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26 septembre 2023

Miroir mon beau mouroir.

Lassitude du jour (hier, maintenant, texte commencé hier), Marie-Anaïs, avec son oncle, hier récupérait ce qui lui restait de notre vie commune, sa part. Son oncle, qui l’accompagnait, exigea d’elle qu’elle prît le miroir Maison du Monde, les verres en cristal Villeroy&Bosh, les casseroles Marc Veyrat, le wok Marc Veyrat — abîmé c’est moi qui précise - parce qu’il les lui avait offert et que, donc, une valeur sentimentale s’y attachait, valeur sentimentale, expression ici toute faite et toute contrefaite. comme s’il pouvait, lui, juger de la sentimentalité ou non d’un objet, trivial, encore, d’ailleurs cet objet, morceaux de laiton assemblés, valeur sentimentale, bien davantage pour moi, tous les gestes superposés sur le revêtement du wok, les taches de brûlé, la pellicule brune, parfois, tous les plats cuisinés, réussis, les ratés, mes souvenirs, ma sentimentalité. Qui, pour lui, vient, lointainement, de ce jour, un Noël passé, une dépense au milieu des autres dépenses (entre la Ferrari, l’iPhone de P., sa fille et la pompe à chaleur de la piscine) Marie-Anaïs s’en fout. Valeur sentimentale, oui la bibliothèque verte fabriquée par son grand-père décédé, moi, attaché à cette bibliothèque, forcément, aussi, tout compte de cet aussi qui n’est pas un autant,  aussi qui, s’incline, largement, devant le sentiment réel, clair presque douloureux. Comme, de la même manière les Pléïades, seul héritage vivant de qui voulût léguer davantage — trésor perdu dans les naufrages administratifs —Marie-Anaïs attachée, pour de vrai, parlant de sa propre voix, de son propre désir, de son plaisir personnel.

Pas l’Oncle qui se mêle et me blesse, introduit ici je ne sais quel narcissisme pour parler de lui, voilà l’attachement ; marie-anaïs sent an attachment ; la pièce jointe : un lien vers le miroir sur le site de Maison du Monde 

https://www.maisonsdumonde.com/FR/fr/p/miroir-rectangulaire-a-moulures-dorees-77x120-altesse-164888.htm?cq_src=google_ads&cq_cmp=19198991891&cq_con=&cq_term=&cq_med=pla&cq_plac=&cq_net=x&cq_pos=&cq_plt=gp&gclid=Cj0KCQjwvL-oBhCxARIsAHkOiu095XBUX6mEEKZAb51Ao9oxnFOEs0GGbBm2jFLcVE5I_lMDV55Er8kaAmUqEALw_wcB. 

Comment expliquer que je n’aime pas n’importe quel miroir, non fongible en ceci, j’aime le miroir briqué récemment, les marques noires déposées sur le papier peint par lui, les guirlandes emmêlées qui lui faisaient comme une coiffure lumineuse, croire que le modèle Altesse à 179,99 Euros suffit quand je tiens, dans ce miroir, à retrouver mon image incrustée, ce dont, gai ou honteux, il fut témoin, ce reflet là, de cette lumière ci. L’Oncle en a décidé autrement et je ne lui pardonne pas de décider pour moi, pour nous, pour, plus encore, un lieu, il s’attaque à ici, appartement chéri, déjà, par moi, par les amis, par les amantes, passagères des derniers mois, honni par sa mère — autre titre de gloire. 

 

Le téléphone sonne : 

 

Maman c’est vraiment un truc de gwer … je ne pensais pas Marie-Anaïs comme ça  Moi : c’est pas elle, je le sais, son oncle, elle fatiguée, pas envie de lutter 

J. elle manque de cojones…faire intervenir des adultes

Maman : déjà pourquoi il est rentré chez toi, il aurait du attendre sur le seuil (vrai)  c’est son oncle riche ? en plus …c’est pour ça qu’ils sont riches. 

 

après la rupture, quand maman me demandait le motif, avec l’embarras de sa culture, je lui dis, schématisant, que, simplement, une de mes crises déborda le supportable et que Marie-Anaïs ne la souffrit pas. Mon mécontentement envers elle tenait — tient encore — à la forme partielle de lâcheté qui l’habita, qui habita tout le monde, moi excepté, en ces matières, je le suis peu. 

 

Ce miroir, pour moi, comptait parce que, plus que son miroir ou que notre miroir, il appartenait au lieu, à l’appartement, chez moi en enlevant l’objet on arrachait tout autant la mémoire. Je l’acceptai hier, mécontent, je l’acceptai, après tout le prix parce qu’il nommait valeur sentimentale, surtout le prix, la valeur monétaire et le geste, le seul pour lui qui comptait - le moins nécessaire comme le donneur de sperme ne fait pas l’enfant - de son don, sans voir combien dérisoire, peu nécessaire, en réalité, on se serait débrouillés. Ce que je dis, souvent, voilà, je me serais débrouillé. 

 

Puis, aujourd’hui, l’envie de faire bouillir de l’eau, où sont les casseroles … puis je prolonge la réflexion où sont les verres ? je n’ai plus verres ni casseroles à cause de leur valeur sentimentale. Ici, j’appelle mesquinerie, petitesse le comportement de son oncle. Parodie de sentiment. Avec l’emménagement nous distribuâmes les livres en double et en triple dans toutes les directions, les passant par rimes et profits, j’agissais de même concernant la vaisselle, 

 

certitude de ce que Marie-Anaïs n’y est pour rien : les assiettes demeurent ici, l’écran offert par sa tante demeure sur le bureau etc

 

douleur, Marie-Anaïs a emporté toutes les sciences humaines, ce que Mehdi appelait livres de connaissances. 

 

Alors, je déborde, encore, toujours, alors, j’imagine, devant le flot de messages, je redeviens aux yeux de Marie-Anaïs fou. Tandis que je n’exprime rien tant que le choc intérieur, que celui-ci, choc, tout ordinaire devient indiscernable de la folie, se confond entièrement ou presque avec la crise, semble, même, pour qui mal intentionné, un prétexte, quand, la déchirure, réelle, la déchirure dans le réel, celle qui, depuis des mois, me détruisit le plus. 

 

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18 septembre 2023

Paysage dans le brouillard

Je découvre que cette sensation de brouillard cérébral, décrite depuis des années dans l’incompréhension générale, correspond à une réalité médicale connue et non-expliquée. Si nous en ignorons la cause nous pouvons la supposer, puisque partage d’un grand nombre, commune quand même innomée.

dans la fiction souvent se trouvent représentés des individus à moitié bannis de la société à cause de l’emploi qu’ils occupent. Le bourreau, jadis, charge héréditaire — les fameux Sanson qui après avoir exécuté les décisions des cours de justice monarchiques exécutèrent les rois au nom de la justice républicaine — se voyait réservé, chez le boulanger, son morceau de pain ; réservé parce qu’alors exclu, séparé du reste des êtres humains lui qui, pourtant, se contenter d’être le visage et la main de la justice et des lois ; c’est à dire de la société en entier. L’équarrisseur, lui aussi, découpant les carcasses des chevaux dépecés ne jouissait pas du demi-prestige du boucher, l’équarrisseur, lui aussi, trouvait sa pitance distinguée de celle des autres. Le boucher, quant à lui, alors, ceint de sa charge — héréditaire encore — d’officier de bouche bénéficiait des largesses symboliques, occupait dans la hiérarchie sociale la première place après les nobles, le sommet des bourgeois — à qui se joignirent-t-ils les douze bouchers officiers de bouche au moment de la Révolution. Les officiers de bouche, métier de sang, autant que l’équarrisseur ou le bourreau, traitant la mort à pleine mains, ne dégoûtait personne. Il en fût un même qui — tout vulgaire — pût épouser Olympe de Gouges, La Olympe de Gouges, nous ignorons, encore, si, entre deux découpes, l’officier de bouche épousé, je crois, en 1755 — je regarde wiki, 1765, erreur — rédigea la déclaration des droits des bouchers et charcuteries. Il faut savoir — il faut le savoir — qu’en ces temps troublés toutes les proclamations ne parvinrent pas à la postérité ni à leur entrée en vigueur — la plus belle Constitution, celle de 1793, qui permettait au peuple — mais le peuple nécessite-t-il une autorisation ? de se révolter si les tyrans prenaient le pouvoir, cette Constitution scellée dans un coffret de bois sous l’arbre de la liberté.

Personne, d’abord n’y croit, la plupart s’imagine pouvoir comprendre de concevoir les symptômes pour les avoir — fugacement — éprouvés ; je ne les éprouve pas, fuyards, ceux, là, ils, les symptômes, me surprennent, s'installent, sans départ. Après son apparition, aucun couteau assez aiguisée n’écorche ce brouillard, l’alcool, peut-être, feu curieux, s’il ne me plonge pas dans l’abîme pire, peut m’en arracher un instant, trouée de lumlière. Au prix, le lendemain, d’un brouillard décuplé, augmenté, celui-là, de la nuit noire, de l’épuisement, du couteau retourné contre soi. Ne s’en faut-il pas de peu qu’il n’entame la jugulaire ? 

 

Ceux, donc, les bannis malgré eux, ces ancêtres, en quelque sorte, des éboueurs — travaille bien à l’école sinon — traitant, pour le reste des êtres, de la fange humaine, ceux-là, déclassés au-delà — en deça — de l’humanité. Je pense à ceux, les gueules cassées, comme on les appelait, ceux de retour de la guerre, la Grande Guerre, la Der des Der —Mdr MdDer — qui, revenant vainqueurs, eux, le glaive de la victoire eux qui sauvèrent de la sauvagerie allemande — on saura leur brutalité un peu mieux encore quelques dizaines d’années plus tard — tout un peuple, eux, donc, ces sauveurs rejetés par le monde, leur visage qui devait les placer au-delà de l’humanité, les situait, soudain, à côté, ou, du moins, si au-dessus, quelques mois, vite dégringolèrent avant que, mauvaise conscience forcément, ils se voient déplacés, médailles et carte d’invalidité, mis sur le côté devenant des autres, des fossiles, le mauvais souvenir, ils se mirent alors à se cacher, ils craignaient de transmettre à leurs enfants — les femmes craignaient aussi ceci — cette gueule nouvelle. Ils revenaient héros et finissaient rebuts. 

 

Les jeux-vidéos accentuent — ce n’est pas normal — cet état de brouillard, quelques recherches me montrent la communauté de nos symptômes, à nous, les joueurs, occasionnels mêmes. Pourquoi ? D’où vient ce que de nous, pour nous, s’élève, après les quelques minutes de rosée — le plaisir — cette brume terrible, épaisse, suffocante, pareille à l’air des montagnes mais ces montagnes, alors, incinèrent des déchets.

 

Souvenir, le film Rambo, ta-ta-ta-ta, ce n’était pas ma guerre, Rambo le premier, quand Rambo à demi-exilé dans son propre pays, pour qui il fit, qui portait, lui, la défaite, qui inquiétait — le stress post-traumatique le sien celui d’une société. 

 

Est-ce une sorte de défaillance de l’oreille interne, un mal des transports, une malcompréhension de mon cerveau de ce que le mouvement de l’image ne correspond pas à la réalité des translations de mon corps ? Que lui, le cerveau, suivant à son gré, par imagination, ou, dit-on, pénétration — ces traversées épineuses comme dans le rêve — un chemin de traverse souhaite abandonner le corps. Le brouillard alors, ce conflit, cette résurrection des dualités, celles passées, chassées par des siècles douteux de philosophie et de science mécaniste ? 


Je relis le manga Claymore. Des monstres, capables de prendre apparence humaine, envahissent les villes et massacrent les populations, pour se défendre, les être humains créent des êtres hybrides. Après avoir prélevé les cellules de ces monstres, elles sont incorporées à des individus. Seules les femmes se montrent assez compatibles et incorporent un ordre, celui des Claymores, du nom de l’épée qu’elles portent toutes. Leur hybridité leur permet de repérer les monstres dissimulés et, parce que dotée d’une grande force augmentée par un entraînement rigoureux, de les terrasser. Les services des Claymores — des hommes organisent leurs missions et en touchent les subsides qu’ils redistribuent —se monnaient. Les Claymores accomplissent leur devoir, sauvent la vie des villageois et ceux-là, villageois, après l’exécution du contrat, chassent celles-là, les méprisent, les conspuent. Ces femmes qui, pourtant, jamais ne choisirent ce rôle, elles, enfants enlevées, torturées, qui, aujourd’hui défendent le monde, elles, pourtant, rejetées, demi-bannies, vivant, autarciques entre elles, pures fonctions, bourreaux malgré elles qu’on priva de tout sauf du meurtre — si meurtre encore l’élimination des monstres.

Je dois me tenir à des rigueurs inhumaines, pratiquer des activités sportives à haute intensité — du cardio — lire, beaucoup, écrire un peu, pour échapper à ce brouillard, comme une course, un horizon à l’envers qui me pourchasse — ou moi l’horizon et le brouillard le poursuivant plus vainqueur, plus habile que les garçons ou les fillettes pourchassant les arc-en-ciel — une vie non-humaine, coupée de toute plaisir pour s’épargner cette sentence de brouillard épais. Ce paysage encombrant comme une immense suffocation, les poumons, ceux dans la tête, ni branchies, ni appareil proprement humain, une petite cavité, le cervelet, la folie. Par là. 

 


Naruto, lui aussi, jadis, au lieu de recevoir la pitié de tous, en subissait le rejet, lui en qui fut scellé un monstre sacré qui ravagea le pays, décima le village et, surtout, tua ses parents, le rendant orphelin, lui, le torturé, traité en monstre quand son existence même et toute sa douleur, au lieu d’en faire l’enfant maudit eût du en faire le saint. Au lieu de l’autel ou du plus simple respect, le voilà humilé, ithyphalliques et pioupiesques leurs quolibets l’ont dépravé.

 

Comme s’il fallait couper le corps, le soumettre, le foutre au ceps sans réduction possible de peine, perpétuité, j’ai lu, que, parfois, les cristaux d’oreille, causaient ce déséquilibre, que, peut-être, moi, voilà, je porte, au lieu de cristaux, paillettes, cristaux écrasés, la meule, la vie, ou le cerveau, le poids des soucis, comme dit J., 



Alors ceux-là, les plus nécessaires, les plus décisifs, toujours les plus rejetés, ceux-mêmes, je veux dire avant les impératifs économiques qui mettent dans les mains du misérable la boue et la merde, ceux qu’on projette dans la boucherie humaine, ceux défigurés par les maîtres fumant cigares, décidant, eux encore, des prochains crimes, des nouvelles humiliations ceux-là, oui. 

 

 

 

Et moi. Le poète. 

 

Je me souviens, soudain, la soeur de Marlène, des années en arrière, à propos d’une de ses amies, jeune amie, dans les seize ou dix-sept ans, qui utilisait Tinder, au début de Tinder, une fille d’une laideur, l’amie de la soeur de Marlène, inouïe, quelque chose de rare qui n’entrave pas le désir, qui ne peut freiner ce qui remue — la vie — que la honte n’abat pas encore — elle sait résister — la fille, avant, picassa, avant toutes ces applications ajoutant à la trahison des images, se corrigeait un peu, sa laideur apparrente, pas à ce point, peut-être, assez pour ne pas attendre beaucoup, cette fille qui rencontrait des mecs, des mecs plus âgés, tous railleurs, la question venait après, ce que c’est cette moquerie, si elle se passe après l’avoir baisée ou sans l’avoir baisée. Que le sort, le doute, ne résidait qu’ici, s’il se vidait les couilles ou pas, s’il lui reprochait de mal sucer ou s’il venait le garçon avec d’autres garçons pour tendre le doigt déformer la bouche.

je ne sais plus rien. 

7 septembre 2023

Lucky Strike

texte commencé hier :

Sur le présentoir de la librairie La Régulière, rue Myrrha, sorte d’avant-poste des transformations bourgeoises de Barbès/Château-Rouge/Goutte d’or (Mehdi parlait de Bobonobos pour qualifier, lorsqu’il vivait parmi elle, la population d’ici, affreuse, rétrospectivement, cette dénomination), un livre Le  Kumquat et dix façons de le préparer. Cette nuit de peu de sommeil et de beaucoup de sport, suivant une nuit de peu de sommeil et d’un peu d’activité sportive, exalte mon imagination, je n’entends pas encore, contrairement à Virginia Woolf (Virginia Woolf n’est rien à côté de toi dit Jeanne, dans le jardin de la rue de Linné, ton ironique et sévère à la fois) les oiseaux chanter en grec, je sens, à la place, le goût du Kumquat que, d’abord, à cause du dessin de la couverture (entraperçu), je confonds avec un litchi, je sens en premier, la peau granuleuse du litchi, l’écorce, ouverte, dégage l’odeur fraiche du fruit, la texture lisse et humide du fruit, puis, je me souviens du vrai (je m’approche du vrai) Kumquat, la couleur orangée du Kumquat tire vers le jaune (ou l’inverse), l’air perdu (un indien dans la ville) du Kumquat ici, en France, au milieu des baies minuscules de toutes les ronces (ronciers) et les mirabelles (souvenir des mirabelles que Marie-Anaïs achetait chez le primeur de la rue des Martyrs, 15 euros le kilo goût sublime et prix exorbitant, plus tard, elle ramenait, fière, des mirabelles du bas de la rue des Martyrs, 50% moins chères, heureuses d’avance de la bonne affaire, mais fades, dures et, donc, mille fois plus onéreuses).

Du Kumquat je ne connais que la primitive façon — toujours la meilleure, comme en amour, éructer vaut mieux que pérorer — de les ingérer comme de petits bonbons (je ne mange plus de bonbons depuis samedi parce que j’ai trop déconné) discrets et sains — mon application de comptage de calories ne connaît pas le Kumquat, je demande à Google, 55 calories les 100 grammes (équivalent de 3 fraises tagada ou 15 grammes de fraises tagada). Le goût du Kumquat, le fruit, texture d’abricot, peu juteux, le goût du café (le troisième de la journée) interfère avec les sensations — je continue le texte une heure et demie après — la grande fatigue et ses sensations aberrantes se dissipent, le goût imaginaire du fruit s’efface derrière celui réel du café (ajout du lendemain : très bon, d’ailleurs là-bas, café Lomi ouf, échappant à l’immonde café richard qui vend sa camelote partout dans Paris, café Lomi, aussi, souvenir, 2012, Marie-Anaïs à Paris, nous cherchons les bons cafés parce que nous nous découvrons, alors, une passion du café)

 

hallucination sensorielle mais

absence du chant grec des mésanges je ne sais si due à mon insensibilité aux roucoulements des oiseaux d’aujourd’hui, surdité si partagée ou à ce que les oiseaux, folie ou pas de l’humain, eux, aussi oublient le grec et le latin. Ou alors, moineaux seuls capables d’antiquiser et, eux, dans les grandes villes éteints presque tout à fait, souvenir, ému, de l’enfance, lorsque, ne comprenant pas le grec alors, je pensais, à cause de leur communauté d’ailes et leur disparité (petit/grand) physique que les moineaux deviendraient pigeons. Les moineaux disparurent.

 

Je n’ai pas mangé depuis 14 heures et quelques comme me l’indique l’application Yaizoo, je dois perdre du poids parvenu que je suis à force d’excès et beuveries, à un IMC de 22,8 (avec graisse viscérale), je pratique le jeûne intermittent malgré les incertitudes quant à son efficacité 

la science réserve son jugement, penche plutôt vers le oui.

Il n’empêche, à l’instar de la biodynamie qui ne sert à rien ou de l’homéopathie para-science, qu’elle produit des effets réels de, seulement, nous faire nous impliquer.

Qui pratique le jeûne intermittent, déjà, en réalité, en réalise — dès sa décision de jeûner — les effets, indépendamment même de tout processus chimico-physiologique liée à (jargon scientifique mobilisé ici par les thuriféraires de cette mode) :  cétose ou autophagie. Il ne s’agit pas ici de décrire par périphrases l’effet placebo. Je parle de causes réelles et objectivables, au-delà de, comme on le décrivait, ce que chaque personne qui pratique le jeûne intermittent structure déjà sa vie autour de la bonne santé, la contrainte temporel que fait peser le jeûne intermittent sur l’absorption de nourriture élimine toutes les ingestions dispersées (grignotages, je déteste le mot, petit, pauvre, il rogne, souris timide, j’entends les petites mains du mot, les petites dents peureuses) qui contribuent à l’obésité. La saveur du vin cultivé en biodynamie récolte les suffrages (spécialistes compris) tandis même que les principes qui commandent à sa production relèvent de la superstition ; danse de la pluie davantage qu’agronomie.

 

blablablabaya 

 
Le vin est bon de ce que les vignerons y consacrent, du fait de leur croyance, un soin attentif, une vigilance qui, par tâtonnements, reproduit les méthodes les plus fiables, les plus éprouvées empiriquement et scientifiquement. Il en va de même pour le intermittent fasting, qu’importe sa réalité scientifique, il fonctionne.

 

(deux femmes entrent dans la librairie, une jeune femme, grande, habillée en cool, style Salomé Saquée, une autre, plus âgée —beaucoup — maquillée — beaucoup— comme les femmes qui se pensent élégantes des mondes pauvres, cheveux crépus, dont on ne sait si la permanente a échoué ou si c’est le lissage, elle parle de son origine tizi-ouzou comme Maman, la Grande Kabylie, elle parle de Matoub Lounès, l’idole des indépendantistes Kabyles, assassiné par le régime algérien, elle dit, la jeune fille, je ne veux pas qu’un gros mec dise aux gens de se mettre en rang … contraire à mes valeurs … je ne veux plus … toutes les deux semblent appartenir à une association de distribution de colis solidaire — les droits dépendent de coupons de couleur remis aux allocataires — dont l’unité de mesure est le carton —, les bénévoles se confondent, aussi, avec les bénéficiaires, la femme kabyle, appartient à cette double catégorie. Au début je pensais j’aime la voix de la jeune fille cette voix à demi fêlée et toute assurée, puis, à la réflexion, j’aime cette voix parce qu’elle me rappelle celle d’Aline sortie de ma vie, injustice de plus de cette cruelle année. La jeune femme insiste, parce que la femme Kabyle parle d’un certain Farid qui assure plusieurs tâches au sein de l’asso. C’est lui sûrement le gros mec qu’elle évoquait, avant, dont l’autorité contrevenait à ses valeurs. Je ne veux pas qu’un homme dise quoi faire à des femmes. Bizarrerie que, ici, l’homme se contente pourtant seulement de transmettre à des individus, hommes ou femmes, des règles d’organisation. Comme si la forme homme dominait et effaçait. Le symbole. La jeune femme parle mal à son aïeule, j’entends qu’elle ne peut s’empêcher de la toiser, malgré elle, d’occuper, de fait, une position de sachante qui se double en une fonction d’enseignante. Voit-elle alors, reprenant sa typologie, ce qu’elle reproduit ici de domination classiste, raciste et âgiste ? Elle ne le peut pas, je veux dire ne le peut pas ici, en actes, le soir, revenu dans son deux-pièces (meublé de récup et de tirages originaux d’artistes queers et autistes achetés sur Instagram, entre deux cagnottes inclusives) elle méditera abstraitement en conscience mais sans cas de conscience, ne jugent jamais que ses pensées, que ses théorèmes sans voir que, avant tout, elle devrait réformer son comportement.

je souffre mal l’écart, toujours renouvelé entre les postures morales et les pratiques réelles, j’aimais chez Marie-Anaïs ou chez Romain, la conformité, réelle, entre le croire-dire-faire — que l’intérêt personnel ne dépasse pas, en aucune circonstance, la règle fixée, sujette, évidemment, à des ajustements — sur le sujet je ne considère pas Marie-Anaïs tout à fait exemplaire — qui peut s’en prévaloir ? mais, disons, que l’amour, peut exciper de certains devoirs — autoproclamés — que la limite, en elle, il faut du temps, me disent les autres, vient d’une sorte de reconnaissance, de sa part, dont, pour lors, je la sais incapable — vivant dans des discours qui avalisent sa croyance. 

 

La jeune femme s’exprime, toujours avec autorité et supériorité, si je devais le lui signifier, je deviendrais, le gros mec qui dit quoi faire aux femmes.
Ennui.

Si je comprends bien les enjeux, lors des distributions, certains bénévoles-bénéficiaires, profitent de leur qualité de bénévoles pour voler. La jeune femme cherche à empêcher ce phénomène. Elle dit, devant le regard médusé de la femme kabyle (parce qu’elle sait), oui, je vois ce qui se passe, ce n’est pas parce que je ne dis rien, que je ne vois pas. La jeune femme, je comprends son agacement veut rétablir l’ordre sans brusquer personne. Elle institue une nouvelle règle : seuls quelques bénéficiaires pourront participer à la distribution des colis, sous prétexte de rationalisation quand, son objectif, réel (rationalisation, aussi, non avouable, source de conflits, vexations, mauvaise foi) est d’assurer la juste répartition de l’aide (la CAF : tous vos droits, seulement vos droits ; ici, très injuste comparaison).

La jeune femme veut préserver l’activité de cette institution. Son énergie va toute entière aux statuts constitutifs de l’association, son légalisme — je suis moins moqueur que je ne parais — constitue en même temps la condition du fonctionnement de l’association (que j’imagine, comme toutes, fragile, sous-financée et pourtant affreusement nécessaire en cette période de misère). Certains, en effet, parce que nécessiteux ou quelque autre raison qui les commande (je crois autant à la common decency qu’à la common indecency), ne se soucient pas des règles ou les ignorent et, de ce fait, brisent le contrat social (il y a tant à dire sur les limites de ce pseudo contrat). Je ne crois pas, d’ailleurs, leur distribution dépendante du statut social, la visibilité, seule les distingue, pas la nature.

souvenirs : Wittgenstein s’exile, après le tractatus, après avoir épuisé la logique — souvenir, moi, les truffes Amsterdam, la vision noire, 5 heures du matin, au terme de la logique, je dis à Yan, ne comprenant plus même comment je pus tant m’amuser quelques heures avant, qu’après la logique, le gouffre, la mort — en Norvège, parmi des pêcheurs et montagnards pour trouver des êtres purs, un langage remis à zéro — y tendant — Wittgenstein découvre un peuple de menteurs et de voleurs.  

 

Le texte se dirige je ne sais où, haché, hier, commencé à la librairie, puis, la chaleur m’en chasse pour retrouver mon appartement, la climatisation, ouf, écrire, désinstaller Heroes of Might&Magic III, retourner chez Jeanne, le métro la ligne 9, le message 21:00 quand arrives-tu moi, dans dix minutes

 

(écrit hier :)

 

j’envie des fumeurs la coupure que la cigarette apporte à leurs journées, coupures multipliées — je ne parle pas de la cigarette écrasée multiple précédant obsession douloureuse parfum néfaste dents jaunes mains parcheminées pas cigarettes tremblantes Craven A de Charlotte élégantes pour le geste pas cigarettes tassées inquiètes fumer comme Jeanne le geste sûr le cendrier plein mais elle c’est de grâce — découpage de la journée, la cigarette, la cigarette assignée à un rôle de séparation-distinction auparavant les cools les élégants les ringards les clodos les anar eux des roulés l’odeur de vanille du paquet souple le coup de langue sûr — la cigarette comme signe selon le visage l’accent la cigarette parle une langue. J’envie de la cigarette ce qu’elle permet au fumeur, dans sa journée, la pause imposée, la dépendance ou le plaisir ou la confusion des deux comme quand le bas-ventre démange — cette nuit rêve érotique — 

 

cendrier mental les idées écrasées une à une inachevées très noires 

 

j’envie le tu as une clope oui non c’est ma dernière désolé le on va se fumer une clope porte ouverte clac fumée dehors attends je m’en grille une tu peux m’acheter un paquet de Rothman Bleu s’il te plaît tu peux aller au bar acheter des clopes ils prennent que les espèces tac je dois fumer désolé pour mettre fin à une conversation je t’accompagne ah le merde silencieux quand même la clope fumée vite haha hihi au secours langage comme les Sioux de collines en collines communiquaient

 

je voudrais fumer demander du feu aha au café tu en as la blague etc etc

etc

 

 cigarettes qui passent du blond au noir comme si vendue la cigarette or, d’abord, puis devenue, charbon comme les mages voleurs transmutent un instant seulement — pierre philosophale des escrocs, vérité maquillée — Lucky Strike longtemps la publicité vantait le doré, presque du blé, presque l’aliment primordial de l’humain si, l’être humain, lui fonde son alimentation sur le blé, le gentilhomme (d’abord, l’homme, masculin, puis extension du marché, la femme, le porte-cigarette, yeux fardés, Mina-Linda), l’homme de qualité, lui, l’être civilisé, disons, se choisit autre blé, autre pain, son levain le tabac. 

 

 

 

4 septembre 2023

Jours étranges

Depuis des années, maintenant, à cause de mon addiction aux écrans, je ne regarde presque plus jamais de séries. Aujourd’hui, avec Jeanne, le soir, avant de dormir, dans l’état deux fois antérieur au sommeil, nous regardons Stranger Things. Série originale Netflix comme l’écran précédant l’épisode l’annonce. Je me demande, alors, s’il existe, entre ces différentes séries, une cohérence esthétique, un lien qui les unirait, déterminé par des producteurs en vue — évidemment — du plus grand profit pécuniaire. Ceci, en soi, n’exclut pas la qualité, l’âge d’or d’Hollywood comptait, outre tous ceux que nous oublions, les grands, King Vidor, Capra, Cukor et la liste n’en finirait pas.

j’entends, dans le même temps, Jeanne au téléphone, organisant sa semaine de travail en même temps qu’elle mélange — je veux dire touille — dans la poêle les poireaux qui, si elle n’y prête garde, brûlent vite, elle verse — je le suppose à cause du son — de la sauce soja dans l’une des poêles — dans l’autre cuisent des champignons. Je vis presque chez Jeanne ces dernières semaines sans pouvoir me rappeler la dernière nuit où nous dormîmes séparés sans que, pourtant, je ne ressente quant à ça, le moindre poids, la moindre entrave. Jeanne « qui a son caractère » comme l’on — Jeanne déteste l’emploi de ce on — dit des gens assurés — le disant avec un brin de malice — fait absolument tout chez elle et, si elle délègue peu, ne reproche jamais — ni explicitement ni, ce serait pire, implicitement — l’inaction. Je suis ici plein de gestes suspendus, disséminés dans l’appartement qui, le jour qu’il plaira, petits boutons, s’ouvriront parfums divers et peut-être quelques orties brûlantes.


Je ne me renseigne pas quant à la direction artistique de Stranger Things, souvent, en matière de séries, à l’envers du cinéma (d’auteur au moins) l’ordre d’importance va du producteur au(x) scénariste(s) puis au réalisateur. Le producteur, après un brainstorming, soumet une idée qu’il demande aux scénaristes de transcrire en histoire et le réalisateur en assure l’exécution en images — ceux-là choisis surtout pour leur capacité à respecter (se soumettre?) à un cahier des charges (ce qui n’obère pas une future carrière, seuls, purs, les artistes : héritiers, clochards et quelques un de ceux qui, escrocs, par la pipe ou l’opium sidéraient de riches — et cléments — mécènes).

Nous nous étonnons, alors, de voir que presque tous les épisodes de Stranger Things soient réalisés par le même réalisateur, étonnement prolongé de ce qu’il s’agit, même, de deux réalisateurs, deux frères : Duffer Brothers. La réalisation de toutes les séries varie d’un épisode à l’autre.

 

parce que j’oubliais leur nom, je tapais sur google « brother stranger things » et, au-delà de ce nom, j’apprends, à mon grand regret qu’ils créèrent la série— non que le contenu de l’information me déplaise mais que j’acquiers une connaissance qui maintenant détourne la direction de mon texte, supprime les hypothèses mentalement formées, la vérité, aussi, comme toutes les définitions, moins qu’une naissance est un meurtre — celui qui fait émerger la vérité — comme aiment à dire les juristes — condamne l’imagination et, sinon dans les palais de justice, mérite a taste of his own medecine.

Les Duffer Brothers réalisent et scénarisent la série leur série.

produisent, peut-être, je ne sais, je ne veux pas moi-même produire encore une vérité et, après avoir établi le barème des sanctions devoir moi-même me placer à quelque niveau du supplice

La série, en effet, possède une esthétique forte, singulière et cette esthétique ne se limite pas, ce serait la chose la plus banale, à la photographie, comme on dit, il ne s’agit pas que d’une identité visuelle. Chez eux l’esthétique concerne la mise en scène qui, mise en scène, s’apparente à une chorégraphie. Je ne juge pas ici la qualité de ce choix, je remarque un parti pris que je décris.

Chorégraphie. 


J’exprimais à Jeanne mon étonnement, de voir que, tout apparaissait, comme l’on dit, téléphoné, c’est à dire attendu et donc privé de toute tension dramatique puisque je peux devancer la scène, elle ne peut m’étonner et donc m’émouvoir. Seulement ce téléphoné se maintient, constant, tout au long des épisodes, il s’agit d’un style qui, alors, relève — d’où chorégraphie c’est à dire découpage spatial et temporel — d’une perfection, d’une exactitude minutieuse.

Tout se déroule sur des temps,où ça doit être comme au théâtre et plus particulièrement au théâtre de boulevard. La série, elle, tragique — ou qui se veut-t-elle — ne joue pas sur le ressort de l’humour, du cabotinage, de la bouffonnerie, leurs temps sont le récit.

…puis, écrivant ceci, immédiatement je me reprends, le personnage du chief, celui qui dirige la police locale, au fil des saisons passe d’une sorte de super héros viril, à un papa niais, aux expressions exagérées et comiques…comme au théâtre, comme pour faire montre de son caractère. Les réalisateurs, ce faisant, ne prennent pas les spectateurs pour des imbéciles incapables de discerner, si plus subtilement montré, cette personnalité. Cette monstration révèle leur choix esthétique, au-delà de ce comptage parfait, l’histoire tient par ses personnages, non, comme chez Racine où ils seraient fonction du récit, mais en tant que moteur et, eux-mêmes récits. J’avais lu, à propos de Games of Thrones, une analyse qui expliquait l’écart - qui alla grandissant - entre la série télévisée et la saga littéraire qui, si elles reprenaient la même histoire, la déployaient pas sur un mode différent et presqu’opposé.

 

J’aime ce soudain, je parle, sans me rendre compte, avec abondance, de la controverse de Vallaloïd avec Jeanne, du néfaste du positivisme et, avant lui, de la philosophie des Lumières, comme, sûrement un homme — quoi que M. eût pu elle aussi vivre le même emportement — nous buvons la tisane et le contraste entre ce liquide chaud et mon excitation m’amuse, j’aime entendre le froissement du journal qu’elle lit, l’article sur Hawaï qu’elle me décrit, le journal qu’elle plie et déplie, déplié elle lisse la page pour aplanir la page, rigide, sinon quand, froissée, la page va à sa guise, je regarde — Jeanne croit toujours que j’exagère Bartok elle dit comme le personnage vil flatteur voletant autour du Raspoutine de Pixar (?) — avec émerveillement ses gestes, ce qui accompagne, aussi, dans cet instant, dans le repos de cet instant, avec la tasse rose fumante encore — je ne peux boire moi aussi chaud qu’elle — les doigts qu’elle passe sur son visage, toutes les pensées, là, qui la traversent, toutes inconnues de moi et, si fantômes denses, ne m’effraient pas, me touchent, si j’ignore leur savoir, savoir que ces pensées là, la maintiennent, me les rendent — elle murmure, c’est ma pensée là, à moi, Bartok — précieuses.

 


je dis cette fois Bartok vraiment

que l’air même qui la soutient

devient adorable de
.

 

J’écris comme ça vient, mes interruptions, reprises, illisibilités, flux de conscience, certes oui, banalité, maintenant, flux d’écriture aussi, entrées brutales d’éléments du réel, s’il survient, ne pas le laisser échapper, Jeanne la robe violette, moi mon amour, le bruit du clavier, les suggestions des mots — jamais choisis, à peine regardés — (soleil et vous était étrange) sur la touchbar. 

 

L’histoire dans la série télévisée, pour des raisons culturelles, c’est à dire de médium — les deux saga et série issues des Etats-Unis d’Amérique — progresse par à-coups et par événements, dramaturgie classique, elle existe de lier ensemble une succession de faits. Ce qui permet une progression fluide, un visible début, milieu, fin, qui, défaut congénital — reproche adressé à la série — fluidité confondue avec précipitation que tout devenant fugace, à peine habitué au drame précédent nous voilà déjà transportés ailleurs, à des centaines de kilomètres or l’émotion, lente à mûrir, réclame son temps au lieu de quoi sa vitesse empêche la mémoire. L’accumulation, sur une trop brève période, d’événements, les aplatis.

La saga quant à elle se concentre sur les interactions entre les personnages, ce sont eux qui animent le récit et, corolaire négatif, aboutissent, aussi, à son enlisement. Ca n’avance pas, ici, la tension dramatique disparaît derrière l’ennui, l’attente de l’évènement, si elle peut être excitante un moment, finit par agacer celui-ci, même, à cause de sa brièveté nous jette déjà dans l’attente prochaine dont nous savons, pour l’avoir souffert, qu’elle durera un quart d’éternité.

Nous ne nageons pas mieux dans le fleuve déchaîné que dans le marécage.

je passe sur instagram, rapidement, les réels de S. m’apparaissent et me désolent toujours autant dans ce que sa survie, je trouve, porte aussi de mort, que, pourtant, cette survie, au-delà de la poésie, l’arrache vraiment à la mort qu’elle aura tout le temps, après, de simplement avoir duré, de s’incarner autrement puisque ses mises en scènes actuelles ne lui offriront aucune carrière.

Les séries télévisées se concentrent sur les événements, leur dramaturgie repose sur des actes qui, en matière de sitcom, genre autrement codifié, s’incarne dans les blagues, punchlines ou qu’importe le mot. Stranger Things échappe à cet ordre de, probablement, ce que les réalisateurs sont en même temps les créateurs de la série qu’ils ont toute autorité pour la mener. La série vit de ses personnages et ses personnages eux, excessifs sans être loufoques — Wes Anderson choisît, quant à lui, le loufoque plutôt que l’outrancier — pour situer. Je pense au chef, sa moustache, l’air de Nietzsche qu’il affiche, d’un Nietzsche qui descendu de sa montagne régit les amours de sa fille adoptive. 

3 septembre 2023

Une histoire d'oeil

Camille, je me souviens, tenait une sorte de journal dans lequel elle retranscrivait les gens de sa journée, elle appelait ce recueil d’instantanés, les gens que je croise, si je me souviens bien.

Je ressentais, toujours, un grand embarras à cette lecture parce que, surtout, les gens devenus objets de ce journal, occupaient des positions sociales disons dégradées :

personnes en situation irrégulière, femme noire revenant de ses ménages, exilés en attente, comme si le regard de cette caméra-sensible ne capturait que les éléments infra de ce spectre humain. De ce que, même, elles menaient en lumière, parce qu’elle les extrayait du silence et de l’invisible, ces fantômes.

Léna, elle, parle, d’espaces liminaux, sans que je ne saisisse exactement ce à quoi ils réfèrent tout en sachant, pourtant, appartenir à ces mondes, ces quarts de ton

 

la première définition google de liminal : 

Qui est au niveau du seuil de perception, qui est tout juste perceptible.

 

En effet, j’y appartiens moi le pourtant spectaculaire, les chemises en soie virevoltantes, la chemise blanche où se mélangent parfums, salives et toutes les impuretés nocturnes. Parce que, socialement, liminal plutôt que lumpen. Dont, lumpen, je lus un jour, sous la plume d’un marxiste italien, une traduction singulière lumpen prolétariat ou prolétariat en haillons. Ce que le liminal, lui, ne comprend pas, de guêtres, de restes. Il est une lumière. 

 

Tous les écrivains se servent dans le réel et du réel. Pourtant, lorsque ce tri, pour écrire, ne s’opère qu’en la faveur (défaveur?) des déjà relégués, je sens, intensément, le pillage. Pillage moins ressenti si ces vies excavées possédaient sur l’avenue de Breteuil d’un Duplex avec vue panoramique et baignoires (trois salles de bains) sur pieds. Quelque chose qui, utilisant, le moins, les infériorisés, réhaussent en splendeur, la si clémente qui les convoque. Je crois que je n’aime pas ce salaire tiré, cette fois, de la surdouleur. Parce qu’à quelles fins ? Parce qu’au fond, oui, vraiment, Camille parle en effet, à cet exilé afghan dans la Gare de Lyon, qui, attend, à la fois de rejoindre l’Angleterre et de manger quelque chose ce soir. Le relater, pourtant ? Ce questionnement moral, évidemment, la frappait, elle choisissait, pourtant, après débats (quels termes ?) de transcrire.

Je dis ceci, longue introduction à ce que moi, souvent, je retins, de ces pauvres hères, jamais rapportés. Si j’évoque, parfois, Marcel qui tend la main, comme il dit, sur la Rue des Martyrs, c’est parce qu’il a construit sur le bout de trottoir qu’il occupe, contre le Crédit Agricole, un monde, des bougies, des sucettes multicolores et des proverbes écrits à la craie, parce que Marcel est un monde sans misère, le symptome, triste, certes, d’une époque qui finit par rendre l’artisan un nécessiteux, mais lui, mange tous les soirs, dort chez lui toutes les nuits. Récemment, parce que c’était le mois d’août, pour la première fois, il m’a demandé un brin de monnaie, parce que dans ce chassé-croisé, comme disent les médias, qui voit les villes vides de ce que départs et retours se croisent et créent dans les villes de grands trous noirs, personne ne lui portait secours. 

 

J’écris ceci parce qu’aujourd’hui, toujours, règle morale, fixe, je parle à tous ceux qui cherchent à parler si je ne peux pas les aider financièrement. Elle impose, cette règle, d’autres règles, inutiles à décrire. J’écris ceci parce qu’aujourd’hui, devant chez J., une odeur nauséabonde, putride, se dégageait du trottoir, une odeur de merde, de misère défoulée, c’était le clochard du coin, anéanti, que je ne voyais pas même, ni assis ni allongé, effondré, plutôt. Que, le voyant, après, je ne pus ni écouter ni regarder, composant à la hâte le code de l’immeuble pour chasser de ma mémoire ce que je voyais, là, qui dépassait les mots, qui dépassait ma règle morale. 

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