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31 mars 2023

Marée Salée, Calvaire Liquide, Monstrueux Zoo,

Récente découverte de la série Malcolm in the middle dont j’apprends que le titre, en entier, n’est pas, contrairement à ce que je le croyais, le simple éponyme, qu’il y ait ajouté, in the middle. 

Loïs, la mère de Malcolm et de ses frères, me fait un peu penser à la mienne, dans le caractère, certes, dans l’allure surtout, et ce très léger strabisme qu’elles partagent.
Reese, l’un des frères de Malcolm, d’un an son aîné, vient de subir une humiliation terrible au lycée, des filles, sadiques, lui firent croire que sonnerait à sa porte une jeune fille sublime nommée Cindy, jeune fille qui admirait en secret Reese, qui l’adorait de loin.

Reese, au bruit de la sonnerie, se presse pour ouvrir la porte et découvre, devant l’entrée, sur le seuil, un porc aux lèvres peintes, avec autour du cou, un encart cindy, derrière le porc, quatre ou cinq filles, hilares, toutes jolies, jolies, pas forcément absolument, jolies comme ces filles populaires du lycée, toutes emplies de cruauté et d’aisance. Les filles le prennent en photo avec leurs téléphones portables, les premiers téléphones avec caméra intégrés, bien avant les smartphones. 

Loïs assiste à la scène, révoltée, interdite. Loïs se rend au lycée espérant obtenir l’intercession du principal qui, hilare, se propose de ne rien faire. Enragée Loïs quitte le bureau du proviseur et tombe, dans le couloir, accrochée sur le mur, une large affiche avec les photographies de Reese et du porc. Reese ne peut plus revenir au lycée humilié, le coeur brisé.
Alors Loïs se venge. Se vengera. J’ai arrêté, pour écrire ce texte, l’épisode au moment où Loïs repère l’une des malfrates et, la voyant remuer la tête, replacer sur son crâne - d’où germent les idées malfaisantes - sa longue chevelure, Loïs, murmure, l’observant par la fenêtre de sa voiture alors comme ça tu aimes tes cheveux. 

Loïs ne supporte pas, ma mère aussi, que l’on heurte les gens qu’elle aime, ne supporte pas l’injustice et que les méchantes ne trouvent pas, conséquence à leurs actes, le châtiment, n’importe lequel dès lors que, refusant la médiation du pardon, ces méchants s’exposent à tout déluge, à tout ce qu’on peut, à tout ce qu’on trouve.
Loïs se venge parce que l’injustice doit faire, pour elle comme pour moi, sentir dans la chair ou dans l’esprit - assez de la dichotomie ancienne partageant les deux - la conséquence de sa faute.
Loïs trouve dans la colère des ressources d’amour comme moi, dans la haine et le goût de la vengeance, un trésor d’amour, celui-ci, propre, qui me protège du calvaire, des perfusions, des quais pratiqués poétiquement, trop, peut-être.
Je vois cette femme se venger, venger une injustice et, non pas comme le proclamait les grecs et leurs catharsis, m’inspirant moi, mes propres drames à venir au lieu de m’en purger par la fiction. Rasséréné, encouragé, voilà mon être ici, joué à ce moment là, dans cette ville d’Amérique, qui, transatlantique, parvient, l’idée du moins, le principe, jusqu’à moi. Le câble sous-marin.
La vengeance. Vengeance venue des profondeurs et des distances.
Attention 

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31 mars 2023

Marine Simon (1 bis)

Marine Simon considère qu'elle ne doit rien à Jonathan Boudina, Marine Simon n'aime rien tant que se parer des habits grands de la vertu, habits si blanc, ils ne sentent la vie ni rien qui y ressemble. La vertu sans conscience, sans mauvaise conscience, sans cas de conscience revient, vite, à une tyrannie de l’ordre. Là où la question ne se pose pas, où le doute n’est plus permis - je parle du cerveau, des principes de Marine Simon - naît un bourreau. 

 

Marine Simon vit, clownesque, sa vertu, lorsqu’elle informe M-A de l’accusation qui vise Jonathan Boudina, Marine Simon écrit, un message hypocrite conclu, comme chaque fois les hypocrites concluent, disons la ponctuation spécifique de cette sorte de malfaisant, je t’aime infiniment. Marine Simon, quand elle informe M-A, lui dit, prétend qu’il s’est agi pour elle d’un cas de conscience, que H., ne le souhaitait pas, elle dit ça comme si, hantée, toute hantée, elle ne révélait ceci que pour le bien être de son amie. Comme si l’amour pour son amie transcendait sa rigidité morale et, ainsi donc, se donne encore le rôle joli, d’une double vertu quand même elle prétend, un peu, se défier de l’ordre moral. Marine Simon préfère le confort moral à l’établissement de la vérité, pour Marine Simon, la justice n’existe qu’à la condition du bâillon, pour Marine Simon la justice n’est pas l’âpre débat qui, par la discussion, homogénéïse autant que possible les récits. Marine Simon prétend avoir agi par amitié en révélant (émue d’elle-même, dirait-elle trahissant) ce qui visait Jonathan Boudina tandis que Marine Simon ne se le permit que parce que Jonathan Boudina déjà savait et que M-A saurait bientôt. Précédant la confession de Jonathan Boudina, Marine Simon se donnait un air princière dans son agitation bouffonne. Pourtant Marine Simon indiquait à L. ou R., qu’elle n’en parlerait pas à M-A.
Marine Simon, dyslexique de la philosophie, croit, sur elle-même, écrire pure or ce que nous lisons, le mot vrai : pire.
Marine Simon pratique la morale comme le fasciste pratiquait la haine, une forme intégriste, irrémédiable donc, forcément, injuste et immorale, or, ceci, ne passe pas. Ne passe pas quand ce passe ceci sur la vie de Jonathan Boudina qui Jonathan Boudina se défend. 

Marine Simon a les mains propres parce que, toute entière couverte du sang des coupables déclarés, tout son être a la couleur du meurtre.
Marine Simon, n’aime rien tant que son confort moral et ne comprend pas que tout engagement implique sa part de douleur, que tout engagement vraiment moral, implique la nécessité du doute, puisque, sans quoi, alors monde tout parfait, c’est à dire, exactement, l’enfer. Quand chaque chose a une place univoque. Les êtres humains sont une foule de tremblants qui les croit statiques, comme Marine Simon, ne vit qu’entouré de cadavres ou de statues. 

 

 


Mieux vaut, encore, que je maintienne en vie cette carcasse haineuse, résister à l’étrange défaite, comme celle en nouvelle aquitaine, oui, ne pas tomber dans les creux mauvais, la mort trop jeune comme le premier Marc Bloch venu. Parce que sans quoi, envoyer dans l’espace, poitiers ou ces parages, dans la cour du lycée, les mots d’amour jadis envoyés, mettre sur le portail de l’établissement scolaire, les vidéos des débutantes.  

 

 

Si Marine Simon, comme elle le disait à R., ne me doit rien, il se trouve que moi, je lui dois quelque chose, or j'aime solder mes dettes. Les bons comptes font les bons ennemis. 

 

30 mars 2023

j;

J., le souvenir de J. me revient, un souvenir ancien, loin, son appartement de deux pièces à Malakoff, son petit chat, moufti, il s’appelait moufti et se surnommait Kitler à cause de ce qu’il avait au museau une tâche noire comme la moustache du tyran allemand. 


J., le souvenir de J., la première fois, l’amour, dans le parc. Elle me dit, nous buvons du vin, il commence à se faire tard, elle finit par dire je n’en peux plus parce qu’elle très trop envie de baiser. Parce que la robe se soulève, le vent chatouille les entrailles, commence, comme un doigt la belle manoeuvre. Nous marchons dans le parc, il fait nuit, je n’ai pas couché avec une fille depuis longtemps à ce moment là, nous marchons dans le parc, elle propose d’aller chez elle, et, non, nous nous sautons dessus, dans la clairière du parc, je me souviens, l’arceau des buissons, la petite entrée, un conte de fées, toujours un conte de fées, le sexe débutant par surprise. Je me souviens le plaisir et l’homme qui nous regarde, dont je croise le regard au moment de jouir. Lui. Je me souviens, la peau noire, les cheveux crêpus, les yeux un peu jaunes, pas une ivresse près.

 

Puis J. part brutalement. Elle se lève parce que je lui ai demandé une clope, elle a détesté cette scène de série B, voulait, aussi, ménager sa sortie à n’en pas douter, J., son étonnant mètre 80, qui lueur s’éteint.

Je sors, à mon tour du parc, un copain vit à côté, je l’appelle en quittant les lieux des brèves étreintes, comme, si j’y pense, ces cinémas, jadis, dans les films, où adolescents et adolescentes, apprenaient les sales caresses. J. m’écrit parce que, rentrant chez elle par le tramway, elle me vit à travers la vitre, l’air nonchalant, au téléphone, comme si, selon elle, rien n’advint. Alors, elle veut me rejoindre, me rejoint chez mon ami. Ils sont presque voisins. Je me souviens, je veux enjamber, chez l’ami, sur la terrasse de l’ami, les longues longues jambes de J., je porte un pantalon serré jaune que je déchire à l’entrejambe un grand sourire moqueur sur ses lèvres, comme si vengée, elle, de mon départ sans chagrin, une sortie ratée, sa sortie, devait-elle se dire, si le souvenir de sa robe remontée, ne me hante pas, ne me mène pas au désespoir impatient, aux supplications. Alors, ici, si pas les larmes le rire. 

 

J., chez elle, nous faisons l’amour, ivres je ne sais guère combien, modérément si je me souviens. J. jouit de partout, être érogène, un frôlement de l’aréole l’excite et jusqu’a l’orgasme. Notre sexualité tâtonna sans tâtonner, nous connaissions les gestes, la langue, les doigts, yeux bandés etc. J., je me souviens son désir terrible, terrible, du vraiment jamais satisfait et si, dans la littérature, souvent les hommes peignent des femmes en tant que telles pour se donner à eux-mêmes le rôle mâle triomphant tenant au bout de la bite le rare pouvoir exauceur de l’orgasme, J., vraiment, ne pouvait jamais trouver son compte, ce qui, en ce temps là, m’allait très bien, je pouvais, moi autant - à cause d’une chirurgie manquée enfant - baiser mille fois. Je me souviens de J., sur le pallier quand je rentrais chez mes parents qui venaient me chercher sur le seuil pour baiser, encore une fois, pour que, comme si, après mon départ, l’odeur chaude du sexe dans l’appartement, les draps froissés, humides un peu, lui donnerait encore, fantômes, un orgasme. L’ombre et le souvenir, bons amants à qui, corps érogène.

J., je me souviens des jeux, les premiers jeux, la suspension du désir, comme je jouais avec son envie, comme j’inventais, là, les trésors de patience pour qui moi pourtant le jamais patient, le sexe frôlant le sexe, l’attente, plaisir, torture, le plaisir, aussi, soi libéré, les chaînes brisées oui le grand air aussi. 

30 mars 2023

moustiquaire

Vu le docteur C. ce matin, en rade de médocs depuis vendredi. 

RDV obtenu par Marie-Anaïs mardi. Ordonnance faite. Recompé Le fil de la vie chimique

Fil. 

Vie chimique 

mort chimique

chi mi que


Une centaine de comprimés éparpillés dans la bibliothèque.

 

Vestiges. Ruines d’une mort ratée. Rome de meurtre. 

Ici. Une Rome de briques.

Dix par Dix.
Désordre des cachets.
Désordre l’appartement. 

Entre deux. entre-deux. 

La vie.

soi au milieu. 

La mort

 

Le docteur C. dit. vous êtes ancré. Vrai. Lucide. Il dit. N’importe quoi. Vous faites n’importe quoi. Tenir. Contenir. Il dit. Je dis.
Oui mais.

Dit

Mais oui. 

 

Je dis Marie-Anaïs

Je dis les classeurs.

Je dis Marie-Anaïs

n’a pas

dit

dédit

dit

dédit

dédit

dédit

dédie

 

Il dit. Oui.
C’est tuer. Ses mots à lui. Il dit.
Sens commun.
Dit il dit. Parano. Oui. Parano le bruit.
Les cachets qui coulent. Comme la neige fausse.
Dans les boules en verre.
La vie. 

Tuer. Je dis oui.
La réalité.
La réalité. 

L’erreur. Quand. L’ascenseur s’ouvre.
Le mauvais étage.
L’inter-étage

Interstice. Léna dit.
Les fous vivent.
Quand ils vivent.
Parfois. Souvent non.
Vivent dans l’interstice. Liminal. 

Il dit tuer oui tuer.
Je dis. Victoire. Quand lui même il dit.
se dédire. Tuer. Quand je dis

tu m’as tué. 

Au passé. Soi ombre. La folie
Ombre ombre.
De l’homme antérieur. Celui avant.

avant.
Que.
Qu’on.
Quoi.

Cou.

Beh.

Le docteur C. dit. Je voudrais lui parler.
Tout pâle. Moi. sous le masque. Le masque bleu.
Je dis non.
Il dit. Il faut.
Je dis non. Elle non.
Comprendra pas.
Peut pas. Deux siècles.
Rendez-vous plus tard.
Regardez si

dans deux siècles dans l’agenda

une date.

petit piètre moustique 

meurt le petit moustique

dans la lanterne électrique

meurt le petit moustique

un jour d’orage

30 mars 2023

cripple

Je me souviens le jour que je voulais me tuer et que je me suis ravisé à cause de la forme des quais le mouvement silencieux du train. 

 Je n’y pensais pas, tiens, à ce moment là, que la retenue vint aussi du mouvement quasi muet de ces transiliens modernes. L’isolation phonique leur donne une allure de lenteur et, au moment de la mort ferroviaire, la lenteur semble substituer la torture à la mort. 

 Parce que, dès le départ, incertain de ce mode de suicide, je m’étais préparé à d’autres éventualités. La location d’un appartement sur l’île saint louis au sixième étage et à peu près deux cents pilules diverses, lysanxia, xanax, aripiprazole, voilà pour le requiem ce soir. 

Je gardais dans mon sac de toile toutes les pilules, avec leurs boîtes ça faisait comme un caillou dans le sac, une fronde, ces toutes minuscules pastilles certaines blanches, certaines bleues, qu’on compte, si légères, en milligrammes. Comme une fronde fatale, ces quelques milligrammes, abattre la vie, la vie, ce Goliath toujours perdant. 

 Pourtant, j’ai du me raviser parce que plus effrayé par l’hôpital psychiatrique que par la mort comme je fus, sur le quai, plus effrayé par la torture que par la mort, parce que Marie-Anaïs avait prévenu le SAMU et que les opérateurs avaient, après m’avoir (terrifiant) géolocalisé, prévenu les pompiers que je savais me cherchant dans la gare de Pont-Cardinet. Alors, j’ai sauté dans un train, pour rentrer à la maison, parce que j’avais promis à Marie-Anaïs de rentrer.

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29 mars 2023

L'oisillon qui voulait se faire aussi feu qu'un Phénix.

A chaque passage décisif de ma vie chose petite toujours le mauvais choix moi

je disais avant

c’était droite et gauche tu allais gauche

toujours ainsi le pire choix la pire façon

saboteur sabotage diraient-ils diraient-elles

non pas ceci non 

défaut en constance d’une lucidité

pourtant toi poète c’est à dire

l’extra lucide au-delà du concret

extra pour en dehors du lucide voilà

tu te trompes face au drame tu te trompes

de loge de scène tu te trompes de sens

l’affect s’en mêle en travers toujours le même

affecte si j’y pense

l’orgueil appuyé sur

ce présent ultérieur

temps singulier à toi seul conjugué

comme parole conjurée incantation ratée

dont le sort retourné contre toi-même

te brise le sang devenu tout dur lisse

une pierre roule dans tes veines

le présent ultime ce cadeau des fiançailles

le mauvais mariage ces deux là

orgueil et présent

amour de ravage qui enfant moi enfanté

d’eux

tragique mal dressé

mal né né tué

de travers par le siège

orgueil que tout brûle

présent pareil tout brûle

maman présent mamelles lait violent coule

dans les veines orgueil le geste le pire celui trop par trop

fort les vaisseaux brûlés je clame pas de retour pas de retraite

l’assaut à l’avant à l’avant 

ah oui de l’avant

mais ce feu incendie t’encercle si fuite barrée aussi

assaut compromis pareille tu ne peux progresser devant

l’éboulis des flammes ta demeure tu chantais

le monde des flammes toi-même incendiaire

ton métier ton foyer

c’est toi que tu brûles quand tu brûles 

non phénix renaissant diminuant

rapetissant à chaque nouveau feu

oisillon de peu 

à chaque nouveau drame tu t’amaigris

à chaque mauvais choix toi tu toi consumes

le feu avec sa gueule de feu sa mâchoire de feu

repas toi patiemment englouti

tu n’es pas n’importe quel repas, il faut le dire

définitivement la vie toute petite toi même enfant

nain jusqu’à

cerné tu te cernes

épuisé

entouré des flammes des flammes ne dansent pas

les flammes

crépitent 

molles gencives sirènes

indifférentes si sirènes

sirènes au chant las un

métier

des fonctionnaires de la torture

les pires aux horaires de bureau elles

te drainent dans les fonds des flammes

nulle retraite nulle échappée

l’avant garde bute 

en vain tu brûles

le choix le mauvais forcément orgueil présentéïsme 

tu manquais d’absence 

souffle d’asthmatique tu ne savais le retenir

tu ahanes tu tousses tu 

nourriture de ce feu qui t’enserre l’ultime caresse

tu voudrais

caresse la flamme tu te mens à toi-même 

la douleur seulement l’immense gâchis ta vie

parcourue tes joies petites quelques fois le feu te fit du bien

comme une drogue avant la chute

tu te devais une patience

tu te devais un silence

comment l’apprendre

le seul vrai regret de ta vie

29 mars 2023

Banana Bread

Je vois les rayons de la bibliothèque vidée peu à peu

un soleil brisé où domine ce qui manque l’éclipse des pages

la continuité du noir

une nuit inconnue débute

se débat 

moi qui l’aime la nuit la trouve belle comme

l’être maquillé

le coup de stylo bic

avant la maturité

blanche et noire des joues du menton

moi qui l’aime la nuit la trouve belle

même d’effroi peinte celle-ci de nuit

cette ombre des pages

souvenir des peupliers abattus jadis

dans l’ancien temps

du roseau arraché

de la lutte chêne dur brisé

moi l’amant de corps de visage

dans ce noir flambant cette fois

sous l’éclipse soleil noir dit-on

aveuglé comme si superposés soleil et lune

pesaient pesaient nuit violente fard de paupières

fatiguées

vestiges la bibliothèque comme moi

souvenir heureux ou triste

aventures tous les abordages

les taïauts criés depuis l’enfance avec il faut le dire

la distraction de l’amour

de l’écran le geste mécanique du clic 

du défilement

cliquetis des chaînes

je vois vestige les béances à chaque étage 

vestiges nous ensemble d’une blessure pas non

réparable

 

ailleurs

 

les nouilles udon

les bananes mures

presque hantées du temps urgent

pleines de voyages elle forment

dans leur bouquet ce qu’on dit

un régime

un petit groupe de chardons sucrés

celui nourriture des chassés d’Eden

le fromage frais la marque philadelphia comme aux

Etats-Unis, le pays des inventeurs de diabète

gestationnel celui-là ou non

les oeufs frais leur label rouge les poules dites de plein air

inséminées sûrement par le geste mécanique

le clic de la main blasée

les poules 

dans la plaine remuant le cou la tête décrétée

comme des pigeons comestibles

bavards

les nouilles udons moelleuses dans l’emballage de plastique

le prix affiché, encore, après le passage en caisse

les instructions en language des signes

il faut suivre de droite à gauche se repérer avec les chiffres et les nombres

seuls universels ici

comme retrouver dans un pays lointain une inflexion 

qu’on imagine la langue la lande natale

ce n’était que le bruissement d’une feuille

le battement d’ailes d’un oiseau ou le cri

du marchand qui vend à la criée son poisson 

étrange d’une fraîcheur inconnue

pourtant cette seconde

de la langue reconnue

comme un mirage là

te désaltère de ton exil 

l’imagination te revient la mémoire avec elle

ton enfance où tu apprends à marcher

alors

ici

tu peux

tu vas

tu continues

dix mètres au moins

dix mètres toute ta vie

pour l’instant

jusqu’à la prochaine distance

le prochain mirage la prochaine éclipse

le feulement 

 

 

 

29 mars 2023

Repentir

6:10 le sommeil ne vient pas, alors j’erre. 

 

Je me souviens d’une soirée où nous avions rencontré dans la rue Dimitri, le cousin de Joseph. Dimitri se promenait avec son épouse, sa fille et Joseph et, Dimitri, parce que Léah lui plaisait lui dit, cheveux poivre et sel, nous nous sommes déjà rencontrés ? 

Phrase banale qu’il devait régulièrement user pour séduire les jeunes filles qu’il trouvait à son goût. Dimitri la prononçait avec aisance, résultat, à n’en pas douter, d’un exercice régulier et, probablement, efficace.

Joseph était désespéré de nous avoir croisé et lorsque Dimitri nous proposa de prendre un verre chez lui il s’écria, tournant le dos - se joignant tout de même à la troupe - mais je les déteste !

Dimitri et son épouse habitaient dans le 9ème arrondissement bien avant de moi-même m’y installer. Je me souviens, aussi, que Dimitri et son épouse parlaient de leur mariage finissant en termes durs, étonnants, tenus, surtout devant de parfaits étrangers et que la connivence intellectuelle ou l’alcool ne me semblaient pas suffisant pour combler la nouveauté. 

Je me souviens parce que la femme de Dimitri, pour parler du mariage, du mariage en général, employa une curieuse image, elle le comparait à une toile sur un mur, dans un appartement ravagé par l’humidité, et que malgré tous les soins apportés au tableau, celui-ci ne cessait de se délabrer et exposer, ainsi, une image odieuse et déformée.
Ainsi, aujourd’hui, je sens ma vie, mon état intérieur, un état de décomposition avancée, irrésistible, personne ne peut interrompre, encore, ce déluge, la fuite d’eau, où ce qui fait ma vie, ce portrait peint, où la couleur dégouline, me donne cet aspect monstrueux, je crois.
Pourtant, un prix doit être payé, j’ignore combien se vendrait cette toile là, toute une vie écaillée, la peinture toute comme avinée. 

 

Valentin parlait de Malinowski, rappelait cette citation quant au peuple que celui-ci étudiait, trop brillant pour être terni. 

28 mars 2023

Majin Vegeta (2)

Dans Dragon Ball Vegeta, prince des Saiyans, race extra-terrestre redoutée par sa cruauté et son goût du massacre, excellait en sa race même, Wisigoth de l’ultra-espace  tenta, sans succès, d’envahir la Terre, vaincu par le groupe des héros auquel il finit par se joindre. Comme souvent, dans les mangas, l’antagoniste devient un compagnon des protagonistes, un nakama tel que One Piece a consacré l’expression. Le cas de Vegeta a ceci de singulier que, malgré sa nouvelle appartenance, il conserve de son ancienne carrière quelques réflexes cruels. Adouci, certes, disons que pour  lui aussi taire n’est pas tarir. 

 

Plein encore de l’orgueil du prince Wisigoth qui échoua aux portes de Rome sans en perdre tout à fait l’appétit. 

 

Sur Terre Vegeta rencontra Bulma qui devint sa femme et avec laquelle il eut un enfant nommé Trunks. Pour le Saiyan, comme pour le poète, taire n’est pas tarir, il suffit d’un coup mal placé, d’un événement dramatique ou de la sensation d’injustice, pour redonner soif à l’ancienne violence. Vegeta noua une sorte de pacte diabolique avec un sorcier ennemi des terriens : Babidi. Babidi pouvait décupler, en échange de son obéïssance (Vegeta sut résister à cet impératif), la puissance de n’importe quel guerrier. Preuve de la conjuration, un M stylisé apparaît sur le front du damné, marqué comme une bête, oui, mais cette bête a la rage. Ainsi naquît Majin Vegeta, guerrier surpuissant et immoral, tirant, même, de son immoralité sa grande puissance, son immense violence. 

 

dans un épisode antérieur, San Goku, encore enfant, affronta un personnage malfaisant dont le super-pouvoir consistait à faire gonfler la part sombre d’un individu jusqu’à le faire exploser. Il tenta cette technique sur Goku et échoua parce que Goku, trop pur, ne possédait en lui aucune once de mal. 

 

Si le cas de Majin Vegeta m’intéresse ici c’est que sa motivation, loin de ne résider qu’en une quête déraisonnée de toute puissance, vient de son souhait de rompre toutes les attaches morales de ce monde terrien, rompre d'avec cette vie qu’il commençait à aimer et, qui, peut-être, le rend(r)ait heureux. Ce qu’il voulait, lui, à ce moment là, cédant au mal, c’était se retrouver lui, finir de trahir tout ce qu’il fut, toute cette folle vie, 

retrouver, il voulait retrouver le galop, l’extase de soi-même, ne rendant compte qu’à son bon plaisir, insoucieux de toutes les conséquences. La belle farandole des flammes le plaisir de la chair brûlée, enfin, sa patrie de feu, le domicile ne dit-on pas le foyer, un lieu chaleureux ?

 

 Il crie dans le chaos, crie assez des liens harassants je me débarrasse, il 

arrache de sa peau cet habit nouveau, ce costume bienséant pour retrouver sa combinaison de tueur, ses mains de tueur, sa vie à lui même compromise presque jusqu’au bout.

Désormais toute place à la brutalité, il s’agit de rendre au monde sa couleur première, la seule vraie, tout bien réfléchi. Le pigment cruel. Que tout redevienne comme aux premiers temps barbares, des cimeterres, des peaux de bête, du roi singe ounga-ounga le langage devenu onomatopée crève tympans. 

 

Majin Vegeta jubile, il tire sur la foule de grosses boules d’énergie pour ne pas pouvoir revenir en arrière, pour commettre cet acte définitif, ce pacte, finalement avec lui-même, s’engageant sans plus pouvoir se dédire, de sa nouvelle vocation d’incendiaire. Il tire sur la foule avant toute discussion parce qu’ainsi irrémédiable et authentique, cet engagement ne pourra plus être annulé. Il promet et se condamne. 

 

San Goku, son adversaire, ami et héros de la série, tente de le raisonner convaincu que Vegeta ne peut pas vouloir ce que Majin Vegeta fait. Il se trompe, Vegeta a toujours été Majin Vegeta, par accident, erreur, tentative, il mit en retrait cette part de lui qui, en vérité était lui-même, lui confisqua la parole, à ce vrai lui, ne l’exprima plus qu’en une vague mauvaise humeur qu’on croyait le résidu inexpugnable du mal heureusement disparu tandis que, non, cette mauvaise humeur était le coeur palpitant et bien vivant de cette ancienne violence, son expression la preuve de sa bonne santé, couvée dans le plasma chaud des habitudes et qui n’attend que la catastrophe pour percer la tiédeur. Là voilà. La catastrophe, faite place à la haine sans fin.

 

il dit quand il s'extasie combien il jubile de la destruction qui peut comprendre
que qui aima un jour le feu en garde l'hypnotique 
désir tout le reste de sa vie il dit la joie le feu de joie
quand le monde devient bûcher
buffet des horreurs
alors tout brûle
comme du papier

S’abandonner, enfin, à ses pulsions les plus pures. Demander pardon, pardon à soi-même, cette compromission ancienne, ce crime commis contre soi-même, par lâcheté, peur ou amour, pardon ma pauvre vie, se dit Vegeta, pardon ce suicide presqu’accompli de la seule chose précieuse en ce monde. Alors, Vegeta admire en riant la foule éventrée par son beau coeur coeur, son beau sang noir, le sombre héritage, Majin Vegeta redevient prince et moi avec lui. 

 

C'est amusant, à peu de choses près, Majin ressemble à Najib. 

 

 

 

28 mars 2023

Taire n'est pas tarir

j’écrivis, taire n’est pas tarir, quant à l’enfer en moi que M-A me fit éteindre et qui, enfer, ne se réfugia que dans une cavité lointaine, jusqu’à l’oubli. Les bêtes des légendes, vaincues et blessées, se réfugient loin, loin plus loin que les récits, que la mémoire des enfants inquiétés par leur mythologie. Pourtant, dans ces confins, dans l’obscurité, goutte à goutte, ces bêtes soignent les plaies. Ce recoin refuge de la haine exilée, appendice aujourd’hui saturé, voilà qu’en moi l’enfer éclate brusque rayonnant chaud, malade aussi, une péritonite je deviens tout blême quand la rage engeôlée dévoile sa force gardée. Taire n’est pas tarir.

 

Des nuits entières, je voulus contenir ce déferlement, je le sentais bien sûr à force de coups portés, là, au point douloureux de moi, à force de ces coups qui bêchent et sèment en moi, tous ces plants de massacre. Oui. Puis. La force m’a manqué. Sans que je crus alors que s taire n’est pas tarir, détarir je ne l’imaginai que lente montée des eaux, irrésistible seulement, je ne l’imaginai pas éruption de dix vésuves sous-marin, la lave et sa course folle qui recouvre ma vie et les vôtres. 

 

Voilà que s’achevant en moi le silence, la plainte de la bête ferrée prend le pas, voilà le cri du monstre captif, voilà aussi celui-là qui, mis au pain et à l’eau, qui prisonnier du donjon s’arrache à la pierre pour ne vivre maintenant que de vengeance. 

Les remparts éventrés, abattus d’un seul coup, un boulet, ce poing serré qu’on retournait contre soi, des nuits et des nuits entières à se frapper soi-même, comme une viande dure, comme attendrir la haine, à force de cauchemars. Puis, ça cède. 

Ne reste rien en moi pour me défendre de ces gestes lourds, graves, définitifs, rien pour retenir à mes doigts le meurtre qui y pend, nul gant, nulle bague alourdissant le geste, toute grâce des violences désormais dansante sur la vie, je ne peux pas retenir, je ne peux plus même alentir.

Nul au secours poussé ne trouva autre chose qu’en écho un dédain, un peu d’inquiétude. 

je n’ai plus aucun devoirs envers toi.

J’en fis le compte, hier soir, étrangement reposant le 

zéro.

Effondrement, cet effondrement engendre le néant, la disparition de toutes les règles. Pour moi, pour retenir les déluges de démence, il fallait bien plus que des digues, il fallait des herses, des mines, il fallait des armées, des blocs de béton peints aux visages de vierges suppliciés, des trésors de pitié, mais tout a fondu.

Je m’avance toujours plus loin, toujours plus loin, l’horizon me fait horreur, cet horizon de drame, où toutes les vies finissent, pourtant son appel, sirène cruelle, s’obstine et me traîne. Irrésistible avancée, qui sait ce qui en moi sans cesse veut tenir et ne peut pas, l’abandonné comment s’étonner qu’il dérive, dans les eaux tonitruantes, une main se tend

 

la main te jure dans un signe promesse qu’arrivé à ce point, mettons dans le fleuve un jeudi, tu pourras la saisir, alors tu gardes jusque là, ta bouche hors de l’eau, prenant en même temps qu’un peu d’air, de grandes bouffées d’eau limoneuse, alors tu tends la main et la main se retire, parce que tu ne sais pas, une écharde lui fit mal, ou que derrière, je ne sais quelle biche des bois, poussa un joli cri. 

 

Trop loin, au-delà de ces pays anciens, poivrés et détrempés jadis, heureuses contrées, parce que cocagne et jeunesse, parce que lait d’ânesse et extases cruelles, qui aujourd’hui, d’avoir renoncé au mal, y replonge, il y tombe comme celui intoxiqué toute sa vie qui crut s’évader de la substance assassine, mais un jour, de force ou de faiblesse, de hasard ou d’injustice, s’y retrouve et alors…alors c’est tout comme avant moins le plaisir qui en faisait, de justesse, la vertu et la valeur.

Tout comme avant dans la figure hideuse et astringente, tu vis aujourd’hui dans un bouquet d’orties, le mot bouquet pour faire joli, ne demeure bien que ça.

Mais aujourd’hui, tu ne veux pas mourir. La haine te garde. Drôle d’ange gardien le diable. 

27 mars 2023

Mon salaud

Ou bien, peut-être, le coupable déjà jugé tout coupable doit mourir de mort hirsute à ce titre alors pourquoi pas je ne sais le traîner dans la Seine, l’attacher au piquet, lui jeter les pierres sur chacune graver le mot justice le mot coupable le mot juré sur chacune des pierres inscrire coupable coupable accusé que le spectacle-lapidation le beau théâtre des tuméfactions semble à toustes le procès équitable respectueux des droits de chacun chaque pierre justice justice justice tellement de justice jamais personne n’en vît tant au moindre procès alors quoi la plainte du battu à mort jamais plus exemplaire la justice rendue n’importe quel Nuremberg blêmit devant cette pluie pure de justice le feu roulant des cailloux incessant le flux une averse de justice

sur la dernière pierre

le mot

bien

avec les lettres

de ton sang

écrit

tout défiguré

mort

toi gisant bras croisé maintenant

ton corps errant dans la seine

sans qu’à la surface

la moindre trace de tes poumons

ne dégage encore un peu d’espérance

tout gonflé

gros des pierres avalées

tu as dans le ventre

un sacré tribunal mon salaud

26 mars 2023

Majin Vegeta

L’un des topos de la chanson de geste et de tous les récits martiaux est le sacrifice


Le sacrifice constitue l’un des topos majeurs de la chanson de geste et de tous les récits, qu’importe leur support, martiaux. Dans ses versions les plus contemporaines et accessibles, dans le manga nekketsu par exemple, l’un des protagonistes pour vaincre un adversaire invincible, utilise sa propre vie pour anéantir l’antagoniste. Dans Dragon Ball, San Goku, pour vaincre Raditz, s’accroche à lui, et demande à Piccolo, de les tuer ensemble. Plus tard, dans le manga, chose plus intéressante quant à la consomption de cette vie nue, Majin Vegeta, pour détruire Boo, adversaire insensible à toutes les attaques, utilise sa vie comme catalyseur d’énergie. Il brûle, littéralement, sa force vitale pour dégager une énergie largement supérieure à toute technique qu’il aurait pu, autrement, employer.
Ainsi, lorsqu’il ne nous reste plus rien, nous pouvons, pour un objectif noble ou scélérat, brûler jusqu’à notre propre vie. Plus rien, parfois et toujours, à cause de notre impuissance, que, vie nue, demeure maintenant, notre seul moyen. Insoucieux du reste des conséquences, ce but doit être atteint, y compris au prix de sa propre vie.

26 mars 2023

Pistoleros

Un matin tu te réveilles, tu es dans un roman picaresque, la nuit tu l’as passée dans une auberge reculée, pour reposer ta monture fatiguée - ton propre cadavre. Tu te lèves sans rien, sans fatigue, d’abord, sans argent, sans vêtements, sans amis, dépossédé, les aubergistes durant la nuit, te prirent tous tes biens, ta rose de personne, la capitale de ta douleur, les herbes sèches, ramassées toute la vie, l’herbier, tout sauf ta vie. 

Ta vie nue. 

 

Alors, tout perdu, dans ce coin reculé, au milieu de jamais, sans retour possible à la vie couverte de soie, sans chemin, goudronné ou vicinal, au monde, tu serres ton poing, l’arme la plus pure, la plus simple, le premier cracheur de feu, avant le silex taillé, avant les pierres des frondes, le poing couvert de la soie écarlate.

 

Tu couvres ta vie nue, fermée, ronde, du sang caillé, élaboré. 

 

Tu n’as plus rien à perdre alors tu te permets tout, tu t’es tout permis. 

Maintenant tu attends, sur un rocher saillant, tu as passé la journée à bêcher, le soleil t’a veillé toute la journée pour que ta besogne s’accomplisse en pleine lumière, tu remarques seulement l’herbe jaunie, il a fait très chaud dans l’été romanesque, au sud de la littérature, tu attends le diable, la mort ou les gendarmes. Les mains rouges comme le canon d’un fusil. Les mains toutes chaudes comme une baïonnette.  

25 mars 2023

Une vie nue.

Parce que soudain tu parviens à ce point où parvenu tu déclares n'avoir plus rien perdre. 

 Nous revenons, souvent, parce qu’elle porte une puissante évidence, un grand trouble, à cette phrase si dieu n’existe pas alors tout est permis. 

Supposant, forcément, que la promesse de l’enfer - non même la récompense du paradis - nous détournerait, par peur, de nos actions immorales, plus encore que de celles criminelles. 

L’exégèse de cette phrase a permis toutes les platitudes de la Terre, j’y ai ajouté mon petit écot. 

 

 Je revisite, aujourd’hui, cette phrase, un pas de côté, dirons-nous, du royaume du ciel au royaume terrestre - qui l’eût cru qu’un seul pas de côté mais du bon côté séparait ces deux là.

Un tout est permis en dehors, justement, des rétributions post-mortem et du regard, toujours jeté sur soi, depuis ciel, ou quelque dimension où se juche le dieu-s-il-existe, je dis donc, le point du plus rien à perdre version, peut-être, mondaine de la mort de Dieu. 

 

Disparition, qui est un péché, de la valeur théologale première l’espoir. Sa négation, vaut, je crois, apostasie. Renier l’espoir c’est tuer Dieu en soi, c’est jeter l’hostie aux loups, couvrir d’eau bénite la tête du veau d’or, et noyer un enfant dans le sang de messe.


Parvenu à cet endroit de sa vie, la vie telle qu’on appelle, en société la vie, s’est éventée, demeure seule la vie nue. Parvenu, à ce point de soi-même pour qui, comme moi, déjà, ne couvrait sa peau qu’à peine d’une épaisseur de soie, il faut l’admettre, un tout petit pelage me séparait de la vie sociale, ordinaire, tout est permis. Déjà, dès le départ, à cause de la mince pellicule seulement de vie, je me tenais tout près du néant et con corollaire vivant : tout est permis. 

 

Je ne peux plus rien perdre. R., lorsque je lui énonce ceci tente de me convaincre de l’inverse parce que la raison raisonnable, nous opposerait, avec sa froideur inutile, que, jamais, nous ne perdons tout, tant qu’il y a de la vie il y a de l’espoir, y compris si demeure seule cette vie nue. A mon tout est permis, abolition de tout triomphe d’un éternel présent inconséquent, il préférerait sûrement un tout est possible. 

 

Nos visions convoquent des présupposés distincts. Le premier, sur quoi je reviendrai plus longuement, repose sur l’idée que la vie, en soi, vaut quelque chose, que ce quelque chose rien ne le dépasse. Repose aussi et surtout, en un rapport singulier - ou du moins distinct du mien - à l’avenir et à la durée.

Cette logique implique que le futur, puisqu’il peut s’investir, est un champ de possible, un lieu habitable que l’on pourrait semer, qu’importe si la terre est dure et salée. Jamais, alors, tout ne sera définitivement perdu, il existe, là, dans le champ désolé, un immense peut-être qui donnera, chêne immortel, ses fruits. 

 

 

Je ne mesure pas le temps de cette façon, mon temps n’est qu’un éternel présent, doté d’un peu de mémoire. Lorsque ce qui me reste me paraît trop peu alors je déclare que tout est perdu et si tout est perdu alors tout est permis. 

 

Dénué, aujourd’hui, parce que dépossédé, je déclare, j’ai tout perdu ou on m’a tout pris. 

Je n’ai pas joué ma vie, durant mon sommeil, une foule de spectres, entrée par la fenêtre, me prit tout. Leurs mains, la bave de leur mains, l’ignoraient-ils ? déposa en moi le bacille de la rage, dans mon organisme rapide palpitant, la fine couche de vie-non-nue, d’un coup sec a brûlé, la soie toute écarlate, voilà l’expression de ma haine, la forme, de mon permis de chasse. 

25 mars 2023

bang

bang

24 mars 2023

Fendu

Je suis coutumier des crises nerveuses, des grands drames synaptiques, ces cessations de paiement de l’ordre ordinaire des logiques, des gestes admirables et bien tenus qu’on fait, disons, administrativement, afin d’obtenir, au guichet des existences, son salaire convenable, son allocation d’au-secours. Moi, souvent, je craque quand ça déborde, barrage fragile quand sourd le typhon, quand la mousson monte sanglante à mes yeux.

 

Souvent, en ces cas là d’exaltation douloureuse, je me mets en danger. En danger physiquement quand tout malingre je grimpe une statue et, pris de vertige à mi-hauteur, ignore maintenant comment redescendre, où se trouve le chemin inverse si aisément pourtant, cabri de surprise, parcouru. En danger, surtout, autrement, faisant feu comme si seule cette seconde existait, comme s’il n’y avait pas d’après, un monde affreux, quand tout devient permis parce que chaque seconde se consomme comme l’ultime…si plus rien, ensuite, ne demeure, alors l’instinct, celui de survie, de vie tout court même, qui ne se projette nulle part, la dernière, la primitive inconséquence. Tout est permis, non pas si dieu est mort, tout permis parce que non plus de futur, seulement l’expression de la rage antérieure, de l’explosion des intestins, nous pourrions jeter par là, puisque rien ne suivra jamais, ses entrailles, ses organes, prélever à soi-même le rein gauche tout gluant et palpitant avant de le jeter, lapidation toute charnelle, ceci est ma pierre, sur tous les ennemis.

Souvent, ma raison se fissure, alors, plus rien ne compte que l’expression de ma rage, mon goût presque obscène de la justice exacte qui ne peut se rendre qu’éclatante, procès pressé, le parquet lustré, la haine lustrée, les cordes tendues, feu, feu, feu, un poleton d’exécution.

Puis, ma raison revient. Parce que je reçois un appel, parce que la rage se tait, parce que le sommeil, enfin sans rêve, me console. Alors, je me rends compte ma démence, l’immense champ de ruines semés, les blessés, les autres, celles ou ceux qui d’abord me blessèrent, je retournais les balles à coup d’obusiers, je vois la terre dévastée, toute vaine devenue, dans les trous d’artillerie, où l’acier fond encore, s’élèvent de nouveaux fruits, des plaintes vertes qui préparent à leurs branches, les nouveaux poisons de folie.

Ma raison revient, je ne regrette qu’à moitié parce que je devais, parce que je voulais survivre, ne disposant alors que de ma folie pour me faire entendre, si ma bouche ne permet pas à la parole de s’imposer, alors j’ouvre mon estomac en deux, de chaque côté de la plaie, dans l’estomac digérant, sucs, les injures, une bouche ce trou de grisaille. Une bouche.

Ma raison revient.
Je me suis encore moi-même abîmé.
Me voilà passant devenant le fou affolant

Celui fou bouffon disant pourtant

comme tous ceux couronnés de breloques

la vérité pourtant


En attendant, la prochaine fissure. 

24 mars 2023

Epilepse

Parfois mon monde, hors tout épisode particulier, tremble à ses extrémités, semble, se contracter et à la fois s’étendre, en tous les cas, changer, changer, parfois, absolument, comme si de vibrer aussi indéfiniment, la vie entière pénétrait un état épileptique avec ses décharges électriques qui vous saturent les yeux d’images nouvelles, épileptiques et dangereuses. Le monde tremble, la raison, suspendue à un fil, et ce fil c’est la corde même, semblable du pendu, la raison s’y trouve, attachée ainsi la raison, à cette mince potence, au chanvre ténu, qui cassera le premier, la corde ou le cou, qui suffoquera d’abord, la potence ou la raison. 

 

Mon monde, régulièrement, tremble ainsi à son extrême, tout perd sa valeur usuel, son cours comme d’avoir, dans son sommeil, franchi une frontière mentale ; d’abord, la langue, nous étonne, son accent sans joie, ni les visages, d’ailleurs, un autre port de tête, une autre couleur. Nous ne reconnaissons plus rien et plus personne ne nous reconnaît. Ailleurs, malgré soi, pourtant tu croyais, tu crus depuis le départ, que tu étais partout hors d’ici et, pourtant, dans ce pays changé, fou parmi les fous, encore et tu n’es, en vérité de nulle part. Ni d’ailleurs ni d’ici. Tu seras au moins de toi-même, voilà ce que tu te dis, quand tu remontes de ton délire, tout collant encore, de la crise antérieure, celle qui faillit comme souvent, te laisser de côté. Tu sors, en permanence d’un mauvais rêve. Celui de la vie vécue, parfois, la mémoire. Tu revis en songes, les mensonges de C., son sexe appuyé sur ton visage. L’image te hante, te hantera longtemps jusqu’à je ne sais quel exorcisme. « Désolé » je crois que le spectre qui t’infecte s’il s’excuse disparaît. Alors tu attends, tu attends ici. Dans la veille ou son contraire. Ces mots là. « Pardon ». Tu attends ces mots, qu’elle ne dira jamais.

23 mars 2023

M.

Les événements tragiques se succèdent. On ne s’y fait guère. Hier, appel reçu de la mère de M. me demandant s’il m’avait, récemment, donné de ses nouvelles. Depuis deux semaines, inquiet déjà, je ne parvenais pas à entrer en relation avec lui. Parce qu’il vit dans un grand dénuement sa mère, régulièrement, lui porte des courses, qu’elle dépose sur le rebord de sa fenêtre ou sur son palier. Elle entend, signe de sa vie, de la musique classique ou voit de la lumière. Au cours des deux derniers jours, elle n’entendit plus rien, ne vit aucune lumière et s’inquiéta de ce que M., décida, d’éteindre sa vie. Alors elle m’appela et, parce que je ne savais rien, appela les pompiers pour qu’ils s’assurent de l’état de M. Il va mal, allait mal, son appartement était verrouillé de l’intérieur pour éviter toute intrusion salvatrice. Les pompiers, lorsqu’ils défendent la vie, s’indiffèrent, comme d’ailleurs les cambrioleurs, des portes et des serrures. M. va mal, allait mal, il fut transporté d’urgence, un transport, sans fin et je me sens, moi, dans cette ambulance, un autre lui, m’approchant à  mon tour du véhicule gyrophare tentant d’éviter celui qui de plus en plus près le suit, le beau cabriolet tout noir, ce corbillard.

18 mars 2023

Requiem pour un massacre.

.

18 mars 2023

A vue.

D’abord il s’agissait

modulo modulant

la crise

cette pointe dans la tête

comme une corne érigée

jaillissant inspirée

du trident marin 

d’abord il s’agissait

sauf suspension un moment

de faire au mieux puis

aujourd’hui

après tout

ce sera faire au pire

après les efforts

de soutier 

souquant ferme 

dans l’océan des plaintes

maintenant la rame s’abattra 

désordre sèmera épée de bois

la rame s’abattra indistincte

tournoyante joli moulin aux pales 

d’assassins

empruntés à celui pal des bourreaux 

la rame de métal d’acier renforcé

baigné

trempé comme Siegfried 

nageant adulte dans le sang du dragon

terrassé

au pire après au mieux

le langage aquatique

de la fosse marine

là un peu encore

une fraction de vie

la lueur dans cette nuit sans fonds

où je m’enfonce à pas lents

la lueur le geste barbare moi

de la rame souquez dur souquez dur

la bataille dans la vase qui j’abats

au pire

m’extraire

diamant

du sable mouvant

la mine étrange gluante

au pire 

du pire

le mieux

 

en la guerre d’Ukraine, Xavier revenant, rapporte que les fusils à force de faire feu contre l’envahisseur russe, rougissent et se déforment, feu, feu, feu, jusqu’à la fusion de l’acier trempé, mes doigts aujourd’hui pareil, les phalanges rouges, rouges, à force de faire feu, recourbés aussi, griffes d’assassin, rougissent, rougissent,

feu

feu 

feu

 

 

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