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10 juillet 2023

Balthazar

Nous parlons avec J. d’organiser, pendant l’été, une longue marche - le syntagme m’évoque Mao, la révolution - elle me rapporte la quasi-tragique expérience de E. qui s’essaya, lui aussi, à ces longs dangers pédestres, parcourant, une petite bouteille de Vittel comme seul viatique, le chemin de Stevenson subissant les affres logiques de qui tente l’aventure si peu préparé, si mal armé, exposa sa vie à la mort et ne s’en sortit que de justesse, trouvé là par des randonneuses mieux équipées, elles prévinrent les secours qui le sauvèrent. J., me dit que, forcément, c’est un truc de mec, ces équipées hasardeuses, les risques démesurés pris, surestimant sa force tout en, avec plaisir, exercice de la bite et le couteau, s’exposer au danger pour jouir d’en triompher. Sur Twitter Léna, à la suite d’une étude qui le démontre, rapporte que, durant les randonnées ou toutes activités physiques au long cours où le danger règne toujours proche, elle ne connut la menace vitale qu’accompagnée par des hommes, ceux-là, surestimant leurs forces, continuant après les heures raisonnables à poursuivre la route ou pensant prendre à travers champ un chemin déconseillé à cause des trous de boue ou des serpents. Cet esprit téméraire des hommes contre la prudence des femmes permet, dans des circonstances moins…triviales, de découvrir de l’imprévu, d’entamer le normal, le connu, pour, par cet excès d’inconscience et d’ambition virile, inventer le monde. Ceci, cette témérité, associée, par accident et éducation, aux mâles, concerne, aussi, autant, surtout, l’optimiste, celui qui, par nature, diminue le danger et estime plus fortes ses chances que tout calcul diminuerait. Les inventions, comme les morts parfois, sont à ce prix ; les femmes, conditionnées à la prudence, à ce qu’on appelle, aujourd’hui, le care osent moins à l’exception de quelques êtres dégagées de ces déterminismes - de plus en plus je crois.

J., propose que, après un bref entraînement, nous suivions les traces de Péguy, nous rendant à Chartres, épinglant sur la carte des GPS, les étapes, c’est à dire, elle précise, des hôtels avec baignoires, seules à même de soigner ses jambes endolories par l’enfer. Je lui précise, pour avoir pratiqué assez la randonnée et connaître de plus habiles que moi, que, ce qu’elle évoque, une marche de plusieurs jours, avec entre 20 et 30 kilomètres chacun d’entre eux, blesse les pieds qu’importe les bains ou les capsules de cryogénisation mises à notre disposition. La marche blesse mais, par bonheur, après le deuxième jour comme me le disait l’ami tchèque capable de marcher tout un été (à ma plus grande incompréhension), lui aussi, malgré l’expérience, connaissant les diverses blessures, la sensation de la douleur disparaît. Les exilés, quant à eux, marcheurs éloignés forcés de leur terre d’origine, ne perdent jamais leurs ampoules au coeur et, toute la vie, souffre de cette longue distance parcourue. 

Nous regardons ensemble les petites randonnées en région parisienne, ces GR accessibles par le RER, mercredi, peut-être, selon ses disponibilités, nous amorcerons nos premiers essais.
J., après l’apprentissage, après Péguy, envisage aussi une autre marche, plus longue, avec un âne, pour rire je lui dis que, chacune des aventures, déjà, grâce à ma compagnie, comprend un âne et, aussi, par la sienne, une mule (ou du moins sa tête). Enthousiaste ça ne coûte que 850 euros par personne âne compris, somme que je ne trouve pas pouvoir, si légèrement, être précédée de la préposition limitative et heureuse que. Elle ajoute, interloquée, c’est le prix d’Hydra. Je préfère Hydra, la Grèce, les souvenirs de Léonard Cohen, tant pis pour Balthazar (l’âne déjà nommé). Elle admet, aussi, préférer Hydra, se prenait surtout à rêver de, cette année, débarrassée des couillards comme elle appelle ses exs et de façon plus générales les êtres qui l’encombrent aujoud’hui ou au passé, dont les goûts n’allaient qu’aux hôtels de luxe et au confort, profiter de ma souplesse en tout - être le plus gentil - pour tenter d’autres expériences. De les lui offrir, déjà, en rêves et en possibles, vaut, probablement, déjà, un âne. 

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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