Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
boudi's blog
boudi's blog
Archives
Newsletter
1 abonnés
29 avril 2021

Twitter 29 avril 2021

Twitter 29 avril
15h44

Anissa s’ennuie follement en classe, le sort a voulu que de toutes ses amies les plus proches elle soit la seule à se retrouver dans le groupe B. Elle envoie aux filles des messages toute la matinée en les suppliant de la retrouver devant le lycée à midi. Elle écrit surtout à Lana qui est un peu la cheffe, elle structure le groupe, organise les activités communes. Les jours où Lana est malade tout le groupe se grippe et personne, même pas Ophélie, ne parvient à diriger et maintenir l’ensemble. Les filles restent seules ou, au mieux, vont par deux. A 10h30 Anissa reçoit un Snap de Chiara avec un filtre qui la fait apparaître au côté du chanteur #btob. Avant qu’elle n’aie le temps de lui répondre le prof de philo, M. Feumer, aperçoit Anissa sur son téléphone, il soupire, prononce un peu fort son prénom Anissa…elle s’excuse, désolé Monsieur il répond je sais que ce n’est facile pour personne en ce moment, je te demande juste de tenir un peu…pour nous non plus c’est pas simple regarde ce ce #Blanquer…il montre les fenêtres #Blanquerdelair ! On attend toujours les purificateurs ! La classe rit de voir ce professeur, si souvent caustique, se plaindre aussi ouvertement du ministre. Les élèves partagent, vaguement, cette détestation envers Blanquer, il est pour elles et eux, moins un ministre qui parle sur #europe1 qu’un meme Twitter qui joue à la corde à sauter avec des enfants de 5 ans ou rate des divisions sur #BFM.

Anissa range son téléphone avec mauvaise humeur. 

M. Feumer est un prof plutôt apprécié, le #confinement et, surtout, les cours en demi-groupe ont contribué à améliorer encore son image. 
Avec vous monsieur on apprend des vrais trucs avait dit Rayan. M. Feumer l’avait remercié et il avait ajouté, narquois et complice, ce serait bien que tu me le montres dans tes copies Rayan. Un oh le bâtard rieur et bon enfant s’était élevé de la classe puis le cours avait repris, plutôt calmement. 

Anissa n’aime pas trop l’école, elle s’est toujours sentie un peu une intruse dans le système scolaire. Elle n’a suivi le cursus général qu’à cause de l’insistance désespérée de sa mère qui craignait de la voir finir, comme elle, femme de ménage. Anissa s’est battue pour satisfaire sa mère, elle a choisi les mêmes spécialités que ses copines, humanités littérature et philosophie pour ne pas finir encore plus perdue. Elle stresse pour le bac dont elle ne comprend pas les modalités pour cette année, le discours politique change, toujours, comme le #déconfinement dont on ne comprend s’il sera le #19mai en #juin ou #jamais. 
Anissa attend la fin du cours, la fin de la journée, la fin de la semaine, la fin de l’année scolaire. Elle espère rejoindre les copines bientôt, parler de l’album de #Damso avec Lou qui est fan et  d’avance s’amuse autant qu’elle s’agace de la réaction de Lana qui lui sortira les nominations au #BBMAS et la place qu’y occupe #BTS cette année :


-Top Social Artist
-Top Duo Group
-Top Selling Artist
-Top Selling Song

Elle ajoutera il est où Damso ? et #BTSPAVEDTHEWAY

Anissa ne tient pas en place et sort, dix minutes après la remarque du prof, son téléphone, sur lequel elle ouvre #wattpad. Elle lit beaucoup sur #wattpad, elle y écrit encore plus. 
C’est le point commun qu’elle partage avec la discrète Lou. Lou, en seconde, alors qu’elles ne se connaissaient pas avait surpris sur le téléphone d’Anissa l’application #Wattpad ouverte et lui avait dit, surprise de sa propre audace, Oh moi aussi j’adore #Wattpad. Anissa, l’étonnement passé, lui a donné son pseudo afin qu’elles puissent se lire mutuellement. Anissa ne formulait cette proposition que par politesse, elle était mal à l’aise à l’idée qu’on sache qu’elle écrivait et en voulait un peu à Lou de l’avoir ainsi dévoilée.

Le soir, après avoir bloqué une heure sans écrire, Anissa se rappela de son interaction du matin et se mit à lire les écrits de lou des bois comme Lou se désignait sur la plateforme. Elle y passa la nuit. Elle adorait tout ce que Lou écrivait. Ses poèmes, ses nouvelles, ses romans avortés et en cours et une sorte de romance homosexuelle bizarre avec #EmmanuelMacron et une petite frappe d’Amiens nommé #billie.
Le lendemain de sa lecture nocturne, épuisée et surexcitée, elle sauta littéralement au coup de Lou pour lui dire J’adore !! J’adore !! J’adore !! et, avec la démesure propre au manque de sommeil, tu es mon écrivaine préférée !! Lou rougit de honte, ne sut pas quoi répondre, Anissa ajoutait, comprenant trop bien le malaise de Lou, vraiment, c’est génial, j’ai pas encore tout lu hein, mais wah la claque. Lou, reconnaissante, lui promit de la lire aussi. Anissa, un peu sombre, c’est nul tu sais…

A partir de ce moment là Anissa intégra Lou au groupe de ses amies qui, de peur de gêner, prit le moins de place possible. Le jour des vacances scolaires, Lana invita la bande chez elle et parla de 420 avec de gros éclats de rire ce que Lou ne comprit pas du tout, elle les accompagna, préférant largement leur compagnie à la solitude qui fut toujours son lot. L’appartement était vide pour le week-end. Max squattait chez Laure, sa copine, la seule qu’il eût jamais, et les parents ne rentreraient que bien plus tard. Quand Lana se mit à rouler Lou ouvrit grand les yeux, très inquiète devant le geste illégal, et voulut partir mais se ravisa de peur de perdre ses nouvelles amies. Lou refusa de fumer et Lana, défoncée, n’insista pas mais lui dit je croyais trop t’étais une vieille meuf prétentieuse. Le visage de Lou se contracta, elle hésitait entre le sourire soumis et les larmes angoissées qui lui montaient. Anissa, arriva, la prit dans ses bras et dit à Lana, t’abuses !! Lana, rit du rire mou et enroué de la beuh et s’excusa je te kiffe maintenant hein. 

De leur passion pour l’écriture, Lou et Anissa ne s’ouvrent que peu auprès des autres filles, aucune d’entre elles ne l’ignore, évidemment. A cette pratique personne n’assigne aucune valeur positive ou négative, elle est un fait, à égalité avec la passion de Lana pour la #K-Pop ou la pratique semi-virtuose d’Ophélie sur Instagram. Si écrire peut faire l’objet de moqueries ce n’est jamais que pour rire, de la même façon qu’on se moque de la superficialité d’Ophélie et d’Instagram ou du fanatisme religieux de Lana pour tout ce qui est sud-coréen. Chiara, durant l’été 2019, avait envoyé un snap depuis le Barbecue Coréen où elle dînait avec ses parents et, sur la photo où les tranches de viande grillaient, écrivit : le harem de Lana. 


La cloche sonne enfin, Anissa murmure Ya Rahbi Rayan l’entend et mime l’horreur starf une islamo-gauchiste Anissa, en même temps qu’elle prend ses affaires, tu dis starf et tu parles ? Rayan ahahah, je fais #ramadan c’est pour ça. Il lui demande tu fais quoi après ? Anissa rougit un peu et sans la laisser répondre il reprend avec un faux détachement Tu rejoins Lana ? Anissa n’est pas particulièrement intéressée par Rayan mais ça la vexe quand même, Ouais enfin pas sûr pourquoi ? Rayan pour rien, pour rien, juste comme ça. Il va dire quelque chose puis se ravise Anissa demande T’allais dire quoi ? il répond rien, rien t’inquiètes puis agite la main en direction de deux garçons près de la porte ehhh malik ça dit quoi ? Anissa entend le mot #PSG et le groupe des garçons disparaît. 
Publicité
29 avril 2021

Twitter 28 avril 2021


Twitter 28 avril 16h32



Le match de #Benzema avait ravi Max, cte contrôle de la tête bim reprise de volée dans la mère à Mendy. Mais le score ne lui convenait pas 1-1 à domicile c’est la merde…twettait-il dans l’indifférence générale. Ses tweets ne perçaient jamais, un de ses amis, un jour, l’avait raillé à ce sujet t’as 3500 tweets et 75 abonnés…le même ratio que #Werner devant le but. Max n’avait su quoi répondre, la répartie n’était pas son fort et il ne trouvait, dans le meilleur des cas, le bon mot que des mois après l’événement. Max détestait sa soeur Lana il la trouvait superficielle, ridicule, il haïssait la K-Pop qu’elle écoutait à longueur de journée et prenait un malin plaisir à taper contre le mur séparant leurs deux chambres lorsque, invitant une amie, Lana voulait s’ambiancer avec sa copine. Max se montrait particulièrement pointilleux quant au volume lorsqu’Ophélie rejoignait sa soeur, la voix de #Joonie, toujours, se trouvait interrompue par ce martèlement frénétique. Chiara, un jour, demanda à Lana je peux le défoncer stp ? Lana, fit un geste de la main, laisse tomber. De toutes façons y a que quand Ophélie et là qu’il s’arrête pas. Là t’inquiètes.

Un soir, après le départ d’Ophélie, Lana fit remarquer à son frère, d’un air mi-amusé, mi dégoûté, tu la kiffes hein ? Max bégaya, rouge de honte, les yeux haineux, cette pute ? puis il rejoignit sa chambre, claqua la porte, poussa la puissance de ses enceintes au maximum pour écouter #Kendrick. Lana, soupira. Max pensait prouver, par ces coups brutaux, sa virilité, il imaginait que ces gestes vifs et bruyants feraient de lui, aux yeux d’Ophélie, un mâle alpha irrésistible. Elle le faisait fantasmer à cause de son jeune âge et d’une lointaine ressemblance avec #Rina Sawayama. Sur le forum #jvxcom, dans la rubrique sexualité, il rédigeait parfois de longs posts pour demander conseil les kheys la pote trop bonne de ma soeur mineure me fait des avances de fou. Les membres l’incitaient à profiter, quelques uns lui proposaient d’inclure la soeur, d’autres de filmer le tout.

Ophélie trouvait Max chelou et, sans qu’elle ne l’avoua directement à Lana, vraiment malaisant. Ophélie n’en cessa pas pour autant ses visites hebdomadaires chez Lana, Ophélie aimait et admirait Lana, son assurance, cette inflexibilité quant à ses goûts même les plus clivants, sa capacité à dire je ne sais pas ou je m’en fous. Lana donne du courage, par son exemple, à Ophélie et le jour où des garçons de la classe tournait le viol en dérision pour défendre #Moha la Squale, Lana gifla le meneur puis repartit comme une #queen comme le dirent les autres filles de classe. Ophélie puise à ce souvenir lorsque la peur la paralyse et y trouve la force d’agir.

Lana aime Ophélie, sans aucun doute. Lana jalouse Ophélie, elle lui envie son goût sûr et simple, ses longues jambes, son beau visage et se console de posséder, elle, une plus jolie poitrine que celle d’Ophélie. Un jour Lana, un peu défoncée, avait persiflé auprès de Chiara Ophélie, on lui colle un sticker quicksilver ça fait une planche de surf. Chiara ne répondit rien, elle écarquilla ses grands yeux noirs, et le répéta dès qu’elle le put à Ophélie qui pleura beaucoup. Personne n’en tint rigueur à personne, Lana, le lendemain, mouilla le beau visage d’Ophélie de baisers et de larmes, et Ophélie pleurait et ses cheveux étaient humides et Chiara patronnait la scène en pleurant elle aussi. 

Max ne parvient pas à se trouver une place dans le monde, il a redoublé deux fois sa L1 de droit et ne se rend plus à l’Université, il socialisait peu avant le Covid et a désormais une excuse pour ne rien faire. Sa mère s’en désole, son père s’indiffère. Deux fois par an il le traite de parasite. Sa mère cherche des solutions, elle épluche les offres de formation courte et professionalisante, tiens regarde ce #BTS à quoi il répond d’un rire méchant et méprisant tu me prends pour qui ? pour un enfant de #Dole ?
Sa force le quitte chaque fois qu’il entreprend quoi que ce soit de sérieux et durable alors il se laisse entraîner par certaines sirènes, il se trouve intéressant et se croit edgy en défendant Zemmour ou le #soutiensauxgénéraux factieux. A force, ces idées le pénètrent et ce qu’il défendait pour la blague, pour se rendre intéressant, l’enserre ; il se trouve noyé par le liquide où pour rire il s’était immergé. 
Max refuse de regarder en face son état de dépérissement, des éclairs de lucidité peuvent le saisir qu’il noie en s’abrutissant devant les écrans. Il joue aux jeux-vidéos sans réel talent, il aime, en eux, surtout leur capacité à dissoudre le temps, la souffrance, l’échec.
Il passe des nuits entières sur Twitch à supporter la #Kcorp, l’équipe montante formée par #Kameto en se moquant des rivaux nuls de #Solary. Il se croit une force virile lorsqu’il raide, à l’initiative d’un autre streamer, les chaines des femmes en #bikini. Il rappelle, à ce moment là, les guidelines de Twitch qui interdisent le contenu sexuel !!! Il ajoute, au  milieu du brouhaha des raids, je suis juriste. 

Lana connaît à peu près le comportement de son frère sur Internet et sait pertinemment qu’elle ne pourra pas le changer. Elle ne peut arracher Max à sa chute ni même ralentir celle-ci, elle a essayé il y a deux ans, au début, quand Max commençait seulement à déchoir. Il la repoussa avec haine, il voyait en elle quelque chose qui le rendait fou de rage, il traitait l’amour de sa soeur comme une charité humiliante. Alors, l’amour enfantin pour ce frère jadis aimé devint une vague indifférence puis un grand dégoût lorsqu’elle l’entendit défendre la pédophilie sur le #discord consacré aux scans de manga où ils participaient tous les deux. Elle quitta le #discord aussitôt, se souvenant avec horreur des arguments avancés par son frère. Chaque fois que dans l’actualité, une affaire de cette nature ressort, elle pense à son frère, le regarde avec colère, la mâchoire serrée, bougeant de droite à gauche dans un grincement méchant. 


Lana avait pesté contre son frère après la conversation de la veille et le soir elle reçoit un SMS d'Ophélie


Dis, tu crois pas qu’il fait une dépression Max ?

 

29 avril 2021

Twitter 27 Avril 2021

Twitter mardi 27 avril 18h51

Lana se réveille à 8 heures comme tous les jours y compris le week-end, y compris pendant les vacances, y compris pendant les semaines de cours en #distanciel. Elle désactive l’alarme avant qu’elle ne sonne, elle ne règle celle-ci que par précaution, au cas où, un jour un rêve trop intense la priverait du rivage de l’éveil.

Aujourd’hui, elle n’a pas cours, le lycée a décidé la veille de diviser les classes en demi-groupes. Son édification reprendra la semaine suivante, puis à nouveau une semaine blanche, puis à nouveau la classe en demi-groupe ; une instruction menée à cloche-pieds (dont on espère qu’elle ne formera pas des boiteuxses et des infirmes). Lana est une élève moyenne et sérieuse de la 3ème à la première sa moyenne a baissé avec régularité ; 1 point chaque année pour se fixer, aujourd’hui en terminale, à 13 qui semble être son plancher. Elle vise la mention Bien au Bac. Elle n’excelle en aucune matière et regrette l’absence de spé coréen dans son lycée, par naïveté géographique et culturelle elle a choisi d’apprendre le chinois. Aujourd’hui, elle conçoit, honteuse, combien la raison de son choix, en seconde, était raciste.
Lana, après le réveil passe une demie-heure sur son téléphone portable à gérer ses différents réseaux sociaux, elle utilise Twitter passivement, retweetant et likant les threads qui lui plaisent, essentiellement liés à la #K-Pop. Elle consulte son Instagram avec une excitation inquiète, elle observe avec attention et perplexité les noms de ceux et celles qui regardent ses stories. Elle s’indigne si une de ses amies manque, plusieurs jours consécutifs, à ce devoir amical. Lana, bien plus que ses amies contrairement à ce qu’elle s’imagine, mesure l’amitié, octroie et retire des points selon une échelle complexe faite de retweets, de likes et de snaps. Quand Rayan regarde ses stories elle écrit immédiatement sur #WhatsApp à Ophélie qui, toujours, lui demande de lui écrire sur Telegram. Lana trouve cette attitude ridicule et lui propose, à la place, de ne plus jamais lui écrire. Lana ne partage avec Rayan que d’étranges platitudes, chaque fois leurs échanges la déçoivent, pourtant, il lui suffit de voir son avatar parmi les spectateurs de ses stories pour lui rendre toute sa puissance sensuelle. Elle n’exprime jamais en termes clairs, ni à ses amies, ni à Rayan, encore moins à Ophélie et ses trop beaux yeux, cette secousse violente que lui cause la présence physique (ou supposée) de Rayan.

Lana gère avec doigté son existence numérique, elle se soucie peu, bien sûr, de la valeur de ses données, de leur encodage ou leur traçabilité. Elle clique sans regarder sur le « ok tout accepter » chaque fois que l’option apparaît, elle ignore absolument ce à quoi elle consent en cette matière. En une demie-heure, elle a pu parcourir l’actualité du monde, c’est à dire de #BTS ou de #Enhypen sur Twitter, et sa vie sociale par Instagram.

A 8h30 elle quitte son lit, elle passe devant la chambre de son grand-frère à quoi elle se promet de ne jamais ressembler, ce geek avec son poster du #Real Madrid sur la porte qui s’affiche sans vergogne et lui fout la honte chaque fois qu’une copine passe à la maison. Elle aimerait le déchirer, son frère l’insulterait, à peine, elle sait quel être craintif il est. Sa mère se montrerait plus sévère, elle tient, absolument au respect de la propriété de chacun. Le père ne prendrait pas partie, il préfère, en tout s’abstenir, sauf au jour des élections présidentielles en râlant contre le résultat, quel qu’il soit. La veille, son père protestait contre les nouvelles mesures sanitaires sans expliquer ce qu’il leur reprochait ni même leur contenu. Au dîner Lana échangeait avec son père


Lana : tu te feras vacciner ?
le père : Et puis quoi encore ?
Max, le frère : ça fait pousser une troisième couille !
La mère : …
Lana : tu sais #lesjeunesveulentlevaccin
Max : pas moi !
Lana : ça te ferait pas de mal plus de couilles…
La mère : STOP
Max : Papa, t’as vu #Zemmour et les #militaires ils vont faire la révolution
Papa : Il est pas pire que les autres
La mère à Lana : ton frère me désespère
Lana : Zemmour il a violé une femme hein
Max : N’importe quoi !!
La mère : Si une élue PS à ce qui paraît
Max : hahaha
La mère : Gaelle #Lenfant je crois
Max pouffe : c’est un pédo maintenant ? 
Lana à sa mère : Ca t’embête si je quitte la table ?
La mère : non ma chérie
Max : c’est ça casse toi ! viol…pff
Le père : #Giroud marquera !!! 
Max : Non #Benzema !!
La mère, sourire : il en pense quoi Zemmour de benzema ?


Vers 9h Anissa lui envoie un message : 
tu seras pas là aujourd’hui :( ? 
Non
Tu viens quand même pour déj ?
Oui
Libanais ?
Encore ?
Bah vazy dis
Le truc des mafés là  
Best Africa ??
voilà
C’est archi-mort
au pire ophélie décide hein
vazy le cours commence biz meuf
on est pas ensemble :’) :’)
connasse !!
bosse !!

 

29 avril 2021

Twitter 26 Avril 2021

Lundi 26 avril - 16h00 
état du monde
#ENHYPEN

Il est magnifique le clip #Enhypen, s’exclama Lana au milieu de l’après-midi, lundi. Ses 4 amies et elles mangeaient un sandwich libanais dans un parc peu connu, proche de la rue Doudeauville, dans le 18ème. Lana, répétait : il est magnifique et tendait son téléphone à ses amies qui partageaient, avec moins d’entrain, son enthousiasme. Cette partie là, i n c r o y a b l e, disait-elle en désignant l’écran ce qui fit rougir Ophélie qui, honteuse de sa honte, demanda on a toute eu la même réaction ? Personne ne lui répondit, les autres filles observaient Lana et ses yeux scintillants de lumière bleue. Lana rêvait aux embrassades avec son chanteur préféré et n’accordait ni à la honte ni à la parole d’Ophélie la moindre attention. Si les autres lui parlaient, Lana se contentait d’une molle approbation.

Elle s’abandonnait à la seule activité sérieuse et importante ; caresser en pensées le corps de #Heeseung, là, presque réel sur l’écran animé. Lana, à force de répétitions, de rêveries, de recherches google image connaissait, mieux que son médecin, l’anatomie de #Heeseung. Elle pouvait deviner, malgré le maquillage et les effets spéciaux des clips, l’état de santé véritable de son idole. Elle en pouvait mesurer les moindres variations, s’en inquiéter et envoyer à la boite de production des recommandations douces mais fermes. 

Les images qui traversaient Lana étaient sans contours, inexactes en quelque sorte ; son désir ne se composait pas d’une série de gestes, il consistait en une succession d’impressions et de secousses internes.

Lana quitta brutalement ses amies, déçue, sûrement, de les voir si peu partager son excitation. Elle marcha vite, sans se retourner, comme pour les devancer si jamais, au bout de la rue, #Heeseung devait apparaître. Oui, dans ce cas, Ophélie ne l’aurait pas, avec ses longs ongles peints à la mode et ses talons transparents. Elle prendrait #Heeseung par le bras - ou se laisserait prendre par lui - et l’entraînerait dans les ruelles compliquées de Paris…Au croisement du boulevard Barbès et du boulevard de Rochechouart elle entendit une sorte de clameur s’approcher d’elle qui la figea. Prise par ses fantasmes elle ne pouvait imaginer d’autre objet à la clameur que la présence d’#Heeseung. Ses amies, à ce moment là, la rejoignaient essoufflées et Lana pesta. 


Anissa si on te dérange dis le hein. C’est pas ça, je croyais…Le cortège du #lesbianvisibilyday approchait, chantant et agitant des bannières et des pancartes. 
Voilà d’où venait ce vacarme, au plus grand désarroi de Lana. Lou applaudissait discrètement au passage de ce groupe de femmes qui criaient, riaient, certaines rouges de colère ou de fatigue, d’autres la mine inquiète, jetant à droite et à gauche des regards redoutables. Des femmes aux cheveux longs et des femmes aux cheveux courts marchaient, main dans la main, les mains serrées, plus que jamais, des mains amoureusement accrochées, sans peur, parmi la foule des autres femmes qui tenaient amoureusement des mains. 


Les autres filles de la bande de Lana baillaient, Chiara, petite, brune, sentant bon le cèdre et le lilas, chantonnait You promised the world and I fell for it de #Séléna Gomez. Lana leva les yeux au ciel, activa le haut-parleur de son iPhone et diffusa le premier clip de l’album #Border Carnival en bafouillant les paroles qu’elle n’avait pas encore eu le temps d’apprendre. Tout, plutôt que de laisser la voix impie de #Séléna Gomez couvrir dans son esprit le doux souvenir de #Heeseung. La chanson finie, avant que Lana n’ait le temps de ranger son téléphone ou de changer de vidéo, une pub orange hurla depuis l’application YouTube, le joueur du PSG #Kimpembe hurlait quelque chose de vague à propos de la 5G. Chiara, piquée et piquante, ah, c’est mieux que ce qui était juste avant ça. Sans en rien laisser paraître Lana boue et rit avec Chiara puis se plaint de cette incompréhensible #rentrée scolaire, pour nous les lycéennes c’est devenu incompréhensible. Anissa poursuit…et encore toi t’as pas un frère qui passe sa journée à te parler de foot ou de #Ratchet et Clank. C’est quoi #Ratchet et Clank demande Lana, par politesse. Je sais pas, je sais pas. Les filles rient. 
Lou qui ne parle jamais dit aux filles, je me suis lancée dans l’ASMR. 
Aucune réaction. Lou est transparente, sa voix trop douce, trop timide, transparente comme une séance d’ASMR réussie.
Lou reprend…vous savez qu’aujourd’hui
#tchernobyl
Lana, regain d’intérêt : nan ! y a une nouvelle saison ?? 
Chiara :  t’es trop bête toi
Lana : Quoi je suis bête
Chiara : #Tchernobyl c’est un vrai truc hein
Lana : jure 
Lana : jure la vie de ta mère
Lou a perdu la parole
Lana : Les bougs vraiment ils ont périmé là ?
Anissa : toi à part #BTS tu connais rien
Lana : #Enhypen
Chiara : « #Enhypen » elle dit en moquant l’accent
Lana à Anissa : Je suis sûr tu connaissais pas
Anissa : Si !! C’est comme Fusushimi !!
Ophélie : Oui « FU SU SHI MI »
Anissa ne comprend pas la moquerie, 
Anissa : voilà, voilà, tu vois
Lana : Ouais…

 

24 avril 2021

Marthe - Viol

Consigne : utiliser le mot marteau, entre autre, les suivants j'ai oublié

la concordance des temps n'est pas respectée parce que toujours les choses se jouent au passé et au futur

 

 

Marthe maniait depuis sa plus tendre adolescence le marteau et la menace. Elle se tenait du côté de la violence et rien, ni son cou de vieille ou le rétrécissement de son bassin passée 50 ans, ne changera sa pratique.


A Ménilmontant, on la connaissait sous le nom de Marthe la forge sans que personne, jamais, ne comprit son métier et elle se plaisait à entretenir le doute à ce sujet. Elle interdisait, seulement, qu’on lui en attribua deux : maquerelle et indic’. Malheur à celle ou celui qui, pour la farce même, lui attribuait ce rôle. Elle sortait, sans précipitation son marteau, et désignait alors l’impertinent qui, très vite, comprenait sa bévue et, se reprenant, la tête basse s’excusait. Marthe, par bonheur, ne savait ni la rancune ni la vengeance et, si elle devait recroiser l’effronté ne gardait aucun souvenir de sa trop folle audace.

 

Enfant, Marthe avait le goût des escapades crépusculaires pour le plus grand désespoir de sa soeur aînée, Sylviane, qui toujours la poursuivait dans les rues et, toujours, la perdait dans quelque secret passage de Marthe seul connu.

 

A sept ans, quand Paris sentait encore le faubourg et le coupe-gorge, un homme viola sa soeur sous ses yeux. La violence avait pénétré dans la maison, velue, à l’odeur de Ricard et à l’oeil masculin de petit commerçant. D’autres enfants, à sa place, sûrement figés par la stupeur seraient demeurés immobiles ou bien, capable d’un seul geste, auraient couvert leurs yeux de leurs deux petites mains. Sa main d’enfant, Marthe l’employa à un autre usage, elle ouvrit le buffet du salon où traînaient, poussiéreux, les clous, les chevilles et le marteau à tête d’acier inoxydable. 

 

Elle saisit le marteau, s’approche du violeur et de toute sa force enfantine, cette force qui toujours ira croissante dans la violence et la menace, l’abat sur le crâne criminel.

 

Le coup atteignit mortellement le violeur. L’air stupide, il tente de protester, s’effondre, inerte, la bouche demie-ouverte, sans bruit. Le sang ne coule pas, le légiste ne trouvera aucune plaie. La mort trop honteuse pour exposer d’elle autre chose que cette masse molle, sans attribut.

 

La mère vivait de débrouille, son portefeuille contenait une petite carte jaune, précieusement conservée, tamponnée par la préfecture de police qui autorisait son activité en rappelant que celle-ci, toujours, s’expose au contrôle administratif. Il fallait, alors, un titre de séjour pour demeurer la nuit sur les trottoirs et se faire extorquer contre des billets de 10 francs et la syphilis  la pénétration de son sexe. 

 

Elle arpentait à petits pas timides les ruelles sombres et insalubres qui bordaient la Bièvre. Elle trouvait du réconfort près de cette rivière puante avant qu’on ne la coule sous des centaines de tonnes de ciment croyant, par là, enterrer la douleur et l’insalubrité. Ces siamoises réapparaissent ailleurs, dans les bois ou d’autres rues truandes. 

La puanteur, hélas, trop répandue se trouve produite en série avec une infernale régularité sur une chaîne de montage qui ne connaît ni grèves ni syndicats. 

 

La nuit du viol Marceline, la mère prenait par le bras plus d’hommes que d’habitude, se montrait insistante, courageuse, désespérée. Marthe venait d’avoir sept ans et Marceline tenait à lui offrir le gâteau d’anniversaire dont elle rêvait. Un an auparavant, à travers la vitrine d’une pâtisserie chic du Boulevard du Montparnasse, Marthe se lécha les babines devant un glaçage parfait, les fruits cueillis à l’heure et confits comme des perles. Elle s’exclama avec son enthousiasme d’enfant : oh ce serait si bon !

Marceline, attendit au-delà de l’aube cette nuit-là pour rentrer au martin les bras chargés du cercle parfait et délicieux dont rêvait sa cadette.

 

Pour les deux soeurs, le violeur avait prévu un présent d’une autre sorte sans qu’il ne s’imaginât le merci sourd et solennel que, dans sa langue d’enfant féroce Marthe lui adresserait. 

 

Au matin, Marceline, la mère épuisée, trouvera à la maison les gens d’armes au regard las et suspicieux. Elle, Marceline, tient dans ses mains la boîte de carton blanc qui sent bon la fête et la joie.

A l’entrée de Marceline, l’inspecteur ne retira pas son béret, sèchement, parfaitement hors de propos, il lui réclama son autorisation administrative, comme il a dit en grinçant. Il la contrôle à fin exclusive d’humiliation. Marceline, sait qu’ici, chez elle, en dehors du trottoir, l’inspecteur ne possède aucun droit elle sait, aussi hélas, qu’elle dispose de moins encore. Elle dépose sur le pauvre petit buffet, avec des gestes précautionneux, comme un vase en porcelaine précieuse sur la boîte en carton blanc

 

Elle cherche, sans trembler, d’un geste accoutumé, le regard fixé sur la boite en carton, sa carte jaune, pas cornée, qu’elle tend à l’inspecteur Philippe tel qu’il ne se présente pas. 

 

Il lui rend le document qu’il ne toucha que du bout des doigts, sans commentaire, soulignant combien ce papier le répugne, puis désigne d’un mouvement de tête les deux filles.

 

Voyez les enfants de la débauche. Si ça ne tenait qu’à moi…Une fille de pas treize ans qui ouvre les cuisses au tout-venant et l’autre…


Marceline épuisée, hagarde, tend à nouveau sa carte, comme si régnait entre l’inspecteur et elle un malentendu, que quelque chose lui avait échappé.

Sans aucune parole elle désigne avec une insistance inquiète le tampon préfectoral comme si la signature républicaine, sainte en quelque sorte, la rétablissait dans l’honneur et la citoyenneté, l’arrachait au soupçon.
L’inspecteur ignore Marceline, elle appartient, à ses yeux, au genre des meubles dégradés, tout juste bon pour la décharge ou les gens du voyage qui, eux aussi, circulent chargé d’une autorisation de déplacement.

 

 

Marceline, tête basse, entend l’inspecteur Philippe déambuler dans l’appartement, examiner le pauvre mobilier du pauvre appartement où logent les trois femmes. Elle ressent une honte immense devant le dénuement où elle se trouve, la paillasse qui lui sert de lit, les fenêtres impossibles à ouvrir. Pas d’homme, il dit, pas d’homme comme si, ceci, ajoutait encore un peu plus d’inhumanité à la condition des trois femmes. Pas de fils. Heureusement. Il continue d’arpenter l’appartement avec dégoût, se gratte le cou qui ne le démange pas. Demande s’il y a des punaises. N’attend aucune réponse. Les deux soeurs ne bougent pas. En présence des représentants de la loi, leur mère, sévèrement, sa seule sévérité jamais, exigea d’elles en les suppliant, les yeux étincelants, de se rendre invisibles. Surtout toi ma petite Marthe, une tristesse immense dans la voix. 

Elle sait trop comme chacun de ses gestes, toujours, aux yeux des gens de loi la condamne ; sa vie même constitue une circonstance aggravante. 

Sylviane, de toutes façons, a perdu progressivement l’usage de ses membres. La vie décroit en elle, à peine agitée d’un léger spasme, toute retentissante, encore, du mouvement du viol, de l’anéantissement qui la visait et l’atteignit. 

 

L’inspecteur Philippe murmure, putains, putains à voix basse mais sans honte, il murmure putains, putains, comme si le mot salissait son uniforme saint. Sylviane entend le pluriel de ce mot, le pluriel qui condamne sa pauvre mère et pire encore, pire puisque ce peut-être pire, le néant où on la relègue, elle. Elle, immobile, inerte, plus inerte encore que le corps tué du violeur déformé, lui, par les gaz post-mortem et le mouvement invisible des premiers vers.

 

Alors Sylviane ouvre la bouche et parle, froidement, durement. Elle trouve, du fin fond de ces eaux marécageuses, sous la pression infâme du mépris administratif, une force, un point de lumière qui ira, grandissant, la gardant toute la vie du néant qui faillit l’engloutir jusqu’au cou. Elle parle et voit le visage honteux de maman, maman, les mains toujours tendant le maudit bout de carton jaune, maman qui ne regarde plus sur le buffet le paquet de carton blanc. Pour elle toutes les odeurs, toutes les couleurs sont exténuées. La beauté décroit. Sylviane, elle sent l’odeur des fruits confits, du Ricard, du viol. Elle voit Marthe qui de toute la nuit sans sommeil n’avait pas relâché d’entre ses mains d’enfant le manche en bois du marteau à tête d’acier, Marthe prête, à nouveau, à tuer. Marthe, le geste tendu toute la nuit comme la corde d’un archer anglais pendant la guerre de cent ans.

 


Sylviane parle et sous ces coups de burin, l’inspecteur rétrécit et pâlit, la honte change de sexe, aucune protestation ne sort de sa bouche torve, il ne parvient plus à dire, son uniforme tombe, il cache son corps nu sous ses mains, il sent la honte qui l’étreint, sa gorge s’assèche. Il murmure, il ne sait d’où vient ce murmure, ce murmure humain, ce murmure de fils, de père, de frère, il murmure…pas d’inquiétudes, pas d’inquiétudes. 

Je suis désolé, désolé, toute la vie, pour geste de contrition, il protégera, discrètement, avec la discrétion qu’exigeait Marceline de ses filles, les trois femmes. 

Il empêchera la presse de relater les événements, à peine un entre-filet de ce qui, sans son intervention, aurait fait les choux-gras d’une presse trop avide de sensationnel.


Sylviane, elle, quittera la France, elle exercera une autre violence que Marthe, sa soeur. Elle posera des bombes, anarchiste débutante puis convertie tardive au communiste. 

Sa soeur méprisa le charme révolutionnaire, les explosions l’agaçaient, la guerre lui en offrit un stock suffisant. 

Sylviane, immigra, avec d’autres, en Union Soviétique où elle conserva une haine féroce contre les flics, y compris la police du peuple. Son histoire disparaîtra dans la toundra, la neige sibérienne ou la perspective Nevski. A son tour elle emprunta une ruelle d’elle seule connue.

 

Marceline tendit toujours sa petite carte jaune même après la disparition des cartes jaunes, elle tendait dans le cercueil et sur son lit de mort la carte jaune, elle désignait, au milieu de l’ultime délire, le tampon imaginaire qui faisait d’elle, à ses yeux, un être humain. 

Publicité
6 avril 2021

Temps Gris


Les jours étaient beaux et moi j’étais triste. Le soleil se levait et moi, bien après lui, je me levais. Je voyais sa lumière belle et pure et sa lumière belle et pure n’entrait pas en moi, elle glissait, évaporée avant de m’atteindre. Je demeurais gris



Me reviennent en mémoire ces jours neutres, ce temps sans couleur, sans odeur, ce temps gris qui colle, sans férocité ni pitié, à la moitié de toute ma vie.
 
Mes souvenirs ne m’apparaissent jamais avec la linéarité froide des faits, ils se présentent toujours sous la forme imprécise de sensations et d’impressions ; les événements objectifs n’en constitueraient que l’arrière plan, le savoir dispensable des arrières-cours, la matière réservée aux alibis.


Ma biographie réelle, vécue, souvenue, se tisse de ces fils là : le mal de mer, l’engelure, le velouté, le piquant, le gris et les vagues.


En moi, le sentiment du bonheur varie peu, son apparence ne change pas. La joie me revient comme habitée de la clarté des rêves et de l’étrange lumière du sommeil. 
C’est une sensation peu précise, vive, que j’appellerais, si je devais jamais la nommer, vérité. 


Le désespoir, lui, connait des tours plus nombreux…


Le soleil entre dans la chambre, il traverse le rideau rouge, peu épais trop préoccupé à tenir en équilibre pour filtrer sérieusement la lumière. Le soleil entre, tout est gris à nouveau. 
Je reconnais ce sentiment du gris, tous les ans le même. Un temps comme coupé en quatre, quatre fois la sensation d’une neige noire, sale, mal-fondue sur les trottoirs salés de Paris. 
Ce gris claironne les jours durs, âpres, à venir. Une paresseuse envie de mourir se délasse, en moi.


J’aime tant le gris drôle des toits de Paris, la tôle brillante comme un miroir à mille feux, j’aime tant Paris, l’été au gris éclat, chantant comme un rapace affamé, illumine la vie. J’aime tant ce gris lointain, cette pluie de fer et de bleu, ce gris des idoles au nez droit.


 qui n’est pas le gris de ma mémoire.


Alors, revient le gris, le sentiment du gris océanique, atroce. Une couleur cireuse et inodore qui tire sur le vert comme le teint d’un mort  avant l’embaumement. 


Au printemps 2011, j’attendais mon Thalys à la Gare du Midi et quelqu’un mourait, je me souviens de cette scène, une scène immobile, une scène de l’impossibilité même du mouvement. Ce visage gris, mourant, cette couleur de masque pré-mortuaire couvre mon visage. 


Tout s’engourdit, devient lourd, lent, pénible. 


Je me trouve piégé dans cet espèce d’interstice qui sépare l’automne et l’hiver. Peu nombreux remarquent cet espace, celui de la pire seconde de tout un siècle ; l’instant du gris le plus pur. 
Et cette saison intermédiaire qui ne dure, au pire, pour les autres que le temps d’une expiration, d'une sorte de frisson bizarre aussitôt oublié, en moi s’inscrit, dure, me dévore. 



C’est une saison décharnée et humide faite de brume et cette brume une poussière grise, suffocante, une poussière dense, suspendue comme la poussière ocre des maisons de banlieue éventrée - je repasse des années plus tard, un immeuble neuf, laid, sans personnalité l’a remplacée. 


Ma poussière ne virevolte pas, elle tombe, grise intransigeante, sans remords. Elle couvre tout, s’étend partout ; comme la neige blanche atténue le bruit des marcheuses, cette neige morte atténue la vie. 


Place Blanche, saison intersticielle 2019, le monde autour de moi s’arrête, une bourrasque de gris me percute. Je ne bouge pas, je rejoins l’immobilité du monde, autour de moi, le mouvement reprend. Pas moi.


Dehors, il faisait beau…


le sommeil me vient au matin, peu avant le lever du jour, comme le veilleur de nuit qui, sa tâche acquitée, cède sa place à la lumière sans bavures.


 Je ronfle, mâtines sonnent.

 

Publicité
boudi's blog
  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 49 397
Publicité