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boudi's blog

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30 avril 2023

Saddam-Bush.

Samedi, le gâteau, cheesecake-baklava, grande fierté. 

 

Vendredi soir, j’annule le dîner chez moi avec I., trop de fatigue, un peu déçu, moi-même, parce que je voulais y trouver la motivation de pâtisser un cheesecake-baklava qui me tente depuis des semaines. Trop fatigué, las, je n’achetais pas les ingrédients, les pistaches à décortiquées et à émonder, la pâte phylo dont j’ignorais même l’existence. Maman m’indique où trouver cette pâte, il s’agit de très minces feuilles, proches de celles employées pour les bricks, transparentes comme du papier calque et, hélas, très fragiles.

Marie-Anaïs a pris le coupe-ongles et j’éprouve des difficultés à acquérir les objets du quotidien qui semblent, habituellement, comme collés aux endroits où l’on vit. Comme la brosse, dans les toilettes, que personne ne semble jamais avoir acheté nulle part qui, pourtant, se trouve dans toutes les latrines de France. Je coupe mes ongles, parfois, avec le gros ciseau orange, fait davantage pour le bois que pour les fragiles extrémités des doigts. Travail d’un ébéniste très approximatif.

Je décortique les pistaches, pour le gâteau, je casse, au fur et à mesure de l’émondement de ces 50 grammes, l’ongle de mon pouce gauche, sans douleur mais avec épuisement. 50 grammes de pistache, personne ne se rend compte de ce que ce poids dérisoire vaut de travail et d’usure. Après ce tri, elles doivent être réduites en une fine poudre verte jaune. Le résultat est très beau, ainsi, ça ressemble à des pigments de peintre.

 

K., que je rencontre pour la première fois dans la librairie Vendredi, cherche les différentes traduction de Pavese, russe, elle souhaite, sans que ce ne soit son métier, traduire certains passages du poète italien. La traduction canonique « travailler fatigue » se trouve changé dans une autre des traductions « travailler use », nous discutons, sans que je ne sache rien de l’italien, de la pertinence de l’une ou de l’autre, de ce que, au fond, l’auteur peut avoir voulu dire et comme se perçoivent différemment ces deux verbes, ces deux actions, ces deux dégradations, associés au travail. L’habitude, réflexe, nous fait toujours pencher vers la traduction familière, aussi audacieuse qu’elle peut et pût être, elle ne choque pas, nous la connaissons et, à ce titre, la valorisons. La première, du moins la plus célèbre, des traductions est aussi la plus littérale ce qui, au mieux, lui confère une présomption de validité. Pas plus. Traduire c’est aussi - ça peut-être - créer avec ou pardessus. K., ne cherche pas à traduire Pavese pour lui-même, elle travaille sur Natalia Ginzburg qui cite Pavese. Elle traduit celle-ci. 

 

Pour le gâteau, je dois décoller chaque feuille phylo, j’ai toujours manqué de délicatesse pour ces tâches de précision, et les feuilles se déchirent dans mes mains. La recette me torture encore un peu plus, après, il faut, recouvrir chaque feuille de beurre fondu, ce au pinceau de cuisine. Mes doigts aux ongles cassés y suppléent. Mal. Approximativement. Dans le moule j’empile les feuilles graissées, sur chaque couche je disperse, petite poussière d’absinthe, les pistaches. 

 

Je n’aime pas, dans le cheesecake ordinaire, cette couche de spéculos, granuleuse comme du sable, son trop fort goût de cannelle, le contraste avec la douceur aérienne du cream cheese. Il faut bien le choisir, le moins aqueux possible, du philadelphia au mieux, saint-moret au pire, jamais de fromage frais ou de faisselle, trop humide à cause d’eux, l’appareil manque de consistance. On peut, pour l’acidité, incorporer un peu de yahourt nature. Une touche, pas davantage. Le spéculos, c’est comme un glaçage à l’envers, une brûlure, en dessous du gâteau. Dans ma recette le feuilletage sur lequel repose l’appareil donne un léger croquant, parfumé à la pistache.

Je fais cuire ensemble ce feuilletage et la préparation à base de cream cheese. Une heure dix, c’est un peu long. Quand le gâteau est cuit, je verse un mélange d’eau de rose, de miel, de sucre, je laisse reposer une heure à l’air libre, pour que tout s’imprègne de ces saveurs là. Je le laisse au frigo pour la nuit après. Dessus, le lendemain, le liquide de miel, de rose, de sucre, le fait tout brillant. J’ajoute, pour décorer, des graines de courge.

C’est divin.

 

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28 avril 2023

au dd

Appel involontaire vers Maman, tout à l’heure, en même temps que je revenais du pressing, je déposais mon costume trempé de la sueur de la nuit passé. Je lui envoie un rapide « pas fait exprès » pour qu’elle ne s’inquiète pas de cette sonnerie et du long silence qui s’ensuit. Nous tendons, dans la famille, à surintérpréter les signes et leur donner, souvent, une couleur tragique. 

 

Je remonte la rue des Martyrs, j’annule le dîner avec I., besoin de solitude, pour entrer dans la librairie Vendredi, discuter. Hier, avec V., nous ingérâmes quelques verres de Campari à la Fourmi puis, redescendant la rue des martyrs pour nous rendre au Castel, nous croisons le jeune libraire de Vendredi attablé au café avec des amis. Nous discutons, une demie-heure avec eux, je récupère la carte d’un agent immobilier, puis nous disparaissons, remontons rapidement à l’appartement pour nous servir un verre de Cointreau.

Aujourd’hui, le libraire me demande comment elle a été la soirée, elle a été, folle, gaie, joyeuse. Nous discutons, une cliente entre et je me mets un peu en retrait, facilement, nous pouvons, étrangers, avoir l’air de déranger, la faconde des habitués et des gérants de cette librairie. Maman m’a envoyé un vocal sur WhatsApp, je profite de ce que J. et sa cliente discutent pour l’écouter. Ce message me fend le coeur, Maman me dit qu’après Octobre, quand Marie-Anaïs ne paiera plus le loyer, elle pourra me donner de l’argent, que surtout elle ne veut pas, vu mon état mental, que je doive quitter l’appartement. L’argent a toujours pesé, dans ma vie, dans la sienne, et, très jeune, je m’étais promis d’en gagner pour que ma mère, jamais, n’ait à s’en soucier. Qu’aujourd’hui, à ce point dramatique de ma vie, maman, pas riche, qui se tue la santé, me propose, comme chose naturelle, de m’aider me brise le coeur. 

 

Ma première pensée, à ce moment là, absurde pensée, tant l’argent peut sembler dérisoire, me tuer. Me tuer si je devais ne pas moi, moi-même m’en sortir. La dure difficulté de demander moi des secours.
 

Cette pente naturelle de penser toujours à mourir, de voir le suicide comme une réponse appropriée et, bien pire, comme, trop souvent, trop facilement, la plus appropriée ne me surprend pas, elle m’interroge, encore un peu. Puis, je réfléchis à ces derniers mois, à ce que Marine Simon et cie, imaginaient bien plus grave de lire écrits ici leurs noms que de me voir mort, que leur nom trop précieux valait infiniment plus que la vie que leur inscription protégeait. Je crois bien que le cours de la valeur s’est effondré. La vie, y compris pour qui m’apprenait à la chérir, s’est vite dévaluée. Une vie, un équilibre mental, nous le savons, peut chuter jusqu’à ne pas valoir plus que quelques caractères d’imprimerie. 

28 avril 2023

castel

4:00 

 

J’arrive à la maison après une soirée chez Castel, boîte chic et prétentieuse du VIème arrondissement, je m’enorgueillis d’y pouvoir entrer, avec Valentin, deux garçons, quand il faudrait la nuit normalement, dans ces lieux bourgeois et débauchés, trouver à son bras une fille-produit.

Cette femme, Florence, dix ou quinze ans de plus que moi, de ces visages sans âge, la chirurgie esthétique l’inscrit dans une autre temporalité, les marques du temps s’impriment comme un glacis sur son visage. Ces opérations, j’ignore pourquoi, m’excitent depuis toujours. A dix-sept ans, en revenant de voyage avec Cyril, j’avais croisé à la station de Neuilly, sur la ligne 1 pas automatisée, une femme au visage pareil, je portais un jean déchiré aux genoux et courageux en ce temps, je lui demandai son numéro sans jamais l’appeler, ensuite. Mon courage n’excédait pas l’excitation du moment. Des années plus tard, nous rencontrions, avec J., dans un bar, deux américaines, L. et J., je ne me souviens pas de leurs prénoms, J., son prénom sonnait français, quelque chose comme Jacqueline, ces noms datés que l’on trouve fréquemment dans la Louisiane qui fut française, où les prénoms s'héritent, glacis, témoignage du temps ancien. J., ma J., me reproche souvent la suite de cette rencontre parce que, prenant le numéro de ces deux filles, je les rejoignis quelques jours plus tard, dans le bel hôtel qu'elles occupaient vers Opéra, avec de la M et toute ma grâce. J.(usa) possédait la taille la plus fine que je ne vis jamais et une poitrine énorme, refaite, dont la forme excite autant que le toucher révulse, le corps de L. ne connaissait aucune modification chirurgicale, à l’inverse de son visage, malgré son jeune âge, les pommettes refaites, le nez aussi, une apparence de poupée. Ces apparences uniques, retravaillées par une main humaine, pour satisfaire un désir humain, me donnaient alors une excitation rarement ou jamais ressentie. La chirurgie esthétique me fascine, recommencer cette sorte de brouillon de matière que tous nous sommes. Elles.
Ma première fois avec deux filles. Plus tard, récemment, deux filles me proposèrent aussi de les accompagner chez l’une d’elles, réfugiées ukrainiennes, je déclinais l’invitation, V. m’annonçait la même nuit, après une petite indignation de n’être convié à ces libations charnelles, qu’il commençait une dépression.

Florence, se frotte à moi, souvent, si je disparais elle ne s’inquiète pas mais, sereine, me retrouve et recommence à remuer, je lui demande son prénom, pour écrire ce texte curieux. J’ignore ce qui la motive. V. me dit, elle doit avoir de l’argent, la curiosité ne me pousse pas jusque là, devenir moi objet à, peut-être, éconduire, après usage. Plus jeune, je connus expérience semblable avec une femme, C., chirurgienne, qui à trois heures du matin, après avoir baisé, me donnait de l’argent pour le taxi. Je me souviens bien, d’abord on a baisé avec une capote, mais comme je pouvais pas jouir, on a fini sans, d’abord elle voulait pas, parce qu’elle ne pourrait pas aller au bloc, elle me disait, ce qui me paraissait bizarre et sans rapport. Puis on a baisé sans capote. C., je me souviens, me suçait comme dans un film pornographique, pratique toute étrangère à moi, je n’aime le sexe qu’improvisé, si l’on peut dire, naissant du moment propice et non résultant d’un programme. Son appartement était beau et grand et plein de fautes de goût. Sur son frigo elle collait plein de magnets qui réjouissent les enfants et désespèrent les parents à cause des marques qu'ils laissent, définitivment, ces magnets, sur la porte toute blanche.

Bizarre, cette soirée chez Castel, une première heure vaporeuse, le London Mule dégueulasse, sans bulles, avec un angostura sans goût, à 22 euros parce que je demande du Hendrick au lieu de leur Gin générique, une salle bondée, des garçons, tous la même coupe de cheveux angoissante, lisse et ondulée. Puis, quand ça se dépeuple, je croise D., que je connais de vue, ami de Marien, nous parlons de Marien, D., me parle de sa vie actuelle, de sa revue, de Jawad qu’il a interviewé, de Nabe, aussi, puis, quand je m’exclame, me montre, à la table voisine, Nabe, présent, qui discute tout hilare, Beigbeder à ses côtés. Ca m’amuse, ça. De voir ces gens, ici, parmi nous. Un type, quand je pars, me dit que je suis le meilleur danseur de la soirée, je l'agrée. Nabe est un un tout petit homme d'un mètre soixante dix. J'ai en permanence envie de me battre.

Il faut dormir. Je ne continuerai pas plus tard. 

J'aimerais tant ne pas me réveiller. 

27 avril 2023

le vide

Marie-Anaïs redoutait, souvent, lorsque je m’approchais des fenêtres, en période de crise d’abord, puis tout le temps ensuite, que je ne me jetasse dans le vide. Sa peur m’interpellait, je la trouvais excessive, inadéquate, devançant de beaucoup mes intentions ou les inventant mêmes. J’ignore ce qu’elle pressentait à ces moments, si je peux l’entendre, lors de mes moments de détresse, puisque ceux-ci projettent une telle douleur, que je sens le suicide, souvent, la seule réponse possible pour faire taire ce qui ne se tarit pas, je ne comprenais pas pourquoi cette inquiétude s’étendait à toutes mes proximités avec le vide.
Son instinct, pourtant, je m’en rends compte en m’approchant à nouveau du vide, ne la trompait pas entièrement, j’éprouve une étrange attraction, pour le vide, le saut, le vent qui envahit la pièce à ces moments là, une sorte de liberté comestible à ce seul endroit. L’oisillon ressent-il, la peur dépassée, cette même sorte de vertige et de pulsion ? Suis-je un mal né et un mal compris ? De l’extérieur je peux sembler chercher la mort quand je souhaite l’envol, heurté, seulement, par l’horrible syntaxe du monde, sa règle révoltante, de ce que le poids humain, se trouve, sauf déformation technologique, incompatible avec l’envol concret.
Ou bien, prenant littéralement, mon appétit pour l’abîme, cette pente évidente, elle s’imaginait que passant de la métaphore au monde, le poète pouvait basculer, là, à flanc de vers, dans le vide funeste ?
Son intuition ne la trompe qu’à moitié, à cet endroit là, je ressens une urgence, vitale étonnamment, de basculer dans le vide, sans croire, quand je suis saisi par cette poussée intime, en mourir.
Le résultat, pourtant, du souhait d’envol ou du souhait de mort, donne au monde le même cadavre. Sourirai-je dans l’un des cas ? Dépité ou ravi ? Quel bonheur étrange posé là sur le parapet, ni oisillon, ni ange, je ne saute pas, me contentant au lieu d’ailes, de ma bosse. Elle pèse, comme un boulet. 

27 avril 2023

le plaisir

Hier, nous dînions chez le père de J., rue de L. dans le 5ème. Nous devions parler de la galerie en même temps que de fêter son anniversaire. La fête a pris rapidement le pas sur le reste. Je ne connaissais pas cet appartement
Pour son anniversaire J. a reçu une oeuvre, elle reçoit régulièrement des oeuvres d’art et possède, à 34 ans, une collection variée d’oeuvres contemporaines, elle les dispose avec goût où qu’elle vive, dans son grand appartement, aujourd’hui, du XVIème autant que dans son petit studio, avant, à Montmartre, de la chantante rue Gabrielle, où l’on entrait par la fenêtre. Elle disperse beaucoup de noms, avec facilité, de ces artistes, ne s’aperçoit pas toujours, disons, des privilèges attachés à son être. Parce que, G., son père, devenu galleriste sur le tard, né dans une famille de gitans, manquait d’argent jusqu’aux douze ans de J., mais, rapidement, il s’inscrivît dans le monde intellectuel et parisien, il fréquenta et s’installa plusieurs années Marcela Iacub, le couple recevait Didi Hubermann à dîner, puis, G. rencontra Sonia Kronlud, l’animatrice et productrice des pieds sur terre, avec qui ils eurent un enfant, le demi-frère de J, charmant révolté du IXè. Personne ne mesure jamais ses propres privilèges, chacun ne se voit jamais que comme du neutre, comme l’étiage, comme la base parce que l’on se compare toujours avec son voisin et, de ce voisin, nous ne percevons que, surtout, et avant tout, ce qui nous manque. 

Vins sublimes, une bouteille de Pauillac et une de Saint-Estèphe, ça m’a ému, je buvais de très bons vins rouge, moi aussi, avant, quand gratuitement, les Margot et les Julien, me tombaient dans le gosier. Dans cet appartement, finesse fin sans sagesse -- c'est à dire flagornerie, M., la compagne de G., est aussi galleriste, en design, elle, et les oeuvres peuples (peuplent) aussi l’appartement. Au mur du salon était accrochée une masse grise, épaisse, imposante. Elle semblait minérale, charbon laissé trop longtemps à l’air libre, avec ses cratères, le vent use, la poussière déposée. Elle semblait solidifiée par les éléments imaginaires.
J’aime, en art, le volume ce qui dépasse du support comme si, ce faisant, l’oeuvre trouait la réalité, le monde ordinaire, cassait une insupportable et scandaleuse séparation dans le monde. Le volume, je le vis, je le vois, comme un espoir, une porte de porte sortie, un trou où se glisser dans le rigide et l’organisé, du réel -- l'art désorganise. Et qu’importe que cette porte soit un trompe-l’oeil, qui meurt de soif dans le désert vous dira toujours que le mirage aperçu, l’a désaltéré aussi. Le mena à l'oasis.


Hier, nous avons beaucoup ri, comme toujours je me suis montré très spirituel, un bon causeur, bon buveur, je suis fait pour ces moments suspendus, sans profondeur, un demi-mondain, je suis charmant. Si le projet de galerie aboutit avec J. et F., ces qualités serviront, J. y excelle plus encore que moi mais J., aussi, me rend génial, quelque chose de sa compagnie, m’entraîne, m’engendre, me pique. Elle m’élève, cette élévation est mondaine, elle sert des instants, ne nourrirait pas une oeuvre, elle permet la vie. L’accomplissement, peut-être, de moi, moins artiste que je n’imagine, mais faisant artiste.

 

J. m’amuse, la conversation est fluide, tout le monde à table est très de gauche. J. porte des Prada et fréquente de très beaux hôtels avec des hommes fortunés qu’elle néglige. Son amant du moment devait la récupérer à minuit, arrivé en avance il l’appelle pour lui signaler sa présence, elle refuse de l’inviter devant l’embarras général, elle ne m’embarrasse guère, ce faisant, j’y suis habitué, ça fait partie d’elle et si demain nous devons travailler ensemble, ce appartiendra à ce qu’elle est, avec quoi nous devrons composer. L’amant attend jusqu’à minuit trente, dans sa petite voiture décevante, responsable de je ne sais trop quelle banque d’affaires, je l’imaginais rouler dans autre chose qu’une Fiat qui pour rutilante fait pitié. Il doit dire « c’est une citadine » parce que, sûrement, oui c’est plus pratique, je dédaigne ce manque d’élégance, la praticité m’embête, elle porte du vide. Je préfère, encore, l’inconfort à « ça ».

 

Comme je suis fatigué, comme je me lève et me réveille, depuis des années maintenant, dépourvu tant de force, ne m’agite, comme depuis toujours, que le plaisir et celui-ci dur à trouver, dur à garder, il est comme une ressource fossile, maître de mes forces, j’en disposais en abondance, jusqu’au gâchis, jusqu’à l’éconduire, parfois, d’un geste las, princier, celui que je garde encore au fond de moi, une grâce-réflexe. Mais le plaisir se raréfie, la terre qui le garde devient roche, devient dure, coûteuse et la force manque en même temps pour la récolte. Les mains s’usent et le plaisir plus coûteux brûle moins longtemps. Econome du pétrole de la lampe ancienne.


Je me réveille fatigué, tous les jours cette fatigue, une lassitude, un ennui fin de siècle. Moi, contrairement au chant d’Aragon, ni fait pour être libre ni fait pour être heureux, je suis fait pour le plaisir, la grande joie acide qui danse sous l’orage. A vivre sous la blessure, je deviens la plaie purulente, je m’écoule ainsi pâle, défait et putréfié. (j'avais écrit cette phrase, que je ne retire pas, je l'italique, fossile, rendant plus visible encore, comme une croûte sur le genou grâtée, laisse plus visible son souvenir par la cicatrice créée)



Je préfère, souvent, ne rien faire, pour éviter d’attendre. Si quelque chose survient, un événement, il doit pénétrer brusquement dans ma vie, la secouer sans que je ne m'y mêle en volonté.

De quoi je me plains ? Ne suis-je pas en plein événement ? Disons que, je ne sais, il me donne à écrire, me force à survivre, je voulais l’événement, voilà l’apocalypse contre quoi geint-il le poète ? pouvait-il se rêver plus modeste destinée ? Je ne me croyais pas digne du millénarisme, ma corde est riche, l’orfèvre la couvre d’émeraudes, tout un artisanat de la torture s’y réunit.

Oh, comme je vous hais.

Si j'avais plus de poésie en moi, je prendrais les journaux d'écrivains et d'intellectuelles d'un siècle en arrière pile, et je vivrais leurs journées à l'identique, je me poserais dans les cafés même où ils s'étalaient même si aujourd'hui ces cafés sont devenus des postes de police, quoi de plus normal qu’en ces lieux de création, comme le Sacré Coeur, soient déposés aujourd’hui, les signes de leur répression.

A nouveau, je ne veux plus vivre. 

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26 avril 2023

Eh bien

Parce qu’il y en a elle quelque chose de cristallin. Si, jusqu’au dévoiement, nous nommons parfois êtres solaires les personnes lumineuses dont la présence dissipe autour d’eux l’angoisse, Marie-Anaïs, elle, appartiendrait à cette espèce plus rare, parce qu’infiniment plus fragile, de ceux cristallins. Les êtres solaires, auto-suffisants, en quelque sorte, irradient, ils dégagent leur lumière, ils offrent leur chaleur, généreux et sans compter, ils dispensent, leurs yeux mêmes sont prodigues et leurs bouches fertiles, les êtres cristallins, eux, travaillent la lumière qu’ils reçoivent et qui en eux se déposent, ils ont besoin de temps avant de promulguer, à leur tour, la lumière condensée, la leur est complexe, invisible parfois, elle porte loin ou non, inonde, grande mare ou, mince et long fil de multiples couleurs.
Les êtres cristallins, du fait de leur matière même, manquent de souplesse, leurs corps biseautés coupent et résistent, il n’y a bien que la lumière qui les atteint sans peine. Cet air perdu de quand elle digère le soleil.

J’aimais cet air, perdu aujourd’hui, où partout elle semblait égarée, sans conscience d’elle-même, les yeux levés au ciel et un doigt sur la lèvre. Elle pense. Allégorie, dans ces instants là, de la pensée, bien moins ennuyeuse que celui, tout grave, dogmatique de Rodin, celui-là, ses pensées, les aurions nous dessinées, analysant par machines post-poétiques les cerveaux des sculptures, il en serait résulté tout un monde rigide comme le bronze où il est coulé.
J’adorais la regarder, ainsi, étonnée, un air, longtemps qu’elle eût et qui lui aussi passa presque. Il arrive que la pensée ou l’étonnement lui reviennent, l’été dernier, en regardant ses fleurs pousser, l’émerveillement des cosmos à naître et, aussi et encore, le désespoir boudeur, ses yeux de biche contrariée comme je disais avant, quand la biche, la pour de vraie celle-ci, la contrariante pas contrariée, en faisait bombance. 

J’aimais la regarder, souvent, se brosser les dents, personne ne le fait ainsi, aussi consciencieusement, précisément, dans un mouvement idéal. Ainsi, elle m’a toujours ému;

La vie râpe, ce n’est pas vieillir, pas les années qui passent, en jeu ici, c’est bien de s’user, de se blesser, et si l’on dit que les os brisés, lorsqu’ils se ressoudent deviennent plus solides, il faut le concevoir sans joie, la perte, à cause de la violence, de sa toute première fragilité, voilà une forme bien singulière d’infanticide. 

Pour ceci, aussi, alors, je suis heureux qu’une joie nouvelle, une enfance lui revienne, que cette lumière pousse quand on croyait la vie devenue stérile ou, plutôt, qu’il fallait entretenir le lopin de terre assigné, ses fruits, on ne s’en accommodait pas seulement, on les aimait, mais déjà, ils poussaient un peu trop mûrs. Aujourd’hui ce sera vert et verdure, le fruit dur à croquer acide et gai, l’apprentissage comme la première fois des saveurs, tous les sens à découvrir.
Moi, j’ai eu la chance de vivre davantage, plus, à ma manière, de me débrouiller, toujours dans la douleur, bien sûr, dans une douleur, parfois, inimaginable à qui ne sait pas.

Ca me remplit de joie de savoir qu’autrement ou pareille elle posera encore et à nouveau sa main sur sa lèvre en regardant au ciel, toutes les naissances sont miraculeuses et même si, soi-même ici, comme je ne sais pas mourant soi en couches, moi-même, tout cet être de toi à naître, cette vie que je sens palpitante, gorgée de soleil et de sucré. Cette volupté, la tienne, la vôtre.

Moi, eh bien moi, je trouve, je crois et je dis, qu'un jour, j'ai prélevé en elle quelque chose que je n'aurais pas du. Ces mots toi le plus beau sur la terre qu'un jour j'ai sali. 

26 avril 2023

?

à quoi bon

25 avril 2023

Haïe.

douleur qui mal se dit
de si peu trouver son partage
singulier sans commun ni
mesure
douleur sans nom qui
tambourin une peau de bête
tendue
d’une bête écorchée
venue
moi-même

la bête

cette bête moi

tambourin la bête
rit

cri son chant

la peau tendue dégage
une musique ses nervures

mon cri

rampe fin serpent

un sillon fendu il laisse

sa mue une
douleur entretenue
si peu 

la peau

elle foisonne dans

l’antre où pousse
comme houx
ton malheur une serpe
coupe

sans manche

 

tu sens dans la caverne une odeur d’humidités et de moisissures, ici doivent pousser des champignons, tu devines, parce que leur odeur te répugne, qu’ils se consomment sans danger, ils tentent par cette haleine de repousser le prédateur, ils aboient de cette façon là comme les petits chiens craintifs qui hurlent et qu’un coup de bottes assomme.
ce lieu tu le reconnais, tu l’as arpenté, déjà, dans quelle vie, voilà l’oubli, sur les murs tu vois la trace que des mains ont laissé comme des signes, tu dois déchiffrer, en même temps que tu mâches les champignons, ils ont un goût de terre et de plastique comme de la pourriture végétale, sur le mur les empreintes ont des tailles différentes, toutes nettes, ces empreintes, tes mains sûrement, une succession de testaments, ici, à toi destiné, tu n’y comprends rien, au fond, tu es comme les autres toi pas plus qu’eux tu ne te comprends

 

ce que tu sais l’appétit féroce

cette envie d’incendie de brusquer

de rosser tant sans paix du feu

supplique du peu une pythie

toute divination donne donne

dans la grotte froide un tic-tac

une source d’eau

un décompte

voilà un décompte

 

je veux mourir. 

25 avril 2023

Sexe Cul Suce

Je pense souvent à cette photographie appartenant à ma mère au dos de laquelle, peu de temps après son mariage, elle griffonnait, « je suis tellement malheureuse ». Cette phrase, ainsi que d’autres, me hante, me heurte et m’inquiète. Cette vie, sa vie antérieure, celle passée en Algérie je l’ignore toute entière, elle n’en parle pas, ne l’évoque que par bribes, dans la famille nous sommes d’étranges êtres taiseux et volubiles, démonstratifs et plein de lieux inaccessibles.


Ma soeur me demandait, quand je lui rapportais ce qui m’arrivait, si je m’étais excusé, ça m’a interpellé qu’elle y pense, qu’elle me le demande. Elle pressentait que je m’étais excusé et c’était le cas, en 2020, à ma façon, en cohérence avec moi-même, sans culpabilité, comme je l’écrivais à H. parce que je n’étais pas coupable, pas coupable du moins de ce dont aujourd’hui je suis accusé et qui m’empêche d’entendre la parole de la première concernée.

Le douloureux dans l’affaire de l’excuse c’est qu’on veuille se servir de ça comme s’il s’agissait d’un aveu, de ça ma soeur aussi avait l’instinct, elle me disait que c’était ordinaire, aujourd’hui, que les types qui s’excusaient se voyaient accabler. Ca ne change rien, il fallait s’excuser, il eût fallu le faire avant ou ne pas faire du tout, diraient les maîtres en morale. 

Avant, tout ça paraissait normal, de ce côté là du monde, coucher avec une fille de quinze ans à vingt-trois, ça choquait pas forcément de ce côté des gonades. 

 

je relis nos échanges H. m’écrit pute

dès lors qu’elle veut m’interpeller me rabroue quand je moi la rabroue

nous nous amusons

alors après

après j’ai besoin de savoir comprendre

parce que jamais je ne l’ai diminuée dans aucun de nos échanges

j’ai tout relu de nos discours des années après je fais encore un éloge

intact

de ce qu’elle écrivait. 

 

Je pense que si ce genre de types, un peu comme moi, se trouvent ainsi pourchassé malgré leurs excuses ou, aussi, du fait de leurs excuses c’est qu’on craint qu’ils se rachètent à peu de frais, qu’on craint qu’ils puissent se présenter au monde comme des êtres devenus exemplaires, aussi, et surtout, que l’écart entre ce qu’ils sont et ce qu’ils furent (ou firent) devient trop insupportable, injuste. Que le paradoxe réside en ce que si le type continuait à défendre la légitimité toute parfaite de ses actes passés il n’offrirait pas tellement de prises sur lui.

Celui qui s’excuse se met toujours en défaut, quelque part, il expose une faute et, cette faute révélée, sort de l’ombre tous les inquisiteurs, les imbus de justice et ces êtres particuliers comme Simon qui, je l’ai déjà dit, se trouvent à des intersections particulières de tous ces défauts, de toutes ces qualités. 

Je m’excuse toujours mal, parce que je m'excuse trop, mal parce que je m’aplatis lorsque je m’excuse, l’acte ne s’achève pas en lui-même, laissant à l’autre la libre disposition de l’action dévoilée, je souhaite obtenir le pardon et pour son obtention je m’avilis au-delà, bien au-delà de l’acte en cause. Or, à force de s’incliner si bas, nous ne sommes plus jugés à l’aune de notre action mais à l’aune de notre soumission. Alors, toujours, j’agis très gravement tant je me ratatine si je demande pardon. Oh, il n’y a pas que du beau là dedans, on y trouve un peu de cette passion hérétique de bonnes soeurs épouses du Christ charnelles avant tout. Le flagellé trouve du plaisir à cette ivresse et, quelque part, s’excuser à ce point au-delà de ce que l’autre l’admet ou non, c’est aussi se donner, soi soi-même, le rôle du juge, le châtiment infligé à soi-même ressemble furieusement à une absolution.
Je me suis trop humilié pour que ton refus de mes excuses soit juste ou pire, je me suis trop excusé pour même que ton jugement puisse porter quelque poids, tu deviens, toi, autre, la coupable.

 

Marie-Anaïs ne peut, ne sait s’excuser ou qu’avec quelque chose qui ressemble à la négation d’elle-même, je ne le comprends pas et le comprends d’autant moins lorsque l’autre, en face, demande ces excuses parce que sa vie psychique en dépend. Comme si, pour elle, s’excuser valait forcément s’avilir autant que s'abolir, que toute reconnaissance de faute morale valait pour elle édification, à sa destination, des grands bûchers or il y a ici, dans ce refus là, une sorte de narcissisme, le bûcher a déjà pris feu en réalité et la fumée de la paille enflammée obscurcit le regard.

L’obstacle, en elle, précède la calme interprétation des gestes en jeu, le refus de l’excuse fonctionne comme un principe, une présomption qu’il faut d’abord renverser, condition de la reconnaissance de la faute. Marie-Anaïs se trouve à un stade que j’ignore tout à fait, ce qui la fait se refuser de s’excuser c’est que ce que ça impliquerait pour elle, son estime d’elle, sa conception d’elle de demander pardon, lui est à ce point intolérable, qu'elle en meurt déjà d'y penser.
Je n'exagère pas, le disant, quiconque pourrait croire que je verse dans la carricature ici, pour diminuer, ou, comme on le croit maintenant, "nuire", alors même que je suis aussi exact que possible, je ne juge pas.

Elle affecte au pardon demandé une valeur trop grave pour seulement le considérer comme Simon refuse de s'exposer à des discours qui remettraient en cause ses édifices théoriques, Marie-Anaïs refuse de se confronter à la possibilité de la faute (j'emploie ce vocabulaire de ne disposer de rien d'aussi précis que celui hérité des baptêmes). Or moi je me trouve presque à l’autre extrême, déjà, je suis dans l’après, déjà je suis dans la punition de la faute, devenue faute de ce qu’elle fît souffrir même, de ce qu’elle demandait pour être consolée sa reconnaissance comme telle. Je suis avant l’analyse. 

 

 

Je ne sais rien de ce que H. vécut vraiment cette nuit, rien parce que son discours, avec le temps, les palabres, les années, le cattinarisme catalysant concassant, l’a aggravé, déformé, jusqu’à ce qu’il ne ressemble à rien ou une forme si incompatible avec la mémoire, le disque dur, les images, que ce en devenait intolérable. Puis, aujourd’hui, je connais l’intégralité de ce qu’elle a dit. Alors…d’autant plus injustes, douloureux les propos rapportés, truqués, alors…d’autant plus cruel de vouloir sortir contre moi cet acte qui s’espérait décent, qui au moins résultait d’un devoir, de l’employer comme s’il s’agissait d’un aveu alors que sa lecture tranquille ne parle jamais de rien d’autre que de formes littéraires d’amour. Sottises. S’il y a aveu c’est d’avoir, moi, souffert.

 

J’ignore comment elle le prit ? Est-ce que ça a ravivé ou allumé quelque feu douloureux ? 


Je ne laisserai personne dire que je concédais des « pratiques perverses » comme le prétendit Yasmine. J’évoque, désolé, des tortures morales, loin, bien loin, à des milliers de kilomètres de toutes horreurs incompatibles avec un quelconque âge.

Le douloureux, aussi, c’est ceci, aucune de mes pratiques actives, c’est à dire à mon initiative (coucou chloé ) n’excède ni n’excéda ce qui relève de la plus totale banalité.

Parfois, pour me retenir d’agir d’une manière ou d’une autre, les camarades invoquent l’aspect légal de mes actions ou de mes écrits, ils ignorent mon indifférence quant à ceci parce que je tente, moi, de me maintenir en vie, par ces choses dérisoires, et quand  Marine ou Marie-Anaïs même, pestent de voir leurs noms écrits ici, ou qu’Esther s’émeut de ce qu’on évoque à mots couverts ce que fut sa vie de merde, je m’excuse de les trouver tout à fait immorales, je ne crois pas que l’on puisse jamais remettre en cause le moyen de survie d’un individu. Sauf à dire, je vous laisse juge de cette égalité, que le nom écrit sur un blog «  Marine » vaut davantage bien que « Jonathan Boudina » gravé sur ma pierre tombale.

Après tout, avec cette morale plastique dont, depuis quelques temps, vous vous rendez maîtresses, toi,  Simon, tout particulièrement, parce que les autres, tu vois, Yasmine est dingue (coucou la diffamation privée d’ailleurs, Esther basse, vile, L'agée…eh bien.- Il suffit de connaître ses effusions de pauvre fille. 


Parce que Marine demeure, à mes yeux, les seuls qui comptent aujourd’hui, un être humain. 

24 avril 2023

durer

Parce qu’à la fin de la journée, demeure la même chose encore en suspens, je ne veux pas vivre comme je n’ai jamais voulu vivre.
Je me maintenais pour les autres, à la surface, à la limite d’une disparition.
A force de s’agiter le spectre se couvre de poussières, cette fine couche, sa peau, il s’habille de débris et de restes, son envie de durer ne provient que de là

je ne veux pas

n’ai jamais voulu

n’ai jamais voulu vraiment

 

si souvent j’espérais ne jamais me réveiller

devenir désuet

quel dommage que cette vie ne puisse comme en régime capitaliste

se vendre comme un organe à ceux qui meurent sans vouloir mourir

ma vie je te la vends

le produit de la cession

tout mon héritage elle ne m’était pas précieuse

l’était pourtant

 

je ne souffre pas tant que ça, pas à ce point

fait pour le plaisir bien davantage que pour le bonheur

il me coutait cher ce plaisir

si je vendais ma vie peut-être elle sera comme une sorte de viager 

à terme

le diable quand il achète une vie pour une damnation éternelle

l’échange aussi contre le plaisir

moi plus profane

corps résiduel 

je n’en demande pas tant et m’offre moins longtemps

cinq ans de plaisir contre toute une espérance.

je ne veux pas vivre

sans douleur pourtant 

la quête du plaisir ne me procure

aucune douleur

la frustration ne me tord pas les boyaux

je ne veux pas de toutes ces années à venir

je vivais pour les autres

ou mon bon plaisir

lui un tiers aussi quelque part

une peau exultante

la passion des salives des peaux

les semblants d’amour tout ça compte pour moi

ces quelques heures plus que tout le reste

 

je ne veux pas vivre

sans souffrance

je connais

l’ennui

la déception

je connais la colère

sans porter en moi

fruit amer ou fruit vert

je ne veux pas vivre

fleur rétractée 

 

je voudrais que l’on m’annule

fermer les yeux cette fois ce serait pour toujours

ou m’épuiser dans le plaisir

la débauche ou le monastère

tout le reste pour moi

toujours sera insuffisant

la croix peut-être aussi

brûler d’un coup sec

j’ignore si le bois mort

brûle bien

suis-je bois mort ou fatigué

sec peut-être

je crois bien brûler moi

longtemps

la matière est vaste

 

je ne veux pas vivre

ce qui n’équivaut pas à 

je veux mourir

entre les deux le même écart

qu’entre qui jeûne et qui 

mort de faim dans le désert

périt de sa soif

 

je ne veux pas vivre

cette fatigue sans vacances

cette existence

 

il écrivait vivre est la chose la plus difficile

la plupart des gens se contentent d’exister

eh bien moi je me trouve en-deça de ça

je dure

24 avril 2023

rôder haut.

La mort continue de rôder


J’ai cru un moment que je tirais certains droits de cette mort lente

à venir
Je me trompais.
Je croyais aussi que la douleur extrême 

conférait 

comme une tolérance

que qui crie sans morphine

on le pardonne

on ne le pardonne pas

dit l’assourdie

je n’ai pas à endurer ou après tout pourquoi

les tympans brisées

si dehors, dehors entendez

les oiseaux chantent le printemps naît oui

s’il y a la grande lumière dehors

pourquoi pourquoi vivre recluse

 


Ca fait mal.
Ca.
Je crois c’est la chose bizarre, un peu

 

Le rapport bizarre à l’engagement qui ne devient pas, plus inconditionnel.
Que la vie

la survie

la douleur

ne rendent pas inconditionnel
Là ça heurte, cet endroit où il y avait comme une clause

elle ne savait pas du genre les clauses en petits caractères

dans la langue contractuelle

que si ça changeait par trop alors l’engagement précédemment pris ne tenait plus

alors que même justement c’est à cause de ce changement

que l’engagement devrait durer plus devrait 

le changement une grande bourrasque près du vide

une grande bourrasque 

alors j’heurte les récifs la falaise 

mail

s’affermir

mieux

 

Marie-Anaïs distinguait entre les femmes et les hommes que les premières tendaient à se sacrifier davantage quand les crises survenaient, que les devoirs envers les autres les fragiles auxquels elles étaient liées, elles les tenaient à leur propre détriment

moi je croyais que mourir presque ou quasi c’était assez

avant qu’on me dise

c’est du chantage

je me demande si sur la pierre tombale on peut écrire ceci

chantage. 

 

à la fin moi je tiens mon devoir envers moi 

mal

ça fait

mal

 

je croyais moi je sais pas que si à la fin vraiment ta douleur elle naissait de quoi

un mensonge un grand mensonge et un peu de vérité celle ci comme vérité bien connue d’avant de loin avant

tu croyais que tu avais des droits

parce que tu les employais pour la survie

mais ce n’était pas le cas

puis les excuses

la litanie d’excuses

je ne veux pas dire

des excuses présentées

du pardon demandé

non

les prétextes

 

je ne savais pas que dans la douleur la pire au fond de la nuit torture

encore il fallait faire attention aux autres si l’on voulait être protégé

si la bête torturée

le lion captif

dans sa cage étroite

mord la main qui le nourrit

le lion la bête mal dressée

il faut la laisser

à sa cage

à sa mort

 

oui

il n’avait qu’à être sage le lion 

qu’on voulait aider

le sale lion avec ses plaies partout

qui sentent mauvais

22 avril 2023

Mohammed

J’avais découvert avec toi la saveur umami quand on essayait plein de restos différents et qu’on tâtonnait en cuisine. La cinquième saveur, avec sucré, salé, amer, acide. Aujourd’hui, la vie, un peu toute entière, a une sixième saveur, un goût d’algues très sucrées, jusqu’à l’écoeurement.


Ca doit avoir le goût un peu pareil le dernier repas du condamné à mort.

Je me souviens de cette phrase de Nicolas Sarkozy à Dakar je crois quand il était président « l’homme africain n’est pas entré dans l’Histoire ». Je pense à mon grand-père, Jedi, comme on dit grand-père en arabe, il s’appelait Mohammed et je ne l’ai presque pas su et de lui comme de ma famille là-bas je ne sais rien. Ca revient souvent, ça, chez les descendants d’immigrés, l’obscurité de leur passé. Chez les plus européens c’est plus facile, même quand on sait pas, on peut faire les arbres généalogiques, retracer, retrouver un peu les gens, tisser les fils, trouver une branche et des cousins, la colonisation n’a pas mis tout ça à sac.
Pour nous, y a la honte, ça bloque déjà, cette sorte de pudeur, elle se retrouve aussi chez les pauvres, c’est un truc de non-classé.
Parce que la colonisation elle écrase la mémoire de façon bien vicieuse, il y a la honte déjà, bien sûr, on a dit, puis il y avait la pente naturelle des pudeurs et des réserves, mais y a aussi l’écrasement des institutions antérieures, l’état civil avant, les logiques de village. Ils ont dissous les autorités et les registres parce que ça correspondait pas à la civilisation, alors, ce passé il s’est perdu, il s’est tu, il a plus eu des lieux où s’exprimer, les griots ont déserté la place, la mémoire elle était vivante.

Je pense à mon grand-père décédé à l’été de 2013, j’arrive pas trop à y penser, il s’est beaucoup occupé de moi, à sa façon, j’ai rejeté un peu le deuil, ça me ressemble bizarre ça, remettre à plus tard la douleur. Quand j’entends parler du pays ou du bled de ceux venus depuis le Maghreb qui traversent la Méditerranée et se noient en France je pense aussi à mon grand-père. Avant la guerre d’indépendance, je crois, il appartînt à ce bataillon de damnés qui vinrent ici crever de froid, de faim, d’insalubrité. Les dates, je ne suis même pas sûr, ça se dit comme ça vague. Ma mère je ne crois pas qu’elle était née, elle est née en 1963, Mouloud, l’aîné, lui je crois que si. Il était parti travailler en France, seul, avec un tas d’autres comme lui. La ville, je ne sais plus ce qu’elle. Saint-Etienne me vient en tête, j’ignore pourquoi.  Il a regretté d’avoir rejoint l’Algérie libérée maman m’a dit parfois. Ce rêve il en a déçu beaucoup. Moi, je ne sais rien. Il touchait un peu d’argent en France, sur un compte à la poste, je me souviens, tous les ans quand il venait, il en faisait le compte, une sorte de bout de retraite de ses années de labeur ici. Dans quoi travaillait-il ? Je l’ignore. Qu’en pensait-il ? Je ne sais.
Sûrement c’est mieux d’être rentré au pays, il a pu acheter un appartement, quitter l’habit de forçat pour un petit travail d’employé à Air Algérie. 

C’est mieux, comme ça.
Moi je ne sais rien, elle est bizarre cette mémoire toute obscurcie quand moi je laisse sur ces pages, toute ma vie, des forêts et des forêts d’archive. 

 

22 avril 2023

cashmere.

(16h32)

 

Dans l’appartement il y a les haricots blancs, les muffins parvenus depuis le 10 avril à leur date de péremption, il y a des oignons, de la sauce worchester encore de la mélasse noire, des tomates concassées, il y a les rouleaux de papier toilette qui durent trois fois plus longtemps qu’avant.

Le thermomix souvent silencieux.
Les nouilles épaisses et gluantes pour préparer à une autre les nouilles udon achetées pour un jeudi pass.
Décompter les produits, la bouteille de mirin, son bouchon perdu remplacé par celui du Campari, les filets de poulet au congélateur.

Dans l’appartement je n’éprouve aucune mélancolie, le temps y coule, le soleil entre pareil par les grandes fenêtres. 

 

je vais mettre à griller les muffins que je tartinerai de beurre, peut-être un peu de confiture, dommage l’absence de lait, j’aime quand ça ramollit et que ça dégouline tendre et dur un peu comme les gyozas. J’aime quand la confiture tient en équilibre fragile, on dirait un glacier en fin de vie, cette gelée.

Depuis que les plombs sautent dans la cuisine, le grille-pain repose sur la table du salon. Je ne l’utilise jamais que par gourmandise, toi tu l’utilisais par nécessité, les deux tranches de pain, du beurre, la sertraline, le café long. Parfois je les beurrais, je n’aimais pas quand c’était difficile de séparer les tranches de pain congelé, qu’il fallait forcer et que je me retrouvais avec comme des tablettes brisées et inutilisables.

Récemment je me suis débarrassé des restes qui s’accumulaient dans le ramasse-miettes, on le faisait pas très souvent, ça fait curieux, ça, d’écrire miettes, de jeter les miettes, ça fait même un peu mal, c’est comme se jeter dans le vide.

Elles traînaient les miettes dès qu’on bougeait le grille-pain, elles débordaient comme si trop à l’étroit elles voulaient s’exprimer ailleurs. Elles s’expriment loin ailleurs. 

 

En ce moment, je me nourris peu et mal, à cause de Novembre et du début de la sertraline, mes muscles se sont atrophiés, j’ai pris du poids. La balance chez J. affiche 76, je ne m’étais pas pesé depuis longtemps, je regarde mon ventre dans le miroir, il est rond et doux, la douleur y palpite elle grossit sans fin, tendrement. Je ne peux pas chérir trop longtemps ce que j’avorterai. Je la chéris quand même un peu. 

 

Je suis beau alors que je suis gros, les gens me disent que je suis beau alors que je suis gros et désespéré comme ; ça doit donner l’air charmant des ténèbres, tous les déshérités, les baisers des filles c’est comme un impôt acquitté à la douleur.

 

Je déteste prendre du poids et mon absence de muscles depuis deux ans.

C’est amusant, la confiture de framboise sur les muffins chauds et beurrés ça fait comme de la boue sucrée, je tache mes habits comme les enfants, quand ils remuent la terre, et que les parents grondent. Personne ne me gronde quand j’essuie mes mains collantes de gras et de sucre sur ma robe de chambre.

 

Le plus bizarre c’est le silence et aussi le sommeil, ça se ressemble. Chacun il est un peu comme l’autre. Les cauchemars, toutes les nuits.


Elle passe vite la semaine, dans le brouillard les jours deviennent indistincts, un gros bloc de brume une semaine. M.V me rappelle toutes les semaines que c’est vendredi quand il m’envoie sur WhatsApp le message : 

 

❤️‍🔥*À ce soir* ❤️‍🔥

 

*Tu fais partie des vip célestes * de la Santa Maria , alors s’il y a la queue tu m’appelles quand tu es devant l’entrée et je te fais passer devant tout le monde 😎

 

DJ guest tonight : *Leo Werner & The Jost *

 

Chacha club : 47 rue b* paris  

 

Horaire : minuit à 5h 

 

A toute 🙏

 

Le mot pelisse ne résonne plus nulle part, la couette blanche est pleine de taches rouges, je saigne souvent du nez en ce moment à cause des émotions, m’a dit le docteur, ça et les muqueuses fragiles. Au collège, période honnie, ça m’arrivait souvent. Derrière la peau, ça saigne beaucoup chez moi.  

 

(02:02)

 

Là, je rentre de l’anniversaire de V., dans un bar l’Everest, il est à dix mètres de l’extrême contemporain, un jour de signature, je nous avais pris des shots là-bas. Je cherche mon manteau quand je dois partir. Je ne le trouve pas. V. et G. me demandent si je suis sûr de l’avoir pris, j’en suis sûr. Je me revois rue Montmartre, la déambulant, le manteau, parce qu’il fait chaud, sur le bras. Le patron me dit la même chose. On regarde les caméras de surveillance puis on voit la fille toute bourrée qui le prend, elle fait pas exprès, c’est son amie plus sobre qui trouve le manteau sur sa chaise et lui enfile. 

 

J’espère le retrouver. On partage un uber avec N., on échange les numéros puis elle remonte jusqu’à la rue D.

La faim enfle, il reste deux muffins, le carrefour du bas, comme je te disais, offre à - 50% des tas de trucs, j’y ai acheté des steaks hachés charolais, je me fais des muffins avec, un peu de mayo, un peu de ketchup, du fromage. J’aime bien ce sandwich.

 

Les trois kilos pas besoin de chercher bien loin d’où ils coulent. Ca et les fraises tagada, le plaisir en ce moment, ça donne des boutons, moi qui avais toujours eu la peau si nette. A part sur le nez ce petit cratère, je me souviens, un jour à la montagne, tu voulais brûler une verrue, on savait pas que c’était pas pour le visage. J’ai comme un coup de soleil pour toujours, avec une petite crevasse, ma vision de l’été. C’est beau qu’une saison toute entière nous laisse une cicatrice.

21 avril 2023

Football Manager 23 (2) - Hereford Saison 2

Jeudi 20 avril 2023

 Hereford :

hereford

(saison 2023-2024)

 

Deuxième saison, entière celle-ci, avec Hereford. Effectif que je peux, malgré un budget très limité, modeler à mon envie (pauvre). Budget limité à tempérer si nous devions le comparer aux budgets d’autres ligues, SeriousCharly sur Twitter et Twitch s’est amusé aussi à jouer une partie commencée sans emploi, embauché en troisième division nord irlandaise ou deuxième division lituanienne, il bénéficiait d’un budget de zéro euro de salaire ce qui le forçait à recruter des joueurs payés en olives noires ou spécialités locales. Les propriétaires du club me permettent de dépenser 60 000 euros avec un budget salarial, à affecter à tous les joueurs, de 57 000 euros par mois. Par maladresse, je dépense tout le budget sur le médiocre Henry Woods qui s'avèrera tout à fait dispensable.
J’ignorais les règles contractuelles du championnat et aucun juriste ne vînt me prévenir. En effet, le contrat d’Henry Woods arrivait à expiration très prochainement, or il est possible, lorsque le contrat n’est plus valable que pour six mois, de faire signer le joueur gratuitement (il rejoint son nouveau club à l'expiration de son contrat mais sécurise son avenir), seulement, parfois, faire signer ce contrat avant son expiration entraîne le versement d'une compensation obligatoire. Ce dont je fis l’amère expérience parce que je me privais, alors, pour un joueur inutile de trop d'argent. 
A l’avenir je demande à mon adjoint, lorsque je repère des profils semblables, de ne commencer la négociation salariale qu’APRES l’expiration réelle du contrat ou si le club accepte de le céder pour 0 euro. 

 

Toujours est-il, j’ai du budget, à peu près 20 000 euros de marge pour compléter l’effectif. Je dégage des joueurs. J'en signe d'autres. Grands mouvements.

départs(ça dégage)


J’écrivais, dans mon précédent billet, que la valeur symbolique du football en Angleterre et en France ne correspondaient pas, la popularité de ce sport, en Angleterre, déborde largement les frontières sociales. Chaque membre masculin d’une famille se revendique d’un club et transmet cet amour à la génération suivante. Les clubs de divisions inférieures, comme Hereford, vendent tous les ans 1200 abonnements (à 200 euros par an), c’est à dire que tous les matchs de ce club de sixième division accueillent au moins 1200 spectateurs payants. Pour une moyenne de 1800 spectateurs par match, ce qui en France équivaudrait à un club professionnel (tous ne le sont pas) du top 3 de la troisième division. 

 

Les anglais s’attachent à leurs clubs locaux, il existe, pour eux, un enracinement par le club de football qui, celui-ci, peut se doubler, non nécessairement mais souvent, d’une affection pour un club des ligues supérieures. 

 

Cette spécificité anglaise tient, j’imagine, à l’histoire de ce sport né dans les publics schools, ces établissements d’élite, et formalisé par les aristocrates, répandant le football partout, donnant lieu à ce que l’on appelle, aujourd’hui, des derby c’est à dire l’affrontement entre deux clubs d’une même ville. Ces derby, à cause de l’éclatement communal français (36 000 jusqu’il y a peu) et à l’intérêt modéré pour ce sport, n’existent pas en France, les derby, au mieux, sont régionaux, Saint-Etienne Lyon par exemple. En Angleterre, les villes se coupent en deux (ou pour Londres en 5 ou 6), chaque partie, historiquement liée à une classe sociale, Manchester City, club populaire, fondé par des religieux pour distraire de la délinquance les jeunes hommes désoeuvrés, Manchester United devenu rapidement propriété d’un riche homme d’affaires. Ce partage se retrouve partout. Arsenal/Tottenham pour Londres, Everton/Liverpool pour Liverpool. Contrairement à ce qui s'entend partout à cause de l'écho continu des ballons de football, la France "n'est pas un pays de foot" comme le veut l'expression consacrée par les suiveurs du "beautiful game". Il a fallu attendre le début des années 2000 pour voir émerger des analystes du football l'intellectualisant, contrairement au reste des pays de foot. Il n'y a qu'à lire n'importe quel auteur argentin pour s'en convaincre. 

 

évidemment les aristocrates finirent par se détourner du football pour revenir à leurs amours plus sophistiquées et inaccessibles où le cheval, signe de distinction premier et princier, tient la part belle. 

 

Je signe plusieurs joueurs assez talentueux pour ce niveau en leur offrant des contrats à mi-temps et des salaires compris entre 1500 euros et 3000 euros par mois sans compter les primes. Je me débarrasse d’une quinzaine de joueurs. J’intègre aussi des joueurs payés au match, sans contrat.

Luke Pearce sera mon attaquant remplaçant, j’obtiens Tarik Gidaree, joueur de Bolton, en prêt qui sera un fantastique latéral droit, je signe Luis Fernandez qui constituera le coeur de mon équipe, défenseur central rugueux, violent, pas adroit des pieds, mais on lui demande surtout de casser les attaquants adverses, pour le ballet nous irons à l'Opéra...enfin à la salle communale d'Hereford. 

Obtention, après maintes demandes, de deux diplômes d’entraineur (deux formations de quatre mois), désormais titulaire du diplôme national B que le club me paie après avoir, réticent, refuser de nombreuses fois de crainte que ces diplômes ne me rendent trop attractif auprès d’équipes de standing supérieur. Si je m’attache lentement à ce club il ne pourra me permettre que de molles perspectives d’évolution, je n’éprouve pas un amour suffisant pour vouloir en faire une nouvelle place forte du football britannique. Patiemment j’attendrai que mes résultats et mes diplômes m’offrent de meilleures chances de briller.

Capture d’écran 2023-04-19 à 20

 

Turn-over incroyable des joueurs qui restent rarement plus d’une saison, les contrats ne peuvent, sauf clauses spécifiques, excéder une année. Précaires parmi les précaires, mon contrat, aussi, se joue d’un an en un an, toujours soumis à l’évaluation des propriétaires du club. Après tout j’occupe cet emploi parce qu’ils dégagèrent mon prédécesseur aux résultats insuffisants. 

 

Les joueurs filent les retenir est complexe, je n’ai qu’à peine le temps de les connaître comme un professeur à mi-temps. Ils occupent des fonctions, leur poste, que je tente d’optimiser en considérant leurs aptitudes. Tu ne t’appelles ni Stuart ni Mickael, tu t’appelles MC (milieu centre) ou MZ (Mezalla) AP (attaquant pivot) ou RS (renard des surfaces), si tu manques à ton poste ou défailles, un autre te remplacera. 

 

Pour moi qui, auparavant, ne m’était jamais lancé dans cette sorte de RP, en commençant si bas, j’évalue difficilement ce qui fait un bon ou un mauvais joueur, un joueur d’un niveau suffisamment compétitif pour le niveau auquel j’évolue. Les joueurs possèdent des attributs physiques, mentaux et techniques notés sur 20 et certains d’entre eux plus ou moins appropriés à leur rôle dans l’équipe. Un attaquant, par exemple, devra avoir une bonne finition, une bonne qualité d’appel, une bonne vitesse s’il prend la profondeur. A l’inverse un défenseur devra avoir une bonne note en tacles et en marquage, nous nous fichons d’un défenseur doté d’un 18 finition et souffrant d’un 4 en tacles. 

Capture d’écran 2023-04-21 à 17 

 

La difficulté vient de ce qu’à ce niveau là, les différences d’un joueur à l’autre sont assez faibles mais, vu le niveau moyen, ces petites variations entraînent de grandes conséquences sur le jeu. S’adapter est difficile. 


Si nous connaissons les attributs de nos joueurs nous ignorons, sauf observation payante et déduite du budget, les attributs des joueurs que nous convoitons. Et même après observation par notre adjoint leurs attributs peuvent demeurer lacunaires

 

Capture d’écran 2023-04-21 à 17

 

 

Construire une équipe dans ces conditions est une gageure. Aucun joueur ne sera assez bon pour être performant dans tous les systèmes, à ce niveau là un joueur versatile est un joueur nul, il les faut choisir unidimensionnels, capables de n’accomplir qu’une quantité limitée de choses mais de les faire au mieux. 

  

Certains joueurs, lorsqu’ils s’avèrent trop bons pour le niveau auquel j’évolue profite de la brièveté de leurs contrats pour signer gratuitement, c’est à dire sans indemnités versée au club (le mien) d’origine, dans des équipes offrant de meilleures perspectives financières et sportives. L’un de ces ambitieux, Jonathan Dinzeyi (que j’ai sauvé du chômage), m’a informé, à la mi-saison, de son choix de quitter le club à la fin de son contrat, ainsi, comme couperet et rappel permanent, à côté de son nom figure la mention TG, pour, Transfert Gratuit. Lorsqu’il m’apprend la nouvelle, je recrute, Bayli Spencer-Adams joueur de qualité équivalente qui aura toute la saison pour s’accoutumer à mon style de jeu. 

 


J’emploie aussi cette technique de la fin de contrat pour débaucher des joueurs d’équipe adverse. La lutte est âpre pour recruter les talents errants. Le jeu associe un qualificatif à chaque joueur selon sa carrière en prenant en compte, notamment, le nombre de clubs intégré. La plupart de nos joueurs sont des bourlingueurs non par choix, la sédentarité en matière contractuelle est un luxe, mais parce qu’allant de brefs contrats en brefs contrats. 

 

Comme en France, souvent, la plupart de ces joueurs semi-pro, ont connu un grand espoir, antérieurement, venant de centre de formation, dans leur biographie, je parcours leurs espoirs déçus, le délitement progressif jusqu’à ce qu’ils échouent ici, dans ces bas-fonds, qui leur offrent tout de même un salaire. Loin de celui espéré jadis. Je les vois jeunes adolescents, luttant contre des centaines de rivaux, passant les détections des clubs londoniens, Tottenham ou Arsenal, ceux du Nord de l’Angleterre les rivaux maudits, rouges tous les deux, Liverpool et Manchester United ou les détestations locales, United encore et son voisin de pallier, Manchester City. Pourtant, ils échouent, là. A chaque fin de saison, le jeu nous annonce que « les clubs libèrent leurs jeunes joueurs » ceux-là, rejetés ici, ne signant pas de contrat pro, sont la moelle de nos clubs inférieurs, ils ruissellent, ces échecs. 

 

Capture d’écran 2023-04-21 à 17

(une carrière aux espoirs brûlés)

 

Parce que je n’ai jamais été un tacticien extraordinaire et que mon équipe, relativement au niveau, demeure plus faible que la moyenne, je choisis de reconduire la tactique de la saison précédente : une tactique ultra-défensive, ne s’embarrassant que peu de technique et faisant jouer avant tout des qualités physiques fortes.

 

Capture d’écran 2023-04-21 à 17

 

Le ballon brûle les pieds de mes joueurs. Avant tout il s’agira de ne pas prendre de buts. La saison commence mal, 4 défaites, deux nuls, deux victoires pour les neuf premiers matchs. La défaite 2-0 contre Peterborough Sports fait mal, je les voyais comme un concurrent potentiel pour la montée. Mais je commence à douter de celle-ci. J’ai promis à certains de mes joueurs, pour les convaincre de signer, la promotion dans la ligue supérieure. Promesse, heureusement, réservée aux joueurs et non aux dirigeants qui, enragés, auraient pu me virer.

 

Capture d’écran 2023-04-21 à 16

Je prends peu de buts, mais je n’en marque aucun. Pour sortir un peu de la monotonie du championnat pluvieux, mon équipe joue des matchs de coupe, coupe réservée aux équipes non professionnelles, j’y affronte des équipes de division inférieure que je bats, redonnant confiance à mon effectif. Cogner un plus petit que soi…belle philosophie. 

 A partir de Novembre, je parviens à redresser la situation, je signe un nouvel attaquant, Luke Pearce, qui concurrence le titulaire Shaq Coulthirst et me donne de nouvelles perspectives tactiques. J’ajoute à ma tactique de base une alternative à laquelle les joueurs doivent s’habituer et me permettant de mieux m’adapter aux situations à venir. 

FA CUP dite Coupe d'Angleterre 

 

L’équipe joue aussi la coupe d’Angleterre, compétition ouverte à tous les clubs nationaux y compris des divisions les plus méconnues. Les clubs les plus prestigieux n’entrant dans la compétition que dans les tours finaux, après que les petits s’affrontent sans pitié dans ce qui se nomme « tour qualificatif ». Il me faut en passer trois pour parvenir au premier tour officiel (les équipe de première division n’entrent en lice qu’à partir du troisième tour officiel). Je passe sans encombre les deux premiers tours. Le 21 novembre j’affronte Carlisle United qui joue en quatrième division. Nous faisons match nul chez eux ce qui, selon le règlement, implique un match retour sur le terrain de l’autre équipe, ici, la nôtre. Ce match à rejouer est âpre. Surpris d’entrée, l’équipe adverse marque à la première minute de jeu par Taylor Chartes. Sans ajustement tactique, Luke Pearce égalise à la 23ème. Le match tombe dans un faux rythme, peu de tirs, une grande imprécision technique avant que Jonathan Dinzeyi ne marque, pour nous, sur corner travaillé à l’entraînement. Les équipes plus faibles doivent miser sur ces phases arrêtées qui égalisent le niveau. Hélas, l’entraîneur hésite à savoir s’il faut préserver le score avec des changements défensifs ou s’il faut maintenir la pression. Durant l’intervalle ce diable de Taylor Charles égalise à la 64ème. Les tirs au but départageront les deux équipes. Taylor Charles, encore, tout en confiance, frappe le premier tir au but avec succès. Siôn Spence lui répond pendant que tous les tireurs adverses manquent leurs frappes. Nous sommes qualifiés. Tirage clément, nous affronterons Gloucester (qui m’évoque Shakespeare) équipe de notre niveau qui, elle aussi, s’est extirpée des tours préliminaires. 4-1. Nous les broyons, malgré leur ouverture du score, grâce à un quadruplé de Shaq Coulthirst, 

 

Le niveau moyen des équipes en lice augmente. Nous tirons Bolton, ancienne gloire des divisions anglaises supérieures, je ne suis pas serein, l’équipe joue en troisième division, dans un stade de 30 000 places, avec des joueurs payés entre 20 000 et 40 000e par mois. Je prépare le match du 9 janvier en consacrant les séances d’entraînement aux coups de pieds arrêtés offensifs. Avec une stratégie ultra-défensive. Nous l’emportons 1-0, grâce à Luke Pearce qui supplée la mauvaise passe de Coulthirst avec un grand match de Urwin, mon gardien titulaire, dix huit frappes de leur part contre une de mon côté. Nous nous qualifions pour le troisième tour, emportant par la même la somme de 80 000 euros ce qui, pour un club de notre envergure est énorme. Le match ayant été diffusé à la télévision nous obtenons aussi des droits de retransmission. Champagne. 

 

Le 13 janvier nous affrontons, au troisième tour, l’équipe de Bristol, en deuxième division anglaise. Leur joueur le mieux payé Andreas Weimann touche 155 000 euros par mois. Son salaire annuel dépasse le budget annuel de mon club. Stratégie ultra-défensive en place. Nous obtenons un nul miraculeux à l’aller en tirant exactement zéro fois au but adverse. Comme précédemment, le match doit se rejouer à l’extérieur. Hélas, je ne parviens pas à trouver la faille dans l’équipe adverse, nous nous inclinons logiquement 2-0 sans rougir. 

 

Reprenons le championnat


Les victoires s’enchaînent. Sur 22 matchs, je ne connais que deux fois la défaite, quatre nuls, et le reste de victoire. Je m’envole en championnat, pas encore de façon suffisante pour rattraper les équipes de tête qui ne souffrirent, pas comme moi, un début aussi chiche. Les dix matchs suivant me permettent de passer en tête, avec six points d’avance sur le second. Il reste moins de dix matchs. Les nuls s’enchaînent. Mes poursuivants me collent. A deux journées de la fin, je ne compte que deux points d’avance sur le second et le troisième. Je refuse de changer de tactique pour, y compris contre des équipes objectivement plus faibles, me montrer plus offensif. Je ne redoute rien tant que les buts marqués considérant qu'il est plus facile, en football, de défendre que d'attaquer.

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(molesse)

J’aimerais m’éviter les matchs de barrage pour la montée et l’obtenir, directement, sur un match tout peut arriver et ma saison est trop belle pour la gâcher sur un pari. 

 Je bats Peterborough Sports 1-0, futur dauphin, revanche du match aller, je fais nul contre Southport autre rival. Finalement, je parviens à gagner le championnat, inscrivant mon nom au palmarès de cette ligue. Peterborough Sports finira second mais se verra priver de la montée suite à sa défaite en barrage contre Scunthorpe United qui m’accompagnera donc à l’étage supérieur.

 

Nous quittons la Vanarama North League pour intégrer la Vanarama National League. Parmi les équipes inscrites pour la prochaine saison je remarque une vieille connaissance, Carlisle United que j’avais battue en FA Cup (Coupe d’Angleterre) et qui, quand je monte, descend, nous faisant nous retrouver face à face. 

 

 

La Promotion. 

 

 

Après avoir obtenu la montée, je dois renforcer mon effectif, je m’étonne qu’un club de cinquième division puisse mettre à la disposition de son entraîneur de tels budgets, je peux, pour acquérir les contrats des joueurs, utiliser environ 200 000 euros et je dispose d’une enveloppe salariale de 80 000 euros à répartir selon les besoins. 

 

20 avril 2023

Football Manager 23 (1)

Réussi à désinstaller Civilization VI aujourd’hui (mardi 18 avril, 01h52) ainsi que tous les mods qui, comme le précisent leurs éditeurs, améliorent la qualité de vie. Civilization n’améliore pas la qualité de vie, elle la prend, la vie, la protège, aussi, quand la détresse, sinon, vous laissant interdit avec votre douleur, abattrait votre vie comme un vieux chêne pourri. J’entretiens, avec les jeux-vidéos, ce rapport ambigu de salvation et de malédiction si semblable à celui qui, déchiré par la douleur, la pallie par l’usage d’opiacés. Une douleur pour une douleur ou, plutôt, le manque excepté - qui ne manque que peu avec les jeux - une suspension de la vie, une stase mais qui immobile trop longtemps pourrit, j'en sais quelque chose. 

Je lance une partie de Football Manager 23, premier jeu acheté, cet automne, depuis l’adolescence. Je n’avais jamais, jusqu’alors, disposé que de la version crackée du jeu et, toujours, je choisissais le PSG, ce depuis la version 2008 je crois, au temps où le PSG ne valait pas grand chose sportivement et économiquement. l’Olympique Lyonnais achevait son déclin, le club qui le fit sept fois de suite comme, en hommage aux septs titres consécutifs du club, le nom du fil de ses supporters sur le forum des cahiers du foot, ne gagne aujourd’hui plus rien et commence à être la risée du championnat parce que l'écart entre les performances du club (huitième) et son budget (le deuxième du championnat) le rend grotesque.

J’ai continué, après le rachat par les Qataris dans le monde réel, de jouer le PSG. Saveur changée, club riche à milliards, je réalisai, au moins, dans le monde virtuel, le rêve toujours déçu du club, de remporter la Ligue des Champions. Ligue des Champions dont l’hymne, mille fois célèbre, que je n’avais jamais écouté, comme beaucoup, nous n’entendions en lui que l’annonce du match, les frissons de la grande compétition. Cet hymne, en réalité, porte en trois langues ses paroles, français, anglais et allemand, difficiles à déchiffrer à cause de ce que c'est un chant lyrique et, surtout, un événement. 

Dans ma partie nouvelle de FM 23, j’ai choisi d’incarner un ancien joueur semi-professionnel à la retraite, sans aucune expérience ni diplôme en débutant sans emploi et postulant à tous ceux disponibles. Je lui ai donné une apparrence de Normie, en l'appelant Jeune Nullard, comme je me sens (jeunesse relative) en ce moment et comme j'évalue mes aptitudes d'entraîneur. Le jeu peut simuler notre réelle apparrence physique en prenant une photographie puis en la traitant pour correspondre à l'interface du jeu. Je m'y suis refusé. Je-une est un autre. 
Après une recherche vaine du mois d’août au mois d’octobre, le club d’Huder? (je ne parviens même pas encore à l’orthographier) me propose un entretien que j’accepte. Le poste m’est offert à condition de maintenir le club en V…North league, la sixième division anglaise. Les premiers matchs sont difficiles, les défaites s’enchaînent, j’assiste impuissant à la nullité totale de cette équipe que je tente de réparer par l’ajout de médiocres talents, piochés parmi les joueurs gratuits et errants.
Je finis, trouvant une tactique efficace la saison en boulet de canon, enchaînant les victoires à un rythme si effréné que je crois pouvoir accrocher une place en barrages. La promotion dans la ligue supérieure s’opère de deux manières le club arrivé en tête y accède directement, les sept suivants s’affrontent dans un mini-tournoi dont le vainqueur accompagne le club champion. Je me suis trouvé, après mon enchaînement de fin de saison, aux portes de ces barrages que je n’aurais sûrement pas remportés, équipe encore fragile, dysfonctionnelle. Mieux valait le repos  et la constitution d'un effectif valable et cohérent.

l’intersaison débute et avec elle son lot de mouvements, la construction d’un effectif, avec ses échecs, le budget serré, les joueurs sans contrat, payés aux matchs ou ceux, plus chanceux, disposant d’un CDD. Les salaires dans ces ligues inférieures, que l’on appelle non-league, peuvent étonner, ils atteignent régulièrement les 2000 euros par mois hors prime (plusieurs centaines d’euros par match). 

 Poésie des matchs champêtres, où les joueurs portent des noms qui semblent inventés et ne le sont pas. J’y croise Faulkner ou Huntington des prénoms plus curieux, Marquise ou Marvelous. Cette ligue inférieure compte essentiellement des joueurs anglais ou irlandais, quelques africains peuvent s’y glisser, ils sont rares. La chose intéressante, m’y confrontant, est de voir le nombre d’anglais noir, intéressant parce que la Premier League, championnat de l’élite anglaise et européenne, compte peu de personnes noires d’origine anglaise. Il en va de même pour l’équipe nationale d’Angleterre ou les deux seuls joueurs noirs (Saka a été victime de racisme après son pénalty manqué en finale de l'Euro 2020) sont extrêmement jeunes. J’ignore ce qui explique ce déséquilibre, cette sur-représentation des personnes noires dans les ligues inférieures et leur quasi-invisibilité au plus haut niveau. 

 Nous pourrions imaginer que les blancs, ne parvenant pas à accomplir une carrière de footballeur assez lucrative, se détournent du sport pour occuper un emploi plus ordinaire tandis que le racisme endémique fait que le sport, même de bas niveau (le foot en angleterre permet de "vivre"), présente de plus grands avantages. La couleur de peau ne fait pas obstacle à l'appréciation des qualités, le sport privilégie la performance avant tout ou, même s'il peut, reflet de la société, donner lieu à des remarques racistes, un entraîneur préférera quand même, fut-ce avec mépris, placer sur le terrain un racisé performant qu'un souchien nullard. Rare lieu de méritocraite. 

 J’y pense, aussi, en ce qu’ayant écouté un podcast sur la boxe, j’apprenais que la boxe, sport de prolétaire, était pratiqué avec une sorte de désespoir par les noirs et qu’ils en détournaient leurs enfants pour peu qu’ils y réussisassent assez. User son corps, pour l’abîmer, est une carrière peu enviable. 

Les noirs, je regarde à l’instant, constituent 3,3% de la population anglaise totale. Les statistiques ethniques étant interdites en France, nous ne pouvons pas, pour mieux comprendre la situation, établir une étude comparative.


Peut-être, aussi, le footballeur est-il mieux considéré en Angleterre, comme le rugby en France où la majorité des joueurs professionnels est blanche. Cette explication, par la valeur symbolique, peut expliquer la présence des blancs au plus haut niveau et des noirs dans les ligues inférieures. Les deux explications se combinent. L'équipe d'Angleterre étant le reflet de la population nationale où les blancs sont majoritaires, mais l'équipe d'Angleterre ne compte que les meilleurs, c'est à dire, encore, les blancs qui n'ont pas abandonné à cause de leurs échecs là où les noirs, eux, malgré un niveau insuffisant pour jouer au plus haut niveau s'obtinent. La forte valeur symbolique du football ne fait pas obstacle à sa pratique, y compris professionnelle, par les blancs, mais sa pratique semi-pro, insufissament rémunératrice, les en détournent, laissant, alors, à une autre démographie.  

 

Je lisais qu’un homme, pour assassiner sa compagne, cassa une vingtaine de comprimés de Lexomil et en mélangea la poudre mal pulvérisée à son café que, probablement, il lui prépara pour la première fois depuis toujours. Paresseux dans son crime il avouait aux enquêteurs que, trop pénible de concasser les comprimés jusqu’à l’invisible, il se contenta de l’effectuer grossièrement. Sa paresse, péché ajouté au crime, révéla à son épouse la bizarrerie. L’apparence pâteuse du café, au lieu de sa fluidité ordinaire, l’interrogea et son goût plus encore. Le mari avoua, grommelant, à je ne sais qui, le SAMU est venu, j’ignore qui les prévînt, et sauvèrent la femme. 

 

 J’ai regardé, comme souvent, si quelques comprimés de cette nature traînaient à la maison, j’ai redécouvert ce petit tas entassé sur l’étage de la bibliothèque, bleus blancs, ronds et ovales, que j’avais préparé la première fois que je voulais me suicider, avant, ce drame plus catastrophique de mars. Avant, ce moment là. Je les garde, souvenirs, dont je ne ferai ni ma mort ni un rosaire, il me semble que j’avais préparé quelques lignes, à ce moment là, quelque chose comme « ma puce etc » adressées à Marie-Anaïs, dans le téléphone je trouve aussi la vidéo que je commençai sans l’achever, la vidéo que je souhaitais envoyer à Marine Simon, je me souviens, le verre à bière, celui trouvé avec ses compères dans la rue Clauzel, jadis, rempli des comprimés, la bouteille de vodka à côté, l’alcool, je crois, décuple les effets, de tous les assassins chimiques et leurs disciples. Je voulais signifier, grand bang, à Marine Simon, ce que je sentais. Hier, d’avoir parlé toute la nuit, jusqu’à six heures, dans une étrange orgie de peaux, de caresses et de mots, avec J., de Spinoza, quelque chose en moi s’est apaisé sans s’éteindre. Un pas en avant, dépasser le feu qui tue. Marie-Anaïs, croyait, jadis, que je prévoyais, pour hurler contre Marine Simon, pour dire vois, de me pendre devant le lycée où elle enseigne. Dans le naufragé de Thomas Bernhard, le naufragé se pend à un arbre, devant l’école de musique ou chez sa soeur. Je ne sais plus exactement. Ici, à longueur de mots, mais ma folie rendait opaque l’intelligibilité, j’écrivais qu’écrire exorcisait et évitait de commettre. Dire, pour moi, je tue évite de tuer comme, pendant des années, la pensée du suicide me détournait de sa concrétion. Avant. Pour ceci. Pas pour le reste. 

Nous parlions de Spinoza avant et après avoir baisé. Persévérance de notre être. 

Après son suicide, la famille de Bruno, mon voisin du dessus, mît en ligne une sorte de stèle numérique où ceux qui le connurent, peuvent déposer des mots ou des photos, où la famille retranscrit aussi les mots, les leurs, qu’ils lurent, s’ils parvinrent alors à lire, dans l’Eglise, au moment de la cérémonie funéraire.

Il y a ces mots, je me souviens, sa soeur qui parle, dans une lettre si tendre, de la rue Clauzel qu’elle parcourait haletante avec son père, ce jour que Marie-Anaïs entendait une cavalcade dans l’escalier de l’immeuble sans comprendre. Rue Clauzel, depuis, pour moi, depuis que j’ai lu ceci, cette rue que j’adore, a les joues mouillées de larmes. J’ai peur, parfois, de ceci aussi, que si à mon tour je périssais, quelqu’un écrira rue Clauzel et ajoutera sa motte de sang à cette motte de sang. Rue Clauzel, qui est aussi, je le lisais dans un article, la rue où Johnny Halliday se rendait souvent pour prendre le goûter chez sa tante qui y vivait. J’ignore s’il a repensé parfois à la rue Clauzel avant de mourir

 

Quand je croyais mourir, qu’au téléphone Marie-Anaïs cherchait désespérément les secours et ma localisation, quand j’avais renoncé à mourir, je craignais plus que tout, que les pompiers pour me sauver défonçassent la porte de l’appartement, éventrant ma vie, j’ignorai alors qu’elle sera éventrée douze fois bientôt. J’ignorai comme toujours j’ignore. 

18 avril 2023

calme

fatigue

17 avril 2023

Je n'en peux plus

Je n'en peux plus

13 avril 2023

A propos de mourir

Au moment du suicide je visais deux choses, en même temps, de me libérer moi, déjà, de tout ce poids qui me semblait injuste et, mort, obtenir la réparation qui m’était due en divulguant toutes les preuves à ma disposition, je voulais mourir, aussi à ce moment là, parce que je sentais en moi la déviance monter, la folie hanter et qu’il me semblait important de faire le moins de mal possible. Je m’étais contenté d’envoyer aux malheureuses éprises de justice mon ressenti profond, sans aller jusqu’à souiller leurs réalités matérielles. Je sentais le pire, la vengeance, grimper en moi il me paraissait, alors, essentiel de préserver ce que je pouvais et, à ce moment-là, particulièrement et précisément Marie-Anaïs. Dans la lettre laissée chez moi, après un SMS affreux, j’expliquai, en circonstanciant autant que possible, pourquoi et comment je ne l’avais jamais aimée. Lettre à l’équilibre périlleux, qui devait être assez horrible pour être crue et donc soulager de ma disparition et, en même temps, sans excès qui gâcherait le reste de sa vie.
Je voyais, à ce moment, le suicide comme la seule issue possible, pour faire au mieux auprès de tout le monde, y compris de moi-même, y compris pour Marine qui passa très près du boulet. Chose qui, de l’avoir récemment révélée à mon avocate, me valût une gentille colère parce que, disons, qu’il existait encore, jusqu’à peu, des traces. A défaut du canon, flottait encore une odeur de poudre. Je suis content de, finalement, avoir repris ce geste comme, je suis content, de n’avoir pas, sur Marine, excédé les aspects théoriques de mon petit traité (qui m’a amusé).
Pour continuer de durer, je dois tracer des limites claires pour les élaborer j’ai besoin, d’évidence, de parler. Aujourd’hui, si je retombe de mes démences, c’est parce qu’une amie m’a grondé, inquiète et fâchée. Bien entendu, je trouvai injuste ses reproches parce que je me suis attardé, d’abord, sur le contenu qu’elle visait (je reste d’accord avec moi quant à ce que je dis), or, surtout, elle dénonçait une logique dans quoi je m’enfonçais et où je perdais pieds. Ce système infernal, répétitif, enragé, cette forme de survie qui paraissait, à force de répétitions, résulter d’une pensée raisonnable. 

 

Cette discussion m’a rendu au monde. Je le revois avec vos couleurs, si ma colère ne diminue pas, elle ne sortira pas, maintenant, hydre à mille têtes devenant dix mille. Je souhaitais mourir de bien me sentir - je l’écris à longueur de temps ici mais ce n’est pas ce que vous retenez je le sais - incapable de comprendre les frontières du permis et du proscrit, aucune de mes suppliques, admettez-le, ne reçoit en vous aucun accueil favorable. Je fais de mon mieux. Je voulais mourir même dans un acte de justice double, celle obtenue avec pour argument suprême mon cadavre et le google drive et, celle de ne pas blesser.

Affreux ce périple, y survivre demande plus de trésors que ce maigre viatique dont je dispose, l’immense silence qui tombe sur moi, d’une parole lasse ou indifférente. C’est dur. 

13 avril 2023

Bougie

Vu, cet après-midi, la pièce Nuit du collectif le petit travers de mon ami Nicolas, éclairé à la bougie, dans un noir tendre. Il me fallait bien ceci pour sortir de la rumination atroce, le drame ce matin, corrigé heureusement. La trahison, la suivante, petite pierre de ce rosaire sans fin qu’elle égrène.  

 J’écris, aussi, que je ne connais plus les limites entre le permis et le proscrit, que toutes les valeurs, en même temps que ma vie, ont décru, ont déchu. Monnaie de singe, je m’en vide les poches.

D’où les débordements incessants, d’où ce chaos sans cesse qui n’attire plus vraiment, avouons-le, de pitié, ni même de crainte, c’est l’effroi devant le fou - auquel on s’habitue - de Béjaïa, le fou qui agite ses bras dans la rue, qu’on nomme, en kabyle, chasseur de mouches, à cause de ses gestes qui semblent écarter un essaim tenace. 

Hélas, cet essaim figure sa folie, rien ne l’épouvante surtout pas le fou.

Je suis devenu ce dément ridicule, je le sais, lucide par malheur, aux yeux du monde qui, monde, si par amour s’apitoyait ou s’effrayait, aujourd’hui, surtout se désole. Quelques éclipses d’angoisse se manifestent parfois quand le délire semble au paroxysme, à l’un de ces endroits où tout à nouveau, redevient possible, ce tout, qui par malheur, comprend, aujourd’hui surtout ou exclusivement, le pire. Dans ces moments là, un frisson passe, il passe vite, comme les giboulées ce jour d’avril. Lorsque je suis sorti pour assister à la représentation, les grêlons tombaient je me maudissais de l’oubli de mon parapluie. A peine le temps de la récrimination que le soleil revenait dans un ciel tout bleu. 

 

Je parviens à me percevoir, bien sûr, comme de l’extérieur, sans parvenir, lucidité paralytique, à infléchir mes actions, actions purement verbales, non pour lors mais pour toujours, le fou, contrairement à ce que l’on croit, perd le corps bien avant l’esprit, le faire avant la pensée.


Qui peut dire, aujourd’hui, qu’autrement d’avoir vu son nom sur ces pages, subît le moindre retentissement dans son existence ? Cette vision du dehors m’horrifie, bien entendu, je comprends toutes les réactions - et certaines des miennes devraient être admises - face à qui s’enferme dans ses récits, dans sa logique. De mon dedans, il s’agit de survie, ce cri, ces lignes, cette rage me prouvent à moi-même ma survie, vos passages, ici, vos lectures, me montrent, que j’existe dans ce grand silence écrasant.

La pièce de Nicolas se joue, en partie dans le noir, elle oscille entre le cirque et la danse, de très jeunes écoliers, en maternelle je pense, y assistaient. Lorsque l’un d’eux riait, parce qu’il y a matière à rire, tous, riaient et criaient ; riaient et criaient pour habiter l’espace de leur présence. Je suis ainsi qu’eux, j’aimerais rire mais le spectacle, avouons-le, manque de comique, je colonise autrement, avec ce dont je dispose, cette bile noire, corrosive juste pour mes entrailles. Vous en souffrez l'odeur. Souvenirs de ces enfants de deux ans que ma mère garde à la maison, qui joignent, ensemble, leurs cris, des cris gais, vivants, dès lors que l’un commence. J’hurle seul. De là vient beaucoup de la tristesse et tout le reste de démence. 

 

Ce mien regard extérieur (ce dedans-dehors) posé sur moi terrifie plus que vous n’imaginez, je vois moi moi-même me défaire, je vois, me voyant, aussi vos yeux et vos jugements que moi, aussi, celui du pas de côté, voit et juge aussi, pareil. Mais je n’y peux plus rien. Il y a cette phrase de Nietzsche qui va contre Descartes, quelque chose pense en moi, ce quelque chose, en moi, version avancée ou régressive, agit en moi.


Fou, je le suis aussi, surtout, de ce silence de rumeurs pesantes ou de silence tout court, qui le brise, me ramène de mon exode. Le fou, sachez-le, l’est d’abord de son exil, qui, long cet exil dans le vide, lui donne cet air hirsute, celui que j’affiche maintenant dans la barbe mal peignée des imprécations dispensées. Il effraie ce Diogène des caniveaux, sorti d'on ne sait quel malheur, parlant le borborygme, l'air agressif. Il a faim. 

Je l’ai vu, aussi, avec M., dément, sur son profil facebook, plaignant, geignant, répétant, machine infernale, emballée, incontrôlable, qui de l’intérieur de lui, mécanique fluide, lui apparaissait parfaitement sensée. Je le sais, le savais, il survivait par là, dans cet engrenage, le monde s’en éloignait, le prenait en pitié, voilà un homme perdu semblaient dire les smileys larmes sous ses publications facebook. M. devenait lui fou aussi du silence, M. se vivait aussi trahi et crevait de ce que ses tortionnaires ne se reconnaissaient pas ainsi. M. tente régulièrement de se tuer, j’ai rêvé l’accompagner, déjà, parce qu’à notre point de démence, de refus, de rejet, la mort semble la seule parole audible, le seul contre-propos dont, hélas, nous ne pourrons jamais entendre la réponse, tant désirée pourtant. 

Je sais. C'est bien le pire. Je sais aussi ce dont j'ai besoin pour secours. Ce qui ne m'est pas offert. Qu'importe les prières, qu'importe les anathèmes. Ni le Dieu, ni le Diable, ni rien ne répondent. 


La distance, devenue trop grande, ne peut plus être parcourue par la raison. Elle se trouve trop loin de moi, pantin de métal dur à remuer. Il s’effondre et son poids gigantesque d'avili lui donne l’air d’un mouvement conscient. Il chasse, lui aussi, les mouches. Voyant son effondrement, l'ombre gigantesque qu'elle professe, tous et toutes, lui prêtent une raison sensée, une conscience claire. La conscience, dans la boîte de métal a perdu le contact avec les nerfs. Au mieux, je parviens à orienter la chute. Je l'oriente pour abîmer le point, en passant par le récit, par le discours, sans jamais aller au-delà du réparable que je frôle parfois, peut-être. Je ne sais pas. Seul, seul, seul face à ces poussées intérieures, seul, seul, dans la lutte face aux marées, abandonné, toujours, dans le raffut des vagues, il faudrait, dit-on, encore diriger droit. Qui dévie dans l'orage de sa trajectoire doit être jeté aux galères. Voilà l'hymne de cette marine. 

J’observe avec vous le naufrage, de chaque côté du plateau, pour chaque grappe humaine, qui l’effroi, la peur, la pitié, l’indifférence qui monte. Il y a le suicide, ce voisin ignorant, qui à force d’être crié perd toute vigueur, comme Pierre hurlant au loup. Oubliant rapportant ce propos que le loup pénètre vraiment le village et que Cassandre s’égosille dans le vide. 

 

Monnaie de singe, qui le chasseur de mouches de la ville de Béjaïa dérangeait vraiment, les enfants le craignaient avant de le moquer, adolescents, de s’apitoyer adultes, il n’attenta à la vie de personne, ainsi que moi, parfois, la nuit, il dérangeait un peu le sommeil et quelqu’un, de sa fenêtre, lui hurlait de fermer sa gueule soussem. Puis un jour, il a disparu sans que nous ne le revoyions jamais. Les mouches l’avaient vaincu. Ou bien le monde.

 

Vous excuserez, alors, je l’espère, le triste héritier que je suis, continuant, à troubler au mieux le sommeil, que votre regard mûrisse et s’amuse comme devant ce burlesque malgré soi, je chasse les mouches imaginaires. Le givre ne laisse aucune trace. 

11 avril 2023

Lèpre.

Dans la ville des chasseurs solitaires, une jeune adolescente se pend dans la grange familiale. Lorsque je pense à cette mort, que je me souhaite en ce que, bien exécutée, elle tue, je m’inquiète toujours de mon habileté. La perspective que cette corde, d’un noeud mal coulé ou d’un support trop fragile, me verrait m’effondrer plutôt que mort, la nuque douloureuse, la position ridicule d’un pantin sans ses fils, couvert de plâtre, travaux d’une vie échouée, blanc, romain sous Néron, l’orgie en moins. 

 

Savoir mourir requiert un art saltimbanque, qui pouvait le deviner avant sa première aventure, la traversée de ces jungles, la machette aiguisée, le compte exact et tout prodigue des comprimés, l’eau dure, le pont haut, le train rapide. Il faut filer à toute allure. 


Le premier suicide, je le comprenais aussitôt que j’y renonçais, entraîne tous les autres. Une porte que l’on ne savait pas s’entrouvre, un jour, bayant, nous patientons, devant, attendant d’y entrer.

 

Il en va ainsi de la plupart des transgressions, la première des tentatives offre un permis de recommencer, elle déleste, cette première traversée, de tout ce que l’acte possédait d’imaginaire et de fantasme, il trouve, alors, sa forme pure, dure, que, désormais, nous façonnerons à l’image de notre vie, de notre désir. Il en va ainsi du meurtrier, de l’adultérin, du tricheur aux cartes ou aux jeux-vidéos. C’est la première fois, aboutie ou non - et dans le cas du suicide la première fois ne peut être que la dernière, qui permet les suivantes. Le terme en est l’abolition, le meurtrier l’arrestation, le tricheur le goudron et les plumes, l’adultérin le divorce, le suicidé la mort, singulier, celui-ci, que sa transgression, menée au bout, l’accomplit et ne l’en détourne pas sauf, si, happé par les méchants, on le met aux fers chimiques de l’hôpital psychiatrique. Le suicide est la transgression la plus juste parce qu’elle concerne son propre corps.

 

Le suicide, je le pensai toujours calmement, à ce calme, aujourd’hui, s’ajoute une véritable mesure, un professionnalisme technique, breveté, que jusqu’alors j’ignorais. Il ne se présente plus seulement comme avant, carrière possible avec son degré d’abstraction qui le confond avec le rêve, le fantasme et donc le non-faire, il se présente comme futur permis. Il existe un écart, inconnu avant, entre le permis et le possible, découverte ajouta,t à l’acte une dimension de justice qui, auparavant, n’importait pas. Ce qui, nourri par un égoïsme indifférent, apparaît aujourd’hui légitime et alors plus sûr.

Je sens, en moi, comme un cancer ou un buisson ardent, les suicides monter, je les sens sans les redouter, ni résigné ni impatient, attendant la prochaine impulsion, la mauvaise nouvelle qui suivra, la déception ou la trahison. J’attends un événement, ici, parce que la gravité du geste demeure, je dirai l’événement. Désormais, d’ailleurs, comme pacifié ou indifférent, ne me centrant que sur la pousse de ces fleurs, métastases ou tournesols, je ne souhaite plus briser. Dans ce qui, auparavant, s’apparentait à un meurtre et aurait entraîné dans la tombe, les autres, au sens, parfois juridique (Chloé  qui, elle, devra rendre des comptes), rendant leurs vies impossibles ou presque, par l’humiliation qui en aurait résulté, pour Esther, H., Marine Simon. Les gens oublient, trop facilement, leur passé et les marques que celui-ci laisse, se croient, à cause de ces amnésies, protégés. Terrifiante, la vie, parce que des actes - je ne parle pas de moi - innocents peuvent, déplacés dans d’autres contextes, présentés à qui devrait les ignorer, briser de honte. 

 

Dans le manga Kingdom, dans la Chine féodale, le personne de Shou a vu son visage, enfant, brûlé par un aristocrate pervers, il dissimule, en permanence son visage sous une cagoule pour s’épargner le regard des autres. Pourtant, lui, innocent de l’immonde blessure, la porte avec honte, et, chaque fois qu’il expose ce visage, déplore, tristement, que les réactions, jamais ordinaires, soient de répulsion ou de pitié. Or, pourtant, cette honte de ce qu’il est une victime le force à cacher, ce visage défiguré, son passé qu’il porte. La marque. Nous devrions briser la honte. Je repense avec un peu d’effroi à ce que la première inquiétude de Marie-Anaïs ne fut pas pour moi ni pour l’autre, qu’elle fut pour la réputation et la crainte que tout ceci soit porté à la connaissance de sa mère. Ce premier réflexe, ce premier mouvement racontait déjà la suite, ce n’en était pas le prologue mais la chute. 

 

Aucune vengeance ne m’anime plus, cette route, nouvelle, ouverte, avec ses cordes ou ce vide, saut à l’élastique sans l’élastique, s’est vidée du reste du monde. J’y vis, côtoyant l’acte en suspens, l’événement a déjà eu lieu, c’était le 1er mars, ce décret qui n’attend plus que son paraphe, sa pompe, son rite.  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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