Suce des géants et des nains.
Bien
sur, vous attendez, le poing qui s'en va fissurer le miroir, la pluie
qui vient effaçer le prénom inutile, la peau qui vient
vous expliquer. Non. Non. Elle vous explique. C'était calme,
c'était doux. C'était. Ca
n'était pas comme ça.
C'était sous terre. Sous peau. Je ne sais même pas si
c'était. Taisez-vous. Je ne veux plus de questions. Les
pierres par la fenêtre, ouvrent grand leurs oreilles. Il n'y a
rien à entendre, il n'y a pas de bruits, il n'y a que des
murmures, que ses murmures "Si je te laisse seule, maintenant,
je me laisse seul aussi". Il n'y a que des nuits sage, des
lumiéres faibles, ses cheveux qui coulent le long de mon
épaule, ma main qui cherche son front, l'odeur des filles, il
n'y a pas. Taisez-vous. Ce que vous attendiez. Le plafond laisse
dégouliner ses curiosités. Non, retiens-tout, je ne
veux pas, de ton liquide curieux, impatient. Il n'y a pas de
violence. Retiens ton humidité, je n'ouvrirais pas la bouche
la nuit, tu ne m'atteindras pas. Rien de ce que vous attendiez. Juste
son sourire derriére ces petits airs de petite fille, des
petites mains qui regardent les miennes, juste un silence poli à
travers les draps, juste un baiser pour la nuit, juste des yeux qui
ne sont pas perturbés par une frange trop longue et insolente.
Il y'a juste, des choses qui s'ajoutent, qui se déplacent.
Il y'a juste, son amoureuse, et son sourire que j'imagine se mélanger
sous les doigts de Pauline. Il n'y a pas. Elle dit peu. Elle a le
silence épais. Il n'y a pas. Jusqu'au départ. Il
y'a le départ. Taisez-vous, laissez moi finir. Il y'a
le départ. Là, je dois réussir à
l'écrire. Il y'a juste la violence du départ, caché.
Pourquoi. Je ne comprends pas pourquoi. Laissez-moi l'écrire.
Laissez-moi me dire que vous ne me lirez pas. Je ne comprend pas
pourquoi, partir. Partir comme ça. Non, je ne peux pas. La
gare est inondée. Les visages sont en attente. Les vitres du
train nous regardent. Les costumes des hommes se déchirent.
Les souliers des petites filles ont les lacets défait.
Les rouge à lèvres s'écaillent. Les salive
retournent dans leurs gorges. Le ciel passe son œil à travers
des gouttes de pluie d'argent. Les braguettes s'ouvrent. Les mains se
cherchent. Les corps sont en attente, haut perché, ils nous
scrutent. Les ampoules se cassent, en silence, leurs débris
s'écoulent dans les décolletés. L'hiver s'éteint, s'installe, tranquillement, il attend, le moment
venu, il attend, c'est son film, son histoire, son manuscrit, son
scénario. Il prend son temps, il nous regarde, il s'impatiente
de son moment. Les parfums sont brisés, les amoureux se
séparent, les ventres se tordent de nervosité, le vent
suis notre mouvement, inconscient. Pourquoi je suis parti. Pourquoi
je suis parti comme ça. Les hanches se brisent. Les trains
attendent de démarrer. Les valises se vident. Inconscient, je
suis inconscient, de partir, comme ça. Non, je ne peux pas.
Laissez-moi, attendez, je n'ai pas fini. Je dois pouvoir l'écrire.
Je dois pouvoir retrouver. Partir, comme ça, pourquoi, je ne
peux pas, c'est impossible, je ne peux pas m'oublier à ce
point, je ne peux pas nous oublier, je ne peux pas. Alors pourquoi.
Qu'est-ce qui me prend. Qu'est-ce qui me prend de partir comme ça,
avec ce sourire, avec ce calme. Avec ce sac sur mon épaule qui
s'attarde lourdement, ses cheveux décoiffés, ma frange
qui ne se met pas en place à cause de l'humidité de la
pluie, ce manteau sage qui tombe, mon parfum qui ne se remue pas.
Partir, comme ça. Calmement. Pourquoi. Je ne connais pas mon
rôle, je ne reconnais pas mon texte. Je ne devais pas. Je ne
devais pas jouer ce rôle là. Moi, je devais jouer la
force, je devais recevoir la gifle, je devais ouvrir les bras.
Comment ça se fait. On s'est trompés. Pourquoi.
Rendez-moi, mon texte. Je ne suis pas dans mon jeu là. Le
décor va tomber. Moi, je devais. Alors pourquoi je ne le fais
pas. Pourquoi je pars comme ça. Il y'a un problème, on
s'est trompés. Revenez, donnez moi les mots, les phrases,
donnez-moi l'ivresse, donnez-moi les pleurs qu'il faut, donnez-moi le
visage qu'il fallait. Pas celui-ci, pas celui de l'indifférence,
pas celui du départ indifférent, pas celui que j'ai en
ce moment. Donnez-moi les gestes, de la puissance. Ceux qu'on m'avait réservé. Attendez, ne partez pas, et vous, les trains, ne
démarrez pas, attendez, je vais trouver, quelqu'un qui pourra
me donner, mon rôle. Mon rôle qui m'était réservé.
Attendez, non, ne partez pas. Je n'ai pas encore fait ce qu'il
fallait. Redonnez-moi les baisers qu'il faut, l'événement
que j'avais inventé. Restez, ne partez pas, je vais trouver,
faites-moi confiance. Pourquoi je pars comme ça. Ça ne fait
pas partie de la scène. Je suis peut-être trop dans le
désamour. Je suis peut-être trop dans la politesse. Je
suis peut-être trop dans la politesse. Pourquoi. Vous, Madame,
tendez-moi un texte qui bout dans les entrailles, une phrase, un
geste. Venez. Partir comme ça, ça n'était pas
pour moi. Partir, comme si, j'allais la revoir demain. Comme si, je
ne l'avais pas aimé. Comme si. Alors partir, dans un rôle
qui n'est pas le mien, avec un texte vide, partir, la regarder,
savoir qu'au fond, on ne nous a pas enseigné, ce qu'il
fallait, mais savoir qu'au fond, on savait, que le calme était
déguisée, et dire ensuite "ce qui me manquait
c'était le départ parfait