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29 avril 2011

Rimbaud à Bordeaux

Rimbaud chantait déjà, dans les doigts sucrés de poésie de Verlaine, les amours votives. Uranus, dessus leurs gestes tendres d'humus, faisait pleuvoir son ombre fautive. Dans leurs deux sexes, l'urètre s'ouvrait comme une morte, et partout leurs sanglots lumineux et blancs essuyaient leurs détresses sur les pages saintes d'une Bible d'hôtel. Rimbaud, c'est le sexe de matin râblé, c'est le sonnet irrévérencieux, plein d'autant de talent que le rire d'un enfant. Ses yeux embarrassés de bleus, gênés de beauté, ont fait claquer des dents le pistolet de Paul Verlaine, aux mots chauves comme le rythme. Et dans la poitrine maigre, mais vivante de Rimbaud la déchirure s'ouvrait, par là où s'écoule l'âme, par ces deux lèvres d'aube. D'un coup de feu, par la galerie creusée dans la jeunesse, toute la poésie se mettait à crier, à danser, et à suffoquer. Voilà l'arme du crime : l'amour, ci-gît un poème inachevé, ponctué de la poudre d'un adieu ; du sperme d'un bonsoir, sous la nuit-fossoyeur.

Mallarmé, écrivait, du charbon de son regret « le pays de neige » l'éloignant de Rimbaud. Un pays épuisé de toute une époque d'hiver, formé d'hier, d'histoires, et de tout ce que l'ange bot, mit de sang dans la poésie, lorsqu'il écornait cette vierge frivole.

Rimbaud, c'est l'enfant, aux yeux clairs dont l'ombre déborde de couleurs.

Si tard, ont joué les musiques qu'hier ne passait pas sous l'orage juteux du luth vaincu. Hier, ce ressemblait à la nuit sévère qui tient les insomniaques du côté de l'éveil, eux qui guettent encore le matin à venir ; sceptiques comme un juif face à Christ, hirsutes de misère sur le bord de l'aube pour se faire la certitude du jour à naître. Hier, ce semble cette tache qui fulmine dans le ciel, et sous laquelle les éléments se déchaussent, cette béance dans le noir, ce sombre dans l'ombre d'où Rimbaud ne sort pas dire ses audaces. Nous crûmes, que cette tache labile au faîte de l'obscur, dans les planches recourbées des étoiles, bâtiraient l'estrade au fantôme de Rimbaud, pour l'entendre détacher chaque verset de son eau glacée, venir nous montrer toutes les larmes à l'intérieur de sa tombe « Ma poésie fait pleurer même les vers » récite-t-il dans sa retraite enchantée de pourriture.

 

Le sistre embaume la nuit, et rien sur le pavé qu'une idée immobile. Hier, le trou noir a tout bu du jour. Rimbaud n'a pas chanté, les pistolets ne claquent plus des dents. Rimbaud a fermé la bouche et hier le trou noir a résorbé toute la lumière de l'Univers, demeurent les feux minuscules...les phares des tramways.

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27 avril 2011

Manifeste de la déchirure - Je fais des lauriers mon dîner.

 

Ce que je suis, ce que nous sommes nombreux à être, c'est d'être des déchirés. Nous sommes les fracturés de cette modernité, et si la sociologie commençait par nous inclure dans la même représentation que ces êtres distribués en deux existences conflictuelles d'avoir reçu une éducation secondaire mordant méchamment dans la socialisation primaire, eux décrits comme scindés en deux être complets, qui n'ont rien à voir entre eux qu'habiter le même corps : celui-la social (participant des études et de l'emploi) ; et celui la familial. Où les deux mondes ne se répondent plus dans la même langue, ne se vêtent pas du même tissu, perdent leurs accents comme des dents de laits, entendent et répètent des hymnes et des normes distincts, celui qui rassemble dans lui cette antinomie doit amorcer ce mouvement dialectique particulier, celui du fou. Il contient le maitre et il contient l'esclave selon le contexte d'emploi du corps qui les recouvre.

Encore, il paraît un truisme d'aller répétant que l'on ne peut jamais se détacher tout entier de son éducation, et plus justement de « ses éducations », nous ne recevons jamais une éducation cohérente, toute éducation, parce qu'elle est contrainte, « je suis éduqué malgré moi » disait Foucault, entraine une violence, et toute violence crée son traumatisme et sa névrose. Mon éducation me marque, je peux résorber les ecchymoses, maquiller les souvenirs, j'en conserve en dépit de mes efforts les conséquences, à commencer par la première « moi ». Ces individus là, donc, sont en guerre entre deux existences, guerre lente, guerre de tranchées, guerre froide, guerre de tous les épithètes, mais guerre totale.

 

Ces deux blocs qui sont réunis pour s'affronter sur un champ plus étroit dans le corps déjà décrit, ces deux façons c'est à dire les dominés et les dominants s'opposent en tout ce qu'ils sont des « formes », ne développent de commun rien parce qu'ils ne sont pas dotés des mêmes facultés, de la même capacité à croître dans un sens déterminé. C'est du même sac de graine, de la souche identique qu'ils sont pourtant. Leurs apparitions réelles sont toutes distinctes et reconnaissables, cependant ces deux cercles qui font l'étirement, la tension de « l'héritier méritocratique », prennent naissance depuis un limon commun, une inspiration unique. Celle-là qui joint le « bien », le « juste » au « pouvoir » et donc au posséder. Il s'agit pour eux, chez eux, de faire correspondre sa capacité, son adaptabilité, sa souplesse à la concrétisation de ce but : « avoir ». La tension n'est jamais étudiée en ce qu'elle peut être un refus général, massif, de cet accomplissement de l'avoir. Il est toujours admis comme un préalable, parce que chez ces tuméfiés l'éducation primaire n'infirme pas ce but : « être riche », elle constate, chez les « pauvres », ne pas y être parvenu. Le code socail qu'ils transmettent, est un code lacunaire, qu'ils complètent, ce sont ces ajouts, ces « préjugés » qui, potentiellement, entrent en conflit avec l'éducation secondaire celle qui doit permettre d'être riche. Celle dont on a, exagérément, déterminé qu'elle était condition de réalisation de l'objectif social. S'il y a bien une inspiration commune, une aspiration commune entre ces deux « strates » sociales, les manifestations pratiques en sont différentes, et celui qui vient de la plus basse pour atteindre la plus haute (telle que considérée dans cette forme hiérarchique) est occupé du basalte d'en bas, doit feindre partout, parce qu'il est devenu une complexité inattendue. C'est une existence contrariée.

 

Si je dis, nous sommes des déchirés, c'est pour n'être pas embrassés par ces lèvres là d'écartelés, pour ne pas avoir à me rassembler dans ces autres qui ne sont pas moi, qui ne sont pas nous, ceux de mon espèce, de mon genre (genre qui n'est pas performatif, qui est descriptif).

Nous ne sommes pas de cette extraction, de cette sorte d'adversité, s'il arrive que nous soyons en conflit avec le cercle familial de ne partager aucune des idées qu'il déploie, ce n'est pas de là que nous tenons notre blessure invincible, cette déchirure qui est notre partage.

 

Nous sommes des déchirés d'être apatrides. Ceux là ont deux pays, qui se confrontent, qui se refusent et se rejettent, et nous ne sommes d'aucun à confondre. Voilà, nos intelligences ne peuvent pas se mettre au service de l'ambition commune, normée, calculée et protégée par des lois, des ordres et des hiérarchies, nous sommes des déchirés parce que nos pas n'ont pas d'empressement à se calfeutrer dans des habitudes hygiéniques, parce que nous aimons à ralentir nos marches jusqu'à faire du mouvement sa propre fin – tout comme la danse – sans qu'il ne soit plus véhicule d'une intention sordide, d'un moyen d'ordinaire pour se rendre en un lieu déterminé, nous réconcilions dans notre déchirure, par le sang caillé, fatigué qui fait brûler nos veines comme du caramel, la contemplation et la modernité. Nous aimons à vivre autrement que comme l'on nous commande, nous sommes des déchirés, parce que nous disposons des facultés objectives pour être des puissants, ou pour au moins pencher du côté des dominants, mais que nous nous dérobons à cette obligation, à ce destin forgé par des mains étranges, étatiques, lépreuses. Nous ne savons pas obéir, parce que nous ne comprenons pas les raisons profondes qui nous y commanderaient et devinons les seules qui nous indignent, dans nos nappes phréatiques, dans nos hymnes souterrains, dans le secret de nos motifs particuliers, nous chantons, nous écrivons, nous rions, nous avons des feuillages qui scrutent et filtrent l'ombre, nous avons nos douleurs que psalmodient le long des murs vierges nos gestes, nous avons des bibliothèques dont nous tournons, avec l'avidité d'un banquier ses créances, toutes les pages. Nos iris sont fragiles, et ne supportent la lumière que naturelle, précaire, dans la nuit nous fuyons les brumes fausses, les reflets électriques qui pataugent dans les verbes mous, nous abandonnons ces lieux où nous crûmes trouver un pays, où nous ne reconnûmes qu'un désert surpeuplé, perdant même sa seule vertu. Nous avons pour nous nos aspirations propres, singulières, nous avons les fleurs à respirer, les champs à semer, la faim à oublier, l'amour à suffoquer et surtout, surtout la vie à épuiser partout où elle se trouvera, et ce n'est certainement pas attaché à la menotte en plastique d'un bureau, aux vociférations d'un supérieur, aux formules comptables d'un argent à venir, aux montages fiscaux que nous trouverons nos subsistances. Notre bonheur n'est pas dans le travail, il ne réconcilie rien, et plutôt que nous découvrir des passages forcenés, il recouvre de sa ténèbre l'existence, il n'est même plus une peau satisfaisante à exhiber, un paraître suffisant pour en supporter l'agression. Voilà un vêtement laid qui gratte et que l'on nous vend à prix prédateur. Le travail, le travail salarié s'entend, le travail absurde, trop long, obsédant, obstiné, n'est plus rien. Pas même une hantise, pas même une crainte, l'objet des mépris. Voilà le travail, si vous pouvez encore le voir dessous nos crachats constellés. Nous sommes des déchirés, de pouvoir nous mélanger partout, sans nous reconnaître dans aucune fonction officielle, dans aucun acte pré-rédigé, de n'être reconduit dans aucun procès-verbal. Nos existences sont imprévisibles ; nous n'avons rien à avouer. Si des lois nous jugent coupables, c'est que ce sont de mauvaises lois parce que nous sommes innocents, nous ne pouvons être qu'innocents. J'ai écrit « nous commettons le crime que nul n'ose plus commettre, devenu crime par désaffectation, vivre ». Nous sommes insusceptibles d'être de ces « éléments productifs » nous refusons de négliger nos sensibilités, mutiler nos membres fébriles, gangrénés de génie, pour nous assurer des orgueils de confort, pour nous plonger dans ce bain de sénescence.

Nous avons des âmes d'artistes et plus rarement hélas le talent qui leur va, qui les coiffe, et permet à cette fièvre sauvage, ruisselante au dedans de nous, de faire durer nos écorces.

 

Nous sommes les déchirés qui ne refusons pas la modernité , soit le monde, mais les hommes qu'elle dessine. Nos souhaits ne s'éternuent que tard, et au dehors de nos sommeils rares, nous pouvons nous exclamer plutôt que : « j'ai bien dormi » « j'ai bien vécu ».

 

Nous sommes des déchirés parce que mus par une ambition plus grande, plus impérieuse que celle d'être riche : être libre.

 

21 avril 2011

"Où etes vous"

quand je reçois le mail de mon supérieur, auquel je ne réponds pas, qui m'interroge sur ma localisation géographique, me prends l'envie d'y rétorquer sous un joli tour "Là où vous n'irez jamais, là où vous n'avez pas été, dans la vie, sous le soleil, dans les promenades, dans le tard, et l'absence de peur, je suis dans tous ces endroits que vous avez caché, voilé, privé, je vous sais vous êtes un geôlier, comme D., comme tous les autres, vous gardez les cellules bienétroites du monde."

 

 

20 avril 2011

Vivre, c'est où déjà ? Comme l'Atlantide

Très simplement il y a des façons plus amusantes qu'HSBC pour gâcher sa vie. Je les ai choisies.
20 avril 2011

Statistiques : autre

- A quoi tu joues - A etre vivant. Je reprends la vie famélique entreposée dans les voyages. Dans les fêtes. Dans la foule. Je reprEnds la vie maigre, fragile que je cédais pour quelques joies douces. J'ai épuisé ce qui glosait ici. J'attends autre chose, plus loin, plus dangereux. Je n'ai pas besoin de courage pour retourner à mon esclavagisme ; j'avais besoin de courage seulement pour m'en départir.
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5 avril 2011

Le soupir d'aimer

 

De me dire « je suis tout ça » quand j'appréhende avec les mains, l'entièreté de mon corps. Je suis tout ici, ma géométrie vient glisser sur la surface plane du monde, je suis l'altération sensible des ordres, je suis le dérangement dans l'organisation, je suis l'invention des éléments neufs, je compense les cris des morts avec ma vie, je pousse dans le monde, et le reste des fleurs regardent avec jalousie ma vie qui éclate de tous côtés. Je suis le bouton neuf des fleurs invisibles, le parfum grave des dahlias bleus. Je répands mes gestes, en mille tiges, et au bout de mes doigts sans pétales, jaillissent les odeurs santes, la beauté des émois, les timbres à promettre sur les enveloppes placides. Et. Et. Et. Et. Il faut toujours pouvoir hurler, et s'exproprier de sa propre voix, le cri est la réunion de toutes les autres voix, le cri est la réunion de toutes les hontes, tous les gémissements, toutes les retenues, toutes les écritures, se tiennent dans le cri, tous les sens s'arrangent du cri, se mêlent dans le bloc serré de sa flamme régressive, mortelle caresse que la brutalité du cri. Comment dire que la magie d'une étreinte, que la tendresse de l'amour, peut transmuter le corps vivant, aimé, en une figure morte, et gisante, comment, affirmer, encore que l'amour a le geste assassin, et la fatalité d'une destinée est la vibration de la passion, son remous dans la poitrine, les secondes qui tonnent dans l'horloge du corps, les plumes dans l'aorte, et les mésanges aux ailes de papier, qui volent, qui volent quand j'ouvre ma fenêtre je sens des pensées qui s'envolent, quand j'ouvre ma fenêtre les pensées vertes et bleues que j'accroche à mon mur se libèrent, se desserrent, quand j'ouvre ma fenêtre je sens le vent sous leurs plumages aériens, je sens les couleurs sous leurs paupières ourlées de saveurs, mes pensées sont des insectes ailés. Qui viennent gémir dans le ciel qui passe par ma fenêtre, cette morsure des cadres blancs, et plastiques, où le ciel crève son iris.

 

Ce qui est délicieux chez toi, ce n'est pas ton être, pas ton odeur même, mais le parfum que tu laisses quand tu t'en vas, ce regret qui traine dans l'espace que ton corps abandonne. C'est sur cette effluve que j'écris, c'est cette vapeur que je rassemble, c'est par là que prennent effet mes mots. Dans cette intuition sensible du langage, dans ce côté anguleux, sous l'ange mouvant du visage disparu, dans son bord inaperçu, son sourire toujours plein qui encombre tout entier le visage, et ne laisse aucune place aux misères, dans le reflet iridescent de tes genoux et qui remonte jusque dans la perle de tes oreilles, et les mains, les ongles, les yeux, le nez, les choses, tout ce qui habite, occuper un visage, tout ce qui le possède, qui l'entoure et le nimbe, toutes les balles qui passent et flottent, suspendues autour de toi, comme autant d'idées funestes qui se rejoignent dans ta traîne, qui t'accompagnent, et qui t'entourent, sans pouvoir t'atteindre, et au contact de ta peau la mort même se dissout. Ton immortalité est celle des muses de poème. Tu as une odeur de poudre et de plomb, en stase, et dans tes veines, dans l'auge de tes muscles, c'est le sang des victimes qui coule et qu'on boit, c'est le cri de martyr, c'est la laine du condamné à mort, et le vrombissement d'étoupe de la corde qui se colore d'une vie trop amoureusement serrée, les stores bariolées, qui éloignent la lumière dans la chambre du condamné, les dents, trop proches, trop lointaines, et sous mes paupières le jour impotent gueuse des rires, importe le mot qui se dépose et sous la crainte d'un soupir, il y a des impressions de matin raté, des délicatesses en couleur, des huiles, qui se dissolvent, qui se dilatent, et le bleu, le vert, le blond, l'auburn, toutes les myriades, les pluies grises composées par le geste du peintre au fond du puits de ses façons, avant même que son pinceau baigne son action filamenteuse dans le creuset des forges navrantes même la note première étanche de musique, avant que le chant sournois hôte de la vapeur au menton -trois poils de pillards- avant que les halogènes hallucinent des étoffes, avant que des crises ne sortent de l'asile, et s'étourdissent dans le mur capitonné de la chambre malade, dans les boucles farfelues de l'espoir, et les cordons de soie des rideaux, avant même que tous les muscles des doigts se soient détendus pour étouffer l'outil dans la croûte amoureuse de l'artiste, avant même que toutes les couleurs ne se soient accrochées aux fragilités des pigments, à l'anathème du mouvement, dans l'oeil du peintre toutes les couleurs piétinées par l'Art s'assemblent, et ses yeux recrachent lentement tous ses gestes. Eux se dirigent dans la toile, ne ruminent, ne heurtent plus rien que cette grande folie blanche à maquiller de son propre délire, de cette folie publique, la recouvrir de sa colère propre, distincte, de sa chhaleur personnelle, de son ventre en furie, de son pli de voyageur qui passe sur tant de terres qu'aux semelles il y a des indices de langues, des syllabes phonétiques, des phonèmes venus de toutes les jouissances parcourues par l'acte, et la gestuelle, toute création est une danse, un mouvement ondulant dans la grave lueur capiteuse, dans le masque gonflé de bile, dans le poumon dégarni d'air, méché dé cendres, dessus la plaque immobile des eaux buvant aux lèvres de la nuit, dans la coupe de ses fumets, de ses vapeurs, des brouillards insistants qui perturbent le grondement du corps. L'Art, c'est toujours le cri, c'est toujours la réunion de toutes les langues, de tous les chants qui viennent s'incliner, déposer, la lie des boissons de miracle jusque dans la gorge entrouverte, jusque dans le cuivre du godet, où coulent, par petits palliers, par pluvieuses allusions les massacres maugréés. Il y a des héros pleins de notions bouleversées, de punaises, et d'escaliers, de chemisiers déboutonnés, et d'audace en flanelle, il y a des nuisances qui se tendent jusque dans l'enfant apparu, jusque dans le stylo armé, et l'encre écoulée, écroulée, sur la feule de mon visage. Créer c'est d'abord, avant tout, en luisance en premier acte, altérer, c'est transformer l'espace irrémissible, inerte, fini et accompli, et tailler avec ses sensibilités, que ce soit son sexe, son talent, que ce soit sa rage, c'est y creuser, de grandes colères, y forer pour sentir les liquides internes du monde en vagir et brûler dans leurs brumes noires d'une essence enfin mise à feu, d'une pensée embrassée par les briquets de nos consignes, de mon infirmité qui vient écraser le mégot de mes consistances dans le papier de sable, dans la liqueur épaisse, épaisse, que les dents y mordent, y laissent leurs traces de cravate rouge, de noeuds en soie, je me suis pendu aux mains grouillantes d'un enfant formidable, comment la mort peut avoir si beau visage, qu'on la laisse entrer dans soi, comme un acheteur, comme un client dans sa boutique secrète, tu es entrée dans moi comme une prière, une croyance, tu es entrée dans moi comme la foi, la mort qui vous gonfle de son liquide imparfait, et déborde dans vos yeux ,jusqu'à la larme, le pleur, jusqu'à ce sang, et quand tu m'as regardé, je n'ai pas pensé touché mon flanc, et le touchant y portant les mains, y brodant mes gestes, j'ai senti de la plaie s'écouler l'âme douloureuse, et sur la bouche toute ouverte au dessus du rein, les lèvres blanches, blêmes, les lèvres de mort, gémissaient d'hélas. Hélas, la vie est passée, voilà) tout ce qu'il en reste « une blessure » de laisser rentrer en soi, les criminels, les assassins, et le meurtre enflait contre mon foie, devenait un organe supplémentaire, je produisais la mort, son sang verdâtre, je le croyais un copain, qui gargariserait mes veines, qui entraînerait mes gestes sur les autres corps, les autres vies. Et le voilà, ce copain, aux dents traitres et la morsure s'éboule et ma vie se tait. Il y a quelques lumières encore au dehors, quelques lumières et mes paupières les annulent, plus lentes à éclairer, plus lentes à entrer dans mon corps, dans mes yeux, tout est incrusté de nuit. Par foulées complètes, les bougies s'éteignent, et sous mes yeux durent le souvenir de ce qui brûlait. C'est long à soupirer une âme entière.

 

Quand je crois épuiser ton existence, je te découvre deux nouveaux prénoms, deux marches dans la pénombre vive et pluvieuse, quand je croyais avoir tout bu ton parfum, je le vois se mélanger dans deux autres complexes, inventer des théorèmes où ces trois chants se mêlent, dans le rythme insensible des symphonies, se détachent et forment l'infinité des formes qui les unit, les fractionne, les assemble. Quand je croyais ton existence un bois sec d'avoir déjà brûlé dans mes mots moqueurs, je te sens une existence sous le masque calcaire, dessous le carbone visible, et qui au contact des noms propres enflamme mes nerfs, et s'embrase cette nouvelle idée dans moi, les cierges de veillée sont des bougies nouvelles, aux figures arithmétiques, aux vigueurs destituées. Tu es toute présente en moi, dans la pression contre mes muscles, dans le geste fatal où se déploient tes trois prénoms, chacun corrompu de sa douleur propre, altéré de son manque, de son creux, et qui lorsque se superposent trois folies donnent à voir aux autres, un air de raison que trahit un regard qui grince. De tes trois petites folies nouées, tu fais autour du cou une toile vierge, où toutes les couleurs prennent, et ta folie pleine d'appétit, les absorbe, les résorbe, et du songe ne reste rien que l'ombre, et les taches sur la grande figure de la folie douce, qui dévore, avec des petites dents de chatte suave, avec les sueurs mélangées des trois fleuves de l'enfer, mis dans la fiole d'un seul corps, et trois senteurs unies tiennent dans un poing clos, déchiré par les pétales. Tes trois prénoms, sont un seul germe, une seule graine, un seul destin qui entre les failles du poing libère les corolles qui entrave le jour en grammes et devant lui passent en silhouette. J'épuisais un prénom, avec le rire, d'un bonne nuit, je l'épuisais sur un banc allemand, et deux autres derrière nous, indifférents comme toi que j'usais sans que tu ne t'intéresses longuement à mes façons, devisaient. Ton pas ne maltraite pas le sol, ton pas le gracie, à chaque pas que tu fais, les chaînes gesticulent et fanent autour du monde, et la mélodie de ta course, est le chant de la liberté. Tu coures dans le rythme fier. Ton existence rend libre. Je t'aime à nouveau.

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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