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11 juillet 2023

Sublime Passion Majestueuse

Mon rapport à l’engagement il arrive qu’il me gâche moi-même. Le dédire vaut, souvent, pire que la menace ou le refus haineux. Qui se rétracte donne prise, sur lui, à une déception difficile à compenser et moins encore - ce qui l’aggrave en vérité - en revenant sur ce retrait ; qui retire sa rétractation, au lieu de nous faire revenir au statu quo ante, double (ou quadruple ?) les effets déjà très délétères de notre première hésitation.
Aux demandes que l’on nous formule, jamais nous ne devons répondre un peut-être, un je ne suis pas sûr, mieux vaut, alors une franche réponse. Le Oui, ou le Non, qui, contrairement à ce que l’on croit, le refus, donne assez peu de place à, du quémandeur, ses arguments.

Le oui, par ailleurs, qui suit, une hésitation, un peut-être, une réflexion quelque part, faite à haute-voix près de notre solliciteur, au lieu de satisfaire celui-ci, l’encombre, son désir pourtant réalisé, au lieu de nous remercier de notre accord (mais céder est-ce consentir ?), laisse peser sur nous le coût de son attente, la fatigue de la bagarre. Dans la vie, l’important, dans l’échange avec les autres, c’est tenir bon, ne pas changer de cap ce qui, bien entendu, n’exclut ni souplesse ni adaptation. Comme le courage ne se confond pas avec la témérité, la souplesse ne se compare pas à la mollesse. S’adapter ce n’est pas renoncer et moins encore se soumettre. Je me souviens, je lisais un article sur deux basketteurs dont un autre commentait les caractères. Le premier, par nature, disait non mais finissait par agir comme un oui, le second, à l’inverse, toujours s’extasiait et acceptait tout mais réalisait peu. Le second, pourtant, était plus aimé. Il ne revenait pas en arrière, il avait de bonnes raisons, et le plaisir de son oui initial (comme la première impression souvent dure plus longtemps que toutes nos preuves) ne condamnait pas (avant longtemps, avant que l’on s’aperçoive que cette façon constituait un trait de caractère) la déception. Yan, jadis, agissait encore autrement - avec en partie de la sincérité - lorsqu’il voyait d’autres que lui s’atteler à une tâche il, le travail presque fini, s’exclamait, l’air désolé, mais vous auriez du m’appeler. Et, cet engagement rétrograde l’engageait dans l’acte collectif, il l’accomplissait de sa déclaration ultérieure et presque, nous honteux de ne l’y avoir convié, le célébrions comme le plus héroïque - puisque privé de la joie de l’effort il paraissait normal de compenser notre odieuse prédation. J’ai décidé, un temps, de ne plus dire que oui, ou un non ferme. La clarté simplifie la vie, le doute, l’hésitation, entraînent une certaine méfiance qui, en plus de peser sur la relation, obscurciront, aux yeux des autres, votre personnalité en entier. Dites oui. Dites non.

Ne revenez pas en arrière, allez de l’avant, ce conseil, les armées et les artistes martiaux, toujours, vous le formuleront - ordonneront ? y-a-t-il une grâce dans le dandinement ? ce pas qui hésite ? Non, assurément, allez, allez toujours, de l’avant, par l’avant, ruez, même, vous vaudrez mieux que le pas, trop prudent, qui s’éloigne ; si prudence vous commande, n’en sentez aucune honte, mais que prudence ne vous dirige qu’à l’avant de vous si vous ne ruez pas, avancez, débrouissaillez, mais avancez. Je disais, pour rire, ce qui ne la fît pas rire, que, les bègues créent le malentendu, la syllabe répétée ou celle retenue, engendrèrent, je lui disais, des conflits mortels, les millions de mort de la première guerre mondiale, un cri inabouti.

De façon identique il faut être économe de ses je te demande pardon, excuse moi etc quant aux choses dérisoires ou quand la culpabilité, incertaine, ou la faute mineure ou celle grave mais partagée. Parce que, d’en être trop dispendieux le cours en chute, leur faisant souffrir une telle inflation elles perdent en valeur, devenues monnaie de rien, nous paraissons, alors, plus fautifs que nous ne le sommes vraiment, nous aggravons, par ces excuses, le fait auxquelles elles se rapportent. Pire, même, l’autre, celui qui pour faute dérisoire ou partagée, reçoit des excuses se sent, de ce fait là, souvent moralement surélevé de les accepter avec réserves ou non. L’excuseur prodigue, revenant au foyer de sa faute, se reçoit avec fourche et pierres. De s’excuser beaucoup nous rend plus fautif encore, notre faute, détachée de notre acte, se mesure désormais à l’intensité du pardon réclamé et des excuses présentées. Moraux, excusez-vous, mais toujours avec mesure, n’attendez pas que ses excuses, par défaut, se voient accepter, ne le réclamez pas, n’insistez pas, et, surtout, ne tentez pas, à force de répétitions, de les faire accepter. Cette multiplication les anéantit. C., jadis, parce que je lui disais étendue de je t’aime, me reprocha d’en diminuer l’intensité par le répété infini ; ce à quoi je répondais, rhéteur génial, le rosier vaut-il moins que la rose ? Je ne crois pas, sincèrement, que le je t’aime se diminue par habitude, il perd de valeur, saveur et sève de devenir mécanique, comme le bisous avant de raccrocher, au téléphone, qui, forme plus tendre de cordialement, n’en est pas moins industriel.
Je tends à m’excuser moralement, d’abord, mais aussi, excessivement, ce qui est mal. Certaines personnes refusent, catégoriquement de s’excuser et, si, à force, ceci passe comme un défaut, avant l’insupportable répétition, ils ne sont comme jamais perclus de défauts - et se vivent ainsi. Une amie, pire que moi, s’excusait d’abondance, et, moi-même, conscient pourtant de ce que les excuses destabilisent les relations et faussent le réel et les rapports, me sentît, autant que je le vis chez les autres, pris par ce vertige de supériorité morale. Ce n’est pas bien. Pour autant ne cédez pas aux gestes infâmes de celles ou ceux qui jamais ne présentent d’excuses (je ne parle pas de M-A ici, qui, pourrait se reconnaître mais n’est pas concernée, son refus d’excuses, la concernant, ne repose pas sur le refus d’avoir tort, mais quelque chose de plus rare). 

Je dois ajouter, qu’en mon cas, parfois une sorte d’ivresse du pardon me prend, ne le répétant que pour le plaisir de moi flagellé, purifié par la douleur ou le mépris engendré. Mais cette ivresse est un plaisir et celui-ci fragile coûte cher, il déforme, aux yeux de qui reçut ces abîmes de pardon, son regard sur vous. Il vous verra, désormais, toujours la bouche foulée de ses pas ou, parfois, pire, la croira, moitié difforme de la botte et moitié difforme du mentir faux. 

 

là, de son je suis soûlée, je demeure fixe, devant l’ordinateur, espérant que de cette immobilité, quelque chose, quoi que ce soit, naisse, je lis V13, Carrère rapporte les témoignages des victimes des attentats du 13 Novembre - abusivement, souvent, on dit « attentats du Bataclan » omettant « les terrasses » - parmi ceux-là, ceux du Bataclan rapportent la viscosité chaude et malléable du sol et découvrent, après, quand leurs yeux se désembrument, qu’ils prenaient appui sur des cadavres, des montagnes de cadavres, qui, aujourd’hui, après les avoir soutenus, les hantent et les écrasent. 

Je mêle à ce récit, mon récit, ce livre qu’elle me prêtait, je le mentionne pour cette raison, je crois, tant mon analogie paraît démesurée et, diraient les pénibles, les « abrrrrutis » dirait-elle (abruti qu’elle prononce en raclant les rrrr, pour chaque r c’est le r de Rêche, de Roche, de Rude, mais, surtout, celui-ci, plus discret, miroir d’elle, de Ravissante)

 

 - je reprends, après -

 

(en même temps que j’écris ce texte, je reçois sur instagram un message de C., que je n’ai pas vue depuis longtemps, qu’elle nous adresse à V. et deux autres personnes que je ne connais pas, elle me rapporte les violences qu’elle subît et les conséquences, dramatiques, légales et psychiques, de sa relation récente. Son message me glace le sang, le noue, par l’étrange sensation, celle, sûrement, mixture de sensibilité et d’empathie, avec V13, mettant au loin, je crois, cette douleur, plaie superficielle, d’avoir, aujourd’hui déçu, blessure d’ego forcément, de se regarder soi imparfait, de se désoler, surtout, d’échouer, tentant de prouver, que la faille s’étend moins qu’il ne semble, et à force, d’arguments, prétendre, presque, que de faille il n’est point, au mieux, une crevasse. Ce message de C., me fend le coeur, elle qui, déjà, trop souvent, vécût les plus affreuses, éprouvantes, offenses. Des trucs que je n’écrirai pas ici parce que le détail, pour l’instant et à mes yeux du moins, relève du gratuit, de l’horreur pour l’horreur, ne s’offre pas, point de départ, d’une réflexion plus large. J’écris ainsi, à partir de, puis je déploie une pensée qui se trouvait dans les replis des événements.) 

 

Ce message me fait perdre le fil. De cette immobilité, dont j’appelais de mes voeux la sortie, jaillit ce message. Je ne veux pas être une gêne, je lui répète souvent parce qu’elle répète, souvent, que les hommes sont dans s(m)es pattes, alors, je tente, exemplaire, de trouver la bonne distance, en permanence, disparaître et m’effacer à temps. Echouant. Nous mimons, alors un autre que soi-même ce qui signifierait, alors même, que nous en soi, tel qu’en nous, ne serions qu’insuffisamment aimable. Pouvons nous durer ainsi ? Agissant de cette feinte perfection - impossible pour qui maladroit comme moi, définitivement fait de travers, mais c’est de biais ainsi que les profils bizarres dévoilent leur beauté la plus jolie - - celle-ci se maintiendrait-elle lorsque l’autre, assez convaincue, s’ouvrira à nous ? Feindre, exagérer, ce n’est pas duper, c’est vouloir, en mon cas, sincèrement, agir plus haut que moi. Perdant le naturel moi si déjà je vise une hauteur distincte de la mienne, étendant la colonne, profitant de ma souplesse, mais dans une direction éloignée de ma pousse naturelle, pour regarder dans les yeux, celle que j’aime(rai-s?-). Lorsque je la fais rire, fou joueur, du rire qui retrousse ses lèvres et fait tomber sur son nez ses lunettes - cassées - alors c’est moi tel qu’en moi ma lumière propre déviante parfois justement réfléchie par elle, là, comme avec personne, c’est moi qui suis moi-même, dans des profondeurs, je ne saurais dire, si, confortable, ou simplement, à ma mesure, personne d’autre n’y pourrait s’y étendre avec plus d’aisance. 

 

Ce texte, je tarde à l’écrire, son je suis soûlée, passe et s’efface mais, de l’écrire, encore, quelques heures après le début de son texte et son annonce, lui redonne de la vitalité, celle-ci, malgré le froid qu’elle passe à mes membres, s’estompera, bientôt. 

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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