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21 juillet 2023

Dix femmes.

La sertraline augmente le degré de réalité des rêves jusqu’à des points, parfois, affreux. Lors de ma sieste de cette après-midi je rêvais, d’abord, d’une conversation WhatsApp de groupe où maman formulait à l’encontre des enfants des reproches et moi, de venir, après cette lecture, la voir pour, contre elle, enrager de lorsque que, au collège, mes notes ne la satisfirent pas, elle me punît en m’ignorant pendant plusieurs mois. Puis, dans le rêve, relisant la conversation, je m’apercevais qu’elle exista à l’initiative de Myriam qui, donc, énonçait les reproches.
Elle nous reprochait à mon frère et moi (ainsi qu’une dénommée Sofia ?) de ne l’avoir soutenu, il y a des années, lorsque, vivant à Toulon (où elle s’installa en effet il y a dix ans), elle nous supplia pour de l’argent ce dont, dans le rêve et dans la réalité, je ne possède aucun souvenir, pire, presque, dans le rêve du moins, tant cela signalerait la légèreté avec laquelle, jadis, je pris son malheur. Elle attendait un virement, à l’époque, qui, de ne lui parvenir, l’empêchait de régler son loyer. Dans la conversation du rêve, elle s’indignait d’avoir du - en vain qui plus est - supplier pour une somme à la fois dérisoire et objet d’un remboursement ultérieur. Le drame vient après, dans la conversation elle nous écrit que, à cause de ça, elle dût loger dans la chambre d’un ami, dans le rêve les mots changeaient tantôt « ami » et « meilleur ami », écrits, ces mots, en italiques, puis, à l’encre bleue sur des plaques en verre. Ca ressemble à un mélange des premières oeuvres de Soulages, quand il couvrait d’encre noire le verre des serres et de Marcel Broodthaers qui écrivait, en se filmant, sous la pluie, l’encre coulait et les mots devenaient illisibles - jamais lisibles. Dans le rêve ma soeur nous rapportait, de l’écrire je souffre tant je crus ceci vrai alors, que, douze jours durant, alors, « l’ami » la viola. Et c’était horrible de se réveiller avec cette sensation, de ne pas même avoir besoin de vérifier l’information, déposée en moi, par la réalité du songe, comme un fait établi, la conversation en constituant l’aveu ayant eu lieu avant. L’affreuse sensation ne se dissipe qu’à peine.

Je rêvais, aussi, d’une conversation avec Marie-Anaïs, nous étions dans la chambre de la plus jeune de mes soeurs, assis sur le lit, je portais des bagues, beaucoup de bagues, elle, elle se tenait en retrait, un foulard de coton autour du cou

 

(dans la nuit de mercredi à jeudi, en courant follement dans les rues de Montmartre avec J., après le dîner, après les cocktails réinventés, je faillis perdre le plus cher de mes foulards en soie, le carré Hermès que Marie-Anaïs, m’offrit il y a plusieurs années, je ressentis l’absence du foulard au milieu de ma course, rue Lepic, et je revins sur mes pas en hâte, demandant à un groupe de gens s’ils avaient trouvé un foulard, l’un des mecs, en scooter, le tenait à la main, roulé en boule, prêt à le garder, après l’avoir récupéré, J. me demanda d’acheter des bières chez le traiteur chinois, elle me tendit un billet de 50e, je pris trois Tsing-Tao, en continuant la descente de la rue Lepic, à la recherche d’un taxi pour nous rendre chez elle, nous rencontrâmes une personne sans domicile, endormie sur un matelas posé au sol, avec toutes ses affaires, J. sortît un billet de cinquante euros et avec la discrétion de l’ivresse voulût le glisser sous son oreiller, lui, vigilant même dans le sommeil, se réveilla en sursaut, dans une position de prêt à lutter, habitué à ces combats, la nuit, le vol constituant, aussi, le deuxième plan de la misère des gens dormant dehors, quand il comprît l’intention réelle, il nous embrassa de loin, déposant sur sa main un baiser qu’il nous souffla, joignît ensemble ses mains en signe de remerciement, j’ignore s’il pût se rendormir ni à quoi il employa la somme, une femme, elle aussi mendiant, nous sourît, nous l’avions croisé une heure auparavant, lui donnant, alors, le peu de monnaie dont nous disposions. Quand J. sortît son billet, quelque chose en moi se contracta, mon premier geste allait vers je ne veux pas qu’elle remarqua sans le dire explicitement, répétant juste ça rendait fou M. quand je faisais ça - agacement plus légitime s’il en est de ce qu’ils formaient un couple - j’aime J. pour ceci, aussi, qu’elle interroge en moi un certain construit social, légitime ou non qu’importe, elle me met face à lui et, elle, surtout, me met face à bien plus grand que la société, elle me permet, par diverses voies, d’affronter cette peur de manquer. Je le dis souvent, J., depuis toujours, m’a appris à ne pas me contenter, à ne pas vouloir petit dans le monde matériel, si, dans l’ordre poétique - ordre et poétique ensemble la blague - et amoureux je me réclamai toujours de l’absolu, dans celui des possessions terrestres - lâcheté et éthique ensemble - je me privais bien plus que je ne renonçais. Ces vers d’Aragon me reviennent en mémoire : 

 

J'ai tout appris de toi

Jusqu'au sens du frisson

 

Elle déteste ce mot de « jouir », elle m’y mena bien, dans des acceptions plus vastes que celui des simples sens séminaux. 

 

Maïeutique de la magie, et c’est pourquoi c’est elle et pourquoi c’est moi, elle ne déposa pas en moi le germe absent, elle lui offrit le climat nécessaire, combla une plaie depuis toujours ouverte, celle de la peur, cette peur de manquer, à cause, enfant des cris, des pleurs, du découvert, du banquier.

Le 14 juillet, dans la journée, avec Maman, dans le métro de la ligne 12, en allant chez Monsieur Caramel, Maman donna un billet de cinq euros à un mendiant, seule monnaie dont elle disposait alors, il nous remercia, quelque chose qui, en même temps vous gorge d’orgueil et vous fait honte aussitôt, il a dit
vous êtes ma chance je crois que, au monde, c’est ce que je veux être, une chance, la mienne, aussi.)

 

Dans le rêve, je demandais à Marie-Anaïs de ne pas faire quelque chose et elle refusait de s’y engager, quelque chose qui, si elle ne le faisait pas, ne changeait rien à son présent ou à son futur et touchait éventuellement à sa mémoire, je lui demandais de sacrifier ce savoir éventuel puisqu’il s’agissait, alors d’une source de stress. Elle refusait, refusait, refusait, et je m’énervais et je pleurais, et je lui disais chaque fois que tu m’as demandé quelque chose je l’ai fait et ça m’a tellement blessé quand tu es passé par la modération de canalblog au lieu de me demander j’ai toujours fait ce que tu m’as demandé toujours etc etc etc. Dans le rêve, après, M. - sa compagne - devenait la fille aux cheveux bleus, Marie-Anaïs la présentait ainsi alors que M., n’a pas les cheveux bleus, l’étrange, en ceci, est que le titre de la BD, d’où est tiré le film La vie d’Adèle, est le Bleu est une couleur chaude, couleur des cheveux de la femme dont tombe amoureuse l’héroïne. Le bleu s’est-il déposé en moi comme la couleur signifiant symboliquement l’homosexualité ? Marie-Anaïs maintenait, obstinée son refus, ce dont je souffre encore à l’état de veille puisque son non possédait une dimension comminatoire. Pourtant, en réalité, si je me calme - or à cause du rêve je ne suis pas calme du tout - elle, comme moi en réalité, nefera jamais rien sans me le dire et, sauf à ce que ce concerne ses intérêts vitaux, ne me refusera rien de ces choses, au final, dérisoires. 

 

Souvent, de mauvaises pensées habitent mes textes, ces textes dont je commence la rédaction, je ne les poste pas parce que très vite j’en vois le contenu vil, méchant cette sorte de bassesse qui, au prétexte de dire la vérité ou de rapporter des faits, blesse et dont on ne peut ignorer la conséquence purulente. Alors je m’abstiens, je m’abstiens dans un bizarre paradoxe puisque je me promets, aussi - seul remède en ce moment - de tout dire tant que ce tout me concerne avec un très haut degré de vérité ; or, une fois que j’ai pensé et mis au brouillon ces basses-choses elles deviennent vérité et dignes, alors, sans me trahir - puisque la mocheté ne les motive plus - de publication. Je m’en abstiens pourtant. Le même texte non-publié, alors (plus ou moins arrangé selon l’humeur), change de statut. Dans le premier cas je réfrène une pulsion mauvaise, geste éthique qui retient sa mauvaise action ; dans le second cas je m’empêche quelque chose de légitime, me mettre en récit dont la violence ne devient qu’une conséquence involontaire. Dans les deux cas, seulement, je donne à l’autre la prééminence. Toute sa grâce.

J’apprends aujourd’hui que la diffamation non seulement privée mais aussi publique est caractérisée et donnera donc lieu à des poursuites.

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18 juillet 2023

Glébasimov

Nous parlions avec K. de Gherasimov - il faudrait écrire du Général Gherasimov, CEMA - pour Chef d’Etat Major des Armées - de la Fédération de Russie - devant ses photos je le trouve semblable à un poète mélancolique à qui le hasard et le devoir confièrent les armes, puis les médailles, puis le commandement et que, au lieu de souffrir, lui, des mots, la plume plus forte que l’épée, il dût se résigner aux balles, à envoyer, souvent, des hommes mourir contre d’autres hommes.
Regard pesant le regard du CEMA, bleu, très bleu, sans ambition, semble-t-il lui qui, pour parvenir à ce rang, celui le plus haut de la nomenclature militaire, ne pouvait en manquer, qui, même, malgré ce regard profond, grave et triste, pour se hisser à ce sommet, lutta et conspira.
Lui dénier, pour ce motif, la qualité de poète ne reviendrait à rien les poètes, aussi, et peut-être plus encore que les autres, disposent de réserves de cruauté et de vices, les lettres de Baudelaire à qui il haïssait, les critiques violentes de Huysmans, nous en apportent, si besoin les indiscutables preuves.
Gherasimov exécute à la perfection, malgré les anathèmes acharnés d’un Prigozhine (toujours se prononçant Prigojine), la stratégie au grand sens du mot.
Russe et poète Ghérasimov ne se tiendrait-il pas là, héritier en uniforme, de Pouchkine lui, le poète indiscutable qui mourut comme un soldat, le coeur transpercé, un matin, je crois, dans les neiges sibériennes, parce qu’un officier français le défia en duel et le tua. Quelle différence, aujourd’hui, avec Gherasimov ? Le choix de la majeure et, peut-être, alors, Gherasimov, lui, mourra d’un mot, une rime fichée en pleine tête. 

 

Source: Externe

(tout poète est tueur, tout amoureux)

Devant les larmes de C., je me sentis tout honteux, être adorable, le plus adorable des adorés même, que, pourtant, parce que la vie en moi, me travaille, à la pioche, que cette boue qui me remonte, que cette pierre de cette terre là, ne s’inflige, décemment, à personne. La vie me pèse, si peu de secours, quand j’écris la vie me pèse sinon le barrage des mots, j’en reviens, déjà, malgré moi, à la guerre, le barrage de Kakhovka détruit récemment 

 

Pour m’assurer de l’orthographe Kakhova j’en cherche le nom sur google qui me l’indique comme fermé temporairement ce qui m’amuse puisqu’en l’état je l’imagine mal, un jour, retrouver de sa splendeur et être ouvert, ironie, encore, à quoi il faut ajouter que le barrage, ainsi percé, est désormais ouvert, je ne sais pas si Google Traduction restituera, pour G., qui ne lit pas le français et demande à l’automate de l’accompagner, ce jeu de mots avec ouvert, l’anglais en permet l’équivalent, on ouvre une brèche, le verbe to open, ici, permet une compréhension adéquate). 

 

 

C., ne m’en veut pas encore ou pas déjà, une rupture juste n’existe pas, elle contient toujours, malgré tout, ses torts, qu’importe la situation, qu’importe les motifs non seulement - pas le cas de C. qui ne possède aucune vilenie - parce que l’orgueil est blessé, mais parce que l’autre, se réclamant de raisons, insulte en quelque sorte. Rompre condamne l’autre, le condamne à une certaine forme définitive, lui expose que quelque chose ne peut changer, que sa nature, dans la relation au moins, dérange. Or, Entre C. et moi la rupture repose sur autre chose, sur la distension du lien - maintenu, si ténu. Sa souffrance devient ma souffrance, injuste de ce qu’elle ne mérite que joies, que, si elle s’abandonnait toute entière à sa grâce, les hommes les plus riches ou les plus beaux, supplieraient à genoux un de ses regards. Or, moi, je pars, elle dit, grandiose, à la table du Café, le Cosy - notre rendez-vous initialement prévu le dimanche à l’absolu reporté au Cosy le lundi parce qu’à l’absolu les tables, trop proches, empêchent toutes conversations douloureuses - quels noms de café inadaptés à notre discussion cosy quand tout allait à l’inconfort ; absolu quand celui-ci mourait.
Alors j’attends, sa colère retenue puis dispensée. J’attends. 

 

 

 

K., presque dans un reproche - sa bouche, habile au reproche parce qu’y règne une certaine…inquiétude qu’elle change, quand le contexte s’y prête, en colère et protestations - me dit que G. et elle attendent que j’écrive. Non parce que mon écriture leur paraîtrait indispensable à leur équilibre psychique et poétique mais parce que, parlant de K., je produis, pour G., une sorte de lien entre eux - moi, écrivant, paradoxalement m’excluant, ne participant pas à un triangle. Inscrire, ici, l’initiale transparente de K., donne chair, une autre chair ou bien vue d’un autre angle, à la K. que G., porte en lui, qu’il ne vit qu’une seule fois.
Si le lien, ici, tendu compte c’est que, je l’évoquais à K. cette après-midi, quand elle vînt m’aider, au milieu de mon désespoir, à préparer mes colis Vinted, leur rapport se fonde moins sur le lien que sur la rupture, le lien devient prétexte, même à la rupture ultérieure qui en constitue le principal. En apparrence, nous pourrions croire, puisque K. rompt, que la rupture appartient à ses prérogatives, à sa nature, puisqu’elle la jeune fille, la poétesse et l’amante, quand, pourtant, il semble que G. y prend…je ne sais s’il faut dire, ici, plaisir, du moins n’a de cesse de créer les conditions de ce rompre. Cette rupture permanente nourrit en eux, aussi, un manque, en elle la plus absolue des poésies, en lui, la passion, lui, qui semble-t-il, vécut…de loin absent à lui-même sans, vraiment, participer à cette absence. Certains êtres, à cause de leur apparence ordinaire, manquent, croit-on de hauteur - et peut-être s’en convainquent-t-ils eux-mêmes - le cas de G. échappe, de façon évidente, à ce regard superficiel posé sur lui, il appartient, au contraire, à ce registre précieux, d’êtres qui mènent en partie dans le rêve l’intensité de leur existence ; rêve, qui, ici, signifie aussi, intime, intimité d’avec son épouse ? Quant à ceci je ne peux me prononcer, femme spectrale, pour moi, n’existant que sorcière, vide ou contrainte. K., pour G., est un rêve, son courage, justement ici, son changement, celui qu’il provoque, qui l’ancre (tandis que K., elle, encre, encore, une subtilité que google traduction ne rendra pas), c’est de se matérialiser auprès de K., prendre ce risque, envisager, jusqu’à même, l’X. Je ne crois pas à la physiologie comme une sorte de science exacte qui traduirait de chacun et chacune l’âme tentant d’être secrète ; elle me sert, pourtant, poétiquement, disons, pour dresser à grands traits amusés et brouillons, la personnalité des individus comme, plus haut, je m’y essayais quant à Gherasimov. Les photos de G., à mes yeux, ne montrent pas un type banal et ordinaire, au lieu de la mélancolie russe de Gherasimov - ou de K., qui, malgré elle, la porte comme une sorte d’accent qui trahit toujours une origine - dans le cas de K., son accent ne traduit pas son origine, son français est parfait - je devine un rêveur, un peu secret, aussi, plus en retrait qu’il ne voudrait, K., aussi, lui offre une avancée, un truc décisif, une sorte de chance qu’il doit saisir et que, pour l’instant, il ne saisit pas vraiment, et risque, à ce titre, de gâcher, le risque implique un danger d’une autre intensité à quoi, j’espère, il s’exposera sans quoi…eh bien, sans quoi, lui, toujours demeuré (en français, ici, encore un jeu de mot, demeuré qui veut dire rester, to stay, mais qui veut aussi dire, idiot, mais de façon très intense et plus injurieuse) dans le rêve, demeurant sur le seuil de la vie,d’une autre vie. Pour K., malgré elle, pour l’instant, tout ceci, exercice littéraire ou G., surtout, sera le G de teleGram et non de Gleb (en français la glèbe était la terre à laquelle les serfs étaient attachés et qu’ils devaient cultiver, est-ce que, Gleb, n’est pas, ce sol à quoi on s’attache et qu’on cultive pour écrire ?).

Je m’étonne régulièrement de mon absence totale d’orgueil, K., aujourd’hui, dans le bruit du scotch et des coups de ciseau pour mes colis, j’ai décidé de ne pas être amoureuse de toi comme j’ai décidé d’être amoureuse de Gleb me rendant, malgré moi, pendant, de Gleb, me plaçant, puisque dans la même terminologie, de l’autre côté de l’axe, axe qui est elle. J’employais, pour qualifier sa relation avec Gleb, de cette question du pont et de la brèche, trouvant, que, au lieu de ce que l’important pour eux, soit de stabiliser le pont et de le bâtir, l’important, pour lors, hors de la rencontre, était de l’effondrer, de ne le réédifier qu’en vue, encore, de se trouver, sur la brèche qui, toujours, figure un plus grand vertige. Moi, à l’inverse, pensée qui m’apparaît en même temps que je l’écris, devient, à l’inverse un point net, sans étendue comparable à celle d’un pont ou d’un cratère, une certaine fixité, qu’en effet, une fois réduit à ceci, on peut décider de ne pas tomber amoureuse. Gleb, flotte, ceci le définit, quoi que lui attaché à sa femme, à ses habitudes, à la répétition, quoi qu’il en soit portant en lui ce risque qui, le prenant ou pas, définira son destin, poète ou marié c’est à dire, au final, pas grand chose, pas grand chose si ce choix, bien sûr, ne dépend que de la lâcheté. Il est temps, un jour, d’avoir des mains et ces mains les employer, étreindre et déchirer.
K. n’attendra pas toujours. K., si j’y reviens, encore, aussi, sûrement risque quelque chose, l’effacement total de Gleb quand, au café ou dans les draps, il apparaîtra, dense ou éthéré, poète ou époux. Et dans sa main à elle - quand elle sert la mienne je la sens, ma main, toute vivante, j’y entends même un peu battre le coeur - réduire ceci en petite poudre où tremper, après, son stylo. Le risque, presqu’inverse qu’ils doivent prendre, doit les suffoquer, elle, risquant de le faire disparaître et lui risquant, alors, de tout perdre. Toute existence valable commence à ces points là, ceux de la perte totale parce que, surtout, la vie nouvelle s’y trouve. 

13 juillet 2023

Walkyiries

La guerre en Ukraine m’obsède, il n’est pas une nuit, depuis désormais longtemps — exceptée celle passée sous zolpicone un jour d’insomnie — que je ne m’endorme sans écouter le replay d’une des émission de LCI qui, seule parmi les médias français, La Chaîne Info première chaîne d’info en continue française, filiale du groupe TF1 (donc Bouygues), consacre chaque jour plusieurs heures de programme à la guerre en Ukraine. Quand je dis plusieurs heures je veux dire, les 3/4 de sa programmation. Le colonel Michel Goya, que je suis depuis des années pour son blog, la voie de l’épée devient, désormais, spécialiste de la chaîne, c’est à dire que, contrairement aux autres intervenants occasionnels, il participera désormais à titre salarié. Lors des discussions télévisuels, les experts, le plus souvent, sont sollicités à titre gratuit, pourtant, la crédibilité et la valeur du sujet traité dépend, essentiellement, de leur présence. Tout comme la recherche en France offre, au mieux, un défraiement tandis que, pourtant, aucun colloque ne pourrait avoir lieu - et donc aucun savoir se constituer collectivement - sans leur présence.

K., russe expatriée à Paris depuis sept ans (ou 5?), s’étonnait de cette obsession, ma consultation frénétique des canaux Telegram associés à telle ou telle branche russe, ceux diffusant l’idéologie de Prigozhine (prononcé Prigojine comme Rogojine), le chef des voyous de Wagner, ceux critiques du régime comme Girkin et ceux plus généralement nommés les milbloggers, sorte de trolls nationalistes et radicaux, régulièrement partisan de la bombe atomique auxquels, parfois, arrivent des bricoles comme celui qui, en pleine séance de dédicace, décède à cause d’une statuette piégée.

Nous discutions récemment, avec K., du récent putsch tenté par Wagner qui suscita, en elle, des sentiments contraires, l’excitation, d’abord que quelque chose change, l’excitation tout court devant l’événement comme aurait pu écrire Rancière, la culpabilité, aussi, de ressentir ces sentiments d’exaltation tandis que le drame couvait et les morts s’abonnaient.
Les actes de Prigozhine, le nervi chef des Wagner, reçoivent des qualifications différentes selon les points de vue et les idéologies de chacun, pour les occidentaux, comme on dit de nous, il s’agissait d’un coup d’Etat manqué parce que nous désirons ardemment la chute du monstrueux Poutine et que, ce faisant, son pouvoir s’effritait et sa déposition s’approchait ; d’autres, plus mesurés et sûrement plus justes, parlèrent d’une mutinerie il ne s’agissait pas de changer de régime, Prigozhine, malgré quelques ambiguités, ne prononça jamais une parole visant directement le maître du Kremlin comme l’appelle les médias d’ici. Mutinerie parce qu’il visait, essentiellement, la destitution de ceux qu’il juge ses ennemis Shoïgu, le ministre de la défense, russe non ethnique, c’est à dire non caucasien, et Gherasimov, chef d’état major aux brillants états de service, non fondés comme, le conjuré de Prigozhine, Soukourouv (désormais aux arrêts, en vacances comme l’on appelle, publiquement, les salles de torture pour les traitres) sur la violence, mais, dans le cas de Gherasimov sur une vision stratégique poussée. Il mît au point une doctrine à son nom visant la conquête d’Etats tiers par un mélange de soft power c’est à dire d’influence interne et d’une présence militaire menaçante aux frontières, faisant, par cette double poussée, installer des régimes favorables à la Fédération de Russie. Cette stratégie politico-militaire s’étendait plus loin que des territoires à conquérir, que ces sphères d’influence comme on appelle ces Etats à demi-dépendants comme la Biélorussie, elle visait aussi, pour obtenir au moins leur abstention, les pouvoirs politiques de pays rivaux de la Russie. D’où l’immixtion dans les élections locales françaises, allemandes ou etats uniennes et si même ces interventions ne permettent pas d’établir un régime ami ils permettent, à tout le moins, de développer, dans la population de ces pays, un sentiment d’amitié envers la Russie et rendre plus complexe toute politique à celle-ci. La guerre en Ukraine a tout changé, puisque l’armée russe entrait vraiment sur le territoire d’une Ukraine pourtant déstabilisée, parce que la violence de l’agression paralysait - par décence - les soutiens russes (sauf les pourris jusqu’à la moëlle par le pétro-rouble) et provoquait, dans les populations occidentales, un vif élan de solidarité. La nullité de l’armée Russe paracheva, un peu, ce déclin des amours russes.

La doctrine Gherasimov a vécu, l’invasion la rend nulle, mais, général intelligent, il emploie, à l’avenir, une autre stratégie en collaboration avec le ministre de la défense, celle-ci, vise, entre autre, à mettre au pas un Prigozhine de plus en plus menaçant, en mettant sous l’autorité de l’armée régulière -c’est à dire de Shoïgu et Gherasimov - toutes les milices privées (PMC pour Private Military Company, comme Black Water, jadis, et ses exactions en Irak). C’est, prétenduement, en raison de ce qu’il estimait le démentaèlement prochain de son pouvoir que Prigozhine fit marcher sa troupe sur Moscou, abattant des hélicoptères russes (entre douze et quatorze morts). La réalité est plus compliquée, l’agon, entre ces deux pôles, repose sur un conflit antérieur. Déjà, ces trois personnes diffèrent en tout, Prigozhine l’ancien détenu, cuisinier et voyou faisant fortune par la violence démesurées, le spectacle des coups de massue envers les déserteurs qui n’a rien à envier aux horreurs de Daesh, Gherasimov, militaire brillant, Shoïgu, intrigant de talent, ayant su flatter Poutine et les industriels de l’armée, afin d’asseoir un pouvoir reposant moins sur la compétence que sur la flagornerie et la diplomatie politicienne. Tout les sépare, Gherasimov et Shoïgu au service de l’Etat, avant tout, Prigozhine au service de lui-même, puis de l’Etat. Un conflit public/privé de nature politique et philosophique.

Aussi, et surtout, un évènement justifie la haine inextinguible du voyou pour les deux autres. Tout le monde se souvient des massacres commis par l’armée russe suppléée des Wagners, durant le soulèvement en Syrie contre le régime autoritaire de Bachar el Assad et l’apparition de Daesh. Daesh, à ce moment là, occupait un champ de puits de pétrole qu’un oligarque russe souhaitait posséder, il négocia avec Prigozhine l’assaut et l’expulsion des terroristes. Evidemment, il ne s’agissait pas pour Wagner d’agir gratuitement, au prétexte fallacieux, de la liberté, nous pouvons au moins lui reconnaître une honnêteté dont les américains se trouvent fort dépourvus. Pour assurer cette mission qui ne servait que des intérêts privés, il demanda l’appui feu de l’avion russe à Shoïgu et Gherasimov qui la lui accordèrent. Le moment de l’assaut venu, malgré les appels répétés des troupes engagées au sol, l’armée de l’air russe n’apparût pas, entraînant la défaite cuisante de Wagner et une diminution de son prestige et de ses moyens. Prigozhine ne digéra jamais l’humiliation, prétendit pleurer ses morts, tandis qu’il pleurait, essentiellement, les dollars perdus et le symbole abîmé de sa tête de mort, son emblème. Gherasimov et Shoïgu, l’accueillirent goguenards quand il vociféra contre eux. Pour Gherasimov, militaire grave et sérieux, employer les moyens de l’Etat pour quelques desseins - fussent-ils, de façon accessoire, à même de diminuer la menace de Daesh - privés. Prigozhine crût que les échecs répétés de l’armée régulière mis en rapport avec ses succès - sa milice seule permit la conquête de nouveaux territoires au cours des derniers mois - lui permettrait de, à sa guise, déposer ses ennemis. Il n’en fut rien. Poutine ne le soutînt pas. L’affaiblissement de ce dernier reste à prouver, la contestation intérieure ne semble pas prendre de l’ampleur. La question démocratique, telle que conçue philosophiquement en Occident, n’importe pas ni en Russie, ni en Chine, ni dans les royaumes du Golfe ; importe, du libéralisme, celui économique, exclusivement, et non politique ; il ne s’agit pas, cependant, de régimes aussi brutaux que ceux de Pinochet, la violence s’exerce, rarement, non comme un principe général de domination, mais comme une menace dont on sait, pour que régulièrement on l’expérimente, qu’elle s’exécute. C’est bien notre trouble et l’ironie suprême étant de voir, malgré nos institutions déclarées démocratiquement toutes pures, l’autoritarisme exercer sa répression féroce sur les contestations intérieures. 

 

Pour promouvoir le libéralisme économique ses thuriféraires nous expliquent qu’il a été la condition du libéralisme politique et de l’érection de la liberté comme valeur sacrée ce que, en réalité, peu de gens contestent mais, désormais que cette liberté est découverte rien ne nous empêche de la maintenir sans libéralisme économique. Si la liberté trouve bien sa cause dans la liberté économique elle en devînt, à n’en pas douter, autonome. Il en va de même pour ces pays autoritaires et libéraux. Nous pensions que l’expansion du capitalisme amènerait, par le plaisir de la consommation de masse, la démocratie, or, la liberté économique n’engendre pas forcément la liberté politique tant qu’elle permet le plaisir. Ces Etats connaissent, évidemment, leur contestation interne mais elle demeure à l’état marginal, cette frange qui, partout, sera tout le temps mécontente. Voulant davantage. Qui n’est même pas une avant-garde, qui est une armée en haillons. 

13 juillet 2023

Bo-Zinc

Liberté retrouvée, en quelque sorte, de moi, vivre ainsi délié qui, en mon cas, ne signifie ni sans lien, ni sans responsabilités, qui réfère, plutôt, à une expérience du monde légèrement amorale ; se souciant, certes, immensément même, des autres, sans, adhérer, pour autant, à aucune règle non énoncée, patiemment, par moi.

Ceci, me fait du bien, retrouver, comme avec J., cette nuit-là, une heure du matin, au Bo-Zinc, les pas hasardeux sous l’iridescence des alcools fiévreux, sous le regard d’Alexandra, Bostonienne, d’origine italienne, vivant en France, et de Bonnie, styliste de mode, d’Afrique du Sud (Johannesburg ? Pretoria ?), de 68 ans et qui se prit de passion pour moi d’abord - cheveux fous chemise bariolée - pour J., ensuite - incandescente, joyeuse, gracieuse. Bonnie and J. échangent en italien - qu’elles maîtrisent toutes les deux - parce qu’elles parlent lentement, je comprends à peu près et, par brèves syllabes, réponds parfois, avec un semblant d’accent. Lorsque je me suis assis, après les premiers éclats de Bonnie, Alexandra remarquait que je saignais de la main - veste orange tachée de sang, chemise tachée, pantalon jaune Saint-Laurent taché - parce que chez elle J., de son chant irrésistible, me fendit le coeur et brisa du même éclat aimant, une bouteille de Campari - ou bien l’ivresse y commandait ? dont je ramassai les ultimes débris, l’un d’eux, pour me faire mémoire de ces ivresses évaporantes, se ficha dans ma peau et saigna abondamment. J’enserrai le pouce dans la pochette en soie bleue et jaune 100% soie, Saint-Laurent, aussi. Perdue depuis. Alexandra se prit de passion pour ce pousse sanguinolent interpella les serveurs, trouva des compresses et des pansements et, en même temps qu’elle serrait ma plaie dans sa main, nous parlait de ses aventures, jadis, de secouristes, Alexandra a cinquante ans, et semble plutôt de mon âge, elle a de beaux yeux gris, étonnant, et un visage où les pommettes, comme j’aime, saillent, serrant le pouce palpitant, souvenirs pour elle, sûrement, comme cette nuit, en entier d’une jeunesse. Mais je lui dis, je ne sais même plus pourquoi, flatteur, peut-être, automate des politesses, en toi elle ne passera jamais la jeunesse.

De la soirée je conserve quelques photos et les vidéos qu’Alexandra, tandis que nous dansions sur le trottoir avec J., prenait. Nous parlons, par WhatsApp avec Alexandra qui reviendra, me dit-elle, fin juillet à Paris, en vacances actuellement, elle cite Joseph Roth et m’envoie de sa bibliothèque les quelques livres de lui qu’elle lit. Elle propose un rendez-vous, plus tard. Pour nous deux. Eventuellement avec J. - J. et ses fortunes de vertu eût bien aimé, pour la poésie ou le désir, ça je l’ignore, que Bonnie, la plus âgée des deux, nous rejoigne, la nuit, pour dormir à trois, dans le lit Queen Size (160*200) Emma qu’elle possède.
Alexandra travaille dans l’événementiel, travaillait et travaillera, plutôt, malade, actuellement, de la maladie que Marie-Anaïs, crût, un jour, à cause de ses douleurs articulaires, souffrir : polyarthrite rhumatoïde. 


Sur sa photo de profil WhatsApp, Alexandra porte un chapeau de paille, derrière elle, un coucher de soleil sur la mer ou l’océan, elle marche, la peau toute bronzée, qui semble douce, au milieu de rochers, elle porte des sandales nouées à la cheville et fendues au niveau de l’hallux - le gros orteil - elle porte un short en jean, très court et délavé, probablement issu d’un jean usé, coupé pour l’été, un chemiser blanc noué à la taille, les cheveux longs et bruns tombent en deux masses sur les pans du chemisier. Je me demande voyant sa peau si pleine de soleil comment elle sent, si elle sent l’été, le monoï et le baume, j’ignore qui a pris la photo, son bras droit - que je vois à gauche - cherche l’équilibre, sa main, ouverte et les doigts repliés semblent s’accrocher, dans l’air, à une rampe imaginaire, l’autre bras, lui, pend le long de la jambe, la main à peine recourbée, les deux manches relevées, soigneusement, en de plis réguliers, d’hauteur semblable, sa jambe gauche, au moment de la photo, suspendue, tient dans l’air, on ne voit pas ses yeux - que je sais gris, lorsque je lui demande, au café, la couleur de ses yeux, elle me dit, ça change, je me demande, au coucher de soleil, comment ils sont, si la lumière extérieure commande à la couleur ou si l’humeur intérieure, cette obscurité souvent, en dirige les phares - sa tête inclinée vers le bas, le chapeau les masque, on devine l’air concentré et patient, tout obsédé par l’envie de ne pas chuter.


Délié, ainsi, moi, dans le brouhaha des villes, retrouvant, cette liberté dans le rejet, total, de la honte, l’expérience du spectacle et ce qu’il frôle aussi de scandale, fait pour le grand air, moi, grand air aussi, bien entendu, celui des foires, plus tard, de la galerie, avec J., qui hier progressa, sembla-t-il par bonds.

J. m’arrache à ce poison là, la honte, parce qu’avant tout, en moi elle brise la retenue, cette digue érigée pour d’autres, insoucieux, quant à moi, des dégâts provoqués à moi-même, je me risquais à bien des périls que je dus, par souci de l’autre réprimer, ceci, faisant, me nier. Il est à croire qu’anges et démons à cause de leur origine commune partagent des ailes semblables et qui condamne, à cause de leur teinte, celles des seconds, bannissent, en réalité, le vertige.

Je déploie, à nouveau, ce que je croyais, perdu, honteux, même presque et coupable, à tout jamais. Parce que là, J., quand, posé au café, elle se mit à danser, enlevant ses talons inconfortables, mouvante, dans sa robe blanche de gitane, premier geste moi - en ceci moi mutilé, apercevant cette circoncision dedans - de retrait, d’embarras, de désolé, comme si cet avant m’empoisonnait encore ces réserves si, tellement non moi puis, me percevant ainsi, détournant les yeux, je me repris aussitôt, se reprendre, drôle, ce mot, encore, dans la polysémie en entier m’attrape, reprendre ses esprits, se retrouver dans se reprendre, se récupérer, se reprendre, aussi, comme se recoudre, je m’étends dans toute l’aire du verbe. Alors dépassant la honte j’entrais à nouveau dans la vie, je franchissais le seuil, les joues chaudes pour la rejoindre, ces quelques mètres de la chaise du café à sa compagnie dansante. La vie. Je ne crains pas le scandale mais je redoute le ridicule, le second ne me vient que dans les faux semblants, quand je triche ou je mens, suivant J., je ne truquais pas, je me glissais avec elle, dans ce vrai scandaleux, et, les gens, autour, quand ils dirent, même des autres tables, que nous étions beaux, ça m’a fait plaisir, moi, parce que je craignais, vraiment, qu’ils se moquent. Encore un peu de chemin, à n’accepter désormais que les éloges et des tomates pourries ou des pierres, ignorer la dureté.

Dans le manga Seven Deadly Sins, le roi des forêts et des fées, King ou Harlequin, ne possède pas d’ailes, contrairement à sa race, ce qui, malgré son titre et son grand pouvoir, lui fait ressentir grande honte ces ailes, par culpabilité, comme des dents qui refusent de pousser à cause de ce que ça voudrait dire devenir enfant puis adulte - se perdre nourrisson puis mourir encore de se perdre enfant - réprima la pousse de ses ailes. Un jour elles sortent. Le voilà complet. Il sauvera, de ce pouvoir retrouvé, le monde. A commencer par lui-même.

La drôle de soirée, l’appartement de papa comme elle dit, et l’immense jardin attenant, la lumière qui baisse jusqu’à minuit, les bougies envahissant la table jusqu’à ne plus suffire.
Puis, nous quittons la rue de L., pour aller au Flore comme J. aime m’y emmener, avec j’ignore quelle quantité de rire et quelle quantité de plaisir sincère, elle tient, toute entière, dans, justement, ce dédoublement,. Sur le chemin, au feu rouge, de grands éclats de voix, le vrombissement d’une moto et des hurlements, on va voir ? je dis à J. qui, pourtant, jamais avare de secours, se sent pour une fois une grande flemme - rôles habituellement inversés - bête dispute, un type s’énerve, avec un accent de racaille, contre une automobiliste en Smart, qui aurait rayé sa voiture. Il hurle, elle panique, panique totalement. Nous intervenons avec retenue. Elle qui pleure. Lui qui hurle. A un moment, on ne sait pas pourquoi le mec enlève son casque. Il montait une grosse et belle et chère moto à la peinture bleue métallisée. On s’attendait, avec la façon qu’il avait de parler, à un arabe de cité, en colère, avec le coup de couteau facile. Il découvre le visage d’un bourgeois à peine fini, portant au dessus de la lèvre le duvet incommode à l’élégance, J., s’exclame mais c’est un bourge puis je me retourne, le vois, son duvet minuscule qui, symboliquement dévore tout son visage, et je reprends son exclamation c’est un bourge. La situation, sorte de racisme social ou racisme tout court, se calme immédiatement pour nous, une méfiance retombe, nous pouvons le dresser, ce que, effectivement, nous faisons. Jeanne me cite François Damiens, l’humoriste belge génial, qui refuse de vendre à de jeunes gens bourgeois, des pass des skis, et s’exclame un moment Ludovic tu te calmes, après notre départ, elle regrette de n’avoir employé la même expression. J., se montre…persuasive, devant l’insistance du duvet, désormais qu’il ne représente aucun danger, nul grand frère, nulle lame. Il finit par déguerpir, le soulagement de la jeune fille, je suis jeune conductrice les larmes lentement séchantes. J’espère qu’un thread sur Twitter nous sera consacré. 

 

au flore on croise Marie-Lucile qui parle comme dans un film de Varda, toute petite, habillée en propre, elle mendie, porte sur ses épaules de gros sacs, dont deux en cuir (un très ample, un petit à main), très bon état, elle ne semble pas dormir à la rue, elle porte, aussi, parmi son fatras, une petite cage en toile percé de trous, celles pour les petits animaux, elle me fait remarquer que je suis beau que ma chemise est trop ouverte J. approuve elle me trouve obscène ainsi décolleté, je n’aime rien que plaire de ce déplaisir, elle me dit que je suis trop poilu, J. s’en agace, elle va trop loin, je lui demande si elle a un chat dans la cage, elle me dit non, c’est mon pigeon, nous réagissons, avec un air, justement, hébété, roucoulant, oui mon pigeon, il a dix ans, je l’ai eu à Marseille, J. veut s’approcher du pigeon qui, à travers la petite grille, lui donne un coup de bec.


J’envoie à J., la chanson de Johnny, l’envie d’avoir envie parce que, tout à fait, en moi, elle dépose ceci, retend en moi la corde que je croyais brisée, la renoue peut-être et la lie. Ensemble, aussi, nous tâtonnons, fixant tour à tour l’autre et soi-même - ce qui en nos cas, êtres si semblables, nous fait perdre quoi reflet quoi corps. 

11 juillet 2023

Sublime Passion Majestueuse

Mon rapport à l’engagement il arrive qu’il me gâche moi-même. Le dédire vaut, souvent, pire que la menace ou le refus haineux. Qui se rétracte donne prise, sur lui, à une déception difficile à compenser et moins encore - ce qui l’aggrave en vérité - en revenant sur ce retrait ; qui retire sa rétractation, au lieu de nous faire revenir au statu quo ante, double (ou quadruple ?) les effets déjà très délétères de notre première hésitation.
Aux demandes que l’on nous formule, jamais nous ne devons répondre un peut-être, un je ne suis pas sûr, mieux vaut, alors une franche réponse. Le Oui, ou le Non, qui, contrairement à ce que l’on croit, le refus, donne assez peu de place à, du quémandeur, ses arguments.

Le oui, par ailleurs, qui suit, une hésitation, un peut-être, une réflexion quelque part, faite à haute-voix près de notre solliciteur, au lieu de satisfaire celui-ci, l’encombre, son désir pourtant réalisé, au lieu de nous remercier de notre accord (mais céder est-ce consentir ?), laisse peser sur nous le coût de son attente, la fatigue de la bagarre. Dans la vie, l’important, dans l’échange avec les autres, c’est tenir bon, ne pas changer de cap ce qui, bien entendu, n’exclut ni souplesse ni adaptation. Comme le courage ne se confond pas avec la témérité, la souplesse ne se compare pas à la mollesse. S’adapter ce n’est pas renoncer et moins encore se soumettre. Je me souviens, je lisais un article sur deux basketteurs dont un autre commentait les caractères. Le premier, par nature, disait non mais finissait par agir comme un oui, le second, à l’inverse, toujours s’extasiait et acceptait tout mais réalisait peu. Le second, pourtant, était plus aimé. Il ne revenait pas en arrière, il avait de bonnes raisons, et le plaisir de son oui initial (comme la première impression souvent dure plus longtemps que toutes nos preuves) ne condamnait pas (avant longtemps, avant que l’on s’aperçoive que cette façon constituait un trait de caractère) la déception. Yan, jadis, agissait encore autrement - avec en partie de la sincérité - lorsqu’il voyait d’autres que lui s’atteler à une tâche il, le travail presque fini, s’exclamait, l’air désolé, mais vous auriez du m’appeler. Et, cet engagement rétrograde l’engageait dans l’acte collectif, il l’accomplissait de sa déclaration ultérieure et presque, nous honteux de ne l’y avoir convié, le célébrions comme le plus héroïque - puisque privé de la joie de l’effort il paraissait normal de compenser notre odieuse prédation. J’ai décidé, un temps, de ne plus dire que oui, ou un non ferme. La clarté simplifie la vie, le doute, l’hésitation, entraînent une certaine méfiance qui, en plus de peser sur la relation, obscurciront, aux yeux des autres, votre personnalité en entier. Dites oui. Dites non.

Ne revenez pas en arrière, allez de l’avant, ce conseil, les armées et les artistes martiaux, toujours, vous le formuleront - ordonneront ? y-a-t-il une grâce dans le dandinement ? ce pas qui hésite ? Non, assurément, allez, allez toujours, de l’avant, par l’avant, ruez, même, vous vaudrez mieux que le pas, trop prudent, qui s’éloigne ; si prudence vous commande, n’en sentez aucune honte, mais que prudence ne vous dirige qu’à l’avant de vous si vous ne ruez pas, avancez, débrouissaillez, mais avancez. Je disais, pour rire, ce qui ne la fît pas rire, que, les bègues créent le malentendu, la syllabe répétée ou celle retenue, engendrèrent, je lui disais, des conflits mortels, les millions de mort de la première guerre mondiale, un cri inabouti.

De façon identique il faut être économe de ses je te demande pardon, excuse moi etc quant aux choses dérisoires ou quand la culpabilité, incertaine, ou la faute mineure ou celle grave mais partagée. Parce que, d’en être trop dispendieux le cours en chute, leur faisant souffrir une telle inflation elles perdent en valeur, devenues monnaie de rien, nous paraissons, alors, plus fautifs que nous ne le sommes vraiment, nous aggravons, par ces excuses, le fait auxquelles elles se rapportent. Pire, même, l’autre, celui qui pour faute dérisoire ou partagée, reçoit des excuses se sent, de ce fait là, souvent moralement surélevé de les accepter avec réserves ou non. L’excuseur prodigue, revenant au foyer de sa faute, se reçoit avec fourche et pierres. De s’excuser beaucoup nous rend plus fautif encore, notre faute, détachée de notre acte, se mesure désormais à l’intensité du pardon réclamé et des excuses présentées. Moraux, excusez-vous, mais toujours avec mesure, n’attendez pas que ses excuses, par défaut, se voient accepter, ne le réclamez pas, n’insistez pas, et, surtout, ne tentez pas, à force de répétitions, de les faire accepter. Cette multiplication les anéantit. C., jadis, parce que je lui disais étendue de je t’aime, me reprocha d’en diminuer l’intensité par le répété infini ; ce à quoi je répondais, rhéteur génial, le rosier vaut-il moins que la rose ? Je ne crois pas, sincèrement, que le je t’aime se diminue par habitude, il perd de valeur, saveur et sève de devenir mécanique, comme le bisous avant de raccrocher, au téléphone, qui, forme plus tendre de cordialement, n’en est pas moins industriel.
Je tends à m’excuser moralement, d’abord, mais aussi, excessivement, ce qui est mal. Certaines personnes refusent, catégoriquement de s’excuser et, si, à force, ceci passe comme un défaut, avant l’insupportable répétition, ils ne sont comme jamais perclus de défauts - et se vivent ainsi. Une amie, pire que moi, s’excusait d’abondance, et, moi-même, conscient pourtant de ce que les excuses destabilisent les relations et faussent le réel et les rapports, me sentît, autant que je le vis chez les autres, pris par ce vertige de supériorité morale. Ce n’est pas bien. Pour autant ne cédez pas aux gestes infâmes de celles ou ceux qui jamais ne présentent d’excuses (je ne parle pas de M-A ici, qui, pourrait se reconnaître mais n’est pas concernée, son refus d’excuses, la concernant, ne repose pas sur le refus d’avoir tort, mais quelque chose de plus rare). 

Je dois ajouter, qu’en mon cas, parfois une sorte d’ivresse du pardon me prend, ne le répétant que pour le plaisir de moi flagellé, purifié par la douleur ou le mépris engendré. Mais cette ivresse est un plaisir et celui-ci fragile coûte cher, il déforme, aux yeux de qui reçut ces abîmes de pardon, son regard sur vous. Il vous verra, désormais, toujours la bouche foulée de ses pas ou, parfois, pire, la croira, moitié difforme de la botte et moitié difforme du mentir faux. 

 

là, de son je suis soûlée, je demeure fixe, devant l’ordinateur, espérant que de cette immobilité, quelque chose, quoi que ce soit, naisse, je lis V13, Carrère rapporte les témoignages des victimes des attentats du 13 Novembre - abusivement, souvent, on dit « attentats du Bataclan » omettant « les terrasses » - parmi ceux-là, ceux du Bataclan rapportent la viscosité chaude et malléable du sol et découvrent, après, quand leurs yeux se désembrument, qu’ils prenaient appui sur des cadavres, des montagnes de cadavres, qui, aujourd’hui, après les avoir soutenus, les hantent et les écrasent. 

Je mêle à ce récit, mon récit, ce livre qu’elle me prêtait, je le mentionne pour cette raison, je crois, tant mon analogie paraît démesurée et, diraient les pénibles, les « abrrrrutis » dirait-elle (abruti qu’elle prononce en raclant les rrrr, pour chaque r c’est le r de Rêche, de Roche, de Rude, mais, surtout, celui-ci, plus discret, miroir d’elle, de Ravissante)

 

 - je reprends, après -

 

(en même temps que j’écris ce texte, je reçois sur instagram un message de C., que je n’ai pas vue depuis longtemps, qu’elle nous adresse à V. et deux autres personnes que je ne connais pas, elle me rapporte les violences qu’elle subît et les conséquences, dramatiques, légales et psychiques, de sa relation récente. Son message me glace le sang, le noue, par l’étrange sensation, celle, sûrement, mixture de sensibilité et d’empathie, avec V13, mettant au loin, je crois, cette douleur, plaie superficielle, d’avoir, aujourd’hui déçu, blessure d’ego forcément, de se regarder soi imparfait, de se désoler, surtout, d’échouer, tentant de prouver, que la faille s’étend moins qu’il ne semble, et à force, d’arguments, prétendre, presque, que de faille il n’est point, au mieux, une crevasse. Ce message de C., me fend le coeur, elle qui, déjà, trop souvent, vécût les plus affreuses, éprouvantes, offenses. Des trucs que je n’écrirai pas ici parce que le détail, pour l’instant et à mes yeux du moins, relève du gratuit, de l’horreur pour l’horreur, ne s’offre pas, point de départ, d’une réflexion plus large. J’écris ainsi, à partir de, puis je déploie une pensée qui se trouvait dans les replis des événements.) 

 

Ce message me fait perdre le fil. De cette immobilité, dont j’appelais de mes voeux la sortie, jaillit ce message. Je ne veux pas être une gêne, je lui répète souvent parce qu’elle répète, souvent, que les hommes sont dans s(m)es pattes, alors, je tente, exemplaire, de trouver la bonne distance, en permanence, disparaître et m’effacer à temps. Echouant. Nous mimons, alors un autre que soi-même ce qui signifierait, alors même, que nous en soi, tel qu’en nous, ne serions qu’insuffisamment aimable. Pouvons nous durer ainsi ? Agissant de cette feinte perfection - impossible pour qui maladroit comme moi, définitivement fait de travers, mais c’est de biais ainsi que les profils bizarres dévoilent leur beauté la plus jolie - - celle-ci se maintiendrait-elle lorsque l’autre, assez convaincue, s’ouvrira à nous ? Feindre, exagérer, ce n’est pas duper, c’est vouloir, en mon cas, sincèrement, agir plus haut que moi. Perdant le naturel moi si déjà je vise une hauteur distincte de la mienne, étendant la colonne, profitant de ma souplesse, mais dans une direction éloignée de ma pousse naturelle, pour regarder dans les yeux, celle que j’aime(rai-s?-). Lorsque je la fais rire, fou joueur, du rire qui retrousse ses lèvres et fait tomber sur son nez ses lunettes - cassées - alors c’est moi tel qu’en moi ma lumière propre déviante parfois justement réfléchie par elle, là, comme avec personne, c’est moi qui suis moi-même, dans des profondeurs, je ne saurais dire, si, confortable, ou simplement, à ma mesure, personne d’autre n’y pourrait s’y étendre avec plus d’aisance. 

 

Ce texte, je tarde à l’écrire, son je suis soûlée, passe et s’efface mais, de l’écrire, encore, quelques heures après le début de son texte et son annonce, lui redonne de la vitalité, celle-ci, malgré le froid qu’elle passe à mes membres, s’estompera, bientôt. 

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10 juillet 2023

L'arpenteur

Parfois, parce que mon rapport au temps, comme je l’écris si souvent, me rend tout futur inenvisageable, j’aimerais vivre à perpétuité dans des instants, ceux de grâce le, disent les musiciens, sweet point.
Au parc Monceau, avec K., je connus un de ces moments là, ô temps suspends ton vol, qui, instant, recommençait souvent, durant une heure, décharges répétées, douces ou dures, tendres le plus souvent. Pour moi, je lui confiais, tous ces prénoms, toutes ces initiales répandues sur mon blog ne constituent pas seulement une façon de parler de moi, de revenir à moi, ces mentions, presque des invocations en réalité, affirment de qui je parle, leur donnent une texture, une solidité, celle des mots, peau véritable pour qui, poète, passe sa vie à se barbouiller de verbe. Si les femmes, surtout, se concentrent ici c’est que je passe le plus clair de mon temps entouré de femmes, parce que, le plus souvent, avec elles je me sens bien, mieux de ne me sentir pas le devoir de jouer un rôle ce qui pour, et c’est faire erreur sur moi, se perd en séduction, paraîtrait une contradiction. C’est que je ne séduis pas, j’avance peu de gestes, je tends rarement ma bouche, avec les filles, pas toutes, évidemment, celles dont j’aime l’odeur, la conversation, le regard et la petite dissonance, ce truc, comme une dent légèrement ébréchée dont on ne voit la fêlure qu’en approchant de près. Je cherche cette proximité, ce point de vue d’où l’on voit tout. Moi, tout entier livré, sans dissimulation, moi, avec la maladie, les efforts, les ratages, moi avec la superbe, aussi, la soie, les mains jointes suppliantes, moi avec le geste prodigue même les poches vidées - les nuits longues épuisent le salaire. Avec les garçons, l’ennui toujours finit par poindre, cette impression de devoir, sans cesse et toujours, me comparer, me mesurer, comme si toute conversation, y compris chez les gays - je ne connais pas assez d’hommes trans pour les inscrire ou les exclure de cette typologie - imposait une toise, un mètre, une balance, que, toujours, une évaluation, un contrôle surprise pouvaient surgir. Probablement que, beaucoup d’autres types, avec les filles, se sentent, parce que charmer, pour eux, signifie mentir et truquer, ce devoir de jouer pour commettre leur piètre larcin, une nuit de baise ou l’amour feint.
Ces prénoms ici m’accompagnent, à égalité avec moi-même, à K. je décrivais que, chacune, jalonnait ma vie, en figurait une étape mais aussi une partie du chemin, point autant que ligne, que seule leur empreinte - forme et largeur - la profondeur du sillon, les différenciait. Elles ne figurent pas des sortes de trampoline qui me permettent, à leurs dépends, de bondir sans arrêt hors de moi, elles me dédoublent, m’enchantent et, même, me gracient d’une peine sur moi, malgré moi, pesant. 

Il me souvient, alors, les truffes accompagnant les pensées, de moi, dans ces vérités révélées qu’offrent les psychotropes, soutenant auprès de Louis que nous pouvons choisir ou bien de creuser, dans le monde, une infinité de trous ou bien de se consacrer au forage d’un seul, que les deux, qui volage ou sérieux, qui séducteur ou éthique ; Johannes ou le juge Wilhem. J’ignore qui trouve le bien précieux, si toutes les profondeurs, à égalité, après un temps conséquent, recèlent de richesse (et si creuser en était déjà la richesse, la découverte des pierres singulières, de la matière inconnue, rêche, connue des seuls aventuriers des gouffres) ou si, à force de multiplier son geste nous apparaissent maintes pierres précieuses, éclats de vérité ?

L’instant, avec K., durait, se renouvelait, je n’aimais pas ce jour, la forme de mon corps, j’éprouvais envers lui une distance insupportable, le désir naissait, malgré tout, à l’intérieur de mes membres, et nous nous embrassâmes d’un doux, bon, profond baiser, ceux qui sentent la fontaine, la cascade, un peu la forêt après le passage des loups et qui abandonnent une goutte de peur et une mèche brutale. Il y avait ce côté, quand, ouvrant les yeux, au milieu du baiser, je la voyais elle, son visage au-dessus du mien, les yeux grands ouverts, scrutant, je me demandais qui voyait, alors, le mieux, celui qui, les paupières closes engendrent à l’infini le moment ou qui, prudente ou surprise, le regarde en train de se faire.

 

Temps suspends ton vol, je dis, ce moment si répété dans sa grâce, c’est par la découverte, lointaine, de son corps, ses hanches contre la main, une apparition, toujours d’une autre forme - belle, charmante - hors de la vision, de ce sens si fortement gaspillé, usagé à l’infini, dans la main qui serre et entoure, la pression plus ou moins forte à la taille, cette apparition, plus encore que par les mots.

10 juillet 2023

Balthazar

Nous parlons avec J. d’organiser, pendant l’été, une longue marche - le syntagme m’évoque Mao, la révolution - elle me rapporte la quasi-tragique expérience de E. qui s’essaya, lui aussi, à ces longs dangers pédestres, parcourant, une petite bouteille de Vittel comme seul viatique, le chemin de Stevenson subissant les affres logiques de qui tente l’aventure si peu préparé, si mal armé, exposa sa vie à la mort et ne s’en sortit que de justesse, trouvé là par des randonneuses mieux équipées, elles prévinrent les secours qui le sauvèrent. J., me dit que, forcément, c’est un truc de mec, ces équipées hasardeuses, les risques démesurés pris, surestimant sa force tout en, avec plaisir, exercice de la bite et le couteau, s’exposer au danger pour jouir d’en triompher. Sur Twitter Léna, à la suite d’une étude qui le démontre, rapporte que, durant les randonnées ou toutes activités physiques au long cours où le danger règne toujours proche, elle ne connut la menace vitale qu’accompagnée par des hommes, ceux-là, surestimant leurs forces, continuant après les heures raisonnables à poursuivre la route ou pensant prendre à travers champ un chemin déconseillé à cause des trous de boue ou des serpents. Cet esprit téméraire des hommes contre la prudence des femmes permet, dans des circonstances moins…triviales, de découvrir de l’imprévu, d’entamer le normal, le connu, pour, par cet excès d’inconscience et d’ambition virile, inventer le monde. Ceci, cette témérité, associée, par accident et éducation, aux mâles, concerne, aussi, autant, surtout, l’optimiste, celui qui, par nature, diminue le danger et estime plus fortes ses chances que tout calcul diminuerait. Les inventions, comme les morts parfois, sont à ce prix ; les femmes, conditionnées à la prudence, à ce qu’on appelle, aujourd’hui, le care osent moins à l’exception de quelques êtres dégagées de ces déterminismes - de plus en plus je crois.

J., propose que, après un bref entraînement, nous suivions les traces de Péguy, nous rendant à Chartres, épinglant sur la carte des GPS, les étapes, c’est à dire, elle précise, des hôtels avec baignoires, seules à même de soigner ses jambes endolories par l’enfer. Je lui précise, pour avoir pratiqué assez la randonnée et connaître de plus habiles que moi, que, ce qu’elle évoque, une marche de plusieurs jours, avec entre 20 et 30 kilomètres chacun d’entre eux, blesse les pieds qu’importe les bains ou les capsules de cryogénisation mises à notre disposition. La marche blesse mais, par bonheur, après le deuxième jour comme me le disait l’ami tchèque capable de marcher tout un été (à ma plus grande incompréhension), lui aussi, malgré l’expérience, connaissant les diverses blessures, la sensation de la douleur disparaît. Les exilés, quant à eux, marcheurs éloignés forcés de leur terre d’origine, ne perdent jamais leurs ampoules au coeur et, toute la vie, souffre de cette longue distance parcourue. 

Nous regardons ensemble les petites randonnées en région parisienne, ces GR accessibles par le RER, mercredi, peut-être, selon ses disponibilités, nous amorcerons nos premiers essais.
J., après l’apprentissage, après Péguy, envisage aussi une autre marche, plus longue, avec un âne, pour rire je lui dis que, chacune des aventures, déjà, grâce à ma compagnie, comprend un âne et, aussi, par la sienne, une mule (ou du moins sa tête). Enthousiaste ça ne coûte que 850 euros par personne âne compris, somme que je ne trouve pas pouvoir, si légèrement, être précédée de la préposition limitative et heureuse que. Elle ajoute, interloquée, c’est le prix d’Hydra. Je préfère Hydra, la Grèce, les souvenirs de Léonard Cohen, tant pis pour Balthazar (l’âne déjà nommé). Elle admet, aussi, préférer Hydra, se prenait surtout à rêver de, cette année, débarrassée des couillards comme elle appelle ses exs et de façon plus générales les êtres qui l’encombrent aujoud’hui ou au passé, dont les goûts n’allaient qu’aux hôtels de luxe et au confort, profiter de ma souplesse en tout - être le plus gentil - pour tenter d’autres expériences. De les lui offrir, déjà, en rêves et en possibles, vaut, probablement, déjà, un âne. 

7 juillet 2023

a

mai 2023 archives

 

Le flux de conscience, je me demande si, abandonné lui, dans sa forme, disons primitive, lorsque j’écrivais, par exemple mes, poèmes minutes, révélais-je, alors, les pensées, le langage inadmis ou, cette expérience ne produisait un propos que lié à la situaiton 

 

Le café du père Tanguy, sur la place Toudouze, juste en bas de mes fenêtres, incarne parfaitement l’idée de Pigalle devenue SoPi. Le lieu est joli, élégant, raffiné, même. Le motif des chaises en (faux?)osier s’accorde à la couleur des tables, un beau vert émeraude ; accord répété sur les parasols et la carte, redoublé par la végétation qui s’échappe de pots situés en hauteur, entremêlés à des cages de chanvre où les lampes projettent une douce lumière orange.
Il existe, à Paris, de nombreux lieux en toc, qui se donnent l’air, ces restaurants qui ajoutent quelques poussières de paprika sur le poulet surgelé, les petites billes de sauce au chocolat sur la Tarte Tatin industrielle. Le Café du Père Tanguy ne correspond pas à ces lieux là, il ne correspond pas non plus, à ces endroits qui imitent, le cool, le contemporain, le moderne. Ce lieu, au final, ne fait pas semblant, cependant il dupe. Sa profitabilité limite son élégance, sa mauvaise foi et sa truquerie, il la tire de son bilan comptable. Ils servent le café dans d’élégantes tasses au liseré doré, à la soucoupe d’une couleur chaude et cassée (tasse couleur veine, souscoupe jaune aujourd’hui), au-delà des apparences le café à 2,5 euros (prix moyen du quartier) ne vaut rien, le comptoir richard qu’on ne sait être du café qu’à l’amertume qu’il dégage. Le café résume le lieu qui, lieu, ajoute sans cesse à la réalité de ma description. La carafe d’eau imite les cruches à vin de l’antiquité romaine. Les cocktails vous parviennent dans les verres - le contenant - propres à satisfaire les barmans les plus exigeants. L’alcool employé, quant à lui, appartient à ceux sans saveur, grand public, malgré le prix, pourtant, des cocktails égal à celui du Sister Midnight où la création côtoie le luxe.

7 juillet 2023

(avril)

avril 2023 : je publie les textes écrits il y a longtemps, il s'agit d'archives

 

Lorsque je suis, récemment, entré dans la pire crise de mon existence, après avoir reçu, de certains, un soutien celui-ci s’est étiolé parce que, un mois durant, et pas davantage, un mois terrible, certes, mais un mois seulement, la rage habitait mes mots sans jamais rejoindre ni mes actes, ni mes gestes. Entre dire et faire il existe, souvent, un pont, en mon cas, ce pont, j’en coupais les cordes.

A longueur de pages, j’écrivais, pourtant que dire prévenait le faire et tout le monde entendait, en ceci, une menace, tandis qu’épuisant, verbalement, l’éventail des possibles atroces, je les expulsais de moi, leur rédaction valait, justement, absolument leur neutralisation. Or, tandis que, pourtant, l’abstention réelle eût du témoigner en ma faveur, tout le monde s’exclamait que, non, définitivement, avoir dit, déjà, c’est avoir fait. Comme si, dans l’état de crise qui me parcourait, cette épilepsie de la raison, me retenir moi moi-même, seul moi me retenant, n’épuisait pas mes forces et, plutôt que de m’attirer les récriminations, eût du appeler les félicitations soulagées de ce monde qui me conspuait.

Je le répète, encore, le catalogue de nos inactions n’est pas celui de nos ambitions, les écrire les nie. Il ne me restait que ça, parce que, je me retrouvais face à des décharges gigantesques d’injures et de mensonges et, personne, plus le temps passera, ne pourra le nier. Personne.

Il me semble, pourtant, que cette barrière étanche édifiée entre ces deux façons, dire et faire, m’élevait, que son érection me coûta une énergie folle, il me fallût trouver assez de satisfaction dans l’expression verbale qui, rappelons-le, demeure mon art, pour me distancier de tout acte concret. Qu’on ne me rapporte pas la performativité d’un dire, parce que, je vous assure, dire que l’on aurait pu casser la gueule d’un type et effectivement la lui casser fait autrement mal au nez.

Au pire, vous eûtes à en souffrir l’exposition publique de vos noms sans, jamais, qu’aucune publicité n’exista, AUCUNE. Je ne nie pas l’angoisse éventuelle que certains ressentirent, je leur dénie, par contre, le droit de se dire harcelé quand je subissais des déferlantes de haine. Encore, lorsque j’écrivais je n’ai payé aucune régie pour accroître le trafic de mes pages, je ne menaçais pas, je répétais que, vraiment, je me contenterai de ça. Vous preniez un engagement pour une prétérition.

Des choses insupportables, la primeur d’autres récits me blessa, ils gagnaient en raison de se voir exprimés les premiers et, pourtant demandant parfois que leur existence demeurât exclusive aux interlocuteurs, furent répétés. Tout déplacement, la poésie nous l’apprend déjà, change le sens et l’altère.

J’apprenais de nouvelles choses terribles, la première, douloureuse le chantage au suicide. Comment, celui qui faillit effectivement se tuer, qui porte ça en lui depuis sa naissance pouvait le mettre réellement en jeu.

L’autre, tout aussi triste, voulait que je vivasse mal la rupture tandis que je vivais mal l’abandon et la trahison, qu’importe les motifs, aucun, à mes yeux ne les eurent pu justifier. Aucune raison, à mes yeux d’escatologue, ne pouvait tenir.

Comment pouvais-je, par ailleurs, vivre mal, quelque chose qui ne me fût jamais, en soi, annoncé. Le deuil pour, commencer, par un certificat de décès. Cette faute, pourtant, n’entraîna aucune excuse. Depuis le départ, pourtant, je n’avais besoin que de ça.

Lorsque L. ou Y. me demandèrent si je voulais rester avec Marie-Anaïs après ses errances, je leur répondis, sans peine non. Sans acter, ici, le rompre, qui ne peut exister sans, disons, concile. Ce me rendît d’autant plus insupportable ce je ne supporte pas la rupture, parce que ma révolte se situait ailleurs, que la fixer sur la rupture empêchait de penser le reste et une éventuelle culpabilité ; cette réflexion ne réclamait pas une condamnation, elle réclamait, comme tu me l’exigeais des mois, une méditation franche et douloureuse. Tu ne t’y essayas pas. Comment pouvais-je le voir comme autre chose qu’une fuite. Qu’une trahison de plus. Je cherchais à réaccorder le réel. J’y avais droit.

Je ne supporte pas les rumeurs, les paroles rapportées et déformées, je ne supporte pas le dédit et les justifications de celui-ci. Je ne supporte pas, aussi et surtout, que, si un mois, je devins fou, encore, il ne s’agissait que d’un pauvre mois quand, dans la figure, je me prenais un tel déchaînement, que j’en mourus, littéralement et que, ce mourir, se voulait aussi soulagement des uns et revanche contre les autres. J’ai craqué un mois. Et, vis-a-vis de Marie-Anaïs, j’ai compté, dix jours au maximum. Sans reconnaissance, jamais, de ce que je me pliais à toutes ses exigences. Ni pardon, de sa part, de n’avoir su leur accorder, alors, la dignité que je méritais.

Les violences psychologiques prennent des formes diverses. Le silence et l’évitement, ne provoquent pas moins de dégâts que le cri. Le second subit seul les admonestations en raison de son existence publique. Nous ne condamnons que ce que nous voyons. La parole du fou, à cause de ses exagérations réputées, ne vaut rien. Je ne m’en fiche pas. Je ne m’en fiche pas parce que, voyant les réactions autour de moi, parlant aux gens, je me rends compte de ce qu’un récit unique et exclusif s’est désormais installé. Le tien. Lorsque je mettais en lignes nos échanges il s’agissait, pour moi, de montrer que, oui définitivement, tu avais bien dit ce que tu avais dit.

Marie-Anaïs, lorsque je lui exprimai que la disqualification qu’elle faisait subir à mes propos à cause de leur violence, s’apparentait à celle subie par une femme déclarée hystérique, elle se révolta disant c’est moi la femme donc c’est indécent, or, l’analogie reposait sur ce que, ici, le fou, puisque cet état m’était rappelé, se voyait renvoyé à sa condition de fou, disqualifié par elle.

 

Je garde profonde amertume de ces faits, de ces paroles rapportées, de l’absence totale de considération pour un être, qui en quelques mois, vît, son monde s’effondrer, ses liens avec le réel se distendre.



(R., la seule fois où le dire - et ce jour là je n’avais pas dit justement - allait se changer en faire, l’en empêcha. Tout ce que je savais, à ce moment là, je le connaissais de M. ou de A.).


7 juillet 2023

histoire de la violence

Je me souviens de Guillaume, en 6e1, qui, pendant les pique-nique, choisissait toujours, après le premier, des chips saveur bacon, pour éviter que Mohammed, surtout lui, n’en demande et de devoir vivre avec la pression du refus, l’insistance de Mohammed. Cette stratégie, en réalité, eût pu s’avérer inefficace si la nomination bacon n’excédait pas la réalité matérielle - jadis - de ces chips qui, en général, ne contenait pas une once de porc. Guillaume, j’y pense, est le premier garçon que j’ai blessé en le frappant, j’ignore, le motif, je me souviens que nous nous tenions dans la partie boisée de la cour de récréation, que quelque chose avec Alexandra se déroulait, et que, serrant mon poing, je l’abattais sur le front de ce garçon bien plus grand que moi. Il en résulta une énorme bosse sur son visage, et, après un bref échange, il me précisa je te dénoncerai pas. Je ne me souviens pas des exactes circonstances qui retinrent sa délation, je sais, par contre, qu’il ne s’agissait pas de la peur. Il me tenait, je crois, et ce coup me servit à me défaire de son emprise. Je sais que je l’ai frappé, avec le poing, parce que je voulais connaître ce que ça faisait. Plus jamais je ne frappai quiconque au visage, si, depuis, je me suis battu de nombreuses fois, il s’agissait plutôt d’empoignades et de bousculades, violentes, parfois mais qui n’attentèrent jamais à la face. Ou bien, alors, seulement, dans cet art brutal, du krav maga, mais, jamais mon poing nu ne s’abattît sur aucun visage. La sensation, d’alors, ne m’a pas quitté, la résistance du front, le choc sourd des phalanges. Ce coup, j’ai détesté le porter. 

 


Je liste, ici, les ingrédients des chips carrefour bacon : 

 

Pomme de terre déshydratée 52%, huile de tournesol, amidons (blé et pomme de terre), sirop de glucose, farine de riz, sel, dextrose, arômes, émulsifiant: mono - et diglycérides d'acides gras, huile de colza, paprika, oignon en poudre, ail en poudre, arômes de fumée, colorant : extrait de paprika.

 

Je me demande quel est le statut jurisprudentiel, de ces aliments présentés comme contenant du porc et n’en contenant pas. Si en Islam, sans contrepartie rédemptrice, la consommation involontaire ou par méconnaissance d’un aliment illicite, n’entraîne aucune sanction est-ce que, en miroir, la consommation d’un aliment réputé et présenté comme impropre, doit être, à ce titre considéré comme tel, indépendamment de ses qualités réels ? Un interdit putatif pesant sur l’aliment ?


En droit français, par exemple, dans son aspect théorique du moins, la vente d’une substance présentée comme stupéfiante et qui ne le serait pas en réalité est sanctionnée de la même façon qu’une substance classée à ce titre. Ainsi, pourrait être jugé pour trafic de stupéfiant celui vendant des fraises tagada en les présentant comme de l’ecstasy. Gérald Darmanin et ses troupes, d’ailleurs, démantelèrent récemment, un trafic de fraises tagada pensant abolir un trafic d’X, qui, hélas, ne permirent pas la protection de la jeunesse, mais satisfît Haribo ravi de voir cette concurrence déloyale s’achever. 

 

Ainsi, certaines substances consommées pour leurs effets psychotropes sont vendues, sans que l’acheteur ne soit dupe, bien au contraire, comme de l’encens. Il en allait ainsi, du moins dans les années antérieures, de la sativa, herbe à fumer, ou plutôt, lorsque vendue à par-fumer. 

 

Puis-je, musulman, consommer, sans faute, un aliment qui imite le porc sans en contenir si je sais cette absence ? Ou bien, la présentation domine la réalité, comme si, celle-ci, portait un risque trop grand. Existe-t-il, alors, un principe de prudence, excédant, une stricte lecture des exégètes musulmans ? Se donner le plaisir de l’arôme porc c’est déjà s’engager dans la voie du péché, les vegans, eux, ne souffrent pas de pareils complications, leurs produits qui dédoublent (viande, nuggets etc) les aliments animaux servent, en effet, à compenser la perte de qualité de vie qu’induit leur éthique. C’est que, en ce cas, le vegan est le seul à choisir son éthique tandis que le musulman, lui, se soumet à une croyance établie par d’autres, une vérité absolue qui n’admet, sous peine de l’enfer, aucune contradiction.


Je pense, continuant sur ce registre, à Tristan, en 4e2 qui, las de donner, sans recevoir, élève trop parfait, des copies doubles pour les devoirs sur table, les proposait à la vente. J’ignore si cette initiative lui venait en propre ou si ses parents l’encouragèrent pour ne pas dire l’y contraignirent ? Il me semblerait toute fois curieux qu’un adolescent exprime, auprès de ses parents, son immense frustration de donner sans fin des copies doubles à ses camarades. Je crois qu’il indiquait, aussi, sur son bureau, sur une feuille de papier (se la paya-t-il ?) dressée en pyramide, comme lorsque nous affichons, au début de l’année, nos prénoms pour les faire plus vite apprendre à nos profs, n’être pas distributeur de copies ou quelque chose de cet ordre.
J’imagine, il est vrai, l’immense lassitude de se voir, sans cesse, interpellé à cette seule fin.

Je rêve, souvent, quant à moi, de rapporter à ma mère le harcèlement scolaire violent dont je fus l’objet au cours de ma scolarité et, surtout, en 3e8 à Passy, interne, en ce temps là. La déformation, comme je l’écrivis, des résultats scolaires autant, surtout, plus grave, du rapport aux autres. Un manque de doigté, une forme certaine de brutalité. 

 

Je rêve, souvent, de cet aveu que je ne confesse au monde que depuis quelques années, depuis ce moment, à l’été 2019 où je me refusai, radicalement, au mensonge. Ce principe se délaie, évidemment, avec le temps, non parce qu’il s’userait au contact de la réalité, mais, bien entendu, parce que la vie, plastique et mouvement, nécessite toujours des ajustements. Comme je l’écrivais, auparavant à propos de Marine, un principe exercé radicalement porte, paradoxalement, sa corruption. Qui ne s’adapte meurt, voilà au moins une leçon de Darwin à ne jamais oublier. 

 

j’ai depuis confié à ma mère cette époque

Je pense, étendant, me souvenir de ce que Chloé me rapportait, quant à elle, n’avoir jamais eu à souffrir de harcèlement parce que, notamment, les personnes les plus populaires, s’y refusaient. J’admettais, jadis, comme possible son énoncé avant de me raviser, elle n’existe nulle part cette absence, elle est consubstantielle à tout groupe. Qui l’ignore ou bien joue l’aveugle ou bien, pire, participe au massacre. Je ne pense pas que Chloé y participait ou, bien sinon, par cette abstention, qui, reconnaissons-le, y contribue.

De Chloé, c’est bien la chose curieuse, encore, qui me remonte ici, je ne comprends pas le blâme, au point, à force de tourner dans ma tête nos conversations, imaginer qu’elle me confonde avec Pierre-Adrien dont elle mJ’ignore s’il s’agît, alors, d’une sorte de principe mis en oeuvre aujourd’hui, pour mal me colorer ou m’assimiler à Pierre-Adrien, j’ignore, aussi, si, considérant son âge d’alors, elle refuse toute entente possible. M., pourtant, peut confirmer, qu’à ce sujet elle me mentît. 


Je m’interroge, vraiment, à cause, aussi, de ce que trouble toute résolution de ce qui aujourd’hui compte, compte vraiment.

Si de Margot, il s’agit, bien entendu d’une revanche des deux mots qui la hantèrent pour la vie, et, quoi qu’injuste, est au moins intelligible. Disons, qu’avec elle nous sommes à 2-1 en sa faveur. Sa volonté, très cruelle d’adultère, ma réponse des deux mots, aujourd’hui son attitude.
Je me souviens, aussi, des excuses que je lui présentai, en 2014, à ce sujet, à cause de la disproportion entre ce que je souhaitais faire et ce qu’elle endura. Je me souviens, aussi, qu’apprenant alors ma relation avec Marie-Anaïs, me demandait de l’embrasser de sa part.

J’ignore, aussi, de quoi il en retourne totalement, in fine, alors, son copain, suivant, avec lequel elle souhaitait me tromper, et au final, pour qui elle me quitta, la ruina à peu près dans l’appartement qu’ils occupaient ensemble et dont elle assumait toutes les charges.

J’ignore, oui, vraiment, si, de leur part à elles, je ne me trouve pas comme le concentré, d’autre chose, le représentant, d’un mal plus général. Pourquoi pas, après tout ? Mais, demeurant un individu, et non un principe, il semble tout aussi normal de ce que je veuille me défendre.
Marine ou Esther, par exemple, appartiennent, aussi, à cette catégorie. L., lorsque je blâmais Marine - la faisant elle aussi représentante de toute la part injuste - me reprochait d’aller trop loin, que, toutes mes prolepses de menaces valaient quand même menaces.

Si, j’ai renoncé, grâce à R. (et je l’en remercie) à ce véritable projet funeste, il ne me semble pas incongru, d’aussi, expliciter, pour moi-même et le monde, les motivations de certaines qui ne correspondent pas seulement à la vérité. Que, j’en suis sûr, ces personnes doivent aussi, et pourquoi pas grâce à leur union actuelle, obtenir et réclamer la justice qui leur est due. Je refuse de porter sur moi, Marine, Esther, Chloé, ceux que d’autres vous firent. Parce qu’il est aussi question de ça.

Marine, par exemple, utiliserait, pour me jauger aujourd’hui, des actes très anciens, si elle peut considérer - je ne lui reproche en rien - que ceux-là trop infamants ne peuvent jamais être séparés de l’humain, elle ne peut pas, pourtant, nier celui que, maladroit, changeant, mauvais et bon, je fus aussi pendant ces douze ans. Parce que, quoi qu’elle dise, elle me vit changer. 

7 juillet 2023

lol

Pathétique jouisseur tu te jettes dans le feu où
tu crois trouver ta patrie toi fait sans rien retourne

à la cendre cadavre au trou perdu l’ascension 

plate tu ne démérites pas pourtant

 

au plaisir toujours pris écrivons

toujours prêtre

ces offices païens les mains 

marquetées les ridules petites

soi narthex comme le long

poème de celui fou bientôt

ou déjà tout en paresse la folie

avec lui impatiente le dévora 

de grandes bouchées dès

l’aurore 

 

pauvre feu où tu te jettes de bouche en bouche

tout est affaire de décor / changer de lit changer de corps /

à quoi bon puisque c’est encore moi / qui moi-même me trahis

cette joie brusque soudaine la main posée sur la taille la sensation

des muscles attachés aux hanches 

le grain de beauté s’agitant sur le sein au rythme de la respiration

 

tu ne démérites pas j’écrivis j’écris 

tu ne démérites pas tes doigts bougent

suivent tu ne sais plus quel chemin 

peu visible 

ainsi aveuglé tu le parcours quand même

la bouche sa forme taillée dans l’étoffe lointaine

 

pathétique jouisseur je me dis la bouche pleine 

à la table voyant au loin tous les désastres engloutir

puis il y a la beauté après bien après avant ou pendant même

l’orgasme

le grain de beauté

qui bouge comme un plaisir fuyard

au rythme de son souffle

4 juillet 2023

Onlyfans

 

En ouvrant Snapchat, je vois que S. a posté une story où elle redirige vers un linktree sur lequel je ne clique pas. J’ouvre rarement, sauf pour me cultiver quant à Bassem, cette appli. Nous n’avions plus, avec S., depuis plusieurs années maintenant, qu’une relation distendue et, regardant la date, nos derniers messages remontent à trois ans.

Je lui écris, elle m’apprend qu’elle vient de se marier que de justesse nous nous ratâmes parce que son voyage de noces en Europe la fit passer Paris qu’elle adore tant. S., vit aux Etats-Unis, à Atlanta, adore la France et les chiens, adopte les plus abîmés par la vie. Son dernier chien, j’oublie son nom, il me reviendra (je croyais me souvenir, j’allais écrire Chico, sans certitude, en remontant notre conversation WhatsApp, Chapo, il s’appelait Chapo), avait été abandonné et maltraité. Elle le recueillit avant qu’un cancer ne le dévore. D’abord une jambe puis la vie. 

 

S., m’émeut, je lui avais offert les poèmes de Carver et le paysan de Paris traduit en anglais. Nous conversons toujours en anglais, elle écrit de la poésie, que j’aime assez, peut-être à cause de ce qu’en anglais tout résonne miraculeusement. Cette langue est un instrument de poésie. Elle parle, pourtant, français. 

 

Elle me déclare que, sa famille is struggling, je ne sais, si en français, nous avons un équivalent pour décrire les galères financières. Si le sens précisément de ce mot ne tire pas sa couleur du rapport protestant, de destinée manifeste, à l’argent. 

 

Son linktree compte plusieurs liens, son snapchat, son instragram et son OnlyFans. La souscription à son OF coûte, je crois, 9,99e. Son Instagram, s’il lui permet de garder contact avec ses amis, lui sert avant tout de vitrine publicitaire, redirige, souvent, vers son OnlyFans, par ses stories elle laisse entendre des promesses de rapports virtuels, plus tard et ailleurs, contre autre chose que du temps d’écran. Elle propose, parmi les services d’être online 8pm-2am, pour discuter en français, anglais et espagnol, ratissant, par là, le plus large possible, l’important, pour son interlocuteur, demeurant, essentiellement, de s’exciter - érotiquement, amoureusement ou sensuellement - avec elle. Nous sous-estimons, de façon générale, le profil des clients des travailleuses du sexe, une part d’entre eux y recherche une forme complexe d’affection et d’illusion amoureuse, ce jeu de dupe s’entretient de chaque côté de l’écran, le rôle, ici, de la TDS étant de suspendre, au maximum, la crédulité de son client, de dissimuler à lui-même (se prenant aussi au jeu?) que le spectacle est bien un spectacle. Que, leur rapport se situe - quoi qu’en disent les théories de la domination - dans un équilibre toujours changeant, le pouvoir n’appartient pas toujours et définitivement à celui qui dispose du moyen économique, cette dépendance, parce que la TDS dispose de plusieurs clients, ne correspond pas à celle des maîtresses ou des lorettes, surtout, et les maîtresses ici, plus dépendantes, certes, plus puissantes aussi en disposent avec plus d’abondance, les TDS jouent, à leur guise, de l’amour, titre précieux, bien davantage monnaie que métal précieux, ne possédant de valeur que, exclusivement, celle qu’on lui agrée. La subordination économique, la première dépendance, se renverse quand l’amour, bien joué, c’est à dire, en quelque sorte, investi, s’étend irrésistiblement.

J’ignore si Sarah parvient, aujourd’hui, à produire ces formes de dépendance, ce qu’elle vend, marchandant sa personne, est du travail et pas de chirurgie, une ode au naturel (c’est à dire pas de chirurgie du corps tandis, qu’en réalité, elle s’offrit une rhinoplastie). Le rapport maintenu par ce biais là, celui d’Instagram entre elle et moi m’interroge puisque, par nature, je ne suis pas le destinataire de ses stories qu’elle adresse à ses prospects tandis que moi, son ami, ne les emploie, les stories, qu’à des fins phatiques, un moyen de conserver du contact, par des réactions, coeur ou flamme, et quelques mots parfois, donnant à ces stories une double dimension, celle du contenu - l’adresse aux clients - celle de l’usage abstrait et jamais déclaré des stories : maintenir le lien. J’emploie essentiellement Instagram à cette fin, maintenir le lien sans me lancer dans les laborieux ça va quoi de neuf haha. 

3 juillet 2023

Créma-torium.,

(samedi)

 

Complètement apathique, le corps penché sur la chaise du bureau, une pile Energizer, de travers, une seule, s’y tient immobile. La peinture de C., qui ressemble à un loup ressuscité par un nécromancien, se nourrissant de miasmes, les bijoux répartis, en désordre, la télécommande de la climatisation d’origine allemande (fabriquée en Chine), éteinte, le logo Suntec, le bouton rond, orange, de la mise en marche, la nouvelle lampe dont C. dit qu’elle ressemble à une lampe de vampire, j’ignore si les vampires s’éclairent à l’électricité ou s’ils préfèrent dans leurs châteaux des Carpates le charme désuet des bougies et des chandeliers, la base de la lampe est ronde, je ne sais quel métal la forge, la lampe, plutôt petite, pèse assez lourd, depuis sa base le métal s’affine en une fine tige simulant une branche, deux feuilles taillées grossièrement, inamovibles, y poussent — ont fini de pousser — puis la branche se recourbe et plonge, alors comme un entonnoir renversé, l’abat-jour, jaune et transparent, prend la forme d’un polygone aux surfaces clairement délimitées, à droite et à gauche, deux petites pierres rouges, transparentes, comme une goutte de sang figée ou des rubis — du sang ou des pierres chères nous ignorons quoi le plus précieux — des veines entourent les pierres de quatre côté donnant l’illusion de les tenir et non que ces pierres sont serties, le téléphone charge sur l’ordinateur avec le câble USB-C, mon câble USB « normal » — parce que j’ignore s’il possède un autre nom — USB-B peut-être — mais que serait l’USB-A — malgré les promesses faites par Amazon, ne fonctionne plus, je ne possède pas non plus, radinerie quant aux choses que l’on ne devrait payer, comme les tubes de lubrifiant ou les capotes, de dépenser 30 euros pour ça, un adaptateur USB-C, 17h29 chargé à 92%, deux barres de Wi-Fi sur trois, les clés, celle de la porte parallèle au bureau, celle de la boîte aux lettres, plus distraites, un peu plus haut, le boîtier des AirPods, chargé, lui aussi, par le câble USB-C directement sur l’ordinateur, batterie à 75%, le MacBook Pro M1 possède une longue autonomie grâce à son architecture parfaitement intégrée, Apple conçoit, symbiotique, le software et l’hardware, comble de l’optimisation, en face de moi, une punaise enfoncée dans le mur, halo jauni, autour de son rond blanc, une page des Caractères, arrachée ou perdue, la carte postale envoyée par Julia de Cuba, où, elle reproduit par dessus la photographie que je décris : l’écran d’un iPhone, 22:42, mardi 23 août, 37% de batterie, la petite flèche qui signifie que la localisation est active, les 5 barres du réseau CUBACEL, le petit trait, en bas, qu’on doit balayer vers le haut pour déverrouiller le téléphone, l’icône, en bas à droite, de l’appareil photo, la carte tient par deux stickers GL, des Galeries Lafayette, quand j’y achetais mes gants en daim gris, perdus dans le RER A depuis, un jour que j’accueillais les Airbnb de Mehdi, un couple de russes, en venant de chez Marie-Anaïs, le chapeau Stetson, conservé, poussiéreux, sa plume perdue, si charmante pourtant, ce couple russe qui, pour commenter leur séjour dans la chambre de Mehdi, écrivirent — lui surtout — que c’était l’appartement de bachelors — ce qui agaça Mehdi, le maniaque, parce que, surtout, je m’étais déplacé, le jour de la perte des gants, pour aider ce couple à solliciter un médecin anglophone ou russophone pour la femme russe qui se sentait malade, il y a longtemps, au début de 2017, avant que l’on soupçonne toute toux d’être mortelle, je finis le texte avant mon départ, au café en bas de chez moi, puis je quitterai Paris, la tasse jaune et ronde, son liseré dorée, le café tout bu, la tache sombre, au fond de la mousse — crema disent les italiens — séchée, la soucoupe rouge, le sachet de sucre jamais ouvert sans sucre je dis toujours à cette propositon, pour accompagner mon café, le verre, trop pettit, avec son faux-fond loupe qui donne l’impression d’un contenant plus grand, un peu, comme tout ici, paraissant mieux que ça n’est, la table verte où j’achève ce texte, tout est de bon goût ici, délicat et, comme je l’écrivis déjà, creux, sans vie, ici, ça ne sentira jamais la merde, l’iPhone posé, son verso fendu, à cause de la chute, dans l’escalier de chez Hannibal, samedi, ses escaliers glissants, parce que chaque marche alterne du carrelage et du parquet, ce qui, bizarrerie, me semble piège à tous les maladroits, c’est à dire à ceux qui, ethylisés comme moi, et élégants, en talons, l’ordinateur bientôt fermé voulez-vous vous connecter à l’iPhone de J., il me demande, pour pallier l’absence de Wi-Fi, je me connecte, pour poster ce texte

1 juillet 2023

INSEE

Puisque j’écris sans plan tout en m’animant d’une intention, mon récit s’éloigne toujours de la proposition initiale, écriture de digression, d’idées surgies, cet aventurier bohémien, marchant vers un emploi promis par je ne sais quel oncle d’une ville moyenne, distrait par l’insecte aux couleurs étonnantes, le suivant, prenant pour emploi, les chemins de traverse et les trous de verdure. Je rate alors le rendez-vous d’importance, celui concédé par pitié et devoir, créant de l’embarras.
Tout à l’heure je voulais écrire à propos de mon ex-belle mère qui, dans la rupture, constitue la plus grande consolation ; dans Eumeswil Junger, parlant des plantes venimeuses, classe, la mandragore, je crois, comme la seconde espèce la plus venimeuse après les belles-mères. Cette femme empoisonne les existences différentes, brutalise dans ce qu’elle imagine une rectification. Cette femme s’exprime par sous-entendus et double-sens qui ne dupent pas et, souvent, mêlent à l’embarras la colère. Elle possède le don de vous arracher vos moyens, elle touche des zones hésitantes en chacun, ces décisions, ardues et âpres, d’une vie différente de celle obligée et conseillée. Parfois, par épuisement, nous pourrions nous rendre à ses raisons ici, il ne s’agit pas de se rendre, comme je le disais à la morale de Marie-Anaïs que j’estime juste et que je peux choisir, qui me donne la possibilité - au prix de la dispute peut-être - de m’en détourner ; l’ex-belle mère, à l’inverse, commande une reddition sans condition, traité inique puisque ne dépendant que de sa raison, banissant le reste par un mélange d’injures et de disqualifications morales, de convocation de toute une masse spectrale — qui nous répugne au dernier degré — les jeunes collègues qui pour nous représentent plus ou moins de la brique sale. Nous discutions avec C., fille très riche, possédant un grand appartement dans le VIème, de ces pressions sociales, de ces vies, si peu enviables, gluantes et pathétiques. L’ex-belle mère, ne voit pas ceci, elle ne mesure la réussite qu’aux tranches d’impositions, aux statistiques de l’INSEE. Irrésistible Normalité Souhaitable Et Enviable.
Longtemps, parce qu’elle épiait ce que j’écrivais ici, et le jugeais — qualité consubstantielle de sa personne —  je m’abstenais, je me censurais, à son sujet, évidemment, sur le reste de ce que moi je vivais, oeil malfaisant de Sauron.

Lorsque le frère de Marie-Anaïs prospectait avant l’achat de son appartement, elle le mentionnait publiquement, sans que ceci n’intéresse personne, pour, par contraste, signifier combien Marie-Anaïs et moi ne correspondions pas, pensant, par là, nous anormalisant, tenter de nous redresser. Au mieux Elle dresse. Marie-Anaïs, longtemps, ne rétorquait rien à ces implicites parce que, le miracle de qui maîtrise vicieuse ces manières, permet, de se dégager, de prétendre que l’interlocuteurice a mal compris ; qu’elle est parano. Désormais, plus encore maintenant, Marie-Anaïs n’hésite plus à le signaler. A raison. Butée, auparavant, refusant de se rendre à sa mère, elle répond, désormais et contre-attaque. Elle se fait sa place. L’ex devra s’y faire. 

 

butée, marie-anaïs, propriété réversible, la protégeant des assauts trop violents et négateurs, lui empêchant, dans des moments critiques, toute remise en question, avec des conséquences, lorsque la tragédie exploite toute l’âme, excessives ou mortelles.

Je n’écriai (je voulais écrire écrirai) jamais à cette femme parce que, tout mot reçu de moi, qu’importe son fondement réel et antérieur à la rupture, se verra par elle disqualifié. Alors, je me permets ici d’élaborer ce théorème d’elle. Il y a deux ans, à la Norma, à propos de mon roman tortueux, où je souhaitais faire, comme conclusion, une place à Marie-Anaïs — c’est à dire à l’espoir — je n’omettais pas de mentionner l’ex — Marie-Anaïs bien moins ex que sa mère — qui ne pouvait voir en sa fille autre chose qu’un prolongement, comme si au-delà du seul patrimoine génétique, l’ex — désormais ex référera à l’ex belle-mère — elle partageait le même utérus, la même capacité de gestation et d’engendrement, un cordon ombilical, attaché pour toujours. Sa fille la continuait et la dédoublait ne mesurant pas, alors, combien par là, elle la torturait mincis, mincis, mincis, ai un vrai travail, trouve toi un autre mari (quelle ironie aujourd’hui). L’exx t ne vit que par injonction, son être commande, elle irradie sans, pour autant — amusant — s’espérer la place suprême, elle accepte son sort, j’ai un bon salaire admire sans l’envier Bernard Arnault, il valide son système, sa place, dans la hiérarchie, ne tient pas aux triomphes les plus purs, à la gloire ni même à l’espoir. Elle convoite un ordre qu’elle ne saurait définir puisque, mise à la question, elle ne cesse d’éluder, sans pouvoir jamais, pour autant, varier.

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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