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5 mars 2024

Fragments

Fragments non publiés janvier-mars 2024

 

Beaucoup de travail, travaillé, selon moi, en vain, ne valant pour aucune durée, ne produisant rien que de l’argent à court-terme moi ne souhaitant pas de ce métier faire ma vie. L’attente de ce que la vie professionnelle retrouve sens, que, passées toutes les épreuves récentes, nous puissions, enfin, Jeanne et moi, travailler ensemble, j’entretiens, entraînement cognitif, mes capacités intellectuelles et physiques à cette seule fin. A sa suite, d’abord, à ses côtés, ensuite. Jeanne, depuis 2017 que je la connais, m’a toujours inspiré, parfois irrité (à cause de ce que les gens au goût sûr parfois nous renvoient à nos failles, nos paresses ou, pire, nos bévues et suscitent, alors, sentiment atroce de la jalousie), le plus souvent manqué. Pour rire, parce que j’aime l’excès des expressions amoureuses ou amicales même, je la traite en supérieure hiérarchique, suivant ses directives qui aboutiront, dans le monde, à des résultats. Il ne me restera moi, qu’ensuite, à tirer de ces résultats mes dividendes. Jeanne inspire, Jeanne oriente. Jeanne les yeux bleus, Jeanne dans le lit qui ne dort plus beaucoup, Jeanne le matin, si je me réveille avant elle, je la trouve ressembler à une enfant, cette photo d’elle, je ne me souviens plus exactement quel âge ni ce qui la compose en réalité, Jeanne dans le lit se superpose à cette photographie, les joues pleines, les cheveux bouclés, sereinement déposés au milieu des épaules, les yeux clos. 

 

 

///

 

Reprendre, reprendre, encore et encore, toute la vie de cette maladie et ses excroissances se résume à reprendre tout ce qui, sans cesse, s’interrompt, reprendre, le fil, la couture, ne plus reconnaître le point de départ. 

reprendre, sans fin, répétant cette reprise, un point de couture grossier, un tissu souvent reprisé au même endroit. Reprendre, dans l’emploi du mot, un agglomérat forcé, ces pâtés d’encre désignés par les instituteurs sur nos copies quand le stylo-plume boursouflait le papier. La tache d’encre ne dissimulant aucun mot, une simple fuite, la lettre capitale sans cesse reproduite sans former jamais de mots, ni permettre de phrases. 

 

///

 

Je suis un être discontinué. 

 

Reprendre le fil interrompu, formule dont je pourrais, sans peine, intituler ma vie.

Reprendre c’est, déjà, parvenir à se trouver un nouveau point d’ancrage, un lieu d’où partir, une direction à suivre. Cette reprise jamais ne s’organise a priori, elle se découvre, soudain, je m’aperçois que j’ai repris du poil de la bête. 

 

///

 

Toute ma vie consista toujours en une agitation dont j’espérais que d’elle, cette agitation, comme un arbre secoué délivre ses fruits, sortent des possibles, je les dévorerais même verts, même acides ces fruits ou dévorés par les vers.

///

 

 

Vieillir limite le pouvoir de se mouvoir, la fatigue prend le pas sur le reste, c’est à dire sur la vie, elle la domine, la fatigue, devient, subreptice d’abord, puis toute affirmée. 

 

///

 

Malade, j’ignore quel mal, le coeur serré dans la poitrine, les contractions dans le bras gauche, la nausée je fais une crise cardiaque, la sueur froide épongée du revers de la main moite. Je vais mourir, je pensais, quand mon coeur douloureux frappait, aléatoire, dans ma poitrine, une arythmie atypique, me disent les médecins après m’avoir reçu deux fois à l’hôpital Georges Pompidou. Un ECG qui ne présente pas de FA. Le port, bientôt, d’un holter pour mesurer précisément les variations du rythme cardiaque. Pas de tachycardie ni de bradycardie. Une arythmie atypique, le coeur qui semble se dérober, il chute dans la poitrine, une pierre ventriculaire et une douleur comme si deux mains, faibles par bonheur, voulaient écraser entre leurs deux paumes malingres cette pierre de pendule. Le stress, suppose-t-on, ou le COVID long. La fatigue comme effet. La fatigue, toujours. Encore. 

 

///

 

Je crains toujours d’encombrer Jeanne avec mon corps maladroit, je redoute son désamour, parfois, lorsque, surtout, je me sens mal. Mon flair, mon intuition ne me trompent rarement mais, comme toutes dispositions irrationnelles, ceux-là sont sujets aux états mentaux, leur vérité de prédiction s’efface en réalité lorsque l’inquiétude point. Ce que je redoute, je me mets à le percevoir et à l’exagérer. 

Lorsque je me sens bien ou, pas trop mal, ces inquiétudes disparaissent, rendues étrangères ou sorties de ma responsabilité laquelle consiste à faire au mieux. 

 

///

 

Jeanne fait tout ou presque, ma fatigue m’immobilise et je dois toujours fournir un grand effort pour m’arracher au canapé, j’ai l’impression qu’il faudrait que je dorme cent ans pour récupérer une fraction d’existence concrète. Je me déleste de ce qui me nuit, je bois peu, ce qui parfois me manque, ou, même, me conduit à davantage d’énergie. Jeanne a autre chose à penser et, bientôt, lorsqu’elle y pourra penser, qu’en pensera-t-elle ? Je ne sais. En ce moment, toute mon impuissance à être me déborde, j’existe, à nouveau, de pure justesse. Le travail pour payer le loyer, parfois, de moins en moins, la sous-loc. 

 

 

la fatigue. 

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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