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23 avril 2024

L'envie

Je m’étais décidé vers 2016 à ne rien faire de ma vie, la regarder là, espèce de liane abrustive et persistante, s’enroulant autour de pierres couvertes de mousse, ma vie, ceci, une promenade rampante et involontaire, soumise à toutes les poussées, sensible, ma vie, aux saisons, au gel, aux précipitations, ma vie que je remettais au néant, à quoi je tenais bon, l’emmenant, sans embardée, ma vie dans ces directions de hasard, ne lui dictant rien à ma vie, quelques syllabes, des gémissements de filles que je n’aime que belles et, de temps à autre, vulgaires, c’est J-C en tailleur ou C. l’été, sa peau dorée sur la plage de Trouville, moi, au loin, je la filme, elle s’approchant, le zoom x12, elle qui ne devine rien de cette optique sur elle braquée, son maillot de bain deux-pièces rouge, l’air sérieux que l’on affiche quand on ignore que quiconque nous observe, cette attitude en soi, une élégance, aussi, de ce que le sérieux alterne avec le vague et l’indéterminé, de ne se savoir regardé nous nous entourons d’un halo imprécis.

Puis, de ce rien faire de ma vie, s’interrompit peu de temps après que je tentai d’interrompre la mienne. L’appel de Romain, le quai de la gare Levallois-Clichy, C. à qui je raconte ceci, elle, toute saisie d’horreur de ce que, dix minutes plus loin, rue C., elle vit. Puis, Jeanne, l’été, de ce ré-amour, le projet, ce mot étranger à mes désirs comme l’autre, son voisin, celui qui lui ressemble comme un ciel d’orage ressemble à un ciel d’averse, l’ambition. Les deux, eux, réunis. Jeanne qui profère je veux une carrière, moi, à sa suite, me glissant dans la traîne — moi traînant — de son mouvement, l’irrésistible force d’attraction de Jeanne, son désir qui, par son simple contact, son énonciation discrète ou vorace, entraîne le vôtre. Hannibal, dit ce que jeanne veut dieu veut. Alors, moi, qui ne suis pas Dieu quoi que je le prétendis, farce longtemps jouée, souhaite, aussi, la même chose et je désire, avant tout, elle. Il y a longtemps, 2018 ou 2019 je crois, moi à elle si je ne suis pas avec toi, j’aurais raté ma vie, je croyais, alors la rater, ou, ma vie, y renoncer, dans la forme curieuse de ce renoncement, une retraite de plus en plus nette, prudente, quelques éclats de fête, d’amour, de baise, j’écris ici, me rendant compte, sinon la comparaison forcée des deux ciels tantôt, y pensant l’inscrivant, testant dans l’écriture le « truc », l’abandon total ou presque, chez moi, des métaphores et des formules, insérant, dans mes écrits, de la sécheresse plus que, désormais, l’image, la délaissant, l’image, depuis ma rupture, elle plus sévère, définitive, avec le lyrisme pur, celui qui, pour véhiculer son sens, passait systématiquement, chez moi, par ce détour des impressions, des spectres, j’ai appauvri ma langue, je crois ou bien non, semant, dans cette lande, d’autres plants, dont j’ignorais et ignore encore, la forme en suspens.
facebook me propose régulièrement des « souvenirs », posts anciens, la plupart d’entre eux exhumés de dix ans en arrière, lorsque j’employais facebook comme une sorte de journal public pour faire montre de mon esprit, j’y retrouve un tour facétieux disparu presque complètement aujourd’hui, appauvri, je crois, par j’ignore quoi, les médicaments peut-être qui en diminuant la colère et la détresse, détournèrent aussi de la pensée, l’un de ses bras.

 

13 avril 2012 « Véritable histoire de la crucifixion : Dieu, ruiné, a mis son fils au clou. »

12 avril 2010 « Le poncif est une vérité usée par les imbéciles. »

27 février 2010 « A cette bourgeoise que je quitte "va te faire vouvoyer ailleurs »"


retrouverai-je jamais le sens réel de la métaphore et le tour d’esprit qui mettait de mon côté tous les rieurs, que je conserve, morcelé à l’oral, dans les mondanités, quand le brouillard cérébral, ma saison principale et ordinaire, ne m’envahit pas.

L’ambition, alors, ce désir, le mot vaste, celui qui tant semblable à Jeanne, qui, point et liaison vers Jeanne, désir, dans la variation de ce que mot imprime, son rythme et son allant. La certitude de l’avancée, la cohue droit devant, dans la brume crispée, travailler avec qui, dans notre cas, deviendra à quelque moment pour, moi considérant les dons, certains dons de Jeanne, totaux et que, en ces cas, si la discorde peut être fertile, le d’accord encore davantage de ce qu’il permet de faire, de s’arracher à l’invraisemblable litanie des discours, ces palabres paralysantes, ces sens d’un détail périphérique, objection au mauvais objet. D’accord.
Que ça marche, c’est à dire, essayer qui, pour moi, plus que seule tentative, signifie, mot-geste-verbe central de ma vie, d’avant, désirer, ce qui me pousse et m’entretient, ce qui en moi donne au sang le rouge, désirer. Qu’ici, à tâtons, je redécouvre, laisse, le désir, toute sa vaste plaine, s’étendre, lui, le désir ainsi que sa durée, ses virages, la route suivie courbe et parfois lente, où la terre sous les pas du désir change sans cesse, terre meuble parfois sous les pluies fortes ou lignes pures dénuées de friction.

l’envie

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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