07 novembre 2009

Allons voir mignonne...

Dingue. J'ai la gueule de la nuit pour que me causant tu imagines qu'elle entende la supplique et les plaintes, puis vienne bercer tes soirs et en faire des matins, orgueilleux/merveilleux, des merles moqueurs accrochés à tes yeux las ? Qui ploient, battent, et sans ailes s'entredévorent le sommeil. Moi je n'ai pas le temps de dormir, moi j'ai le temps de piller, voler, d'organiser des détentions. On a chacun pile comme on mérite, des prisons suisses, des boucaniers hurlants, Bruant, des culs brûlants, des seins, des bouches, et tout béant ouvert. Fais gaffe, à voir derrière l'insomnie mes membres tragiques tu vas tomber amoureuse, et de moi, c'est toujours très bas, vil, sournois. La chute, c'est moi, j'ai tout un épisode biblique qui part de mon nombril en mille cercles concentriques jusqu'à clouer Christ, à bombarder Port-Royal,à assassiner Henri IV. Ravaillac, c'était mon frère. Je peux tout faire avec du verbe, avec ma voix d'angelot qui sonne comme une cloche : les baptêmes, mariages, enterrements, tu t'imagines ce que j'y mêle moi, la vie, la mort, la renaissance, tout ça en un octave, en deux silences, hop. Vas-y pends toi à mes muscles. Fais gaffe mignonne, à pas trop t'approcher, je manie la foudre qui me tourne autour des yeux, j'ai le coeur buté sur un bâton de merveilleux, j'habite un vertige. Mais j'ai pas envie, ça m'intéresse pas moi, tes yeux, tes doigts gourds, et quand je dis tes yeux, je dis ceux de l'humanité racoleuse, je dis la foule rieuse et la mélancolie furieuse, je dis le monde et l'insomnie. J'ai divorcé des gens sur ma butte. Je suis riche, très riche, -comme Bruant- j'ai des soutiens en or, des baleines d'argent, des armatures en uranium, tout un cancer de fric suisse dans la gorge, je peux chanter un hymne à la vie. On me voudrait plus sobre, mais j'aurai toute la mort pour décuver ma vie, et toutes les ivresses que je vous ai pris. Toi, tes yeux, ton ventre, jusqu'à ta matrice stérile je connais, jusque derrière la peau, si retournée qu'elle exhibait le foie, le ventricule, les os, et les poumons noircis, ouf, et le pancréas, estomac, intestins, je sais ton anatomie, ton architecture en vrac, mille fois je te possède, mille fois je t'oublie, parce que je me souviens des détails, de la lumière qui jette ses reflets au plafond, le soir, ouf. A la fenêtre, Crowne Plaza, Bruxelles, des photographies, ouf, la nuit à quatre pattes, ton chapelet qui attache les perles de ta misère au ventre, ouf, les larmes,les baisers, les adieux, et Avignon, et Loison, et Chatou, et Boujan, et Montpellier, et Lille, et Bruxelles, et Genève, et Nice, et Pornic, et Leucate, et Grenade j'ai un abécédaire de villages et de montages, j'ai été de A à Z sur des corps de fillettes, j'ai tout l'univers entre mes doigts. Mais j'ai arrêté, quand j'ai vu que tout le monde pratiquait je me suis mutilé le visage, j'ai défiguré ma séduction, c'est traitre, et c'est pas joli, tout le monde fait, du plus ignoble à la bouche tordue ou poète transi de douleur. J'ai decidé de naître Louis XIV, je vais être soleil couchant, crépuscule, et puis la Cour, on jouera Molière et on l'interdira en même temps. Allez Solène, file, ouste, fais attention à mes postillons ensorcelés quand j'hurle ma vie, quand je clame mon être, c'est tout empoisonné, ce sont dix comètes qui jaillissent de ma bouche. Je suis avec du désir dans les membres, les phalliques et les autres, j'ai dix femmes orchestres, une flute et j'y colle ma bouche, un piano femme tendre sur lequel glisse mes doigts. Tu sais toi, combien c'est facile pour un pianiste de faire jouir une fille, et ses dix mille nerfs comme les cordes du piano, sa peau comme l'ivoire du piano, ses gémissements comme le cri du piano, tu sais ça, d'une caresse, j'en arrache dix sols, dix planants, et des la, des octaves, et puis même un dièse, un dièse qui jusqu'à Kaboul fait jouir les femmes sous burkah. Y a pas à accorder une fille, y a juste à lire sous la peau, les nervures, les veines, les souffles, et puis ça crie facile, et c'est du plaisir insignifiant, alors que la musique, Solène, la musique quand ça monte dans l'atmosphère ça fait des fusées qui s'écrasent sur la Lune, la musique, ça s'élève, ça fait bien attention à tout ramasser les notes. Alors pourquoi tu me causes, c'est un peu de la solitude, dans tes silenecs, et tu croyais, que t'allais là dans tes nuits m'enfermer à double mépris dans tes cellules d'emploi du temps. Non, t'as d'autres gens, alors moi, parce que j'ai cette gueule de poète, et c'est pas tous les jours qu'on croise un authentique génie, un qui peut faire naître la flamme d'un verbe, vas-y dis moi ce quej e frotte que j'en fasse un poème symphonique. Ah la musique, la musique, et je te réponds avec du retard moi l'attentif, moi le patient, parce que je faisais cracher une flute des gémissements, parce qu'avec la langue j'arrachais des sanglots puissants à un corps tout fragilisé de détresse. Au revoir Mlle Jardy, au revoir So, ou qu'importe qui tu es. Donne moi des nouvelles de tes insomnies, que je m'amuse à les découper en tableaux, à cracher de la peinture. Je suis trop grand pour l'Univers, alors je le porte dans ma poche.

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28 octobre 2009

Je bande encore.

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Et ils auraient voulu que plus jamais je ne bande ? Ou moi ? Que je ne bande plus pour ressembler un peu à ce continent d'eunuques ? Hé. Faudrait voir, les parfums, faudrait voir toutes les entêtantes extases que je louperai, moi, à plus bander, faudrait voir comment c'est doux un dos animal, comment c'est chaleureux des seins de fer. Je fonds, je glisse, je tremble, et je suis assis sur un banc de lumière, au milieu du désert, c'est violent de couleurs et les yeux doivent s'habituer à la vigueur blanche, le regard, sorti de sa chambre noir, discerne derrière les barreaux pâles, des formes, des corps, des dévastés et puis des droits comme des chênes. Je rêve d'incendie, je rêve, de faire gémir la terre, et puis les murs, et enfin les miroirs, qu'avec toi ma C. (et c'est par respect que je ne dis rien de ton prénom) on fasse pleurer trois cent voisins. J'ai l'habitude, des gémissements, moi, ailleurs, en bas, en haut, droit, fiers, et puis on irait sur une jambe tant qu'elle est dure, tant que je bande, je peux conquérir l'Univers. C'est mon risque l'impuissance, c'est le danger d'avoir tout son talent contenu dans sa bite, là juste au bout, et ça rouille d'être dressé toujours aussi colérique, un talent, ça fait mal à force, le sang qui caille. Vous avez déjà entendu ma voix ? Elle est calme mais frénétique, elle parle toujours de bazar, et puis de folie, elle parle de murs qui montent, des flammes qui viennent fondre le ciel, et on appelle ça la cendre, et vous avez le corps tellement mort que vous ne savez plus si c'est chaud ou bien, si c'est froid, et vous mettez des masques le matin, vous en mettez trois différents, un sur le ventre, un sur les yeux et un du mollet aux orteils, et vous êtes contents. Et pourtant y a pas Ensor dans vos têtes, y a pas la folie de vieillards hurlants, de clowns inquiétants. Le cirque est un loisir, l'enfer un mythe, et les deux sont en moi, je suis une légende tout seul, je suis un poème, une symphonie, une musique qui vous effraie, et vous avez peur de moi, parce que vous savez bien que ma salive empoisonnée vous mettrait par terre, allongés. On peut mêler nos fluides, échanger nos sécrétions, comme desnuméros de télephone et enfanter des bêtes à cornes, des peurs. Césarienne pour bête immonde. Ma voix vous la voulez ? C'est là 06 75 84 70 47. Attention, partez, c'est léger ma voix, c'est comme un flocon qui tourbillone sur un visage, qui se pose et vous brûle, vous dévore, ça fait tout avaler, ça fait fin à toutes les lignes, à tous les paragraphes, et y a pas de virgule, y a pas ponctuation dans la vie et je parle comme je vis. J'ai pas de frein au verbe, j'ai que des vitesses, des plus, des envies, des associations, de smots, des alliages, alors je mets quoi là, dans ma chimie, c'et quoi le substantif magique, l'alchimiste d'aujourd'hui, la poussière de demain, merde, quoi, je ne mets que du cri, ma voix brise les os, elle écarte les mers, ma voix, elle fait tout ça, pleurer les femmes et puis rire les enfants. C'est pas du zozotage, c'est de l'assuré envolé. Je parle du poète à la voix de lyre, du fou au cri de tambour, et moi, moi, j'ai la voix de l'azur, qui passe, qui file, traverse, et vous pend. Y a pas de formules en littérature, j'en claque comme des aces, je les balance, je suis une machine à les servir, mais je suis DANS LA BANQUE D'INVESTISSEMENT MOI MONSIEUR? JE COMPTABILISE PAS LES CHIFFRES JE RAMENE PAS LES CLIENTS? MOI JE SIGNE ET CA DEVIENT SAIN, ON SE REND PAS COMPTE SOI COMMENT UN AVOCAT JURISTE JUGE LEGISLATEUR CA A TOUT POUVOIR. Chaque article du code civil est une lettre de cachet. CA FAIT QUOI ? ? ? ? ? CA TROMPE CA MENT ? Et d'un mot, d'un souffle, d'un vote, d'un paragraphe, d'un renvoi la même pensée, la même volonté qui asservit, qui assujettit, qui ravale, qui rapièce, la même exactement la même, d'une ligne peut mener au trou ou au sommet, c'est ça le juriste toute sa vie se consacre à justifier la pensée odieuse. A tenir en équilibre entre le légal et l'illégal. Sur une jambe il risque la vie des autres. C'est marrant, on se sent un peu général, tous les jours à la banque c'est Verdun. Le droit, la morale ce sont des prisons pour imbéciles heureux, l'honnêteté est un vice de pauvre et c'est pour ça que les pauvres sont pauvres, il faut bien leur faire admettre le bien et donc le paradis pour qu'ils acceptent d'être pauvre, de pas savoir comment c'est de savoir, de jouir. J'ai les jambes qui tremblent. J'écris avec les jambes ? J'écris avec le corps, et vous ne pouvez pas saisir quand vos vies sont en ordre, quand vos emplois du temps vous mettent à genoux, c'est pas innocent si chaque cadre de l'agenda s'appelle cellule. T'es enfermé volontaire. CA doit faire bizarre le matin, de verrouiller sa propre prison, d'éteindre sa propre lumière pour vivre dans le noir avec des yeux abominable,s avec des peurs de gosses.
J'ai oublié d'être con, j'ai plus envie de rien, mais je bande encore, je bande encore et j'ai des rêves, comme un loup au milieu d'un chenil, parce qu'il aime les chiennes. Mais j'ai toujours des dents, j'ai toujours l'instinct de malfaiteur. Je n'ai besoin que de ma C., qui m'attendrit l'être, me fait léger, et le ciment, et le béton, et le bitume, et tout ce qui goudronne les plumes et puis la grandeur, elle l'allège, c'est de la mutilation, de l'amputation d'horreur, je suis plus grand. Après. Oh ta bouche. Je lui donne un prnéom tu permets ? Promesse. J'ai la voix de l'azur.

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24 octobre 2009

Je n'ai fait que fuir

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    Toujours être ailleurs. S'en aller.
     

    Ca m'agace la foule. Encore.

    J'ai ouvert mon moleskine. C'est amusant qu'aucune ne le devina sous mes épaisses poches, dans mes valises, sac, ce petit carnet de 10 cm de haut, plein de mythes, de minuscules lettres, des déliées à peine formées. Je l'ai ouvert, et j'ai trouvé des dates, des amusements.

    2 juillet 2007 :

    6h37
    J'attends à la gare de Lens mon TGV. Le brouillard de Loison fit une cape autour de mes épaules. Le temps est complice de mes fuites, il me nimbe de sa grisaille. J'ai volé la mastercard de Jean, celle d'Emilie. Je n'ai pas trouvé celle de Sophie. Le chien a aboyé. J'ai tourné la clef, lentement, dans la serrure pour ne réveiller personne, j'ai descendu les escaliers à genoux pour ne pas les faire ployer. Que le bois soit muet et les murs sourds. Je suis parti, avec de l'organisation dans les poches. J'arrive à Paris. Je suis bac+1.

    17 juillet 2007 :

    J'ai craché tout mon mépris, tout ce que j'avais dans le ventre, d'ordures à la gueule d'Elodie, tout l'uranium digéré, toute la saleté qui me fait dedans des caprices ravageurs. Je lui ai mis dessus comme mon foutre sali, comme la noirceur de tous mes sens. Elle a chialé. Je m'en tape. Pauvre conne.

    Décembre 2007 :

    Wendy est venue chez moi, en silence, dans des pas de laine. Papa était devant la télé, Papa qu'elle crut mort, que je déguisais, avec des parfums de poussière, d'absent, que je glissais du vide sur ses yeux. Papa était par terre, et je lui ai dit à Wendy, pas un bruit, des esquisses de mouvemnt, du mutisme, vas-y allonge toi. "Marion..." "Tu m'as tué chéri". Pardon, c'est l'habitude de simuler, dissimuler, le texte, l'oreillette, l'absence multiple. Chut, tais-toi, tu n'existes pas.

    Samedi - printemps/été 2008 :

    Je suis parti doucement de la chambre, sans faire craquer le lit. Wendy était nue, sur son flanc, endormie. Les images de la télévision brésillaient, coloraient. Il y avait du bleu pâle au plafond. Elle n'a rien vu, rien entendu des mouvements saccadés de ma fuite. Quelques secondes avant, quand las, déjà, quand las trop de fois, je me réfugiais dans mes silences, elle avait mis ses doigts autour de ma bite, que le sang circule, que le sang me jaillisse dessus. Qu'elle sache un peu comment ça fait, de vivre, d'avoir le sang tout contenu, des règles qui vous saignent dans le désir. Ca a marché à demi. Elle a des vertus que j'appelle des vices, la mignonne.
    00h30. Je prends les clefs de la chambre que je dépose dans la salle de bain humide, je les dépose là pour que sous l'auréole de pluie, de gel, il y sue des larmes. Qu'au réveil elle les trouve toutes trempées, dessous de l'eau qui coule, circule, de l'eau qui gémit un peu. Elle se réveillera et je ne serai plus là. J'ai ouvert sa sacoche, très précisément, j'ai pris 25€. Devant son appareil photo et son ipod j'ai hésité (comme elle hésitât un jour) puis j'ai eu peur, peur de son père, peur de son noir. Je me suis imaginé son père que j'imagine avec une voix de tambour. Certains poètes sont des lyres, des accordéons, des violons, lui je l'imagine acteur époumoné, tambour. J'ai pris un peu de son argent, oublié Maggie Cassidy, laissé sa richesse technologique. Qu'elle vive de son bruit, sa prétention, ça ne me regarde plus on ne se reverra pas.

    Août 2008 :

    Elodie, ma belle Elodie est toujours là, malgré les cris, malgré mes rages. Elle m'attend, elle est venue à Paris "un peu pour toi". C'est fou. Je la croise avec Marion, je la file, je l'organise, je la fragmente en petites cellules qui s'intègrent à l'emploi du temps. Jardin Du Luxembourg-Ophtalmo--Palais de Tokyo-Marion-Père Lachaise-Maison d'Elsa. C'est fou, ces gens qui restent, qui demeurent, comme si j'avais en moi une lumière invisible et nécessaire.

    Mars 2009

    Avec Marion, c'est fini, je me le dis depuis un moment, il faut juste faire rompre ce qui trop plie, ce qui met du terne, du gris dans mes yeux. Elle m'ennuie, je dois organiser la fin, la structurer, mettre de l'architecture, du planifié soviétique, de la charpente aride pour tout soutenir les au-revoir. Son père n'est pas là. Nous avons les clefs, nous y dormirons. J'ai tout pensé. Avec un bruit de rasoir, quand elle se touche sous la douche, j'ai volé son GPS. Sans scrupules, aucun, jamais. Je l'ai pris, rangé dans mon sac à dos vert-fond cuir. Je le vendrai (note du présent : 219€). J'ai déjà récupéré mon Rimbaud, je sais que c'est fini, mais moi je ne quitte pas, pas vraiment, j'attends que les choses meurent, qu'elle serpe le pied de vigne, vendangés les vins de l'abandon.

    Avril 2009 :

    Avec Wendy on s'est revus, plusieurs fois, avant. Malgré ce départ la nuit que j'ai dguisé de mes névroses, que j'ai travesti en alcool. Fiole à purin. J'ai violé l'hôtellier. Je suis parti sans payer, sans rien retirer d'argent, certes. La dernière fois -avec Wendy encore- je l'avais escroquée la pauvrette de 65€ d'une nuit que je ne payai jamais. Marion m'a quitté avant, quand elle découvrit trop nettement les passions qui m'unissaient avec Christine. Dont elle ne devinait pas le quart. Tant mieux, elle est mieux seule, surtout mieux après moi. Je l'ai transformée, en mieux, elle doit en être ravie. Wendy, je l'ai volée, ses jeux (revendus) ses livres.

    Eté 2009 :
    J'ai un peu troqué sa bouche contre du fric. C'est sale le pognon, des dommages et intérêts à ses douleurs morales. Voilà. J'ai clos deux ans, la mâchoire cousue. Je ne l'ai pas rappelée, ça frétillait sur mon être, mes os ployés de fruits las, de branches coulant, liquides et juteux. Je n'ai pas rappelé.
    Pourquoi m'aime-t-on ?

    Je n'ai fait que fuir, m'en aller par les routes qui ne croisent rien. Je crois que je n'existe qu'à peine, sur les ventres, les seins, les yeux et quand aujourd'hui je n'ai de désir que cimetière, je fais quoi ? Je vis où ? Quel désert ?

    Narcisse défiguré.

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02 octobre 2009

P

Pas envie d'écrire. J'ai tout un carnet de sensations, avec des chiffres, des dates, des femmes qui font ployer les lignes de leurs trop lourdes poitrines. Ouais. Pas envie d'écrire, je tiens ma vie dans un journal étroit. Je fais plus trop dans le glauque. Demain je danse, un peu, le chacha, contre des miroirs immondes, dans un souterrain où l'on vit bien. Alors je m'abandonne moi, je me tais, beaucoup. Je peux dire quoi. Je peux dire ça :
Si tu doutes de l'enfer viens faire un tour dans ma tête

La beauté excuse la médiocrité. Le talent excuse la laideur.


Pour s'endormir certains hommes baisent, les moins chanceux et les mariés se masturbent. Moi j'écris. Mais je n'écris plus, alors je ne dors plus en conséquence.


Je rêvais de mettre l'humanité à genoux pour qu'elle -rampante, toujours- prenne un peu de hauteur.


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16 septembre 2009

Le club des cinq

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Pourquoi ne pas se pendre quand on est vidé de violence, de puissance, de tout l'Univers qui craque ses articulations entre chacune de vos dents ? J'en reçois dans mon théâtre, moi, des petits acteurs qui s'époumonent sans souffle sur la saynète de leurs os, oh les petits rodomonts qui déclament des lignes, des pages, de l'encre. "Je récite". C'est de la poésie primitive, c'est Lascaux en vers, du Jean De La Fontaine mis en glaires. Merci pour eux. Il y a une femme dans ma vie, qui a une initiale reine, qui arrive comme ça, qui a déposé sur ma bouche ses habits, pour qu'ils y fondent, pour que sa nudité me fasse le corps et le gland incarnat -il faut le décontracter, je n'oublie pas- elle a deux empires qui se dressent à la place des yeux, deux empires de beauté conquise, de plaisirs obscurs, et d'une légèreté qui me rend balourd. Elle est si légère, si fine, que j'imagine que même mes muscles ficelles peuvent la faire tournoyer, que sans le verbe, juste avec mes forces, juste avec ma vigueur d'enragé écumant, je peux la faire s'étourdir contre les étoiles. Ouais, c'est comme ça, pile ici, de la douceur sans mièvrerie, c'est étonnant une ivresse sans liqueur visqueuse, sans mesquineries ni ennui. J'aime. Avec mon corps de Midas aux mains de feu.
Chez les autres. Dans vous foules identiques, visages trop visibles j'ai des interrogations. Des petites questions entre grincheux qui m'incubent dans la tête. C'est un bacille solitaire. Une peste bleue. Ah ! Imbéciles. Pourquoi vivez-vous ? Offrez donc à vos corps une sublime jouissance, femme, donnez à vôtre être pâlissant de l'extase à faire pâlir le plus acharné des amants. Sautez du haut d'un pont. Puisque toute votre existence n'est qu'un prétexte à l'orgasme, une volonté toute nette de baisouiller dans des coins. Vous êtes une souffrance triste, une douleur froissée. Une insulte.
Tes clous, toi, médiocre, c'est où que tu te les enfonces, dans quelle chair ? Quand t'es femme c'est à l'entrejambe, de sentir du rigide dangereux qui te saigne dans la peau. Oh, Oh, arrache toi donc des sanglots de plaisir, gémis contre toi-même.
Tout est bas. C'est Bourgeois. Pas de tragique dans vos vies ; du burlesque. Je me dis, quand même chéris et chéries qu'il vous faut du violent, des trucs qui vous renversent le dedans, qui font s'inverser les ventricules, à droite tu pompes, à gauche tu envoies. C'est une métaphore de la sexualité, le coeur. Scindé en deux "foudroyés à la naissance" murmure Platon.  Allez, pour la violoene, les macs font bien ça. Vous pourriez avoir facile, l'excuse à la déchéance, le corps sur le trottoir. Ca permet même un style de vie. Pas très bobo, mais on peut rouler dans des berlines et se faire mettre dans une camionnette. j'ai décidé de décevoir aujourd'hui, de faire gicler de l'exclamation, de passer du verbe tendre, mou, au membre dur de l'archer. Je fais du violon et je joue des mots, haha.
C'est qu'il y a trop de fantômes dans ma nuit, trop qui exigent que je sacrifie des lignes, que j'aligne des pantins aux lignes, que je les attache à la marge une couronne d'explosifs pour le crâne. Et que ça saute ! Qu'on fasse une farandole des chairs répandues, des corps agonisants, des imagines pitoyables que je sue. Mon écriture est sudation, je suis les éléments, le feu et puis le lacet de foudre qui vient vous étrangler au sommeil, la secte qui brûle vos frères et la religion qui enterre vos parents. Droit dans mes bottes de S.S, c'est direct pour M.. Pardon pour l'obsession, c'est la frénésie des yeux bleus les volutes de votre brume. Vous avez vu ? Tu as vu foule, que dans mon moi, il y a de l'autre initiale, je dis Je, à travers un prénom aux yeux clairs -pas pâle, jamais pâle ils sont trop faits de vigueurs, de mers auxquelles j'éjacule le feu, hé-. Narcisse défiguré (il faut que mes petites lectrices amatrices de bons mots puissent aussi se toucher Monsieur Phillippe, Mademoiselle la Belle, et puis pour Tristan aussi, et Frida qu'est plus trop Margot, tous ceux qui valent quelque chose en somme. Vous êtes quatre. Je peux pas être bâtard pour faire de la littérature de jeunesse, mais chacal je peux essayer, on fera un club de cinq) c'est moi, moi qui me cherche dans les cicatrices, dans toutes les cicatrices imbéciles qui couvrent l'Univers. Je suis l'Univers. Vous savez Philippe (je fais dans le demi-tutoiement par le prénom) j'ai besoin que vous rasiez mon style, que votre lumière (nous sommes amateurs du même vers d'Hugo) pèle ma flamme. Voilà c'est dit. Je vous dédie ceci -je paye mes lecteurs, c'est un modèle économique à étudier pour les majors productrices de moindres- "

Ma vie est un torrent merveilleux, j'ai mille bras, parce que je suis l'Océan et ses affluents". Giflez moi, mouchez moi. Je m'en branle, vous voyez bien, je mets du foutre partout. Pardon pour la déception, pour le talent autodestructeur, pour l'espoir un peu idiot qui râle. Je vous estime, et pourtant il faut oser décevoir pour grandir. Arrosez moi. Vous ne crachez pas vous, c'est moi qui fait ça, quand je ne bave plus, quand j'ai acquis la technique pour transmuter ma bave en crachat. Et ceci je vous le dois à vous et Genet. Genet a son nom au Panthéon, il y pousse et s'y élève sans cesse. Cent de ses soeurs désorganisées, brouillonnes, sur lesquelles on ne marche pas.
Je m'en tape des petites médiocrités qui encombrent le présent. Des bouffons ordonnés qui s'agitent et rêvent en uniforme d'originalité. Qu'ils s'enculent entre petits seigneurs de la veulerie ordinaire. Priez pour la sève du poète. Je cause aux contradictions, je parle au mensonge derrière les yeux qui collent d'ennui. On ne guérit pas de la médiocrité.Au mieux on oublie par rasades de vodka, par rail de C. à la colle ou au white spirit. Déchéance, tout est déchéance.
Qui avale la couleur des yeux gris, livides de la foule ? De ce visage unique, reproduit en série, elle est où la manufacture de l'original, du style et de l'identité. J'ai tout un convoi de dynamite à lui adresser très cordialement. Du feu à vos cendres. Je suis de la race des enragés, alors petite fille je ne supporte pas, je ne supporterai plus jamais  l'eau croupie de quand tu mouilles -depuis que j'ai la Mer. Il n'y a que dans les yeux, dans les mains qui déshabillent ma pudeur, qui enroulent la tendresse maternelle autour de mon excès, que j'écoute, il n'y a que là, quand ma flamme déroulée, un peu hirsute, ne trouve rien à brûler que douceur que je retombe. Un pâmé en terre brûlée.
Y a que toi dans mon noir, toutes les lumières -pas les blafardes, pas les lampes torches que sont les croyances des groins- ont ta peau. Je les lèche, toutes. C'est un acompte sur le plaisir.
Toi foule, toi individu, est ce que tu veux demain que je t'étrangle avec ma chaîne de vélo ? Que je t'enfonce ma plume trempée dans mon sang au profond de l'artère. Te contaminer du même délire que moi.
J'en ai entendu cents infatués, des maitres suffisants me clamer "je m'épanouis dans le chaos" et ils n'en savent rien du chaos. Le chaos c'est une galaxie qui vous fond sous la langue comme une goutte de cyanure, le chaos, c'est de vomir son acide sur la feuille et d'en voir sortir une eau-forte. Le chaos c'est une lutte, une perpétuelle, ce sont des flétrissures qu'on ne compte pas et qui vous fleurissent aux entrailles, ça vous transforme en champ de mines, en tic-tac affamé de secondes, le chaos ça vous fait de la course et pas trop de virgules -ni ponctuation- dans les mots.C'est du Proust sans Proust, le chaos. Eux, les très fiers, les complétement satisfaits s'amusent sur des décombres qu'ils appellent chaos. Compléments au néant, mariés au vide, quel joli couple. Mignon entre voir dans mon nombril voir si le noir a germé. Dans ma tête c'est la guerre, en attendant l'armistice je participe. J'enrôle. Je meurs. Je bombarde. Salut Dresde, salut Verdun, c'est combien de trous, de bombardiers, d'obus, d'acier déchainé encore. Je m'ennuie. Dans l'excès même il y a de la monotonie.  Je vous proposerai bien une cicatrice mais sur vos corps vierges où vous dessinez des traces au stylo, des petites blessures, des imperceptibles mouvements de douleurs. Vous sauriez où accrocher une si belle balafre ?  Mauve en plus ! En mon royaume c'est une décoration militaire, c'est ma croix de feu, j'ai toujours été un peu fasciste. Et une cerne, une cerne vous en voulez ? J'en ai accumulé dans mes nuits terribles, dans ma lutte avec elle, la nuit, et son corps osseux.

Encore toujours, quelques bouffons, une Cour, je ne parle pas de moi, je parle de toi foule, foule avec tes yeux indifférents. Grise, tu es le ciel de Paris. T'as des rides plein l'intelligence. T'as toujours été vieille, tu es née vieille. Fritzgerald n'a rien inventé, il a recopié la foule qui ne rajeunit pas. Fontaine des flétrissures, et avale ses tanins, et avale ta piquette et dis moi que c'est du cheval-blanc. petits vins pour petits humains.

Vous savez, moi quand je passe devant un miroir, je vomis, c'est pour l'hygiène, devant ma gueule. Et eux je sais très bien le rituel, quand ils n'arrivent pas à sauter par dessus le reflet couvert de sale, et bien, eux ils pâlissent. Ils rougiraient bien, mais ils n'ont pas de couleur. Ce sont des individus délavés qui ne savent que disparaître un peu plus, un peu mieux. Ca ils ont appris à se dissoudre -ils sont diplômés-, à se cacher -non derrière les mots, les leurs sont faméliques, efflanqués, c'est la Somalie dans le lexique- sous l'apparence. A force de leur vomir dessus on finira bien par les faire transparents.

Ma peau ne cherche plus les coups, mais ta bouche, et je m'en veux de la glisser là, de la faire reine de ce tas de cendres, de ces cadavres desquels je prends les dents en or pour lui forger un bijou, un trésor. Pardon à tes charmes, d'avoir besoin de concentrer la bêtise en cent lignes, de faire tourner la folie et toutes ses balles, toutes les munitions des sens pour t'apprêter. Ce soir on sort boire un peu d'infini, sortons nus.. Ca nous coule des bouches. Elle a pas encore dit oui la belle, et j'ai les doigts gourds mais sournois. Je suis traitre et elle préférera mes mains caressant ses vices qu'étranglant ses vertus.

Aux imbéciles, désolé pour la guillotine, les têtes à claque je les décapite.

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10 septembre 2009

Immoralité.

"Je suis un gosse très morveux, très délinquant. Pas au niveau d'un Genêt mais je me débrouille dans l'immoralité"

Moi.

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08 septembre 2009

Pulsions

Viens me chatouiller les pulsions que je t'abîme.

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03 septembre 2009

Romançons.

Chaque fois que j'entrepris de conquérir le corps d'une femme je lui suggérai que son coeur recélait d'insoupçonnés trésors, de sortilèges que seuls mes yeux hyperlucides pouvaient leur révéler. Je plongeais la main contre son sein pour en retirer de fabuleuses images, des à la faire danser contre sa propre imagination, à faire corps avec son propre corps ! Elles n'en pouvaient plus, les pauvres, de ce visage neuf qu'elles crurent voir dans mes doigts agiles qui bientôt, descendant plus bas, leur montreraient d'autres extases.

Chaque fois, j'agissais avec sournoiserie, probablement bus-je enfant à la même coupe -empoisonné par le christianisme- qu'Eros. Me voilà aujourd'hui rendu vicieux, avec les membres durs comme le coeur. Mon verbe qui se cognait à leurs lèvres n'avaient qu'un dessein, les violer, leur jouir à la bouche et pour se faire je sapais leur identité, la confiance qui tremblait déjà dans leurs yeux. Les lettres de fièvre que je leur envoyai ne se destinaient qu'à les engourdir par la poésie à la manière des meurtriers antiques qui plutôt qu'assassiner par de violents poisons l'Empereur à déchoir, lui suçaient toute énergie par de légères aspirations pile contre les facultés -les courtisanes excellaient en la matière. Si bien, que l'Empereur ainsi affaibli, débilisé, incapable de tenir en main son sceptre métaphorique, tremblant en évoquant cet Empire qui s'étendait de frontières toujours renouvelées, finissait par être chassé du trône et du Panthéon.

Mes femmes, ces femmes, toutes qui pareilles à Narcisse cherchèrent à se mirer -et donc à s'aimer- dans le reflet de mes pages finirent frappées d'un aussi triste sort. La marée du verbe est plus surprenante que l'on peut supposer, et il s'y déchaine parfois la fureur d'un torrent qui engloutit tout, toutes les forces, tous les espoirs qu'elles réunirent en vous, cette peau neuve qu'elles admirèrent, que j'avais aimé chez d'autres. Elles ne nommèrent que les fleurs qu'elles perdirent.
C'est ainsi que je guidai mon existence, de corps en corps, comme des barques stygiennes, avec des manières d'escrocs à faire passer les écrivains américains pour sincères, à faire passer leur style immonde et vénéneux pour l'expression de la plus pure émotion.
Voilà, ma vie, elle débuta contre le sein d'une femme, ma mère, pour toujours errer contre la pâleur d'une autre. Mon corps glacé, de ce sang-froid qui me prive d'énervement et n'offre à mes ennemies que des colères sobres et méthodiques comme le canon d'un pistolet, pour se réchauffer devait chercher la chaleur de ces corps. J'allumai des brasiers, deux flammes rougissantes aux pupilles, juste pour que la nuit soit moins effrayante, que j'y trouve le réconfort d'un foyer, d'un foyer qui changeait de formes de jour en jour, qui changeait selon l'appétit de mon ventre. Chacun se fie à la boussole qu'il peut, la mienne était taillée dans l'excitation et la pulsion, elle me guidait de femmes en femmes, de corps en corps de décadence, toujours la décadence, en orgie. Je l'appelais ma bite.

Je goûtai tant de charmes, tant de délices répétées, identiques que ma bouche pleine du sel et de l'Océan des femmes finissaient par vomir, par vomir de son propre désir. Ma bouche gonflait, rassasiée, prête à rompre de séduire de si infâme manière.

Chacune se crut unique, et j'enfilais avec le même étonnement -feint- le même masque sur dix milles visages. Les hiérophantes de l'étique médicale, eux qui babillaient sur les travers du clonage, ne surent rien de mes sauvages manipulations. J'offrais un corps impalpable à des femmes qui réclamaient d'exister ! Elles devenaient l'Univers toute une nuit et ma bouche, ma bouche chantait la formation des planètes, les explosions stellaires, elles sentaient la gravité leur remonter du bas-ventre, et leurs seins se gonfler d'envie, elles y voyaient des galaxies jusque dans leur nombril tandis que de cette cosmogonie s'échappait des râles, mes râles, les râles de mon extase, de mon sexe que j'enfouissais partout, qu'elle suçait pour en retirer des mots, encore des mots, pour se voir belle, d'une beauté puissante, d'une beauté qui leur faisaient tomber amoureuses d'elles mêmes. Elles ne couchèrent jamais avec moi ; seulement avec mon verbe -et ce corps que je leur prêtais. Le verbe eut droit à toutes les faveurs, à leurs vertus salies, vendues pour entendre un mot, un phonème sauter de ses hésitations. « Une virgule pitié » que je les entendais supplier pendant qu'à genoux je les immaculais.

Ces femmes ignoraient le calice qui me contaminât, elles ignoraient ma solitude et les dents de loup qui garnissaient la bouche du poète. Toujours prêtes à marquer, à enfoncer chaque millimètre de leur envie dans les chairs féminines, à les soumettre. La poésie est bondage. Je les assassinais à chaque minute qu'elles passaient réfugiées contre mon torse adolescent, désespérément adolescent. Je tatouais mes souhaits enragés sur leurs seins. Je les rangeais : classées, comme un éleveur organise avec fierté son cheptel. J'étais fier, moi, avec mon visage unique, imaprable, inchangeable, de mettre des belles à quatre pattes, de les faire sentir le parfum de mon vice, de ce vice qui hante toutes mes nuits sans elles.

Je voulais échapper à tout ça, à ces nuits qui m'arrachaient des sanglots silencieux encombrés d'un corps inutile -et je ne parle pas du mien. Je parle de celles-là, des rages que je partageais avec elles sans qu'elles surent grimper aussi haut que moi dans la haine. Elles n'avaient que des défauts, c'est à dire un vice sans ambition, un tout minuscule vice à la voix d'adolescent en mue ! Je voulais échapper, moi, à ce trou noir qu'ont les femmes, aux mensonges. Mais la solitude, la solitude, celle qui ferme votre porte à clé la nuit, celle qui vous colle du silence artiste dans les yeux pour vous empêcher de les clore, qui vous permet de suffoquer plutôt que de respirer, celle là est terrifiante. Elle est hantée de fantômes, de démons geôliers. C'est d'un enfer véritable dont je vous parle. Elles n'y crurent pas, elles, quand mes yeux perdus, ivres, tournoyant, jurant que j'avais vu le Styx, que j'avais vu des monstres cousus de blasphèmes. Alors je devais dérouler ma langue, les inviter dans ma tête. Et quand je le fis, chaque fois que je le fis, celles qui n'étaient alors que des victimes innocentes devinrent folles compulsives prises de soubresauts, elles hoquetaient de douleur à chaque seconde, elles crachaient, éructaient contre ces images que nous partagions désormais. Je n'offrais pas d'alliance à mes femmes seulement mes cauchemars. Pour les subir il fallait être vide d'âme. C'est contre elle que leur appétit se jetait le premier, farouche, ardent, il dansait avec ses fourches, avec ses têtes cent fois réinventées, avec la peur carnassière contre l'âme acculée, contre l'âme effrayée qui avait clos ses yeux déjà, qui se savaient bientôt gésir à l'intérieur du corps ennemi.

Je peux l'écrire. J'ai tué pour de vrai, juste avec des mots et mon sexe. J'ai tué pour de vrai, juste pour éjaculer dans la gorge d'une blonde.

La solitude, celle que je fuis dans leurs yeux d'automates -mes automates- m'effraie. C'est une hydre changeante, qu'on ne peut risquer de décapiter sous peine d'être assailli de milles peurs nouvelles, puissantes d'autres facultés, de légendes que vous ne saviez nommer et qui vous tue malgré tout.

La solitude, la nuit, me laisse les traces de nos combats sur les doigts. Mes mains sont pleines de cicatrices, de celles que je lui inflige avant des les arracher. Je n'ai jamais perdu contre la nuit, je me garde d'elle méfiant, avec des corps étrangers, des corps inconnus qui irradient la pièce de leur pâle luminescence. Je me protège, ainsi, avec de la chair nue. Je ne baise que des blanches aux yeux clairs, pour qu'elles chassent toutes les ombres qui m'envahissent. Ce sont mes briquets, mes lucioles qui virevoltent interminables contre mon ciel, le ciel très bas, voûté de ma chambre.

Je n'ai jamais pu dormir la nuit. Quand la paupière tremblait, je sentais les pas de la nuit menaçante, je la sentais avec son odeur d'agression, je respirais le sang de ses victimes déjà. Alors je sais, je sais tout d'elles, l'heure de son lever et celle où le jour lui succède épuisée de n'avoir su m'emporter.

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24 août 2009

Camé à l'esquinte.

Ca ne peut pas marcher indéfiniment de se camer à l'esquinte, il faut des drogues plus souples, plus femmes qui viennent mettre de la poésie dans la gorge. Je sniffe, je cherche à m'injecter directement dans la plume quelque saloperie poétesse, des muses en poudre à avaler comme une posologie. Soigner la médiocrité qu'on appellerait ce traitement fait de petite mort. Il m'en faudrait moi, des semi-remorque pour tout évacuer, tout cracher aux latrines ce talent nonchalant. Je suis un musicien sans instrument, je joue des mots, je les fais divaguer, ils sont là puissants, rageurs, s'élevant en fracas. Mes mots marquent chaque porte contre laquelle ils se griffent. Mes mots copulent de substantifs en adjectifs, ils muent, émergent, de l'un en sort un autre, c'est une rime interne, une meute hurlante, c'est une musique personnelle, tout est enfoui, tout est intestinal quand j'écris, quand je parle. Ma poésie n'est qu'un gargouillis. Mes yeux sont la braise éteinte, noirs, noirs comme la foudre que je vois se renverser dans ma bouche, noirs, noirs, comme la répétition qui grince avec ses cheveux fous attachés, séparés de chaque côté du mot. Une raie de milieu. Je crois, qu'ici, systématiquement, je vous mets à la vue des palindromes translucides et vous êtes surpris d'entendre les mots bruts ainsi chanter, ainsi danser. Le prélude de Tristan, encore lui, qui fait donner ses gammes, qui ordonne aux Walkyries, les Walkyries puissantes et enragées, de mettre le feu au théâtre, de mettre le feu aux rideaux. Ils ne tomberont plus ! la pièce doit à jamais être jouée, acteurs essoufflez-vous de déclamaisons -et ça m'appartient-, actrices mourez violées du verbe de vos amants. Et ça je le pique dans des veines d'ombre déguisées de lumière. Je vole, je suis un escroc poète comme Lacordaire en était un meurtrier. J'ai jamais eu le cran, moi d'enfoncer mon verbe dans l'omoplate de sentir le sang gicler comme l'encre du poète. Je jouis, je me cherche une muse, moi, désespérément je la traque dans les rues. Ne l'oublions pas c'est là le sex-toy du poète. Et pour construire il doit d'abord jouir, répandre homogène sa semence sur des carreaux imaginaires, la planter sous la peau des femmes au sourire de verre. J'en ai connu et je m'en fous, je m'en fous et c'est tragique de n'avoir de cœur que fossilisé, pourri, complétement vendu à la seule littérature. Je n'ai pas d'amante, que des objets, des jolis objets aux yeux pâles. Pas clairs, jamais, pâles et abîmés c'est ainsi qu'elles sont mes muses, abîmées, froissées, et je tente, moi de leur faire disparaître les plaies originelles, je tente moi de les guérir de mes mots thaumaturges pour ouvrir au coeur un nouveau cimetière où mon verbe gerfaut plongera ses serres, où mon verbe vautour pillera leurs trésors ignorés. Les femmes me suffoquent des fumées brumeuses qui s'échappent de leurs corps. Je suis malade, je suis camé, je VOIS le parfum, je ne le sens pas, ça n'a pas d'odeur mais une couleur, grise, veloutée, qui danse et s'enflamme. Je vois le parfum qui s'arrache des boucles et des croches il a la couleur des matins calmes, je le sens goutter, tomber, s'effondrer et se relever comme une pluie qui passe à l'envers. Je vois le parfum que les femmes crachent à chaque respiration et je m'étouffe. Je suis amoureux de tous les jolis corps, je suis amoureux de toutes les lignes que je vois dans leurs yeux pâles. C'est ainsi que je sens, c'est ainsi que je vis, je vois sur vos ventres plats des lignes, des milliers, des centaines de milliers de lignes qui me font bander loin. Et je me touche, je me touche pour écrire, je sens vos odeurs qui m'envahissent, je vous sens vivre en moi, mes enfants, mes victimes, mes disparues déjà. A peine aimées déjà oubliées. Je suis ainsi tragique qu'après vous avoir écrit je vous tue, sans sursaut, sans remords. Comme un avortement. Clinique. J'essuie de mon visage l'encre qui gicle de vous et je me rends dans la vie indifférent, costume rayé mais serviette remplie de nos traces nocturnes, de nos rages intimes. Vous toutes. Je n'aime pas, personne, ni toi, ni toi et toi encore moins que les autres je vous possède, vous êtes A MOI, et que d'autres glissent leurs organes dans les vôtres je m'en fous, que d'autres viennent s'ébattre petitement, vous arracher des sanglots d'extase, ne me touche pas, vous m'appartenez autrement, dans un corps impalpable et désincarné que je vous prête et vous reprends selon mon besoin, selon mon désir. Je te jouis dans la bouche, chérie, quand je sors de ma poche le stylo aux dents d'encre, je te jouis dans la bouche à chaque seconde que je pose la première majuscule de mon génie malade. Je suis navré, vous autres, amants fades, personne ne peut prendre ce corps que je façonne, cette armure sans chair que j'offre aux muses. Personne ne vous eût avant moi, personne ne vous aura après, je vous ai faites, je vous ai construites, chimères, homuncules, vous sortez des doigts alchimistes du poète, des forges biologiques de mon ventre vous n'avez de demeure que mes latrines. C'est terrible à dire, encore plus à hurler, mais je vous ai, pour toujours, pour toute les nuits à venir, vous n'échapperez pas aux cellules que je vous dessine, vous ne quitterez pas ce masque que je vous greffe. Qu'un visage, celui que je vous prête, qu'une voix celle du silence. Je suis navré, vous toutes, de vous oublier, de vous promettre le temps et de déposer à vos yeux le silence. Je suis navré de n'être que d'une autre dimension que vous, ma chair, mes sangs vivent à l'envers, autrement, je dessine avec des mots et j'ai l'Univers entre les mains, l'Univers bille de verre que je lance contre les murs. Qui se brise et qui me coupe la langue. Je saigne, je crois, je saigne sur l'Univers décapité.

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19 août 2009

Prends Garde à Toi

Je peux là écrire les pires atrocités qu'elles seront aussitôt dévorées par le maelström de tes doigts. Je pensais hier, "oh que j'aimerais percer la couche d'improbable, fouiller derrière les voiles -bientôt interdits en France- sous lesquels s'enfouit ton identité" parce que quiconque est doué de paranoïa ET d'une certaine faculté d'observation ne peut jamais que sourire à toi. Mais bref, je veux être ignoble. Sous mes Décombres : de l'homosexuel au tison flamboyant enfoncé dans les fosses à jouissance, que l'on marque au fer le sonnet du trou du cul sur leurs peaux ignobles, qu'ils brûlent jusqu'aux sang tous ensembles réunis dans un cloître devenu cloaque. L'incendie aux Eglises, aux chapelles, mais tout ceci est mort-né, c'est un embryon, un avortement, et certes je m'ennuie, j'ai peur, demain l'on me rase la tête pour que je marche au pas, et je lis, et je sors bien trop, et la nuit me dévore de son appétit gigantesque et des haines s'infusent, se répandent, me parasitent malgré moi.
Et je suis colère, et je suis envie. Appelle moi péché, chérie, je disparais dans une tombe sans croix. Maudit, maudits nous sommes et nous éructerons des mots ivres, des mots fous et des locutions malades, du verbe lépreux, de l'amour décomposé, tu vois bien tout ça tombe en morceaux. TOUS LES EDIFICES SONT DES RUINES, Chérie, ou Chéri, ou je ne sais pas, je n'ai jamais su lire le sexe d'un (cri du)poulpe, et le journal du voleur ne m'apprend rien. L'infâme je l'ai vissé au coeur, c'est mon étoile jaune d'étoffe impie, je passe dans la vie avec rage, faites attention je suis l'incinérateur qui vous happera tous, la mort au regard d'ange, la brebis aux dents de loup. J'ai le vertige fragile, j'ai la nausée déchirée, ce sont des mots à mélodie, tu vois, tu les ouvres et le verbe est devenu une boite à musique, et fragile, et déchirée elle s'élève la musique, elle frappe, elle ramasse le son qui lui tourne autour, lascifs les mots, lascifs ils attirent, charment les bruits qui rampent, comme les noyaux attirent les particules, c'est question de gravité, et je vois leurs yeux se plisser, je vois leurs corps se tendre, je vois les bouches, moi, les bouches incarnats roter comme des volcans au bord de la jouissance. Oh amour, oh homme, oh femme, mais je ne sais pas ouvrir les masques de fer, mais je ne suis qu'un monte-en-l'air au sang d'encre, je ne sais pas crocheter les serrures des visages étrangers. Je veux percer, avec mes doigts qui tournent, vissés dessus des forêts de 12, le métal qui te forme, et la main du forgeron la trancher ; ce voleur qui prit la couleur du mensonge pour tes yeux d'aube. Je prends de l'avance sur l'instauration de la charia. J'essaie de deviner. Mâle ou femelle, blonde et brune ? De quels alliages donc sortent tant de paradoxe, quel feu et quelle enfer servirent de forge à l'aporie ? Je peux écrire l'infâme et le bon, l'ignoble et le beau, que ça mourra au même endroit. Le fossé derrière les mots, juste entre la nuit et le jour, je veux que l'on m'enterre au crépuscule, que la mort de mes mots, ces seigneurs traitres, goûtent aux entrelacs du soir et de l'aube. Quelle jouissance plus extrême que la coalescence du temps, que le voir se fondre, se confondre, discerner au loin les teintes effrayantes de la nuit et la couleur apaisante du matin ? J'aimerais tous là, vous inviter dans ma tête que vous goûtiez dans votre éveil un peu de mon enfer, que je m'ouvre la poitrine pour faire sortir spectres diffus, idôles décapités, et anges cornus ! Je vous invite dans ma tête, ça ne se refuse pas, je déroule la langue, pénétrez moi de vos bêtises, sur le palier vos habits de médiocrité et le silence dans ma caverne aux bruits indistincts. Et si tu entends rire, pense que c'est le cri prochain de la mort. Le rire est la foudre de l'assassin annonciateur du tonnerre à la faux brutale. Attends toi à perdre la tête dans la mienne, à sertir ta peau d'or et de merveilles qui putréfiées te dévoreront les sangs. La pourriture est reine. Je peux tout écrire, n'oublions pas que le génie sait tout dire, j'ai trop d'images, trop d'images sous mon ciel déterré, trop de flammes pour mon corps barbelé. VOUS ETES MES PROIES ET JE VOUS MARQUE DE MES SOUHAITS ENRAGES. Je suis léger de quelques grammes en moins de vous, c'est le poids de l'âme réfugiée dans mon ombre. Je n'écris que d'ici, que de DERRIERE moi, ce n'est jamais ma face de poète qui vous cause, mais mon ombre, mon ombre et sa colère, mon ombre et son écume. Pour s'y rendre, loin là-bas derrière la dernière vague, chez les ombres bavardes, il faut un sauf-conduit "Poète vos-papiers" qu'ils réclament et je les brûle à la face du douanier, que l'on me refoule je reviendrai toujours, je me ferai un radeau de chair, je pagaierai avec vos corps désarticulés. Je suis infâme, je l'ai déjà dit, je fais grincer les mots, j'ouvre la porte et je détourne les yeux. Que l'on avale cette fiole de poison pour n'être que malade et plus jamais mort. Je l'ai été une fois, ça m'a suffit de remonter les fleuves d'oubli, de soudoyer les passeurs squelettiques qui exigent des pièces en or ou bien vos jolis corps. Pouah et de quoi se plaignent-ils eux avec leur peau d'esclave quand ils prennent d'assaut Ceuta ou Melila, quand ils crèvent par dizaines d'un radeau renversé ? Ils savent ce que c'est de se taire toute une vie pour remonter des enfers, de ne plus jamais déglutir de peur d'avoir dans la bouche une goutte de cette liqueur fatale ? Je suis bouillant, je ne suis pas mathématique, les équations je les brise je ne les résouds plus mon amour. Oh dis moi non encore une fois, dis moi "non" mon amour ça aiguise mes crocs qui me fendent les lèvres, dis moi non mon amour ça m'affame. Dis encore "non" que mes crocs déchiquettent les secondes. J'arrive ! J'arrive ! J'arrive ! Et les vents, les vents sourds me portent, et me soulèvent, je suis léger d'une âme perdue, souvenez vous, soulevez vous, que mon infortune m'offre quelques compagnons à dévorer. Nous disserterons, et d'un coup traître mon ombre vous engloutira. La nuit recouvre tout, et je suis la nuit, je suis caché dans chacune des ombres, que les villes soient assises ou à genoux, qu'elles attendent au bois ou dans une cave qu'on les allonge. Je suis tout ça, je suis la putain et le client et nous sommes en chaleur. Mais mon amour, tu vois, t'es perdue dans mes lignes infâmes, sous toute la poussière de mes Décombres, tu te trouveras bien un charmant allié, un ami, un abruti conjoint parmi cette foule au linceul de sable, parmi ces morts suspendus à ma bouche. Ici c'est mon crâne, mon royaume, et  votre enfer. Vous êtes conviés au banquet des atrocités, on y dévorera le temps perdu, le voyage et la guerre. Vous reprendrez bien un peu de Shoah  chers convives ? De massacres ? Une cuisse d'Arménie ? On les dit fameuses, à moins que ce ne soit fumeuses, c'est question de crémation ou de cuisson ? Oh je ne sais plus, c'est l'enfer vous dis-je, j'ai cohabité toujours ici avec le diable, il m'a appris à ne plus avoir peur, à ne jamais crier que du feu. Et si je ris prends garde à toi, ce rire est enfant de bohème. Je crois que j'entends le jour comme un enfant naissant qu'il faut que la mère la nuit gifle ; j'entends le matin jaillir comme une braise saute d'un lac de cendres. Il est bien trop tôt pour fermer les portes de l'enfer, pour vous déroulez ma langue aphteuse. Pâles, splendides victimes, et toi mon amour blême, vous êtes une aube d'hiver, un souvenir de neige et de givre. Partez, il est temps d'entendre d'autres voix, de faire sonner contre mon corps les cordes d'une autre orgue. J'écris hébété, je ne suis maître de rien, voici mon ombre qui s'endort alourdi, qui tremble de froid. J'ai la peau noire pour me glisser derrière vous quand la nuit grogne.

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