Repentir
6:10 le sommeil ne vient pas, alors j’erre.
Je me souviens d’une soirée où nous avions rencontré dans la rue Dimitri, le cousin de Joseph. Dimitri se promenait avec son épouse, sa fille et Joseph et, Dimitri, parce que Léah lui plaisait lui dit, cheveux poivre et sel, nous nous sommes déjà rencontrés ?
Phrase banale qu’il devait régulièrement user pour séduire les jeunes filles qu’il trouvait à son goût. Dimitri la prononçait avec aisance, résultat, à n’en pas douter, d’un exercice régulier et, probablement, efficace.
Joseph était désespéré de nous avoir croisé et lorsque Dimitri nous proposa de prendre un verre chez lui il s’écria, tournant le dos - se joignant tout de même à la troupe - mais je les déteste !
Dimitri et son épouse habitaient dans le 9ème arrondissement bien avant de moi-même m’y installer. Je me souviens, aussi, que Dimitri et son épouse parlaient de leur mariage finissant en termes durs, étonnants, tenus, surtout devant de parfaits étrangers et que la connivence intellectuelle ou l’alcool ne me semblaient pas suffisant pour combler la nouveauté.
Je me souviens parce que la femme de Dimitri, pour parler du mariage, du mariage en général, employa une curieuse image, elle le comparait à une toile sur un mur, dans un appartement ravagé par l’humidité, et que malgré tous les soins apportés au tableau, celui-ci ne cessait de se délabrer et exposer, ainsi, une image odieuse et déformée.
Ainsi, aujourd’hui, je sens ma vie, mon état intérieur, un état de décomposition avancée, irrésistible, personne ne peut interrompre, encore, ce déluge, la fuite d’eau, où ce qui fait ma vie, ce portrait peint, où la couleur dégouline, me donne cet aspect monstrueux, je crois.
Pourtant, un prix doit être payé, j’ignore combien se vendrait cette toile là, toute une vie écaillée, la peinture toute comme avinée.
Valentin parlait de Malinowski, rappelait cette citation quant au peuple que celui-ci étudiait, trop brillant pour être terni.