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boudi's blog
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31 mai 2012

Avec mon coeur je peux tout brûler.

Qu'on me reproche enfin de mentir souvent me paraît une chose aussi grotesque que ridicule, voilà mon maquillage à moi, mon travestissement de somnambule. Si toi tant tu aimes la vérité, allez, va lui faire des petits, des baisers comme des fruits secs, et tu verras tu te retrouveras tout seul avec elle, dans cet hospice glacé d'amoureux austères. Comprenez ! Mentir c'est rendre à la vie son fantastique, c'est ne pas accepter la brique triste de l'exactitude, ses édifices prévisibles et précis, mentir c'est faire revenir Dieu de sa tombe de matières prétentieuses : la philosophie et la science, dures comme des matières inertes. Le soleil ? C'est une croyance, et si ça te plaît d'imaginer le ciel assez malade pour l'y peindre c'est ton affaire, moi je te dis recrache toute ta cosmogonie imbécile, désapprends tes théorèmes prétentieux. Le soleil c'est ma bouche que je suspends au ciel pour le décorer un instant d'un chant de muet. Mon coeur n'est pas ce mortier vulgaire dont on fait l'algèbre et les prisons, mes mains ont la couleur primale du cosmos. Mentir c'est mettre la poésie à chaque seconde dans sa vie, articuler le désastre, la démence, c'est ouvrir son ventre comme on force la porte d'un asile. Que tous les furieux de moi-même filtrent vers vous, vous touchent, vous empoisonnent, que leurs mains pareilles aux dents des enragés vous rendent malades. Toi, laisse tomber ta sagesse odieuse, tes raisonnements démodés.
Mentir c'est ne plus s'occuper de cette chose commode et imbécile que la réalité et mieux l'ignorer comme un amant débile.
Je ne veux m'occuper que du merveilleux, que du miracle ces très chers rois martyrisés.

Jamais on ne devrait faire de nos gestes comme s'ils étaient périssables et fragiles, jamais on ne devrait les peser pour en être mieux économe. Délaisse tout l'état civil du réel, le codex, les casernes, les toises et les balances. Démesure avec l'amplitude de tes yeux, avec la fragilité de tes mains. Ne garde rien, gaspille tout. Gâcher c'est ta richesse. Le prodige c'est ta fortune illimitée. Le ciel est une paume calleuse, la mer une pierre insensée. BRISE-LES, avec ton chant, avec ton cri. Pour aimer use tout le feu du ciel et Dieu même y passera. Quand tu devras un baiser, embrasse avec la langue froide de tes ongles, ta fougère à toi.

Je voudrais vous rendre malades du beau, du vertige et j'avais ce plan élaboré dans la fabrique de mon imaginaire de déposer sur chaque portière, à chaque entrée trop sérieuse, à chaque visage grave comme un portique de banque un peu de LSD pour obliger partout le délire, dans toutes les vies qui ont barricadé leurs sens, qui ne croient qu'en de faux-dieux avec pour cantique les verbes désuets, austères. J'ai toute ma force à gâcher sur un corps, sur des mains, sur des yeux. Je peux tout salir avec mon cœur.

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23 mai 2012

Il y a aujourd'hui un soleil de miracle dans un ciel amoureux. Vingt ans, l'éternité a mes vingt ans

Décembre 2011

 

Je t'imagine un goût de gâteau sec, celui qu'on découvre en prononçant Sarah et qui ne se dit bien qu'un verre de lait de chèvre aux lèvres, qu'on dit quand il est seize heures dans le monde, un prénom qui fait un bruit de sable et de bouche quand dans les songes y passent une lèvre, un mot, une algue sèche. J'ai rêvé souvent du bruit de suçon de la mer et je me suis réveillé, cinq noyés à main tremblaient. Toute ma littérature prétentieuse est une consigne que j'ouvre prudemment, je délivre les défunts de dedans le langage. Ecoute ce bruit de la hantise. Ces mains d'orgueil, ces mains de ma tragédie.

Sarah, je prononce ce prénom pour avoir soif quand il fait bien chaud.

J'ai tout écrit de toi. Comme une arrogance -et que fais-je sinon que cette morgue toujours, cette mine à l'insomnie rendue. J'ai écrit : Tes yeux d'ambages, ta démarche de secousses, l'espace insécable de tes dents -il y a entre chacune de tes dents, ces précieux minuscules, un étrange passage comme des gouffres rétrécis et peut-être tout le désespoir que tu ne connais pas ne vient en toi que pour mourir par ce précipice là, le malheur se jette dans le puits de ton rire- qui les fait paraître le périlleux des vagues, les bouches de mélancolie et l'arôme des noyades. Lalala. J'ai toujours fait ce bruit, poussé moi cet air et quand je marche mes pas vont par trois pour chacun le sacré fredonner..

« J'ai tout écrit de toi » et soudain cette image d'os, cette vérité de cartilage me saisit de toute sa maigreur. Je te connais comme le miroir te connait, entre tous les pas du monde je sais le tien, je le sens derrière le corps qui te précède et te cache, je te retrouve sous des éclairages que je ne t'ai jamais vue au teint, dans le soleil bruyant des métros.
Quand je marche de ma nuit intime jusqu'au matin pénible, que je marche avec mes bottes harassées je trouve un reste de toi, un vestige de ce qu'un moment au vertige tu fis. Et ce « je te connais par coeur » me hante et comme ensemble ces mots paraissent une prière, un froid où tout se mire, où toutes les buées se massent, où tout te ressemble.
Je sais ! Ta démarche a cette couleur de bonheur que ton visage répète. Je te vois dans la gamme de l'accordéon, dans le triomphe des phares d'automobiles, je te reconnais dans le tapage de la pluie à la fenêtre. Je te reconnais par le bord de la joie qui à tous tes pas bat comme un calendrier de février, où tous les parterres te semoncent, où les foulées du monde t'annoncent. Il est des tambourins au bruit de talon, des dianes qu'on chausse avec la voix.

Une après-midi très récente je t'ai vue place de la Bourse. J'avais tenté l'amour chez une Emma de la rue notre-dame des victoires -ou quelque chose tout à côté de cette église là, mais au premier geste, au premier érotisme, toute l'extase, l'extase finissait, il y avait une guillotine à la nuit dans sa tendresse, tout son émoi avait la gravité d'une sentence, la pire de toutes : l'âge adulte. Comment les bourreaux après minuit se déguisent dans des visages de proverbe, comment, comment. Billot d'une bouche. Panier d'un geste.

Emma, je te donne quelques lignes dans cet endroit d'où tu n'es pas, dans ce pays immense de miraculés. Emma, ne t'y aventure jamais, aux peaux profanes on offre qu'ici que la canicule de pendant l'amour.
Emma belle en vêtements, belle en fantasmes, belle en pensées, belle comme toutes les quelconques qu'on n'achève pas encore d'un baiser.

Dans le silence d'un outrage, dans la messe d'aimer où tous les gestes chuchotent, où toutes les façons ont la voix cassée de s'adonner au sacré, sa grâce se rembobinait dans la natte prétentieuse d'une première dame... Aimer, aimer pour une nuit même exige le tapis de ton être : confessions, génuflexions, mortifications. Tout le carnage rituel d'une crucifixion. Aimer ça a l'odeur de la poudre et du sang, de la rouille de l'animal traqué, du désespoir et de l'étoffe déchirée. Il faut souiller sa bouche d'étoiles, mettre sa langue dans une posture de constellation, il faut devenir ce cosmos minuscule, ce verso de gémir.
Le précieux liquide de sa grâce elle l'avait déjà tout gaspillé, elle avait été merveilleuse et ne l'était plus que par le caprice du sombre. La nuit, parfois -comme cette nuit de notre rencontre- dans son vestibule de panique faisait tomber sur elle sa lumière d'étés lointains. Comme on dit cette chose terrible « on devinait qu'elle avait été belle » mais elle était encore trop jolie pour cette félicité. Elle n'allait que répétant la sentence : vieillir, vieillir de l'âme, de l'espoir, de l'enthousiasme. L'éclairage de l'ivresse, repentir heureux, lui louait son diadème de hasard et mes mains ne la découvraient que parée de ces topazes là, de ce vêtement fantasque, de sa démarche sainte d'avant vingt ans, d'avant les rides du coin de l’œil qui tuent l'amoureuse du regard. La réalité de retour de sa crémation lui rend au matin son vrai visage de misère et d'imposture. Tout entier. Le grincement de son lit, la politesse dans son rire, l'aigu de sa voix, la raideur de sa nuque... La voilà, Emma, devenu un prénom de plus à ajouter à ce roman des soupirs, à cette litanie de l'ennui, à rejoindre toutes les actrices d'une nuit dans cette loge d'oubli jamais repeinte. Emma comme toutes les filles a perdu son temps dans les pièces d'eaux ; dans sa salle de bains, dans mes yeux.

Tard. Déjà, ce gâchis aux lèvres, cet alcool plein de partir. « J'ai les lèvres fourbues d'aimer, il n'y pourra plus rien sortir qu'un tremblement amer. Je chique ces mêmes visages au goût de regrets bavards, ces figures mal tissées par ces fils arrogants. Toujours je dirai maintenant je t'aime comme on dit « bonsoir », comme toutes les civilités, j'aime à l'heure de goûter, j'aime comme on demande un peu de sel à table, la table de l'existence. »

Et quand je suis sorti de son chez elle, que le cadran scolaire -et je dis bien scolaire comme tout à l'heure j'écrivais l'extase, l'extase finissait- de la vie avait déjà depuis longtemps éparpillé partout vos forces, que je cherchais où rentrer, où apparaître, où porter ma vie tu es passée place de la Bourse au milieu de mes idées, tu as poussé une porte comme on se débarrasse d'un geste, et c'était triste de ne te voir que pour ne plus te voir. Triste une porte qui va derrière ton pas se fermer, triste, triste comme le pouls vivant qu'on ne remontera plus jamais, qui abandonne le corps aux arbres nus. J'ai souvent essayé faire de mon cœur une horloge en truquant ses battements, sa pulsion. J'aurais voulu donner tout le temps du monde au monde. Libérer la vie.

Alors j'ai pensé à toi, alors toute entière tu as reflué en moi avec tous les bruits, tous les visages, tous les décors, toutes les villes et toutes les voix, tous les coups, tous les corps et tout ton rire.

Dans mon visage de sauvage celui que laisse la nuit à mes pommettes, que mes origines ont fait écarquillant mes yeux, déjà tu es venue. De toi un jour -comment dormir la nuit, tout est inquiétude, et si très tard, un lundi tu marchais dans Paris, tu verrais cette immensité des choses d'ombre, les visages des arbres, le teint du matin, le texte de la nuit- j'ai rêvé, et rêvé tout affolé. Tu marchais dans ma direction et je voulais t'éviter -comme à ce jour ancien déjà où je t'apercevais place des Etats-Unis et toute la civilité prophétisée me menait à partir, partir, partir et partir trois fois forcément c'est fuir- cristallisé de peur, asservi à la neige d'effroi je ne pouvais t'éviter tant j'avais peur de toi mais, m'atteignant, tu me traversais comme on ferait d'une pensée. Il y avait dans ce songe tout le pouvoir du poète, celui de ne rien faire, de ne rien changer, de ne rien avouer. La perfection de n'exister pas. Comment apparaître au monde, par quel bout, par quel mensonge ? et toujours c'est se maquiller, prétendre, bavarder, je vous rends toute votre lumière de chaines, votre ciel de crépit, tous les corps que vous vous échangez aux enchères et qui parfois me viennent aux mains comme des enclumes. J'y crois devoir forger des éclairs, je vous donne la lumière infranchissable des jours de pluie. Je vous rends la peinture de vos lèvres. Je vous rends tout. Tout. Mais rien je ne vous donne, je conserve rageusement « souffrir, hurler, brûler ». Je vous rends ce qui est à vous. Votre séduction d'usure. Votre temps qui passe. Votre dictionnaire intact. Au mien j'écris tous les mots, tous les irréels, et comment, ouvrant vos encyclopédies, cherchant la mer je n'y trouve que cette ligne « Vaste étendue d'eau salée qui occupe la plus grande partie de la surface terrestre. » Quoi du froufrou des algues, quoi de l'étoffe changeante de l'écume, quoi de la chaleur du sel, de la lâcheté du sable, de la détresse des vagues, de la robe muette des crabes, de la bave des coquillages ? Je n'y vois rien, rien, rien.

Déjà je digresse, déjà tout ça est un miroir que j'arrange, et je voulais t'écrire mais c'est encore un prétexte à moi. Il n'y a pas d'acte plus égoïste, plus narcissique qu'écrire. Ecrire c'est se regarder offrir. Geste pervers.

Quand j'ai commencé à écrire « D. » c'était d'être rendu fou, fou vraiment, fou inquiet, fou comme on va faire des meurtres de ses pensées, comme on les aligne pour les percer d'une fureur. Que tu viennes là me lire avec cette frénésie, et je dis frénésie pour ne pas dire fréquence malade, je voyais tes yeux sur moi à cinq heures, à vingt heures, au ski, dans le RER, dans ton lit, après t'avoir laissée au seuil de chez toi le soir de Bansky, avant de déjeuner avec nos condisciples certains midis...TOUJOURS. QUARANTE FOIS LA JOURNEE. Et je les voyais moqueurs. Je tentais de te provoquer -quel échec- en donnant cette initiale te rassemblant, te précisant. En chaque jour levant le flou de son visage je m'étonnais de te voir si...impassible, si inchangée et ton stoïcisme a entraîné cette étude -en ce que tu faisais contrepoids à la thèse admise- avec mon ami cognitiviste sur la dissonance cognitive.

Ecrivant ce « D. » tardivement dans tes pas, au trois-quart de ma foulure, je n'aimais pas beaucoup entrer avec toi dans ce paraître tactile, ni bise de bonjour, ni geste trop profond. Avec ce ridicule que j'ai mis partout au bout d'écrire je te disais « ne me touche pas, ça me fait mal ». Ma vie je l'ai toujours embarquée dans ce grotesque de l’extrémité, dans cette soute pleine à ras-bords de désastres dans tous les orients à toutes mes décisions j'ai donné le fracas d'une catastrophe même au banal d'avoir froid l'hiver je devais mettre un plein ciel de safran, un tremblement d'obsèques. J'ai allongé tous les drames comme des dépouilles et j'ai voulu m'en faire de ce cimetière idiot un pays. Quand j'écris une lettre je veux donner l'épouvante.

« D. »/Diane Comme j'oubliais toujours avant te voir que vous étiez distincte. Je l'oubliais dans le chemin qui me menait aux salles de classe. Une vérité parfois ça s'égare comme un rire, une pièce de cuivre, un rivet qui tient le monde à la raison. C'est tant insuffisant les bornes d'un corps de nerf et de chair, des digues prosaïques. Pf. Le déluge n'y monte pas. Il faut des toits de certitudes, de la chaux ennuyeuse, des fenêtres de fatigue...
Vous vous ressembliez comme un reflet au miroir, comme un reflet au miroir à qui toujours manquera la voix, le parfum, la coiffure. Comme un reflet ça n'est qu'une monnaie rendue, un appoint de son visage. C'est fou comme aussi peu on peut être être l'exacte réplique de sa photographie. Il existe de chacun une infinité de visages, celui qu'on prépare à sa lumière de salle de bain, celui qui nous fait honte sous l'éclairage d'ascenseur, mais un seul véritable qui ne libère son étrange pouvoir que sous la lumière d'orage de l'amoureux.

Je t'ai taillée -devrais-je dire « vous » ? je ne veux pas- avec des instruments de fièvre, avec des compas d'hystérie, les équerres de la folie, j'ai fait tes yeux avec des larmes gelées, à toi j'ai répandu le parfum sauvage d'une première fois et j'ai cru trouver dans cette chimie de folie ton visage : une eau forte qu'on laisse sécher à la vapeur de minuit. Mais ce n'était pas toi, vous étiez assemblées de solides différents, de fluides impensables, d'un métal ennemi, celle la, avait tous les précieux du monde, toutes les matières d’invraisemblable pour lui faire bouche, pensées, voix. Elle avait des dents de diamant pour déchirer les choses de l'irréel, pour mordre dans l'infini et y laisser l'incroyable comme l'enragé donne la rage par sa faim. Des mensurations de sonnet, des veines de déchirures où dix mille désespérés traînent dans leurs terreurs ton cœur et ton sang. Si je ferme les yeux qui vois-je ? Mon spectre inventé, ma statue de blessures et de cire, je vois ton visage à toi crêpé de noir, ton visage des jours de tragédie, ton visage qu'aucun miroir n'a pris à son piège de cristal poli. Parfois, j'ai cru surprendre dans toi ce linge de D., cette ligne. Ce n'était que coïncidence, espoir mal façonné. Deux mots à dire ce que des yeux clos suffirent à dire.

Tu y avais, dans cette initiale que je te déchirais -et qu'est ce que ce fut d'autre que toujours te déchirer sans un gémir, sans une douleur cet écrire depuis toi que tu regardais avec tes yeux d'effroi- tous les incarnats possibles. Tu avais des souliers d'ombre, tu paraissais à moi dans la démarche époustouflante d'une odeur, dans le bruissement des forêts ensanglantées, tes deux yeux je leur avais donné la beauté d'un vol, la gravité d'une chouette, je les incrustais à l'envers du papier à musique. Je te donnais un air de désordre et de foudre que tu n'as jamais eu qu'un jour face à moi. Il était très tard et j'étais moi-même très tard. Franfort s'étirait et sans trop que je comprenne comment, tu t'es échappée d'un pas vaste -je me disais « quelle chose étrange que la Russie toute entière puisse tenir dans une foulée »- du groupe et je ne comprenais pas bien, tu es partie vite, comme on court vers la peur, comme on poursuit une idée, comme on fuit un policier -et peut-être était-ce ce que tu faisais- et je t'ai suivie dans ce pays d'étrange, ce pays qu'un banc formait. Il faisait froid mais le froid nous évitait. J'étais fâché de ce que tu parlais à « tes copines » de ce que j'écrivais, j'imaginais ta voix, les mots que tu disais, les rires que vous y mettiez. J'étais fâché, comme si de tout il fallait se défendre, que toujours dans écrire rimer ne récoltait que moqueries et parfums de rance Mendicité d'écrire. Et puis. Puis. « Bonne nuit Diane ; adieu D. » que je t'envoyais, comme on ferme la serrure d'un jardin public, comme on finit d'escalader un grillage improbable.

Cette gaine d'extraordinaire, ce sourire d'amanite.
Cette VERITE au doigt de radium, qui difficilement s'arrache de moi : « tu me manqueras »
J'ai cette croyance profonde : tout ce qui compte doit être illisible. Je vais dire, et toujours dire avec mon sanskrit et mes hiéroglyphes. 

Parfois dans un délire d'insomnie en entendant mal un mot de ta bouche j'y croyais voir comme un signe, l’aubade du langage. Mais je suis trop raisonnable pour ces espoirs à deux sous et déjà cette brume dissipée a rendu au monde de dedans ta voix son vrai sens, son vrai signe : Rrien tu n'as rien dit d'autre que ce que tu as dit. J'en souriais content. Le brouillard du matin à ma vue dure à peine le temps d'une paupière frôlée, d'un soleil au trot. Illisible. J'ai aimé t'aimer et aujourd'hui qu'en dire ? Aimer, quand on écrit, c'est un amusement public, un spectacle de rue et de boulevards contrariés.

J'asservis toutes les bouches à l'amour pour le rire, le poème. Aimer, ma denrée rare. Mon enfantillage à moi. Ma toute dernière aux grands yeux de victime s'appelle Constellation et ne se doute de rien. Elle a dix-neuf ans parfaits dont je la dépeigne avec des gestes d'amiante, avec mes mains démentes. Il y a six mois j'ai décidé de lui faire les lèvres deux rives étonnantes, y allumer des feux de naufrageurs par le supplice de la rime, par l'incantation d'un double tour dans la serrure. Là voilà le samedi dans mes bras avec des frissons d'éternité. Avec le frimas d'immoralité, ah comme les filles coupables donnent bien le baiser, comme elles donnent beau le verbe aimer. Coupable Constellation de qui pour mon cri d'invention elle trahit. Cet imbrûlé aux yeux crétins qui l'adore et ne la connait pas. Je laisse à son cou un rubis incertain. Un triomphe de ma croisade. « Jérusalem c'est moi ».

Je pense à tes vertiges de pacotille, comme tu te fais payer en verres-pas-précieux l'halètement, comme le péril t'est un balcon, au bord du vide c'est pour toi déjà assez de migraine. Tu as fait de ta porte-fenêtre ta corniche, ta falaise. Oui, la vie ce n'est pas pour tout le monde, je veux dire la vie avec tout son alphabet, son alphabet des sommets, des déroutes, des victimes, des victoires, des sutures aux gestes. Si tu laisses le prodige au seuil de tes vingt ans, à cet encan lointain je ne me rends jamais. Là-bas dans la saison de compromission ? et qu'y mettrai-je à l'enchère ? Mes souvenirs je ne les ai plus, petit, avant de traverser cette Méditerranée de Styx où j'ai du boire, sûrement étais-je une rivière, une montagne mal coiffée, un caillou rapiécé. Ma jeunesse a la voix d'un suspect que je rendrai coupable. Je recèle ma vie dans la littérature. Petit délit rigolo. Crime démodé comme aimer, personne ne le commet plus. Je ne lève le doigt que pour ramasser le vent dans mes ongles. Griffer d'infini.
Tout parait une foire déjà depuis le premier jour. J'y ai donné tous mes baisers, tout mon rire pour le pouvoir d'aimer, pour monter ici à cette grande roue solaire. Cette pénitence : j'aime.

Louis Aragon écrivait :

« Tu retrouveras sous les pierres les soleils endommagés par l'usage des stupéfiants qui m'ont livré à d'énormes scorpions dont je ne peux voir que les pattes mais dont l'ombre totale me révèle la présence au dessus de ma tête, là où mes cheveux rejoignent les préoccupations nattées à la pensée de la mort. La mort aujourd'hui, lundi, est une nageuse dont je vois bouger le cœur dans l'argent à la clarté du magnésium. »

Je connais cette eau, je m'y suis noyé.

Tout à coup l'ennui est là et me calme.

Je t'ai trouvée très belle toi parfois, toi en toi-même, dépeuplée de la mythologie que je mettais moi même à tes pas d'initiale. Je veux dire belle parfois comme on dit « prête aux larmes » belle pour dire émouvante quand on dirait que ton rire va se changer en pleurs. Pas belle comme on est dans une photographie, pas belle comme on est dans une bouche, dans une caresse, pas belle avec ces mains-là de spectre et ces adjectifs de salive. Belle comme la nuit quand elle n'est plus rien qu'un sentiment. Un visage c'est toujours un prétexte, prétexte d'écrire, de penser, d'aimer, prétexte à la voix, à la déraison et au regard étrange. Un comme le tien qui se porte en bijou dépareillé. On ne trouvait pas deux pierres de cinquante-huit facettes identiques et le vent en voulant t'embrasser cette saison de ta naissance a bougé de son majeur maladroit, ton orbite. Il t'a donné ses mèches de cheveux sauvages, ce renard insipide pour dire pardon. Tu as fait le vent chauve.

Sous mes yeux il y a des traces de morsure, des baisers jamais finis que j'ai débuté mille fois dans mes rêves, et qui jamais, jamais n'ont eu l'empreinte concrète de la certitude.

Et tous les jours pour être maître de moi, de ma vie à moi, je vis au hasard, chaque pas m'est un dé lancé, une carte tirée, une bille stoppée dans une roulette de vertiges. J'ai décidé de vous dire à « tous les vieux » adieu en jouant à pile ou face avec un jeton de fiction. Je ne vis que dans ces tâtons là. Je jette une pièce qui me dit toujours non, qui tombe, tombe, tombe à la renverse de vos dogmes. Si j'étais jugé, traîné par le regret d'une loi dans une Cour d'Assises, j’amènerais avec moi mon visage de hasard, mon prénom d'illusions et je demanderais à n'être jugé qu'en tant que complice. Que suis-je de plus que qui ne fit jamais autre chose que suivre et seconder ces forces ? J'étais le corps du vent, des rivières, des fièvres, j'étais le corps de l'immobile vorace de tout, je servais de bouche à cette faim là, de gestes à ce désir. Je suis l'exécutant de la folie, le mandaté du vertige, l'employé de l'insomnie. Messieurs, les jurés n'ayez pas de pitié, votez, déchirez moi dans votre complot légal, je n'ai pas peur. J'attends mon Walhalla de martyr où la poésie sacrifiée, vierge ensanglantée m'attend pour toujours. Une prison qu'est ce que c'est ? C'est le mot vivre rétréci au maximum par vos perspectives, vos instruments d'optique douteuse. Et quelle différence avec vos couples, vos emplois, vos salons de coiffure, vos manucures, les boutiques aux grillages compliqués comme des lierres de fer ? LIBEREZ LA VIE. Qu'est ce que ça change ? JE VIS DEJA DANS UN REDUIT ET LA NUIT QUAND VOUS NE LA SAVEZ PAS M OUVRE UNE PORTE DEROBEE A L ARRIERE DE L 'AMOUR J Y RAMASSE DES CAILLOUX DE MERVEILLEUX LES SANGLOTS NOUVEAUX DES BETES IMAGINAIRES TOUTE LA MYTHOLOGIE JE L INVENTE DANS L OMBRE DE MON COEUR. ET J Y RENCONTRE MILLE BAGNARDS EN SUEUR DES MERVEILLEUX QUI FONT BOUGER DE LEURS MUSCLES DE FORCATS LE NOIR JUSQU AU JOUR. J'ai des libertés de corail, des libertés d'insomnie, des libertés de fièvre, de flammes, de crépuscules et de sépulcre, de sortilèges, de brûlures, des libertés de papier, de suaire de jasmins, des libertés d'uranium et de raffut.

Je refuse de faire comme vous avez fait au verbe vivre avec vos rites -que vos dites des lois- de tortionnaires. Cette langue d'après vingt ans qui bouge du même bruit visqueux dans vos voix ce bruit qu'on entend plaindre comme ça : « ma jeunesse je l'ai bien bue, je la rebouche pour toujours et plus jamais que dans l'hystérie je n'y toucherai, celle qu'on franchit après nos cheveux à quarante ans dans l'adultère, le divorce, les hurlements de faux-dément. Cette jeunesse qu'on effraie à vingt ans comme une biche craintive avec les fusils factices de l'ordre, et le bruit de bottes de la milice». A cette bouteille je boirai toujours sans peur de renverser la liqueur qui vous paraît si précieuse qu'on y touche jamais plus qu'en souvenirs, qu'avec les précautions d'un vendeur de constellations. De ma jeunesse je vous tacherai, je salirai vos trottoirs qui sont aussi vos corps. Au café de vivre je dirai « Garçon encore à boire. Encore à voir. TOUJOURS A VOIR. ». et sur son plateau d'éclairs il m'apportera tous les alcools de vos caves secrètes, tous : le vin rouge de votre honte, le blanc de votre effroi, le vin bleu quand il a séché dans votre mémoire..

Le merveilleux s'est perdu dans vos trajets de coutume, l'extraordinaire d'un paysage ne vous soulève plus que les paupières, c'est le réveil-matin, le cri de l'enfant (j'embrasse en pensées la Violette de pensées qui te réveillera au milieu de tes nuits et te donnera un peu de ce joli supplice d'insomnie), les congés payés qui vous bouleversent. Quelle barbarie vous avez faite à la vie...alors je la prends contre moi comme un animal blessé et je la soigne dans mon cœur d’hôpital. Mon cœur est le lit d'un hospice aux draps jamais changés où toutes les maladies par vous bannies, cette peste qu'aimer, ce choléra que vivre, se reposent et jouent à faire mes petits Jade et Victor. C'est tout ce que je peux leur montrer du monde. Tout ce que je peux leur offrir d'existence, un prénom.

« Je t'aime ». A moi c'est ma façon depuis toujours de dire adieu, je t'aime comme on dépose des fleurs de coutume sous un visage fatigué par la mort. Je t'aime pour te dire bonne nuit, fais attention à toi, joli effroi. Comme trois fois partir c'est déjà fuir, trois fois aimer c'est l'adieu dans ses habits de cérémonie. Et mille fois je te l'ai dit trois fois.

Et tu auras reçu des mots étranges, tu pourras dire des mots d'un fou, des mots d'amour et puis alors ? Cette fois de te savoir en rire je ne serai pas fâché. Mais n'y prends pas peur. C'est trop calme, un mot. C'est trop bien dressé, servile, il y a ce grand zoo de l’étymologie où on les peut voir dans leur apparat de naturel, dans cette réserve de sauvagerie imitée, on leur fait faire des tours, on leur gratte le ventre, serpent n'a pas de crocs, tigres pas de griffes, aimer pas de cœur, cri pas de lèvres, mains pas d'ongles et vie pas d'encre. Et puis alors à quoi bon ? A la fin j'écrirai « qu'importe », « qu'importe » sur tous les murs, tous les visages, toutes les hontes. Qu'importe, qu'importe, c'est le « à quoi bon » nouveau. Qu'importe sur toutes les peintures, sur toutes les pancartes, sur toutes les directions. Sur le costume trois pièces de ma poésie. FOLIE. FOLIE. FOLIE. Maintenant, je vais avoir froid au matin, faim au midi, peur la nuit. Je vais à ma trilogie d'asile, de délire, de suicidé. Ce gémissement muet de la force d'un barbare, ces rites de furieux. J'ai en moi cette religion de l'absurde, ces temples qui ne sont faits que de vestiges des autres temples, il y a dans mon sacré tous les échecs des autres sacrés qu'on dit dans la liturgie « péché » de n'en pouvoir assumer l'échec, tous les rituels abandonnés, toutes ces flexions de soleils latins, cette exacte température du cœur qu'on laisse refroidir. Ma religion est une religion de décombres.

Il n'y a que les yeux bleus pour finir la nuit. Il est sept heures du matin. J'espère parfois, par accident te recroiser, combien te frôler avec cette pensée vaut tous ces baiser factices que je trouve à la bouche des idiotes. J'ai tout appris de toi et désormais tout se désapprend, ta voix, tes petites dents de chatte suave, ton ennui, ton rire... Un jour pour cette surprise, comme une secousse de la mémoire je t'appellerai pour te réentendre « ah cette voix » comme ça part vite une voix, comme c'est une brume enchantée.

Fais attention à toi, à ta Violette de bientôt. Donne lui le mois de mai pour premier pleur que ses amoureux de dix ans lui fassent aux joues des baisers de printemps.

Je t'embrasse

« Je »

22 mai 2012

Inadapté lyrique.

Et quelles extrémités cette année je n'aurais atteintes ? Partout où il y avait des bordures, des corniches, des falaises, je me suis rendu. L'illimité... C'est le vide. Je l'ai appelé Diane, poèmes, catastrophes Tous les gouffres me sont des amoureuses. Je me suis jeté dans l'amour et pourquoi ? Pour l'allure de falaises des yeux bleus, des nez imparfaits. Je me suis effondré dans des vertiges, j'ai supplié l'abîme de me prendre et de me garder comme fait la mer de ses désespérés. J'ai cherché le traumatisme sur tous les visages, à tous les embranchements, dans les jungles lointaines même qui tant ressemblaient à des mains.. Partout je les ai suivis comme une rumeur, comme on veut un pouvoir quand on les épuise déjà tous de son orme. Ah, j'ai tant chanté, tant promené la vie sur mes lèvres, et c'était un immense chemin pour la vie, comme elle n'en avait jamais vu. Mon baiser...cette terminaison des éclairs. Et un matin, j'étais guéri, la forêt orgueilleuse m'avait pris mon éternité.

Partout où il y avait du désastre je suis allé, pour moi me compléter de tout l'Orient de la légende, de tout l'infini qui me ressemble comme une soeur, un reflet. Alors désormais, je vais aller à la vie normale, la vie rangée, la vie avec sa natte prétentieuse et couarde. Voilà. Je vais retourner cette coutume du geste pour le défaire de tout son impossible lointain. J'abandonne le miracle de mes ongles, je délaisse ici la saveur comme on abdique. Ramasse la toi si tu veux, elle a cet aspect des fougères gisantes, des femmes qui n'aimeront plus jamais, des comme partout tu en vois quand elles ont fini d'avoir vingt ans. Vingt ans, quel âge trop poli, âge sournois, âge comme on a un matricule. Tu reconnaitras l'ardeur, c'est tout ce qui ne te ressemble pas, c'est l'ombre parfaite que je laisse et qui ne suivra plus aucun corps. Je remplace mon corps par la robe d'avocat et plus aucun soleil ne me fabriquera une ténèbre. Je veux être toute ma fonction. Un minuscule comme partout il y a des minuscules et cette dernière perversion, celle qui me manque, celle qui ne m'a jamais hantée pourtant, celle que je goûte dans vos yeux ennuyeux et dont je vais vous dire le nom effrayant et barbare : banalité, celle-là désormais j'en ferai mon destin. J'ai déjà appris vos dos d'esclaves, vos rires utiles, j'ai déjà retenu la leçon de vos cœurs paresseux, il y a longtemps j'ai appris vos versets de l'abandon, toute votre résignation moderne. Votre religion, votre liturgie d'impuissants. Allez, baptisez moi ! « Vivant » demain ce ne sera rien de plus qu'un mot et c'est tant mieux. Allez désespéré lyrique, range tes strophes, tes façons, ton adresse, deviens vulgaire c'est comme ça qu'on réussit.

21 mai 2012

Vieillir ce n'est pas vivre et vivre ce n'est pas si peu que vieillir. (hahaha)

Parce que je ricane de vieillir, que je le prends dans ma paume dérisoire pour en faire ce tout petit que ce n'aurait jamais du cesser d'être ?

Quand je devine qu'on célèbre vieillir parce que vieillir engendrerait la sagesse je ricane. Hé, donc, c'est la sagesse cette moisissure ? Je crois la morale cette chose particulière, presque privée, ou plutôt d'abord privée, et qui est cette sorte de nouvelle fertilité des vieillards. Ils ne peuvent plus enfanter de choses vivantes ? Ils feront partout des choses mortes, des interdits, des impossibles, des limites. Des mains, mais des mains usées, des mains à la couleur de grenier, des pleurs fatigués.

Br. Vingt ans c'est le goût de la révolte imbécile mais tellement heureuse, tellement puissante. Mais c'est tout ce qui change en ces quelques ans, en ce crépuscule insoupçonné parce qu'il resterait selon tous assez de lumière pour vivre encore, quand la dérision devient de l'ironie et qu'à tant se ressembler on les croit jumelles, ironie et dérision, alors même qu'elles sont aussi dissemblables que le corps et son reflet au miroir. De n'avoir en commun qu'une apparence. La colère est un privilège de jeunesse. Appelle ça comme tu veux, puérilité, inconsistance et puis ? A ma bouche je garde ce rire tout entier, jamais défait, invincible. Oh, oui, il manque de maturité, et si peu de moustache en vient brûler son tour. Et puis ? Et puis ? Refuser de vieillir c'est le goût du désordre, de mon coeur agrandi par de grandes caresses, de ma bouche au délire illimité. Oui, ce n'est pas grand chose vivre, ce n'est pas grand chose mais malgré tout ce n'est pas si peu que ce que vous semblez en faire avec vos usages, vos manières. Oh oui, je n'ai rien dit, j'ai tout dit, c'est incompréhensible, c'est tant mieux. LALALA

8 mai 2012

lalala

Le miroir est un amoureux objectif, un mauvais photographe qui te rend ta beauté comme d'abord il te la prise. Ses mains d'ennui, sa figure polie, ses lèvres pales qu'il passe sur toi dans son soupir mesquin. Il a la façon d'aimer des petits bourgeois. Toujours le mot comme il faut, comme une bise aux filles jolies. Toujours le geste appris, la main bien dressée, quelconque et en définitive, parce qu'il l'adresse au merveilleux de tes yeux, le geste vulgaire. Le miroir te rend ordinaire. Son éclairage te force a ces parures de fausse indolence, ces précieux imités, ces débris de lumière insolente.


Mais ! Tu es née grand morceau d'eclair ! tout le feu du ciel, tout l'orge de la nuit c'est ta vie, c'est ta faim. Ne te laisse pas apprivoiser par le faux-pouvoir du poudrier. Puise au soleil ce qu'il te faut d'ambre et de brulures. Ne te prépare pas les lèvres du rouge menteur qu'on met aux mariées. Tu as des yeux d'abime. Le fard que peut il ? Ajouter à la nuit, l'ombre ?
Montre moi tes ongles couleur d'angoisse quand l'insomnie les taille, montre toi quand tu inspires, montre toi quand tu expies. Je veux te voir dans tes bas troués, je veux te voir dans le péché du verbe aimer. Montre moi tout ce que tu peux faire, dire, mentir. Je veux ton visage habillé de la fine lingerie du baiser, les joues massacrées par la peur, les yeux creusés du désastre. Montre moi la vérité de la panique, la vérité de ton corps amoureux, le cruel de ta faim quand elle blesse le jour comme un rossignol. Casse cet aquarium de la logique, laisse toi faire s'il te plaît par la déraison, la déraison de mes mains.


Montre tes dents en entier sans la gêne d'un sourire récité. Mords ! Déchire ! Comme la Diane du poème.

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4 mai 2012

L'ennui

Je veux te faire des choses bizarres,
hisser le soir jusque dans tes yeux
te montrer mon visage des jours d'offense
quand j'y plie, quand j'y casse les amandes maladroites
Je veux te montrer la couleur d'orphelinat de ma voix
Quand elle va pleurer, qu'elle ne sait plus bien la forme des fleurs
si elles sont mouillées, si elles sont carrées

Je n'ai plus jamais chaud depuis que l'hiver est venu dans mes mains
Qu'il est venu pour moi, me chercher, me mettre dans son grand pays rond et dur comme une pierre effritée, comme un visage sans profil.

Je veux dire des bêtises à toutes les filles parce qu'elles ont les yeux bleus, les autres n'existent pas, les autres sont fabriquées avec ce qui restait. La douleur, la tragédie et aussi beaucoup l'ennui. Les yeux marrons, les yeux d'écorce m'embêtent et portent sous leurs paupières toutes les fins du monde, tous les bois pénibles. Je ne veux pas être menuisier demain, demain, je veux faire l'amant, je veux mendier tous les visages, toutes les étreintes.

L'été m'oublie depuis le premier jour et je garde au ventre ce teint maladif, ce teint d'enfant prématuré. Ma peau tousse, suffoque, depuis toujours et l'été ne vient pas, l'été m'évite, l'avenir m'évite. Je ne sais pas encore vieillir, j'ai tous les fruits fragiles, les fruits précieux qui retiennent encore leurs voix de sucre. Je veux coller, je veux briller alors je vais suer, sous tous les soleils, dans tous les midi. La journée s'escalade. Maintenant je vais dormir. La journée a été nulle, à peine colorée.

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boudi's blog
  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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