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2 mars 2024

Palestine

Vu aujourd’hui le cadavre écrasé d’un palestinien par, précisait le sous-texte, un véhicule de l’armée israélienne. J’ignore comment Tsahal qualifie cet homme écrabouillé, comment elle le décrit et, donc, en quelque sorte, à nouveau l’écrase et le nie. L’image, extrait d’une vidéo, peut se retrouver dans celle-ci avec les mots clés Have a Good Friday ou une expression analogue comme le précise, avec horreur, un des comptes que je suis sur X, ici, ce X que Elon Musk substitue à Twitter, reprend son sens originel, presque, ce pictogramme qui, longtemps et surtout, signifiait la catégorie interdite aux mineurs parce qu’exposant le public a des images violentes ou pornographiques. Le X de proscription, d’exclusion ici régénéré par le réseau social plus encore depuis la prise 

Un terroriste ou, alors, ces morts, encore, à la suite d’une distribution de colis alimentaires. L’armée israélienne filme par drones et diffuse les images de cette distribution. On voit des points noirs s’agitant autour de véhicules. Un commentaire dit « ce sont des fourmis ». Il faut bien les considérer comme ça pour les écraser sans culpabilité aucune. Ils sont morts parce qu’ils ne savaient pas se tenir, on croit entendre, parce que, nous le savons, soutiennent-ils, le Hamas soutire l’aide humanitaire. Nous savons, pourtant, que cette aide vient de ce que ces gens, chassés de chez eux, deux fois chassés, et trois fois maintenant, ou dix, nous ne comptons plus, comme héritiers sans fin de l’exil, une part réservataire de 120% de l’exil, ne peuvent plus subvenir à leurs besoins dans les conditions antérieures à cause de ce que leurs conditions antérieures sont sabotées et détruites par l’armée israélienne qui s’indiffère du rôle des fourmis et les traite, ces fourmis, à demi-mot comme cannibales. 

 

je ne parviens pas à rationaliser et ne le veux pas puisque toute intellectualisation de cette réalité ne vaut rien. Affreuse en tout et pour tout, affreuse dans toutes ses formes. Je lis à l’instant que l’image filmée par drone dissimule la vérité, je lis que l’armée israélienne parle de « tirs de défense limités » comme si ces tirs « limités » n’étaient pas de tirs qui tuent, mon dieu, mon dieu., 

 

Cet homme écrasé ne ressemble pas à un homme, c’est une gelée rose on ne se souvient un homme que parce que, au bout de cette masse rose, dépasse un bras intact ou presque, intact rapporté à ce corps écrabouillé, ce mot, enfantin souvent, employé avec dérision, on écrabouille pour rire, ici se comprend, il ne reste rien qu’une purée humain. 

 

le souvenir d’un homme, lui même, déjà, une épitaphe, celle colère ou menace, qui sait encore départager entre les deux et les effets de ces deux-là. 

le souvenir d’un homme patauge dans « ça »

 

que, même, plus loin, cet autre, là du langage funeste, dépouille, trouve, une profondeur ignorée, trop souvent balayée, dépouille, de ce que rien, ni humanité des bourreaux, ni dignité de la victime, ne demeurent. Dignité, de justesse, revenue, en bourrasques, du témoignage révolté de tous nous, spectateurs impuissants ou satisfaits ou, hébétés comme moi, qui écrit ceci, ici, dans la bibliothèque Germaine Tillion, pour comprendre ce que je ne peux comprendre ce qu’écrire ne rendra pas plus intelligible ou de si peu que, même, écrire dissimule et embrouille, que, passant de l’émotion angoissée à son intellectualisation, je perds le contact premier avec l’évènement. je me contente un peu plus de voir, ici je sectionne ma possibilité d’agir. Est-ce que écrire ne revient pas à se taire ? 

 

J’ignore ce qu’ainsi je mets à distance et de quoi je me rapproche et me déleste. 

 

Cette image, d’écrire dessus, me fait mal. 

J’écris image sans la montrer et j’écrase sous mes je multiples la réalité de cette image qui, elle déjà, diminuait d’un million la réalité de cet homme achevé. 

 

Cette douleur stérile ne sert rien, elle ne m’engagera pas davantage ni dans la prise d’armes, ni dans le débat, ni dans la manifestation, elle tourne, sans ferments, ne macèrera pas, quelques dizièmes de degrés dans la haine, peut-être, d’une haine inutile, il faudrait, cette haine autrement nourrie, mélangée à d’autres rages pour affronter le monstre immense que constitue tout Etat. J’ajoute. colonial. 

 

que david et goliath leur affrontement se rejoue ici à l’infini que par un tour du destin david change de race et cette fois s’égare et perd la pierre jetée inutile contre la pierre plus lourde cette fois, l’obus.

 

est-ce que vous condamnez le Hamas, entend-on, encore, malgré tout, préambule demeuré avant toute dénonciation du massacre, face à cette image de pure horreur, écho, tout aussi inutile, de cette horreur, un enfant au prénom déjà par moi oublié, Ayden, je ne sais plus exactement, Ayden, devenu, en moi, dans quelques plages d’amnésie échoué, Ayden, trois ans, échoué, noyé, sur une plage parce qu’il tentait alors de traverser la Mer pour atteindre une autre plage.

En vain. Celui-là, l’enfant, plus proche, comme serein, la tête dans le sable, d’un dormeur du val, on ne discerne pas la mort dans le corps immobile et entier. Pas de pierre, un enfant encore. 

 

On ne la discerne pas plus, dans cette masse indéterminée d’organes indiscernables, ce bras, quelques morceaux de tissus et cette vidéo pour se souvenir, c’était un homme. Je ne trouve pas, ici, le mot souhaitable, pour dire cet agglomérat, un mot violent et simple, comme celui d’écrabouillé pour dire ce que je vois, dans ces organes devenus bouillis.  

 

Que diront l’armée israélienne, ses gouvernements, ses soutiens étrangers ? Je retrouve le mot clé exact great photo that made my friday. Je ne sais pas qui ancra cette photo à ces mots. 

Tout est possible, toutes les propagandes et, plus cyniquement, parfois, quelques uns tirant de la popularité d’une expression, la possibilité de faire des vues. 

 

La photo, à cause de son horreur, m’empêche de l’authentifier. Je refuse de m’attarder trop longtemps sur ses détails — ils me marquent assez — pour déterminer de sa vérité. Sa véridicité me suffit, elle prolonge ce que je vois, déjà. Je la crois parce que j’ai vu cette photo d’un soldat franco-israélien posant, pour sa photo Tinder ou Hinge, devant les sous-vêtements de femmes palestiniennes chassées de leur domicile par l’invasion israélienne ou tuées par celle-ci. Ici, lorsqu’un type veut faire le mignon ou l’intéressant, pose à la salle de sport, muscles visibles et tendus ou avec un chat.

 

L’homme écrasé porte à sa main intacte un serflex, ces menottes en plastique qui immobilisent les prisonniers. Son efficacité exige que les deux mains attachées l’une à l’autre se trouvent dans le dos du captif. J’ignore, encore, la réalité de cette photo, de son sous-texte, extraite, prétend-on, d’un canal telegram israélien et ses participants réjouis devant cette vision. Pourquoi le serflex attaché à une seule main? 

Peut-être celui-là croyait s’échapper, chaque main libérée de l’autre avant que le blindé ne lui roulât dessus. Que les soldats, comme à un chien, lui dirent, cours et lui, le plastique aux poignets, aux deux poignets, courut tout droit, pourchassé par un blindé, qui, après, quand son vrombissement de meurtre se tût, dit il s’évadait. 

 

Image vue, celle de cet homme, jeune ou non, je l’ignore, dépourvu de visage, image vue je crois, malgré moi, d’abord, ou, non malgré moi, voulant savoir, palpant cette réalité lointaine, obsédante, des gens tués par milliers, Trente Mille a minima. 

 

Je me souviens, aussi, que pendant que mourraient les palestiniens à leur décompte macabre s’opposait toujours, médiatiquement, celui du 7 Octobre, son nombre exact de victimes, 1700 israéliens morts, l’équivalent de 10 000 français rapportés à la population. Puis ce face-à-face de chiffres s’effaça. D’abord en excluant la réalité des chiffres donnés par le ministre de la santé de Gaza au prétexte que, issu du Hamas, les chiffres étaient faux ou exagérés. Avant que ceci, exagéré ou non, continua de croître et, quelques réserves que l’on pût exprimer quant à l’honnêteté du Hamas (en réalité l’état civil des palestiniens de la bande de Gaza est tenu par Israël qui, sait, donc, que les chiffres communiqués correspondent a la réalité de ses crimes), celles-ci s’écrasèrent devant l’augmentation constante et irréfrénée des morts. Alors, au lieu d’opposer nombre à nombre les morts, les palestiniens mouraient, sans identité, sans décompte, face aux citoyens israéliens massacrés. La façon de tuer et de mourir prévalait sur la quantité de morts. Les cadavres ne se valaient plus. Leur nature changeait selon l’auteur de leur mort et l’empathie adressée variait, elle aussi, selon ce critère. 

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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