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31 décembre 2023

Pas que.

Courses de Noël, j’écris, Courses de Noël au lieu de dire du Nouvel An comme si un réveillon valait les autres que, le premier, celui de Noël, dominait les autres, en devenait le référent substituable à tous. Courses de Noël avec Jeanne, sur l’Avenue Mozart. Lorsque, des années auparavant, je me rendais rue de l’Assomption pour travailler avec J. et P., je m’arrêtais à Ranelagh, station de la ligne 9 située à une dizaine de mètres de l’appartement de Jeanne, je m’y rendais, alors, sans connaître son adresse exacte de nos contacts distendus à ce moment-là et la détestation plus ou moins nette et affirmée qu’éprouvait son mec à mon endroit. Un jour, je le vis, lui, qui ne me vît pas, marchant, élégamment, dans un joli pantalon rayé - que je trouvais joli - pour se rendre à la boucherie, je crois. Il portait, Jeanne me le dît après, un pantalon de pyjama, accentuant le chic pour lui humiliant (peut-être?) mon sens des élégances. 

Courses de Noël, je dis, maintenant, répétant la fête, faisant bégayer l’Histoire et l’année 2023, lui offrant une semaine, fictive de répit. Un faux espoir. Jour de grande joie, la matinée, un morceau de celle-ci, un double expresso au Bo-Zinc, Jeanne travaille à midi. A la boulangerie, une baguette tradition, une baguette aux céréales, deux tartes, une citron, une framboise. Puis, je disais, le Bo-Zinc, en attendant le retour de Jeanne. Ecrire, lire. Le double-expresso, ce bonheur suivant le premier bonheur, le café, le matin - mon matin plus tardif que celui de Jeanne - quand Jeanne m’interroge, je te fais ton café ? moi, toujours, oui, parce que j’aime sentir ses gestes dirigés vers moi, l’imagination déployée en moi où je compose, jusqu’à l’arrivée de la tasse chaude, ses gestes, sa façon, j’ignore l’ordre exact, la cuillère dédiée, en plastique, plongée dans le café moulu, le café déposé dans le filtre, le café poussé avec l’extrémité plate de la cuillère, l’ensemble installé sur la machine, le bouton tourné quand le voyant vert allumé signifie que l’eau est assez chaude, le tremblement de la machine, le bruit qu’elle fait parfum synesthésique. 

J’aime. 

Les emplettes aujourd’hui, ensemble, après que j’ai déposé les baguettes, la tradition et la céréale, sur le plan de travail et rangé les tartelettes au frigo, les deux étages descendus, un rire flotte, le boucher, pour commencer, deux tranches de cruauté à 120 € le kilo, le fromage, après, un dem-cheddar au whisky, dans sa coque de cire orange, un autre fromage, un chèvre mi tendre mi ferme, au nom bizarre, gribouillette ou une approximation de ce nom, une olivette, pour un chèvre frais coupé par le milieu pour y insérer une confiture de cerise ; le traiteur grec, pour le tarama, pas de saumon, hélas, et l’autre, à l’aneth Jeanne n’aime pas, le tarama simple du traiteur grec avec les blinis maison beaucoup trop cher, le reste, ensuite la Grande Epicerie j’eus voulu écrire pour le chic continu, Monoprix, parce que plus proche et mieux rempli, la bouteille de Ruinart à quoi Jeanne tenait et moi aussi en conséquence — j’aime suivre ses désirs, je lui disais, tantôt, qu’on ne changeait pas les gens que, si j’avais voulu, moi, imposer dans l’existence ou le couple mes désirs, ça n’aurait pas fonctionné, pas avec ma façon irritante de dire non ou de sembler toujours agacé — une autre de Laurent Perrier Cuvée Prestige, la même que j’apportai chez Guillaume, lors de notre dîner là-bas, avec Milana, puis, le reste, les oeufs de saumon, les florentines, les crackers pour les casse-croûte ce mot, lorsque Jeanne le prononce, me rend amoureux un peu davantage, le mot, l’expression, c’est l’heure du casse croûte puis c’est le dernier casse-croûte quand, trop ambitieuse, elle imagine pouvoir se priver du casse-croûte de minuit +, nous nous trouvons, en amour, surpris de ce que l’autre porte en lui de charmant et désirable, les grands yeux bleus, les seins et ce mot, cette entaille impromptue, casse-croûte. Qui demande des attentions, dans les placards toujours des biscottes (ou des crackers), du fromage dans le frigo, fondu, de préférence, frais — du Madame Loïk — lorsqu’elle compte ses calories. 

L’impossibilité pour Jeanne de dormir sans casse-croûte, ou, alors réveillée tôt par la faim, forcée de se mouvoir jusqu’au frigo pour saisir n’importe quel apaisement solide. J’adore lui préparer le casse-croûte, déposer sur la petite assiette deux biscottes recouverte chacune d’une tranche de fromage, passer le tout au micro-ondes, voir le fromage buller et savoir qu’aux extrémités il croustillera, voir, ou deviner, son air accompli. 

De la truite fumée. le grand cabas Monoprix, les chips à la truffe Jeanne j’aime trop ça, les torsades au beurre, qu’elle sort à l’instant du placard, j’entends l’aluminium qu’elle froisse c’est tellement délicieux elle dit, j’entends le crunch-crunch.

Au congélateur, les pains au chocolat Picard que j’adore à demi-cuits. 

Jour de grande joie, aujourd’hui, d’excitation, pas d’alcool depuis une semaine et avant, depuis 4 jours. Mois de décembre éthyliquement raisonnable pour moi, difficile pour Jeanne, mois affreux vécu par elle, qu’elle dépasse, grande force de caractère, pas surprenante pour moi, elle (prétendument?) étonnée. 

Bonheur, écriture, aujourd’hui, lecture. Retour des achats, des livres déposés, un Sagan et un Genevière Dormann Je t’apporterai des orages, ne connais pas l’auteur (je dis, masculin neutre, parce que elle, hussard, de droite, élite, respect des volontés et dispersion des cendres de la morte récente) écriture élégante, de droite, intérêt à la sous-Nimier sa page Wikipédia « un écrivain méchant ». Des photos sur Google Images, la classe, une façon de fumer, un grand regard bleu, une fermeté, ça ne se bouge pas facilement, une femme comme ça, elle sourit sur la quatrième de couverture, pas femme souriante au monde, pas souriante comme ça, un air de Sagan (en plus jolie), le port. Le charme ça fait vraiment tout comme Jeanne aime à dire en c(han)-i-tant Christophe. 

Corps agité, Sertraline baissée à 0,25 mg, divisée par 4 depuis notre amour, à Jeanne et moi, désir violent, qui monte, quand je la vois, hier, se déshabillant, avant de se glisser sous la couette sa couette couette à part, ventre, le mien, agité, papillons, aigles, guêpes ou frelons, qu’importe la faune, la dévoration, pourquoi non félins ou canidés, herbivores, lézards. 

 

J’ai hâte de ce soir, la bouteille ouverte, le minuit que nous deux au Troca, peut-être, Vendetta, après, ou Hannibal, ou nous. 

 

A voir. 

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30 décembre 2023

Le poème, un roseau.

 Lorsque, désormais, j’écris de la poésie — je veux dire des vers — elle s’expose violente, dure et rêche, jadis, amoureux de Diane ou, avant, déjà, amoureux de fictions plus spectrales encore, une tendresse naïve et douloureuse en ressortait. En ces temps là, si je me remémore convenablement, je souffrais d’emphase, mon écriture ne se vivait que portée, poussée, venue d’un souffle, pouvoir, jadis, assimilé et assimilable à celui du voyant, du chaman, dans les parages de la transe, dernier représentant d’une race en extinction, qui, elle-même, à son commencement, se prétendît une héritière d’autres mages. Ils commençaient, Rimbaud, Baudelaire ou Chateaubriand même une lignée qu’ils prétendaient perpétuer. 

Mensonge banal de qui, renaissant, se réclame de glorieux aïeux, aristocrates ou artistes, qui légitiment, aujourd’hui, un droit, un titre, un trône. 

 

je me dis, même, là, après coup, des années et des années après coup, suivant la longue interruption d’entre 2014 et 2017 où je n’écrivis presque pas, jusqu’à ce mois de meurtre lyrique, où je commettais la littérature en scandale — que certains crétins ne discernant jamais bien y lurent des aveux et des revendications quand à rebours je raillais une forme la mienne passée une outrance à dégonfler— je me dis (passé simple) le morceau célèbre de Rimbaud, « Un soir, j’ai assis la Beauté sur mes genoux – Et je l’ai trouvée amère. – Et je l'ai injuriée » et, de même, moi, avec le lyrisme (moi-même) pareil. 

 

Puis, je veux dire, hier nous discutions avec Jeanne de nos anciennes, jadis, cruautés, l’indifférence au monde, pour elle, la poursuite du plaisir, disait-elle, mot, aujourd’hui, qu’elle réprouve, parce qu’il sent les fluides organiques que, depuis toujours, l’écoeurent, moi, une haine, plus encore, justifiant tout puisque le monde, a priori, un ennemi, une torture, qui, parce qu’il me causait des souffrances, ne méritait de moi aucun égards et s’il me sollicitait n’obtiendrait de réponses et d’hommage que la rage. Aujourd’hui, ceci, que nous réprouvons cette ancienne colère, indifférence, cruauté qu’aucun de ces termes, exactement, ne recouvre, j’ignore s’il s’agit de défaut de langue ou de ma maîtrise parcellaire de celle-ci. Alors, ces choses-actes-egotismes, assis sur nos genoux, nous les avons trouvés amers et nous les avons injurié ; pour, aujourd’hui, regarder ces vies, ces tours, avec un effroi sans culpabilité, nous jonchâmes notre vie, l’apprentissage de celle-ci, de ce que nous pûmes, charnier et débris, sans manquer, jamais, y compris dans le tragique, de goût vers le sublime. Nous nous demandons parfois si, après l’amertume et l’injure, nous ne perdîmes pas aussi du sublime que celui-ci, pour nous, les gens de notre sorte, se couvre toujours d’une mince pellicule de sang caillé comme ces diamants ensevelis au Congo qui, mines, charnier aussi d’enfant. 

 

 

Ecriture que je craignais, récemment, de relire effrayé à l’idée du trouver quelque superflu ou autres manières tordues. Or, en ces temps, d’écrire constamment, je développais une aisance, les mots, dans mon souvenir, coulaient facilement et si, à distance, j’en vois les quelques trucages, excès, imitations imberbes, j’y découvre surtout un feu réel, une grâce, elle, aussi, en principe, venue de ceux bien nés. Je, à mon tour, naissait/s, de répéter le geste d’accoucher. 

 

Les poèmes que je tente de produire, aujourd’hui, simples ou complexes, ne relèvent pas ou rarement de ce style. Une gamme d’eux, intellectuelle, se déploie, que je poste rarement, cette poésie recherche, poésie-recherche, sans tomber juste résonne gravement, inutilement. Elle manque de simplicité sans compenser celle-ci par une évidente émotion, elle se traîne, presque, je posterai, plus tard, de ceux-là, ces enfants reniés, non voulus ou pas comme ça, avec cette sale gueule et merde c’est la sienne. 

30 décembre 2023

Coq de combat

le ? Octobre 2023 - continué 20 décembre - puis 24 décembre - puis 27 - puis 30

 

Hier, je marchais sous la pluie depuis chez Jeanne jusqu’à la bibliothèque Germaine Tillion, protégé par le parapluie Franprix orange qui pend au patère, parce que, le mien, payé 10 euros chez HEMA (racheté, depuis, entre les morceaux d’écriture de ce texte, le même modèle), je le perdis au changement de la ligne 6 à la ligne 2, sans, en réalité, passer de la 6 à la 2 parce que je me dirigeais du mauvais côté et, m’arrêtant à Pasteur pour prendre la 12, évitant, de justesse, négligence supplémentaire, d’opérer le changement à Montparnasse-Bienvenue où, si les lignes 6 et 12 y passent toutes deux, elles se trouvent séparées par une longue distance, parcourable à pieds ou nus ou à l’aide de tapis roulant automatique, de bringuebalements de valises, de stress de voyageurs et d’hébétude des touristes.

Dans ma marche (je pense, de ce verbe mouvement, à l’hymne autrichien, la marche de Radesky, changé, je crois, depuis par autre chose, maintenant les désirs impériaux patinés jusqu’au démodé) m’apparaissaient les (i)mages de **, le déploiement, tendre, de son existence dans la mienne, ce qui l’anéantissait, la dispersait, la rendant, elle, matière. 

 

J’écrivais, marchant, sous cette pluie molle, une qui ne tranche pas, celle, la pluie, précédant les batailles lyriques, cernant les duels mortels quand ceux-ci ne se déroulaient pas sans que le sang, a minima ne gicle ou, mieux encore, que la mort invitée d’envergure, ne s’étende, seules, aujourd’hui, les dites racailles, encore, conservent, le sens du duel, c’est à dire, dans la langue de l’ancien monde chéri, de l’honneur, que, dépourvus, sauf jours de massacres et donc non de duel mais d’expédition punitive, vendetta etc, d’instruments de morts, nomment, de leur corps, d’une partie de celui-ci, un tête, pour qualifier l’affrontement, la partie osseuse de la tête, le crâne qui abrite à la fois l’os le plus dur et le siège de l’intelligence, eux, les racailles, conservant l’honneur, le tête, un contre un, dans un lieu sombre, aux heures désertes, avec, témoins, des amis et, surtout ou parfois, la caméra, pas toujours, certes, pourquoi se priver, aussi de la gloire du vainqueur autant que du risque, César défilait, des années après l’écrasement des Gaules, dans son char triomphant, Vercingétorix, traîné à sa suite, comme moins qu’une bête, eût, aujourd’hui, le goût vain. Risque, quand, excédant le cercle minuscule des défis, la vidéo se retrouve entre les mains des enquêteurs surpris de ce que la vanité leur offre avec tant de facilité, la preuve et l’aveu, que, la volonté d’humilier même porte en elle la condamnation à venir, comme si les auteurs, ceux-là vaniteux, se pensaient vivre en deux mondes étanches, celui de leurs gloires et de leurs colères et celui-là séparé du monde légal, comme si en dehors, l’image, SnapChat, en dehors de la juridiction ordinaire, jouissant d’une extra-territorialité, followers et viewers viertuels, dé-citoyennisés, alors, plus sûrement, une suspension pour les auteurs de ces considérations, ne pensant ni ne pensant pas à l’impunité ou à l’incurie de la justice, agissant mus d’autres impératifs, le triomphe, la gloire, la virtualisation, étonnés, parfois même de ce que ceux-là, policiers en uniforme, juges en robe, vieux, blancs, connaissent l’existence de leurs plateformes comme si eux les inventèrent, comme si eux, qui en éparpillent largement, sans filtre le contenu, en assuraient une diffusion restreinte et confidentielle, comme, plus encore, dans la jeune et moins jeune génération, l’inconséquence quant à nos données, la circulation, fine, détaillée, de nos attributs individuels dont, pour la gloire, la haine, le risque, les violences en lignes ne constituent qu’une manifestation, aujourd’hui, s’en saisissant, PHAROS, surveille les contenus en ligne et, surtout, manquant en soi de moyens, Pharos, cette plateforme de la police virtuelle, se saisit après dénonciation, comme si les contenus criminels et délictueux, ne reprenaient leur épaisseur légale qu’après ce qu’un follower se transmutait à nouveau en citoyen où abolissait pratiquement cette séparation fictive, transmutant en contenu pénal un contenu que l’on croyait impalpable. 

 

Quoi d’autre, il ne s’agit que de ceci, d’autres formes des pugilats clandestins, à la fin, les combats de coq où pariaient toute la société, des éleveurs aux ouvriers, des propriétaires terriens à leurs exploités mal payés, seul lieu, peut-être, où récupérer le propre fruit de leur travail à eux, par le pari, par le hasard, obtenaient ce que le travail ou la loi ne leur offraient pas. 

 

 

 

20 décembre 2023

Des figues urées.

Sous le figuier celui aventurier tenait dans sa bouche une brindille qu’un jour il prît pour le maillet d’un juge et, ses arrêts, inflexibles tous, tout avant, il se les adressait, secouait, c’est à dire mordillait, l’instrument des sanctions, régulièrement sa langue se prenait dans la confusion de ses considérants et, au moment décisif du prononcé des conclusions s’empêtrait dans des contradictions susceptibles d’appel qu’il ne manquera pas de solliciter à l’encontre de lui-même, le figuier toujours intact, comme le pin égal à lui-même durant l’été, l’hiver et les inter-saisons, encore, ce figuier immémorial, à inventer dans le monde de l’extinction de masse, la sixième, ou au sein de celui des poètes, lui, aussi, l’aventurier, prenant racine, se confondait avec le sentiment unique de la mélancolie, ne vivant plus que dans les seules modulations de celle-ci pour l’imaginatif, le généreux et le cruel, ces variations porteraient d’autres noms, ici, nous contentons d’objectivité, nous maintenons ceci, l’aventurier mélancolique ou le juge et la guêpe, juge lui comme une figue toute pénétrée de la guêpe figée, une justice le mince habit rayé, un prisonnier bardé de jaune et de noir, une goutte de venin, ce juge, comme  l'amour captif, il, le juge, un père aussi, sous le figuier assis, un long été, une torture de chaleur, regarde passer son enfant, le sauvage à trois quart, l’engendré des fumigènes, le moyeu du cyclopède tordu, sous le figuier, le juge-père se condamne à l’exil d’un des titres il accole, sanction ultime, mauvais à ce titre rassis, né de l’héritage de faire naître, de père, sous le figuier, toute la mélancolie du monde, poussera, plus tard, serons-nous vivant encore, un arbre neuf, plus que la guêpe dans son cercueil de fleurs et son uniforme de bagnard, le grand végétal et, sereine, la culpabilité, sa vestale, une sève, les fruits seront amers et doux, un lointain parent des griots, les derniers conteurs, les seuls juges valables, l’ombre projetée du mancenillier, son fruit vénéneux, la tisane, tard le soir, du dernier des repos pour le dernier des repas, sous le figuier, le mythe d’un juge père et poète, assis, attendant, la résurrection d’un autre qui, pourtant, nulle part jamais, ne naquît, parce qu'il n'attendait, sort de chacun en vérité, que de lui la propre naissance, la seconde, celle de l'aveu enfin, délicat et douloureux, n'existe que sa carcasse, belle, la carcasse

15 décembre 2023

Mon-Mort

Passent, sur les pages de mes différents réseaux sociaux, des publicités évangélisantes, paix en christ, deux jeunes gens souriants, lumineux, sains, s’adressent à la caméra dans un français marqué d’un accent américain, trouvez la paix en Christ. Je me souviens, alors, de ce candidat républicain à l’élection présidentielle américaine de 2012, adversaire d’Obama avant son second mandat. Mormon de confession, riche de profession désormais, il sillonna, jeune homme, la France en vue de prêcher la parole mormone. Alors, devant ces jeunes gens américains s’exprimant en français, je me demande s’ils ne sont pas eux aussi mormons, je tape, sur google, le nom de leur Eglise Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours dont j’apprends, dès les premières lignes :

 

L'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours (en anglais : The Church of Jesus Christ of Latter-day Saints) est une église restaurationniste mormone fondée dans l'État de New York (États-Unis) en 1830. 

 

Nous supposons, toujours, devant ces formes de persuasion religieuse, parce que plus accoutumés à les voir, le zèle des témoins de Jéhovah, chrétiens, eux aussi, dont, comme les mormons, j’apprends qu’ils appartiennent à la tendance restauratrice qui considèrent que le christianisme peu de temps après la mort du Christ trahît son enseignement, trahison qu’ils nomment, la grande apostasie. 

 

Les commentaires, sous les publications Facebook des mormons, sont rédigés presqu’exclusivement par des africains évangélisés ou, plus rarement catholiques, dont l’adoration du Christ, surinvestie, leur donne des airs fanatiques. Ceci, d’ailleurs, inquiète au Vatican à cause de ce que, pour des raisons démographiques, les africains compteront pour la majorité des catholiques bientôt, inquiétude de ce que, plus conservateurs que leurs coreligionnaires occidentaux, ils tendent à violemment condamner les maigres avancées de la Curie quant aux droits des minorités sexuelles ou de genres. 

 

Parce que, souvent, je m’ennuie et, aussi, que j’aime enquêter par la pratique, sorte de poésie participative, j’ai rempli le formulaire de contact présent sur leur page afin d’être rappelé par les convertisseurs. Hier, dans le métro, je recevais un appel de Rachel, qui s’exprimait dans un français charmant et parfait, d’une voix jeune et enjouée, qui me demandait si, d’une part, je voulais recevoir les enseignements de Mormon, si, d’autre part, je souhaitais qu’un exemplaire me soit remis par des membres locaux de leur foi. Ce que j’acceptai. Je devais, aujourd’hui, recevoir de leur antenne parisienne, un appel pour organiser la rencontre, la journée d’aujourd’hui, peu propice, me fît manquer leurs deux appels, manquement que j’espère réparer prochainement. Pourquoi, eux, davantage que les témoins de Jéhovah ou autres fantasques fanatiques m’intéressent ? L’occasion, déjà, de ce que leur message me parvînt par la publicité et non comme un stand inquiétant posté devant une gare, d’autre part, et surtout, parce qu’ils viennent des Etats-Unis pour sillonner l’Europe avant d’y retourner, que je veux entendre leur français, leur appréhension de ce pays, leur façon de vivre, les fréquenter, avec répétition, pour saisir, un peu quelque chose qui m’échappe, qui échappe à tous de ce que, par trop souvent, nous les considérons avec dédain ou, plus souvent, les nimbons d’indifférence. Pour moi, ils constituent une porte analogue à d’autres portes sur un monde mystique, plus simple d’accès que d’autres plus protégés à l’entrée plus exigeante parce que, leur objet est de convertir le plus possible, d’accueillir le plus largement. J’ignore, encore, ce qu’il advient de ces jeunes gens, plus tard, je sais la religion mormone stricte et austère et les deux jeunes gens illustrent ceci. Mais je veux savoir. 

 

 

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14 décembre 2023

Asthme

Cette expression, souvent en usage, tu seras toujours que l’on adresse à des proches, souvent parents, plus rarement vieux amis, éloignés par les motivations de la vie. Qui, expression, signale, presque nostalgie, ce qui fut et qui, d’une certaine façon, trace davantage que ruine, demeure. La plupart ne mériteront jamais cette mention ni une analogue, moins phénotypiquement liée, ce c’était pour, au-delà de la rupture, amicale ou amoureuse, attester de l’absence de regrets que, après les douleurs naturelles qui s’en suivent, demeurent, surtout, une sorte de fierté ou de joie. Nous nous sommes appartenus, compris, entendus. Une seule chose peut le passé tout biffé, l’infidélité, Jeanne partage avec moi ce rapport au monde et aux relations. Jeanne et moi à sa suite — elle énonce, je reprends, me réapproprie, je lui dis, souvent, je t’imite en tout, et, parce que j’aime la provoquer j’ajoute, inutile et injustifié, le suffixe en mieux — nous tenons droits derrière, pour moi, soutien, mais, comme qui dirait, dissimulé, elle, plutôt, aux côtés. Leur devise, celle de M., son ex, et elle, toujours à tes côtés, toujours de ton côté, ce à quoi j’accrois, s’il s’agit, de, du moins, afficher publiquement ce soutien qui, dans l’intimité, ne dit rien des futures remontrances, si nous employions un terme de l’outrange - outrance et outrage mêlés en un seul mot. 

 

Si je frappe la plupart des entretiens d’une grande indifférence, bien davantage que de mépris, comme longtemps je l’imaginai, la colère point en un cas et unique cas : si je me sens trahi. Au-delà, même du déchaînement des foudres ou de j’ignore quelle expression intérieure, rattachée aux éléments antiques, l’autre n’existe plus que dans une grisaille indifférente. Qui me trahit ne meurt pas, qui me trahit n’a jamais existé, êtres frappés de nullité, cases creuses habitées d’un sentiment imprécis. Une odeur de pisse presqu’entièrement déjà dissipée sous les ponts de quelque grande ville latine. 

 

Il y a, en contre point à ces tu seras toujours un tu n’as jamais été. Rarement les êtres, heureusement, tombent dans la seconde catégorie. Je pense, alors, à tu seras toujours que, souvent, je voulais adresser, y compris — et peut-être surtout — après la crise, à Mehdi. Que je ne fais pas. Le lien, aujourd’hui, le seul me rattachant à lui, ce virement mensuel pour l’abonnement RED by SFR de l’appartement qu’un jour nous occupâmes ensemble. 

 

tu seras toujours. 

10 décembre 2023

118 218

Nous sommes, le plus souvent, jugés non à nos actes mais à l’apparence de ceux-ci. Pour compenser, à cause de ce que ma mienne apparence, c’est à dire mon attitude, aussi, mon air lorsque je discute d’évènements, de sensations, je mobiliser des éléments extérieurs et objectifs ou des témoins, de moralité ou non, ou, le plus souvent, archiviste maniaque, les échanges in extenso, que je peux avoir connu. In extenso pour éviter que, la partie adverse, ne prétende à une décontextualisation. Ici, je crois que souvent, c’est le plus tragique ces éléments, malgré leur indiscutabilité, ne suffisenr pas, les gens préfèrent se fonder sur leurs premières impressions et leurs préjugés. Cette phrase, odieuse, les preuves fatiguent la vérité, semble, depuis le départ de l’humanité, depuis le premier grognement devenu parole, depuis la réunion au coin du feu et les premiers récits mythologiques, en activité féroce sans connaître, jamais, de décrue. Ne dites pas la vérité, prononcez vous bien. Question de port et de réputation. Les deux, je les ignore.

 

Hier (déjà il y a deux semaines, textes toujours en stase), nous dînions à Meudon, chez G., avec Milana. G., critiquait, gentiment, Mehdi, d’une façon injuste parce que, lui aussi, Mehdi, concerné par ces apparences, souvent, qui ne le révèlent pas ou, du moins, pas au point que G. supposait. Il déplorait que Mehdi parlait de tout ce à quoi j’objectais qu’il ne discutait presque jamais de ce qu’il ne connaissait pas. Si G. a pu se créer cette représentation c’est que Mehdi, et je ne le juge pas comme un travers, mais comme une attitude au monde, prend souvent la parole d’autres, se réfère à d’autres. En ceci je veux dire que la sonorité de son propos pour qui a l’oreille fine - mais moins fine que le fin ne croit - tombe fausse parce que, justement, inapproprié.

 

Ce qui, contrairement à ce que Mehdi lui-même crût ne signifie pas qu’il ne dispose pas en propre d’une échelle de valeurs ou de convictions personnelles. Cette délégation lui évite des engagements superficiels mais, lorsqu’il les prend discursivement à son compte, leur donne l’accent du faux qui, je le disais à G., ne relève que d’un problème d’élocution pas de conviction. 

Mon frère, à la soutenance de Mehdi, lui prétendit qu’il était, désormais, sous la domination de Louise après avoir été mon assujetti. Au-delà de ce que je n’emploie pas cette terminologie de domination, puisque je ne pense pas, de façon générale, en ces termes, à l’exception, peut-être, de conflits armés ce que, je crois, malgré les étendues et frontières intimes de chacun, ne concernent pas nos rapports amicaux et sociaux.

Or, dedans, il y a quelque chose de vrai. Que le mot, domination, occulte tout à fait — en dehors même de n’appartenir pas à ma pensée, que ces mots, produisent un réel étranger à mon propos — Mehdi, longtemps — ce qui la dernière fois que je le vis, au Sister Midnight ne se maintenait plus — ne parlait plus en je mais disait — et ici, encore, heureusement, des Témoins, Milana, d’une part, F. sinon, G., aussi, un soir sur les bords de Seine — Louise pense, Louise dit, Louise a dit. Ce que je ne pris jamais pour de la domination, par ailleurs, qui supposerait une volonté contrainte, un exercice, de la part de Louise, d’une force verticale appliquée à un Mehdi peureux, répétant, asservi.

Ce n’est pas le cas, c’est le rapport de Mehdi aux paroles auxquelles il adhère. Ce constat ne le nie pas, ce constat ne le diminuerait que s’il devait penser, absolument, comme trop — moi non exempt, m’en éloignant —que nous formions dans le monde des unités autonomes et indépendantes, sans admiration jamais, que toute admiration, même, dissolvait l’être contenu dans le JE (le je totalitaire), cette chose supposément la plus précieuse. 

L’extrémisme de sa posture, alors, la rend agaçante, il est pénible de parler avec une tierce personne, absente qui plus est. Je déteste ceux qui convoquent une foule imaginaire ou rapportent des paroles prétendument dites au soutien de leur opinion. Comme il est insupportable qu’une rumeur nous soit rapportée tout le monde pense ça bidule a dit ceci. 

Mehdi, n’agissait pas comme ça, il ne convoquait pas Louise comme autorité générale et régissante du monde entier, il confondait sa parole avec la sienne, je disais, hier, à Milana, qu’il semblait la convoquer comme les paroles rapportées du Christ, un évangile. Prendre mon agacement pour un jugement, voilà la triste erreur, ici, Mehdi, sujet, me permet de penser quelque chose qu’il illustre, l’exemple, c’est à dire la saillance dans le monde, me révèle un objet de réflexion. C’est parce que Mehdi le représente comme exagération qu’il m’intéresse ici sans que Mehdi, jamais, ne se réduise à cet aspect de lui que, plus encore, je comprends ce qui donne à ses paroles cette forme qui, justification de moi à moi encore de crainte d’être incompris tandis que compris je ne le serai pas, semble le dépourvoir d’agentivité. Or, ce n’est pas le cas. De façon plus ou moins claire nous sommes inspirés, agis, habités par d’autres sans que, d’ailleurs, ces autres n’exercent cette action (la mécompréhension encore, quand Yannis en parlait à Mehdi de ce qu’il composait — je suppose — une Louise gourou active et volontaire. Sottises.)

 

Si je poursuis, ici, cette réflexion, c’est qu’elle excède largement Mehdi, qui, par sa radicalité — la radicalité de Mehdi — quelque part, me permet d’explorer une forme d’être au monde, que, extérieur à lui, je n’aurais saisi qu’en surface. 

Je me déplace en lui, mon exploration se situe sous le derme, expeauration. 

sous-peau

ésie.

 

 

Ce phénomène migre à travers lui, carte où se déploie ces évènements, prélevés, carottés donc fantasmés, pensés et conçus comme tels. 

 

De le déplacer ici, à travers lui, me permet de saisir, à moi, qui manque d’esprit de généralité —besoin de l’exemple pour découvrir la règle —le fonctionnement du monde. Mon cerveau, j’ignore pourquoi, paresse, ne s’active que lors d’une activité, d’un contexte. J’ai besoin de palpable, de chair, de tiers. 

 

Lire son prénom est déplaisant parce qu’on se sent trahi, mutilé, déformé que je ne suis pas ça, que bien entendu, écrire à propos de quelqu’un c’est si peu parler de cette personne. Ecrire sur quelqu’un c’est, avant, tout déclarer cette personne intéressante, singulière, âpre. Si tout le monde, à un moment de son existence, peut, quelques lignes ou initiales apparaître, s’y maintenir révèle l’intérêt, froid ou chaud, intellectuel ou sensible, à l’endroit de cette personne. Que, le plus triste, c’est toujours ignorer — ou croire prétexte — la réalité de ma tendresse, j’aime pour toujours qui j’ai aimé une fois. Lorsque je parle de ces êtres, la plupart du temps, j’en parle avec amour et, surtout, comme quant aux parents, je ne supporte pas que d’autres les critiquent. Je déteste entendre dire du mal de Mehdi de Marie-Anaïs et, même, étonnamment, de Marine.

 

Je m’appuie sur les êtres, mes souvenirs, les biographies pour produire mon monde et comprendre celui des autres. L’exposer publiquement ne vise jamais à humilier, insulter ou faire mal. Lorsqu’il s’agissait de Marine, Yasmine etc, publier palliait le silence imposé, entretenait une conversation qui, même fictive, me donnait accès à la réalité. Il faut comprendre que le silence, et les sourds en témoignent, les sourds d’avant l’abbé de l’épée, rend fou, délirant, idiot. 

 

Considérant le droit à l’expression comme fondamental, y compris le mien, je trouvais, là, un espace qu’on ne pouvait censurer. Le psychiatre, lui, préférerait que je ne sois pas à la recherche de justice. J’entends, moi, par justice, non pas la défense de mon intérêt ou la déclaration incontinente de mon immunité, mais l’application par les autres des valeurs qu’ils profèrent et des buts qu’ils visent. Je ne me permets au final que ce qui se déduit de leurs revendications. Il m’arrive, parce que la colère me prend, de déborder, et, aussitôt, de le reconnaître, d’en accepter, même, la remontrance à condition, évidemment, que celle-ci se place au juste endroit — c’est à dire décidée abstraitement hors des passions— sur l’échelle des sanctions. 

 

 

Je m’étonne, réellement, tristement de ce que des suppositions psychologisantes dominent, tout entières, des éléments objectifs, manifestes, répétés. Lorsque Romain me traitait de pervers ou de fou, faisant, passant par la folie, une sorte de concession purement formelle, un doute de cordialité auquel il ne croyait pas et dont il exprimait, d’ailleurs, la dubatibilité, il agissait, encore, de cette manière là, quoi que je pus objecter de réel, de fondé, d’archivé, de vaste, je me trouvais réduit à mon apparence, à sa croyance que rien ne pouvait ébranler, que rien, surtout, ne devait, ébranler. La psychologisation sincère eût voulu que, s’il ne pouvait s’abstenir, il s’assure de mon mouvement intérieur, des mes retenues — encore retenues — au moment de parler à Marie-Anaïs. Par l’assaut des mots il imaginait, je pense, la prémunir, la protéger, se garder d’un pire. Parce qu’encore une fois, au-delà même des suppositions psychologiques, c’est à dire de fondements antérieurs, ces façons de penser, se projettent dans des situations futures tout aussi hypothétiques. Et, moi, je me retrouve, murs rapprochés comme dans les labyrinthes, dans cet étau. Toute parole accuse. Y compris la parole tierce, la parole rapportée, celle indépendante de moi. 

 

Il m’a fallu du temps pour comprendre le mouvement, là, celui de Marie-Anaïs à mon endroit, les gens, proches, de sa compagne à Louis, par exemple, soutiennent que elle n’a jamais dit du mal de toi ou elle s’inquiète pour toi. Ce qui, de fait, lui donne l’apparence — elle ne ment ni ne triche se soucie vraiment à ces instants — de la compassion. Or, dans le même temps, elle écrit au monde entier, se défendant, que je la harcèle, que je ne supporte pas la rupture ce qui, objectivement — parce que ça m’est rapporté ce qu’elle ignore — m’insupporte par, comme je l’exprimais avant, un orgueil mal venu et un souci, dans mon cas, de justice, c’est à dire de traitement objectif, le plus objectif possible, des données. Les valeurs ne peuvent pas varier à cause d’hypothèses douteuses. Ceci me rend tout à fait malade, la conception du harcèlement, de la manipulation, de l’agression sexuelle. En bref, chose la plus ordinaire et barbare, le double standard. 

 

7 décembre 2023

Tralalavail

16 novembre 2023

 

La mauvaise saison commence, les yeux se gonflent, les cernes se creusent. Voilà le début, irrésistiblement présent. Jeanne, lumineuse, en freine les montées brusques divertit, même, certains jours, l’irrésistible torrent. L’accélère, aussi, parfois, subissant, pour d’autres raisons, d’autres saisons, elle autant, les écoulements brusques de la vie, des glissements de terrain dont la boue, comme parfois lors des inondations, emporte tout. 

 

7 décembre, deux semaines presque de crise dans un mois de fatigue et de fièvre non-métaphorique. Deux semaines où rien ne se brise parce que nous n’en sommes plus rendus à ces mots, ni, même, ne s’effrite ou ne s’abîme, deux semaines de fatigue. 

 

Les 5 et 6 décembre je travaille — ce texte que j’achèverai peut-être le 6 décembre aux alentours de 00:22 —que je continue le 7 à 10:53, avant de retrouver Virginie chez Xi’An pour déjeuner maintenant qu’elle bosse près de chez moi

 

je travaille et, maintenant, au jour de clôturer ce texte j’ai travaillé  ce qui me réjouit (16 novembre) moi si hostile au travail — moins réjoui à cause des heurts avec Jeanne (7 décembre) —, à tous les métiers de tous ces siècles à mains. Un jour, je me souviens, Mehdi croyait, pendant une lecture commune de nos textes, que je le raillais, parlant, pour moquer les laborieux, de paysans à lunettes, des sortes d’Himmler, parce que, lui, se vivant laborieux et lui portant lunettes, s’imaginait désigné par ce vocable.

 

Cette catégorie de paysans à lunettes ne le visait nullement, des paysans à lunettes, êtres, pour moi, bêchant, butant, dans le travail de la terre, toujours sur des pierres, possédant piètres instruments, on en trouve des brouettes de siècles en siècles. Mépris, jadis, pour tout ce qui sentait l’effort, tout ce qui, même, résultait de l’enfer et j’élisais la pirouette sans intérêt plutôt que la chorégraphie sophistiquée pourvu que la première résulta d’une grâce naturelle, d’un don, et la seconde d’un travail déclaré. 

 

Cachez ce travail que etc etc.

 

De ces jugements, comme de beaucoup d’autres, je suis revenu, par lassitude, surtout, maturité, diraient d’autres, qui probablement, n’en constitue que la modalité ridée. Peu importe. 

 

Je ne juge plus, d’ailleurs, à mon grand désespoir, quelque part, me tenant comme en retrait d’une façon d’être, prenant parti avec difficulté excepté en cas de crise, c’est à dire d’hystérie, ce qui ne se confond pas avec la force l’ancienne force qui fut la mienne, rigueur et exigence. En cas d’hystérie où faire droit alors aux droits aliénés de la folie et d’elle exceptée, dégagée de moi, l’être civil(isé?) et social, ne défendant aucun de mes intérêts objectivement définis par d’autres. Intérêts, pourtant, objectifs puisque condition de la survie et donc de tous ceux à venir. 

 

au final perdre Louis, Aline, Romain, Marie-Anaïs, Mehdi déçoit plus que ne blesse, je méprise, éliminant par là les raisons, avalant — c’est de travers — le sentiment d’injustice — faire droit, toujours. 

 

 De l’indifférence au monde, sûrement, naît une certaine rondeur, une acceptation de celui-ci comme il est, sans résignation ni révolte, comme une vache dans le train qui le mène à l’abattoir regarde défiler le paysage, tout son monde.

 Force, ici, au passé, celle que je convoque, correspond peu, je m’en aperçois aujourd’hui, d’avec la Force, force, jadis, confondue, avec violence, oppression, dureté, choses, aujourd’hui, après maints efforts, détours, introspections, dispersées. Force dont j’espère parfois le retour de l’ancienne forme, cette violence inouïe que je retournais contre moi aussi souvent que je la destinais aux autres comme d’expérimenter sur soi la potion ou le sortilège avant de le répandre. Moi consommateur test et nouveau burger McDonald’s.

 

Aujourd’hui (16 novembre), je le rapportais à Jeanne, que, à son contact, ce que j’avais à la fois de lâcheté et de dureté, s’abolissaient, remplacées, ces deux-là, par de la sérénité, elle, la mieux apparentée à ce qu’on pourrait dire, la force, c’est à dire, un calme, une gestion, sans violence, des conflits, c’est à dire, du jeu des intérêts contradictoires. Plusieurs exemples illustreraient la pratique concrète de Jeanne dont je m’inspire elle y ajoute, certes elle, une violence parfois, dont, moi, devenu incapable, je n’exerce pas. Jeanne ne considère pas, chose rare, que le monde lui doit quelque chose, Jeanne considère, chose plus rare, que le monde devrait être autrement, Jeanne exige une justice — l’autre monde dans celui-ci —qu’elle ne suppose pas devoir tomber de l’obscure clarté des étoiles, elle se le doit, Jeanne se le doit. Jeanne, je l’ai déjà exprimé auparavant, a arraché de moi quelque chose d’un résidu de l’ancienne pauvreté, cette volonté de vivre juste à hauteur de mes moyens sans chercher à conquérir, dans le monde concret et matériel, d’autres, si j’obtins, bien avant elle, quelques atours luxueux, ceux-là résultaient de la filouterie, je savais jouir et ne pas jouir, Jeanne, me conservant le premier, m’apprît — tout en détestant ce mot de jouir trop apparenté pour elle à celui de pourcelle — et me rendît insupportable ce privatif c’est à dire, aussi, la privation. Prédation.

 Lorsque je commençai ce texte nous vivions, Jeanne et moi, dans une sorte de léthargie heureuse, malades, ensemble, elle d’abord moi ensuite — moi toujours à la traîne d’elle, secouée récemment. (3 décembre ?) Jeanne, avec ses amis, dispose d’une conversation de groupe, lorsqu’elle m’évoque les discussions qu’elle entretient avec eux, dit aux potes. Après nos débats mouvements, elle me dit, qu’elle en parlait aux potes, qu’elle leur disait s’attendre à être grondée, qu’elle détestait ça parce que, surtout, elle était — se jugeait — en tort. Petit chat mignon et éprouvant, qui, sinon confort et réconforte éconduit (ça jarte) le dispensable. 

 

 (16 novembre) Je demeure, ce que je n’étais pas, et m’étonne, alors, d’employer un verbe de la permanence et de l’immobilité, un être de compromis et de discussion, je suis prêt à débattre de mon intérêt si ce débat, cette minoration, permettent une accalmie. Transiger si, de ce fait, la situation globale, non exclusivement la mienne, s’arrange. Or, si je sais rogner sur mes droits et mes intérêts je ne sais les délaisser entièrement, cette position trop médiane, trop hésitante, me rend faible, fragile. Il faudrait renoncer —la charité se juge à ce qu’on garde non à ce qu’on donne— ou exiger. 

 

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