Banana Bread
Je vois les rayons de la bibliothèque vidée peu à peu
un soleil brisé où domine ce qui manque l’éclipse des pages
la continuité du noir
une nuit inconnue débute
se débat
moi qui l’aime la nuit la trouve belle comme
l’être maquillé
le coup de stylo bic
avant la maturité
blanche et noire des joues du menton
moi qui l’aime la nuit la trouve belle
même d’effroi peinte celle-ci de nuit
cette ombre des pages
souvenir des peupliers abattus jadis
dans l’ancien temps
du roseau arraché
de la lutte chêne dur brisé
moi l’amant de corps de visage
dans ce noir flambant cette fois
sous l’éclipse soleil noir dit-on
aveuglé comme si superposés soleil et lune
pesaient pesaient nuit violente fard de paupières
fatiguées
vestiges la bibliothèque comme moi
souvenir heureux ou triste
aventures tous les abordages
les taïauts criés depuis l’enfance avec il faut le dire
la distraction de l’amour
de l’écran le geste mécanique du clic
du défilement
cliquetis des chaînes
je vois vestige les béances à chaque étage
vestiges nous ensemble d’une blessure pas non
réparable
ailleurs
les nouilles udon
les bananes mures
presque hantées du temps urgent
pleines de voyages elle forment
dans leur bouquet ce qu’on dit
un régime
un petit groupe de chardons sucrés
celui nourriture des chassés d’Eden
le fromage frais la marque philadelphia comme aux
Etats-Unis, le pays des inventeurs de diabète
gestationnel celui-là ou non
les oeufs frais leur label rouge les poules dites de plein air
inséminées sûrement par le geste mécanique
le clic de la main blasée
les poules
dans la plaine remuant le cou la tête décrétée
comme des pigeons comestibles
bavards
les nouilles udons moelleuses dans l’emballage de plastique
le prix affiché, encore, après le passage en caisse
les instructions en language des signes
il faut suivre de droite à gauche se repérer avec les chiffres et les nombres
seuls universels ici
comme retrouver dans un pays lointain une inflexion
qu’on imagine la langue la lande natale
ce n’était que le bruissement d’une feuille
le battement d’ailes d’un oiseau ou le cri
du marchand qui vend à la criée son poisson
étrange d’une fraîcheur inconnue
pourtant cette seconde
de la langue reconnue
comme un mirage là
te désaltère de ton exil
l’imagination te revient la mémoire avec elle
ton enfance où tu apprends à marcher
alors
ici
tu peux
tu vas
tu continues
dix mètres au moins
dix mètres toute ta vie
pour l’instant
jusqu’à la prochaine distance
le prochain mirage la prochaine éclipse
le feulement