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1 mars 2024

Nerval

Ce texte, d’abord, il continuait un précédent, sur un mort palestinien dont, je trouve, le point de suture curieux et insupportable, nouer, ici, deux morts, Navalny et celui, anonyme encore un peu, écrasé par un char israélien. 

La mort ne suffit pas à tout embrasser 

d’abord, la sienne :

la mort

Navalny, lui, l’opposant Russe principal de Poutine est mort. Je ne mesure pas l’importance de cette mort. Je sais que Navalny, que Poutine tenta d’empoisonner une fois et qui y survécut, vivait à Berlin et que, par courage, il retourna dans son pays pour affronter démocratiquement (j’ignore, dans cette Russie, ce que peut signifier ce mot, c’est à dire par les urnes ?) Poutine qui, lui, enferma son adversaire dans une colonie pénitentiaire de Sibérie où il trouva la mort, c’est à dire son assassin. Nous ignorons la nature de l’assassin, armé d’un pistolet, les mauvais traitements, le poison à plus ou moins haute dose, un mélange de tout ça ? Nous ne savons pas, et cette ignorance, dans cette ignorance grandit le pouvoir de Poutine, dans le doute qu’il suscite, dans le sourire obscur qu’il affiche si souvent. Ce Navalny qui devait, même avant d’être tué, être échangé avec un prisonnier Russe, un assassin de la pire espèce enfermé à Berlin après des empoisonnements commandés par Poutine ou ses sbires, et qui finalement mourut avant l’échange, Navalny, je veux dire, l’autre, fidèle à Poutine croupira longtemps à Berlin, avant de faire l’objet, sûrement, d’un autre échange, Poutine, son sortilège, donner de l’espoir, suspendre, par cet espoir et cette promesse, toutes les injonctions et toutes les invectives, suspendre, Poutine, par l’illusion de la négociation, les vélléïtés de ses adversaires. Poutine paralyse parce qu’il laisse à voir, toujours, la possibilité du marché, lui qui, Poutine, grandissait dans une U.R.S.S qui abhorrait, en principe, le marché plus que tout. Poutine sait y faire. Il connaît l’avidité des hommes et des femmes. Il est le plus fort parce que dépourvu des désirs humains. Il tient les autres. Y compris les russes qui se croient des puissants, par là, par leur désir. Soumettez-vous, vous jouirez. 

 

Les Russes de Paris, dont Gleb et Kristina (sans Masha), organisèrent, après l’annonce du décès de N., une veillée funèbre, spontanée, sur un pont que je n’identifiais pas.

Je les ai sus très affectés pour ne pas dire dévastés. En Kristina quelque chose bougea, non imperceptiblement, un vrai mouvement du coeur, de la vie, une bascule, comme un navire tangue ou, défait de ses amarres, enfin se retrouve à traverser le fleuve ou atteindre l’Océan, quelque chose devait changer et quelque chose changea. C’est à dire tout si tout, une forme de ce tout, se cristallisait en sa relation de plus en plus méphitique avec Gleb. Gleb marié à Maria Stepanova, la grande poétesse Russe que Jeanne rencontra, par hasard, il y a quelques années, à Venise chez Gleb Smirnoff, un autre russe juif avec qui Jeanne se maria, il y a dix ans en arrière, devant un pope orthodoxe et Venise, d’un mariage trop tapissé de Vodka ou de Cinar pour durer ailleurs que dans le rêve et quelques souvenirs Facebook. 

 

A la mort de N. (Kristina m’écrivait N. est mort, je sais que tu le sais comme m’évoquant un intime, peut-être perdu de vue, N. parce qu’écrire tout en entier son nom rendrait son trépas trop douloureux ou, parce que la censure, proscrit de s’endeuiller dans toute l’extension du nom) quelque chose se mue et mua. L’approche de la fin. Kristina, parce que Gleb jamais ne lui mentît, considère que, en effet, Gleb révéla sa liaison à son épouse que tout est tellement compliqué maintenant. Ce à quoi je n’adhère pas pour trop de motifs qui m’éloignent, en même temps, de la mort de Navalny et cette mort, ici, m’importe, en continuité de l’autre mort, ce palestinien écrasé dont, finalement, ce texte n’est pas la continuité mais l’annonce, son double plus humain, moins flétri, par quoi je me trouve concerné en tant qu’il concerna les larmes concrètes, une eau tiède, d’êtres connus, dont je n’ignore l’odeur. 

 

J’ai vu, aujourd’hui, réunis en Russie, plusieurs centaines ou milliers de Russes en procession, accompagnant le mort, physiquement ou symboliquement, ne l’enterrant pas, sachant que rien ne finit ni rien ne commence, dans le gel bizarre de la Russie des tsars aux aparatchiks de Poutine aux oligarques, où tout se maintient dans l’état suspendu de la glace, sous un vernis brillant de froid qu’aucune révolte ne fond longtemps. Et que, voilà, sûrement, dire l’état suspendu de la glace c’est se tromper encore, Etat de Glace, Principauté très étendue de Sibérie. 

 

Ces Russes, courageux, d’un courage dont nous ignorons ce qu’il réclame, réunis donc fichés, héritiers ou nostalgiques, ceci je ne sais. Quelque chose a changé, à la mort de N., pour Kristina, au moins. 

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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