yeux, éteints même, sombres encore, jetteront plus loin leurs lumières blessées que tes yeux bleus et vivants

 

 

Que l'on me loue le tombeau pâle des yeux ligneux. Que l'on me prête ce corps lugubre où ensevelir toujours l'âme, les lumières des phares qui capturent les pluies dans leurs orbes , les regards poudreux où les rivières sèchent comme des eaux salées, brisées d'écume. J'ai vu un visage où les bords de rives semblaient des reins allemands, des tourbillons en lieu de paroles, furieux, j'ai vu un visage où les eaux meurent, où le sable des berges mélange les regards au bleu incertain des horizons. J'ai vu des yeux chercher la lumière pour qu'elle leur crève les yeux de ne savoir endurer l'éclat vrai du désespoir.

Qu’on me loue enfin ce gisant, blanchi à la chaux avec les lignes du ciment en relief comme des lignes de main—très loin sous terre.

28 février 2011

Volutes.

 

Tu portes un dos-nu.Je ferme les volets.Quand je t'entends tousser, c'est l'odeur du raisin qui étouffe au fond d'un oeil.Je t'en prie, ne tousse pas.J'ai l'impression de te perdre.Je préfère quitter la pièce.Pour ne plus entendre.Le silence lâche.Mais le silence.Tu connais l'amour.Tes yeux ont déja transpiré bleu.Apprends-moi.Tu porte un dos-nu et des jambes blanches.L'air ne passe plus dans le salon.La pluie.Dehors.On ne fait que l'entendre, on ne la voit pas.C'est une menace l'amour.Dis moi que non.Ne sois pas malade.Apprends-moi encore.J'entends le rythme de ta gorge qui suffoque.Comme une musique violente et arrachée.Comme un noeud.C'est une panique l'amour.Je suis mon propre étouffement et je me tisse.Battant.Battant fin.Comme les gouttes.Gouttes d'enfant.Gouttes de Feu.Gouttes de lumière.De coton imbibé de toi.Goutte d'Adieu.De sueur.De limites.Comme la dèche.De la lune.Qui s'émiette.Sur ton visage Tu es Dieu.Tu es Dieu.Va t-en.Va t-en.Repousse-les.Tu sais, pour plonger, il faut mourir.Respire sous l'eau.Tu vas t'étouffer.Tu es.Comme le siècle nu.Je ferme les volets.Dans le noir, tu t'endormiras, et j'irai poser mon oreille contre ton épaule, pour écouter les baisers, que ton amant a du déposer.Pour apprendre l'amour.En fermant les yeux.Pour ne pas voir sortir de ta gorge, l'ennui des années qui passent, quand tu tousses J'ai l'impression que l'amour est une chute. Dieu, la lettre majuscule, c'est le cryptage à décodage facile.

28 février 2011

Aveugle

 

J'ai un oeil qui tombe sur le béton, il glisse le long du trottoir de la place Wilson. Celle qui ressemble à un gros ventre rond. Avec son cinéma et son pays pour personne. Comme une bille fruitée, l'oeil roule le long du corps, comme un diable transparent, on pose les doigts sur les lèvres. Cette serrure que l'alcool entrouvre. L'oeil va à la rencontre. Je suis hors du monde. Nous sommes hors-norme. Le pèlerin au baton manquant, pour rosser, pour cogner. Je ne connais plus mon sens. Le sang est tendu, et j'entends la vitesse du ciel qui déconcentre les artistes de l'amour. J'entends les mots enfumés. Je te vois. Non, je ne te vois plus. Je t'ai vue. Et c'est terrible de dire ça. Je t'ai vue. Oui, je t'ai vue je te cherche. Tu es peut-être là pourtant, je ne sais pas, je te vois. Tes courbes sont floues, mon ombre est morte. Je voyais, ton visage comme un jour qui se lève, je te voyais. Fureur. Je t'ai vue, et tu n'es pas passée, tu es entrée. Entrée. C'est comme se lacérer le corps au dessus de l'émail et ne pas saigner assez. C'est la gorge de diamant dans le langage du rire. Je me frappe mais ça ne fait pas mal. Je me cloue des nuées lumineuses sur la lèvre. Si je ne te vois plus, c'est que je ferme les yeux ? C'est que tu es sortie ? Tu vois, je te vois encore, là. Tu pourrais voir pour moi. Tu pourrais. Moi, je perds la vue, doucement peut être mais je la perds. Tu entends mon oeil qui tombe sur les pavés roses ? En miettes. Je ne vois plus que toi. J'ignore l'empreinte du monde sur mes paupières. Je te vois qui presse la pulpe de mon iris Je te vois, et c'est étrange parce que je ne sais pas où poser les mains sur toi. Ca dérape. Tu es la scie à mille dents. Je suis dans le noir électrique. Alors parfois tu recules, mais je te vois, tu comprends. Je ne sais pas où je pose les mains. Et si je te mords ? Tu me le pardonneras ? Des coups de poings de fièvre amoureuse. Je vois dans le noir. Ta voix fait écho dans mon geste. J'ai un soleil qui s'enfante dans le ventre depuis cinq heures et huit minutes du matin le 5 janvier deux mille onze. Je suis perdu, comme l'enfant, comme l'étoile, comme un portrait. Et c'est difficile tu sais, de reconnaitre tes saisons dans mes brasiers. J'essaie, pourtant, et je rêve la langue que je broie ? Et ça m'effraie, cette assurance, c'est comme A qui lance des cailloux et qui n'entend pas le bruit. Le bruit de la chute. Elle n'entend pas, pourtant elle lançe fort. Elle s'effraie. Ses muscles comme une petite robe dans la neige sous le lit. C'est comme le soir, là, qui voit les cailloux s'épuiser vers le fond de la mer morte sans bruits. Je te vois, et le parfum dans le cœur poreux. Et quand je me console , je ne sais plus quel nuage fondu je console. Et quand je dis « c'est beau l'amour », cette putain de poésie, j'ai raison . Je suis dans le corps du temps. Je t'ai vue, je te vois. Je frappe et ça m'aveugle. Parfois, tu dis qu'il ne faut pas, pas ici. Et là ? Et là, je peux ? Je ne vois plus. J'ai de la vitesse dans mon sang, cette nuit là, un loup en ruines dans l'assiette, une cave interdite. Je suis sans jambes, qui titube devant la Reine sablée, devant nos yeux gonflés de violence, qu'un éclair de lune n'a pas pu calmer. J'ai jeté mes cheveux par la fenêtre, garçon de rien, garçon de toi. Et j'ai le sang blanc comme une hirondelle chassée en plein vol. Mon oeil escalade la rue, dans laquelle, en pleine nuit, dans le noir, nous nous sommes violés de minuit, nous avons bu minuit, et ivre de minuit, mes gestes étaient sans images, je te sens mon amour violent.

 

27 février 2011

Je t'.

J'ai rêvé cette nuit l'auge où je baigne ma peau est celle où le reste du monde boit. L'eau impure de mon corps, les miettes en suspension de mes blessures désaltèrent les bouches fatiguées des voisins. Je suis la source.
Souvent je pense à toi. C'est une pensée innocente comme un témoin. Elle est présente sur le lieu des crimes qu'est mon corps. Mais elle ne fait rien cette pensée que penser à toi. Elle te regarde et t'adore. Je pense à toi, je te sens te transporter dans moi, je te sens à l'intérieur de mes veines. Tu es projetée avec cette pensée, projetée à l'intérieur de ce frêle esquif comme toute muse pour la viste des pays de poivres et d'épices. Tu es dans moi, vraiment, mon canot de secours quand ma bouche suffoque sous les eaux vives des torrents.

Je ne sais pas le goût de tes lèvres, combien de sucres s'y figent, pourquoi tes lèvres ont la couleur étrange de mes souvenirs granulés, ce sable cristallisé sur ta bouche. Toutes les fractions de toi, toutes ces parties, je voudrais y mordre comme dans un fruit, je voudrais y grimper. Tu as les yeux bleus qui détonnent, longtemps je les ai attendus, longtemps je les ai enregistrés dans ma mémoire qui s'ouvre comme un tiroir pour les faire revenir dans les pièces bleues de nuit. Ce que je te décris, avec mes pensées, c'est un mouvement, c'est un corps, mon corps, qui se tend vers ton idée. C'est une pensée sans membres, une pensée sans voix, qui ne te griffe pas. Quand tu marches, proche de moi, que ta voix change le vent, que tu en modules les paroles. J'aime, ce que tu prononces, je t'avoue, je n'écoute pas, mais tu inventes des couleurs dans mon paysage. J'ai une sorte de maladie des nerfs et des sens qui transmute en des saveurs les mots, les voix, les lettres, je les vois impliquées dans des chromosomes, dans des figures géométriques, j'en cherche le théorème, la formule, je te trempe dans des solutions pour te séparer et te mettre l'amour à boire. Quand tu me parles, quand les lacs bleus de tes yeux, quand leurs rondes extases parcourent et projettent comme des miroirs plein de lumière ce pâle des aubes, je souris. Je ne le dis pas, bien sûr, c'est trop plein de civilités une discussion, privée des sens, c'est poli, éduqué, c'est plein du rire surfait, faux, du rire qu'on trouve dans les petites potions alcoolisées. Je n'ai pas le droit d'être tout à fait étendu, pas le droit d'incliner ma tête dans le geste de l'ému, mais en pensées je me penche pour voir dans toi cette image très belles, très bouleversantes. Tu m'émeus, je t'attends souvent, sans une parole, je conserve des intuitions de toi. Tu me bouleverses.

Je t'aime.

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