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30 mars 2011

Ma vie

Ma vie est une insulte à proférer partout, contre les corps et les usées.
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30 mars 2011

Les mensonges de l'aube

« Seul peut devenir un homme, celui Qui est orphelin de coeur et de corps, Qui sait que la vie déposée en lui Est un simple supplément à la mort » Attila Joszef Je suis l’annonce des saisons, le printemps, et tu t’en vas, au loin, dans la toiture dorée et repentante de tes cheveux. Les astres parfois se penchent et oublient de se relever. Leurs poitrines brûlent, on appelle le matin la crémation des dieux ; la nuit la moisson de leurs cendres. Hier soir je t'ai aimée, puis je me suis giflé, c'est horrible, c'est comme une évidence qui nous passe sous le nez, c’est trop ordinaire, trop facile, d’aimer avec des songes les prénoms vivants. Je ne peux pas me mettre dans le danger ordinaire. Dans le danger d'usage. Je ne peux pas me fondre avec les mains. Je ne peux pas essayer. Quand mes yeux regardent la nuit qui gazouille dans les plantes je me dis : je serai allergique à l'humidité. Partout où il y aura de l’eau j’inventerai un désert. Partout où les éléments mouilleront, il y aura un cri. Le cri d'une femme peut-être. J'avais 6 ans. Je suis tombé dans l'eau. Je ne savais plus en ressortir. Maintenant que je vérifie les gorges des filles, je vois cette même humidité qui glousse. J’ai passé souvent des journées sans lumière. La nuit mange dans ma main. J’ai écrit une lettre, elle est dans ma poche, elle tressaute à chaque pas, c’est un petit monstre. Cette lettre, est écrite au stylo bleu, illisible. Elle a des mots petits, qui caressent la nuque, et mordent derrière les oreilles. Quand on me pose une question, j’aime répondre en dansant, avec des gestes, dans le langage bruyant du corps condensé. La vapeur du sens. Quand je m’exprime, je suis un enfant dans une écriture d’adulte. C’est ma réponse, il se pourrait bien que mes gestes crachent des cratères de lune, il se peut bien que ça se fonde avec la lumière. A cinq ans, je ne savais pas que la littérature existait, je ne savais que les femmes en pierre des montagnes, je savais Gouraya et ses flancs de granit, ses cheveux de vagues. Je ne savais pas que des hommes se cherchaient un endroit où naître ; une terre à accaparer. Je croyais que ma Montagne, c’était le monde entier. La littérature est un insecte qui me chatouille la gorge, qui ricoche dans mon palais, qui éclate en parfums, c’est un peu comme le serpent de ta langue qui se gonfle de soleil. Ton souffle, je l’entends jusque dans mes frissons. Il se frotte à mes oreilles, il y fait des étincelles. Je sens que je supporte mal les voix nocturnes, ce brouhaha de paroles étrangères. Quand je dis « j’entends des voix » je veux dire je n’entends pas des propos, je distingue un fracas, un mélange de paroles humaines où les tiennes se glissent parfois. J’entends ta voix à l’intérieur de moi, pour les choses de toi, j’ai fait des cellules. J’ai peint les fenêtres avec des chants d’oiseau, des hymnes de révolution, j’ai dessiné une porte. Quand tu vis en moi, il y a une bouche qui s’éventre, une bouche qui ne parle que d’infini. Mon imagination est une garce. Et je ne la contrôle pas. Dans mes rêves tu joues avec du feu, et tu me dis « C’est une partie de ton corps, le feu ». Je ne ressens pas la brûlure. Tout me retient. Le bruit d'un crayon de bois qui grince sur la feuille de tes songes. La voix de dragées des enseignants. Les ongles mordus des étudiants. Quand tu es proche de moi, j’entends le mouvement de tes cheveux, ce coquillage qui grince. Ton rire. Le pied qui se cogne frénétiquement à la chaise. Mon visage qui prend l’eau. Tout retient mon attention. Il faut qu'elle soit retenue. Qu'elle ne se sente surtout pas libre. Désastre. Dans cette odeur d'haleine fatiguée, la vie a la couleur du zinc. J’effondre ton souffle dans mon regard suppliant Je n'y suis jamais allé, tout entier dans le sommeil. Mais il faut bien se préparer. Depuis quelques temps on me dit que ça approche. J’essaie d'oublier dans les accords des violons de Francfort. J’essaie d’écrire dans les fenêtres allumées des maisons en pleine nuit. J’essaie de parfumer dans la peau gluante des nuages. J’essaie de coiffer dans tes cheveux inconnus qui chatouillent mes pensées. J’essaie d'apercevoir tous les prétextes de l’écrire. J’essaie de perdre dans les doigts penseur des hommes. J’essaie d'échapper dans le bruit du papier peint que l'on arrache. J’essaie d'aimer dans le reflet de ma poitrine sur le carrelage blanc de la salle de bain. J’essaie d'essayer dans ces détours milles fois traversés et maintes fois dévorés. J’essaie d'oublier. Partout et nulle part. Je ne te connais pas. Ton visage est une autre langue. Ma voix crie "je suis libre", mon menton qui pend sur mon visage, mes yeux de tristesse joyeuse, tes pommettes de musicienne fanée : ton sourire peint, et tes mains qui fuient comme la lumière blanche des sorties de secours. Je ne connais plus rien. J’essaie d'oublier ton ombre qui danse sur la mienne. Je ne connais plus mes repères. Je ne sais plus la place de mon bouquet de tournesol sur le bureau. Je ne connais plus la couleur de ma chambre. Ton odeur de village quand tu reviens du ski, mouillée et heureuse. L'odeur de ma peau après la douche, et la forme de ma bouche quand je me vois partir dans le miroir. J’oublie, les premières paroles, les premiers mots. J’oublie, les cahiers de mes chagrins. A la première détresse, j’ai écrit « ça fait aussi mal la mort ». J'oublie la présence de tes yeux dans cette cour grise et ambre qu’est Paris. J'oublie ton sourire gêné quand je te dis que je sais, et que je ne comprends pas. Que l’écriture trace une frontière invisible, une ligne infranchissable. Les états. Le lecteur ; l’auteur. Ca ne peut pas se toucher. Ca ne peut pas s’attacher. J'oublie ton regard quand j’évite le tien. J'oublie la peau veloutée de ta main, quand elle tremble dans la mienne. J'oublie les dents qui mordent de tes yeux monomanes, j'oublie que je suis sauvage. J'oublie la moitié de mon corps dans les regards de la vie. J'oublie la violence de mes haines. J'oublie le dos vouté de mon écriture qui nettoie la nuit avec tes larmes d’amoureuse déçue. Je pense à mon sourire salé et sage le matin quand je laisse le passage à la joie. J'oublie mes doigts qui tremblent quand tu me frôles, et mes gestes de fille ratée, quand je marche le pied bot. J'oublie les mots que je n’ai pas dit. J'oublie les peurs quand je brûle une lettre, parce que c’est comme si c’était moi. Le brasier intérieur. J’oublie que je ne tends plus mon corps, je tends mes mots, « c’est comme si c’était moi ». J’oublie mes lèvres de papier, mes pupilles de marge, j’oublie mon teint blanc et mauve. Je ne suis jamais allé à l’enterrement, mais il faut bien se préparer à mourir, alors j’apprendrai à dormir. Pour tout oublier. Jusqu’au bout, ton sourire qui étouffe l’air autour de toi, ton sourire, c’est toute ma joie.
28 mars 2011

J'ai appris les paralogismes de la folie.

 

Je serai beau demain, j'aurai les yeux noirs de fête et les paupières mauves du baiser infidèle du sommeil. Ah qu'elles iront haut mes folies, ah, comme mon insomnie crèvera de ciels mal faits. Se réciteront les vers bas des poètes teutons, on entendra les fleurs peindre jusqu'aux aubes. "Dans le ciel gris des anges de faïence" "Le ciel était gris de nuages, il y volait des oies sauvages, qui criaient la mort au passage" et moi, et mon insomnie chérie, moi et ma vigueur insoumise, nous entendrons leur "chant triste entrer dans mon être" et nous croirons y reconnaitre du Rainer Maria Rilke. Qu'il est long à frémir le temps du départ, qu'il est loin le temps des aventures, qu'il est sombre le monde naissant avec ses cendres du feu nocturne. Il sera six heures, et le dragon aura déjà "plongé son couteau" dans le coeur de Lola. Pas de casernes, des banques, des banques en ordre, des banques aux écus polis, et je serai là, avec toi, mon insomnie, avec toi ma fatigue, et toi mon dégoût, nous serons là à nous maintenir à la rigueur des rieurs, nous serons là comme les trois mots de notre devise qui ici n'a pas cours. Nous serons les trois frères mêlés du ciment de la République meurtrière. Ah. Paris s'en ira par le ciel, et déjà ses mythes me manqueront, déjà je penserai aux filles que je laisse, aux amours qui y fanent. Je penserai à Emilie, à Marianne, à Margot, je penserai à toutes ces filles aux seins plein de projets, qui "emménagent", et je leur dis "vous me semblez bien jeune pourtant pour déjà vous tuer. Encore un peu de liqueur, mes lèvres peuvent saigner quelques journées de plus, quelques soleils bizarres pour vous descendre dans les yeux.".

Où est le monde à naître.
Il est terrible le petit bruit de l'eau qui coule, dans la forêt des cheveux.
Oui, il est terrible, parce que personne ne l'entend.
Je suis de la poésie consumée, et quand je volerai dans les carénages d'acier, je me demande si par terre de la pluie rousse mouillera le monde, je me demande, si piégé dans une heure vingt d'avions, le monde saura reconnaître l'odeur de l'ultime maladie : l'écriture. Celui qui écrit, n'est pas au monde dans la même dimension ordinaire que les autres, le commun. C'est vrai, j'avais des frères, des voisins, nous étions nombreux, et tous sont morts, l'écriture est une guerre, je suis le vétéran, le survivant, je porte les histoires des copains. J'en ai des choses à dire, des douleurs à vous susurrer. Je ne sais pas si vous pouvez entendre nos vies, le chant qui s'élève de nos plaines voilées, de dehors les brumes, la voix de pagne, des copains, monte, monte, c'est l'accordéon de nos tranchées de café. Nous avons résisté à la nuit qui inondait nos genoux, nous avons tenu bon, sur la dérive et la débauche, et j'arrive, la tête pleine de cartes, de magies, de paysages et les mains solitaires, elles n'accrochent plus aucun corps. L'écriture et le deuil m'auront rendu incompatible à vos réalités. L'hymen s'est déchiré, le sang de mes poumons, c'est l'encre des poésies. Les généralités ne sont pas faites pour moi, je n'ai pas le corps qui sait obéïr, je suis dérangé comme la géologie d'une montagne.


Je deviendrai dans l'avion un opéra fabuleux : je verrai que tous les êtres ont une fatalité de se tromper : l'écriture n'est pas la vie, mais une façon de la gâcher, un énervement. Rimbaud disait « La morale est la faiblesse de la cervelle ». Ce monsieur ne saura pas ce qu'il fait de mes livres: il est un ange posé aux frontières. J'espère qu'il sera là, demain, à la douane, qu'il sortira de mes lignes pour atteindre les paragraphes imaginés entre les pays.

26 mars 2011

La nuit baisse son pantalon, on y voit rien, il fait trop noir.

 

Tu sais la nuit a la même caractéristique que la vie, on s'y ennuie si on y contrôle tout. Dans la nuit,contrôler, ça veut dire mettre de la lumière dans tous les recoins, doubler l'ombre des chênes d'un lampadaire naïf. Moi je préfère, quand je reviens de mes promenades, imaginer que ce chat au pelage strié de rêves, c'est toi qui court, jusqu'à t'essouffler. La poitrine haute, gonflée du jour à venir les pieds pas tout à fait bien droits, la marche de plus en plus rapide, et tes cheveux nageants que tu essaies d'attacher dans ta course, pour ne pas qu'ils te brûlent la nuit.
Tu étais jolie, cette nuit, tu sais, une petite fille jolie, qui rugit dans la récréation humide de la Seine. Mais ensuite, je t'ai vue trébucher. Je pense que je suis le seul, à t'avoir vu, peut-être t'es tu prise les pieds dans un des corps invisibles de la nuit, sous le décor translucide de nos scènes d'insomnies. Je t'ai laissée te relever, reprendre ta course, tes genoux neufs, ta peau pas tout à fait maquillée. Ton soir. Tu sais, ce week-end je m'absente de l'écriture, j'ai des activités à dissimuler, j'ai des gens à recevoir, des habitudes à peigner avec des rosaces de crème. Je n'écrirai pas, samedi, je n'écrirai pas dimanche, ni lundi, ni mardi. Je mettrai du silence, dans la littérature. « L'art est un cri ; l'époque aphone ».
Je tombe deux fois, trois fois, je joue à la marelle avec la chute, je ne sais plus faire un pas autrement que dans la chute, qu'en dévalant, je tiens tête aux hauteurs, je brusque le béton avec mes genoux. Je ris. Je ris toujours quand le sang frissonne sur ma peau. Je remonte mon visage, et j'ai l'impression de rehausser un buisson, je déguste chaque feuille que la nuit permet de tenir, en haut de son grillage de bois, je goûte ces feuilles, elles ont le goût du sureau, le goût de la folie douce. Quelle est la raison de la course des gens ? Je crois que c'est l'odeur de ces buissons, le parfum du fruit vert qui trébuche de la branche du mancenillier. Je tourne, autour, d'une idée, d'un corps en éther, que j'absorbe jusqu'à l'idiotie. Tu sais, je vais faire quelque chose que je n'ai plus l'habitude de pratiquer, quelque chose qui va me sembler une douloureuse apnée après la noyade. Je vais dormir,pour voir le corps que tu prendras dans mes rêves,pour savoir l'espace que tu y occuperas, si je peux t'aimer avec tes dents bien formées, et ton regard qui efface l'objet que tu suspends. Je vais dormir, je t'avoue, je n'y vais pas gaiement. J'ai l'impression de me rendre à une guerre, où je vais perdre des copains, parce que je sais que je vais rêver d'inconnus, que j'aimerais ces inconnus, mais que le réveil sonnera le deuil, le crépuscule de ces existences démentes et solennelles. Toi tu dureras, après, tu conserveras le matériel de pierre de ta vie. Tu peux vieillir, je crois que tu as plus que ma part de bonheur, tu as aussi ma capacité à vieillir, à flétrir, à pouvoir passer. Je suis sûr d'être invincible, j'ai refusé le temps, et il est parti vendre ses particules ailleurs. C'est un marchand de fleurs ambulant, c'est un marchand qui entre dans le restaurant, et je dine avec la vie. Toujours avec, sur, jamais, dans la vie. La vie et moi, sommes des confidents, mais nous ne nous confondons pas. Je la porte, je lui montre des directions, je tire sa manche d'adultes. Tu sais. Je ne vais pas écrire, et c'est à dire que tu ne pourras pas rire, et pas avoir peur, dans ta journée de samedi, tu ne pourras pas te dire « oh, il n'écrit pas sur moi » ou « ouf il n'écrit plus ». Je voudrais apporter à ton ombre qui trébuche sur la céramique peinte un ballon multicolore. Il ne faut jamais accepter les cadeaux plein d'air, on ignore toujours les cris qui les gonflent. Je ne comprends pas, certaines choses. Je ne comprends pas ces gens qui s'aiment avec des gants. J'aime par en dessous, j'aime en dessous de la peau, j'aime avec les roucoulements poussifs de la terre, j'aime depuis le nerf, depuis le frisson, j'aime avec ce qui est dangereux. Chaque fois que je suis amoureux, ce que je mets au péril de la fusion, de l'acclimatation, ce que je risque, c'est toute ma vie. Bon courage camarade, je vais essayer de savoir ce que tu dis dans mes rêves. Est ce que nous y aurons des voix ?

25 mars 2011

tu es belle comme la nuit à venir

 

"Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, - heureux comme avec une femme."

Arthur Rimbaud - Sensation

 

J'écris le crime que nul n'a commis. Vivre. Mon écriture n'est pas une écriture qui espère, pas plus qu'une écriture qui réclame. C'est une écriture qui n'attend pas, une écriture qui marche. Mon écriture est vivante, elle a des gestes, des veines, des muscles, un foie,un cœur qui centralise les particules de peste, et les dérive dans les pulsations. Mon écriture, n'est pas une écriture mendiante.

Aujourd'hui je suis ce môme de 5 siècles. L'éternité c'est ma colère, l'Histoire mon caprice, l'amour mon fantasme. Ne t'étonne pas si j'aime le scandale. Parce que je ne fais que l'aimer, je ne le provoque pas, je n'en ai pas la force. Il faut être bien fort pour scandaliser. Quoi que mon visage scandalise les reflets. Quand je suis à la table, avec Julia, quand elle sort d'une séance de photographies, quand elle monte sur le podium que je dis « c'est ma petite amie »les garçons-mannequins, s'étonnent. Quel goût étrange. Je leur dis, c'est le goût du scandale. Pensez, je suis les rimes infâmes, dans les draps, mes doigts remontent des mottes d'enfer, et ma caresse dépose en sédiment la salive du diable.
Je suis un garçon et pourtant je suis enceint du scandale. J'ai regardé par l'entrouverture, la fente des filles, pour espérer savoir le repli des enfants. Tu sais. D., aussi distant que soient ton image et ton corps réel, pratique, celui qui s'exprime dehors, et celui que j'imprime dans moi, aussi irréconciliables qu'est ton ombre que j'éprouve dans mes songes, dans mes textes, et ton existence incertaine, flexibl, j'adore tes yeux, je les adore, parce qu'ils ressemblent aux dents forgées illégalement dans le gypse, aux incisives désaxées d'une bouche orpheline, à des pierres qu'on a voulu distinctes. Ton regard est trouble et je me dis que le tailleur de précieux qui te les enfonçait dans les artères, se disait, «toute cette beauté, je dois la différencier, je dois en faire deux frasques deux vers, deux rimes ». Tu me fais penser aux strophes incertaines, où l'alexandrin précède un hexamètre. Tu as le regard inégal. J'adore tes yeux, si je ne craignais pas d'effrayer tes airs de chatte suave, je les regarderai toujours, avec les miens fatigués d'encre. Sans intention dedans.
J'arrête souvent de respirer, quand je me cache dans mes mains, j'ai l'impression que l'air autour devient de l'eau, que si j'ouvre la bouche pour capter l'oxygène, j'inonderai mes poumons du liquide salé des marais. Je ne veux pas être surpris en flagrant délit, de vivre. Ce crime que nul ne commet.
Je suis plutôt grand, et quand je te regarde, je sens que ma taille écrase, qu'elle est lourde de pierres. Mes talons font cinq siècles. Je connais tout. Je connais tout de ce monde. Plus rien ne m'étonne ; pourtant tout m'effraie, à commencer par toi. La seule façon de survivre à l'année, aux marécages, à la lie, c'était de t'aimer. J'ai eu besoin de courage. Et si je vis, si je continue de commettre le crime de mon existence, là où les gens s'épuisent, rares, je te le dois en partie. Je voulais vraiment mourir, plusieurs fois, une mort négligée, comme ma coupe de cheveux, une mort de celui qui se laisse faire par une voiture, par un couteau, par une violence. Puis j'ai écrit. Depuis que tu as commencé à lire. D'abord je n'étais pas sûr, je savais seulement, depuis le cabinet, entre deux ennuis, puis j'ai su tous les autres moments. J'ai gardé le haut à mal littérature. Un haut de coquelicot. J'ai peur que mes écrits aient une poitrine féminine,alors je fais garder le haut pudique à mes gargouillis.
Je connais tout, mieux que personne, mais ça, jamais on le saura.Parfois, on le devine.
Je suis doué ?
Douée ? Qu'est ce que ça veut dire ? Pourquoi ?
Non, moi, je m'appelle, le désespéré heureux.
Pourquoi ? je n'en sais rien.
Marguerite était nue en bas. Ma littérature gardait le haut.
Peut-être parce que je me faufile, et que je passe inaperçu. On dit des choses de moi, que je suis cruel, idiot, prétentieux. J'ai la littérature prétentieuse. Que je suis stupide, étrange et méchant. Tu le dis aussi, peut-être, et je ne t'en veux pas. Les insultes, je les colle sur moi, ce sont des timbres. Voilà, je suis affranchi. Les autres ? Esclaves.
J'aimerais relever les cheveux sur ta nuque, j'ai l'impression que ton visage est un drame, ou un théâtre, j'aime écrire que je secoue le varech doré de ta chevelure, c'est un rideau d'un ton mat, jaune, qui brûle les yeux, qu'aucun frottement ne peut alerter. Même pas mes cris. J'aime que tu sois inaccessible, que je puisse dire « D. , c'est qui ne s'atteint pas, c'est juste derrière ton ongle le plus long, sous la courbature de ton muscle tendu, c'est la fièvre dans mes coups sur le parquet, c'est les mots sur la feuille timide, c'est la famine de mes paumes, c'est le visage qui abrite mon rêve dans la douceur de son rythme de coquillage enfiévré. D.;c'est le lointain, l'espoir qu'il y a a sa lèvre, sous le maquillage mâle dessous ses yeux, dans ses cils qui donnent à ses yeux la forme d'un oeillet. D., c'est loin, celle que je ne touche pas avec les mots, que je ne veux pas troubler, que je caresse avec des secrets, que je dépose en pensées,dans velours beige de l'aurore. D. C'est la neige qui brûle mes nerfs, et dans laquelle je trace les signes de mon indigénat, c'est l'indignation la plus célèbre du monde, quand mon corps prend l'évidence des caprices, c'est le goût simple et compliqué des fruits de l'automne.

J'aimerais te dire, de ne pas bouger, que la vie, va te frotter la peau, te laver les sens, et te montrer mes souvenirs vieillis. Souvent, la nuit, je voudrais m'assigner un serment, mais je ne sais pas prier, je répète seulement ton prénom. On m'a dit, quand tu dis ce prénom, on dirait que tu portes un pagne de romain, que tu pries des statuettes immobiles. C'est plus que ça, j'adore l'ombre, tu ressembles à la nuit déifiée. Je sens la peau d'après l'amour, j'ai un peu honte.
Parfois, je pense ne plus connaître ce qu'est le froid, le chaud.
Tout résonne tiède.
Depuis quelques siècles les hommes deviennent tièdes.
Pour moi, pour eux. Peu importe. Ce ne sont que des mots. Pour toi.
Je vagabonde.
Je vagabonde.
Je suis un enfant, un peu oubliée, mais ce n'est pas grave, je ne sais pas ce que c'est que d'être vivant, depuis que j'ai treize ans. J'allais dans une école de surdoués, mais ma peau a porté un crime. Un crime d'amour.
J'ai 5 siècles et le souvenir de Marguerite devant moi qui veut se baigner dans la baignoire prend son temps. J'ai cinq siècles, j'ai tellement de temps à lui offrir.
Je voudrais apprendre à prier, je voudrais faire des messes inquiétantes. Je sais, à mon âge je devrais retrouver mes amoureuses, ou penser à des choses sérieuses et distrayantes, à des amours graves avec des gestes de saintes et des morales de putain. Mais je ne peux pas. Quand, je dis « je suis fragile » c'est le seul jour où je ne rigole pas. J'ai l'impression, que si l'on me frôle, on me fêle. Je n'ai pas la barrière du corps pour protéger mon âme. Lorsque l'on me touche -et je te supplie de ne plus le faire- l'on brutalise mes nerfs, mes émotions, l'on secoue, et c'est en désordre après, il faut tout retrouver, les souvenirs, tout retrouver les larmes, et les sourires. Je ne supporte pas l'ordinaire. Pendant un an et demi, j'ai tenté. J'ai fait des stages, eu des amours équilibrés, je suis sorti tout le temps. Et je suis fatigué, je pensais aux livres, je pensais à l'amour et je pensais surtout à l'écriture. Aujourd'hui, si je recommençais à me chasser de moi, même, des pensées j'ajouterai, « je pensais à D. ». J'aime la vie, si fort, que je ne peux l'échanger contre aucune imitation, je suis ce buveur de café à l'hôtel de la gare en 1942, qui refusait de boire l'ersatz, et finissait la journée, tremblant de fatigue « les imitations je les laisse aux poètes ». Tu devrais voir ce que j'ai écrit dans mes carnets, je t'ai fabriquée avec une tresse de princesse troyenne. A la fin, tu brûles de gloire. Tu as des reflets miraculeux, qui te sortent des yeux. A quoi je joue avec mes mains ? A écrire. Personne ne voit ce que j'écris, parce que j'ai voilé mon identité sur la couverture, sur la pochette,depuis cinq siècles j'écris le même mot, un mot amoureux, un décor.
Pourquoi devrait-on faire de moi un petit garçon normal ? Je suis un caprice, une colère, je suis un scandale calme, une passion indifférente, je suis la mer légère, qui parfois secoue les cales qui l'assombrissent. Depuis cinq siècles je suis la marée haute, pourquoi devrait on me faire partir de l'autre côté des réalités, des perceptions. Vos vies ordinaires ne m'intéressent pas. J'ai essayé, pendant un an et demi, je m'y suis abîmé presque jusqu'à vous ressembler. J'aime tâter la vie avec les yeux, je me suis souvent pris le regard dans les portes. Maman dit de faire attention. K'ai besoin de quelqu'un pour veiller sur moi, parce que je ne sais pas le faire. Je vais insulter les gens dangereux, je vais menacer les bandits, traverser où il ne faut pas, m'arrêter au milieu d'une phrase importante parce que ma tête sera secouée d'une idée folle, d'une idée de littérature. Partir d'une chambre d'hôtel, dans la nuit, parce que c'est moite un corps inconnu. J'ai besoin de quelqu'un qui veille sur moi, et ton ombre m'enveloppe et calme mes rages de nerfs. Je t'aime, je t'aime, je ne sais pas prier, et ce ne sont que des mots. Ah. D. comme j'aime le soleil de cette après-midi. Presque autant que la nuit à venir.

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25 mars 2011

Les reins du rhin.

 

 

"Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s'engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.
Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s'évaporer les soleils,
Me font rire, pleurer et rire,
Parler sans avoir rien à dire"

Paul Eluard - L'amoureuse

 

Lundi, nous serons à Francfort et j'ai peur de trouver la même frustration qu'à Bruxelles, de ne pas trouver de quoi écrire. Je peux écrire avec n'importe quoi avec l'eau, avec la peau, les larmes, ou encore tout ce qui pourrait se montrer comestible sur une page blanche, une feuille, un mur, ou encore tout ce qui pourrait se montrer comestible pour les mots.

Je vais passer une nuit assez étrange. On me dira tu as mal dormi ?
Non, je n'ai pas dormi. J'ai peur de trouver quelqu'un dans mes rêves. D, ou moi, et c'est un peu pareil. Après tout ce que j'ai pris de toi, après tout ce que j'ai mis de mes forces en toi. Les rêves nous confondent.

A Francfort si je n'écris pas, ce sera comme à Bruxelles, je devrais boire beaucoup, pour ne pas sentir le manque. A Bruxelles j'ai eu chaud, j'ai eu froid. Puis je suis reste au stade où mon corps paraissait tiéde. Aujourd'hui encore, je nage dans cette bulle de tiédeur moite, et douce.
Je crois qu'à Francfort, ce sera difficile de parler.



D.
Majuscule. Je vais aux séances de dédicaces avec le sourire. Parce que c'est mon tour, de signer dans un déguisement de pseudonyme. Je renifle dans la librairie, le samedi, un succès qui ne devrait pas exister. J'écris alors tout m'est permis. A l'exception de mourir. Et comme le sommeil ne veut pas de moi, je trouve des créanciers de l'existence dans les choses humaines.

J'ai le sexe des enfants, D. J'ai peur de perdre, peur que tu dises non, ou oui, peur de poser la question, parce que toutes les réponses m'effraient. J'aime écrire et m'inventer une beauté, remplacer un visage. Il ne faut pas me détester. C'est peu la littérature, l'écriture, je suis de ceux là qui gémissent les sensations, qui suent des hurlements, qui sourient des caprices. Je suis un enfant qui grandit dans un corps en décalage. Mon corps lui voudrait des choses, des vigueurs, des femmes, des matins, de la chaleur, et je ne donne que des monstres. Mon âme n'est pas comme mon corps, elle se détend partout, elle veut jouer, pousser, tomber, se relever. Je voudrais t'embrasser sans que personne n'en dise rien, je voudrais te déposer un baiser sur les lèvres, sur le front qui ne soit pas sérieux, qui ne propose rien, qui ne demande rien, un baiser tout simple, tout pâle, un baiser d'enfant, qu'on retient à peine, et qui ressemble à un bouillonnement, qui ressemble à une première vague absorbée par le ressac de la nuit. Je voudrais que nous nous aimassions mais sans être réglementé, je voudrais que l'on puisse être inquiet de l'absence de l'autre, je voudrais poser ton doigt dans ma poitrine, comme un marque-pages, et que nous lisions ensemble mes cris. J'ai peur, toujours, peur. Et je fais face à ma peur, mais je ne peux pas te dire ce que tu sais déjà. C'est fou, la vie est absurde, elle m'inspire et ne veut pas de moi.

24 mars 2011

Perso - Rue Saint-Jacques, les critères sacrés.

Un jour l'on me dira "je veux que tu arrêtes d'écrire sur moi" et j'ai
répondu "je n'écris pas sur toi, j'écris après toi, je capture ton ombre.
Mon écriture est depuis toi, la traîne que tu laisses, le scrupule que tu
engages". J'espère que ce ne sera pas toi, mais une autre, qui me dira ces
choses. Toi, j'aimerais que tu continues à faire semblant de ne pas lire,
de ne pas savoir. Tu as les yeux beaux, beaux comme des yeux aveugles.
Trop de lumière dit le soleil. J'essaie d'éclaircir les miens, de les
faire tousser, je regarde le soleil à la place des Etats-Unis, je le fixe
longtemps, et je suis ému, je crois, mes yeux sont plein d'émotions
claires.

Le jeudi, je sortais, dans des bouges, boire, pendant deux heures, chez
Maxim's, à l'Ice Baar, à la French. Puis je suis fatigué, des gens que je
trouve partout identiques, des gens évadés de la cire. Alors, ce soir, à
vingt et une heures, j'irai ailleurs, j'irai à la rue Saint-Jacques dîner
de silence. J'irai tout seul, à la rue Saint-Jacques, et ce sera pareil
qu'avoir écrit adieu au bas d'une lettre de rupture. Je leur dis au
revoir, à ces corps qui se croient plein d'esprit, et moi, comme Crevel,
je suis un esprit déguisé avec un corps. Quand je le dis à un inconnu, il
me frappe. Et c'est comme de me dire "c'est comme ça qu'il faut se servir
du corps". Je ne sais pas. D. j'aime ta voix de clown faussement
agressivse, et qui déraille vers la tendresse des jours sans pluie, où les
enfants rient d'eux même. Tu as une voix petite comme tes mains qui
bourgeonnent au bout de tes os. Je ne m'approche jamais assez -je déteste
la bise, la tentation des lèvres est trop forte- mais je devine l'odeur
d'églantines de ton cou. Tu as une nuque de jardin, tu en as l'odeur de
lavandes sèches.
Aujourd'hui, je me suis levé avec un mal au poignet assez étrange. Comme
si l'on m'avait tordu les mains toute la nuit.
Je me demande où va ma vie.Je me demande avec qui elle va partir cet été.
Je me demande, si je te recroiserais, plus tard. Je crois aux signes, et
de t'avoir vue hier, place des Etats-Unis me terrifie encore. J'ai très
peu dormi cette nuit, parce que j'avais peur que tu sois là, encore, prête
à surgir.
Je me demande si, au Pont du Bois, il y'aura encore cette dame penchée au
rebord, qui répondera aux passant :"qu'elle sautera un jour".Je me demande
si le vent l'emportera avant sa chute.Je me demandais si j'aurai le temps
de l'aimer avant. Je me demande si je finirai par t'écrire les mots
élégants, dans des chemises capitonnées. Je ne sais pas bien. Ton prénom
est court. Je le prononce et il a déjà fondu sur toute ma longue. Il rime
avec Anne, il rime avec mes souvenirs. Si je t'attache des perles au cou,
est-ce qu'elles tonitrueront comme les vagues accrochées dans Pâques au
clocher des Eglises. Si j'appuie sur ton dos, j'ai l'impression que de la
musique va sortir, mais je n'ai pas de corps, alors je ne peux pas
appuyer. Je passe. Comme une note close.
Je me demande si les corps que je croise peuvent être à moi. Remplacer les
idées. Je cherche le corps que je pourrais m'accaparer pour venir t'aimer
convenable. J'ai déjà trouvé le corps où je veux faire brûler mes venins.
D. C'est tout chaud, ton prénom, ça sort du four, c'est croustillant,
doré, c'est le matin qui a dérapé de l'horloge pour tomber dans ton teint.
Et je me fiche de savoir.
Je n'invente pas ta beauté. Je la trouve en toi, et je la retrouve, chaque
nuit. Je la retrouve, dans les murmures que je prie, dans le murmure de
ton prénom que je récite en entier, que je n'écris qu'en mystères. Je te
retrouve, dans les yeux ouverts d'un cri sur la table du salon.
Je ne veux pas d'avenir.Je veux mon destin.Je ne veux pas de compliments.
Je ne veux pas être flatté. Je veux être pris en flagrant délit .Je veux
qu'on m'interdise, qu'on continue de censurer ma vie. Je veux que tu me
gaspilles.
Je ne veux pas te faire peur, et pourtant j'effraie. Quand je passe devant
un miroir, avant de rire, je pleure. J'arrache les cheveux du reflet. Je
ne supporte pas. Ni le bruit, ni la vue. J'appelle les hommes "mes
automates". Depuis tout petit, dans le chant gras du jour kabyle, qui
semait par carrés son jour, une sorte de peur et d'angoisse énorme me
prend, quand j'aperçois le moindre éclat bleu d'un oeil. Le spectacle de
ton regard est terrifiant et je ne peux pas m'en détourner, quand tu me
regardes, tes yeux finissent par partir dans leurs propres silences, et
moi, je prends des poses victorieuses mais mon esprit vibre de
peur.Parfois, mais plus rarement, je me mets même à en pleurer. Mais tu ne
peux pas voir, je pleure avec mon esprit. Avec mon silence. C'est une peur
énorme. Mes parents n'ont jamais su l'expliquer. Et moi, je n'ai jamais su
le comprendre.
Je me demande pourquoi j'ai aimé voir tes yeux croiser. Je me demande
pourquoi, je ne supporte pas la laideur dans ta bouche.Pourquoi je trouve
ça vulgaire. Pourquoi, chez les garçons, ça ne me surprend plus. Je me
demande pourquoi je ne suis pas parti dans les terres froides de la
liberté.
Je me demande si tu sais que je fixe tes yeux parce que mon écriture est
altérée. Je me demande si lorsque l'on veillit, on aime toujours autant la
jeunesse. Si l'on devient envieux.
Je me demande si c'est logique de tomber amoureux d'une idée. Si c'est
important, que toi, D., tu ne puisses qu'avoir peur de moi. C'est étrange.
Je ne sais pas si j'aime déranger. Mais je dérange. En seconde la
professeure avait écrit "vous êtes dérangeant".
Marguerite avait dit "tu es érotique quand tu t'allonges sur la table"
C'est la position de l'écriture. Sa position amoueruse. Si tu me voyais,
dans la nuit, tu aurais autrement peur. La peur du visage dément, les mots
qui partent par la bouche et qui gemment l'univers. Tu n'es banale pour
personne, mais je t'offre différente.Tel que je te vois. Avec mes yeux
décharnés, avec mes côteaux versés. Chaque jour. Oui, D., je te fais
exister autrement que tu peux être. Sous une autre forme. Les corps
humains sont des ombres, dans mes mots, avec le grain de tes yeux je veux
te troubler.Je trouble. Tu n'entres pas dans ma vie, tu entres directement
dans les souvenirs. Je ne sais pas si je pourrais jouer avec tes cheveux
toute ma vie comme s'ils étaient des minutes, je ne sais pas s'ils sont
longs assez pour que la vie qui sépare les aveux silencieux les laisse
s'égayer dans mes doigts. Laisse moi les transformer encore, j'ai une
dernière mélodie à jouer, la mélodie du regret lâche. Je ne peux pas dire
ces quelques mots vulgaires que tout le monde dit "je t'aime", je ne peux
pas les adresser. Ce serait un déshonneur, ce serait comme t'offrir au
mariage l'alliance désuète des divorcés. Je me demande pourquoi l'on m'a
éduqué. Pourquoi, quand l'on me bouscule, je ne le remarque pas. Je me
demande pourquoi, je tombe dans les escaliers, quand je suis la voix, qui
légére, me gronde des sons inaudibles et attendrissant, des rires, de
lycéens. Et aussitôt, je comprends, pourquoi, j'ai mal au poignet, et
aussitôt je comprends : l'on m'a attaché.

J'ai envie d'écrire encore sur toi, puis je n'ose plus. Je me souviens que
tu me lis.

24 mars 2011

Perso - L'aube roule dans les doigts des prisonniers jusqu'à la braise des cigarillos.

J’аim’ pаs lеs gоnzеss’s à lоrgnоns
Qu’y z’оnt dеs guеul’s d’institutricеs.
Jе vоudrаis pаs qu’еun’ pаr cаpricе
М’оbligе à lui sucеr l’ trоgnоn.
Lеurs pаrеnts quаnd qu’а z’étаiеnt mômеs,
Lеur оnt pаs fаit d’fеssеs еt d’nichоns
Маis lеur оnt fоutu dеs diplômеs.

Jehan Rictus - Les gonzesses à lorgnons


J'ai l'argent en ennemi alors je vole, je dérobe, je dérobe avec mes
manières de galant celles qui ont des gravités de Madame. Je fais des
politesses humides, je fais ricocher mon corps comme les verres à
cocktail, je dis oui, oui, je ne dis que oui, et je cache mes vols sous
mon sourire. Quand je parle on m’écoute, tout le monde murmure "regardez
comme ça parle un incapable, un fou, regardez" et quand je reçois des prix
ils trébuchent sur ma peau comme des crachats, des aumônes, je suis un
porteur de blé flamand qu’on endommage.

Plus tard j'irai dans les couloirs de Paris hurler de grands poèmes
inspirés par ma misère. Je dirai à la foule "Je suis le XIXème siècle,
avec sa faim, son froid mais aussi sa révolte, je déclame ici pour ne rien
perdre de l'éloquence des Révolutions. Faites attention à vous, tous les
pauvres s’y mettent, ils sont dans tous mes gestes"

"J'irai tailler des roses de marbre, et souffler des fleurs de verre. La
première sera un palais que les barbares pilleront sans percevoir de
senteur ; la deuxième sera un miroir où Narcisse se blessera et tachera
les pétales; la dernière aura les corolles des jupons fébriles et invitera
les mains d’homme entre ses humides rosées"
Les forgerons d'éclair pleureront les saveurs de fer quand ils graveront
des fleurs de cuivre, à nouer à ta boutonnière, à fondre dans tes ailes en
morceaux.


J'aimerais leur dire "Regardez comme un poète meurt aujourd'hui"
Mais les poètes ne peuvent plus mourir, ils n’ont nulle part où naître.
Mon talent est accroché dans le ventre de ma mère. Je sais, il mourra,
comme moi, avec elle, cette vermine adorable, dans le ventre, et je sais,
qu'il ne sera pas plus grand écrivain que moi, que vous tous, et moi.
J'aimerais être simple. Parfois. Pour voir. Tu vois, je ne dis presque
plus ton initiale, tu es toute entière dans le tutoiement. Je m’adresse à
toi, encore comme si tu étais là, voisine de la ville.


Je pense tout à coup à la création. Ton visage en bois ou en granit, à la
saveur d’ananas que je mords par inconscience dans mes rêves, ô D., les
rêves sont courts, dans mes nuits précaires, qui tiennent en équilibre sur
le pouce de Dieu. Je n’ai pas retrouvé la raison, j’ai soulevé des pierres
raisonnables, des pierres d’Eglise, j’ai soulevé des livres, des pages.
Nulle part. Comme la liberté. C’est une hallucination. Je pense à mon
visage même, qui lorsque j'avais onze ans, m'avait été offert par un
miroir. Je m'étais arrêté sur cette figure ridicule et effrayante, en
pointant le doigt vers le ciel et en éclatant de rire, tout en tendant mon
corps, de plus en plus vers le haut. Quand arrivé sur la pointe des pieds,
je ne tenais plus, surpris par la douleur, je lâchais l'effort, et me
laissais tomber à côté de mon reflet étendu que je me perssais
d'embrasser. Je repense à toi, quand le soleil me couvre. Je repense à ces
moments où je me dis que je suis bien plus ivre que le reste du monde pour
commettre ce genre de suicides permanents, pour m’imposer des
humiliations. J’ai trop peur de moi, trop peur des jeux que je peux
entreprendre. En écrivant ici, je les prive de force.


Je fais mon chemin, je le gratte, dans mon propre corps. Il faudrait que
l'on m'explique comment ne pas s'essouffler. Je me trouve beau après
m'être essoufflé. Parfois, je me souviens de ces étés, où je courais dans
les graviers de l'allée Carnot, pour ensuite fouler les escaliers à grande
enjambé, et m'admirer dans la glace, essoufflé, rouge, suant, les cheveux
maladroits, le sourire frais des fruits défendus. Je crois que c'est à peu
prés l'image que j'ai de moi après l'amour. Après mes nuits. Après mes
attentes. Je me souviens des miroirs, gigantesques, que je scrutais en
contemplant ma bouche humide qui s'ouvrait et se refermait, s'entrouvrait
à intervalle régulier pour observer mes pommettes comme des abricots pas
encore tout à fait mûrs, et froids, mes cils subitement mouillés, comme
des gouttes de pain que l'on appliquerait sur le ventre visqueux de
l'hippocampe. Pour regarder ma poitrine haletante, et mes cheveux
sauvages, cette buée, ce souffle, lorsque l'on s'approchait un peu trop
prés pour admirer la beauté de mon corps fatigué et essoufflé. Il n'y a
d'ailleurs que dans ces moments là, que je me trouve beau. Qu'après avoir,
creusé l'effort dans le ventre.

J’ai crié, un cri si pur, si violent, si douloureux, si amoureux, que
toute ma jeunesse est passée avec lui. Quelqu’un devrait partager les
mêmes idées que moi, entendre les mêmes voix intimes que moi. Quelqu’un,
ailleurs que sous l’écorce de mon crâne pour prendre ma part de fièvre qui
me brûle le sang.

Je suis en colère. D'une colère d'un calme enviable. Je suis la colère
même. Je suis la colère sous la forme d'un corps. Une rivière endormie.
Une ombre dessinée, délirante et muette. Un jour je verrais passer devant
moi, tes formes animales. Comme quand tu m’infirmes. Je suis la colère
perturbée. Je crois en la beauté. Je l'ai vu passer. Depuis, je l'aime.
J'ai entendu la voix de ma silhouette. On m'a demandé "mais tu n'as pas
peur de devenir fou ?". Martyr volontaire. Je suis ma calme colère. Je
suis la couleur du sexe différent. Je suis l'épiderme de l'hérisson. J'ai
besoin d'une révolution en moi, chaque jour. Je suis le voyageur immobile.
On m'a dit que j'étais. Et je dis "je fais seulement semblant" Mais la
lumière de la voisine lorsqu'il éclate de rire, m'éclabousse de bonheur.
Je recule ma langue dans les oreilles d'un arbre. Je suis la colère
délicate. Je crie "Non, non!". Je suis les corps de mon propre corps. Je
suis les amours de mes propres colères. J'aime dire "Je suis affamé" après
avoir jeûné. D'où vient cette fascination des sentiments, le goût de
l’amour qui tue, abime. J'ai le silence gonflé des saintes dansant sur les
mains, dans une salle de prières à l'atmosphère légère du début d'été qui
aspirent mes deux lèvres fines et qui entourent mon visage. Souvent, je
pense que l'écriture est une forme de folie.

"Il faut un cri, un cri amoureux pour vivre, je vais me marier avec mon
écriture, avec mon écriture qui aura des yeux d’aquarium. J’aime toujours
dire que je suis coupable. J’aime toujours qu’on me regarde inquiet, que
les yeux qui passent remuent, ce n’est pas possible, ce n’est pas
possible, j’imagine qu’on se détourne de moi, que la vie soit la mer
rouge".


Il faut le savoir, je ne peux aimer vraiment que dans l’écriture. Entre
deux poèmes, deux rimes, deux textes, je cesse. L’espace entre un point
final et une majuscule a une taille de tombe. Mon amour a la pulsation
lente, a chaque battement de silence. Je n’aime plus.


Quand j’écris des lignes de rupture, je la signe "L'amour est un jeu" et
je l’envoie en huit morceaux j’ajoute "j’espère que tu y trouveras les
morceaux absents de ton coeur". Je sais que c'est en voulant éloigner les
gens de ma bêtise, qu'ils me trouvent génial et fascinant. Maintenant je
voudrais ponctuer mes phrases par Adieu. Adieu. Pour dire la stance
muette. Le même silence que la vie sur ma peau, le silence que je retrouve
après l’amour sur ma peau moite. C’est fou comme c’est facile de porter un
masque. En vérité j’ai l’œil de la nuit. Souvent, à l’Université, on me
déteste pour ce que je ne suis pas. Pour ce que je pourrais être. Quand
je veux consoler un corps, je le fais pleurer à nouveau.


Je peux creuser l'imagination. J’aime trop avoir des regrets, je le jure,
et en écrivant ici ces deux derniers jours, je les ai tous mis à ma
couronne.
Je veux effacer les secrets, je veux que l’on me retienne quand je tombe
de travers dans le sommeil.

24 mars 2011

"Qui chante son mal enchante"

"C'est à voix basse qu'on enchante
Sous la cendre d'hiver
Ce coeur,pareilau feu couvert,
Qui se consume et chante."

Paul-Jean Toulet - Qui chante son mal enchante

 

J'entends les murmures, c'est la couleur de cruauté. Que les choses soient fragiles, de la délicatesse de ma peau qu'on m'enlève, mes nerfs grelottent. Je n'aime pas les habitudes, en écrivant ici, c'est elles que je veux déranger, éviter que les salles de classe me soient un confort où allonger les jambes, je hais la torpeur de la vie et l'inquiétude m'absorbe, me concentre, me réclame, son corps d'étoiles qui resplendit, qui projette son rayon, qui rétracte sa lumière, le double sens d'un sourire. La complicité qui bout au geste, et le feu pétillant comme l'épine des glaïeuls, je n'aime rien tant que risquer mes sens à l'orient de la raison, à l'extrême de la marée des moqueries, à la crête de la vague qui va juguler le flou des visages et la bouche encore incertaine sous l'écume du jour. La brume des matins, où mes pas claquent leurs rires. Je cherche des prétextes à l'écriture, des prétextes à la vie,des prétextes à la souffrance, mon sang est une encre de qualité quand il est teintée des mystérieuses angoisses, qu'il coule en grinçant comme la porte d'un secret. Oui, tu es là. C'est très agréable. Je veux attirer les quolibets, les toutes minuscules rimeurs. Mon amour n'est pas un jeu. Mon indifférence n'est pas un pantomime.

 

Toutes les nuits je sors écrire quelques mots dans Paris, et je reviens à pieds, les cernes chargées de vie comme des hottes de Noël. C'est peut-être insuffisant. Des mots ne te feront peut-être pas rire. Des gestes te feront peur, pas trop, je ne suis une menace que pour mes raisons, pour le reste, je suis tendre, délicat, je regarde, je ne touche pas, je n'aime pas toucher, toucher c'est le dégoût, c'est ressembler, c'est correspondre. Et tout ce dont j'étais capable tombe à l'eau. Tombe dans l'huile de la nourriture. Tombe dans le vide de ton regard. Tombe dans l'humidité de ton sourire. Tombe dans la terreur que tu me procures. Je passerai la soirée avec Y.. Je passerai cette journée de la culture Néerlandaise avec cette blonde aux cuisses lourdes et à l'odeur de tabac jaune. Je ne l'embrasserai pas, je lui parlerai de toi. On ne se comprendra pas.
Le film est long. Les visages s'endorment. Et moi, je regarde, d'un oeil discret, dans le noir, comme si tu étais un jugement. Comme si tu ne t'adressais qu'a moi. Comme si tu étais de la même colère immobile que moi. Comme si je t'embrassais les mots. Comme si tu me disais de ne pas avoir peur, que toi tu n'avais presque plus peur de moi, qu'au début, quand tu me lisais, tu croyais que je sortirais d'entre mes phrases un poignard, mais qu'à la fin, au milieu de la nuit, quand tu avais froid, tu venais chercher une bûche dans mes cris pour te réchauffer quand ton amoureux était en absence. En sortant de la salle de cours, j'aimerais te crier : " que les hommes, sont plus fort que moi, que la vie, que toutes les filles aux cœurs oubliés au fond d'une cabane mauve et de feu ". Je me retournerai vers toi, et tu ne comprendras pas. Ce n'est pas grave, je ne demande à personne de comprendre. Quand je refuse une gloire, c'est comme si je refusais un baiser. Je dis "ma religion me l'interdit, je suis dans les ordres, mon habit est noir, et ma défroque blanche". Voilà. J'ai les doigts bleus d'encre. J'arrête d'écrire pour un moment. Tu ne me détesteras pas trop ? Je te laisse le reste. Les souvenirs, les bavardages, je n'ai rien d'autre à donner que mes mots. Un peu d'ironie, parfois, qui se fatigue aussi.

23 mars 2011

Dans tes bas j'ai rangé l'odeur de la nuit, et tu ne le sais pas.

 


"Protégés de Diane que nous sommes, jeunes filles et garçons intègres, chantons Diane, garçons intègres et jeunes filles."

Catulle -

 

C'est quoi l'odeur d'un arbre ? Celle de la peau morte.

Reste concentrée. Le travail ne se fait pas tout seul, il te faut tisser des articles de lois, des fusions, des modèles, tu n'as pas le temps de lire, tu dois user tes jolis yeux ailleurs, c'est trop petit un écran de téléphone pour se fatiguer ici, c'est trop court un trajet de métro pour illustrer toutes mes folies.
Quand j'écris c'est comme de plonger la main dans le bol de lait, de laisser couler le jus des fruits écrasés jusque dans les épaules, mes cheveux qui y survivent, sont des fruits amers. Tu peux croquer si tu veux, ce n'est pas intéressant une ortie, ça brûle. Je glisse sur tes lèvres, sur la peau mouillée du cou, quand je pleure les illusions vieilles. Celle qu'on aime, D. La mine de crayon, sous la peau du ventre, la langue dans les pains de sel, et l'eau fraîche, les limonades, et tous les gens incarcérés dans leurs existences. Je ne connais pas bien la définition de tendresse, je ne sais aimer qu'à en mourir.

Il y a de très belles maisons au dessus de chez moi, des maisons qui ont le porche luisant au soleil, et ça ne vaut pas tes yeux qu'on dirait de grandes émeraudes taillées par le marteau de la nuit, tes pupilles je les appelle des caves aux grandes fenêtres. Sur la façade brune d'aurore, j'aime voir les ombres minces, et les corps corps sombres passer, je me dis que tu pourrais y passer comme aujourd'hui, quand je t'ai aperçue. Comme je t'ai haïe, la musique jouait dans ma tête, et puis rien qu'à mon oreille, ton reflet et ta voix. Je me suis senti occupé, occupé, sans maquisard. Ma peau est froide et lumineuse, c'est le soleil dans son écharpe, l'hiver. Je n'aime pas le violet, c'est de la nuit de pollen, je préfère le mauve qui dessine sous les yeux des impressions de folie, le mauve que l'on retrouve si l'on mélange mes yeux dans les tiens, si on les fait des injections liquides. La couleur de l'herbe humide, la couleur du ciel, quand le jour résiste encore aux crachats de la nuit. J'aime les couleurs réservées, celles qui fascinent comme tes cheveux tout en restant retenues. La couleur de ta peau.
C'est plus fort que moi, le silence, je dois me taire, retenir tous les bruits, je voyage dans un bateau souterrain, je franchis des deuils, et des frontières, je suis un clandestin, je pleure des noyades, et je me retrouve étouffé sous mes propres rires. Je sens que le silence vous met mal à l'aise, quand j'y rue, que je m'y réfugie, son coton, sa douceur. Je esens que je dois finir des phrases fatiguées, que je dois les faire remonter la longue pente de l'usage comme un cheval de trait le cercueil du damné. Je ne sens pas le garçon, je ne sais pas pourquoi, j'ai les muscles silencieux, et la colère absente. Tu voudras bien finir mes phrases, plus tard ?

J'ai besoin de quelqu'un pour me protéger de la vie, pour me défendre.
Je n'ai trouvé que des avocats.

23 mars 2011

La perspective

j'ai les lèvres amères, elle me piquent. Comme si le baiser sur l'écorce des arbres du square avait dérapé. J'écris pour en rire. J'écris pour me dire "que c'est étrange tout ça, cet amour". J'écris parce que je n'ai pas le choix.

23 mars 2011

Perso - Dans le jour je creuse encore la nuit. Et je dis "j'aimerais que ce soit le soir"

Mercredi, Il suffit toujours d'un détail, et peu importe lequel, il suffit
seulement d’un pigment pour que mon cœur s’empourpre, pour que mes bras se
crispent, pour qua ma tête tourne. Ma sensibilité est dérangée, complexe,
contradictoire. Dans des veines indifférenciées coulent un sang fragile,
venu d’artères vénéneuses. Dans mon corps s’affrontent le silence rieur et
la douleur sèche pour former ce visage de paradoxe. J’ai l’indifférence
amoureuse. Je sais que rien, ni personne, ne sent ce que moi, je crois
ressentir. Un jour, j'aurai mes propres mots, j'aurai mes paroles, j'aurai
mes cheveux, qui frotteront les séismes. Un jour, on comprendra, que ce
n'était pas des hallucinations, mais qu'il y a bien un renard, qui gémit,
dans le coin droit de mon œil gauche, qui gémit sur la poitrine de mes
cils, et qui se met à perdre l'équilibre à la moindre larme. Un jour, on
comprendra, peut-être pas n’importe qui, après tout.

Je ne sais rien des corps de l’Avenue de la Grande Armée. Parfois, j'en
croise un, qui m'est familier. Et alors, je l’évite. Les corps connus
m’embarrassent. Ils demandent toujours si mon coeur va bien. Mon coeur se
met parfois à s'agiter, à glousser, alors je comprends qu'il rit. Et je me
mets à rire aussi. A mon tour. Quand, certain que mon cheveu est défié, je
me mets à jouer. Je joue, je suis comédien, costume, je suis l'été, je
suis malade. Je me mets à jouer de cette couverture, et je souffre,
parfois, que l'intérieur de ce corps, soit orageux, affamé, calme, secret.
Je me mets, pour les regards de ce corps inconnu, à faire danser mes
entrailles dans un calme paisible et tragique, à sourire, timidement, à
faire des signes, à embrasser, à vivre, aimer, je me mets, à faire toutes
ces choses, en laissant, un soupçon du parfum qui règne dans mon ventre.
Quand, enfin, je sens, que le corps inconnu, se met à détourner les yeux,
je sais alors, qu'il a compris. Je sais qu'il a vu. Et je sais, qu'il a
su, qu'il ne pouvait rien y faire. Que c'était moi. Je sais, que je l'ai
découragée par mon silence, quand on m'écrit et que je fais celui qui n'y
comprend rien, qui répond sérieusement à des mots qui demandent, qui
attentent. Il y a des mots difficiles à prononcer. Facile à écrire. Il y a
des mots, horizontaux et immobiles. Mais aucun ne sont inoffensifs. Tu
vois, D., je ne t’écris pas, j’aurais trop peur de pouvoir t’atteindre, de
pouvoir me rendre, si je t’écrivais vraiment, que je te montrais, que je
disais, regarde maintenant, c’est ça une agonie, regarde encore, c’est ça
une douleur. De te dire, la guerre elle se vit tous les jours dans ma
peau, loin des livres d'Histoire, j'écris une alternative. J’aurais trop
peur de t’écrire, trop peur que tu puisses un jour où tes sens seront
fragiles, céder à la littérature et son corps d'angoisse. Je ne veux pas.
Tu sais être heureuse, ça se voit dans les baisers qui gercent dans ta
nuque, dans l'alcool qui sèche ts yeux t'empêche de mettre tes lentilles.
La littérature c’est l’interdit, la barrière rouillée où les ballons
d’enfant se percent, les ronces, la littérature, les chemins hors-piste,
on en revient différent. D. Je ne t’écris pas, je me contente de t’aimer,
et c’est déjà beaucoup de feu, de flammes, beaucoup d’incendies à regarder
défaire le monde, je te protège de moi-même. Si je t’écrivais, sûrement,
tu ne verrais rien, tu sourirais, tu dirais, c’est beau, mais tu
n’entrerais pas dans la littérature, tu continuerais à marcher toute
droite, toutep etite. Mais peut-être que si, tu entendrais le chant triste
qui entre dans les figues, et c’est ce peut-être insupportable qui
interdit à mes mots de franchir le store des conventions. Je ne veux pas
que ma lumière te tache. La lumière du risque. Ma lumière douloureuse,
épaisse comme du sang. Sûrement, tu ne peux pas m’aimer, mais peut-être
peux tu aimer les mots, et nous confondre les rimes et moi, nous sommes
presque jumeaux. Ils sont à peine plus vivants que moi. Alors, je ne
t’écris qu’ici, je tutoie ton absence, je déshonore ta présence. Je t’aime
toute entière, je te garde de la littérature. Mon silence-gantelet est ton
mantelet. J'ai le goût de l'arme cirée dans la bouche. C'est ta voix douce
D. "Ce sont les autres qui inventent nos peurs". J'apprends à tout voir,
j'apprends à tout entendre. J’ai peur que tu me dises "Tu fais vivre ta
propre vie en l'écrivant". Je cherche la forêt. Où embrasser tes
agissements. Je pourrais me mettre à genoux, et je n'en ai pas honte. Oui,
je te cherche. Mais quand tu approches, je veux partir, très loin, sous
d’autres ciels, quand je te vois dans tes habits noirs et que je
n’attendais pas, que j’avais donné rendez-vous à la musique à place des
Etats-Unis, et que tu arrives toute habillée de soies sombres et de
garçons amoureux, je veux partir hors de l’imprévu. J’espère que tu ne m’a
pas vu. Mon corps est recouvert de villes écarquillées de révolutions. La
colline sainte, où la révélation se fait, je sens l'archange Gabriel
piétinant mes rigueurs. J’espère que mon silence t’a faite détourner le
regard. Je suis un enfant, ce n’est pas pour rire. A 13 ans Marine était
l’amoureuse, Marine qui demande à Cyril, si je peux venir la voir,
derrière les algecos. A 13 ans, Marguerite m’avait appris l’amour, l’amour
adulte, vieux, l'amour des manies, des intentions, des gestes, des
colères. Je ne voulais pas voir Marine, je me disais "comment peut elle
vouloir les mêmes images, comment peut elle vouloir un corps, des yeux, un
regard dévissé, comment, pourquoi, veut-elle me faire crier, me faire
peur, mettre encore des cauchemars dans ma tête. Il n'y a plus de places
dans ma nuit pour les accueillir, les cauchemars en plus, la nuit n'est
pas assez longue pour souscrire à toutes mes larmes. Non. Non. Non.
Marine, je ne t’aime pas, c’est laid comme ils font les amoureux. Laiss-
moi retrouver des cris innocents comme des genoux écorchés, rieurs, où le
sang brille de graviers. Des cris de jeux. Je ne veux pas que tu vois ça"
Et pourtant, D. quelques minutes après, en te croisant dans le couloir des
arbres, j'ai aperçu dans un sourire des ailes de renards qui s'ébranlaient
dans la gencive du ciel. Une dent de lait.

Il y a des gens, qui en lisant, ce qui se passe ici, ont dit : "…" je n’ai
pas entendu. Pourtant, je sais que je peux porter à confusion, mais mon
coeur, est certainement, bien plus, du côté des cratères vivants. Et bien,
que je ne puisse écrire autrement, que je continue à parler de silences,
de D., ou des douleurs, de cette manière, que je continue à vivre dans
cette marre, et bien, qu'il soit bien clair, que je ne pense pas avoir de
maladies. Et que ça ne regarde personne.

J'aime bien profaner les bruits intérieurs de mon corps. Parfois, je me
bouche les oreilles rien que pour les écouter résonner.

Je pense qu'il y a des corps, qui peuvent prendre la forme folle de pleine
lune, et qu'il y'en d'autres, qui sont fous de nature.


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23 mars 2011

Perso - Dans le jour je creuse encore la nuit. Et je dis "j'aimerais que ce soit le soir"

Mercredi, Il suffit toujours d'un détail, et peu importe lequel, il suffit
seulement d’un pigment pour que mon cœur s’empourpre, pour que mes bras se
crispent, pour qua ma tête tourne. Ma sensibilité est dérangée, complexe,
contradictoire. Dans des veines indifférenciées coulent un sang fragile,
venu d’artères vénéneuses. Dans mon corps s’affrontent le silence rieur et
la douleur sèche pour former ce visage de paradoxe. J’ai l’indifférence
amoureuse. Je sais que rien, ni personne, ne sent ce que moi, je crois
ressentir. Un jour, j'aurai mes propres mots, j'aurai mes paroles, j'aurai
mes cheveux, qui frotteront les séismes. Un jour, on comprendra, que ce
n'était pas des hallucinations, mais qu'il y a bien un renard, qui gémit,
dans le coin droit de mon œil gauche, qui gémit sur la poitrine de mes
cils, et qui se met à perdre l'équilibre à la moindre larme. Un jour, on
comprendra, peut-être pas n’importe qui, après tout.

Je ne sais rien des corps de l’Avenue de la Grande Armée. Parfois, j'en
croise un, qui m'est familier. Et alors, je l’évite. Les corps connus
m’embarrassent. Ils demandent toujours si mon coeur va bien. Mon coeur se
met parfois à s'agiter, à glousser, alors je comprends qu'il rit. Et je me
mets à rire aussi. A mon tour. Quand, certain que mon cheveu est défié, je
me mets à jouer. Je joue, je suis comédien, costume, je suis l'été, je
suis malade. Je me mets à jouer de cette couverture, et je souffre,
parfois, que l'intérieur de ce corps, soit orageux, affamé, calme, secret.
Je me mets, pour les regards de ce corps inconnu, à faire danser mes
entrailles dans un calme paisible et tragique, à sourire, timidement, à
faire des signes, à embrasser, à vivre, aimer, je me mets, à faire toutes
ces choses, en laissant, un soupçon du parfum qui règne dans mon ventre.
Quand, enfin, je sens, que le corps inconnu, se met à détourner les yeux,
je sais alors, qu'il a compris. Je sais qu'il a vu. Et je sais, qu'il a
su, qu'il ne pouvait rien y faire. Que c'était moi. Je sais, que je l'ai
découragée par mon silence, quand on m'écrit et que je fais celui qui n'y
comprend rien, qui répond sérieusement à des mots qui demandent, qui
attentent. Il y a des mots difficiles à prononcer. Facile à écrire. Il y a
des mots, horizontaux et immobiles. Mais aucun ne sont inoffensifs. Tu
vois, D., je ne t’écris pas, j’aurais trop peur de pouvoir t’atteindre, de
pouvoir me rendre, si je t’écrivais vraiment, que je te montrais, que je
disais, regarde maintenant, c’est ça une agonie, regarde encore, c’est ça
une douleur. De te dire, la guerre elle se vit tous les jours dans ma
peau, loin des livres d'Histoire, j'écris une alternative. J’aurais trop
peur de t’écrire, trop peur que tu puisses un jour où tes sens seront
fragiles, céder à la littérature et son corps d'angoisse. Je ne veux pas.
Tu sais être heureuse, ça se voit dans les baisers qui gercent dans ta
nuque, dans l'alcool qui sèche ts yeux t'empêche de mettre tes lentilles.
La littérature c’est l’interdit, la barrière rouillée où les ballons
d’enfant se percent, les ronces, la littérature, les chemins hors-piste,
on en revient différent. D. Je ne t’écris pas, je me contente de t’aimer,
et c’est déjà beaucoup de feu, de flammes, beaucoup d’incendies à regarder
défaire le monde, je te protège de moi-même. Si je t’écrivais, sûrement,
tu ne verrais rien, tu sourirais, tu dirais, c’est beau, mais tu
n’entrerais pas dans la littérature, tu continuerais à marcher toute
droite, toutep etite. Mais peut-être que si, tu entendrais le chant triste
qui entre dans les figues, et c’est ce peut-être insupportable qui
interdit à mes mots de franchir le store des conventions. Je ne veux pas
que ma lumière te tache. La lumière du risque. Ma lumière douloureuse,
épaisse comme du sang. Sûrement, tu ne peux pas m’aimer, mais peut-être
peux tu aimer les mots, et nous confondre les rimes et moi, nous sommes
presque jumeaux. Ils sont à peine plus vivants que moi. Alors, je ne
t’écris qu’ici, je tutoie ton absence, je déshonore ta présence. Je t’aime
toute entière, je te garde de la littérature. Mon silence-gantelet est ton
mantelet. J'ai le goût de l'arme cirée dans la bouche. C'est ta voix douce
D. "Ce sont les autres qui inventent nos peurs". J'apprends à tout voir,
j'apprends à tout entendre. J’ai peur que tu me dises "Tu fais vivre ta
propre vie en l'écrivant". Je cherche la forêt. Où embrasser tes
agissements. Je pourrais me mettre à genoux, et je n'en ai pas honte. Oui,
je te cherche. Mais quand tu approches, je veux partir, très loin, sous
d’autres ciels, quand je te vois dans tes habits noirs et que je
n’attendais pas, que j’avais donné rendez-vous à la musique à place des
Etats-Unis, et que tu arrives toute habillée de soies sombres et de
garçons amoureux, je veux partir hors de l’imprévu. J’espère que tu ne m’a
pas vu. Mon corps est recouvert de villes écarquillées de révolutions. La
colline sainte, où la révélation se fait, je sens l'archange Gabriel
piétinant mes rigueurs. J’espère que mon silence t’a faite détourner le
regard. Je suis un enfant, ce n’est pas pour rire. A 13 ans Marine était
l’amoureuse, Marine qui demande à Cyril, si je peux venir la voir,
derrière les algecos. A 13 ans, Marguerite m’avait appris l’amour, l’amour
adulte, vieux, l'amour des manies, des intentions, des gestes, des
colères. Je ne voulais pas voir Marine, je me disais "comment peut elle
vouloir les mêmes images, comment peut elle vouloir un corps, des yeux, un
regard dévissé, comment, pourquoi, veut-elle me faire crier, me faire
peur, mettre encore des cauchemars dans ma tête. Il n'y a plus de places
dans ma nuit pour les accueillir, les cauchemars en plus, la nuit n'est
pas assez longue pour souscrire à toutes mes larmes. Non. Non. Non.
Marine, je ne t’aime pas, c’est laid comme ils font les amoureux. Laiss-
moi retrouver des cris innocents comme des genoux écorchés, rieurs, où le
sang brille de graviers. Des cris de jeux. Je ne veux pas que tu vois ça"
Et pourtant, D. quelques minutes après, en te croisant dans le couloir des
arbres, j'ai aperçu dans un sourire des ailes de renards qui s'ébranlaient
dans la gencive du ciel. Une dent de lait.

Il y a des gens, qui en lisant, ce qui se passe ici, ont dit : "…" je n’ai
pas entendu. Pourtant, je sais que je peux porter à confusion, mais mon
coeur, est certainement, bien plus, du côté des cratères vivants. Et bien,
que je ne puisse écrire autrement, que je continue à parler de silences,
de D., ou des douleurs, de cette manière, que je continue à vivre dans
cette marre, et bien, qu'il soit bien clair, que je ne pense pas avoir de
maladies. Et que ça ne regarde personne.

J'aime bien profaner les bruits intérieurs de mon corps. Parfois, je me
bouche les oreilles rien que pour les écouter résonner.

Je pense qu'il y a des corps, qui peuvent prendre la forme molle de pleine
lune, et qu'il y'en d'autres, qui sont fous de nature.



23 mars 2011

Perso - Sur la place des Etats-Unis, j'ai vu un Etat, l'état de la folie.

"Il a passé sur moi des heures et des heures
Je ne remuais plus tant j’avais peur de toi
Je me disais je meurs c’est moi c’est moi qui meurs"

Quand j'ai croisé l'Université au milieu de mes folies les fruits ont
cessé de gonfler leurs jus, de tendre leurs peaux, j'ai senti ma peau
frémir de colère. Un être dérangeait la musique bouleversée de dedans mes
artères....
" Que tu me déplaises n’est pas mon plaisir" le mot est charmant, élégant,
presque. Mais je ne me plie à rien que la littérature, mes mots sont
sales, ils roulent dans l’enfance, roulent, roulent, se retournent mais ne
veulent pas résorber, séduire, plaire. Je déteste le mot. Plaire. C’est le
mot des tortionnaires soumis, des équarisseurs. J’aime les clous des
martyrs. J'aime ma solitude. "Déplaire est mon plaisir"
La visite dans le square Thomas Jefferson : C'était une sorte de grande
bibliothèque où je lisais dans des gens toute l’existence couleur pruneau.
Une sorte d'entrée rétrécie comme des yeux usés de livres, avec des lampes
aux abats jours de jupes nègres, et une odeur de partition de Beethoven.
Tu parlais, j’imagine. Sur un ton impressionnant. Avec des mots sans
surprise, des mots que tu refuses au destin tragique de la poésie. Lire
n'est pas une consolation, je ne m'invente pas un monde en lisant ou
écrivant. Je retrouve le mien, qui je le sais, a déjà été un peu bâtit par
des mains fragiles mais belles. Inspiration personnelle, émotionnelle, et
philosophique. L'art de tes yeux, je ne le songe pas, je ne l’hallucine
pas, je suis ballonné de visions, mais ça, ton regard je ne l’invente pas,
je le mystifie, je l’abstrais, je le peins, mais la substance, l’évidence
première, le savoir originel, vient de toi, c’est ta vague que je capture
dans mes mots, l’impatience de ton sourire D.. Je veux reconnaître mon
visage dans la salle sombre de ton ongle peint avec une civilité d’enfant.
On m'a dit : " : "tu dois être possédé par les mots pour écrire en
marchant". Je me trouve stupide. D. n'aime que les voix neuves, et la
mienne est piégée de rythmes d'antan. La mienne rappelle que nous avons
vécu. Je ne lis pas d’écrivains modernes, pas plus que je n’enregistre les
numéros de téléphone des gens, je dis "je ne garde en mémoire que les
certitudes, les gens précaires, ceux qui accidentent la vie, je les
épargne" je ne sais plus la vie d'aujourd'hui. Vous savez, il n'y a plus
aucunes révolution qui vaille aujourd'hui, avant, on savait, et puis, je
suis une jeunesse qui avait beaucoup de choses dans le ventre. On pouvait
faire pousser deux beaux figuiers sans les abattre ensuite. Edgar Poe
avait un joli téléphone, sur lequel il a mis une chaussette noir, et
ensuite, un hibou mort, et depuis, je me suis mie à lire. Je lis, parce
que je ne sais plus. Je ne sais plus d'où vient le ciel. S'il y'a du vent.
L’Abstraction Lyrique et romantisme du suicide, la littérature a été pour
moi, une survie à laquelle j’ai sacrifié ma santé mentale. Le non
figuratif. D. tu sais, je suis malade, je vois des choses qui n’existent
pas, des choses sacrilèges, des dieux païens comme ton prénom, j’ai vu
quelque chose qui n’existe pas : la liberté. Il faut que l'enfant
réfléchisse la couleur. Vous aimez peut-être vous, mademoiselle, les
palettes de couleurs, vous avez une allure à vouloir vous intéresser à ce
qui vous entoure. A l'époque, l'art abstrait n'impressionnait pas.
Aujourd'hui, regardez-moi, j'impressionne car j'en possède. Quand on le
voit pour la première fois, un tableau abstrait paraît n'être qu'un
fouillis de lignes, de formes et de couleurs. Mais il faut se rappeler
que Borduas ne cherchait pas à peindre des sujets concrets. Il
recherchait plutôt un point de vue nouveau, libéré des conventions, sur la
culture et sur la société. Il tentait de peindre une autre réalité, celle
des émotions, des sentiments et des sensations.

"Tu dois te faire une raison". Souvent l’on me dit ça. Oui, une raison. Ca
se forge où ? Je n’ai pas l’outil utile.
Je prends deux lacets, je fais des nœuds, je danse et piétine sur mon
corps. J'écoute la musique des religieuses humides. Puis j'imagine des
guitares endormies qui se brisent contre des miroirs. Je mords ma lèvre
inférieure, en suçant un noyau d'abricot. J'ai l'odeur des matins heureux.
Je mets les lacets au poignet en guise de bracelets. Je plonge mes dents
dans ces fils. Et je me ballade, ainsi, accroupi, voûté, dans la rue. Je
sens que l'on me regarde, je m'en fiche : Je me suis fait une raison.

J'aimerais dire, ajouter, redire, remercier, D.
J'aime sa façon de me lire sans en parler, de se moquer de moi sans que
j’entende son rire, je le sais, parce que j’apprends tout. Il y a une
présence dans mes mots, mon corps est tous les objets inertes de
l’univers. Je décrète les droits de la folie, au square Thomas Jefferson.
C’est une indépendance.

23 mars 2011

Perso - Les jardins secrets, l'Uruguay

« J'ai faim de tes cheveux, de ta voix, de ta bouche
sans manger je vais par les rues, et je me tais
sans le soutien du pain, et dès l'aube hors de moi
je cherche dans le jour le bruit d'eau de tes pas.
Je suis affamé de ton rire de cascade,
et de tes mains couleur de grenier furieux,
oui j'ai faim de la pâle pierre de tes ongles,
je veux manger ta peau comme une amande intacte,
et le rayon détruit au feu de ta beauté,
je veux manger le nez maître du fier visage,
je veux manger l'ombre fugace de tes cils,
j'ai faim, je vais, je viens, flairant le crépuscule
et je te cherche, et je cherche ton cœur brûlant
comme un puma dans le désert de Quitratué. »

Pablo Nerruda


Je crois que l'on peut se déshabiller comme on s'écorche. Je le sais,
parce que je l'ai senti.
Il pleut des bonheurs sauvages dans les rues de mes membres qui volent
près –trop loin- de ce corps blond. Je préférerai ne pas me souvenir de la
dangereuse amourette d’échec lâche, des nuages mous et des arbres sans
fin, des fruits tors qui transpercent la tête des petits vieux, qui,
fatigués, s'endorment au dessus de leurs corps d’avocats. J'ai dit :" je
ne peux pas accepter le refus amoureux ". Je garde pour moi, cette tempête
d'espoir qui soulève ma poitrine. Et je laisse mon menton danser, sur la
musique entraînante de son souffle ; D. sa voix qui se brise en millions
de fragments, j’imagine son cri devenir la voix, la voix devenir la
pulsion, et sa pulsion amoureuse, la rivière de son sang gonflé dans son
ventre, sous la main tendue de son amoureux. "Je n'ai pas peur, je n'ai
pas peur, et je tremble tout entier". Mes deux genoux dévorés de noir qui
s'entrechoquent, et le bruit de ces deux os qui se caressent, me
chatouillent la langue. Sous la table, je caresse le muscle de l’abandon.
Je pense à la littérature, à D. son visage de grâce barbouillée par les
gouaches flamandes. L'abandon, cet être rusé et puissant. Il a la peau
jaune. Il a trop bu. Et sur la pointe des pieds, ensuite, je m'en irai,
t'attendant à vie, dans la chambre inondée de pluie, attendant que
l’abandon abonde en moi. Attendant, par-dessus le muret, ton bonheur
passer, et sourire, en reprenant mes pas. J’attends. L’heure du déjeuner,
pour écrire à la minuscule place de l’Uruguay, les mots. J’attends midi
trente, pour tacher mes doigts de turquoise. Quelques arbres qui empilent
des ombres compliquées dans mes cheveux d’orties. Midi trente, pour sortir
du bureau, et respirer l’odeur des chênes poilus, des gorges de soleil,
des chants de la lumière qui passeront sur mon carnet. J’écrirais sur D.
Tout près d’ici, ses grands yeux de terreur.
J’écrirai les mots qui permettent d’atteindre les corps.

J’étais souvent avant de t'aimer sous une couverture, mais je n'étais
jamais chez moi. J’écrivais chez des filles la rage douloureuse. Je les
abandonne. Il n'en reste aucune. Mon pas trébuche, c'est le noir, les
veilleuses des pupilles brûlent dans d'autres sortilèges. Délicieuse
solitude que celle qui t'approche de moi. Etrange, abandon. L’abandon.
J’aime D. Comme une religion pleine d’exigences réversibles, de passion
invisible, je l’aime comme la puissance céleste. J’ai quitté ma peau
d’idiot fiévreux de toutes les filles, j'ai quitté mon corps vengeur et je
me suis fait ordonner. Vraiment. Ordonné. Plus de prêches que de péchés.
Je lis, j’écris, et je pense à elle, je la loue sur l’autel des pages, et
des pages. D'en haut, j'entends des rires d'adultes. Des pelotes de laine
chatouillent les insectes noirs à l'odeur de vanille. Je caresse les
draps, et je sens sous mes doigts, des grains de sable se confondre dans
le tissu, se fondre avec un bruit minuscule qui me donne envie de vivre.
J'entends des rires. Et j'attends tes yeux que j’aime en en tapissant ce
lit de mots aveuglement dessinés. Je remarque qu’en t’aimant j’oublie très
facilement des syllabes dans mes phrases, le cœur bat trop vite, la pensée
est trop fatiguée.
Chaque personne qui m’évoque ta présence, ton prénom, devient tout un
instant important. Qu’il évoque, sans le faire exprès, le bleu roi qui
roucoule pareil qu’à tes yeux. La déesse latine du timbre prénom. Ton prénom mythologique. Il devient un instant, le temps
que ton visage s’imprime sur leurs langues, et que ta grâce s’imprime dans
ses gestes comme le fruit mur qui peint les murs sacrés. Le bruit de la
passion.
<
23 mars 2011

Silence, j'aime.

 

Demain, Je sais D. Tes petits gestes, comme de petites attentions. La clé qui reste dans l'ouverture de la porte. Je sais les secrets que tu expires en rires d'enfant. Je sais ta fragilité. C'est mon drame contre ton initiale. Je sais ta vie, contre la mienne. Perturbée, mélangée. Ma provocation. Provoquer la colère, le déplaire, et j'ai la figure pleine de suie de l'enfant qui a joué parmi ses rêves, qui a trainé une bête mythique de pardelà le rêve. Celle qui rougit. Qui assassine. Tu m'attendris tant, que je ne peux pas cesser d'écrire sur toi, sur ton prénom qui dans mes cahiers déplient le reste de ses ailes. D. C'est un profil. Je sais ta légèreté, quand tu danses avec les doigts dans la musique, ta jeunesse hagarde, égarée dans les ruelles, dans les taxis, tu as sur les côtes un gyrophare de voyage. Ecrire, pendu, mais t'écrire tout de même. J'admire la forme de ton regard, j'admire quand tu dessins les manies la position que prend ton corps. Même usé, même dégouté, même mort la forme de mes lèvres murmurera ton prénom, ton renom, ma toute puissance. Je t'aime. Le mot de sang qui continue à sillonner les tempes. Toujours. Encore. Comme les vies qui défilent, sous l'ombre de midi. C'est la voix de ton départ, quand tu diras tu aurais du, et moi qui répondrais, je n'avais pas la force, mes cordes vocales ne sont pas assez musclées pour trainer toute la grandeur du mot. Je suis ébloui par toi, tes yeux m'intimident. C'est la voix de la nuit, des vies qui s'en vont, et de toi restera le regret incendiant mon ravage. Tu seras mon rire, mes dents, mon ivoire précieux, je jouerai sur le piano de mon frère la note race des paniques. J'ai bu l'obsession dans tes yeux. Tu ne m'as jamais dit comme tu trouvais ce que j'écrivais, mes mots guindés, leurs cheveux d'accordéon. Tu ne m'as jamais dit. Je me lève péniblement quand je sais que tu n'es pas là. Je fais des crises agréables. Au bout d'un instant, j'ai des morceaux de toi qui me reviennent, qui te forment, qui t'assemblent, et tu es là toute entière, interdite, tu ne me vois pas, et le film de tes manières avance, avance, jusque dans le soir et les gobelets d'alcool, les urnes de la joie. Tu as une vigueur de prière. Mes gestes supplient les tiens, on dirait des gestes de croyants. J'abandonne facilement mes rêves, qui coulent comme une eau froide de douche sur ma nuque. Et je comprends, tout ce qui se passe dans ta nuit silencieuse, quand tu te lèves entre trois et cinq heures avant de te recoucher, quand tu tournes le mitigeur pour que l'eau soit chaude sur les vallons délicats de ta peau. Je sais l'eau qui rumine dans ton visage, l'eau timide qui évite ton regard, honteuse de n'être que du blême des remèdes. Tu as la rage dans les joues des rois élégants, et ma violence est trop lourde pour mon ventre. Quand ta douche a fini de couler, sur la céramique blanche, qui tressaille par endroits, se dressent des labradors transparents et des colliers de chmies. Tu les laisses dans ce panier de songes, et tu sèches tes cheveux longs qui roucoulent comme le jour. C'est beau un matin qui passe dans tes cheveux compliqués, c'est plus beau que la nuit qui se dépose sous mes yeux dans son baiser arrogant, mauve. Quand tu sors, et que nos vies s'évitent, j'ai toute la colère qui grimpe sur moi d'avoir les muscles ficelles, et m'étouffent le fond de la gorge. Mes cordes vocales sont étranglées par un poing serré. Un poing de révolte. Un poing d'angoisse. Un poing d'enfant. Je n'aime le théâtre que dans les salles qui s'y réservent, quand je sais en avance la pièce que je vais voir et pas l'ordinaire parodie qui se jouent dans les rues, et que les gens ordinaires jouent quelconquement. Il en est certain qui la jouent depuis si longtemps qu'ils croient que c'est la vie, sur leurs bureaux en formica, sur leurs écrans d'ordinateur où passent des courbes moins élégantes que celles que la mer fainéante te porte et te brode, petite D., ô charme indigène et tes yeux bleus d'inondation. J'ai dit adieu à Camille, Marie, Lucie, Hervelyne, Loriane, pour ne pas blasphémer ce mot que j'éduque pour toi, que je dresse et qui viendra racé lévrier déposer sa salive amoureuse à tes souliers inquiets. Je ne veux pas être le monstre ordinaire, celui qui change de forme pour figurer dans la nuit.

Parfois, quand je sais que tu me lis, D., par dessus mon épaule, je me sens suffoquer agréablement, la caresse érotique de l'amante furieuse. J'attends, ton silence, pour me mettre du bonheur. Ta lecture est vive, et je vis comme j'écris, beaucoup et violemment. Je finis chaque ligne avec le sentiment exalté qu'il en reste dix millions à vivre, dix millions d'odeurs à trouver dans ce que la pudeur me permet de saisir dans ton cou. D. D. D. et ton prénom se répète, et tourne, tourne sur le phonographe de mon fantasme. S'il fait trop de jour pour ton sommeil, prends à mon baiser, la paupière manquante, je t'offre des lèvres qui de t'avoir tant récitées peuvent devenir toutes les fonctions à tes douleurs, tous les baumes et les pardons à tes parjures.

Demain, Je sais D. Tes petits gestes, comme de petites attentions. La clé qui reste dans l'ouverture de la porte. Je sais les secrets que tu expires en rires d'enfant. Je sais ta fragilité. C'est mon drame contre ton initiale. Je sais ta vie, contre la mienne. Perturbée, mélangée. Ma provocation. Provoquer la colère, le déplaire, et j'ai la figure pleine de suie de l'enfant qui a joué parmi ses rêves, qui a trainé une bête mythique de pardelà le rêve. Celle qui rougit. Qui assassine. Tu m'attendris tant, que je ne peux pas cesser d'écrire sur toi, sur ton prénom qui dans mes cahiers déplient le reste de ses ailes. D. C'est un profil. Je sais ta légèreté, quand tu danses avec les doigts dans la musique, ta jeunesse hagarde, égarée dans les ruelles, dans les taxis, tu as sur les côtes un gyrophare de voyage. Ecrire, pendu, mais t'écrire tout de même. J'admire la forme de ton regard, j'admire quand tu dessins les manies la position que prend ton corps. Même usé, même dégouté, même mort la forme de mes lèvres murmurera ton prénom, ton renom, ma toute puissance. Je t'aime. Le mot de sang qui continue à sillonner les tempes. Toujours. Encore. Comme les vies qui défilent, sous l'ombre de midi. C'est la voix de ton départ, quand tu diras tu aurais du, et moi qui répondrais, je n'avais pas la force, mes cordes vocales ne sont pas assez musclées pour trainer toute la grandeur du mot. Je suis ébloui par toi, tes yeux m'intimident. C'est la voix de la nuit, des vies qui s'en vont, et de toi restera le regret incendiant mon ravage. Tu seras mon rire, mes dents, mon ivoire précieux, je jouerai sur le piano de mon frère la note race des paniques. J'ai bu l'obsession dans tes yeux. Tu ne m'as jamais dit comme tu trouvais ce que j'écrivais, mes mots guindés, leurs cheveux d'accordéon. Tu ne m'as jamais dit. Je me lève péniblement quand je sais que tu n'es pas là. Je fais des crises agréables. Au bout d'un instant, j'ai des morceaux de toi qui me reviennent, qui te forment, qui t'assemblent, et tu es là toute entière, interdite, tu ne me vois pas, et le film de tes manières avance, avance, jusque dans le soir et les gobelets d'alcool, les urnes de la joie. Tu as une vigueur de prière. Mes gestes supplient les tiens, on dirait des gestes de croyants. J'abandonne facilement mes rêves, qui coulent comme une eau froide de douche sur ma nuque. Et je comprends, tout ce qui se passe dans ta nuit silencieuse, quand tu te lèves entre trois et cinq heures avant de te recoucher, quand tu tournes le mitigeur pour que l'eau soit chaude sur les vallons délicats de ta peau. Je sais l'eau qui rumine dans ton visage, l'eau timide qui évite ton regard, honteuse de n'être que du blême des remèdes. Tu as la rage dans les joues des rois élégants, et ma violence est trop lourde pour mon ventre. Quand ta douche a fini de couler, sur la céramique blanche, qui tressaille par endroits, se dressent des labradors transparents et des colliers de chmies. Tu les laisses dans ce panier de songes, et tu sèches tes cheveux longs qui roucoulent comme le jour. C'est beau un matin qui passe dans tes cheveux compliqués, c'est plus beau que la nuit qui se dépose sous mes yeux dans son baiser arrogant, mauve. Quand tu sors, et que nos vies s'évitent, j'ai toute la colère qui grimpe sur moi d'avoir les muscles ficelles, et m'étouffent le fond de la gorge. Mes cordes vocales sont étranglées par un poing serré. Un poing de révolte. Un poing d'angoisse. Un poing d'enfant. Je n'aime le théâtre que dans les salles qui s'y réservent, quand je sais en avance la pièce que je vais voir et pas l'ordinaire parodie qui se jouent dans les rues, et que les gens ordinaires jouent quelconquement. Il en est certain qui la jouent depuis si longtemps qu'ils croient que c'est la vie, sur leurs bureaux en formica, sur leurs écrans d'ordinateur où passent des courbes moins élégantes que celles que la mer fainéante te porte et te brode, petite D., ô charme indigène et tes yeux bleus d'inondation. J'ai dit adieu à Camille, Marie, Lucie, Hervelyne, Loriane, pour ne pas blasphémer ce mot que j'éduque pour toi, que je dresse et qui viendra racé lévrier déposer sa salive amoureuse à tes souliers inquiets. Je ne veux pas être le monstre ordinaire, celui qui change de forme pour figurer dans la nuit.

Parfois, quand je sais que tu me lis, D., par dessus mon épaule, je me sens suffoquer agréablement, la caresse érotique de l'amante furieuse. J'attends, ton silence, pour me mettre du bonheur. Ta lecture est vive, et je vis comme j'écris, beaucoup et violemment. Je finis chaque ligne avec le sentiment exalté qu'il en reste dix millions à vivre, dix millions d'odeurs à trouver dans ce que la pudeur me permet de saisir dans ton cou. D. D. D. et ton prénom se répète, et tourne, tourne sur le phonographe de mon fantasme. S'il fait trop de jour pour ton sommeil, prends à mon baiser, la paupière manquante, je t'offre des lèvres qui de t'avoir tant récitées peuvent devenir toutes les fonctions à tes douleurs, tous les baumes et les pardons à tes parjures.

22 mars 2011

Magie allemande.

"Le peignoir de mousseline
Qui s'ouvre en donnant des idées"

 

 

A l'heure où la liberté m'est offerte. Se fait don, se fait grâce. Quand tes mots approchent leurs lèvres. Je sens les eaux noires de l'abandon qui remplissent le poumon. J'étouffe et les mots foncent le cahier de ma voix. Je les rature. Avant. Que tu ne puisses me briser : Je n'aime pas l'obsession de la nuit. Je n'aime pas qu'elle prenne la forme de l'écriture. L'écriture qui m'empêche de m'endormir. Je préfère celle qui sourit, que celle qui assassine. C'est fou, comme il y a deux écritures en moi. Deux écritures que tu réconcilies, D., et que mes lâchetés interdisent. C'est terrible lâche, ça veut dire non, lâche, ça veut dire en attente, ça veut dire sans risque, ça veut dire trop de plaies ouvertes, trop de cascades au lieu des dents.

Mardi j
e prends les regards. Je les prends, les tourne, les fait sursauter, et les jette en l'air parce qu'ils ne sont pas le tien. Chaque regard est une paire de jambes qui courent sur le corps lumineux et visqueux de l'inspiration, en t'attendant. Je n'ai pas besoin de t'écrire, je t'inspire, et dans les mots, dans la phrase je te relâche, comme une destruction, ma bête sauvage. Ma Douleur. Initiale.
Infirmité des voix, les mots sont trop amples, trop larges, les mots qui aiment, trop ordinaires.
J'ai beau la voir chaque jour, je ne la connais toujours pas par coeur. Quelque chose dans l'oeil qui dérange, quelque chose dans le regard trouble qui se perd au loin, et qu'elle recoiffe, vite, avant que les gens ne voient. Les images. Quand elle écrit, je ferme les yeux, je n'ai rien vu.
Le sens concret. Arrache moi la bouche.
Je trouve ça élégant d'écouter ses yeux qui battent la cadence des horloges. Sans mettre en travers de son existence mes gestes catastrophiques, la maladresse de mes tristesses. J'ai le visage despotique du tyran ruiné. Et je n'ai pas grand chose à dire. Je n'ai plus de montres depuis quelques années. Je remarque que le temps passe, en croisant chaque jour, la poussière qui s'incruste dans mes cernes, qui comme des fruits, se fragilisent au moindre mouvement.
Etre le repère.

Je voudrais dire à D. "tu es le seul corps qui m'empêche de mourir. Tu m'as rendu du courage, alors je ne peux pas te le dire, que tu es le seul corps entre le vide et moi. Le seul"
L'entendre me lire. Lire pour. Ses yeux étranges, ces deux blocs de soleil madrés, ce corps imperceptible que je ne sais pas embrasser, qui glisse, sur le parapet. Etre là, pour ta pensée qui du bout de la rue, cherche sa raison de vivre. Pour D., qui traverse ses saisons en soufflant sur ses jours.
Etre le silence, qui veille ton bonheur. J'ai de multiples fractures à des os invariables.
Quand je dis "je" je ne suis pas certain de dire "Jonathan" je crois dire "Najib" et les rimes kabyles de mes souvenirs.

Je voudrais, D., être la main invisible qui t'empêche de trébucher, quand tu ne comprends plus rien, que les gens passent autour de toi comme des autos de course automobiles, être la voix qui rassure, silencieuse, la bouche sans corps, le baiser sans lèvres.


Avant de respirer discrètement dans les corolles de ta nuque, j'avais vu quelque chose à travers la vitre de l'existence ordinaire, et je ne voulais pas y entrer. Mes yeux brillent, on croirait presque les tiens si je les ferme et que s'y faufile une rivière d'argent. Je voudrais pleurer et mes larmes se désagrègent dans mes couronnes flétries. Je suis un sale gosse, arrogant, distant. Je cherche tout ce qui me sépare, toutes les frontières, les craies, les charbons, les langues. Je suis un colonisé. Tu m'envahis, et je me laisse faire, tu ne le sais pas, tu étends ton regard à l'intérieur qui me brûle du même geste d'aube sur le rebord des abîmes. Je suis l'abîme que tu inondes. Ta lumière.


C'est comme si je ne savais rien mais qu'on m'avait soumis à une force agréable, qui faisait de moi, une corps qui comprenait sans vivre, un corps qui aimait sans toucher, ça n'est pas moi qui écrit, c'est toi qui me guide, qui m'entraîne. La différence est telle que personne ne la voit.

 

L'amour ne se pense pas, tu m'as emprunté le cœur et si tu défaillais, tu en aurais un second en relais. C'est terriblement niais, mais je suis hors de la vie, quand tu n'y es pas. Je suis en instance. En attente. Ma vie se déroule dans un corridor étroit et bas. Mets tes dents sur mon cœur, mords le avec les colonnes de tes cils. Marque moi. D. mon vertige, j'habite une grange pleine de rêves et de mystères. Je n'aime pas les gens, ils rient. Quand je parle je suis caustique. Leurs visages mentent,trahissent. Je veux ta main, D., mais je ne peux pas la saisir, j'ai deux prénoms et aucun geste. Ta main, cet animal fougueux. L'animal qui se veille. J'aime tes doigts chauds. Regarde par la fenêtre, il y a un vieil homme qui tremble et qui vit à la fois. Ça va ensemble, murmure-t-il aux angoissés de l'heure. Je n'ai plus de montres d'avoir toujours le temps. Plus tard, très loin, la route aura fini de tracer sa courbe improbable, je graverais dans un cahier de brouillon où se consignent tous les brouillons d'amour trop forts, trop hauts, pour être vécus, je graverai ces mots "merci pour les sourires de cette année, merci pour tes mèches blondes qui se secouaient comme des astres pris dans une mer d'oliviers". Les arbres, par ta fenêtre ont une voix, j'aimerais que tu la saches. Une voix de miel défendu, une voix posée sur la tête des codes. S'il faut je trouverais d'autres mots. Mais aucun n'apprend le courage. Mon corps fragile, fragile, craquelé. Je sors souvent, le soir, le matin, je sors du cinéma, de l'obsession, à genoux, par en dessous, depuis la brume ou le nuage. Je sors souvent du repos quand je vais écrire à la place de l'Uruguay. Tu es mon sortilège, le charme qui en moi rompt toutes les limites, toutes les haleines. J'ai dit adieu à Loriane. Enfin. Je suis seul avec ton idée. Je la chéris fidèlement, je t'aime avec la dévotion religieuse, tu es une icône, mon icône. Je serai le gardien fébrile.

22 mars 2011

Ma primitive éclipse.

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement.  
J'ai tout appris de toi sur les choses humaines
Et j'ai vu désormais le monde à ta façon
J'ai tout appris de toi comme on boit aux fontaines
Comme on lit dans le ciel les étoiles lointaines
Comme au passant qui chante on reprend sa chanson
J'ai tout appris de toi jusqu'au sens du frisson.

Louis Aragon – Que serai-je sans toi

  1. ma puissance, mon fleuve, ma Joconde, ma rime allemande.
    Le bruit de la chaise en bois qui craque quand le corps de ton souvenir se retire, et ta robe se déchire, il y a un fil qui s'évide, s'évide et reste le corps nu. C'est peut-être ce bruit que je retiendrai des la fin de mes études. Un temps qui ne passe pas vite, qui déchire. Un temps doux. Une odeur de pain. De pain pas encore tout à fait cuit. Et le racisme des peaux. Les décolletés de ma défaillance. Cette odeur de la tiare chevelue La magie des corps. ce qui est faux. Superficiel. Un décor, une chaleur inaccessible. Cette odeur de secret. C'est l'émerveillement du compliment. Le faux cil des filles et ta beauté évidente, dérangeante, ta crevasse folle. La faille de ta folie par où je plonge, par où j'apprends, ton goût de début d'été. Le délire. Celui qui sonne comme un amphithéâtre. Celui qui réveille les anonymes et la profondeur de la nuit. Les nuits d'été. Le bruit des corps qui se frottent dans le jardin. Les corps d'adulte. Les bras qui collent, qui regardent. Mon teint bronzé toute l'année. "Tu as des origines ?". La montagne L'annonce de la vie simple. Faire pousser des fleurs dans ma chambre ensoleillée. Le début d'été. Les nuits de pleine lune et celles que l'on invente avec mon frère. Ma peur quand je te parle, les jambes qui tremblent. Le folklore de ta bouche rieuse. La plage de tes cheveux avec ses galets gris et sa mélancolie. Chercher un problème parce que dans le bonheur simple, je ne sais pas écrire. Le silence, quand je vais te dire, je t'aime, la voix calcaire. Tourmenter.


    Je peux devenir, le désordre ordonné.

    Petite, D., et ta bouche au loin s'émerveille d'autres bouches, je n'ai pas de jalousie, j'aime ton bonheur. Je te donne ma part s'il s'en trouvait en moi, tu la porteras mieux que moi. J'ai les vertèbres brisées. La liqueur d'outre mer te rend amoureuse, ma fièvre. Approche tes dents, qu'il n'y ait plus d'odeur de canne à sucre volante entre nous, approche donc, n'ait pas peur. Dégouline.
    La mer se creuse. Je vient du vent des Sud. Et tous les corps qui m'ont aimé, l'ont senti, les gifler.
    Les chats de gouttière seront coincés dans ms mots dans moins de 3 jours, tu n'as plus de crainte à avoir, jamais je ne naîtrai hors de toi. Dans mon sommeil je te trouve, c'est effrayant. Tu es pareille.
    Et les lecteurs ici sont innocents. Généralement, on dit que les gens ont peur de la mort.
    Ta force est dans ma nuit. Tu te tiens comme un désert. Approche donc mon fleuve. Rien n'est tout. Tout est rien. Souviens toi que je peux t'apprendre le goût des arbres. Dans la famine. Ton oreiller est tiède. Ton goût du voyage est assez classique.
    Tu traverses les pièces où les gens vivent accroupis. Ne te préoccupe pas de leur mauvais goût.
    Je me raconte à toi.
    Mon élixir de glaçon. Costume de mon enfance. Que ton prénom sache briser les articulations des robes, les écrivains ne m'ont jamais dérangé.
    Approche dans ma nuit, par la porte secrète des voix malades.
    "Mon fleuve", c'est peut-être donc comme ça que j'aurais du t'appeler pour que tu me recouvres.

    Dans ces endroits, ces rues, ces magasins, je m'égare et je délire. La solitude d'un soleil trop fort. Je croise des vides. Je les suis. J'appelle le vide Jeanne. Elle me regarde, me sourit "Je m'appelle Jeanne". Elle pourrait devenir Jeanne en forêt. Jeanne dans mon coeur. Jeanne entre les corps. Jeanne entre les reins de ma faiblesse, de ma lâcheté, quand je regarde D. et que je souris en pensant à la nuit. Jeanne qui chatouille. Jeanne qui parfume. Jeanne a la bouche hurlante. Jeanne immortelle. Jeanne figée dans mon écriture. Un visage terne dans mes mots. Qui vous regardent. Qui grimacent et se moquent de vous :"Je m'appelle le silence". Je sue ces mots d'amour. Je gémis dans mes lettres. Regarde ça, D., la phrase qui caresse les sous-entendus. La phrase qui égorge les chats. Qui promet des lettres. De longues lettres parfumées. Fantôme. Ecrire. Ta beauté. Ta vie. "Je m'appelle Najib". Tu pourrais être mon flegme. S'approprier son propre prénom. Peindre ton visage. Je pourrais prendre tous les corps, dans la boucle de mes mots. La phrase qui vous regarde. Qui danse entre les lignes. La parole qui tombe. Les mots d'amour qu'il ne faut pas aider à se relever. Laisser durer, la chute, pour écrire. Tu ne dois pas le lire en entier. Encore. Les solutions au sommeil lourd. Mes cris ont trois yeux. "Je m'appelle Najib, et je t'aime". Des guêpes. Des forêts. D., ton regard joue à travers mes mots. J'ai besoin de tes yeux pour écrire. Tu me le confies encore. J'ai besoin d'encre, ma Douceur.

    A force de ne pas dormir, la fatigue me tuera. J'ai l'air usé. Dire que oui, avouer. Mes cernes. C'est une patience. Tu peux t'y ranger, quand tu voudras.
    Je flâne.

    Mon corps pourrait devenir des tonnes d'autres corps.
    Je peux appartenir au monde et m'en défaire
    Je peux courir ou bien tuer.
    J'aime et je pourrais partager.

    La peau fine. Les courbes pleines. Chaque jour pour me remplir. Mon corps est introuvable. Ma bouche impalpable.

    En pure perte. Je t'aime, comme un souci, je t'aime toute lourde, et c'est beau dans moi, c'est éclatant. Belle couleur ta pulpe, ta saveur.

22 mars 2011

La poésie coeur prothèse des impotents.

« Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers, au loin, les suivent
Comme des soleils révolus »

Louis Aragon - Bierstube magie allemande

 

Quelle tristesse que ce serait qu'être réduit à sa nécessité, à son utilité pratique, concrète, sans admettre les qualités de sa réalisation égoïste, celle qui vient nier l'autre, toute sa substance refusée par le catégorique cri, le primitif rugissement romantique ce « moi ». Quand je dis « je » j'occupe un espace dont je prive le reste, je retranche à l'existence du reste, des communs, et des foules un vaste Etat, je mets mes membres dans un désordre de gestes, je saccage tout de cris, je repeins avec mes rages tout le paysage, je rabote les montagnes, j'humecte de salive les cyprès, le temps est au rythme rêveur de mon pas qui soulève les poussières des chemins et enfin, la voix, la voix et la musique que je siffle entre deux feuilles rigides des térébenthines. Mon vagir de Panzer investit la géographie, dessine sur les cartes des capitales. Tant qu'il en est suffisamment dans l'espace pour que chacun y prenne place, y fasse corps, j'épargne des guerres. Mon intransigeance, sévère, divise en invincibles légions chacun de mes déchirements. Mon « je » est une étendue aux progressions de désert, il se porte par le vent de Gobi, des tempêtes de sable, je me dépose en caprice sur les vergers plaints et sur les langes des jungles. Je suis le caprice lâche, qui devise des amours, de très en dessous du risque, je suis sous la mer, sous les roseaux, et quand tu passes, je t'épie, D., je ne supporte aucun silence, aucune violence, tout me défait, me déplace, me dévisse, et mes rivets mal noués, virent au loin passer mon futur, et il fallait quitter la cachette, la mystique, les odeurs, les fragrances de vanille. Je t'aime d'ici, de sous les eaux plates des vallées, avec le goût de café, béquille de mes nuits. Je t'aime, comme ça, sans rien attendre, sans désir ordinaire, je t'aime à l'extérieur de la chair, et ton corps je le croque en pensées, mes pages se mâchent, voilà l'eucharistie. Je boirais demain mon chagrin, pour faire ce vin des noces que nous ne ferons pas. Je suis un couard, depuis que je me sais mortel, que ma vie est fragile, que mes nerfs bouillonnent comme des folies. D, ton pas griffe les rodéos de mes effrois, tu froisses ce petit papier quand tes yeux bleus battent et secouent le vent. J'aime, la tragédie qui se joue en moi toujours. J'attends la liqueur tonitruante, son cri d'orgue quand sa libation vibre dans ma gorge. Je suis mortel, et je t'aime, tout en délire lointain. Ma voix s'en va, c'est un pas qui fuit la guerre. Je suis effrayé par les yeux percés de l'aiguille d'une pupille, et tu me changes dedans, la couleur. Aux dernières couleurs, tu ajoutes l'odeur, et à l'odeur tu couvres le goût, enfin, les dégradés. J'aime dans tes yeux le soupir de mon amour. Je vis très bien de loin, ma solitude est un silence recherché. J'ai des manies de poète, disait Marguerite, et dans ses mots émus, elle disait ça comme une qualité. J'ai des doigts déformés de rimes, et Marguerite ne sait pas, ce empêche de vivre. Je ferai une autobiographie comme un crime contre ma race, comme un suicide. « Ecrire » voilà le titre. Ecrire, pour ne pas voir la vie qui passe et sa carriole d'images, comme certains travaillent et peinent. « Ecrire » sans la peur du songe bariolé. Petite D., tes yeux me seront l'émotion pianiste, la gamme chromatique, et quand tu t'en iras à ton futur, que je serai sorti du destin. Les notes de ce coeur qui battait sans cesse, demeureront gravés par la pédale enfoncée, et se libérera, l'effluve piégée dans les corolles de la fleur ouverte par l'orage. J'ai deux lèvres, deux yeux. Je suis l'indifférente passion. Je t'embrasse avec cette bouche. Cette lèvre de mort, cette lèvre d'enfant. Je ne sais pas le goût de mon baiser, certainement la commissure de mes deux rougeurs prononce la vie. Je te regarde, aveugle. L'oeil borgne de l'indifférent ; l'oeil ébloui de l'amoureux.  

22 mars 2011

Diérèse

Je me suis traduit avec les mots étrangers, j'ai fait rimer mon prénom à l'hémistiche de ton soupçon germain, ô petite cédille tu as les bas filés de tes versos, la navette des cyprès aux cimes incendiées par le jour passe par le chas de mes yeux. Ma braguette casse sur la vie, porte des patiences, la vie introduite avec ses dents d'écriture, avec sa cassure d'encre, de vitres et son grand crin joyeux, frisé. Il faut des adjectifs plein d'images, comme des soutes anglaises, il faut des chiffres d'arithmétiques, des chimiques pulsions, des présages de fièvre, des pressions sous les yeux où ma nuit laisse son souvenir blessé, son dernier sang amoureux. Oh, les cris, oh les paroles, oh la garrigue semée de chagrin fécond dans la terre infertile. Mon amie, mon amour, ô ma plainte, mes bras balayent l'horizon, il y a la pente de ton corps sur le chemin des visions, et tu es en travers des images avec les bosses de ton âme. Tu es belle, tu me déchires, tu m'entoures, tu m'entraves. Je rue dans le rêve et je bouscule tes narines de lune, je rue dans les songes que minuit alloue à mes crises nerveuses, le tatouage des délices coud l'arceau des libertés. Amour, lointain, arrête ma course dans le noir, où la brume monte en salants, noie mes pas et j'apprends à transmuter les figures en branchies, mes saillies, petite D., ce vent qui te coule autour de la gorge, qui frissonne dans ta nuque, c'est le baiser que mes mots frémissent, les lèvres de mes pages. J'écris mes textes avec la langue, je tourne dans les pages mes doigts saliveux, les horions horizontaux pleuvent sur ma poitrine quand tu me frôles. Tout est très étrange, au nadir d'une fuite, les ombres prennent l'apparence des fruits des arbres de cendres.
J'ai sous le regard le baiser décharné de ta nuit, les deux lèvres des cernes. Ma Douloureuse amante, qui s'en va dans le monde des matins, laisse sa trace, son souvenir, le travers de nos effrois, le fracas de mon corps contre la détresse, de cette marque mauve. Je crois que j'aime, ses yeux effilés et ses cils d'angine. Je voudrais embarrasser les siècles avec un de mes caprices, et faire peser sur les épaules invertébrées, sur tout ce qui dépasse, tout le supplément de mon âme. Je détourne l'axe de la terre du poids de ma vie, pesanteur innatendue, je suis arrivé, j'ai fait plier la Terre sous le sanglot long à traverser ma paupière. D. ma douleur somptueuse, gâchée, D; le prénom donné à la langue créole, qui siffle dans la rue l'air mélodieux des cacatoès rares. Tu es mon orpheline au cou ophidien, et les crochets de tes yeux diffusent le poison bleu dans mes veines

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