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5 avril 2024

J'écorche.

Le roman inachevé.
Et puis il y a cette incise, je dirai, dans ma vie, mon existence et mon écriture. Incise, j’écris et, déjà, dans ce mot s’en emboîte une autre qui, je ne sais laquelle abrite laquelle (comment les inscrire l’une dans l’autre, la plus tragique englobant la plus ordinaire, ou, chronologiquement, l’antérieure englobant la postérieure).
D’abord, le COVID, à quoi je ne pensais pas rédigeant ce texte, une littérature post-mortem, endiguait tout un pan de mes possibilités littéraires, il contrevenait au premier jet, à la première direction, il incluait, dans ce récit contemporain et approximativement autobiographique — mais tous les je tous les moi sont des approximations lexicales, légales et biométriques — un présent parallèle, constitué, aussi, comme points de repères, des évènements historiques et quotidiens, un journal d’actualité déplié formant le fonds où l’action s’épandait.
Le COVID, à cause de ce qu’il impliquait de bouleversements des habitudes et des hasards, anéantissait mon projet littéraire, lui, qui se trouvait mu par l’aléatoire et l’instinct.
Rien ne s’opposait plus à cette promenade que les mots de confinement et de couvre-feu. Leur apparition clôturait les actes, les bouches, les gestes de mes personnages, les voilà, eux, coincés, devenus justiciables de règles extra-littéraires. Le monde social devenait le protagoniste, le premier plan. Le monde, qui, jusqu’alors, servait à ma guise, devenait rigide. Je ne pouvais parler de l’année 2021 comme d’une année de caresses, de convulsions amoureuses, l’année 2021, ne pouvait se dérouler qu’à partir du COVID.
Les bouleversements, plus modestement affectant la vie quotidienne, s’imposèrent pour arracher le monde à sa stase. Cette stase nécessaire pour moi puisque, dans un monde faussement figé, je pouvais le considérer et le manipuler à ma guise, il n’existait que par le vague écho des manifestations, des élections, CPF ou Emmanuel Macron, phonèmes dépeuplés
Des mots inflation, guerre en Ukraine, 7 mars constituaient de nouveaux points de repères, un nouveau monde duquel mes personnages, c’est à dire cette vie, ma vie, ne pouvaient s’émanciper. Aucun exil, aucune retraite ne s’ouvrait pour moi, sauf quelques manoeuvres littéraires peu convaincantes, cette parenthèse de mettre en hopital psychiatre, ellipse chimique, mon personnage, lui, ce je tant abruti de médicaments qu’il ressortait à peine affecté de la pandémie et de ses massacres.
Indifférent aux secousses politiques, sauf comme des causeurs de salon, dans un bar miteux ou luxueux, un salon alambiqué comme le mien ou le grand de Jeanne, voilà mon roman forcé, contraint, avec précision, d’en tenir compte, abordage sans fuite possible. Je me trouvais coincé, pris dans ces filets et ces harpons.

L’autre incise, elle, biographique, plus personnellement, touchant à mon individu, qui, scripteur, se confond aussi, de partager avec lui, des souvenirs, une boîte mail ,le prénom et les années. Personnage qui, dans son tâtonnement d’homme, prenait position sur des sujets politiques et polémiques actuels, traitant du féminisme, de l’amour, du sexe entre autres choses.
Puis, il y eut cette incise et le drame qui s’en suivit dont je peux produire une analyse politique sans en exclure ni poésie ni récit. Que je dois inscrire dans le roman puisque ce je, me ressemblant par trop, et que, même, quelque réception que l’on ferait de mon livre, serait débordée par cette question des accusations de viol ou d’agression sexuelle.

Que, ces je indiscriminés désormais, feront l’objet de critiques, remarques. Que, surtout, ces évènements trouvent leur place dans le récit, en tant qu’expérience réelle et les subtilités que l’on ne découvre que par la triste pratique de sa chair. Que le personnage se constitue, à nouveau, se métamorphose, avec les accusations, avec ce que ça fait dans le monde, le sien, intime, le sien psychique, puis, le sien, aussi légal.
Je réfléchis beaucoup à ceci, à ma légitimité, encore, d’écrire et d’apparaître, non parce que, coupable, mais parce que c’est s’exposer à ceux dehors qui depuis le début jurent ma perte. Pourtant, cette incise, importe, elle demande, cette marque, d’être manipulée avec prudence, avec vérité et aussi avec force. Elle réclamera, sûrement, des attaques féroces, légales et sociales. Une intransigeance dont je sais peu faire preuve contrairement aux apparences que je donne. Il m’arrive de criser ce qui se distingue de la force qui, elle, réclame une durée de tenir, c’est la durée seule qui crée une réalité rivale, c’est à dire un autre discours. Criser, au contraire, peuple de trous et de soupçons.
Alors, je vais reprendre, je crois, ce roman, y incluant, j’ignore à quel point, de quel moment, sous quels noms, ce qui s’est passé, à la fois ce que furent mes gestes, les laisser, mes gestes, réels, concrets, à l’appréciation et au jugement, à ce que, dans le même temps je subis, y compris, l’étendant, où je fus, moi, aussi, dans des termes analogues, changés sûrement par le fait de posséder une bite, pris. Le réseau pernicieux des discours et des implicites qui envahissent l’intime pour en diriger les gestes. Moi, je m’en rends compte, je peux écrire et je dois tenir bon, parce que ce témoignage, dans toute son ampleur importe et que, de ce fait même, d’être l’objet d’accusations graves et injustes, injustes parce que devenus sans rapports objectif avec les faits, réclame ma profération. Alors, je profère et si je dois écorcher, j’écorche.

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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